Communiqué de presse Le Rassemblement des Dirigeants et des Chefs d’entreprises Libanais (RDCL) présidé par Dr. Fouad Zmokhol a organisé le 08 octobre courant une Table ronde intitulée: «A Quand l’Adhésion du Liban au Mercosur?» Avec pour invité d’honneur son Excellence Mr Alfonso Massot, Ambassadeur du Brésil au Liban, un homme que le Liban regrettera très prochainement car son mandat vient à son terme. Même si l’adhésion éventuelle du Liban au marché du Sud, Mercosur, ainsi que ses avantages était le principal sujet de débat, le président Zmokhol a aussi voulu rendre un hommage accru à l’ambassadeur du Brésil qui selon ses propos «gardera le Liban dans son cœur et laissera une empreinte dans nos cœurs en restant un grand ami du Liban». Mr Massot qui n’a cessé de tarir d’efforts au cours de sa mission diplomatique en faveur du Liban, de son essor et du renforcement des relations politico-économiques entre le Brésil et le Liban a aussi affirmé le président du RDCL. A noter que le Mercosur (de l'espagnol Mercado Común del Sur) est une communauté économique qui regroupe plusieurs pays d'Amérique du Sud: l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay et le Venezuela. On y trouve également des pays qu’on appelle «associés» tels que le Chili, la Colombie, le Pérou ou l’Équateur. Cette force économique d’Amérique Latine a été créé le 26 mars 1991 par le traité d'Asunción qui établit en particulier: « La libre circulation des biens, services et des facteurs productifs entre les pays dans l'établissement d'un arsenal externe commun et l'adoption d'une politique commerciale commune, la coordination de politiques macroéconomiques et sectorielles entre les États et l'harmonisation des législations pour atteindre un renforcement du processus d'intégration». A lui seul le Mercosur représente 82,3 % du PIB total de l'Amérique du Sud et d'autre part, se constitue comme la zone économique et la plateforme industrielle la plus dynamique et compétitive de tout l’hémisphère sud. Il est considéré comme le 4e bloc économique du monde en termes de volume d'échange. Parmi les convives étaient présents: Son Excellence Mme Georgina Mallat (Ambassadeur de Colombie au Liban), Son Excellence Dr Hassan Khalil (Ambassadeur du Paraguay au Liban), Son Excellence Mme Viviane French Mechaka (Consul honoraire du Pérou au Liban), Mme Yvonne Abdel Baki (Attachée du Président de la République de l’Equateur, ancienne ministre et Ambassadeur d’Equateur aux Etats-Unis), Mr Rabih Frem (Président du Conseil d’affaires Libano-brésilien), Mr Nassib Gemayel (Président de l’association des commerçants du Mont Liban), Mr Mounir Bsat (Président du syndicat des produits alimentaires au Liban et Secrétaire Général de l’association des Industriels libanais, représentant Dr Fadi Gemayel), ainsi qu’un parterre des membres et amis du RDCL. En mot d’ouverture, le président du RDCL, Fouad Zmokhol a déclaré : «C’est un grand plaisir de vous accueillir cet après-midi autour de cette Table Ronde sur l’adhésion du Liban au marché commun du «Mercosur». Ce n’est un secret pour personne que le Liban passe par une des périodes les plus difficiles de son histoire économique, sociale, politique et sécuritaire… Le gel de toutes nos institutions étatiques: du pouvoir suprême, au législatif, à l’exécutif, au constitutionnel… ne fait qu’aggraver la crise économique atypique que nous traversons. Ce constat déplorable mais réaliste fait : Fuir nos investisseurs internes et externes, Augmente le chômage qui a atteint des pics alarmants, Fuir nos « cerveaux » Touche dramatiquement tous nos secteurs productifs (commerce, industrie, finance, tourisme, construction…) Et plier nos pôles d’excellence qui longtemps servaient de pilonne central de notre économie. Certes, le marché du Moyen-Orient est, a toujours été et restera un partenaire privilégié du Liban. Nos échanges commerciaux avec les pays arabes et leurs investissements ont continuellement aidé à notre développement interne et à notre croissance locale. Nous tenons et comptons largement sur ce marché propice; toutefois, les dernières années passées nous ont clairement montré que lorsque nous subissons un boycott sécuritaire ou même politique de la part de nos partenaires arabes, notre économie en pâtie et nos entreprises paient un prix très lourd hors de leur contrôle. Il est donc clair que nos chefs d’entreprises