Et ailleurs…? Cancer du poumon: un petit pas? La question Les efforts pour réduire la mortalité dramatique du cancer du poumon (CP) grâce à un dépistage précoce ont jusqu’ici échoué. Le CT spiralé est-il meilleur que la radiographie du thorax ou la cytologie, techniques employées précédemment? La méthode D’août 2002 à septembre 2007, 53 454 sujets à haut risque pour un CP ont subi chaque année pendant 3 ans un CT spiralé à faible dose (n = 26 722) ou une radiographie (n = 26 732). Le suivi a duré jusqu’à fin 2009. Les radiologues avaient subi une formation spéciale. Les images CT avec un nodule non calcifié de >4 mm ou n’importe que nodule non calcifié sur un cliché standard étaient classées comme suspect de cancer. Les résultats 95 (CT) et 93% des sujets ont subi les 3 examens. Le pourcentage de tous les examens de dépistage ayant identifié une anomalie cliniquement significative a été de 7,7% pour le CT et 2,1% pour la radiographie. 1060 cancers ont été détectés par CT et 941 par la radiographie. La mortalité par CP a diminué de 20% dans le groupe CT comparé à la radiographie. Le nombre d’examens pour prévenir un décès a été de 320. Pour les deux techniques, le taux de faux positifs a dépassé 94%. Les problèmes Le taux de complications pour arriver au diagnostic a été de >23%, ~ 10% ayant été qualifié de «majeur» mais avec une mortalité heureusement très faible (1–2%). La population était très motivée et ces résultats pourraient ne pas s’appliquer dans la «vie réelle». Les radiologues étaient spécialement attentifs concernant des signes de CP éventuels et disponaient d’une formation professionnelle spéciale: est-ce qu’en Suisse, on devrait envisager de converger? Le surdiagnostic reste un problème non résolu. Le coût reste un obstacle majeur: aux Etats-Unis, 7 millions de fumeurs auraient satisfait aux critères d’inclusion! Commentaires Grâce à un effort majeur, une diminution de 20% des décès a pu être obtenue. Le seuil d’alerte pour le CT était un nodule de 4 mm. On ne connaît pas les résultats d’une telle étude si ce seuil avait changé vers le haut ou vers le bas: moins et plus de faux positifs probablement mais aussi des CP ratés. On attend avec impatience des marqueurs moléculaires des CP dans le sang, les expectorations ou l’urine pour un dépistage plus facile et moins «lourd». N Engl J Med. 2011;365:395. / AdT M ême la fumée passive est délètère… Le tabagisme actif est un facteur de risque indépendant de survenue d’un diabète. Un suivi de 24 ans de près de 100 526 femmes issues de la Nurse Health Study a montré que comparées aux nonfumeurs, les femmes exposées à la fumée passive augmentent de 16% la probabilité de développer un diabète! Diabet Care. 2011;34:892–7. / AdT bovine: une cause de syndrome néphrotique de l’enfant? A lbumine La glomérulonéphrite membraneuse est une cause fréquente de syndrome néphrotique. L’antigène responsable du dépôt de complexes antigène-anticorps dans les membranes basales glomérulaires est dans 70% des cas une phospholipase. Chez l’enfant, ce n’est toutefois pas le cas. Les auteurs de cette étude ont trouvé de hauts taux sériques d’anticorps antialbumine bovine (forme cationique) chez 4 enfants sur 5 âgés <5 ans souffrant d’un syndrome néphrotique. Les enfants avec de hauts taux d’anticorps avaient aussi des dépôts d’albumine bovine dans les glomérules. L’origine alimentaire (lait de vache) avec passage direct d’albumine bovine du tube digestif dans le sang est possible. Ceci ouvre des perspectives thérapeutiques (diététiques peut-être) autres que des traitements stéroïdiens et/ou immunosuppresseurs: bonne nouvelle, particulièrement pour les enfants! N Engl J Med. 2011;364:2101. / AdT urvivants de cancers de l’enfance: risques à long terme! S accrus Les risques de développer un nouveau cancer chez les survivants d’un cancer traité pendant l’enfance sont mal connus à long terme. Cette étude a suivi pendant une médiane de 24 ans 17 981 patients survivants de plus de cinq ans à un cancer traité pendant leur enfance. 1354 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués. Les risques supplémentaires absolus sont chez les patients de plus de 40 ans et appartiennent aux cancers de la vessie et du tube digestif. Un suivi attentif semble important! JAMA. 2011;305:2311. / AdT C ancer du sein: encore une prévention efficace. Le tamoxifène et le raloxifène (modulateurs sélectifs de récepteurs aux œstrogènes ou SERM) sont deux médicaments reconnus pour la prévention du cancer du sein. Ils sont pourtant assez mal supportés. L’exemestane (E), un inhibiteur de l’aromatase, un enzyme clé dans la synthèse des œstrogènes, a été étudié chez 4560 femmes à hauts risques de cancer invasif du sein contre un placebo. Après 35 mois de suivi, on a détecté 11 cancers invasifs dans le groupe E et 32 dans le groupe placebo, une réduction significative de 65%. Le médicament a été très bien supporté. Il semble donc que ce résultat soit une avancée significative pour les patientes à haut risque. A signaler tout de même: l’étude a été financée par Pfizer… N Engl J Med. 2011:364; 2381. / AdT Auteur dans ce numéro: Antoine de Torrenté (AdT) Forum Med Suisse 2011;11(45):820 820