REPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES par Frédéric Cherbonnier & Pierre Colmez . Résumé Soit K un corps local complet de caractéristique 0, de corps résiduel parfait de caractéristique p. Nous démontrons que toutes les représentations p-adiques du groupe de Galois absolu de K sont surconvergentes, ainsi que Fontaine l'avait conjecturé. Abstract. Let K be a complete local eld of characteristic 0 whose reisude eld is perfect of characteristic p. We prove that all p-adic representations of the absolute Galois group of K are overconvergent, as was conjectured by Fontaine Table des matières Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I. Rappels sur les (ϕ, Γ)-modules p-adiques 1 .............. 2 I.1. Notations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 e et certains de ses sous-anneaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le corps E e et certains de ses sous-anneaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le corps B Le (ϕ, ΓK )-module associé à une représentation de GK . . . . . . . . . . . . . . L'opérateur ψ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 II. Représentations surconvergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 II.1. Éléments surconvergents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 I.2. I.3. I.4. I.5. et les représentations 3 4 5 † II.2. L'anneau BF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 II.3. Généralités sur les représentations surconvergentes . . . . . . . . . . . . . . . . 10 II.4. Stabilité par induction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 † ψ=0 : le cas de la représentation triviale . . . . . . 12 II.5. Action de Γ sur D (V ) † ψ=0 : le cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 II.6. Action de ΓK sur D (V ) III. Cohomologie galoisienne et représentations surconvergentes . . . . . . . . . . . . . . 15 III.1. Énoncé des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 III.2. Décomposition des anneaux 16 e K, A e† A K .............................. e † . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 B K e † à ϕ−∞ (B† ) . . . . . . . . . . . . . . . . 21 III.4. La décomplétion ou le passage de B K K e† à III.3. Descente de B III.5. Application aux représentations p-adiques ........................ 23 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 2 Introduction Ce travail s'inscrit dans le cadre de la classication, introduite par Fontaine [7], des repré- p-adiques du groupe de Galois absolu GK d'une extension nie K de Qp en termes (ϕ, Γ)-modules. Le point essentiel de cette classication est que l'on peut reconstruire une représentation V à partir de son (ϕ, Γ)-module D(V ) et que l'on doit donc être capable de décrire directement sur ce module tous les invariants classiques attachés à V . On peut par exemple calculer la cohomologie galoisienne de V à partir de D(V ) (cf. [10]). sentations de Notre résultat principal (corollaire III.5.2) est que toutes les représentations p-adiques de GK sont surconvergentes, ce qui avait été conjecturé dans [2]. La notion de surconvergence, étudiée en détail dans [2], est un peu trop technique pour être explicitée dans cette introduction. Signalons juste que la surconvergence ou la non surconvergence d'une représentation ne dépend que de sa restriction au noyau de HK HK du caractère cyclotomique et que l'on peut trouver des représentations qui ne sont pas surconvergentes. Les représentations de représentations de GK HK obtenues par restriction de vérient des conditions de ramication assez spéciales d'après un résul- tat de Sen [12] ; elles sont faiblement ramiées. Les bornes sur la ramication données par le théorème de Sen semblent être précisément ce dont on a besoin pour prouver la surconvergence ; malheureusement, on peut construire un exemple de représentation faiblement ramiée de HK qui n'est pas surconvergente [2, chap.7]. Cette voie d'approche se révélant sans issue, la démonstration repose sur des techniques diérentes utilisant l'action résiduelle de ΓK = GK /HK , techniques qui sont très largement inspirées de celles utilisées par Sen [13] pour démontrer que toute représentation p-adique de GK a une décomposition de Hodge-Tate généralisée. La dié- rence est que les anneaux utilisés dans cet article ont une structure un peu plus compliquée que le corps Cp apparaissant dans la situation considérée par Sen. Le fait que toute représentation de GK est surconvergente a un certain nombre d'applications qui seront détaillées ailleurs. C'est en particulier le point de départ pour espérer pouvoir décrire les invariants d'une représentation dénis à partir des anneaux Bcris , Bst , BdR , . . . comme les D(V ). DdR (V ) et l'opérateur déni par Sen [13] généralisant la notion de décomposition de Hodge-Tate à partir de D(V ) ([2, chap.6]). D'autre (h) part, si V est de de Rham, les applications LogV dénies dans [5], généralisant l'isomorphisme modules DdR (V ), Dcris (V ) . . . V ([8] et [9]) ou l'exponentielle de Bloch-Kato [1], en utilisant Dans cette direction, signalons que l'on peut retrouver de Coleman [4] et inverses de l'application exponentielle construite par Perrin-Riou [11] dans le cas cristallin, ont une interprétation simple en termes de D(V ) (cf [3]). Dans un autre ordre d'idée, on peut utiliser l'action innitésimal de représentation de GK ΓK pour associer à une un module diérentiel surconvergent muni d'un Frobenius et obtenir de cette façon une description des représentations de de Rham en termes d'équations diérentielles p-adiques (Fontaine, travail en préparation). Les résultats évoqués ci-dessus (du moins ceux concernant la surconvergence) sont en fait valables dans la situation plus générale où on remplace Qp par le corps des fractions de l'anneau des vecteurs de Witt à coecients dans un corps parfait de caractéristique générale qui est considérée dans l'article. p. C'est cette situation francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES I. Rappels sur les (ϕ, Γ)-modules et les représentations 3 p-adiques Nous renvoyons à [7] pour les démonstrations des faits rappelés dans ce chapitre. Nous avons pris la liberté de changer les notations pour les rendre un peu plus homogènes. Par exemples, les e, A e , A, B e et B correspondent E nr de [7]. d W (Frac(R))[ p1 ] et E anneaux que nous notons W (Frac(R)), OEd nr , I.1. kF F p, OF = W (kF ) l'anneau des vecteurs de Witt à 1 OF [ p ] le corps des fractions de OF . On se xe une clôture algébrique un corps parfait de caractéristique coecients dans de Frac(R), Notations générales Soient F respectivement aux anneaux kF et F = et toutes les extensions nies de des sous-corps de F. On note GF F que nous aurons à considérer serons supposées être le groupe de Galois Gal(F /F ) et χ : GF → Z∗p le caractère cyclotomique. n ∈ N, on pose Kn = K(µpn ) ⊂ F et on note K∞ l'extension cyclotomique de K réunion des Kn . On note aussi GK le groupe de galois Gal(F /K) et HK le noyau de la restriction de χ à GK . On a HK = Gal(F /K∞ ) et on pose ΓK = GK /HK = Gal(K∞ /K). Si I.2. K F est une extension nie de Le corps e E et et certains de ses sous-anneaux. e l'ensemble des suites x = (x(0) , . . . , x(n) , . . . ) p-adique. Soit E b (n+1) )p = x(n) . On munit E e des lois + et · dénies par x + y = s où d'éléments de F vériant (x m (n) (n+m) (n+m) p (n) e un corps de cas = lim (x +y ) et x·y = t, avec t = x(n) y (n) , ce qui fait de E b Soit F le complété de F pour la topologie m→+∞ ractéristique On note Soit alors e+ E p algébriquement clos et complet pour la valuation l'anneau des entiers de ε = (1, ε(1) , . . . , ε(n) . . . ) ε(n) sous-corps kF ((ε − 1)) de dénie par vE (x) = vp (x(0) ). e. E un élément de est une racine primitive vE pn -ième e E ε(1) = 6 1, ce qui implique que si n > 1, p On a vE (ε − 1) = p−1 et on note EF le tel que de l'unité. e. E e et E+ l'anneau de ses entiers. C'est un sous-corps E la clôture séparable de EF dans E e et la théorie du corps des normes ([6] et [15]) permet d'identier Gal(E/EF ) avec E On note dense de HF . Si K est une extension nie de EK = EHK , Le corps EK F, on pose eK = E e HK , E + HK E+ K = (E ) est une extension nie séparable de le complété de sa clôture radicielle. Les anneaux de eK E I.3. et e + = (E e + )HK . et E K e K est EF de degré HF /HK = [K∞ : F∞ ] et E + + e EK et EK sont les anneaux d'entiers respectifs EK . e B e = W (E) e A Le corps et certains de ses sous-anneaux. e = A[ e 1 ] = Frac(A) e , B