Le modèle IS-LM

publicité
Le modèle IS-LM
Par Romain GRIMAL, le 28 février 2014
1
Modèle proposé tout d’abord par John Hicks en
2
1937 dans son ouvrage Mr Keynes and the
3
‘Classics’ : a Suggested Interpretation, puis
4
relayé par Alvin Hansen, il est le précurseur de
5
tous les modèles de l’Ecole de pensée dite de la
6
Synthèse comme le carré magique de Kaldor ou
7
la courbe de Phillips. Ce courant, qui inspirera
8
une grande partie des politiques économiques
9
d’après-guerre, se pose en effet comme effectuant la synthèse entre, d’un côté, les
10
classiques comme Walras, Pareto ou Hayek et John Maynard Keynes. Les premiers,
11
apôtres de la concurrence pure et parfaite et de son marché autorégulateur, affirment
12
que les interactions entre des agents rationnels permettent l’équilibre des différents
13
marchés et donc d’atteindre une satisfaction générale maximale. Ils partent également
14
du principe que la monnaie n’est qu’un ‘voile’ qui permet l’échange de biens et de
15
services. Le second, en revanche, effectue une analyse macro-économique et
16
dynamique de l’économie qui peut fonctionner en équilibre de sous-emploi de manière
17
durable résultant des incertitudes quant à l’avenir des agents économiques. Il remet
18
également en cause le principe de neutralité de la monnaie et lui accorde un place
19
cruciale dans son analyse, notamment parce qu’il estime que les agents économiques
20
ont une préférence pour la liquidité.
21
Le modèle Hicks-Hansen, l’autre nom d’IS-LM, est donc une construction qui réunit,
22
sur un même graphe, l’équilibre sur le marché des biens et services et l’équilibre sur
23
le marché monétaire dans une économie fermée. Les interactions suggérées dans le
24
modèle légitimeront les politiques monétaires et budgétaires menées par les Etats
25
pour assurer leur reconstruction et leur développement dans les années 50 et 60
26
principalement. Aujourd’hui encore, et malgré de nombreuses critiques, les intuitions
27
économiques présentées dans le modèle restent valables et continuent d’influencer
28
certaines politiques.
Le modèle IS-LM
Page 2 sur 4
29
La courbe IS – l’équilibre sur le marché des biens et services
30
Partant
31
comptable, on obtient la relation suivante : la
32
demande globale (D) des agents dans une
33
économie est égale à la consommation (C) plus
34
l’investissement des entreprises (I) ainsi que les
35
dépenses gouvernementales (G). En d’autres
36
termes, on a D = C+I+G . D’un autre côté, la
37
production nationale (Y) est soit consommée (C),
38
soit épargnée (S). Cela donne Y = C+S. Or,
39
puisque le cadre du modèle est une économie
40
fermée, il n’y a pas d’échange avec l’extérieur. Dès lors, la demande agrégée et la
41
production nationale sont égales. Sous ces conditions, on obtient que D = Y soit C+I+G
42
= C+S. En émettant l’hypothèse que les dépenses gouvernementales sont soit de la
43
consommation soit des investissements relatifs à puissance publique, on obtient que I
44
= S.
45
La question maintenant est donc de déterminer comment le revenu selon l’expression
46
de la courbe IS varie en fonction du taux d’intérêt. Etant donné que l’investissement
47
est une fonction décroissante du taux d’intérêt et que les autres composantes du
48
revenu global sont soit exogènes (G) soit ne dépendent pas du taux d’intérêt (C). La
49
courbe IS est donc une fonction décroissante du taux d’intérêt.
de
l’équilibre
macroéconomique
Le modèle IS-LM
Page 3 sur 4
50
La courbe LM – l’équilibre sur le marché monétaire
51
La courbe LM traduit l’équilibre entre l’offre et la
52
demande de monnaie. D’après la théorie
53
keynésienne, la demande de monnaie est une
54
fonction croissante du revenu mais une fonction
55
décroissante du taux d’intérêt. En effet, si les
56
agents souhaitent détenir plus de liquidités
57
lorsque leur revenu augmente à la faveur du
58
motif de transaction, ils préfèrent placer celles-ci
59
si le taux d’intérêt augmente, à la faveur du motif
60
de spéculation cette fois. De plus, l’offre de monnaie est exogène mais elle doit
61
nécessairement être égale à la demande de monnaie. L’équilibre sur le marché
62
monétaire induit donc une relation positive entre le taux d’intérêt et le revenu national.
