Bulletin Phaethon 2010 ___________________________________________________________________________ Volume 30 Le Gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata Publié par Nature & Patrimoine et Nature Océan Indien Bulletin Phaethon n°30 Directeurs de publication : Jean-Michel PROBST (PNR) & Mickaël SANCHEZ (NOI) Editorial Le Bulletin Phaethon est un support pédagogique créé par l’Association Nature & Patrimoine il y a maintenant 15 ans. Il a pour vocation principale de servir à améliorer les connaissances naturalistes et scientifiques de la faune de l’Océan Indien. Il présente ainsi des articles sur la faune des Mascareignes et des Iles de l’Océan Indien : La Réunion, Maurice, Rodrigues, Les Seychelles, Les Comores, Madagascar, les îles éparses… Le Bulletin Phaethon est une revue naturaliste qui présente, soit en français soit en anglais, des comptes rendus, rapports, notes et observations sur la faune des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien. Plus particulièrement sur les oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, poissons, mollusques, crustacés, insectes… et de préférence tout ce qui concerne les dernières découvertes. Aujourd’hui le Bulletin Phaethon prend un nouveau départ : l’association Nature & Patrimoine a confié sa réalisation à Nature Océan Indien. A l’avenir les bulletins seront mis en ligne et téléchargeables sur le site internet de l’association : http://www.nature-ocean-indien.org. Chaque année, nous tenterons d’éditer au minimum un volume. Le Bulletin Phaethon représente une activité bénévole et non subventionnée au sein de notre association. Le Bulletin Phaethon est destiné à tous les amateurs, naturalistes, étudiants, chercheurs, passionnés… désireux de partager leurs connaissances au travers de cette revue, et ainsi de contribuer à valoriser notre patrimoine naturel. A vos plumes !!! Jean-Michel Probst et Mickaël Sanchez Directeurs de publication Nature & Patrimoine (Association loi 1901) L’Association Nature & Patrimoine regroupe ceux qui s’intéressent au patrimoine naturel des îles de l’Océan Indien et plus particulièrement aux milieux indigènes et à la faune endémique et protégée. Elle a pour mission principale d’éditer des supports pédagogiques afin de sensibiliser et vulgariser les connaissances sur le patrimoine naturel de La Réunion. L’association est ouverte aux personnes passionnées de nature, aux chercheurs, professionnels et amateurs. Nature & Patrimoine propose 6 commissions : - Éditions Sensibilisation et vulgarisation Expéditions - Sorties Études et recherches Actions de conservation Communication – Vie associative Nature Océan Indien (Association loi 1901) L'association Nature Océan Indien a pour objectif de promouvoir la recherche et la conservation du patrimoine naturel en général, et de l’herpétofaune en particulier. Aux fins de réalisation dudit objet, l’association utilise les moyens d’action suivants : - développement des activités de connaissance, d’échange et de conservation de la nature entre les chercheurs et les naturalistes des îles et des pays côtiers de l’Océan Indien. Localement, contribution à la connaissance des milieux et des espèces ; - conception et réalisation d’action de formation dans les domaines du patrimoine naturel et de l’herpétologie (professionnelle, scolaire, « tout public »…) ; - gestion de tout matériel, locaux et espace naturel mis à sa disposition ; - réalisation de toute action d’aménagement, d’étude et d’expertise écologique des milieux naturels et urbains ayant pour objectif la conservation du patrimoine naturel ; - création d’outils pédagogiques de qualité et mise en place ou participation à des actions de sensibilisation pour le « tout public ». Notre association est ouverte aux personnes ayant une de bonnes connaissances dans les domaines naturalistes et scientifiques (amateurs, chercheurs, passionnés…). Les demandes d’adhésion sont formulées par écrit par le demandeur. Toute adhésion est parrainée par au moins un membre du Conseil d’Administration et est l’admission des nouveaux membres est prononcée par ce même conseil. Pour nous contacter Nature Océan Indien 77 Rue Caumont 97410 Saint Pierre ILE DE LA RÉUNION – France [email protected] Bulletin Phaethon Volume 30 - 2010 Sommaire Articles Sanchez, M., Duval, T., Lavergne, C. & Probst, J-M. - Découverte d'une nouvelle population de gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata Mertens, 1966 (Squamata : Gekkonidae).................................................................................1-5 Sanchez, M. & Gandar, A. - Découverte d’une population d’Agame des colons Agama agama (Linnaeus, 1758) (Squamata : Agamidae) à Saint-Denis de La Réunion......................................................................................................................6-9 Caceres, S., Jasmin, J.-N. & Sanchez, M. - Observations comportementales chez le Gecko vert des Hauts, Phelsuma borbonica Mertens, 1942 (Squamata : Gekkonidae)................................................................................................10-19 Sanchez, M. & Gandar, A. - Le grand gecko vert malgache, Phelsuma grandis Gray, 1870 (Squamata : Gekkonidae) introduit à Manapany-les-Bains : compte rendu des opérations visant à enrayer l’invasion……………………….2022 Probst ??? ............. Nouvelles brèves Sanchez, M. - Un Plan national d’action en faveur du gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata, une première pour la conservation des reptiles à La Réunion !...................................................................................................................p ? 2010. Nature Océan Indien INSERTION DES ARTICLES (dernière page) Bulletin Phaethon Nouvelles sur la faune et la flore des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien. Recommandations aux auteurs Le Bulletin Phaethon est une revue naturaliste qui présente, soit en français soit en anglais, des comptes rendus, rapports, notes et observations sur la faune et la flore des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien. Plus particulièrement sur les oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, poissons, mollusques, crustacés, insectes… et de préférence tout ce qui concerne les dernières découvertes. Transmission des manuscrits : Les manuscrits doivent être envoyés à l’association par e-mail ([email protected]), en format WORD. Assurez-vous par e-mail auprès du Directeur de la publication que vos documents sont bien arrivés à destination après tout envoi. Responsabilité des auteurs : Les articles sont publiés sous la responsabilité entière et personnelle des auteurs et non celle de Nature Océan Indien. Comité de lecture et corrections : Les textes sont soumis au comité de lecture qui peut faire appel à un ou plusieurs rapporteurs spécialisés. Ils sont ensuite renvoyés aux auteurs pour corrections éventuelles. Afin d'alléger la tâche de la rédaction et d'accélérer la parution de chaque bulletin, il est demandé aux auteurs de respecter les instructions qui suivantes. Les corrections sont faites sous la responsabilité des auteurs. Une seule épreuve leur est envoyée dans le but de permettre une vérification de la conformité du texte proposé mais non d'y apporter des modifications par rapport au manuscrit original. Prescriptions générales : Les manuscrits sont dactylographiés en simple interligne avec chaque marge à 2,5 cm. Les feuilles seront numérotées dans l'ordre, en bas de page, au milieu sous la forme : Page -1-. La chronologie des différentes parties du texte doit respecter l'ordre suivant : titre en français, prénom et nom du ou des auteurs, adresse(s) (sous les noms des auteurs), texte, remerciements, références bibliographiques. Les articles comportant plus de 5 pages devront également comprendre un résumé en français et mots-clés en français, et un résumé et mots-clés en anglais (key-words). Police : La police Times New Roman est utilisée pour l’ensemble du manuscrit. Références bibliographiques : Toutes les références signalées dans le texte, doivent être cités. Le classement des références se fait par ordre alphabétique des noms des auteurs sous les formes suivantes : Pour les livres ou ouvrages non périodiques : PROBST, J-M. & BRIAL, P. 2002. Récits anciens de Naturalistes à l'île Bourbon. Le 1er guide des espèces animales disparues de l'île de La Réunion. Association Nature et Patrimoine, 109 pp. Pour les articles issus d’une publication périodique : HONSTERETTE, E. & PROBST, J-M. 1999. Redécouverte d’un reptile considéré comme disparu depuis plus de 130 ans à La Réunion, le Scinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii. Bulletin Phaethon, 9 : 1-3. Pour toutes autres sujétions, un ancien article du bulletin pourra être envoyé aux auteurs à titre d’exemple. Pour nous contacter Écrire à l’adresse e-mail : [email protected] ou écrire à l’adresse postale suivante : Nature Océan Indien 77 Rue Caumont, 97410 Saint Pierre ILE DE LA RÉUNION – France Vous pouvez aussi nous consulter sur le net http://www.nature-ocean-indien.org Page de garde du Bulletin Nature Océan Indien L'association NOI régie par la loi du 1er Juillet 1901, a été fondée en octobre 2007. Elle a pour objectif de promouvoir la recherche et la conservation du patrimoine naturel en général, et de l’herpétofaune en particulier. Aux fins de réalisation dudit objet, l’association utilise les moyens d’action suivants : - développement des activités de connaissance, d’échange et de conservation de la nature entre les chercheurs et les naturalistes des îles et des pays côtiers de l’Océan Indien. Localement, contribution à la connaissance des milieux et des espèces ; - conception et réalisation d’action de formation dans les domaines du patrimoine naturel et de l’herpétologie (professionnelle, scolaire, « tout public »…) ; - gestion de tout matériel, locaux et espace naturel mis à sa disposition ; - réalisation de toute action d’aménagement, d’étude et d’expertise écologique des milieux naturels et urbains ayant pour objectif la conservation du patrimoine naturel ; - création d’outils pédagogiques de qualité et mise en place ou participation à des actions de sensibilisation pour le « tout public ». Notre association est ouverte aux personnes ayant une de bonnes connaissances dans les domaines naturalistes et