p e un corps muni d'une valuation discrète complet, d'anneau de valuation A e et de ce qui fait de B e e e corps résiduel E. Si x ∈ E, on note [x] son représentant de Teichmüller dans A. Tout élément e s'écrit donc de manière unique sous la forme P+∞ pi [xi ] et tout élément de B e sous la x de A i=0 P+∞ i forme i−∞ p [xi ]. Soit l'anneau des vecteurs de Witt à coecients dans e E et francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 4 Si x = P+∞ i=0 e pi [xi ] ∈ B et k ∈ Z, wk (x) = inf i6k vE (xi ). soit La fonction wk vérie les propriétés suivantes qui sont immédiates. e, wk (x) = +∞ si et seulement si x ∈ pk+1 A (ii) wk (x + y) > inf(wk (x), wk (y)) avec égalité si wk (x) 6= wk (y). (iii) wk (xy) > inf i+j6k (wi (x) + wj (y)). (iv) wk (ϕ(x)) = pwk (x). e | wk (x) > r} et on munit A e de la topologie dénie en Si r ∈ R et k ∈ N, on pose Uk,r = {x ∈ A prenant les Uk,r comme base de voisinage de 0. C'est aussi la topologie qui fait de l'application e sur E e N muni de la topologie produit (E e étant muni de x → (xk )k∈N un homéomorphisme de A −n e = ∪ p A e de la topologie de la limite la topologie dénie par la valuation vE ) et on munit B (i) n∈N inductive. L'action de GF sur e E se prolonge en une action continue sur celle du morphisme de Frobenius e A et e B qui commute à ϕ. e OF [π, π1 ]. C'est l'ensemble des éléments de A n de la forme n∈Z an π où an est une suite d'éléments de OF tendant vers 0 quand n tend vers −∞. L'anneau AF est un anneau de valuation discrète complet de corps résiduel EF . Comme Soit π = [ε] − 1. P Soit AF l'adhérence dans e A de ϕ(π) = (1 + π)p − 1 et g(π) = (1 + π)χ(g) − 1 si g ∈ GF , l'anneau AF et son corps des fractions BF = AF [ p1 ] sont stables par ϕ et GF . e et B l'adhérence de l'extension maximale non ramiée de BF contenue dans B e de telle sorte que l'on a B = A[ 1 ], que A est un anneau de valuation discrète A = B∩A p complet dont le corps des fractions est B et le corps résiduel est E. L'anneau A et le corps B sont stables par ϕ et GF . On note Si K est une extension nie de A K = A HK , Si K = F, F, on pose BK = BH K , les deux dénitions de AK et eK = A e HK A BK eK = B e HK . et B coïncident. Les anneaux AK et eK A sont des e K et de corps EK et E 1 1 e e e e K ) contient des fractions respectifs BK = AK [ ] et BK = AK [ ]. D'autre part, AK (resp. B p p −∞ (A ) = l'anneau ϕ ∪ ϕ−n (AK ) (resp. le corps ϕ−∞ (BK ) = ∪ ϕ−n (BK )) comme sousK anneaux de valuation discrète complets de corps résiduels respectifs n∈N anneau (resp. sous-corps) dense. Le lien entre n∈N eK A et AK sera analysé plus précisément au 2 du chapitre III. L est une extension nie de K , BL est une extension non ramiée de BK de degré [L∞ : K∞ ]. e L /B e K et BL /BK L/K est de plus supposée galoisienne, alors les extensions B e e sont aussi galoisiennes de groupe de Galois Gal(BL /BK ) = Gal(BL /BK ) = Gal(EL /EK ) = Gal(L∞ /K∞ ) = HK /HL . Si Si l'extension Lemme I.3.1. Soient K une extension nie de F et γ un élément d'ordre inni de ΓK , alors est inclus dans K∞ ∩ F nr ; en particulier, c'est une extension nie de F . Bγ=1 K Démonstration. Il sut de prouver que Aγ=1 K OF nr ou encore, utilisant le fait γ=1 que AK est complet pour la topologie p-adique, que EK ⊂ k F . Supposons le contraire ; il existe γ=1 γ=1 alors x ∈ EK non nul et tel que vE (x) > 0, ce qui fait que EK contient kF ((x)) et l'extension γ=1 EK /EK est une extension nie. Comme par hypothèse, γ est d'ordre inni, le sous-groupe est inclus dans francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES fermé Γ de ΓK qu'il engendre est d'indice ni dans ΓK agit 6 ε si σ 6= 1. = ceci implique que σ(ε) = εχ(σ) I.4. Le (ϕ, ΓK )-module Dénition I.4.1. (i) Dénition I.4.2. (i) ΓK à travers un quotient ni sur et comme EK , Γ agit trivialement sur 5 Eγ=1 K , ce qui est absurde étant donné que associé à une représentation de GK On appelle Zp -représentation de GK , un Zp -module de type ni muni d'une action Zp -linéaire continue de GK . (ii) On appelle représentation p-adique de GK tout Qp -espace vectoriel de dimension nie muni d'une action linéaire continue de GK Si K est une extension nie de F , on appelle (ϕ, ΓK )-module sur AK (resp. BK ) tout AK -module de rang ni (resp. tout BK -espace vectoriel de dimension nie) muni d'une action semi-linéaire de ΓK et d'une action de semi-linéaire ϕ commutant à celle de ΓK . (ii) On dit qu'un (ϕ, ΓK )-module D sur AK (resp. BK ) est étale ou de pente 0, si D est engendré (comme AK -module) par ϕ(D) (resp. si D contient un sous-AK -réseau étale). K est une extension nie de F GK , on pose Si de et V est une Zp -représentation ou une représentation p-adique D(V ) = (A ⊗ V )HK . Zp GK , D(V ) est muni d'une action de ϕ qui commute à l'action résiduelle de GK /HK = ΓK , ce qui fait de D(V ) un (ϕ, ΓK )-module étale (car ϕ(A) engendre A) sur AK ou BK suivant que V est une Zp -représentation ou une représentation p-adique de GK . L'action de ϕ sur AK Réciproquement, si commutant à celle de D est un (ϕ, ΓK )-module sur AK ou BK , on pose V (D) = (A ⊗ D)ϕ=1 . AK Zp -représentation ou une représentation p-adique de GK suivant que D est un AK -module ou un BK -espace vectoriel ; l'action de GK sur D(V ) provenant de l'action de GK sur B. D'autre part, si V est une Zp -représentation ou une représentation p-adique de GK , alors V (D(V )) est canoniquement isomorphe à V en tant que représentation de GK . En d'autres termes, V est déterminée par son (ϕ, ΓK )-module D(V ). En particulier, si V est une représentation p-adique de GK , on a dimBK D(V ) = dimQp V et l'application naturelle de B ⊗ D(V ) −→ B ⊗ V est un isomorphisme. Les coecients de la matrice de cet isomorphisme C'est une représentation BK Qp dans des bases de I.5. V L'opérateur sur Qp et D(V ) sur BK s'appellent les périodes de la représentation V. ψ. Le corps B est une extension de degré p de ϕ(B), ce qui nous permet de dénir un opérateur ψ : B → B par la formule ψ(x) = p1 ϕ−1 TrB/ϕ(B) (x) . De manière explicite, on vérie facilement p−1 forment une base de B sur ϕ(B) et que l'on a ψ(x +x [ε]+· · ·+x p−1 ) = que 1, [ε], . . . , [ε] 0 1 p−1 [ε] ϕ−1 (x0 ) si x0 , . . . , xp−1 ∈ ϕ(B). L'opérateur ψ commute à l'action de GK et on a ψ(ϕ(x)) = x si x ∈ B et ψ(A) ⊂ A. francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 6 Comme D(V ) ψ commute à l'action de hérite de l'action de ψ GK , si V lié à la cohomologie galoisienne de V p-adique de GK , le Zp [[ΓK ]]-module D(V )ψ=1 est une représentation qui commute à celle de ΓK et le module est très (cf. [CC97] et [H95]). Lemme I.5.1. Si K est une extension nie de F , V est une représentation p-adique de GK et γ est un élément d'ordre inni de ΓK , alors 1 − γ est injectif sur D(V )ψ=0 . Démonstration. Comme BK inférieure ou égale à dimQp V . est un corps, D(V )γ=1 En particulier, c'est un est un Bγ=1 K -espace vectoriel de dimension F -espace vectoriel de dimension nie (cf. ϕ qui agit de manière injective, on en déduit le fait que ϕ est une surjection de D(V D(V )γ=1 . On peut donc écrire tout élément x γ=1 sous la forme ϕ(y) et ψ(x) = 0 implique y = 0 et donc x = 0, ce qui permet de de D(V ) lemme I.3.1). Comme cet espace est stable par )γ=1 sur conclure. Remarque I.5.2. Herr a montré [10] que 1−γ est en fait bijectif sur D(V )ψ=0 ; nous mon- trerons un résultat plus précis au chapitre II (cf. proposition II.6.1). II. Représentations surconvergentes Comme on l'a vu plus haut, on peut reconstruire une représentation p-adique V de GK à (ϕ, ΓK )-module D(V ). Il est donc naturel de se demander si on peut reconstruire V (comme Dcris (V ) ou DdR (V )) à partir de D(V ) sans passer par la représentation V qui est à priori un objet beaucoup plus compliqué. Le problème est que pour comparer D(V ) et DdR (V ) par exemple, il faut arriver à comparer + e qui, comme B+ , est obtenu en localisant les anneaux B et BdR . Or B est un sous-anneau de B dR e + = W (E e + ) et en complétant pour une certaine topologie, mais comme les deux topologies A e dans B+ ou de utilisées n'ont rien à voir entre elles, il n'y a aucun morphisme naturel de B dR e . On peut quand même dans un premier temps s'intéresser aux représentations dont B+ dans B partir de son directement les autres invariants de dR les périodes vivent dans un anneau contenu naturellement à la fois dans B et B+ dR (i.e. sont surconvergentes). II.1. Éléments surconvergents R = R ∪ {r− | r ∈ R}. On munit R d'une relation d'ordre total coïncidant avec l'ordre − naturel sur R et tel que si r1 < r2 sont deux éléments de R, alors r1 < r2 < r2 . On note R+ e †r l'ensemble des x ∈ A e tels que l'ensemble des éléments r de R vériant r > 0. Si r ∈ R+ , soit A † pr e e† l'on ait wk (x) + p−1 k > 0 quel que soit k ∈ N et Ar− l'ensemble des éléments x de Ar tels que e† = A e + . La raison wk (x) + pr k tend vers +∞ quand k tend vers +∞. On a en particulier A Soit 0 p−1 e †r = Qp ⊗ A e †r , ce π = ε − 1 et vE (ε − 1) = B e †r est l'ensemble des éléments x de B e tels que la qui fait que si r ∈ R+ (resp. r ∈ R+ − R+ ), B pr suite wk (x) + p−1 k est bornée inférieurement (resp. tend vers +∞ quand k tend vers +∞). Soit † † e e e † sera dit surconvergent. Finalement, on pose A e †∞ = ∪ A e †r et B = ∪ Br . Un élément de B de cette numérotation bizarre est que r∈R+ p p−1 . Soit r∈R+ e† = B e† ∩ A e , ce qui fait que A e †∞ est l'ensemble des éléments x de A e tels qu'il existe r ∈ R+ tel A pr e† e que wk (x) + p−1 k > 0 quel que soit k ∈ N alors que A est l'ensemble des éléments de A tels francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES qu'il existe e† x∈A r ∈ R+ et C ∈R tels que si et seulement si il existe Remarque II.1.1. xk si et seulement si la série +∞ quand k x de e B sont des éléments de P k−∞ tend vers n∈N Tout élément k k−∞ p [xk ], où les P pr p−1 k > n tel que [π] x ∈ wk (x) + (0) pk xk tend vers +∞ C quel e †∞ . A que soit 7 k ∈ N. En particulier, peut s'écrire de manière unique sous la forme e E et on démontre que la série converge dans converge dans b F c'est-à-dire si et seulement si ou encore si et seulement si e †− x∈B r avec B+ dR k + vE (xk ) r= p−1 p . Plus e †,n des éléments de B e tels que ϕ−n (x) converge dans B+ est égal à B dR † † † er ⊂ B e s si r 6 s, ce qui fait que B e † est aussi la réunion e − , où r = (p − 1)pn−1 . D'autre part, B B r e †,n pour n ∈ N ; autrement dit, B e † est l'ensemble des éléments de B e tels qu'il existe n ∈ N des B + −n † e (x) converge dans BdR . C'est cette description de B qui est la plus utile pour faire tel que ϕ généralement, l'ensemble le lien avec la théorie des représentations de de Rham [3]. Proposition II.1.2. e †r et B e †r sont des sous-anneaux de B e stables par Si r ∈ R+ , alors A † † e r) = B e pr . GF et on a = et ϕ(B e + dont la réduction α modulo p vérie vE (α) > 0, alors A e †r est (ii) Si α est un élément de A e †r est fermé dans A e si r ∈ R+ . complet et séparé pour la topologie α-adique et A e † est un sous-corps de B e stable par GF et ϕ. (iii) B e †r ) ϕ(A Démonstration. (i) e †pr A e †r et B e †r A wk (x + y) > inf(wk (x), wk (y)) (i) La stabilité de pour l'addition et le passage à l'opposé vient e et wk (−x) = wk (x) et celle pour x, y ∈ A la multiplication est une conséquence de l'inégalité wk (xy) > inf i+j6k (wi (x) + wj (y)). D'autre e et σ ∈ GF et donc wk (σ(x)) = wk (x) si k ∈ Z, x ∈ B e part, on a vE (σ(x)) = vE (x) si x ∈ E † † e r et B e r sont stables par GF . Finalement, l'identité et σ ∈ GF , ce qui permet de montrer que A wk (ϕ(x)) = pwk (x) permet de terminer la démonstration du (i). i (ii) Commençons par supposer que α = [α] et soit s = vE (α). On a alors wk (α x) = wk (x)+is, † pr i e r quel que soit i ∈ N, alors wk (x) > − ce qui implique que si x ∈ α A p−1 k +is quel que soit i ∈ N k+1 A e . Comme ceci est vrai quel que soit k ∈ N, cela implique x = 0. et donc wk (x) = +∞ et x ∈ p e †r et La topologie α-adique est donc séparée. Maintenant, si (ai )i∈N est une suite d'éléments de A de ce que l'on a k ∈ N, si wk (αi ai ) tend vers +∞ quand i tend vers +∞, ce qui montre e vers une limite a vériant wk (a) > inf i∈N wk (ai ) + is. Il dans A la suite de terme général P+∞ αi ai converge pr pr est alors clair que si wk (ai ) > − p−1 k quel que soit i ∈ N, alors wk (a) > − p−1 k et que si r > 0 et pr pr wk (ai ) + p−1 k tend vers +∞ quand k tend vers +∞ quel que soit i ∈ N, alors wk (a) + p−1 k tend † e vers +∞ quand k tend vers +∞, ce qui montre que Ar est complet pour la topologie α-adique que la série i=0 ∗ r ∈ R+ si α = [α]. Maintenant, si r > 0, α est quelconque et β est un élément de e †r et comme A e †r est séparé et complet pour e + vériant 0 < vE (β) < inf(r, vE (α)), on a α ∈ A E [β] la topologie [β]-adique d'après ce qui précède, il l'est a fortiori pour la topologie α-adique. Si e† = A e + est complet pour la topologie [α]-adique r = 0 et α = [α] + pu, d'après ce qui précède, A 0 et comme il l'est pour la topologie p-adique, il l'est aussi pour la topologie α-adique. e †r est déni comme l'intersection des Uk,rk qui sont des fermés de A e, Finalement, si r ∈ R+ , A † e r est fermé dans A e. ce qui prouve que A quel que soit francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 8 Remarque II.1.3. p [α] -adique). e vérie vE (α) = r > 0, alors A e †− (resp. α∈E r e + [ p ] pour la topologie p-adique (resp. tant qu'anneau, le séparé complété de A [α] e est le séparé Remarquons aussi que sous les mêmes hypothèses concernant α, A complété de e +[ 1 ] A [α] e †r ) A est, en (iii) On peut montrer que, si pour la topologie e †r ∪ B e† = B p-adique. est un sous-anneau de e B stable par GF et ϕ d'après ce qui précède. Pour r∈R+ montrer que c'est un corps, nous aurons besoin du lemme suivant (le corollaire II.1.5 ci-dessous est inutile pour la démonstration, mais servira plus tard). Lemme II.1.4. Si r ∈ R+ , un élément x = seulement si vE (x0 ) = 0. Démonstration. P+∞ k=0 p k [x ] k e †r est une unité de A e †r si et de A e †r , alors vE (x) = vE (x0 ) > 0 et vE (x−1 ) = x et x−1 appartiennent à A −vE (x0 ) > 0 et donc vE (x0 ) = 0. Réciproquement, si vE (x0 ) = 0, alors [x0 ] est inversible dans e †r et, quitte à diviser par [x0 ], on peut supposer x0 = 1 auquel cas x = 1 − u avec u ∈ pA e ∩A e †r A P +∞ n −1 = e† e† e et x n=0 u est un élément de Ar puisque Ar est un sous-anneau fermé de A. Si Corollaire II.1.5. (i) Si r > 1, alors π [π] e †r . est une unité de A Démonstration. On a π = [ε]−1 = [π]+p[α1 ]+p2 [α2 ]+· · · , où αi est un polynôme en εp −1 à −i p−i 1 Z et sans terme constant, ce qui implique vE (αi ) > vE (ε −1) = (p−1)p i−1 . Ceci 2 implique que si on écrit π sous la forme [π](1+p[a1 ]+p [a2 ]+· · · ), alors vE (a1 ) = vE (α1 )−vE (π) > π e †p−1 , ce qui permet d'utiliser le lemme −1 et vE (ai ) > −vE (π) > −i si i > 2 et donc [π] ∈ A coecients dans p précédent pour conclure. e † est un corps. Si x ∈ B e † −{0}, il existe n ∈ Z, r ∈ N B P+∞ k pr −n tels que x ∈ p k=0 p [xk ] avec vE (xk ) > − p−1 k k −n [x ]u quel que soit k ∈ N. Soit k0 le plus petit entier tel que xk 6= 0. On a alors x = p 0 k0 P+∞ k yk+k0 pr ps avec u = 1 + vérie v (y ) > − (k + k ) − v (x ) > − k p [y ] , où y = 0 E E k k k k 0 k=1 yk p−1 p−1 , où Revenons à la démonstration du fait que e †r et donc puisse s'écrire sous la forme p−n A 0 l'on a posé p−1 p inversible s = r + k0 + e †s ⊂ B e† dans A et, comme p−1 p vE (x0 ) 1 alors [xk0 ] et, si t= >0 sup(0, vE (xk0 )). p = On déduit alors du lemme II.1.4, le fait que u est e † (p l'est par construction [xk0 ] sont inversibles dans B † 1 p e e† p [xk0 ] ∈ Bt ), cela montre que x est inversible dans B et et permet de conclure. On munit ∪ n∈N e† = B e †r ∪ B de la topologie de la limite inductive, ayant muni chaque r∈R+ † −n p Ar de la topologie de la limite inductive et e †r A de la topologie π -adique est complet d'après le (ii) de la proposition II.1.2. On dénit des sous-anneaux r ∈ R+ ∪ {∞}, A†r , B†r de B e †, A† = A ∩ A L'anneau e+ ∩A A†0 = A pour lequel il A † , B† , et, si en posant e †, B† = B ∩ B e† A†r = A ∩ A r e †, et B†r = B ∩ B r e †, B e †, A e †r et A A (resp. B) est un anneaux que l'on munit des topologies induites par les topologies respectives de e †r . B e †r = B sera en général noté A+ . Si on utilise le fait que francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES sous-anneau (resp. un sous-corps) fermé de e A (resp. e) B contenant π 9 et stable par GF et ϕ, on obtient la proposition suivante. Proposition II.1.6. B† est un corps stable par GF et ϕ. † † † † (ii) Si r ∈ R+ , les anneaux Ar et Br sont stables par GF et x ∈ Ar (resp. x ∈ Br ) si et seulement si ϕ(x) ∈ A†pr (resp. ϕ(x) ∈ B†pr ), † (iii) Si r ∈ R+ , alors Ar est séparé et complet pour la topologie π -adique. II.2. Si L'anneau K (i) B†F est une extension nie de F, A†K = (A† )HK , B†K = (B† )HK L'anneau A†0,K sera en général noté on pose et, si r ∈ R+ , A†r,K = (A†r )HK et B†r,K = (B†r )HK . A+ K . Si K est une extension non ramiée de F , Les