RACINES167 -janv06

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Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Par le
Docteur Fabien Curti
“On peut vivre sans”
Linda a 60 ans. Il y a trois ans,
elle ressent une gêne importante pour respirer. Dès qu’elle se couche, elle a “une
boule dans la gorge”, dit-elle. Rien de plus.
Elle consulte son généraliste. Puis un endocrinologue, et, pour confirmation, un ORL.
Le diagnostic est toujours le même. Au
regard des radios mieux vaut opérer. Les
nodules développés sur la thyroïde, atteignent pour certains quatre centimètres de
diamètre. L’ablation complète de l’organe est devenue nécessaire.
“Je n’ai pas hésité une seconde. Même
si je n’ai pas ressenti d’autres symptômes
que cette gêne dans la gorge, "une masse
en avalant". J’ai fait confiance à la médecine.”
L’hospitalisation est de courte durée.
Trois jours. “Ce qui a été plus difficile, c’est
de se remettre complètement sur pieds”,
explique Linda. Impossible de vivre sans
les hormones produites par la thyroÏde.
Et donc, il faut dès l’ablation trouver le
bon dosage pour ne pas être sans cesse
fatiguée. Cela implique une visite médicale avec bilan sanguin tous les deux mois.
“Pour moi, le bon dosage a été prescrit au
bout de six mois, explique Linda. Il faut
être vigilant, ne pas oublier de prendre
son cachet à heures régulières tous les
jours. Ne pas en prendre un second croyant
avoir oublié le premier, non plus !”
Une fois le bon dosage trouvé, les rendez-vous s’espacent tous les six mois.
“Aujourd’hui, j’ai une pêche d’enfer. Encore mieux qu’avant mon opération, confiet-elle. Je ne comprends pas bien que des
amis, atteints des mêmes problèmes que
moi, ne veuillent pas se faire opérer quand
on leur propose !”
M.-C. L.
RACINES
Le dysfonctionnement
de la thyroïde
Six millions de Français sont touchés
par un dysfonctionnement de la thyroïde :
ils souffrent de fatigue, d’hyperactivité,
de déprime ou de nervosité…
L
a thyroïde est une glande
indispensable au fonctionnement de l’organisme. Un dérèglement de son fonctionnement
entraîne des troubles variés qui, à la
longue, sont néfastes pour la santé.
La thyroïde est une glande située à
la base du cou mesurant 4 à 6 cm
et dont le poids ne dépasse pas 30
grammes. Elle fabrique des hormones de deux types (la T4 et la T3)
transportées par la circulation sanguine vers différents organes. Elles
sont fabriquées à partir d’un élément
naturel : l’iode que la glande thyroïde capte dans l’alimentation. Les
hormones thyroïdiennes contribuent
à la régulation de fonctions impor-
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tantes de l’organisme, comme la
production de chaleur, la consommation d’énergie, le rythme du cœur,
la digestion, la croissance et la
maturation (un manque d’hormones thyroïdiennes entraîne chez le
nouveau-né un retard de croissance et une déficience intellectuelle)…
Toute anomalie de la thyroïde se
répercute sur la production de ses
hormones. Lorsqu’elles ne sont pas
suffisantes, les fonctions de l’organisme tendent globalement à se
ralentir. On parle d’hypothyroïdie
(lire encadré). Inversement, une production trop importante accélère ces
fonctions : c’est l’hyperthyroïdie (lire
plus loin). Si vous pensez avoir un
janvier 2007
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Dites-moi docteur…
profil d’hypothyroïdien ou d’hyperthyroïdien, vous devez avant tout en
parler à votre médecin, car les symptômes de ces dérèglements peuvent
varier d’une personne à l’autre et
être aussi l’expression d’autres maladies. Un bilan complet permettra
d’en avoir le cœur net.
L’ hypothyroïdie
• Les signes : Certains signes
sont caractéristiques d’une insuffisance de production des hormones
thyroïdiennes. Ils se traduisent par
des symptômes signalant un ralentissement du métabolisme.
Fatiguée, épuisée, la personne se
sent déprimée, l’humeur est instable avec plus de bas que de haut.
La peau devient sèche, les cheveux
tombent et les ongles se cassent
facilement. Une prise de poids sans
raisons apparaît. Le rythme cardiaque et le transit intestinal (constipation) sont ralentis. On a toujours
froid.
Le goitre
Le goitre, lui, correspond à une
augmentation du volume de la
glande thyroïde. Il ne désigne pas
une maladie à proprement parler
mais on peut le rencontrer dans de
nombreuses pathologies thyroïdiennes : cancer, nodules, thyroïdite,
maladie de Basedow…
En dehors de ces cas, il existe le
goitre simple. C’est simplement le
signe d’une grosse thyroïde. Cette
affection touche en général la
femme jeune à des moments particuliers de la vie : adolescence,
grossesse, ménopause. Une origine géographique particulière peut
accentuer les symptômes : Vosges,
Massif Central, Pyrénées, Alpes,
Ardennes.
• Les causes : pathologie fréquente, elle touche surtout la femme
(une sur cent contre un homme sur
mille) et sa fréquence augmente avec
l’âge (six femmes sur cent de plus de
65 ans).
Il peut s’agir d’une atrophie survenant spontanément et touchant
la femme entre 40 et 60 ans.
Elle peut également survenir au
cours d’une inflammation chronique de la glande : thyroïdite d’Hashimoto, maladie auto-immune,
dans laquelle l’organisme produit
des anticorps dirigés contre la thyroïde et entraîne sa destruction progressive.
D’autres causes, moins fréquentes, existent : exérèse chirurgicale de
la glande thyroïde, carence en iode.