scientifiques (amateurs, chercheurs, pationnés…). Les demandes d’adhésion sont formulées par écrit par le demandeur. Toute adhésion est parrainée par au moins un membre du Conseil d’Administration et est l’admission des nouveaux membres est prononcée par le Conseil d’Administration Deuxième page du BP Bulletin Phaethon n°30 Directeur de publication : Mickaël SANCHEZ (NOI) Comité de rédaction : Comité de lecture : Jean-Michel PROBST (PNR), Samuel COUTEYEN (ARE), Hermann THOMAS (PNR), Julien TRIOLO (ONF), Dominique STRASBERG (Université de La Réunion) Dernière page du Bulletin Bulletin Phaethon Le Bulletin Phaethon est un support pédagogique créé par l’Association Nature & Patrimoine sous l’initiative de Jean Michel Probst, il y a maintenant 15 ans. Il a pour vocation principale de servir à améliorer les connaissances naturalistes et scientifiques de la faune de l’Océan Indien. Il présente ainsi des articles sur la faune des Mascareignes et des Iles de l’Océan Indien : La Réunion, Maurice, Rodrigues, Les Seychelles, Les Comores, Madagascar, les îles éparses… Le Bulletin Phaethon est une revue naturaliste qui présente, soit en français soit en anglais, des comptes rendus, rapports, notes et observations sur la faune des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien. Plus particulièrement sur les oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, poissons, mollusques, crustacés, insectes… et de préférence tout ce qui concerne les dernières découvertes. Aujourd’hui le Bulletin Phaethon prend un nouveau départ : l’association Nature & Patrimoine a confié sa réalisation à Nature Océan Indien. A l’avenir les Bulletins Pheathon seront mis en ligne et téléchargeables sur le site de l’association : natureoceanindien.org. Chaque année, nous tenterons d’éditer au minimum deux volumes. Le Bulletin Phaethon représente une activité bénévole et non subventionnée au sein de notre association. Le Bulletin Phaethon est destiné à tous les amateurs, naturalistes, chercheurs, passionnés… désireux de partager leurs connaissances au travers de cette revue, et ainsi de contribuer à valoriser notre patrimoine naturel. A vos plumes !!! Recommandations aux auteurs Le Bulletin Phaethon est une revue naturaliste qui présente, soit en français soit en anglais, des comptes rendus, rapports, notes et observations sur la faune des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien. Plus particulièrement sur les oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, poissons, mollusques, crustacés, insectes… et de préférence tout ce qui concerne les dernières découvertes. Transmission des manuscrits : Les manuscrits doivent être envoyés à l’association par e-mail ([email protected]), en format WORD. Assurez-vous par e-mail auprès du Directeur de la publication que vos documents sont bien arrivés à destination après tout envoi. Responsabilité des auteurs : Les articles sont publiés sous la responsabilité entière et personnelle des auteurs et non celle de Nature Océan Indien. Comité de lecture et corrections : Les textes sont soumis au comité de lecture qui peut faire appel à un ou plusieurs rapporteurs spécialisés. Ils sont ensuite renvoyés aux auteurs pour corrections éventuelles. Afin d'alléger la tâche de la rédaction et d'accélérer la parution de chaque bulletin, il est demandé aux auteurs de respecter les instructions qui suivantes. Les corrections sont faites sous la responsabilité des auteurs. Une seule épreuve leur est envoyée dans le but de permettre une vérification de la conformité du texte proposé mais non d'y apporter des modifications par rapport au manuscrit original. Prescriptions générales : Les manuscrits sont dactylographiés en simple interligne avec chaque marge à 2,5 cm. Les feuilles seront numérotées dans l'ordre, en bas de page, au milieu sous la forme : Page -1-. La chronologie des différentes parties du texte doit respecter l'ordre suivant : titre en français, prénom et nom du ou des auteurs, adresse(s) (sous les noms des auteurs), texte, remerciements, références bibliographiques. Les articles comportant plus de 5 pages devront également comprendre un résumé en français et mots-clés en français, et un résumé et mots-clés en anglais (key-words). Police : La police Times New Roman est utilisée pour l’ensemble du manuscrit. Références bibliographiques : Toutes les références signalées dans le texte, doivent être cités. Le classement des références se fait par ordre alphabétique des noms des auteurs sous les formes suivantes : Pour les livres ou ouvrages non périodiques : PROBST, J-M. & BRIAL, P. 2002. Récits anciens de Naturalistes à l'île Bourbon. Le 1er guide des espèces animales disparues de l'île de La Réunion. Association Nature et Patrimoine, 109 pp. Pour les articles issus d’une publication périodique : HONSTERETTE, E. & PROBST, J-M. 1999. Redécouverte d’un reptile considéré comme disparu depuis plus de 130 ans à La Réunion, le Scinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii. Bulletin Phaethon, 9 : 1-3. Pour toutes autres sujétions, un ancien article du bulletin pourra être envoyé aux auteurs à titre d’exemple. Découverte d'une nouvelle population du gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata Mertens, 1966 (Squamata : Gekkonidae) Sanchez, M., Duval, T., Lavergne, C. & Probst, J-M. Bulletin Phaethon, 2010, 30 : 1-5. Découverte d'une nouvelle population de gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata Mertens, 1966 (Squamata : Gekkonidae) Mickaël SANCHEZ (1), Thomas DUVAL (1), Christophe LAVERGNE (2) & Jean-Michel PROBST (3) (1) (2) (3) Association Nature Océan Indien, 97490 Saint-Denis, Ile de La Réunion, France ([email protected]) Conservatoire Botanique National de Mascarin, 2 rue du Père Georges - Les Colimaçons 97436 Saint-Leu, Ile de La Réunion, France ([email protected]) Parc National de La Réunion, 112 rue Sainte-Marie, 97400 Saint-Denis, Ile de La Réunion, France ([email protected]) Introduction Le gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata, est un des derniers reptiles terrestres endémiques de l'île de La Réunion (Probst, 2002). Cette espèce est protégée par arrêté ministériel depuis 1989 (J.O., 1989). Localisée dans le sud de l'île, son aire de répartition est principalement limitée à une fine bande littorale de moins de 10 km de long (Bour et al., 1995). Ce gecko diurne de coloration vert pomme mesure entre 10 et 12 cm (Fig. 1) et affectionne les vacoas, Pandanus utilis (Bour et al., 1995 ; Probst, 2000), arbre endémique des Mascareignes (Bosser & Guého, 2003). Ses effectifs sont faibles et son statut Figure 1. Le gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata (mâle). Photo : M. Sanchez. de conservation des plus défavorable : l’espèce est classé dans la catégorie « Critically Endangered » sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN (UICN & MNHN, 2010). Il est aujourd'hui gravement menacé par une multitude de facteurs : dégradation et Page - 1 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) fragmentation de son habitat (urbanisation, envahissement par les espèces végétales exotiques…), isolant des populations de petite taille, prédation ou compétition avec des espèces animales exotiques telles que chats, rats, fourmis envahissantes, agames, voire bientôt d'autres Phelsuma (en extension constante, comme P. laticauda ou P. (madagascariensis) grandis – A. Cheke comm. pers.), pollutions environnementales (traitements phytosanitaires des zones agricoles, lutte anti-vectorielle) ou encore la fréquentation humaine (dérangements, captures volontaires…). C'est lors d'une mission de recherche du Scinque de Bouton, Cryptoblepharus boutonii, le 20/07/08, que nous avons découvert une nouvelle population de P. inexpectata 1. Description de la population La population est située quelques kilomètres plus à l'ouest de la limite de l'aire de répartition jusqu'alors connue. Elle représente donc la limite occidentale de répartition de l'espèce. Il s’agit très probablement d’une population naturelle, non introduite : ceci étant attesté par la découverte de pontes subfossiles de Phelsuma sp. au niveau du Cap Guillaume, intercalées entre l’ancienne et cette nouvelle limite de répartition. Les geckos sont localisés en bordure du littoral, dans une propriété privée. La végétation en place est principalement constituée de vacoa, Pandanus utilis, de latanier rouge, Latania lontaroides et de manioc marron bord de mer, Scaevola taccada (Fig. 2). Cette population de lataniers rouges a d'ailleurs été préalablement décrite dans la littérature et les témoignages indiquent qu'elle était notablement plus importante par le passé. Pour une durée de 45 minutes de prospection, et malgré un vent violent défavorable à l'observation, nous avons comptabilisé 8 geckos, tous sur des vacoas dont 6 sur le même pied. Les individus étaient principalement localisés à l'interstice des feuilles. Nous avons également observé deux traces de pontes anciennes sur des feuilles, toujours de vacoa. Selon les riverains la population est prospère et par temps favorable on peut compter une dizaine d'individus par arbre. Figure 2. Habitat littoral de la population de Phelsuma inexpectata. Photo : J-M. Probst. 