anneaux A†r,K ont une description en termes de fonctions analytiques sur certaines couronnes, ce qui les rend assez maniables. Si K est une extension nie de F, considérons les anneaux de séries de Laurent suivants : [0,1) AK des séries entières à coecients dans OK . P [1,1) n (ii) l'algèbre AK des séries de Laurent de la forme n∈Z an T dans OK et vérient lim an = 0. (i) l'algèbre dont les coecients sont n→−∞ [ρ,1) (ρ,1) 0 < ρ < 1, l'algèbre AK (resp. AK ρ 6 |T | < 1 (resp. ρ < |T | < 1) majorées en norme (iii) Si Proposition II.2.1. ) des fonctions analytiques sur la couronne par 1 sur cette couronne. Si K est une extension non ramiée de F , alors l'application qui à F associe F (π) induit un isomorphisme [1,1) (i) de AK sur AK , [0,1) (ii) de AK sur A+ K [ρ(r),1) − r1 (iii) de AK sur A†r− et de AK(ρ(r),1) sur A†r si r > p−1 . p et ρ(r) = p Démonstration. Les (i) et (ii) sont des évidences et le (iii) se reformule de la manière suivante. Lemme II.2.2. Soient K une extension nie non ramiée de F et r ∈ R+ vériant r > p−1 p . P Les deux conditions suivantes sont équivalentes pour x = n∈Z an π n ∈ AK . † (i) x ∈ Ar,K , (ii) rvp (an ) + n > 0 quel que soit n ∈ Z (resp. rvp (an ) + n > 0 quel que soit n ∈ Z et lim rvp (an ) + n = +∞) si r ∈ R (resp. si r ∈ R − R). n→−∞ Démonstration. Remarquons tout d'abord que x = P n<0 an π n On a donc † n 0 n∈Z an π ∈ Ar,K si et seulement si x = P p−k n<0, vp (an )=k an π n et nk = inf{n < 0 | vp (an ) = k}. ∈ A†r,K . Si k ∈ N, soit yk = yk = [π]nk u où an π nk u = kk 1+ p [π] P X n>nk ,vp (an )=vp (ank ) an n−nk π ank francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 10 e p−1 . On en déduit les formules w0 (yk ) = vE (y k ) = nk p et wi (yk ) > vE (y k )−i A p−1 p P+∞ i i si i > 1. D'autre part, comme x = i=0 p yi , on a wk (x) > inf 06i6k wk (p yi ) = inf 06i6k wk−i (yi ) avec égalité si wk (yk ) < wk−i (yi ) quel que soit 0 6 i 6 k − 1. est une unité de Lemme II.2.3. conditions suivantes Soient s > 0 et (uk )k∈N , (vk )k∈N deux suites de nombres réels vériant les vk > inf 06i6k ui + s(k − i) (b) vk = uk si uk < ui + s(k − i) quel que soit 0 6 i 6 k − 1. (a) Alors on a uk > 0 quel que soit k ∈ N⇔ vk > 0 quel que soit k ∈ N Si de plus s > 0, alors (ii) lim uk = +∞ ⇔ lim vk = +∞. (i) k→+∞ k→+∞ Démonstration. (i) L'implication ⇒ est immédiate et la contraposée de l'implication réciproque ui < 0, alors vi = ui . vk > uk . Supposons que uk ne tend pas vers +∞ et notons ` la limite inférieure de la suite (uk )k∈N . Si ` = −∞ et ψ(i) est une suite d'entiers tendant vers +∞ tels que uψ(i) < uk quel que soit k < ψ(i), on a vψ(i) = uψ(i) , ce qui prouve que (vk )k∈N ne tend pas non plus vers +∞. Si ` est ni et (uψ(i) )i∈N est une suite extraite de (uk )k∈N tendant vers `, un petit argument utilisant le fait que s(k − i) > s si k > i + 1 et s > 0, montre que vψ(i) = uψ(i) si i est assez grand, ce qui montre que (vk )k∈N ne tend pas non plus vers +∞ et termine la démonstration du lemme. se démontre en remarquant que si (ii) L'implication ⇒ Corollaire II.2.4. i est le plus petit entier tel que est immédiate puisque † pr Si r > p−1 p et x ∈ AK , alors x ∈ Ar,K si et seulement si vE (yi )+ p−1 i > 0 pr pr quel que soit i ∈ N (resp. vE (yi ) + p−1 i > 0 quel que soit i ∈ N et vE (yi ) + p−1 i tend vers +∞ quand i tend vers +∞) si r ∈ R (resp. r ∈ R − R). Démonstration. wk (x0 ) + Il sut d'appliquer le lemme précédent à pr p−1 k et uk = vE (yk ) + pr p−1 s = pr p−1 k . −1 et aux suites vk = Pour terminer la démonstration du lemme II.2.2, il sut d'utiliser la formule vE (yk ) = p pr qui implique en particulier que wk (yk )+ inf vp (an )=k n p−1 p−1 k > 0 quel que soit k ∈ N équivaut pr à n + rvp (an ) > 0 quel que soit n < 0. D'autre part, la condition lim vE (yk ) + p−1 k = +∞ k→+∞ inf vp (an )=k n + rvp (an ) tend vers +∞ quand k nombre ni de n < 0 tels que vp (an ) = k ) aussi à la équivaut à tend vers qu'un condition +∞ et donc (car il n'y a lim rvp (an ) + n = +∞, n→−∞ ce qui permet de conclure. II.3. Généralités sur les représentations surconvergentes Une représentation surconvergente est une représentation dont le (ϕ, Γ)-module est engendré par des éléments surconvergents. De manière précise, on a la dénition suivante. Dénition II.3.1. on pose Si V est une Zp -représentation ou une représentation p-adique de GK , D† (V ) = (A† ⊗Zp V )HK et Dr† (V ) = (A†r ⊗Zp V )HK si r ∈ R+ . francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES 11 Comme B† est un corps, si V est une représentation p-adique, on a dimB† D† (V ) 6 dimQp V et K on dit que V est surconvergente si on a égalité, ce qui est équivalent au fait que Dr† (V ) contient une base de D(V ) sur BK si r est assez grand. Remarquons que la propriété de surconvergence ne dépend que de la restriction à HK . Les représentations surconvergentes sont étudiées en détails dans [2] et le théorème suivant rassemble une bonne partie des résultats obtenus dans [2]. Théorème II.3.2. La catégorie des représentations surconvergentes de GK est stable par induction ; autrement dit, si L est une extension nie de K et V est une représentation padique de GK , alors V est surconvergente si et seulement si elle est surconvergente en tant que représentation de GL . ψ=1 est formé d'éléments surconvergents (i.e. (ii) V est surconvergente si et seulement si D(V ) † est inclus dans D (V )). (iii) Si V est surconvergente et γK est un générateur de ΓK , alors γK − 1 admet un inverse continu sur D† (V )ψ=0 . (iv) La catégorie des représentations surconvergentes est stable par extension et contient les représentations abéliennes. (i) Pour la commodité du lecteur, nous avons reproduit dans la suite de ce chapitre, les démonstrations (un peu modiées) des résultats (i) et (iii), résultats dont nous aurons besoin dans le chapitre suivant pour montrer que toutes les représentations de GK sont surconvergentes. Le point le plus délicat est le (iii). La démonstration que nous allons en donner dière de celle de [2] sur la manière de dévisser la situation. Dans [2] le dévissage se fait en regardant la représentation modulo GF , p puis mod p2 etc ..., alors qu'ici on se ramène au cas de la représentation triviale de ce qui permet de raccourcir largement la démonstration. II.4. Stabilité par induction La stabilité par induction de la catégorie des représentations surconvergentes se ramène, modulo le théorème de Hilbert 90, à la proposition suivante. Proposition II.4.1. Si L est une extension nie de K , alors B†L est une extension de B†K de degré [L∞ : K∞ ] et si L/K est galoisienne, il en est de même de B†L /B†K et Gal(B†L /B†K ) = Gal(L∞ /K∞ ). Démonstration. naturelle de Il sut de prouver que si BF ⊗ B†F B†K dans BK K est une extension nie de F, alors l'application est bijective, ce qui permettra de déduire la proposition de BL /BK . Comme TrK∞ /F∞ (B†K ) ⊂ B†F , un argument standard faisant 2 intervenir la forme quadratique TrK∞ /F∞ (x ) permet de montrer qu'une famille d'éléments de B†K qui est liée sur BF l'est déjà sur B†F . On en déduit l'injectivité. Pour démontrer la surjectivité, l'énoncé analogue pour nous aurons besoin du lemme suivant. Lemme II.4.2. Si P ∈ A† [X] est unitaire et a un discrimant non divisible par p, alors les racines de P appartiennent à A† . francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 12 Démonstration. B; P n'est pas divisible par p P est non ramiée et donc égale à à A. Il sut donc de vérier qu'elles L'hypothèse selon laquelle le discriminant de implique que l'extension de B engendrée par une racine de P appartiennent † e appartiennent aussi à A . N d P ( X ) pour N assez grand, on peut Soit d le degré de P . Quitte à remplacer P par π πN e + [X]. Soit α ∈ E e + une racine de P et supposer que la réduction P de P modulo p appartient à E e † dont la réduction modulo p est α (on peut prendre pour α le représentant de Teichmüller α∈A 0 e † . Soit [α] de α). Par hypothèse, on a P 0 (α) 6= 0, ce qui fait que P 0 (α) est inversible dans A on en déduit le fait que les racines de [P (α)] [P 0 (α)] p−1 0 r ∈ R+ tel que contienne α, tous les coecients de P et p vE (P (α)), P 0 (α) . Si n = 0 π π −n 0 n P (α) e† et comme on peut écrire P (α) sous la forme π [π] est inversible dans A1 , on a [P 0 (α)] [π] e †s si s > sup(r, 1). On a de plus P (α) ∈ A e †s ∩ pA e et P 0 (α) = π n u, où u est inversible dans A k−1 † † (p−1)p s 2n+1 e e e e †k comme As ∩pA est inclus dans π Apk s , on peut trouver k > 2 tel que P (α) ∈ π A p s † e et comme A k est séparé et complet pour la topologie π -adique, le lemme de Hensel implique p s 2n+1 A e † k . On en déduit le que l'équation P (x) = 0 a une unique solution appartenant à α + π p s e †r A résultat. x un générateur de E+ K en tant que + EF [X] son polynôme minimal. Il résulte du lemme de Hensel que si Revenons à la démonstration de la surjectivité. Soit E+ F -algèbre et soit P ∈ AF [X] P ∈ p est P , alors P a une unique racine x dans AK dont la réduction modulo p est x et AK = AF [x]. Comme l'image † † + de AF modulo p contient EF (c'est immédiat), on peut choisir P appartenant à AF [X] et le † † † lemme II.4.2 montre qu'alors x ∈ AK . On en déduit l'inégalité [BK : BF ] > [K∞ : F∞ ], ce qui est n'importe quel polynôme unitaire dont la réduction modulo permet de conclure. II.5. Action de Γ sur Proposition II.5.1. D† (V )ψ=0 : le cas de la représentation triviale Si m > 1, γm est un générateur de ΓFm et r > (p − 1)pm−1 , alors ψ=0 ψ=0 m−1 τm = γm − 1 induit une bijection de ϕ(π)a A†r,F sur ϕ(π)a+p A†r,F quel que soit a ∈ Z. Démonstration. τm agissant sur AF est OF (cf. (AF )ψ=0 est réduite à {0}. Comme γm est un générateur de ΓFm et m > 1, on a vp (χ(γm ) − 1) = m et on peut écrire χ(γm ) − 1 sous la forme pm u avec u ∈ Z∗p . Tout élément z de Aψ=0 s'écrit de manière unique F Pp−1 i sous la forme i=1 [ε] zi avec zi ∈ ϕ(AF ) (cf. formule décrivant ψ , chapitre I 5), ce qui nous ψ=0 permet de dénir une application fm : AF → Aψ=0 par la formule F L'injectivité vient de ce que le noyau de lemme I.3.1) et donc son intersection avec p−1 p−1 X X i fm ( [ε] zi ) = − [ε]i i=1 et un petit calcul utilisant le fait que i=1 zi 1 − [ε]pm iu m iu γm ([ε]i ) = [ε]iχ(γm ) = [ε]i [ε]p fm (τm (z)) = z − p−1 X i=1 [ε]i τm (zi ) . [ε]−pm iu − 1 montre que l'on a (II.5.1.1) francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES fm La démonstration de la proposition II.5.1 repose sur le fait que Il s'agit donc de vérier que z − fm (τm (z)) 13 est presque un inverse de τm . est petit en un sens à préciser, ce qui nécessitera un certain nombre de lemmes préparatoires. Lemme II.5.2. de (i) Si a ∈ Z∗p et r > (p − 1)pm−1 , alors m [ε]p a −1 π pm m [ε]p a −1 ϕ(π)pm−1 et sont des unités A†r,F . (ii) Si r > (p − 1)pm−1 et k ∈ Z, alors Démonstration. ϕ(π) πp =1+ p π + ··· + τm (π k ) πk m −1 ∈ πp A†r,F . p appartient à π p−1 le lemme II.2.2 et comme son image dans EF est égale à A†p−1,F 1, comme on le voit en utilisant c'est une unité de A†p−1,F d'après le lemme II.1.4. On en déduit le fait que m [ε]p − 1 ϕm (π) ϕ(π) pm−1 ϕ(π) m−2 ϕ(π) p = = ϕm−1 ... ϕ m m p p p p π π π π πp A†(p−1)pm−1 ,F ce qui permet de démontrer le (i), pm P † a − 1)i est une unité de A+ = a + +∞ i=1 i+1 ([ε] F = A0,F et est une unité de de compte-tenu du fait que m [ε]p a −1 pm donc, a fortiori, de −1 [ε] si a ∈ Z∗p . (ii) Si k = 1, on a mu τm (π) = γm ([ε] − 1) − ([ε] − 1) = [ε]([ε]p − 1) A†r,F , et le résultat suit du (i). D'autre part, +∞ +∞ j X X k τm (π) j τm (π k ) γm (π) k k γm (π) = − 1 = − 1 = , j π π π j πk j=1 j=1 ce qui permet de ramener le cas topologie m −1 k = 1 quelconque au cas A†r puisque est complet pour la π -adique. Corollaire II.5.3. π a+p k Si r > (p − 1)pm−1 et a ∈ Z, l'image de π a A†r,F par τm est incluse dans A†r,F . Démonstration. OF [π, π −1 ] Comme est dense dans τm est continue, que π a A†r,F , m −1 π a+p A†r,F est complet et X = π a A†r,F ∩ il sut de vérier que l'image de tout élément de X par m p τm est dans π a+p −1 A†r,F . Or X = π a OF [π, (p−1)p n−1 ] est engendré sur OF par les ei,j π j p pm −1 e x , avec x π a+i (p−1)p et le lemme précédent montre que l'on a τm (ei,j ) = π i,j i,j i,j n−1 π † Ar,F . Ceci permet de conclure. Corollaire II.5.4. Si r > (p − 1)pm−1 et z ∈ ϕ(π)a A†r,F m−1 −1 z − fm (τm (z)) ∈ ϕ(π)a+(p−1)p Démonstration. On peut écrire z sous la forme z = τm (zi ) ∈ ψ=0 A†r,F Pp−1 ψ=0 . i i=1 [ε] ϕ(zi ) avec zi ∈ π a A†p−1 r,F p−1 X τm (zi ) ϕ(τm (zi )) i = [ε] ϕ z − fm (τm (z)) = [ε] −pm iu −1 [ε] [ε]−pm−1 iu − 1 i=1 i=1 i ∈ , alors m π a+p −1 A†p−1 r,F . Or on a, d'après la formule (II.5.1.1), p−1 X = et donc francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 14 m−1 et le résultat suit du fait que iu −1 [ε]−p est une unité de π pm−1 A†p−1 r,F d'après le lemme II.5.2. Revenons à la démonstration de la proposition II.5.1. Il s'agit de montrer que si x∈ m−1 ϕ(π)a+p ψ=0 ou encore, utilisant le fait que fm est ϕ(π)a A†r,F injective, que l'application qui à y associe gx (y) = y − fm (τm (y) − x) a un point xe. Comme ψ=0 m [ε]p iu −1 † a A† et le lemme précéest une unité de A (lemme II.5.2), on a f (x) ∈ ϕ(π) m m−1 r,F r,F ϕ(π)p ψ=0 a A† dans lui-même contractante pour la dent montre que gx est une application de ϕ(π) r,F topologie ϕ(π)-adique, topologie pour laquelle ce module est complet, ce qui permet de conclure. l'équation II.6. τm (y) = x Action de a une solution dans ΓK Proposition II.6.1. sur D† (V )ψ=0 : le cas général Si γK est un générateur de ΓK et V est une représentation surconvergente de GK , alors τK = γK − 1 admet un inverse continu sur D† (V )ψ=0 , inverse qui sera noté −1 : D† (V )ψ=0 −→ D† (V )ψ=0 . Plus précisément, si T est un réseau de V stable par GK , il τK existe c(K, T ) ∈ N et r(K, T ) ∈ R+ tels que, quels que soient r > r(K, T ) et a ∈ Z, on ait −1 τK ψ=0 ψ=0 ⊂ π a−c(K,T ) Dr† (T ) . π a Dr† (T ) Cette proposition admet le corollaire suivant que nous utiliserons de manière intensive dans le chapitre III. Corollaire II.6.2. Si K est une extension nie de F , il existe c(K) ∈ N et r(K) ∈ R+ tels que, quels que soient r > r(K) et a ∈ Z, on ait −1 τK π a A†r,K ψ=0 ⊂ π a−c(K) A†r,K ψ=0 . Démonstration. Il sut d'appliquer le théorème précédent à la représentation triviale de GK . Revenons à la démonstration de la proposition II.6.1. On se ramène grâce à la proposition II.4.1 K = F en remplaçant V par IndFK V . Soit T un réseau de V stable par GK . Comme on a supposé V surconvergente, on peut trouver une base e1 , . . . , ed de D(T ) sur AF constituée ∗ d'éléments surconvergents. Il existe alors r0 ∈ R+ , que l'on peut supposer supérieur ou égal à † p−1 p , tel que ei ∈ Dr0 (V ) quel que soit 1 6 i 6 d. Si γ ∈ ΓK , soit Uγ la matrice de γ dans la base e1 , . . . , ed , ce qui fait que γ → Uγ est un † cocycle continu sur ΓK à valeurs dans GLd (Ar ,F ). La continuité implique qu'il existe m ∈ N 0 au cas où tel que l'on ait prendre γKm = Uγ ∈ 1 + πMd (A†r0 ,F ) si f γK comme générateur de −1 τK γ ∈ ΓK m . ΓK m Remarquons que si GK f −1 −1 = (γK − 1)−1 = (1 + γK + · · · + γK )τKm , de l'énoncé obtenu en considérant V quitte à remplacer K par U = UγK ∈ 1 + πMd (A†r0 ,F ) et χ(γK ) ∈ 1 + pZp . Soit m = vp (χ(γK ) − 1) de telle sorte que K = Fm soit c = ϕk (πA†r,F ) ⊂ V considérée comme repré- comme une représentation de met, pm−1 . Comme on peut et comme on a on voit que l'on peut déduire l'énoncé de la proposition II.6.1 pour sentation de f = [Km : K], k−1 ϕ(π)p A†pk r,F si Km , et de γK r > 1 GKm . Ceci per- supposer ΓFm et ϕk (π) π p pk−1 ϕ(π) π pk est un générateur de ϕk (π) car ϕ(π)pk−1 = que A†r,F ψ=0 , francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES 15 A†pk r,F d'après le lemme II.5.2, on peut, quitte à remplacer r0 par pm r0 et e1 , . . . , ed par ϕm (e1 ), . . . , ϕm (ed ), ce qui change U en ϕm (U ), supposer que e1 , . . . , ed ∈ ϕ(D(T )) p−1 c+1 M (A† et U ∈ 1 + ϕ(π) d r0 ,F ). Comme on avait supposé r0 > p au début, on a maintenant r0 > (p − 1)pm−1 , ce qui nous permettra d'utiliser la proposition II.5.1. est une unité de On s'est donc ramené à démontrer la proposition II.6.1 en supposant de plus qu'il existe une e1 , . . . , ed de D(T ) sur AF formée d'éléments de Dr†0 (T ) ∩ ϕ(D(T )) telle que si l'on note D le sous-A†r0 ,F -module de D(T ) engendré par e1 , . . . , ed , alors τK (ei ) ∈ ϕ(π)c+1 D quel que soit 1 6 i 6 d, où c = pm−1 et m = vp (χ(γK ) − 1) > 1. † Plaçons nous donc sous les hypothèses ci-dessus et, si r > r0 , notons Dr le sous-Ar,F -module de D(T ) engendré par e1 , . . . , ed . P Lemme II.6.3. L'élément x = di=1 xi ei de Dr appartient à Drψ=0 si et seulement si xi ∈ ψ=0 quel que soit 1 6 i 6 d. A†r,F base Démonstration. On a ψ(x) = 0⇔ϕ(ψ(x)) = 0 et comme on a P ϕ(ψ(x)) = di=1 ϕ(ψ(xi ))ei , ce qui, compte-tenu du fait que les ei BF , permet de conclure. Proposition II.6.4. r > r0 et a ∈ Z. supposé ei ∈ ϕ(D(T )), on a forment une famille libre sur τK induit une bijection de ϕ(π)a Drψ=0 sur ϕ(π)a+c Drψ=0 quels que