La protonthérapie Rapport détaillé du poster Polytech Lyon - 2015 Introduction Dans le cadre du concours du meilleur poster étudiant AFIB 2015, les étudiants de Polytech Lyon de la filière Biomédicale ont choisi de mettre en avant une innovante forme de radiothérapie : la protonthérapie. La protonthérapie est en parfaite cohérence avec le thème du congrès, puisqu’elle porte sur une technique de traitement de cancers. Comme toutes les formes de radiothérapie, elle fonctionne en envoyant des particules énergétiques ionisantes sur la tumeur cible. Dans notre cas, les particules en question sont des protons. Ces derniers sont accélérés via un accélérateur de particule, un synchrotron ou un cyclotron, puis envoyé sur le patient afin d’endommager les cellules cancéreuses. Le poster présente cette thérapie dans sa globalité, ainsi que les éléments techniques la constituant, les avantages et différents résultats obtenus après traitement. Enfin nous verrons les évolutions possibles de cette technologie déjà très avancée. I – Les avantages de la protonthérapie La protonthérapie est une technique de radiothérapie qui utilise un faisceau de protons. A la différence des rayons X qui irradient majoritairement en surface les tissus, les protons traversent la matière pour déposer toute leur énergie à une profondeur qui dépendra de l’énergie initiale des protons. Une fois cette profondeur atteinte, les protons vont cesser leur progression dans la matière et ne vont donc plus irradier les tissus situés après ce pic de dépôt appelé pic de Bragg. Les protons sont également des particules beaucoup plus lourdes que les électrons. Quand les protons se déplacent à vitesse élevée, le faisceau de protons se disperse peu lors de son trajet dans la matière. Cette technique de dépôt est très précise ce qui permet de traiter des zones tumorales situées à proximités d’organes sensibles aux radiations. Comme les tissus sains ne reçoivent qu’une faible dose de radiation, cette technique permet de diminuer les risques de complications dues au traitement. Cette capacité à cibler avec précision la zone tumorale peut permettre de détruire aussi bien des cellules situées à la surface que des cellules se trouvant plus en profondeur. II – Une technologie de pointe D’un point de vue technologique, la protonthérapie est rendue possible par l’innovante technologie du cyclotron. Ainsi, dans cette partie, nous allons étudier plus en détail le fonctionnement de cette machine. Tout d’abord, le cyclotron est un type d’accélérateur de particules circulaire inventé par Ernest Orlando Lawrence et Milton S. Livingston de l’université d’Harvard au début des années 1930. Elle est constituée de plusieurs parties à savoir un générateur de tension alternative sinusoïdale réglable en 2 Polytech Lyon - 2015 amplitude et en fréquence, 2 électro-aimants ainsi que 2 demi-cylindres appelés “D” ou “Dee” en anglais à cause de leur forme. Le principe de fonctionnement du cyclotron est assez complexe. Tout d’abord, il faut savoir que l’action combinée du champ magnétique dû aux électro-aimants et du champ électrique dû au générateur va jouer un rôle déterminant dans l’accélération du faisceau de protons. En effet, ce faisceau de protons, placé préalablement au centre de la chambre d’accélération, va entrer entre les deux “Dees” et sera accéléré par le champ électrique puis dévié sous l’action du champ magnétique pour revenir à nouveau dans l’espace entre les 2 “Dees”. A chacun de ses passages entre les 2 “Dees”, ce faisceau de protons gagne en énergie cinétique et le rayon de sa trajectoire augmente. Lorsque l’énergie désirée est atteinte, les protons sont éjectés de l’accélérateur via un canal d’extraction. Ce faisceau ainsi éjecté sera dirigé vers la salle de soins le long d’une ”ligne de faisceau” où il subira des traitements nécessaires aux besoins de la tumeur traité comme par exemple la focalisation du faisceau. D’autres types d’accélérateur circulaire ont vu le jour plus tard. Il s’agit des synchrocyclotrons permettant d’avoir une énergie supérieure (en centaines de MeV) en gardant une trajectoire fixe mais en modifiant le champ magnétique en continu pour tenir compte du changement de vitesse. III – Quelques résultats La protonthérapie a connue ses premières applications dans les années 1980 quand plusieurs centres hospitaliers dédiés à cette thérapie ont été construits. Depuis, la protonthérapie affiche des résultats