1 Au vu de la protection et du statut de conservation défavorable de l'espèce, les localités précises ne sont volontairement pas fournies. Page - 2 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) Discussion Cette nouvelle population étend l'aire de répartition du gecko vert de Manapany à une bande littorale d'environ 11 km de long. Suite à cette surprenante découverte, il semble donc encore possible de retrouver des populations isolées, situées dans ce type d'habitat, composé principalement de vacoas et de lataniers rouges. Ces plantes indigènes (Bosser & Guého, 2003 ; Sarrailh et al., 2007 ; CBNM, 2006) sont en effet essentielles pour ce gecko. Elles fournissent des ressources alimentaires végétales (pollens, fruits, nectars) et animales (support de proies pour de nombreux arthropodes) mais également de nombreuses caches, des sites de ponte et de thermorégulation (Probst, 2000 ; Lehtinen, 2002 ; Probst, 2002 ; CBNM, 2006 ; Deso et al., 2008). Notons ici que cette découverte est en accord avec l'hypothèse selon laquelle P. inexpectata aurait été anciennement distribué de la même manière que son espèce soeur à Maurice, P. ornata (Austin et al., 2004), dans les milieux chauds et secs de basses altitudes. P. inexpectata aurait ainsi occupé toute la côte sous-le-vent de l'île, sous une limite de 400 m d'altitude (Vinson, 1976), avant l'installation de l'homme et la dégradation des milieux qui s'en est suivie (Sanchez et al., 2009). Cette population est située à environ 2 km à l'ouest de la population marquant la limite de répartition occidentale connue jusqu'alors (Bour et al., 1995 ; Sanchez, 2008). Il s’agit donc à priori d’une sous-population fonctionnelle, mais, selon toute probabilité et en supposant qu'il n'existe pas d'autres populations intercalées non découvertes, cette nouvelle population est totalement isolée de la première population située plus à l'est : les capacités de dispersion de ces geckos de petite taille sont relativement faibles (Gehr & Werner, 2005 ; Hoehn et al., 2007 ; Sanchez, 2008) et il existe de nombreuses barrières physiques liées au type habitat. Actuellement, la végétation en place sur la bande littorale séparant ces deux populations est fortement dégradée par les pestes végétales, principalement par le faux poivrier, Schinus terebinthifolius, et elle ne semble donc pas pouvoir remplir son rôle de corridor écologique. Toutefois, il existe sur cette bande des patchs (ou îlots) de végétation indigène constituant des zones refuges potentielles pour le gecko. L'une de ces zones, située au niveau du Cap de l'Abri, est une importante station de lataniers rouges endémiques (Lavergne et al., 2004 ; Ludwig, 2004 ; Lavergne et al., 2005 ; Lavergne, 2008). Elle est également constituée d'autres plantes favorables au gecko comme le vacoa, la saliette (Psiadia retusa), et le manioc marron bord de mer (Lehtinen, 2002 ; Deso et al., 2008 ; Sanchez & Gandar, 2009 ; Sanchez et al., 2009). Bien que P. inexpectata soit absent du Cap de l'Abri, favoriser la revégétalisation de cette bande littorale en plantes indigènes permettrait à cette nouvelle population de se propager jusque sur cet habitat exceptionnel, créant ainsi un véritable corridor écologique. Cette bande littorale relativement peu soumise aux pressions anthropiques contient encore quelques patchs de plantes indigènes et constitue ainsi un atout en termes de conservation de l'espèce. Comme dans les départements d'outre-mer, une zone littorale large de 81,20 m depuis la ligne des plus hautes marées (zone dite "des 50 pas géométriques") appartient au domaine public maritime, il est tout à fait concevable d'effectuer cette revégétalisation (J.O., 2004 ; DIREN, 2008). Par ailleurs, l’achat de certains terrains privés littoraux par le Conservatoire du littoral (CELRL) serait souhaitable d’un point de vue foncier pour assurer une stabilité foncière et la gestion de la bande littorale entre les deux populations de P. inexpectata. Des recommandations, relatives à la gestion des espaces jardinés pourraient également être fournies aux propriétaires privés situés dans la zone. Ces actions de conservation et de sensibilisation permettraient de restaurer la végétation indigène littorale et par voie de conséquences, la faune qui lui est associée. Une Page - 3 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) meilleure connaissance préalable des habitats littoraux de La Réunion, leur composition, leur structure, et leur fonctionnement (sur le modèle des Cahiers d'Habitats), parait essentielle pour envisager cette reconstitution écologique des habitats indigènes originels. La propagation de P. inexpectata permettrait l'établissement de petites populations dans les bosquets de plantes indigènes et à long terme une population d'un seul tenant pourrait s'étendre sur l'ensemble de cette bande littorale. En outre, les plantes indigènes seraient également reconnues pour attirer les tortues marines venant pondre en suivant l'odeur de cette végétation littorale. Ce signal chimique olfactif est en effet transporté par les courants marins (Lohman et al., 1997 ; Girard et al., 2006). Il est donc possible qu'une replantation en plantes indigènes contribue également au retour des tortues marines sur les plages situées à proximité (Ciccione & Bourgea, 2006). Conclusion Phelsuma inexpectata reste l'un des vertébrés terrestres les plus menacés de La Réunion. Les dernières études font état de la mauvaise santé de la plupart de ces populations (chute des effectifs ou purement disparition) (Probst & Turpin, 1997 ; Duguet, 2006 ; Sanchez et al., 2009). La découverte fortuite d'une nouvelle population de gecko, sur une propriété privée, et beaucoup plus à l'ouest des populations jusqu'alors connues, traduit à la fois le manque d'information et de sensibilisation des habitants de la zone littorale vis-à-vis de cette espèce menacée, mais aussi la difficulté d'une prospection exhaustive des populations de gecko vert de Manapany, critiquement morcelées. Cette population est une découverte importante pour la conservation de cette espèce dans la mesure où l'on se donne les moyens d'établir des corridors avec les autres populations de gecko, ce qui suppose : prospection accrue, information et sensibilisation du public concerné, et défragmentation de l'habitat par une gestion volontariste de la végétation littorale et par la multiplication et la protection de zones refuges, privées ou publiques. Dans cette optique de gestion volontariste, il est nécessaire de mettre en place une collaboration forte entre les pouvoirs publics (DIREN, CELRL...) et les organismes de protection de la nature (associations, Conservatoire Botanique National de Mascarin, Observatoire des tortues marines...). Remerciements Pour leur relecture avisée, nous tenons à remercier A. Cheke, A. Gandar, A. Desvars et G. Deso. Nous remercions également B. Warren, la famille qui nous a accueillie ainsi que leur voisin. Références bibliographiques AUSTIN, J.J., ARNOLD, E.N., JONES, C.G. 2004. Reconstructing an island radiation using ancient and recent DNA: the extinct and living day geckos (Phelsuma) of the Mascarene Islands. Molecular Phylogenetics and Evolution, 31: 109122. BOSSER, J. & GUEHO, J. 2003. Pandanacées. Flore des Mascareignes. Vol. 190. Mauritius Sugar Industry Research Institute, Le Réduit, Ile Maurice. BOUR, R., PROBST, J-M., RIBES, S. 1995. Phelsuma inexpectata Mertens 1966, le Lézard vert de Manapany les Bains (La Réunion): Données chorologiques et écologiques (Reptilia, Gekkonidae). Dumerilia, 2 : 99-124. CONSERVATOIRE BOTANIQUE NATIONAL MASCARIN, 2006. Index de la flore vasculaire de La Réunion (Trachéophytes) : statuts, menaces et prospections – Version 2007.1 (mise à jour le 12 juin 2007) disponible à Page - 4 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) http://flore.cbnm.org CICCIONE, S. & BOURGEA, J. 2006. Nesting of Green Turtles in Saint Leu, Réunion Island. Marine Turtle Newsletter, 112: 1-3. DESO, G., PROBST, J-M., SANCHEZ, M., INEICH, I. 2008. Phelsuma inexpectata Mertens, 1966 et Phelsuma borbonica Mertens, 1942 (Squamata : Gekkonidae) : deux geckos potentiellement pollinisateurs de l’île de La Réunion. Bulletin de la Société Herpétologique de France, 126 : 9-23. DIREN. 2008. Données cartographiques de la DIREN Réunion. Dernière mise à jour : 26 mai 2006. http://www.reunion.ecologie.gouv.fr/ DUGUET, R. 2006. Contribution à la connaissance du lézard vert de Manapany dans le but de préserver cette espèce des effets indirects de la démoustication. Rapport BIOTOPE. 10 pp. GEHR, D.D. & WERNER, Y.L. 2005. Age effects and size effects in the ears of gekkonomorph lizards: inner ear. Hearing Research, 200: 38-50. GIRARD, C., SUDRE, J. BENHANMOU, S. ROSS, D, LUSCHI, P. 2006. Homing in green turtles Chelonia mydas: oceanic currents act as a constraint rather than as an information source. Marine Ecology Progress Series, 322: 281-289. 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Cédérom, Cirad éd., Saint Denis, La Réunion, France. IUCN & MNHN. 2010. La Liste rouge des espèces menacées en France. Premiers résultats pour la faune de La Réunion Dossier de presse - 1er juillet 2010. Rapport édité par l’Union Internationale de Conservation de la Nature et le Muséum National d’Histoire naturelle de Paris. 24 pp. VINSON, JM. 1976. The saurian fauna of the Mascarene Islands. II. The distribution of Phelsuma species in Mauritius. Mauritius Institute Bulletin, 8: 177-195. Page - 5 - Découverte d’une population d’Agame des colons Agama agama (Linnaeus, 1758) (Squamata : Agamidae) à Saint Denis de La Réunion Mickaël Sanchez & Allison Gandar Bulletin Phaethon, 2010, 30 : 6- 9. Découverte d’une population d’Agame des colons Agama agama (Linnaeus, 1758) (Squamata : Agamidae) à Saint Denis de La Réunion Mickaël SANCHEZ & Allison GANDAR Association Nature Océan Indien, 97490 Ste Clotilde, Ile de La Réunion, France ([email protected]) I. Introduction L'Agame des colons, Agama agama (Linnaeus, 1758), appelé aussi Agame africain ou Margouillat des colons, est naturellement distribué dans toute l’Afrique sub-saharienne depuis le SudOuest du Sahara au Nord jusqu'à l'Angola au Sud et l'Ouganda à l'Est (Wagner et al., 2009). Il a été introduit et s'est naturalisé à La Réunion (Guillermet et al., 1998 ; Probst, 1999), en Floride (Enge et al., 2004) et plus récemment aux Comores et à Madagascar (Wagner et al., 2009). Selon Wagner et al. (2009), mais aussi Decalf & Manseri (2009), Agama agama est une espèce invasive. Son introduction à La Réunion est involontaire : il est probablement arrivé entre 1994 et 1995 dans la ville du Port, située au Nord-Ouest de l’île, sur des bateaux en provenance d'Afrique (Guillermet et al., 1998). Depuis sa première observation à la Capitainerie du Port Est, il a colonisé les communes du Port et de la Possession, s’étendant presque jusqu’à la Grande Chaloupe au nord, et est aujourd'hui présent jusque sur la commune de Saint Paul, au niveau de Cambaie (Decalf & Manseri, 2009 ; M.S. non publié). Il se serait donc dispersé sur un linéaire d'environ 10 km de long dans l’Ouest de l’île. Récemment, une population a été découverte plus au Nord, sur la commune de Saint Denis (Sainte Clotilde), au niveau de la Ravine du Chaudron. Elle représente ainsi la limite de répartition orientale de cette espèce à La Réunion. Cet article présente les données de répartition et d’effectifs récoltées entre septembre