libanais tous secteurs confondus et nos investisseurs sont à la recherche de nouveaux marchés à potentiel élevé et forte croissance…Ceci dit, votre région du Mercosur étant très riche en ressources naturelles et financières, pourrait être considérée comme un des regroupements économiques les plus importants du monde. Vous disposez de nombreuses opportunités d’investissements attractifs, votre consommation et vos demandes sont en croissance continue, votre marché est en expansion régulière… vous constituez donc un parfait partenaire aux chefs d’entreprises libanais à la recherche de nouveaux horizons et opportunités. Aussi, nous vivons une aire avancée de la globalisation où les frontières disparaissent et les distances ne sont plus un handicap: il nous est crucial de bâtir et de développer des relations privilégiées avec votre région et faire partie du marché commun du Mercosur au plus tôt. Vous constituez pour nous une porte en «or» vers un continent, une partie du monde avec un marché colossal où nous pourrions trouver notre place en se basant sur nos avantages compétitifs et nos produits de niches, de qualité, et sur nos idées innovatrices qui parcourent le monde. Un très grand nombre de nos frères libanais nous ont devancés vers votre région depuis des décennies et de nombreuses générations se sont succédées. Ils ont fièrement réussi et ont participé à la croissance de vos pays. Ils font désormais partie de votre culture, économie, et même de la vie politique de vos pays. Notre communauté d’expatriés libanais en Amérique latine et précisément au Brésil est la plus grande dans le monde. Nous devons donc ensemble main dans la main se baser sur cet immense atout pour dynamiser nos échanges et partenariats commerciaux et économiques et intégrer le MERCOSUR. L’Union Européenne, la Chine et de nombreux pays ont déjà entamé sérieusement les négociations d’adhésions. Des pays limitrophes nous ont même devancés, ont finalisé et signer leur participation avec ce marché depuis 2007… Nous comptons donc sur votre support et votre amitié, et sommes confiants que l’adhésion du Liban à votre marché commun devrait être une de vos priorités majeures. Notre petit pays devrait être perçu aussi comme une porte en «or» ou même en «diamant» pour toute la région du Moyen Orient. Nous sommes une petite économie certes, mais notre marché réel va bien au-delà de nos frontières et couvre toute la région MENA. Soyez confiant que le Liban restera toujours la plaque tournante de la région et donc votre partenaire privilégié. Il nous est crucial et même vital de bâtir des ponts solides avec votre marché colossal du Mercosur qui regroupe plus de 242 millions de personnes et représente 44 % de l’Amérique Latine et 59 % de son territoire. Promouvoir nos échanges économiques et commerciaux ne devrait pas être un choix facultatif mais un objectif clair et déterminé pour bâtir des synergies constructives et aider les entrepreneurs de nos régions à se développer et croître. Pour ma part, je peux vous assurer que le secteur privé libanais a toujours été indépendant des tensions politiques ambiantes et s’est toujours développé dans un environnement instable et précaire. Quelques soient les difficultés, les chefs d’entreprises libanais ont été et seront toujours les premiers à trouver les opportunités enfouies à travers les crises et prouveront toujours au monde leur résilience, leur force et leur rapidité d’adaptation. Nous sommes ouverts et comptons beaucoup sur cette nouvelle opportunité, ce nouveau marché, ce nouveau partenariat productif avec le MERCOSUR pour se développer contre vents et marées. Nous comptons sur votre support pour nous aider à entamer les formalités et conditions d’adhésion et de notre côté nous ferons notre «devoir» pour pousser nos dirigeants à suivre ce dossier crucial pour nos entreprises jusqu'à la signature et l’intégration de votre zone de libre-échange » a affirmé en clôture de son mot Dr Fouad Zmokhol. À son tour, l’invité d’honneur Son excellence Alfonso Massot, ambassadeur du Brésil au Liban a prononcé un discours très détaillé sur la force économique et commerciale du Brésil, s’est aussi penché sur les liens historiques entre les ressortissants des deux pays et dans un troisième temps, il a fait un état des lieux de la dite adhésion du Liban au Mercosur, une adhésion qu’il soutient pleinement. Il