soient Démonstration. Commençons par remarquer que l'on a τK d X d d X X τK (zi )ei + γ(zi )τK (ei ), zi ei = i=1 i=1 (II.6.3.1) i=1 τK (ei ) ∈ ϕ(π)c+1 Dr , ceci implique, compte-tenu de la proposition II.5.1, que l'image de ψ=0 a a+c D ψ=0 et ce, quels que soient r > r et a ∈ Z. D'autre ϕ(π) Dr par τK est incluse dans ϕ(π) r 0 a ψ=0 dans ϕ(π)a+c D ψ=0 . part, le lemme I.5.1 montre que τK induit une injection de ϕ(π) Dr r Pd a+c D ψ=0 , d'après le lemme précédent, Il reste à vérier la surjectivité. Si z = z e ∈ ϕ(π) r i=1 i i ψ=0 a+c A† on a zi ∈ ϕ(π) . Ceci permet, utilisant la proposition II.5.1, de dénir une applir,F P ψ=0 ψ=0 d −1 a+c D cation f : ϕ(π) → ϕ(π)a Dr par la formule f (z) = r i=1 τK (zi )ei . Comme pour la et comme proposition II.5.1, le point de départ de la démonstration est que f est presque un inverse de τK . En eet, utilisant la formule (II.6.3.1), on obtient z − f (τK (z)) = −f d X γ(zi )τK (ei ) , i=1 c+1 D permet de montrer que l'application g dénie ce qui, utilisant le fait que τK (ei ) ∈ ϕ(π) r a ψ=0 pour la topologie ϕ(π)-adique et par g(y) = y − f (τK (y) − x) est contractante sur ϕ(π) Dr ψ=0 a comme ϕ(π) Dr est complet pour cette topologie, cela montre qu'elle y a un (unique) point xe y solution de l'équation τK (y) = x et permet de conclure. v1 , . . . , vd une base de T sur Zp . Si M est la matrice de e1 , . . . , ed dans la base v1 , . . . , vd , alors M ∈ Md (A†r0 ) ∩ GLd (A) puisque l'on † a supposé que e1 , . . . , ed est une base de D(T ) sur AF constituée d'éléments de Dr0 (T ). Comme B† est un corps, cela implique que M −1 ∈ GLd (B† ) ∩ GLd (A) = GLd (A† ) et il existe b ∈ N et Revenons à la démonstration de la proposition II.6.1. Soit francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 16 P r1 > r0 tels que M −1 ∈ π −b Md (A†r1 ). On en déduit le fait que si r > r1 et x = di=1 xi ei ∈ Dr† (T ), † −b A† −b † b † alors xi ∈ π r,F ⊂ ϕ(π) Ar,F . On obtient donc les inclusions ϕ(π) Ar,F ⊂ Dr ⊂ Ar,F si −1 r > r1 . La proposition II.6.4 montre qu'alors l'image de ϕ(π)a Dr† (T )ψ=0 par τK est incluse dans ϕ(π) † † a+c+b ψ=0 ϕ(π) Dr (T ) et comme π p est une unité de Ar d'après le lemme II.5.2, on peut prendre r(K, T ) = r1 et c(K, T ) = p(c + b + 1). III. III.1. Cohomologie galoisienne et représentations surconvergentes Énoncé des résultats Soit ϕ−∞ (B† ) = ∪ ϕ−n (B† ) ; n∈N Théorème III.1.1. naturelles c'est un sous-anneau dense de e †. B Si K est une extension nie de F et d un entier > 1, les applications ι1 ι2 e † )) −→ e † )), H 1 (ΓK , GLd (ϕ−∞ (B†K ))) −→ H 1 (ΓK , GLd (B H 1 (GK , GLd (B K e† ⊂ B e † , sont des bijections. induites par l'ination de ΓK à GK et les inclusions ϕ−∞ (B†K ) ⊂ B K Les techniques de démonstration sont très analogues à celles employées par Sen [13] pour démontrer le résultat suivant. Proposition III.1.2 (Sen). Si d > 1, les applications naturelles b )), b ∞ )) −→ H 1 (GK , GLd (F H 1 (ΓK , GLd (K∞ )) −→ H 1 (ΓK , GLd (K b , sont des bijections. b∞ ⊂ F induites par l'ination de ΓK à GK et les inclusions K∞ ⊂ K La démonstration de Sen repose en particulier sur la décomposition (due à Tate [14]) de b∞ K K ⊕ X où X est un sous-K -espace vectoriel fermé de sur lequel γK − 1 a un inverse continu, où γK est un générateur topologique de ΓK . Dans la situation du théorème III.1.1, b sont joués respectivement par B† , ϕ−∞ (B† ), B e † et B e † et le point b ∞ et F les rôles de K , K∞ , K K K K † † e sous la forme B ⊕ X , où X est un crucial de la démonstration est la décomposition de B K K † † e sur lequel γK − 1 admet un inverse continu. L'existence sous BK -espace vectoriel fermé de B K b∞ K sous la forme de la décomposition est obtenue en utilisant les techniques de [5] introduites pour décomposer de manière analogue les modules HK K BH dR , Bcris etc. . .et l'existence de l'inverse continu de γK − 1 est une conséquence des résultats de [2] rappelés au chapitre précédent. III.2. Décomposition des anneaux e K, A e† A K I = p−∞ Z ∩ [0, 1[. Si m ∈ N (resp. m > 1), soit Im = {i ∈ I | vp (i) > −m} (resp. = {i ∈ I | vp (i) = −m}), ce qui fait que I est la réunion croissante pour m ∈ N des Im et la ∗ réunion disjointe de I0 = {0} et des Im pour m > 1. Soit ∗ Im Lemme III.2.1. e + /(ε − 1)E e + sur kF . Si K = F , les εi pour i ∈ I forment une base de E F F eF Démonstration. E de e+ E F de kF étant le complété de la clôture radicielle de s'écrit de manière unique sous la forme P (ε − 1)i ai , EF = kF ((ε−1)), tout élément où ai est une suite d'éléments i∈p−∞ N telle que l'ensemble {i 6 C, ai 6= 0} soit ni quel que soit C ∈ R. On en déduit le fait que francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES e + /(ε − 1)E e + sur kF et la matrice faisant (ε − 1)i pour i ∈ I forment une base de E F F i i (ε − 1) aux ε étant triangulaire avec des 1 sur la diagonale, on en déduit le résultat. les Corollaire III.2.2. 17 passer de e F s'écrit de manière unique sous la forme Tout élément de E X εi ai (x), i∈I où la suite des ai (x) est une suite d'éléments de EF tendant vers 0 suivant le ltre des complémentaires des parties nies. Proposition III.2.3. e F s'écrit de manière unique sous la forme Tout élément x de E x = R0 (x) + +∞ X R∗m (x), m=1 où R0 (x) ∈ EF et, si m > 1, R∗m (x) ∈ ϕ−m (Eψ=0 F ). Démonstration. 1, ε, . . . , εp−1 est une base de EF sur ϕ(EF ) dans laquelle ψ est donné par p−1 ) = ϕ−1 (a ). On en déduit le fait que si m > 1, on a la formule ψ(a0 + a1 ε + · · · + ap−1 ε 0 i pour i ∈ I et v (i) > 1−m (resp. v (i) = −m) ϕ−m (EF ) = ϕ1−m (EF )⊕ϕ−m (Eψ=0 ) et que les ε p p F 1−m (E ) (resp. ϕ−m (Eψ=0 )) sur E . On doit donc poser forment une base de ϕ F F F X εi ai (x). R0 (x) = a0 (x) et R∗m (x) = ∗ i∈Im Proposition III.2.4. e K peut s'écrire Si K est une extension nie de F , tout élément x de A de manière unique sous la forme x = R0 (x) + +∞ X R∗m (x), (III.2.4.1) m=1 où R0 (x) ∈ AK et, si m > 1, R∗m (x) ∈ ϕ−m (Aψ=0 K ). Démonstration. Commençons par supposer K = F P et choisissons une section s de la projection P eF, kF . Si F = n>n0 an (ε − 1)n ∈ EF , posons s(F ) = n>n0 s(an )π n ∈ AF . Si y ∈ A e F et on peut lui appliquer le corollaire III.2.2. Ceci nous son image y modulo p appartient à E e e F en posant x0 = x et, permet, si x ∈ AF de dénir par récurrence une suite d'éléments xn de A si n > 1, X 1 xn−1 − [εi ]s(ai (xn−1 )) . xn = p i∈I P P+∞ n i On a alors x = i∈I [ε ]ai (x), où l'on a posé ai (x) = n=0 p s(ai (xn )) ∈ AF , ce qui nous permet ∗ de dénir R0 (x) et Rm (x) par les formules X R0 (x) = a0 (x) et R∗m (x) = [εi ]ai (x) de OF sur ∗ i∈Im et comme [εi ] ∈ ϕ−m (Aψ=0 F ) si et seulement si convient, ce qui montre l'existence. ∗, i ∈ Im la décomposition obtenue ci-dessus francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 18 Si on a P+∞ m=0 am =0 a0 ∈ AF avec m > 1, am ∈ ϕ−m (Aψ=0 F ), alors réduisant modulo p déduit le fait que tous les am sont divisibles par p, puis et, si et utilisant la proposition III.2.3, on en par une récurrence immédiate, qu'ils sont tous nuls ; d'où l'unicité d'une telle décomposition. F et soit e1 , . . . , ed une e base de AK sur AF qui est donc aussi une base de sur AF . On peut écrire un élément x de e K de manière unique sous la forme Pd xi ei et comme ϕm (e1 ), . . . , ϕm (ed ) est aussi une base A i=1 Pd m m de AK sur AF , on en déduit le fait que ϕ ( i=1 xi ei ) ∈ AK si et seulement si ϕ (xi ) ∈ AF Pd ψ=0 −m (A pour 1 6 i 6 d. En particulier, i=1 xi ei ∈ ϕ K ) si et seulement si Supposons maintenant que K est une extension nie quelconque de eK A d d d X X X ψ(ϕm ( xi ei )) = ψ(ϕm (xi )ϕm (ei )) = ψ(ϕm (xi ))ϕm−1 (ei ) i=1 i=1 i=1 m−1 (e ), . . . , ϕm−1 (e ) est une base de A sur A , est est nul, ce qui, compte-tenu du fait que ϕ 1 K F d ψ=0 −m équivalent à ce que xi ∈ ϕ (AF ) si 1 6 i 6 d. Tout ceci montre que l'on doit (et peut) poser R0 (x) = d X R0 (xi )ei et R∗m (x) i=1 Remarque III.2.5. R∗m (xi )ei . i=1 On pourrait être tenté de déduire de la proposition précédente le même eK A énoncé en remplaçant par e A et AK pas possible car en réduisant modulo e E et topologie naturelle de e. A p, par A, puisque eK e = ∪A A K K est dense dans e. A Ce n'est on aurait un énoncé analogue à la proposition III.2.3 en e . Le problème est que EF par E, or ce dernier corps est dense dans E ∗ e les applications R0 et Rm sur AK sont continues pour la topologie p-adique mais pas pour la remplaçant Si eF E = d X m ∈ N, par on pose Rm = R0 + Proposition III.2.6. Pm ∗ i=1 Ri . Si m ∈ N, alors = ◦ Rm . R0 ◦ ∗ −m (B )-linéaires. (ii) Rm et les Rk pour k > m + 1 sont ϕ K e K , alors x = lim Rm (x). (iii) Si x ∈ A (i) ϕm ϕm m→+∞ Démonstration. Le (i) résulte immédiatement de l'unicité de la décomposition donnée dans la proposition III.2.4 et le (ii) résulte de cette unicité et du fait que y∈ ϕ(x)y ∈ Aψ=0 K si x ∈ AK et Aψ=0 K . Quant au (iii), c'est une conséquence de la convergence de la série (III.2.4.1). Proposition III.2.7. Si K est une extension nie de F , il existe n0 (K) ∈ N tel que si e † et m ∈ N, alors n ∈ N et n > n0 (K), a ∈ Z, x ∈ π a A r,K R0 (x) ∈ π a A†n,K Démonstration. On déduit le cas et R∗m (x) ∈ π a ϕ−m ((A†pm n,K )ψ=0 ). a ∈ Z quelconque a = 0. du cas a=0 et de la BK -linéarité des ∗ applications R0 et Rm . Supposons donc Dans le cas si e +, x ∈ A F K = F , si on ai (x) ∈ A+ F alors reprend la démonstration de la proposition III.2.4, on voit que quel que soit i ∈ I et donc que l'image de ∗ e + . D'autre part, si n ∈ applications R0 et Rm est incluse dans A F + π −kn k+1 e e [π] AF + p AF pour k ∈ N et comme [π] est une unité de e+ = A e† A F 0,F par les e † est l'intersection des N, A n,F † e An,F si n > 1, on peut aussi francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES e† A n,F e + + pk+1 A eF π −kn A F 19 k ∈ N. Comme π −kn ∈ AF et ∗ e + et A e F dans eux-mêmes, elles aussi les applications R0 et Rm sont AF -linéaires et envoient A F e + + pk+1 A e F et A e † dans eux-mêmes. On a donc R0 (A e† ) ⊂ A e † ∩ AF = A† et, si π −kn A F n,F n,F n,F n,F m > 1, voir comme l'intersection des pour e † ) ⊂ ϕ−m (Aψ=0 ) ∩ A e † = ϕ−m (Aψ=0 ) ∩ A e † m ) = ϕ−m ((A† m )ψ=0 ), R∗m (A n,F F n,F F p n,F p n,K n0 (F ) = 0. † † e e eK : B e F ]. [BK : BF ] = [B ce qui montre que l'on peut prendre Dans le cas général, on a ϕ(BK ) sur ϕ(BF ) utilisée dans la démonstration ei forment une base de ϕ(A†K ) sur A†F et il sut † † les ei forment une base de An,K sur An,F . Corollaire III.2.8. On peut donc prendre la base e1 , . . . , ed de de la proposition III.2.4, de telle sorte que les de prendre pour n0 (K) le plus petit n tel que Soient K une extension nie de F , γK un générateur de ΓK et c(K) l'entier déni au corollaire II.6.2. Il existe n(K) ∈ N tel que si n ∈ N, n > n(K) et a ∈ Z, e † peut s'écrire sous la forme x = x0 + (1 − γK )(y) avec x0 ∈ π a A† et tout élément x de π a A r,K n,K † a−c(K) e An,K . y∈π Démonstration. D'après le corollaire II.6.2, τK = γK − 1 est inversible sur (A†K )ψ=0 et il existe r(K) ∈ R+ tel que, pour tout r > r(K) et tout a ∈ Z, −1 τK ((π a A†r,K )ψ=0 ) ⊂ π a−c(K) A†r,K . Montrons que l'on peut prendre pour n0 (K) n(K) n'importe quel entier supérieur ou égal à r(K) et et x0 = R0 (x) et y = +∞ X −1 ϕ−m τK ϕm R∗m (x) . m=1 π a A†n,K et si x0 ∈ m > 1, ψ=0 −1 R∗m (x) ∈ϕ−m τK ϕm (π a )A†pm n,K ⊂ϕ−m π −c(K) ϕm (π a )A†pm n,K e† , ⊂ϕ−m ϕm (π a−c(K) )A†pm n,K ⊂ π a−c(K) A n,K D'après la proposition III.2.7, on a −1 ϕ−m τK ϕm ce qui permet de conclure. III.3. Descente de Proposition III.3.1. e† B à e† B K e † )) = {1}. H 1 (K∞ , GLd (B 1 e † )) sur H 1 (GK , GLd (B e † )). (ii) L'application d'ination de ΓK à GK induit une bijection de H (ΓK , GLd (B K (i) Démonstration. Le (ii) est une conséquence immédiate du (i) puisque celui-ci implique que le terme suivant dans la suite d'ination-restriction est trivial. Pour démontrer le (i), nous aurons besoin d'un certain nombre de lemmes préliminaires. Lemme III.3.2. e + (i.e. l'ensemble des x ∈ E e vériant vE (x) > Soit mEe l'idéal maximal de E 0). Alors 1 (i) H (K∞ , m e ) = 0. E francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 20 (ii) Si d > 1, alors H 1 (K∞ , 1 + Md (mEe )) = 1. Démonstration. cf. [5, chap. IV]. Le (i) de ce lemme admet le corollaire immédiat suivant dont nous aurons besoin dans la suite. Si s ∈ R, soit as l'ensemble des éléments x de e E vériant vE (x) > ps p−1 . Corollaire III.3.3. Si K est une extension nie de F et σ → cσ est un cocycle continu de GK∞ dans as , alors quel que soit η > 0, il existe c ∈ as−η tel que l'on ait cσ = (σ − 1)c, quel que soit σ ∈ HK . Si e , M ∈ Md (E) on note vE (M ) l'inf. des images des coecients de M la matrice dont les coecients sont les représentants de Teichmüller des e [M ] ∈ Md (A) coecients de M . par vE et Lemme III.3.4. Soient r ∈ R+ , k > 1 et σ → Uσ un 1-cocycle continu de HK dans e †r ) ∩ 1 + pk Md (A) e . Alors quel que soit η > 0, il existe V ∈ Md (E) e vériant vE (V ) > GLd (A p(r+η) k −1 k e† ) ∩ − p−1 k tel que le cocycle σ → (1 + p [V ]) Uσ σ(1 + p [V ]) soit à valeurs dans GLd (A r+η k+1 e 1 + p Md (A) Démonstration. Si s ∈ R, soit as e des éléments x vériant vE (x) > s. E e est un cocycle à valeurs dans L'image σ → Vσ de σ → Uσ −1 = Md (E) e Md (a−kr ) et le corollaire III.3.3 implique qu'il existe V ∈ Md (E) vériant vE (V ) > − p(r+η) p−1 k tel k −1 que l'on ait Vσ = (σ − 1)V quel que soit σ ∈ HK . Le cocycle σ → (1 + p [V ]) Uσ σ(1 + pk [V ]) k+1 M (A) e et comme 1 + pk [V ] et (1 + pk [V ])−1 = est par construction à valeurs dans 1 + p d † k k 2 e 1 − p [V ] + p ([V ] ) − . . . appartiennent à Md (A r+η ), on en déduit le fait que le cocycle σ → Vσ † e est aussi à valeurs dans GLd (A r+η ), ce qui permet de conclure. l'idéal fractionnaire de k k+1 M (A) e e dans p Md (A)/p d Corollaire III.3.5. e †r )∩ Soient r ∈ R+ , et σ → Uσ un 1-cocycle continu de HK dans GLd (A e . Alors quel que soit η > 0, il existe M ∈ GLd (A e † ) ∩ 1 + pMd (A) e tel que le cocycle 1 + pMd (A) r+η −1 σ → M Uσ σ(M ) soit trivial. Démonstration. Soit ηk une suite strictement croissante d'éléments de ]0, η[. Utilisant le lemme e k > 1 une suite de matrices Vk ∈ Md (E) k Mk = 1 + p [Vk ], le cocycle précédent, on construit par récurrence pour vE (Vk ) > −k(r + ηk ) telle que,si on pose vériant σ → (M1 . . . Mk )−1 Uσ σ(M1 . . . Mk ) e † ) ∩ 1 + pk+1 Md (A) e . Le produit inni Q+∞ Mk converge dans GLd (A r+ηk k=1 e vers une matrice M telle que le cocycle σ → M −1 Uσ σ(M ) soit trivial. D'autre 1 + pMd (A) e † ) qui est fermé dans GLd (A) e et donc part, chacun des termes du produit appartient à GLd (A r+η † e M ∈ GLd (A ), ce qui permet de conclure. soit à valeurs dans r+η σ → Uσ un cocycle continu de HK † e e †r ) quel dans GLd (B ). Comme HK est compact, il existe r ∈ R+ tel que l'on ait Uσ ∈ GLd (B que soit σ ∈ HK et il existe une extension nie galoisienne L de K telle que Uσ appartienne à e †r ) si σ ∈ HL . D'après le (ii) du lemme III.3.2, il existe une matrice M0 ∈ GLd (W (E e + )) 1+πMd (A −1 e et donc à valeurs dans telle que le cocycle σ → M0 Uσ σ(M0 ) soit à valeurs dans 1 + pMd (A) † e r ) ∩ 1 + pMd (A) e si σ ∈ HL . Le corollaire précédent montre qu'il existe M ∈ GLd (A e† ) GLd (A r+1 −1 M −1 U σ(M M ) = 1 quel que soit σ ∈ H et donc que la restriction tel que l'on ait M σ 0 L 0 Revenons à la démonstration de la proposition III.3.1. Soit francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES de σ → Uσ à HL 21 σ → Uσ est e † /B e† ) HK /HL = Gal(B L K est cohomologue au cocycle trivial. On en déduit le fait que cohomologue à un cocycle provenant par ination d'un cocycle sur e † )HL = GLd (B e † ). On termine la démonstration en utilisant la trivialité GLd (B L 1 e † /B e † ), GLd (B e † )), trivialité qui découle du théorème de Hilbert 90 appliqué à de H (Gal(B L K L e † /B e † (cf. proposition II.4.1). l'extension galoisienne nie B L K à valeurs dans III.4. La décomplétion ou le passage de e† B K à ϕ−∞ (B†K ) Ce paragraphe est consacré à la démonstration de la bijectivité de ι1 , c'est-à-dire à la démonstration de la proposition suivante. Proposition III.4.1. e † induit un isomorphisme de L'inclusion de ϕ−∞ (B†K ) dans B K e † )). H 1 (ΓK , GLd (ϕ−∞ (B†K ))) sur H 1 (ΓK , GLd (B K Lemme III.4.2. Soient K une extension nie de F et γ un générateur de ΓK . Si A ∈ GLd (AK ) vérie vE (A − 1) > 0, où A désigne l'image de A dans GLd (EK ), si i ∈ N est tel que e K ) vérie pi vE (A − 1) > c(K), où c(K) est l'entier déni au corollaire II.6.2 et si B ∈ GLd (A Ri (B) = 1 et Aγ(B) = BA, alors B = 1. Démonstration. Quitte à remplacer A par ϕi (A) et B par ϕi (B), on peut supposer vE (A−1) > c(K) et R0 (B) = 1. Supposons On peut alors écrire B = 1+ B 6= 1 et soit pk B1 où B1 k e K ). B∈ / 1 + pk+1 Md (A B 1 modulo p est non nulle le plus petit entier tel que est telle que sa réduction R0 (B 1 ) = 0. −1 Aγ(B) = BA implique, en regardant modulo pk+1 , la relation γ(B 1 ) = A B 1 A. m m ◦ R∗ à cette relation, que l'on pose C m ∗ Si on applique ϕ m = ϕ ◦ Rm (B 1 ) et Dm = ϕ (A), m ∗ utilisant la BK -linéarité de Rm et le fait que A ∈ GLd (AK ), on obtient la relation γ(Cm ) − −1 Cm = Dm Cm Dm − Cm . Or vE (γ(Cm ) − Cm ) 6 c(K) + vE (Cm ) puisque Cm est tué par ψ (cf. et vérie La relation corollaire II.6.2) et comme −1 vE (Dm Cm Dm − Cm ) > vE (Cm ) + vE (Dm − 1) = vE (Cm ) + pm vE (A − 1) > vE (Cm ) + c(K), ceci implique vE (Cm ) = +∞ et donc Cm = 0 quel que soit m∈N et par conséquent B 1 = 0, ce qui conduit à une contradiction et permet de conclure. Proposition III.4.3. Soit σ → Vσ un cocycle continu sur ΓK à valeurs dans GLd (BK ) et e C ∈ GLd (BK ) tel que le cocycle σ → Wσ = C −1 Vσ σ(C) soit à valeurs dans GLd (ϕ−∞ (BK )) ; alors C ∈ GLd (ϕ−∞ (BK )). Démonstration. ΓK k ∈ N tel que Wσ soit à coecients dans ϕ−k (BK ) quel que soit σ ∈ ΓK . Appliquant Rm pour m > k à l'identité Vσ σ(C) = CWσ et utilisant la ϕ−m (BK )-linéarité de Rm , on obtient la relation Vσ σ(Cm ) = Cm Wσ , où l'on a posé Cm = Rm (C). Comme Cm tend vers C quand m tend vers +∞, il existe m0 ∈ N tel que Cm soit inversible −1 e K ) si m > m0 . Utilisant alors les deux relations obtenues pour éliminer et CCm ∈ GLd (A −1 V = V σ(CC −1 ). Le cocycle σ → V étant continu, il existe Wσ , on obtient la relation CCm σ σ σ m e K ) et vérie vE (V γn − 1) > 0. Comme d'autre part, n ∈ N tel que Vγn appartienne à GLd (A −1 −m (B )-linéarité de R ), on peut on a Rm (CCm ) = 1 par construction (cela résulte de la ϕ m K −1 appliquer le lemme III.4.2 au corps Kn et à A = Vγn et B = CCm pour conclure au fait que C = Cm si m est assez grand et donc C ∈ GLd (ϕ−m (BK )), ce qu'il fallait démontrer. étant compact, Il existe francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 22 ι1 . Soient σ → Uσ et σ → Uσ0 des cocycles sur † e † ), c'est-à-dire tels qu'il existe ΓK à valeurs dans GLd (ϕ−∞ (BK )) cohomologues dans GLd (B K e † ) tel que l'on ait A−1 Uσ σ(A) = U 0 quels que soit σ ∈ ΓK . Comme ΓK est topologiA ∈ GLd (B σ K Passons à la démonstration de l'injectivité de quement engendré par un nombre ni d'éléments (il est en fait topologiquement cyclique), il existe GLd (ϕ−k (B†K )). k ∈ N tel que nos deux cocycles soient à valeurs Uσ0 par ϕk (Uσ ) et ϕk (Uσ0 ), on peut supposer que dans et on déduit de la proposition III.4.3 le fait que A ∈ GLd (ϕ−∞ (BK )) ceci implique que A∈ Uσ et GLd (B†K ) e † ), A ∈ GLd (B K Quitte à remplacer les deux cocycles sont à valeurs dans et comme GLd (ϕ−∞ (B†K )) et donc que nos deux cocycles sont cohomologues dans GLd (ϕ−∞ (B†K )) ; on en déduit l'injectivité. Pour démontrer la surjectivité de ι1 , nous aurons besoin du lemme suivant. Lemme III.4.4. Soient K une extension nie de F , γK une générateur de ΓK , c(K) et n(K) les entiers dénis au corollaire III.2.8, n ∈ N vériant n > n(K) et k > 3. Si e † ), U ∈ 1 + π 2c(K) Md (A†n,K ) + π kc(K) Md (A n,K e † ) telle que il existe M ∈ 1 + π (k−1)c(K) Md (A n,K e † ). M −1 U γK (M ) ∈ 1 + π 2c(K) Md (A†n,K ) + π (k+1)c(K) Md (A n,K Démonstration. l'écrire sous mentionnés. U vérie la condition du lemme. la forme d'une somme U = 1 + U1 + U2 où U1 et U2 appartiennent D'après le corollaire III.2.8, on peut écrire U2 sous la forme Supposons que la matrice On peut donc aux ensembles U2 = R0 (U2 ) + (1 − γK )(V ) avec e † ). R0 (U2 ) ∈ π kc(K) Md (A†n,K ) et V ∈ π (k−1)c(K) Md (A n,K Un calcul brutal, utilisant le fait que 2(k − 1) > k + 1 puisque l'on a supposé k > 3, montre que (1 + V )−1 U γK (1 + V ) = (1 − V + V 2 · · · )(1 + U1 + U2 )(1 + γK (V )) est congru à e † ), ce qui montre que M = 1+V 1+U1 +R0 (U2 ) modulo π (k+1)c(K) Md (A n,K Corollaire III.4.5. convient. e † ), il existe Si n ∈ N vérie n > n(K) et U ∈ 1 + π 3c(K) Md (A n,K e † ) telle que M ∈ GLd (A n,K M −1 U γK (M ) ∈ GLd (A†n,K ). Démonstration. Le lemme précédent permet de construire par récurrence une suite de matrices e † ) et si l'on pose Uk = (M3 · · · Mk )−1 U γK (M3 · · · Mk ), Mk pour k > 3 telle que Mk ∈ 1+π (k−1)c(K) Md (A n,K Q † 2c(K) (k+1)c(K) e alors Uk ∈ 1 + π Md (A ) + π Md (A† ). Le produit inni +∞ Mm converge donc n,K dans e† ) 1 + π 2c(K) Md (A n,K k=3 n,K vers une matrice qui répond à la question. Revenons à la démonstration de la surjectivité de ι1 . Soit σ → Uσ un cocycle continu de e † ). Par continuité, il existe m ∈ N et n ∈ N vériant n > n(K) tel que ΓK dans GLd (B K e † ) si σ ∈ ΓK . Soit γm un générateur de ΓK . D'après le corollaire Uσ ∈ 1 + π 3c(K) Md (A m m n,K † 0 −1 e précédent, il existe A ∈ GLd (A ) telle que si U = A Uγm γm (A), alors U 0 ∈ GLd (A† ). K Soit σ → Vσ le cocycle sur ΓK déni par Vσ = A−1 Uσ σ(A). K On s'est débrouillé pour que francaisREPRÉSENTATIONS p-ADIQUES SURCONVERGENTES Vγm ∈ GLd (A†K ) et donc Vσ ∈ GLd (A†K ) quel que soit σ ∈ ΓK m 23 à cause de la relation de cocycle et de la continuité. Soit γ un générateur de ΓK . La relation de cocycle et la commutativité de ΓK impliquent les relations Uσγ = Uσ σ(Uγ ) = Uγ γ(Uσ ) et Uγ−1 Uσ σ(Uγ ) = γ(Uσ ), σ ∈ ΓK . On tire alors de la proposition III.4.3 appliquée au cocycle σ → Vσ sur ΓKm et C = Vγ , −∞ (B ) et comme ses coecients appartiennent aussi à B e †, le fait que Vγ a ses coecients dans ϕ K † −∞ (B )), puis, comme γ est un générateur de Γ , que σ → V est ceci implique que Vγ ∈ GLd (ϕ σ K K † −∞ un cocycle sur ΓK à valeurs dans GLd (ϕ (BK )) et comme σ → Vσ est cohomologue à σ → Uσ par construction, ceci permet de démontrer la surjectivité de ι1 et termine la démonstration de si la proposition III.4.1. III.5. Application aux représentations p-adiques Proposition III.5.1. Si K est une extension nie de F et σ → Uσ est un cocycle continu sur GK à valeurs dans GLd (Qp ), alors il existe M ∈ GLd (B† ) tel que le cocycle σ → M −1 Uσ σ(M ) soit trivial sur HK et donc à valeurs dans GLd (B†K ). Démonstration. e † et l'application naturelle de Qp étant un sous-corps de B e † )) étant une bijection d'après le thórème III.1.1, H 1 (ΓK , GLd (ϕ−∞ (B†K ))) dans H 1 (GK , GLd (B e † ) tel que le cocycle σ → M −1 Uσ σ(M0 ) soit trivial sur HK et à valeurs il existe M0 ∈ GLd (B 0 −∞ (B† )) et quitte à remplacer M par ϕk (M ), on peut supposer que le cocycle σ → dans GLd (ϕ 0 0 K M0−1 Uσ σ(M0 ) est à valeurs dans GLd (B†K ). Comme d'autre part l'image de H 1 (HK , GLd (Qp )) 1 dans H (HK , GLd (B)) est triviale (c'est une autre manière d'exprimer le fait que V (D(V )) = V si V est une représentation p-adique de HK ), il existe N ∈ GLd (B) tel que le cocycle σ → e K et la proposition III.4.3 apN −1 Uσ σ(N ) soit trivial sur HK . On en tire le fait que N −1 M0 ∈ B −1 −1 M0 et Vσ = N Uσ σ(N ) permet de montrer que N −1 M0 ∈ GLd (ϕ−∞ (BK )). pliquée à C = N k e † )∩GLd (B) = Il existe donc k ∈ N tel que M = ϕ (M0 ) ∈ GLd (B) et M est un élément de GLd (B GLd (B† ) tel que le cocycle σ → M −1 Uσ σ(M ) soit trivial sur HK , ce qui permet de conclure. Corollaire III.5.2. est surconvergente. Si K est une extension nie de F , toute représentation p-adique de GK Démonstration. Soit V une représentation p-adique de GK . Soit e1 , . . . , ed une base de V sur Uτ ∈ GLd (Qp ) la matrice de l'action de τ dans cette base. Comme GK agit trivialement sur GLd (Qp ), les matrices Uτ vérient la relation de cocycle Uστ = Uσ Uτ = Uσ σ(Uτ ) et on peut † −1 U τ (M ) utiliser la proposition précédente pour exhiber M ∈ GLd (B ) telle que le cocycle M τ soit trivial sur HK , ce qui fait que les colonnes de M forment une base de D(V ) constituée Qp et d'éléments surconvergents et permet de conclure. Remarque III.5.3. Dans une version précédente de cet article, nous avions énoncé une version plus forte du théorème III.1.1 incluant le fait que l'ination induit une bijection de H 1 (ΓK , GLd (ϕ−∞ (B†K ))) sur H 1 (GK , GLd (ϕ−∞ (B† ))). La démonstration était une variante de celle de la proposition III.5.1 exposée ci-dessus reposant sur la trivialité de trivialité qui a de grandes chances d'être fausse. H 1 (HK , GLd (B)), francaisFRÉDÉRIC CHERBONNIER & PIERRE COLMEZ 24 Références L-functions and Tamagawa numbers of motives, The Grothendieck Festchrift, vol. I, 333400, Prog. Math. 86, Birkhaüser 1990. [1] S. Bloch, K. Kato, [2] F. Cherbonnier, [3] F. Cherbonnier, P. Colmez, Théorie d'Iwasawa des représentations p-adiques d'un corps local, J. Amer. Math. Soc 12, 241-268, 1999. [4] R. Coleman, [5] P. Colmez, [6] J-M. Fontaine Représentations p-adiques surconvergentes, thèse de l'université d'Orsay, 1996. Division values in local elds, Invent. Math. 53 (1979), 91116. 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