et décembre 2009 sur cette nouvelle population. II. Présentation de l’Agame des colons, Agama agama L’Agame des Colons est un reptile diurne de taille moyenne pouvant mesurer de 30 à 40 cm de longueur total pour les mâles adultes (obs. pers.). Le dimorphisme sexuel est très marqué : le mâle est plus grand que la femelle, avec un corps bleu sombre et deux taches rouges bien visibles sur la tête et la queue (Fig. 1). La femelle est plus petite, brune teintée de gris, avec une bande longitudinale orangée sur les flancs (Fig. 2) (Guillermet et al., 1998). A La Réunion, il occupe principalement les milieux secondaires dégradés comme les ravines et les milieux anthropisés (bords de routes, parkings….) (Decalf & Manseri, 2009). Il s’agit d’une espèce très territoriale : chaque territoire abrite un groupe grégaire qui comporte un mâle dominant, plusieurs femelles adultes ainsi que quelques jeunes mâles (sub-adultes) (Harris, 1964 in Enge et al., 2004). Les mâles sont facilement observables car souvent perchés au somment des promontoires les plus élevés de leur territoire (murs, trottoirs, rochers, arbres…). On peut également observer l’agame au sol sous les arbustes, sur les pelouses ou encore sur les parkings. C’est un lézard assez rapide qui trouve refuge dans les fissures des murs, des arbres ou encore sous les rochers dès qu’on l’approche. Page - 6 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) Figures 1 et 2 : L'Agame des colons, Agama agama, mâle (à gauche) et femelle (à droite). Photos : A. Gandar & M. Sanchez III. Origine de la population de Saint Denis C'est suite au témoignage d'un riverain de Saint Denis que cette population a été découverte en novembre 2008. En 2009 une étude de répartition de l'espèce a été menée sur l'ensemble de l'île par G. Decalf et N. Manseri. Cette étude démontre que cette population est géographiquement déconnectée des populations de la côte Ouest : le lézard y a donc probablement été introduit par l’homme volontairement ou non. Au vu du nombre d’entreprises de matériaux situées aux alentours, il est possible que son introduction soit le résultat du transport de marchandises ou de terre pouvant contenir des individus ou des œufs. Il est difficile d'estimer la date d'arrivée des premiers individus. Un commerçant, situé au niveau du pont de la route de la Rivière des pluies, témoigne de la présence de l'espèce depuis au moins septembre 2008. Au cours du mois de décembre de la même année des juvéniles sont observés. L’agame est donc probablement arrivé à Saint Denis au cours de l'année 2008 mais a pu passer un moment inaperçu. IV. Protocole d’estimation de l’étendue et de la taille de la population Afin d’évaluer la répartition de la population et de fournir une estimation de son effectif, des recherches ont été entreprises dans la ravine du Chaudron ainsi qu’au niveau des habitats favorables situés aux alentours (rues, chemins, friches…) entre septembre et décembre 2009. Un transect linéaire de 2750 m de long a été parcouru en marche lente au centre de la ravine par un observateur (60 minutes pour 500 m). Pour une durée totale de 5 heures, ces recherches ont été effectuées les 16.09.09 (2 heures), 03.10.09 (1 heure) et 08.11.09 (2 heures). Les habitats favorables situés aux abords de la ravine ont été prospectés en véhicule à une vitesse inférieure à 30 km / heure. Au total 4,5 heures de recherches en véhicule ont été réalisées les 08.11.09 (1 heure) 21.11.09 (1 heure 30) et 30.11.09 (1 heure) et 05.12.09 (1 heure 30). Les prospections ont été réalisées le matin entre 8h00 et 12h00 par temps ensoleillé ou partiellement nuageux. Les stations de présence et le nombre d’individus adultes ont été notés et géoréférencés (UTM 40S - WGS 84). Page - 7 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) V. Résultats et discussion Il existe 14 stations où la présence de l’agame est vérifiée - 10 dans la ravine du Chaudron et 4 dans des habitats favorables alentours - et 34 individus adultes ont été observés lors des recherches. Dans la ravine, la population s'étend depuis les abords du cimetière Primat au Nord jusqu'en amont de la rue de la Guadeloupe au Sud (pont métallique), soit sur un linéaire d'environ 2,2 km de long pour 26 adultes observés. L’agame a également colonisé quelques stations favorables situées à proximité de la ravine : des individus ont été observés rue Kerveguen (1 femelle), route de la Rivière des pluies (2 femelles en bord de route), concession automobile du Chemin Grand Canal (1 mâle et 2 femelles), sur le terrain vague située derrière la gare routière (1 mâle) et au numéro 30 du Chemin Grand Canal (1 mâle dans un parking). Le calcul d’aire joignant les points extrêmes de répartition relevés indique que la surface totale occupée par cette population est d'environ 27 ha. La population semble principalement concentrée dans la ravine du Chaudron, avec la majorité des stations et des individus observés. Sur l'ensemble de l'aire prospectée les individus sont très épars avec souvent 2 à 3 adultes maximum sur une station. Les rues et stations favorables situées autour de la ravine semblent peu occupées. La densité parait plus importante au niveau du pont de la route de la Rivière des pluies avec un maximum de 11 individus observés simultanément (3 mâles et 8 femelles). Il est possible qu'il s'agisse du point d'introduction initial de l'agame à Saint Denis, ou qu’il ait été introduit initialement à proximité de la ravine et que les individus y aient trouvé un habitat plus favorable. Le sex- ratio observé est environ de 1 mâle pour 2 femelles (34 individus adultes observés dont 11 mâles et 23 femelles). Selon Harris (1964) le territoire de chaque mâle adulte abrite en général plusieurs femelles. Avec 11 mâles adultes identifiés et au vu de nos observations de terrain la population devrait comprendre entre 30 et 50 femelles, atteignant ainsi entre 40 et 60 individus adultes. La totalité des mâles n’ayant probablement pas été observé lors de cette étude, cet effectif peut être sous-estimé par rapport à la réalité mais aussi surestimé car il s’agit d’une jeune population en expansion caractérisée par une faible densité et pour laquelle le ratio femelle/mâle est probablement plus faible que pour une population bien établie. VI. Conclusion L’Agame des colons est une espèce invasive en expansion sur l’île de La Réunion. Pour l’instant il n’occupe que des milieux dégradés, à priori sans enjeux écologiques notables. Bien que l’impact de cette espèce n’ait jamais été étudié de façon approfondie (compétition, prédation, transmission de parasite et de maladie) dans ses aires d’introduction, sa taille et son régime alimentaire opportuniste font de lui une menace potentielle pour la faune indigène : arthropodes, oiseaux et surtout reptiles. Selon Cheke & Hume (2008) il aurait été facile de l’éliminer dès son introduction. Aujourd’hui un enlèvement total de l’île paraît impossible mais des opérations de contrôle peuvent être conduite (ex : capture par piégeage). Ce travail est un premier état des lieux de la population de Saint Denis qui pourra permettre de suivre la dispersion de l'espèce à long terme. Dans ce cadre, de futures études doivent être réalisées afin de fournir des éléments de compréhension de la dynamique d’invasion de l'agame à La Réunion, ceci bien sûr dans l'objectif de suivre et de prévenir son extension sur des aires géographiques à enjeux écologiques forts. Remerciements Nos remerciements à Jean-Michel Probst et Thomas Duval pour leur relecture et commentaires avisés. Page - 8 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) Références bibliographiques CHEKE, A.S. & HUME, L. 2008. Lost land of the Dodo - An ecological history of Mauritius, Réunion & Rodrigues. T & Ad Poyser ed., London. 464 pp. DECALF, G. & MANSERI, N. 2009. Etude de la répartition géographique et du régime alimentaire d’une espèce introduite à l’île de la Réunion, l’Agame des colons (Agama agama). Rapport de Master 1, Université de La Réunion Nature Océan Indien, non publié. 35 pp + annexes. ENGE, K.M., KRYSKO, K.L., TALLEY, B.L. 2004. Distribution and ecology of the introduced african rainvow lizard, Agama agama africana (Sauria : Agamidae), in Florida. Florida Scientist, 67(4): 303–310. GUILLERMET, C., COUTEYEN, S., PROBST J-M. 1998. Une nouvelle espèce de reptile naturalisée à La Réunion, l’Agame des colons Agama agama (Linnaeus). Bulletin Phaethon, 8 : 67-69. HARRIS, V. 1964. The Life of the Rainbow Lizard. London, England: Hutchinson Tropical Monographs. 174 pp. PROBST, J-M. 1999. Nouvelles observations sur le comportement et les colorations variables de l’Agame des colons Agama agama (Linnaeus). Bulletin Phaethon, 9 : 11-12. WAGNER, P., GLAW, F., GLAW, K., BÖHME, W. 2009. Studies on African Agama IV: First record of Agama agama (Sauria: Agamidae) from Madagascar and identity of the alien population on Grande Comore Island. Herpetology Notes, 2: 73-77. Page - 9 - Observations comportementales chez le Gecko vert des Hauts, Phelsuma borbonica Mertens, 1942 (Squamata : Gekkonidae) Caceres, S., Jasmin J.