• Le traitement : Il est basé sur
la prise d’hormones thyroïdiennes,
pour compenser l’absence de fabrication par la glande. La mise en
route du traitement est toujours progressive jusqu’à obtention du bon
dosage médicamenteux.
L’ hyperthyroïdie
• Les signes : La surproduction
d’hormones thyroïdiennes perturbe
de nombreuses fonctions de l’organisme. L’esprit et le corps sont toujours sur la brèche. Le cœur palpite
à cent à l’heure et fait des bonds.
On a chaud, parfois la sueur est plus
fréquente. Hyperactivité et agressivité apparaissent. On maigrit. Le
transit intestinal s’accélère entraînant des diarrhées. On souffre d’insomnie.
• Les causes : La cause la plus
fréquente des hyperthyroïdies est la
maladie de Basedow. Huit fois sur
dix le malade est une femme, le plus
souvent entre 20 et 50 ans. Cette
affection associe aux signes d’hyperthyroïdie, une exophtalmie (saillie
des yeux en dehors de l’orbite) et un
goitre (augmentation du volume de
la thyroïde).
L’adénome toxique est la deuxième cause d’hyperthyroïdie. C’est une
tumeur bénigne de la glande qui
secrète de manière importante des
hormones thyroïdiennes.
Certains médicaments contenant
de l’iode peuvent également
entraîner une hyperthyroïdie dite
iatrogène. On peut citer l’amiodarone.
• Les traitements : Le traitement de la maladie de Basedow s'ef-
RACINES
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fectue par des antithyroïdiens de synthèse : médicaments bloquant la
production des hormones thyroïdiennes secrétées en excès. Au bout d'un
à deux mois, la sécrétion hormonale se stabilise. Le traitement se poursuivra pendant 18 à 24 mois pour
éviter les rechutes.
La chirurgie est indiquée dans les
hyperthyroïdies en cas d’échec du
traitement médical. Elle est également prescrite pour les nodules
toxiques (lire témoignage en page
28).
L’iode radioactif est utilisé si le
traitement médical a échoué et
quand la chirurgie est contre-indiquée.
janvier 2007
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Actu santé
Par le
Chef du service d'ophtalmologie,
du CHU Pellegrin à Bordeaux
Des seniors en forme
Dites-moi
Hachette multimédia publie le premier Guide
Santé des seniors, sous
forme de Cd-rom.
Une équipe de médecins
répond aux questions de santé
que se posent seniors et seniorettes (sans remplacer une
consultation): une douleur dans
la poitrine ? Des bouffées de
chaleur? Comment interpréter les symptômes ?
Ce logiciel donne en outre des conseils
pour conserver son capital santé. Un chapitre sur le “bien vieillir”, et un autre sur
la santé des petits-enfants complètent le
guide que vous pourrez actualiser : un
abonnement d'un an à www.docteurclic.com
est offert à l'achat.
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Chaud ou froid
Le chaud et le froid pour traiter la douleur d'origine traumatique,
inflammatoire ou vasculaire : à partir de ce principe physique (dit “effet
Pelletier”), nos grandsmères appliquaient déjà
des bouillottes brûlantes
sur les ventres douloureux
des jeunes filles et des
blocs de glaces (en cas de
maux de tête).
Aujourd'hui, un seul appareil, le Sun
Ice™, produit à la fois la chaleur (jusqu'à 47 °C) et le froid (3 °C). Ainsi, il
soulage des douleurs rhumatismales ou
lombalgiques par thermothérapie (chaleur) et des hématomes ou des douleurs
musculaires par cryothérapie (froid).
Seule réserve : son prix qui dépasse
de loin, la bouillotte et le bloc de glace
réunis.
Sun Ice™, En vente en pharmacie et parapharmacies. Prix indicatif : 75 €.
Professeur Joseph Colin,
docteur…
On m’a prescrit des verres progressifs
Quel type de dysfonc-
tionnement de l'œil corrigent
les verres progressifs ? Les
myopes, les hypermétropes
sont-ils concernés ?
Les verres progressifs sont des verres correcteurs qui possèdent plusieurs foyers optiques, répartis de
façon tout à fait particulière permettant aux porteurs de lunettes d’avoir
une qualité de vision optimale quelle que soit la distance : de près, en
vision intermédiaire ou de loin.
Ils s’opposent aux verres bifocaux
qui, eux, ont une limite nette entre
deux foyers, entraînant une zone d’inconfort considérable.
Le but des verres progressifs est
de corriger dans le même système
optique la vision de loin et la vision
de près, essentiellement après 45 ans
quand apparaît la presbytie, c'est-àdire l’impossibilité pour le cristallin
“d’accommoder”. Les myopes et les
hypermétropes peuvent être corrigés
par des verres progressifs. Il en est
de même des sujets porteurs d’astigmatisme, défaut visuel qui s’associe
souvent aux deux précédents.
souplesse du cristallin entraîne une
diminution de la netteté de la vision
de près, justifiant le port de verres
correcteurs.
On dit
qu'il est difficile
pour les porteurs de verres
progressifs de s'adapter à
leurs nouvelles corrections, à
quoi est-ce dû ?
La majorité des porteurs de verres
progressifs s’adaptent facilement à
leurs nouvelles corrections. Dans
certains cas cependant, en fonction
de particularités optiques des
patients, ou de pathologies ophtalmologiques associées touchant la
rétine ou le nerf optique, l’adaptation peut être plus longue (sensation
de vertiges ou d’instabilité du sol et
des objets…). Ceci peut être dû à la
difficulté d’intégrer de façon correcte les différentes informations
visuelles fournies par les différents
foyers des verres progressifs.
À partir de quel âge, un
patient est-il amené à porter
des verres progressifs ?
Alors que jusqu’à 45 ans l’œil est
une superbe caméra autofocus. Après
cet âge, la perte progressive de la
RACINES
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janvier 2007
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