Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Par le Docteur Fabien Curti “On peut vivre sans” Linda a 60 ans. Il y a trois ans, elle ressent une gêne importante pour respirer. Dès qu’elle se couche, elle a “une boule dans la gorge”, dit-elle. Rien de plus. Elle consulte son généraliste. Puis un endocrinologue, et, pour confirmation, un ORL. Le diagnostic est toujours le même. Au regard des radios mieux vaut opérer. Les nodules développés sur la thyroïde, atteignent pour certains quatre centimètres de diamètre. L’ablation complète de l’organe est devenue nécessaire. “Je n’ai pas hésité une seconde. Même si je n’ai pas ressenti d’autres symptômes que cette gêne dans la gorge, "une masse en avalant". J’ai fait confiance à la médecine.” L’hospitalisation est de courte durée. Trois jours. “Ce qui a été plus difficile, c’est de se remettre complètement sur pieds”, explique Linda. Impossible de vivre sans les hormones produites par la thyroÏde. Et donc, il faut dès l’ablation trouver le bon dosage pour ne pas être sans cesse fatiguée. Cela implique une visite médicale avec bilan sanguin tous les deux mois. “Pour moi, le bon dosage a été prescrit au bout de six mois, explique Linda. Il faut être vigilant, ne pas oublier de prendre son cachet à heures régulières tous les jours. Ne pas en prendre un second croyant avoir oublié le premier, non plus !” Une fois le bon dosage trouvé, les rendez-vous s’espacent tous les six mois. “Aujourd’hui, j’ai une pêche d’enfer. Encore mieux qu’avant mon opération, confiet-elle. Je ne comprends pas bien que des amis, atteints des mêmes problèmes que moi, ne veuillent pas se faire opérer quand on leur propose !” M.-C. L. RACINES Le dysfonctionnement de la thyroïde Six millions de Français sont touchés par un dysfonctionnement de la thyroïde : ils souffrent de fatigue, d’hyperactivité, de déprime ou de nervosité… L a thyroïde est une glande indispensable au fonctionnement de l’organisme. Un dérèglement de son fonctionnement entraîne des troubles variés qui, à la longue, sont néfastes pour la santé. La thyroïde est une glande située à la base du cou mesurant 4 à 6 cm et dont le poids ne dépasse pas 30 grammes. Elle fabrique des hormones de deux types (la T4 et la T3) transportées par la circulation sanguine vers différents organes. Elles sont fabriquées à partir d’un élément naturel : l’iode que la glande thyroïde capte dans l’alimentation. Les hormones thyroïdiennes contribuent à la régulation de fonctions impor- 28 tantes de l’organisme, comme la production de chaleur, la consommation d’énergie, le rythme du cœur, la digestion, la croissance et la maturation (un manque d’hormones thyroïdiennes entraîne chez le nouveau-né un retard de croissance et une déficience intellectuelle)… Toute anomalie de la thyroïde se répercute sur la production de ses hormones. Lorsqu’elles ne sont pas suffisantes, les fonctions de l’organisme tendent globalement à se ralentir. On parle d’hypothyroïdie (lire encadré). Inversement, une production trop importante accélère ces fonctions : c’est l’hyperthyroïdie (lire plus loin). Si vous pensez avoir un janvier 2007 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous en page suivante Dites-moi docteur… profil d’hypothyroïdien ou d’hyperthyroïdien, vous devez avant tout en parler à votre médecin, car les symptômes de ces dérèglements peuvent varier d’une personne à l’autre et être aussi l’expression d’autres maladies. Un bilan complet permettra d’en avoir le cœur net. L’ hypothyroïdie • Les signes : Certains signes sont caractéristiques d’une insuffisance de production des hormones thyroïdiennes. Ils se traduisent par des symptômes signalant un ralentissement du métabolisme. Fatiguée, épuisée, la personne se sent déprimée, l’humeur est instable avec plus de bas que de haut. La peau devient sèche, les cheveux tombent et les ongles se cassent facilement. Une prise de poids sans raisons apparaît. Le rythme cardiaque et le transit intestinal (constipation) sont ralentis. On a toujours froid. Le goitre Le goitre, lui, correspond à une augmentation du volume de la glande thyroïde. Il ne désigne pas une maladie à proprement parler mais on peut le rencontrer dans de nombreuses pathologies thyroïdiennes : cancer, nodules, thyroïdite, maladie de Basedow… En dehors de ces cas, il existe le goitre simple. C’est simplement le signe d’une grosse thyroïde. Cette affection touche en général la femme jeune à des moments particuliers de la vie : adolescence, grossesse, ménopause. Une origine géographique particulière peut accentuer les symptômes : Vosges, Massif Central, Pyrénées, Alpes, Ardennes. • Les causes : pathologie fréquente, elle touche surtout la femme (une sur cent contre un homme sur mille) et sa fréquence augmente avec l’âge (six femmes sur cent de plus de 65 ans). Il peut s’agir d’une atrophie survenant spontanément et touchant la femme entre 40 et 60 ans. Elle peut également survenir au cours d’une inflammation chronique de la glande : thyroïdite d’Hashimoto, maladie auto-immune, dans laquelle l’organisme produit des anticorps dirigés contre la thyroïde et entraîne sa destruction progressive. D’autres causes, moins fréquentes, existent : exérèse chirurgicale de la glande thyroïde, carence en iode. • Le traitement : Il est basé sur la prise d’hormones thyroïdiennes, pour compenser l’absence de fabrication par la glande. La mise en route du traitement est toujours progressive