très positifs. Le cas le plus parlant est le traitement du mélanome de l’œil. On remarque que sur les 2500 patients traités au Centre de Protonthérapie d’Orsay, environ 96% n’ont pas eu de récidives 5 ans après et ont la chance de garder leur œil. L’Hôpital ophtalmologique Jules Gonin en Suisse affirme que dans plus de 95 % des cas l’œil du malade est conservé tandis que le risque de récidive, lui, est réduit à 1,1%. Un autre cas intéressant est le traitement des tumeurs intracrâniennes. Une étude montre que lorsque l’on associe la protonthérapie à la radiothérapie classique on augmenterait jusqu’à 85-90% le contrôle de la tumeur à 5 ans. Ce résultat est à mettre en lien avec le faite que les chondromes de la base du crâne entrainent la mort en moyenne en 2 à 3 ans. Chez les enfants, étant donnée la sensibilité de leur tissus, la protonthérapie est une méthode adapté. Dans ce cas on obtiendrait un résultat de plus de 70% de taux de contrôle tumoral. Une 3 Polytech Lyon - 2015 étude réalisée au LLUMC a prouvé que la protonthérapie était très efficace pour soigner des tumeurs cérébrales chez les jeunes. IV – Processus de traitements Le protocole de traitement varie suivant le type de tumeurs à traiter mais un examen d’imagerie (IRM, scanner, échographie oculaire…) est pratiqué systématiquement afin de visualiser la lésion et de déterminer précisément le trajet du faisceau de protons. Dans le cas de tumeurs intracrâniennes, un masque facial en plastique thermoformé est réalisé et placé sur le visage du patient. De plus, des billes en or ou des vis en titane sont placées dans la boite crânienne du patient sous anesthésie. La précision du faisceau de proton demande du positionnement très précis du patient. Les billes sont des repères utilisés afin que la tête du patient soit placée dans la même position lors des examens d’imagerie et lors des séances de traitement. Le traitement par protonthérapie demande plusieurs séances à raison d’une séance par jour, le nombre de séances dépend de la taille de la lésion à traiter (typiquement de l’ordre de dix séances). Dans le cas des tumeurs ophtalmologiques, après les examens d’imagerie, des clips sont posés sous anesthésie afin de calculer la dose de rayonnement à délivrer et de positionner précisément l’œil du patient pour chaque séance. Un masque est aussi réalisé pour positionner la tête du patient. Une simulation est ensuite réalisée afin de contrôler la position du patient puis le traitement est réalisé. La séance de traitement dure environ 30 minutes. En cas de mouvement des yeux, le faisceau de proton est arrêté et reprend une fois l’œil repositionné. V – Innovations et évolutions En 2010, le centre de protonthérapie d’Orsay de l’Institut Curie a été rénové. La rénovation comprend l’extension du centre avec une nouvelle salle spécialisée pour les enfants atteints de cancer. Cette salle sera également équipée d’un bras isocentrique (appelé aussi « gantry ») qui permettra d’orienter le faisceau autour du patient selon toutes les incidences pour traiter de nouvelles indications jusqu’à présent impossibles, notamment chez l’enfant. L’institut curie à également installé un nouvel accélérateur de particule, un synchrotron nouvelle génération. De plus l’ancien aimant de 45 tonnes a été remplacé par 3 aimants supraconducteurs plus petits. Ce changement permet de gagner plus de temps lors de la réorientation du faisceau. Actuellement des recherches sont effectuées quant à l’amélioration de la technologie de la protonthérapie. Le groupe SAPHIR s’est vu attribué un budget de 6.257 millions d’euros par l’Agence française OSEO. Ce financement a pour but l’étude de la faisabilité de la production, par laser, d’un faisceau de proton de 200 à 240 MeV. Cette nouvelle technologie, si elle est efficace, s’avère moins onéreuse qu’un synchrotron ou un cyclotron. Cette étude répondrait ainsi à un problème économique important. 4 Polytech Lyon - 2015 Conclusion Ainsi la protonthérapie est une technique innovante et complexe mais très efficace, qui présente l’avantage de réduire considérablement les effets secondaires et de préserver les tissus sains environnants. De plus en plus répandue dans le monde, de nombreux projet en France sont en compétition. L’Institut de Cancérologie de l’Ouest basée sur le territoire nantais, tout comme l’Institut régional du Cancer de Montpellier (ICM) cherche à créer leur propre centre de protonthérapie. 5