a notamment souligné que la baisse du chômage dans les pays d’Amérique Latine, en particulier au Brésil, sont notamment dû à l'importance des exportations et des importations et que la force de son économie réside notamment dans l'exportation de café, d’huiles végétales et autres. Il a aussi donné un aperçu des ressources naturelles et des industries de pointe, des forces vives du Brésil, et a mis en lumière les points communs entre le Brésil et le Liban notamment le tissu social et les relations familiales fortes. L’Ambassadeur a aussi pointé du doigt «la faiblesse des échanges économiques entre le Liban et le Brésil ces dernières années, appelant à les réactiver et à les promouvoir pour un meilleur équilibre des échanges des deux économies qui jouent actuellement en faveur du Brésil ». Il a également exprimé sa volonté de coopération économique avec le Liban à travers des réunions bilatérales entre le Liban et le Brésil, afin d'activer le marché libanais et obtenir une activation accrue entre nos deux pays, abordant l'importance du commerce, ce qui pourrait augmenter les chances de réactivation des accords économiques bilatéraux. A propos de l’adhésion du Liban au Mercosur, il a déclaré: «De nombreuses démarches sont en cours pour commencer les négociations entre le Mercosur et le Liban rappelant que le Brésil y est très favorable mais qu’il ne préside pas encore tout le Mercosur». Il a rappelé que des accords commerciaux extrarégionaux ont notamment été établis en 2007 entre le Mercosur et Israël, avec l’Egypte en 2010 et avec la Palestine en 2011; mais l’ambassadeur a tenu à préciser que «ces accords ne sont pas encore entrés en vigueur». Lorsqu’il s’est penché sur les pourparlers avec le Liban, il a rappelé qu’en 2012, c’était avec l’Ancien premier ministre, Nagib Mikati et qu’actuellement «ils se poursuivent avec les ministres des Affaires Étrangères, Gebran Bassil et de l’Economie et du Commerce, Alain Hakim». Il a ajouté que «ces réunions sont encourageantes». «Gebran Bassil a tenu à inviter le président du Mercosur lors de la conférence qu’il a organisé il y a quelques mois et qui a regroupé de nombreux ambassadeurs et j’ai personnellement transmis à mon gouvernement ma croyance, notre croyance que ce serait important pour le Liban et le Brésil de négocier rapidement et que l’adhésion du Liban au Mercosur permettra d’obtenir un équilibre politique et économique dans la région» a-t-il poursuivi. A titre personnel, l’ambassadeur a ajouté qu’: «Il y a 9 à 10 millions de descendants libanais au Brésil» un chiffre à prendre en considération. Il a également rappelé que «le mois dernier le ministre des Affaires Étrangères, Gebran Bassil a fait parvenir une lettre à la présidence actuelle du Mercosur, celle de l’Argentine et que le Brésil a pu l’appuyer fortement en faveur «d’appliquer un accord-cadre entre le Mercosur et le Liban». Mr Alfonso Massot poursuit son propos en certifiant que lorsque le Brésil présidera l’année prochaine le Mercosur après «l’excellent travail effectué par l’Argentine» cette éventuelle adhésion du Liban au Mercosur «sera redynamisée davantage encore». Il certifie que «si cet accord-cadre, comme nous l’espérons, se poursuit cela donnera aussi au Conseil d’affaires Libano-brésilien présidé par Mr Frem, un rôle plus fort pour réfléchir le commerce bilatéral». «A mon avis ni le Liban ni le Brésil ne mesure encore suffisamment l’intérêt politique, économique et commercial que serait cet accord: pour le Liban ce serait la porte d’entrée dans les marchés d’Amérique-Latine et pour le Brésil au Moyen-Orient» affirme-t-il en clôture de son discours. S’exprimant à son tour, son Excellence, Mme Georgina Mallat, Ambassadeur de Colombie au Liban a assuré «qu’elle serait particulièrement heureuse si le Liban adhère au Mercosur puis à l’Alliance du Pacifique» rappelant que la Colombie ne fait pas encore partie du Mercosur mais fait partie de l’Alliance du Pacifique. Même son de cloche pour Viviane French Mechaka, Consul honoraire du Pérou. Pour sa part Mme Yvonne Abdel-Baki a appelé «à l'activation des relations économiques, commerciales et culturelles entre le Brésil et le Liban soulignant en particulier qu'il y a beaucoup de Libanais en Amérique latine ». Les discours ont ensuite laissé place aux discussions et débats entre les différents convives lors d’une table-ronde de 45 minutes.