Diabète et société Une meilleure information sur les produits : la publicité directe est-elle une solution ? ` Howard Stoate Au cours des dernières années, l'approche du gouvernement britannique envers les soins de santé a connu un changement important mais dont on a peu parlé. Il a reconnu, assez justement, que la clé pour parvenir à une amélioration tangible et à long terme de la santé des britanniques résidait dans l'encouragement des citoyens à se responsabiliser davantage par rapport à leur propre santé. Afin que cette responsabilisation s'étende au choix des meilleurs médicaments disponibles, les gens doivent recevoir des informations fiables sur les produits pharmaceutiques. Dans cet article, le parlementaire Howard Stoate explore quelques-unes des questions qui tournent autour de la publicité directe au consommateur (DTCA, direct-toconsumer advertising) des produits pharmaceutiques liés au diabète et à d'autres maladies et propose un système visant à améliorer l'information et l'autogestion. >> Le gouvernement britannique a fait savoir aux professionnels des soins de santé qu'il souhaitait que les personnes atteintes de diabète et d'autres conditions soient plus étroitement impliquées dans la décision relative au traitement qu'elles doivent recevoir. Il a déclaré clairement que l'autogestion des conditions mineures et chroniques devait être améliorée et intensifiée. Les groupes de patients et les professionnels des soins de santé au Royaume-Uni ont Septembre 2003 Volume 48 Numéro 2 accueilli chaleureusement ce changement d'approche.Toutefois, ils estiment que si le gouvernement est sérieux concernant la responsabilisation des personnes atteintes de diabète et d'autres conditions, il doit prendre des mesures afin d'améliorer la qualité des informations relatives aux traitements qui sont accessibles aux consommateurs de produits pharmaceutiques. Des informations partout… Il n'y a pas pénurie d'informations, notamment sur Internet. Cependant, la 34 plupart de ces informations ne sont pas réglementées. Les individus doivent euxmêmes faire la distinction entre ce qui est utile... et le reste. Certaines informations disponibles sont authentiques et ont été rédigées dans l'intérêt des consommateurs de médicaments, notamment celles qui sont publiées par des organisations de patients et de bienfaisance dans le domaine médical. Malheureusement, la plupart des informations disponibles sont inexactes et trompeuses et sont publiées pour des raisons nettement moins altruistes. La difficulté d'accéder à des informations fiables, pratiques et conviviales constitue une source de grande frustration pour beaucoup, en particulier pour les personnes atteintes de maladies chroniques à long terme. Cette situation aggrave le sentiment d'isolement et d'impuissance que de nombreuses personnes ressentent comme conséquence de leur condition, et peut générer du stress inutile – souvent néfaste pour la santé. Pourquoi ne pas faire de publicité ? L'industrie pharmaceutique appelle à une levée de l'interdiction actuelle de publicité sur les médicaments soumis à ordonnance en vigueur au Royaume-Uni. Elle prétend que cela garantirait que les patients soient correctement informés et responsabilisés. Toutefois, l'expérience de la NouvelleZélande1 et des Etats-Unis, où la publicité directe de médicaments adressée aux consommateurs est autorisée, laisse entrevoir que cette solution est loin d'être la panacée clamée par l'industrie. Diabète et société Le problème est double.Tout d'abord, ni le système volontaire de réglementation en place en Nouvelle-Zélande, ni même le système de réglementation centralisé plus strict des Etats-Unis, n'ont été capables de garantir la conformité aux normes en matière de publicité. Un pourcentage significatif des publicités surestimaient l'efficacité d'un produit particulier ou minimisaient ses effets secondaires. De nombreuses publicités n'ont fourni aux consommateurs de médicaments que des informations partielles ou incorrectes sur le produit. Le second problème est que la publicité directe ne donne pas une image équilibrée des traitements disponibles. Les firmes pharmaceutiques dépensent des milliards de dollars pour le développement de chaque nouveau médicament. Elles veulent naturellement s'assurer une rentabilité décente de leur investissement pendant que le médicament est toujours sous brevet. La publicité directe est le moyen le plus efficace d'y parvenir. Elle garantit que les nouveaux produits bénéficient d'une exposition maximale et s'imposent instantanément sur le marché. Et cela, aux dépens des médicaments génériques plus anciens, plus établis, qui peuvent être tout aussi efficaces et qui sont certainement beaucoup moins chers. Non seulement la publicité directe engendre une demande disproportionnée pour des médicaments nouveaux encore assez peu éprouvés et entraîne ainsi des coûts prohibitifs mais elle encourage également un excès de confiance par rapport aux solutions pharmaceutiques. Elle encourage la croyance qu'il existe une gélule pour chaque situation.A l'heure actuelle, même l'obésité et le vieillissement peuvent être 'traités' par des gélules. Quelle est la réponse ? Une option consiste à créer un centre indépendant d'information des consommateurs financé par les fonds publics qui soit capable de produire sa propre gamme de matériel d'information. Cela garantirait l'accès à une source d'information véritablement impartiale et cohérente. La mise en oeuvre d'un système de label de qualité serait une autre option. Une agence d'information des consommateurs de soins de santé indépendante serait mise en place par le gouvernement avec l'autorité d'accorder des labels officiels aux publications en matière d'informations de santé. Cela permettrait au gouvernement de se baser sur l'excellent travail éducatif réalisé par la plupart des organisations de bienfaisance et de patients. Un tel projet, à condition qu'il bénéficie d'une promotion adéquate et du soutien du gouvernement, rencontrerait vite du succès. La plupart des fournisseurs d'informations fiables destinées aux patients seraient impatients de soumettre leurs publications à cette évaluation. Afin de mériter le label de qualité, une publication devra répondre à une série de critères stricts liés à la précision, la transparence, l'accessibilité et l'intérêt des informations fournies. Les faits contenus dans chaque publication devraient être basés sur des études scientifiques et renvoyer à des références détaillées.Toute incertitude et les droits acquis devront être clairement reconnus. Il sera demandé à chaque publication d'expliquer les avantages et inconvénients de toute la gamme d'options de traitement disponibles, y compris les traitements non médicamenteux (par ex. la modification du style de vie) ou l'absence de traitement. Le style et le format de la publication devraient également faire l'objet d'un examen minutieux. Une bonne présentation est essentielle. Une des plaintes les plus fréquentes concernant les 35 dépliants informatifs en matière de santé est qu'ils sont trop arides et trop prolixes pour le lecteur moyen, et formulés dans un langage complexe et impénétrable. D'après moi, si le lecteur ne parvient pas à capter les points principaux de la publication dans les 30 premières secondes, celle-ci ne devrait pas recevoir le label. Accès et coût Cela soulève également la question du comment, et surtout dans quels délais, ces publications certifiées seront accessibles. Il est inutile d'investir du temps et de l'argent dans la mise en place d'une agence de certification si les gens ne parviennent pas à localiser les informations au moment et à l'endroit où ils en ont besoin. Je proposerais que ces publications soient disponibles sur demande via un service d'assistance téléphonique 24h/24 et sous format électronique sur le site Web de l'agence. La création d'une agence d'information des consommateurs des soins de santé impliquerait évidemment des coûts importants. Cependant, je crois que les avantages en termes d'amélioration de l'information et de l'autogestion les compenseraient largement. Cela garantirait également la présence d'un défenseur puissant d'une éducation des consommateurs des soins de santé au coeur même d'un service de soins de santé. ` Howard Stoate Howard Stoate est médecin généraliste et membre du Parlement pour Dartford, Royaume-Uni. Références 1. Les Toop et al. Direct to consumer advertising of prescription drugs in New Zealand: for health or for profit? University of Otago, 2003. Septembre 2003 Volume 48 Numéro 2