63
Les politiques budgétaires, monétaires et le ‘policy mix’
64
La courbe IS est la rationalisation mathématique d’une politique budgétaire. En effet,
65
pour un niveau de taux d’intérêt donné, une augmentation des dépenses publiques ou
66
bien une diminution du taux d’imposition (qui affecte le revenu disponible de manière
67
positive) augmente la demande globale. On observe donc un déplacement de la
68
courbe IS vers la droite. A l’inverse, une augmentation de l’impôt devrait conduire à
69
une contraction de l’activité économique globale. La courbe LM sert, elle, de
70
justification aux politiques monétaires. En effet, l’autorité en charge d’émettre la
71
monnaie peut avoir un impact direct sur le revenu national en augmentant l’offre de
72
monnaie à disposition des agents, ce qui a pour effet de diminuer le taux d’intérêt et
73
donc stimule la demande
74
Ainsi apparaissent les deux outils principaux des politiques discrétionnaires d’un Etat.
75
Lorsque l’économie se situe dans un équilibre de sous-emploi, il convient donc
76
d’effectuer une relance pour se rapprocher de l’équilibre général de plein-emploi.
77
Toutefois, il s’agit d’éviter certains pièges. En effet, si les politiques de relance ne sont
78
conduites que via l’outil budgétaire, le risque d’effet d’éviction se matérialise et tout
79
stimulus budgétaire supplémentaire perd en efficacité. A l’inverse, si le taux d’intérêt
80
est déjà très bas, une augmentation supplémentaire de la masse monétaire n’aura
Le modèle IS-LM
Page 4 sur 4
81
plus l’effet escompté sur le revenu étant donné que la possibilité de faire diminuer le
82
taux d’intérêt est quasi-nulle. L’économie se trouve dans une situation de trappe à
83
liquidité. Dès lors, l’idée est de combiner les deux outils à disposition des pouvoirs
84
publics. Dans ce cas, l’effet sur le revenu national devrait être maximal tandis que la
85
variation du taux d’intérêt devrait être faible puisque les deux effets induits sur les taux
86
d’intérêts sont contraires et se compensent donc.
87
Critiques du modèle
88
Beaucoup de critiques ont été émises à l’encontre du modèle IS-LM, notamment de la
89
part des économistes néo-classiques mais également de la part d’économistes
90
keynésiens qui voient en IS-LM un dévoiement des idées de Keynes. Les premiers,
91
portés notamment par Milton Friedmann, mettent en avant que les politiques
92
monétaires ne fonctionnent que temporairement, le temps que l’illusion monétaire se
93
dissipe aux yeux des agents. D’autres avancent également que le modèle n’est pas
94
opératoire puisqu’il ne représente pas la réalité d’Etats de plus en plus ouverts au
95
commerce international. Une relance dans un pays aurait ainsi une efficacité bien
96
moindre que ce qu’IS-LM suggère étant donné qu’une partie de la relance serait
97
détournée en faveur d’exportateurs étrangers qui pénètreraient le marché national. Le
98
modèle IS-LM-BP a été développé en réponse à ces critiques. Enfin, les keynésiens
99
avancent qu’il n’existe pas d’équilibre parfait entre l’offre et la demande à cause des
100
incertitudes fondamentales des agents, ce qui expliquerait le chômage structurel
101
observé dans les pays. Dès lors, le postulat de l’équilibre entre les marchés est caduc.
Source : http://les-yeux-du-monde.fr/ressources/17706-le-modele-is-lm
Téléchargement