St Pétersbourg

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IFMSA – Saint Pétersbourg – Juillet 2014
Introduction
J’ai effectué un stage clinique en juillet 2014 dans le service d’oncologie pédiatrique à
Saint Pétesbourg en Russie. J’ai choisi Saint Pétersbourg parce que j’ai étudié le russe
au collège et au lycée, et que j’étais déjà partie en Russie en 2nde, à Nijni-Novgorod :
ça faisait longtemps que je cherchais une occasion de reparler russe, et je voulais
découvrir cette fameuse « petite Venise du Nord » qui est connue pour être
différente du reste du pays, et donc de ce que j’avais vu. Et c’était une occasion de
faire un stage en pédiatrie, dans une ambiance plus détendue.
Le stage
Mon stage s’est déroulé à l’hôpital pédiatrique hématologique. Je connais un peu ce
service mais de l’autre côté du miroir, avec Locomatik. Le service était spécialisé dans
la prise en charge des enfants allant recevoir ou ayant déjà reçu une greffe de cellules
souches hématopoïétiques dans un contexte de cancer pédiatrique. Il y avait 5 jeunes
médecins (plusieurs avaient moins de 30 ans), dont la plupart parlaient bien anglais,
pas d’interne, et une étudiante russe de 5 ème année, venant ponctuellement. Les
médecins du service travaillaient en collaboration avec l’équipe de petite chirurgie et
le laboratoire. Ils ont été très acceuillants, et cherchaient toujours à m’apprendre des
choses ou me montrer des gestes et des opérations. Les cancers les plus fréquents
chez l’enfant sont dans l’ordre : leucémies, tumeurs cérébrales, lymphomes,
neuroblastomes, néphroblastome et tumeurs osseuses : ostéosarcome et sarcome
d’Ewung.
La prise en charge du patient
Dans le service on retrouve cette envie de créer un environnement rassurant et
confortable pour les enfants : peintures, dessins, mobilier ergonomique, salle de jeux
à l’étage, bénévoles qui passent … Les médecins sont toujours disponibles pour
rassurer une famille ou expliquer quelque chose à l’enfant.
Quelques différences par rapport au service d’oncologie pédiatrique de Grenoble : les
chambres sont doubles, et il n’y a pas d’isolement en chambre à flux en cas
d’agranulocytose, car pour les médecins la plupart des bactéries responsables
d’infection viennent du patient lui-même et pas de l’environnement. Il y a un service
entièrement dédié aux adolescents, j’ai trouvé que c’était une très bonne idée, parce
que les ados sont des patients qui ne sont plus des enfants et pas encore des adultes,
et qui nécessite une prise en charge médicale et psychologique à part, la maladie
étant particulièrement difficile à vivre dans cette période de la vie.
Matériel
En chirurgie, les précautions d’hygiène étaient similaires, mis à part les champs
opératoires et les masques qui étaient en tissu et lavés après usage. L’hôpital était
récent et les conditions d’hygiène étaient bien meilleures que ce qu’on pu observer
les autres étudiants dans d’autres hôpitaux de Saint Pétersbourg. Un détail un peu
frappant, dans le bloc les infirmières ont pour habitude de mettre leur masque en
dessous de leur nez, même pendant l’opération. Une chose qui m’a interpelée, les
aiguilles utilisées n’étaient pas toujours à usage unique, parfois ils utilisaient du
matériel en métal, lavé après usage, même chez des patients porteurs de l’hépatite B.
Je n’ai pas eu de réponse claire quand j’ai demandé quels patients avaient le droit au
matériel à usage unique.
En Russie, le registre des donneurs de moelle osseuse est très limité, donc la plupart
des dons de cellules souches hématopoïétiques proviennent de donneurs étrangers.
Les études de médecine durent 6 ans, et le début peut décourager car lors de leur 1 er
stage les étudiants sont souvent assigner à des tâches ennuyantes comme laver le sol
ou plier le linge !
Beaucoup d’étudiants en médecine travaillent en tant qu’infirmier pendant leurs
études.
En dehors de l’hôpital
L’accueil à Saint Pétersbourg était super, on dormait dans des dortoirs, et on nous
fournissait un repas dans un petit restaurant à côté de l’hôpital par jour. Pour le reste
la nourriture n’est pas très chère en Russie. Le programme social était très riche, on
nous proposait presque une activité par jour. La leo Anastasia et les autres étudiants
russes se sont vraiment démenés pour nous rendre la vie facile et on était vraiment
chouchoutés, elle organisait tout pour qu’on puisse profiter tranquillement, comme
le week-end à Moscou avec voyage en train de nuit inoubliable. Saint Pétersbourg est
une ville très agréable, l’été il ne fait presque jamais nuit, pratique pour sortir. Elle est
différente du reste de la Russie, certains lui reprochent même d’être trop
« européenne », mais pour moi c’est une ville ou chaque coin de rue a son charme. Je
me suis liée d’amitié avec une jeune médecin du service, qui m’a invitée à un pique
nique avec toute sa famille d’origine arménienne au grand complet. Finalement vu
l’abondance de nourriture c’était plus un banquet qu’un repas sur le pouce, mais ce
sont les gens les plus chaleureux que j’ai jamais rencontrés, ce qui tranchait avec les
russes plus réservés et distants. Et pourtant la communication n’était pas aisée, entre
mon russe plus qu’hésitant et les grand-mères qui ne parlaient presque
qu’arménien ! Tout ça s’est terminé en un match de volley France-Arménie ou
chacune de mes tentatives était salué d’un « allez la Française ! » …
Conclusion
Donc ce stage m’a permis de voir la Russie de mes propres yeux, un pays avec
beaucoup de potentiel mais aussi beaucoup de contradictions. J’ai adoré cette
expérience qui permet de faire un stage de plus dans une ambiance plus détendue,
délivré des « tâches administratives » on est là pour découvrir et on a une relation
privilégié avec les médecins. Et c’est génial de rencontrer des étudiants de plein de
pays, de se trouver beaucoup de points communs, et de rigoler de nos différences et
de nos accents en anglais. Je conseille aux futurs étudiants de choisir le stage
oncologie pédiatrique, parce les médecins parlent bien anglais (ce qui est rare en
Russie) et sont très pédago, de plus le stage est varié, on voit un peu de tout. Et de ne
pas oublier de s’y prendre à l’avance pour les visas.
Lucile Mazeau
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