-N. & Sanchez, M. Bulletin Phaethon, 2010, 30 : 10-19. Observations comportementales chez le Gecko vert des Hauts, Phelsuma borbonica Mertens, 1942 (Squamata : Gekkonidae) Sarah CACERES1, Jean-Noël JASMIN1 & Mickaël SANCHEZ2 (1) Naturalistes indépendants, 97400 St Denis, Ile de La Réunion, France ([email protected], [email protected]) (2) Association Nature Océan Indien, 97490 Ste Clotilde, Ile de La Réunion, France ([email protected]) I. Introduction Par abus de langage, le Gecko vert des Hauts (Phelsuma borbonica Mertens, 1942) est souvent considéré comme une espèce endémique de l'île de La Réunion (Probst & Deso, 2001 ; Probst, 2002). Pourtant, il existe trois sous espèces distinctes au sein du taxon P. borbonica : P. b. borbonica Mertens, 1942 et P. b. mater Meier, 1995 endémiques de La Réunion (respectivement réparties au nord entre Saint Denis et Sainte Marie et au sud de l’île, dans la région de Basse Vallée) et P. b. agalegae Cheke, 1975, endémique des petites îles d’Agalega à 1 000 km au nord de Maurice (Austin et al., 2004). A La Réunion, cette espèce classée « En danger » par l’UICN (UICN France & MNHN, 2010), est protégée par l'Arrêté ministériel du 17 février 1989 (JORF, 1989). Ce reptile de la famille des Gekkonidae est réparti à La Réunion entre 10 m et 2 350 m d'altitude (Probst, 1998 ; Bertrand, 2000 ; Probst & Deso, 2001 ; Sanchez et al., 2009a). C’est une espèce diurne, forestière et arboricole qui mesure entre 11 et 17 cm à l’âge adulte. Sa coloration est extrêmement variable, mais néanmoins à dominante verte plus ou moins foncée, moucheté de petites taches rouges (Bour & Moutou, 1982 ; Probst & Deso, 2001). En outre, le Gecko vert des Hauts fait partie des espèces du genre, ayant pour habitude de fixer leurs œufs à un support : « egg-gluer species » (Probst & Deso, 2001 ; Deso, 2006). A La Réunion les sites de pontes sont situés dans des endroits très divers (arbres crevassés, fissures de rochers, panneaux de signalisation routière, poteaux électriques…) (Probst, 1995 ; Probst & Deso, 2001 ; Probst, 2002). Comme la plupart des Phelsuma (Murphy & Myers, 1996 ; Meirte, 2004 ; Ikeuchi et al., 2005 ; Glaw & Vences, 2007 ; Harmon et al., 2007), les mâles et les femelles de P. borbonica sont assez territoriaux. Lors des rencontres, ils effectuent souvent des parades d'intimidation en signe de menace, ou pour affirmer leur domination. Néanmoins à ce jour, très peu d’observations comportementales - interactions territoriales ou encore parades de reproduction - ont été effectuées et décrites en milieu naturel. Cet article présente pour la première fois quelques observations comportementales de P. borbonica dans son milieu naturel. II. Détail des observations Ces observations ont été réalisées par les deux premiers auteurs lors de sessions photographiques. Le matériel utilisé permet de prendre des photos à distance des animaux (entre 4 et 8 m) et donc de ne pas interférer dans leurs comportements. Les individus ont été identifiés sur la base de ces photographies, en examinant notamment la distribution et la forme des taches réparties sur le Page - 10 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) dos et la tête de chacun des individus, ainsi que les traces de blessures (cicatrices, doigts et orteils manquants, état de régénération de la queue…). Forêt de Basse vallée – Commune de Saint Philippe, 10 mai 2009, 11h07, 685 m d’altitude Sur un arbre à environ 3,5 m de hauteur, un mâle adulte (A) et un individu non sexé (B) de P. b. mater se présentent face à face, l’un au dessous de l’autre. Dès le face à face, (A) situé en position inférieure se redresse sur ses pattes, gonfle et comprime son corps de façon à avoir l’air plus gros et à exposer sa partie dorsale à (B) (Fig. 1.). (B) se décale latéralement et descend rapidement le long de l’arbre en évitant (A) (Fig. 2.), se retrouvant ainsi en position inférieure sur le tronc. (A) ainsi positionné au-dessus fait demi-tour, se penche sur le côté de façon à exposer sa partie dorsale (B), puis se déplace latéralement dans sa direction en exhibant sa langue tirée (Fig. 3.). (B) finit par fuir vers le bas de l’arbre. Figures 1, 2 et 3 : P. b. mater mâle (A) lors d’une interaction agonistique avec un autre individu (B). 1. Le mâle (A) gonfle et compresse son corps de façon à exhiber sa partie dorsale à (B), situé au dessus et en face de lui sur le tronc. 2. L’individu (B) évite le mâle (A) en descendant le long de l’arbre. 3. (A) effectue un déplacement latéral, en exhibant sa langue tirée (Toutes les photos : S. Caceres et J-N. Jasmin). Forêt de l’Eden, Commune de Bras-Panon, 05 juin 2010, de 12h24 à 13h48, 690 m d’altitude La deuxième observation a été réalisée sur un patch de vacoas (Pandanus sp.) et notamment sur un pied présentant deux creux disposés l’un au-dessous de l’autre sur le tronc, à environ 2 mètres du sol. Une branche horizontale part sur la droite au niveau des deux cavités. L’observation a duré pratiquement 1h30 et a porté sur 4 femelles adultes. Quand les femelles étaient à proximité lors de ces affrontements, elles ont parfois émis des sons plus aigus et continus que ceux habituellement produits (« tcheck-tcheck »). 12h24 : La plus grande des quatre femelles observées (A) fait face à (B) sur une branche horizontale. (A) se penche sur le flanc de manière à exhiber sa coloration dorsale, prend une coloration vive et exhibe sa langue tirée, ce qui conduit à la fuite de (B) (Fig. 4). 12h49 : Près de 25 minutes plus tard, la femelle (B) arrive sur le tronc où elle fait face à (A) qui se trouve à proximité de l’anfractuosité supérieure. Les deux femelles prennent alors une coloration vive, gonflent leurs corps et notamment la partie gulaire, en se redressant sur leurs pattes de manière à décoller la partie ventrale du tronc (Fig. 5). Puis le corps et la queue légèrement décollés du tronc, elles se tournent plusieurs fois autour, en effectuant des mouvements très lents et sinueux de la queue. S’ensuit une attaque rapide de (A) qui mord violemment (B) au cou. La femelle (B) tente de se dégager pendant plusieurs minutes. 12h53 : (B) entre finalement dans la cavité supérieure, toujours maintenue au cou par (A) (Fig. 6). Page - 11 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) Figures 4, 5 et 6 : P. borbonica femelles lors de plusieurs interactions agonistiques à proximité de deux anfractuosités. 4. Femelle (A) exposant sa partie dorsale. 5. Femelle (B) redressée sur ses pattes, gonflant et compressant son corps de façon à exhiber sa partie dorsale à la femelle (A). 6. Femelle (A) mordant la femelle (B) au cou. Figures 7, 8 et 9 : P. borbonica femelles lors de plusieurs interactions agonistiques à proximité de deux anfractuosités. 7. Femelle (C) s’approchant des femelles (A) et (B) en train de s’affronter. 8. Femelle (A) mordant au flanc la femelle (D). 9. Femelle (A) exposant sa langue tirée à la femelle (C). Page - 12 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) 12h58 : Une troisième femelle (C) s’approche des deux autres. Elle reste à distance quelques secondes avant de repartir plus bas dans la végétation, comme si elle fuyait l’affrontement (Fig. 7). 13h04 : Environ un quart d’heure après l’avoir mordu, (A) lâche finalement (B) qui effectue aussitôt un déplacement de fuite vers la branche horizontale avoisinante, en dardant fréquemment de la langue. (A) quant à elle se lèche les yeux. Les deux femelles donnent alors l’impression d’être au repos après l’affrontement. La femelle (B) quitte le vacoa pour aller sur un arbre tout proche et (A) se positionne dans la cavité supérieure de l’arbre ayant servi précédemment de refuge à (B). 13h18 : Une quatrième femelle (D), d’une corpulence équivalente à (A), arrive par le haut de l’arbre et s’approche doucement de la fissure supérieure. Aussitôt la femelle (A) en sort et mord agressivement son flanc au niveau de la patte avant gauche (Fig. 8). 13h22 : (A) est descendue le long du tronc. Elle fait demi-tour, remonte et fait alors subitement face à la femelle (C). (A) exhibe sa langue et provoque immédiatement la fuite de cette dernière vers le bas de l’arbre (Fig. 9). 13h24 : La femelle (A) se repositionne au niveau des deux anfractuosités. (D) cachée à l’intérieur du creux inférieur sort furtivement la tête pour mordre la patte arrière de (A) et re-rentre aussitôt dans celui-ci. De l’extérieur, (A) inspecte successivement les deux cavités et redresse vivement sa queue, avec laquelle elle effectue des mouvements lents et sinueux, comme en signe de mécontentement (Fig. 10). 13h25 : (A) enfonce sa tête dans la fissure supérieure et mord (D) au cou pour l’en sortir (Fig. 11). 13h30 : (A) finit par sortir complètement (D) du creux en la tirant par le cou et maintient cette violente morsure pendant près d’un quart d’heure, en restant à proximité des deux cavités. 13h44 : Une fois sortie de sa cavité la femelle (D) riposte et mord (A) sur son flanc droit, juste audessus de la queue (Fig. 12). (A) essaye alors de retourner (D) sur le flanc. Celle-ci s’agrippe à la queue de (A) avec sa patte avant gauche. Les femelles ainsi accrochées se mordent mutuellement pendant près d’une minute sans bouger et semblent fatiguées par l’affrontement. 13h45 : Les deux femelles (A) et (D) tombent finalement du vacoa, dans la végétation alentour (Fig. 13). 13h46 : Elles remontent toutes deux presque immédiatement sur le même arbre et une fois encore se font face. La femelle (A) redresse sa queue vers le ciel, avec laquelle elle effectue des mouvements lents et sinueux (Fig. 14). Les deux femelles se poursuivent alors rapidement autour du tronc. Ce déplacement est accompagné d’un gonflement du corps, notamment de la partie gulaire. 13h47 : La femelle (D) attaque (A) en lui mordant la patte arrière gauche (Fig. 15). 13h48 : S’ensuit la fuite de (A), tandis que (D) regagne l’anfractuosité supérieure de l’arbre. Page - 13 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) Figures 10, 11 et 12 : P. borbonica femelles lors de plusieurs interactions agonistiques à proximité de deux anfractuosités. 10. Femelle (A) surveillant les anfractuosités. 11. Femelle (A) mordant la femelle (D) au cou. 12. Femelles (A) et (D) se mordant réciproquement. Figures 13, 14 et 15 : P. borbonica femelles lors de plusieurs interactions agonistiques à proximité de deux anfractuosités. 13. Femelles (A) et (D) tombant du vacoa. 14. Femelle (A) effectuant des mouvements lents et sinueux avec sa queue redressée. 15. Femelle (D) mordant la patte arrière gauche de la femelle (A). Page - 14 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) Forêt de l’Eden, Commune de Bras Panon, 12 juin 2010, de 11h59 à 12h02, 690 m d’altitude Une seconde visite a été effectuée sur ce même site une semaine après. Deux œufs ont ainsi été aperçus dans la partie haute de la cavité inférieure du tronc. Ils étaient peut-être déjà présents le 05 juin mais ce contrôle n’a pas été réalisé à ce moment là, afin de ne pas perturber les interactions entre les différentes femelles. 11h59 : Une femelle adulte jusqu’ici non identifiée est observée sur le tronc juste en dessous des deux cavités. Elle met la partie rostrale de sa tête dans le creux inférieur et darde de la langue sur les œufs (Fig. 16). Puis elle entre toute sa tête jusqu’au cou, dans l’anfractuosité. 12h00 : La femelle rentre ensuite le haut de son corps, jusqu’aux pattes avants, dans la fissure (Fig. 17). Elle en ressort et fait demi-tour de manière à ce que, tête en bas, celle-ci soit au niveau du creux inférieur. 12h01 : Elle entre à nouveau dans la cavité jusqu’à avoir ses pattes avant à l’intérieur de celle-ci (Fig. 18). Elle en ressort, puis recommence une nouvelle fois. 12h02 : Elle sort finalement de la fissure et se déplace sur la branche horizontale, afin de s’exposer au soleil. Emplacement des œufs Figures 16, 17 et 18 : P. borbonica femelle adulte léchant les œufs déposés dans la cavité. III. Discussion Ces descriptions fournissent de nombreux éléments complétant le répertoire des comportements connu chez P. borbonica. Les comportements agressifs semblent communs chez cette espèce et au vu des observations décrites ici, il est légitime de s’interroger quant au lien existant entre la présence de site de ponte et la fréquence de ces comportements. Une synthèse des observations récoltées à travers la littérature concernant ces aspects chez le genre Phelsuma est présentée ci-dessous. Plusieurs hypothèses relatives à la disponibilité des ressources tentent ensuite d’expliquer ces comportements. Les geckos diurnes comme les Phelsuma utilisent une grande variété de signaux visuels dans leur répertoire comportemental, notamment pour le maintien de leur territoire et pour les parades Page - 15 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) d’accouplement (Marcellini, 1977 ; Bauer, 2003). Les Phelsuma ont d’ailleurs une excellente vision de la couleur (Marcellini, 1977 ; Taniguchi et al., 1999 ; Beer, 2005 ; Hansen et al., 2006). En outre, la « défense des œufs » a été notée chez un certain nombre d’espèces du genre Phelsuma (Osadnik, 1987 in Bauer, 2003). Les observations en milieu naturel En milieu naturel, des interactions agonistiques ont également été notées chez d’autres espèces de Phelsuma des îles de l’Océan Indien : Gecko vert de Manapany (P. inexpectata) (Sanchez et al., 2009b), Gecko diurne orné (P. ornata), Gecko diurne à queue bleue (P. cepediana) (Beer, 2005 ; Harmon et al., 2007), Gecko diurne de Robert Mertens (P. robertmertensi), Gecko diurne à large queue (P. laticauda), Gecko diurne à bandes noires (P. nigristriata) (Meirte, 1999 ; Meirte, 2004) et Petit gecko diurne des Seychelles (P. astriata semicarinata) (Murphy & Myers, 1996). Selon Beer (2005), à Maurice les mâles de P. ornata semblent dépenser beaucoup d’énergie pour la défense de leur territoire, en exposant notamment leur queue bleu vif aux autres individus. Des comportements agressifs à la fois intra et interspécifiques ont également été observés entre les mâles de P. ornata et les mâles de P. cepediana (Harmon et al., 2007). A Mayotte, les adultes de P. nigristriata défendent leur territoire contre d’autres individus en effectuant des déplacements latéraux redressés sur leurs pattes, en hochant la tête et en attaquant parfois bouche ouverte. Ils semblent aussi « garder leurs œufs », en restant à proximité du site de ponte (Meirte, 1999 ; Meirte, 2004). A La Réunion des comportements territoriaux impliquant un redressement de la queue suivi de mouvements très lents et sinueux, ainsi que des déplacements latéraux ont été notées chez P. inexpectata (Sanchez et al., 2009b). Chez P. borbonica, des observations moins détaillées ont aussi été réalisées (obs. M.S. & A. Gandar). Des interactions avec déplacements latéraux ont été observées sur le site de Grand Etang et de la Plaine d’Affouches en 2008. Sur ce dernier site il s’agissait de deux femelles se battant à proximité d’un site de ponte situé dans l’anfractuosité d’un rocher. En 2009, sur le site de l’Eden une femelle a été observée durant plusieurs minutes autours de deux cavités de vacoas emplies d’œufs (> 50 œufs). Elle alternait entrées et sorties dans les anfractuosités et léchait fréquemment les œufs. Les observations en captivité Ces types de comportements agonistiques ont également été notés en terrarium. Le plus souvent ils concernent des mâles entre eux, mais ils sont également observés entre femelles (Henkel & Schmidt, 1995). Typiquement lors d’affrontements, il est décrit que les Phelsuma adoptent des postures de menaces similaires à celles observées chez P. borbonica : le corps gonflé ou compressé est soulevé, le nez est légèrement pointé vers le bas, la partie gulaire gonflée, la langue quelquefois tirée et la queue parfois soulevée effectue des mouvements lents et sinueux (Hagdorn, 1973 in Gerner, 2008 ; Marcellini, 1977 ; Osadnik, 1987 in Gerner, 2008 ; Henkel & Schmidt, 1995). Ces mouvements de langue sont connus comme contribuant à la recherche olfactive, notamment pour la prospection alimentaire et la détection de phéromones (Delheusy & Bels, 1994 ; Cooper, 1998 ; Deso et al., 2008). Ils inclinent aussi leur corps vers l’adversaire, de façon à exposer leurs dos colorés, puis se déplacent latéralement en direction de celui-ci (Marcellini, 1977 ; Henkel & Schmidt, 1995). De plus, il semblerait que les sons produits durant les interactions intraspécifiques servent d’intimidation de dernière minute ou à surprendre l’adversaire (Marcellini, 1977). Page - 16 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) Une relation entre les comportements d’agression et la présence de sites de ponte ? La disponibilité des sites de pontes Dans la littérature, les comportements territoriaux entre individus d’une même espèce ou de différentes espèces de Phelsuma ont souvent pour origine la lutte pour l’occupation d’un territoire favorable fournissant nourriture, refuge contre les prédateurs, accès à la reproduction, site de thermorégulation, site de pontes… (Meirte, 2004 ; Ikeuchi et al., 2005 ; Harmon et al., 2007). Une récente étude montre l’importance de la disponibilité des sites de pontes pour les geckos arboricoles en milieu insulaire (voir Ineich, 2010). Selon ces travaux, cette disponibilité pourrait en effet être le principal facteur limitant la dynamique des populations de ces espèces. Dans le cas de P. borbonica, les femelles restent souvent à proximité de leurs pontes et il est probable qu’elles occupent le même site à chaque ponte. Il n’est pas rare que plusieurs femelles regroupent leurs œufs sur un même site et ces pontes dites « communautaires » peuvent parfois atteindre plus de 200 œufs (Probst & Deso, 2001 ; Deso, 2006 ; Sanchez et al., 2009b). Des cas de sites collectifs de pontes partagées avec d’autres espèces de lézard, tel que le gecko nocturne Hemiphyllodactylus typus, ont également été recensées (Deso et al., 2007). Chez les Gekkonidae ce qui pousserait plusieurs femelles à utiliser un même site pour pondre serait donc la rareté des sites disponibles et favorables (Ineich, 2010). La forêt de l’Eden est l’un des sites ou la densité de population de Geckos verts des Hauts est la plus élevée à La Réunion. Dans la cavité de vacoa qui a fait l’objet des violentes agressions observées le 05 juin 2010, 2 œufs sont notés lors de la seconde visite, le 12 juin, et au moins 4, le 30 août. Il est fort probable que les observations réalisées le 05 juin 2010 soient l’illustration de comportements agonistiques entres femelles, pour l’occupation de ce site de ponte (ou dans le cas où les pontes étaient déjà déposées, pour la prise d’éléments minéraux). La disponibilité des éléments minéraux Comme chez la plupart des espèces de Phelsuma (Kluge, 1967), les individus de P. borbonica possèdent deux sacs endolymphatiques, situés dans la région postcrânienne. Ces sacs contiennent un liquide calcique nécessaire à la formation des coquilles d’œufs (Ineich & Gardner, 1989 ; Bauer, 2003) et chez les femelles gravides ceux-ci sont souvent bien développés. En milieu naturel, les femelles de P. borbonica ont plusieurs fois été observées en train de lécher des œufs et selon Deso (2006), afin de reconstituer plus rapidement leur stock calcique, elles consomment très probablement les coquilles d'œufs vides. Il se pourrait donc que les combats observés soient liés à la recherche de ressources minérales. IV. Conclusion Lors des interactions agonistiques, les différents comportements mettant en jeu des signaux visuels (posture et coloration) et auditifs (émissions de sons brefs) observables chez P. borbonica, sont assez similaires à ceux décrits dans la littérature pour d’autres espèces de Phelsuma. Le comportement de dardage de la langue peut être associé à un signal visuel, mais aussi lié à la recherche de molécules présentes dans l’air et émises par un rival, ce qui impliquerait aussi l’utilisation de signaux chimiques. Les sites de pontes favorables sont sans doute rares dans le milieu naturel de P. borbonica. C’est probablement une des raisons pour lesquelles il y existe un phénomène d’agrégation des pontes dans les sites artificiels : kiosques ONF, panneaux de signalisation, compteurs EDF…. Il est souvent considéré à tort que la simple présence de Pandanus sp. suffit à ce gecko. Pourtant cela ne constitue pas en soi un site de ponte favorable, nécessitant une certaine structure (forme, taille, profondeur..) et disposition (exposition au vent, au soleil et aux effets de la pluie) du micro-habitat de reproduction qui Page - 17 - Bulletin Phaethon – Volume 30 (2010) soient compatibles avec la protection (intempéries et prédation) et l’incubation des œufs (température). Au vu de cette analyse, il existe sans doute un lien étroit entre la disponibilité des sites de ponte et la fréquence des agressions chez P. borbonica. La rareté des sites favorables entrainerait ainsi une augmentation de la compétition entre femelles. Il est d’ailleurs plus probable que les comportements agressifs rapportés ici soient davantage associés au maintien d’une ressource habitat (site de ponte et/ou refuge) qu’à un besoin en éléments minéraux. Des études éthologiques approfondies accompagnées d’essais et de mise à disposition de sites de ponte artificiels devraient être conduites. De tels travaux permettraient de tester les hypothèses présentées ici. En outre, dans une optique conservatoire, la mise en place de dispositifs artificiels antiprédateurs pourrait être bénéfique à de petites populations isolées en dynamisant leurs effectifs. Remerciements Pour leurs relectures, remarques et commentaires constructifs, nous tenons à remercier Jean-Michel Probst (Parc national de La Réunion), Ivan Ineich (MNHN) et Gregory Deso (ECOMED). Références bibliographiques AUSTIN, J.J., ARNOLD, E.N. & JONES, C.G. 2004. Reconstructing an island radiation using ancient and recent DNA: the extinct and living day geckos (Phelsuma) of the Mascarene islands. Molecular Phylogenetics and Evolution, 31 (1) : 109-122. BAUER, A.M. 2003. Gekkonidae, Geckos. In : Goodman, S.M. & Benstead, J.P. (eds). The natural history of Madagascar. University of Chicago Press: 973-977. BEER, K. 2005. Preference for floral traits by endemic daygeckos (Phelsuma ornata) on Mautitius. 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Note brève: observation d’un agame arlequin, Calotes versicolor (Daudin 1802) (Squamata : Agamidae), à une altitude exceptionnelle de 2340 m pour l'île de La Réunion. Bull. Phaethon, 29 : 22-25. SANCHEZ, M., PROBST, J-M. & DESO, G. 2009b. Phelsuma inexpectata Mertens, 1966 (Squamata : Gekkonidae) sur l’île de La Réunion : écologie, répartition et menaces. Bull. Soc. Herp. Fr., 132: 43-69. TANIGUCHI, Y., HISATOMI, O., YOSHIDA, M. & TOKUNAGA F., 1999. Evolution of visual pigments in geckos. FEBS Letters, 445: 36-40. UICN France & MNHN, 2010. La Liste rouge des espèces menacées en France. Premiers résultats pour la faune de La Réunion. Dossier de presse, 1er juillet 2010, 26 p. Page - 19 - Le grand gecko vert malgache, Phelsuma grandis Gray, 1870 (Squamata : Gekkonidae) introduit à Manapany-lesBains : compte rendu des opérations visant à enrayer l’invasion Sanchez, M. & Gandar A. Bulletin Phaethon, 2010, 30 : 20-22 Le grand gecko vert malgache, Phelsuma grandis Gray, 1870 (Squamata : Gekkonidae) introduit à Manapany-les-Bains : compte rendu des opérations visant à enrayer l’invasion Mickaël Sanchez & Allison Gandar Association Nature Océan Indien, 97490 Saint-Denis, Ile de La Réunion, France ([email protected]) Introduction En Juin 2010, une population de grand gecko vert malgache, Phelsuma grandis, a été découverte à Manapany-les-Bains (N. Dubos stagiaire Master 2 MNHN - NOI). Cette population invasive est située au sein de l’une des dernières zones sanctuaires du gecko vert de Manapany, Phelsuma inexpectata, gravement menacé. Cette introduction est un évènement catastrophique pour le gecko endémique, bien moins compétitif et plus fragile. Selon la bibliographie, les incidences de P. grandis sur P. inexpectata pourraient être majeures, voire dramatiques : concurrence pour l’habitat, la ressource alimentaire, prédation directe et transmission de parasite et/ou de maladie (García & Vences, 2002 ; Krysko & Hooper, 2007 ; Buckland, 2009 ; D’Cruze et al., 2009). Aussitôt après cette découverte, un état des lieux de la population de P. grandis est mis en œuvre (voir Sanchez & Gandar, 2010) accompagné d’actions de sensibilisation et d’opération de lutte. Cet article présente la synthèse de ces opérations. Etat des lieux de la population invasive Protocole Cette étude a été réalisée par les auteurs les 15 et 16 juin 2010. Plusieurs transects linéaires de 50 à 100 m de long sur 5 m de large sont placés le long des rues de Manapany-les-Bains, dans la zone des premiers points d’observation, ainsi qu’en périphérie dans un périmètre minimal de 100 m. Ils sont parcourus par un observateur sur une durée déterminée (45 minutes pour 100 m) (méthode de Lehtinen et al., 2003 adaptée). Les recherches sont réalisées par temps ensoleillé ou partiellement nuageux durant les plages horaires favorables (10h00-12h00 et 14h00-15h00) (Wanger et al., 2009 adapté). Les P. grandis sont recherchés à l’aide de jumelles dans les milieux favorables. Tout individu observé est géoréférencé, photographié et l’adresse de l’observation est relevée. Le sexe et l’âge sont également notés lorsque cela est possible. Les mêmes données sont récoltées pour les observations de P. inexpectata. Des enquêtes sont réalisées en parallèle (les 15, 16, 19 et 20 juin) auprès des riverains afin d’obtenir des témoignages et des informations sur les modalités de l’introduction de P. grandis. Seuls les témoignages datant de moins d’un an sont retenus. Résultats Au total 2050 m de transect sont parcourus couvrant ainsi une surface de recherche de 10250 m². 922 minutes, soit environ 15 heures de recherche ont été effectuées. Pour ce qui est de P. grandis, 6 individus ont été observés dont 4 lors des recherches sur transect et 2 lors de l’enquête. Une rue compte la plupart des observations (n=4). Concernant P. inexpectata, 11 individus ont été relevés dont 8 lors des passages sur transect et 3 lors des enquêtes. La population de P. grandis de Manapany-les-Bains s’étend sur environ 0,4 à 3 hectares (3 779 m² en prenant uniquement en compte les points d’observation à 30 960 m² en ajoutant l’ensemble des témoignages de présence. Sur l’ensemble de la zone occupée par P. grandis la densité est très faible et la distribution diffuse, mais conséquente au niveau du foyer identifié. La population est encore assez localisée. Page - 20 - Bulletin Phaethon – Volume 10 (2010) Au vu de nos observations et impressions de terrain, l’effectif total est estimé entre 10 et 30 individus au maximum. P. grandis est en sympatrie avec P. inexpectata en plusieurs endroits. Les modalités, et le cas échéant les raisons de l’introduction de P. grandis à Manapany-les-Bains restent inconnus. Un témoignage relate la présence de jeunes P. grandis observés pour la première fois il y a 4 ans. Actions de sensibilisation Lors de l’enquête auprès des riverains un fascicule d’identification des deux geckos a été distribué. L’information sur cette invasion biologique a été fortement relayée par l’association locale ADPRH et le service communication de la commune de Saint-Joseph au travers d’un article sur le site internet de la collectivité. Une réunion d’information a été organisée le 4 sept. 2010 par NOI en collaboration avec les deux structures précitées. Une formation des agents du service environnement de la commune de Saint Joseph et de l‘association GECEIP a été organisée le 9 juillet et plusieurs articles sont parus dans la presse locale. Enfin, le 11 décembre une journée d’animation autour de la problématique a été organisée avec les enfants de l’école Maternelle de Manapany-les-Bains (poster, jeux éducatifs, manipulation de reptiles…). Plaquette d’identification des deux espèces de geckos (recto : gecko vert de Manapany ; verso : gecko vert malgache) Actions de lutte Des prototypes de pièges à P. grandis ont été testés durant 3 semaines lors du mois de juillet, mais sans résultats probants. En collaboration étroite avec deux riverains de Manapany-les-Bains, une action de lutte a été conduite le 18 septembre. Deux propriétés identifiées comme « envahies » ont été ciblées, dont celle avec la plus forte densité observée. 17 P. grandis ont été enlevés, dont 4 juvéniles, 5 femelles (dont 2 pleines) et 8 mâles. Le 25 juin, l’un riverains participant à la lutte nous a également transmis 6 P. grandis supplémentaires : quatre adultes, un jeune mâle et un juvénile. Ce même riverains a également enlevé 15 individus entre le 1er octobre et le 10 décembre (4 adultes et 11 juvéniles). Le 3 février 2011, une prospection Page - 21 - Bulletin Phaethon – Volume 10 (2010) complémentaire a été réalisée par l’un d’entre nous (M.S) lors de laquelle deux heures de recherches ont été conduite dans la zone d’invasion. Une visite a également été rendue aux riverains impliqués dans la lutte ainsi qu’à l’école maternelle, afin d’obtenir des retours d’informations (enfants, parents, habitants…). Aucune observation n’a été réalisée lors de la prospection et selon les témoignages aucun gecko malgache n’a été observé depuis les dernières captures de décembre 2010. Ainsi, au total 38 P. grandis ont été enlevés du site. Discussion - Conclusion Nous estimons que l’effectif de P. grandis a été significativement réduit grâce aux opérations de lutte. D’après nos observations, une bonne partie de la population invasive semble avoir été enlevée et il devrait rester seulement quelques individus épars, mais aussi des pontes en incubation. En outre, les deux riverains bénévoles ayant participés à cette action se sont engagés à continuer l’enlèvement si nécessaire. Cette opération conjointe de lutte montre une nouvelle fois que l'appropriation affective mais aussi le volontarisme des riverains de Manapany pour la protection de P. inexpectata reste l’un des principaux moteurs pour la conservation de cette espèce menacée. Ces résultats mettent aussi en exergue la nécessité de conduire une étude approfondie de l’impact de P. grandis sur les reptiles endémiques et plus largement sur la faune autochtone de La Réunion. En 2011, Steeves Buckland, Field Biologist au Mauritian Wildlife Foundation (MWF), devrait commencer une thèse sur l’impact de ce gecko sur la faune et la flore de l’île Maurice. A l’avenir il paraît essentiel de développer des collaborations avec les chercheurs travaillant sur cette problématique. Afin de vérifier que l’invasion est bien enrayée définitivement, il est capital de garder le contact avec les riverains de Manapany-les-Bains à l’aide pourquoi pas d’une seconde campagne de sensibilisation au cours de l’année 2011, basée comme pour la première sur le retour d’information. Un second état des lieux sur la base du même protocole de transect devra également être conduit. Remerciements Nous remercions ici l’ensemble des personnes et acteurs qui se sont impliqués de prêt ou de loin dans l’étude, la campagne de sensibilisation et la lutte contre P. grandis : B. Sbrovazzo et C. Baudet (NOI), M.-C. Ollivier (ADPRH), l’école maternelle de Manapany-les-Bains et notamment C. Payet, riverains et habitants, la collectivité de Saint-Joseph et les agents des services « environnement » et « communication ». Nos remerciements tout particulier aux deux habitants qui nous ont aidé dans nos actions de terrain et sans qui aucun gecko n’aurait pu être enlevé. Références bibliographiques BUCKLAND, S. 2009. Interview du journal Scope – île Maurice - 20/05/2009. D'CRUZE, N., SABEL, J., DAWSON, J. & KUMAR, S. 2009. The influence of habitat type and structure on the abundance of Phelsuma madagascariensis grandis (Gekkonidae) in northern Madagascar. Herpetological Conservation and Biology, 4 : 55-61. GARCIA, G. & VENCES, M. 2002 - Phelsuma madagascariensis kochi Diet. Herpetological Review, 33 (1) : 53-54. KRYSKO, K.L. & HOOPER, A.N. 2007. Potential Pollination of Non-native Coconut Palms, Cocos nucifera (Arecales: Arecaceae), by Non-native Madagascar Giant Day Geckos, Phelsuma madagascariensis grandis (Sauria: Gekkonidae), in the Florida Keys. Gekko, 5 : 33-38. 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Proposition d’un périmètre de protection pour la population de Lézard vert du Maïdo Phelsuma borbonica (île de La Réunion) Jean-Paul Antoniama & Jean-Michel Probst Parc National de La Réunion, 112 rue Sainte-Marie, 97400 Saint-Denis, Ile de La Réunion, France ([email protected]) ([email protected]) Introduction Le Lézard vert du Maïdo apparaît comme une forme d’altitude du Gecko vert de Bourbon Phelsuma borbonica. Celui-ci semble être une forme géographique particulière des Hauts de l’île pouvant être rattachée à une autre plus vaste distribuée dans le nord de l’île. Au sein de la famille des geckonidae, il a la particularité d’être celui qui vit le plus haut dans les îles de l’Océan Indien (Bertrand, 2000). Deux autres populations ont été trouvées récemment dans des conditions similaires : au Cimendef (Probst, 2003) et au Dimitile (Gauvin, 2010). Toutefois, celles-ci semblent moins étendues et légèrement plus basses en altitude. En effet, cette population du Maïdo a été estimée à environ 600 individus (Probst & Abhaya, 2004) et dans l’état actuel des connaissances, elle semble répartie entre 1900 et 2450m d’altitude (Comm.pers. Thomas Duval). Deux menaces principales ont été notées sur le site : -Le problème des pestes végétales étrangères à La Réunion (Lavergne, 1978 ; Thébaud, 1989) baptisées dernièrement EEE = Espèces Exotiques Envahissantes. La lutte chimique contre l’Ajonc d’Europe a fortement impacté par deux fois la population de Phelsuma au point de croire à son extinction totale sur le site. -Les incendies de forêt qui ravagent tous les 30 ans une portion importante du secteur de la planèze des Bénares. La protection et le suivi de cette population relictuelle apparaissent comme une priorité du secteur ouest du Parc national de La Réunion. Figure 1 : site du Maïdo. Photo J.M. Probst. page 23 Bulletin Phaethon – Volume 32 (2010) Distribution de l’espèce et menaces identifiées Depuis une dizaine d’années, diverses investigations ont été menées le long du rempart du Maïdo par des passionnés (Comm. Pers. Grégory Déso, Késhava Abhaya, Miguel Sanchez et Thomas Duval). Cette zone rocheuse particulière est située en bordure du cirque de Mafate. Il semble que seule la crête soit colonisée par le lézard vert du Maïdo. Elle comprend deux sites distincts : -un ensemble de dalles rocheuses isolées visibles au départ du sentier de la Brèche (GR de Roche Plate), -un bord de rempart à falaises fissurées situé du Pic des lézards jusqu’à la statue de la vierge. Plus précisément, c’est dans cette deuxième partie que la protection des lézards est la plus problématique. Les regroupements familiaux de geckos ont été observés, depuis le local du TCO, le long de la zone touristique du point de vue à la statue de la vierge, puis encore quelques isolats jusqu’en amont du lieu-dit Piton Bernica. Dans cette zone, plusieurs dangers menacent la survie de ce gecko endémique. Outre les pulvérisations d’herbicide utilisées contre la lutte de l’Ajonc d’Europe (CBNM, 2010) et les feux à répétition dans cette zone qui porte bien son nom (« Maïdo » signifie « Terre brûlée » en malgache1), d’autres problèmes ont été relevés sur le site. En voici un aperçu non exhaustif qu’il conviendra de hiérarchiser et de diminuer dans la mesure du possible : -fragmentation de l’habitat par des formations buissonnantes denses d’Ajonc d’Europe Ulex europaeus L. -disparition des souches (refuge contre les prédateurs) par le feu ou le piétinement des bœufs divaguants -présence touristique parfois envahissante, course de VTT, … -travaux de maintenance de téléphonie mobile. -prédateurs introduits : Rat noir, Rattus rattus, Rat surmulot Rattus norvegicus, Chat haret Felis catus, Perdrix malgache Margaroperdix madagascariensis,… Figure 2 : Lézard vert des Hauts, forme du Maïdo Phelsuma borbonica. Photo J.P. Antoniama Zone de protection proposée La zone de protection choisie est celle qui abrite l’essentiel de la population. Du point de vue historique, c’est la mieux connue et aussi celle a fait l’objet de plusieurs comptages (Probst & Abhaya, 2004). Elle est entièrement située dans le périmètre du Parc national de La Réunion. Dans celle-ci, aucun traitement chimique ne serait envisagé. Pour 1 Ce sont probablement les marrons qui ont baptisé cette partie de l’île du nom de « Maïdo ». page 24 Proposition d’un périmètre de protection pour la population de Lézard vert du Maïdo (île de La Réunion) Jean-Paul Antoniama & Jean-Michel Probst l’Ajonc d’Europe, qui est ici une des principales espèces exotiques envahissantes (Sigala, 2001 ; Triolo & Hoff, 2006 ; Gautier & Triolo, 2008), seule la lutte mécanique serait acceptée. En relation avec l’ONF, il conviendra de déterminer une méthode pour limiter l’impact de l’Ajonc, notamment dans le secteur de la statue de la vierge. Le périmètre de protection est matérialisé sur le terrain par des marques vertes que nous avons signalées sur le rocher tous les 25 mètres. Pour la première fois, ces transects visuels permettront l’identification du secteur observé, le comptage des individus et le suivi de la population dans le temps (Sanchez & Al., en prép.). Sa longueur est facilement reconnaissable sur le terrain puisqu’elle commence du local TCO et se termine à la statue de la vierge. Sa largeur est de 10 mètres. Nous avons donc délimité 40 transects de 25 m de long sur 5 mètres de large. Conclusion La population de Lézard vert du Maïdo survit tant bien que mal dans une zone perturbée. Elle doit faire face a une perte d’habitat (feu de brousse, piétinement de bovins divagants, envahissement d’espèce introduites). Les précédents comptages ont souligné la répartition très hétérogène sur les falaises du site. Certaines portions de falaise paraissent inoccupées (Sanchez & Al., en prep). Le problème majeur pour la conservation des habitats du Maïdo est la prolifération de l’Ajonc. En matière de conservation la réhabilitation de la bordure de rempart est une priorité (Baret & Strasberg, 2005). C’est là le facteur limitant principal du Gecko vert et il doit être pensé collectivement. Cette espèce végétale envahissante produit un nombre considérable de graines et celles-ci peuvent rester en dormance jusqu’à 30 ans. Il importe de ne pas compter sur une seule méthode de lutte. Différentes méthodes de lutte contre les envahissantes existent : l’arrachage, la culture, la stimulation de la banque de graine, le « burning », le suivi d’Aires de Contrôle Intensive. avec replantation d’indigènes, (DPIW, 2003 ; DES, 2007 ; MacDonald, 1989 ; Lyet & Al., 2009). Le site protégé du Maïdo doit faire l’objet de suivis scientifiques. Ceux-ci permettront d’évaluer les impacts et d’orienter des mesures de conservation. Nous espérons que le protocole de surveillance en cours de rédaction sera un outil de conservation efficace qui permettra d’alerter les responsables de la conservation locale. Une cartographie fine du site est disponible au secteur ouest du Parc national de La Réunion. Remerciements Pour leur aide précieuse, leurs données de terrain, conseils et commentaires réguliers, nous tenons à adresser notre amitié à Mickaël Sanchez et Thomas Duval. Nous remercions également le personnel du Parc national de La Réunion qui nous a accompagné sur le terrain, notamment le responsable du service scientifique : Benoît Lequette (qui a retrouvé en 2009 les premiers individus après l’absence prolongée de plus de 8 mois d’observation), ainsi qu’à tout le personnel du secteur ouest : Sébastien Rives, Jean-Christophe Garcia, Caroline Arthemise, Dominique Dambreville, Jean-François Bénard et Janik Payet. Enfin à tous les participants des deux derniers comptages réalisés lors de la formation ATEN avec une attention particulière à Marc Cheylan. Bibliographie BARET, S. & STRASBERG, D. 2005. The effect of opening trails on exotic plant invasion in protected areas on La Réunion Island (Mascarene archipelago, Indian Ocean). Revue d’écologie Terre et Vie, 60 : 325-332. BERTRAND, G. 2000. Première mention d’un reptile à plus de 2000 mètres d’altitude (Ile de La Réunion). Bull. Phaethon 12 : 110. CBNM (BOULLET, V. GIGORD, L. & PICOT, F.) 2010. Ulex europaeus Index de la flore vasculaire de La Réunion (Trachéophytes) ; statuts, menaces et protections. DPIW, 2003. Gorse Statutory Management Plan. Dept. Of Primary Ind. and Water, Tasmania. page 25 Bulletin Phaethon – Volume 32 (2010) DES, 2007. Guidelines for Preparing Regional Pest Plans, Department of Sustainability and Environment in conjunction with Department of Primary Industries, Biosécurity Victoria. GAUTIER, G. & TRIOLO, J. 2008. Les plantes envahissantes en forêts : connaître et endiguer la menace. Rendez-vous Techniques, 21 : 3-10. GAUVIN, J. 2010. Découverte d’une nouvelle station d’altitude pour le Lézard vert des Hauts Phelsuma borbonica. Bull. Phaethon, 30 : 111. LAVERGNE, R. 1978. Les pestes végétales de La Réunion. Info Nature, n°16 : 9-60. LYET, A . ; CHEYLAN, M. ;PRODON, R. & BESNARD, A. 2009. Le brûlage dirigé et la conservation d’un spécialiste des prairies de montagnes menacées : une capture recapture étude sur la vipère d’Orsini dans les Alpes françaises. Animal Conservation, 12 (3) : 238-248. MACDONALD, I.A.W. 1989. Stratégie de recherche et de gestion pour le contrôle à long terme des pestes végétales à La Réunion. Rapport de mission, ONF/Conseil Régional de La Réunion/Université de Cape Town, Afrique du Sud, 22p. PROBST, J.M. 2003. Une nouvelle population du Phelsuma borbonica sur le Cimendef. Bull. Phaethon, 18 : 112. PROBST, J.M. & ABHAYA, K. 2004. Première répartition et estimation de la population du Lézard vert du Maïdo. Bull. Phaethon, 20 : 109. SANCHEZ, M. ; CHEYLAN, M. & PROBST, J.M. (en prép.) Protocole de comptage de la population du Lézard vert du Maïdo. SIGALA, P. 2001. Gérer de manière intégrée. La lutte contre les pestes végétales sur le domaine forestier à La Réunion. Rev. For. Fr., 156-162. THEBAUD, C. 1989. Contribution à l’étude des plantes étrangères envahissantes à La Réunion. IRAT-ONF. TRIOLO, J. & HOFF, M. 2006. Stratégie de lutte contre l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus) dans les Hauts de l’Ouest. Saint-Denis : ONF DR Réunion. page 26