jusqu’à obtention du bon dosage médicamenteux. L’ hyperthyroïdie • Les signes : La surproduction d’hormones thyroïdiennes perturbe de nombreuses fonctions de l’organisme. L’esprit et le corps sont toujours sur la brèche. Le cœur palpite à cent à l’heure et fait des bonds. On a chaud, parfois la sueur est plus fréquente. Hyperactivité et agressivité apparaissent. On maigrit. Le transit intestinal s’accélère entraînant des diarrhées. On souffre d’insomnie. • Les causes : La cause la plus fréquente des hyperthyroïdies est la maladie de Basedow. Huit fois sur dix le malade est une femme, le plus souvent entre 20 et 50 ans. Cette affection associe aux signes d’hyperthyroïdie, une exophtalmie (saillie des yeux en dehors de l’orbite) et un goitre (augmentation du volume de la thyroïde). L’adénome toxique est la deuxième cause d’hyperthyroïdie. C’est une tumeur bénigne de la glande qui secrète de manière importante des hormones thyroïdiennes. Certains médicaments contenant de l’iode peuvent également entraîner une hyperthyroïdie dite iatrogène. On peut citer l’amiodarone. • Les traitements : Le traitement de la maladie de Basedow s'ef- RACINES 29 fectue par des antithyroïdiens de synthèse : médicaments bloquant la production des hormones thyroïdiennes secrétées en excès. Au bout d'un à deux mois, la sécrétion hormonale se stabilise. Le traitement se poursuivra pendant 18 à 24 mois pour éviter les rechutes. La chirurgie est indiquée dans les hyperthyroïdies en cas d’échec du traitement médical. Elle est également prescrite pour les nodules toxiques (lire témoignage en page 28). L’iode radioactif est utilisé si le traitement médical a échoué et quand la chirurgie est contre-indiquée. janvier 2007 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Actu santé Par le Chef du service d'ophtalmologie, du CHU Pellegrin à Bordeaux Des seniors en forme Dites-moi Hachette multimédia publie le premier Guide Santé des seniors, sous forme de Cd-rom. Une équipe de médecins répond aux questions de santé que se posent seniors et seniorettes (sans remplacer une consultation): une douleur dans la poitrine ? Des bouffées de chaleur? Comment interpréter les symptômes ? Ce logiciel donne en outre des conseils pour conserver son capital santé. Un chapitre sur le “bien vieillir”, et un autre sur la santé des petits-enfants complètent le guide que vous pourrez actualiser : un abonnement d'un an à www.docteurclic.com est offert à l'achat. En vente en librairies ou sur le site www.hachette-multimedia.fr. En version PC uniquement. Prix conseillé : 15,90 €. Chaud ou froid Le chaud et le froid pour traiter la douleur d'origine traumatique, inflammatoire ou vasculaire : à partir de ce principe physique (dit “effet Pelletier”), nos grandsmères appliquaient déjà des bouillottes brûlantes sur les ventres douloureux des jeunes filles et des blocs de glaces (en cas de maux de tête). Aujourd'hui, un seul appareil, le Sun Ice™, produit à la fois la chaleur (jusqu'à 47 °C) et le froid (3 °C). Ainsi, il soulage des douleurs rhumatismales ou lombalgiques par thermothérapie (chaleur) et des hématomes ou des douleurs musculaires par cryothérapie (froid). Seule réserve : son prix qui dépasse de loin, la bouillotte et le bloc de glace réunis. Sun Ice™, En vente en pharmacie et parapharmacies. Prix indicatif : 75 €. Professeur Joseph Colin, docteur… On m’a prescrit des verres progressifs Quel type de dysfonc- tionnement de l'œil corrigent les verres progressifs ? Les myopes, les hypermétropes sont-ils concernés ? Les verres progressifs sont des verres correcteurs qui possèdent plusieurs foyers optiques, répartis de façon tout à fait particulière permettant aux porteurs de lunettes d’avoir une qualité de vision optimale quelle que soit la distance : de près, en vision intermédiaire ou de loin. Ils s’opposent aux verres bifocaux qui, eux, ont une limite nette entre deux foyers, entraînant une zone d’inconfort considérable. Le but des verres progressifs est de corriger dans le même système optique la vision de loin et la vision de près, essentiellement après 45 ans quand apparaît la presbytie, c'est-àdire l’impossibilité pour le cristallin “d’accommoder”. Les myopes et les hypermétropes peuvent être corrigés par des verres progressifs. Il en est de même des sujets porteurs d’astigmatisme, défaut visuel qui s’associe souvent aux deux précédents. souplesse du cristallin entraîne une diminution de la netteté de la vision de près, justifiant le port de verres correcteurs. On dit qu'il est difficile pour les porteurs de verres progressifs de s'adapter à leurs nouvelles corrections, à quoi est-ce dû ? La majorité des porteurs de verres progressifs s’adaptent facilement à leurs nouvelles corrections. Dans certains cas cependant, en fonction de particularités optiques des patients, ou de pathologies ophtalmologiques associées touchant la rétine ou le nerf optique, l’adaptation peut être plus longue (sensation de vertiges ou d’instabilité du sol et des objets…). Ceci peut être dû à la difficulté d’intégrer de façon correcte les différentes informations visuelles fournies par les différents foyers des verres progressifs. À partir de quel âge, un patient est-il amené à porter des verres progressifs ? Alors que jusqu’à 45 ans l’œil est une superbe caméra autofocus. Après cet âge, la perte progressive de la RACINES 30 janvier 2007 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine