- 73 - - 74 - - 75 - Le groupe socialiste ne votera donc pas ces amendements. M. LORIDANT. – Ces amendements ne nous font pas sortir du débat, ils en sont un chapitre particulier, dont le contenu est peut-être insuffisant, mais qui doit permettre de prendre acte de cette orientation. Ne nous disputons pas lorsque nous sommes d’accord sur l’ensemble. Car la discussion n’a pas à débuter, monsieur Delfau, elle a commencé depuis longtemps entre le Gouvernement et sa majorité. Il n’y a pas opposition entre nous sur l’objectif mais il y aurait un inconvénient à ce que nous mettions en place dans la loi des instruments de définition. Que signifie concrètement par exemple une politique de « taux bas » ? La politique économique que mène un gouvernement au jour le jour, ne doit pas être fixée à l’avance par la loi. Une orientation politique est une chose ; la définition d’axes de gestion dans une loi est autre chose. M. DELFAU. – Je prendrai l’exact contrepied du rapporteur. Non, le secteur financier privé n’assure pas certaines exigences vitales comme le financement des très petites entreprises ou l’accès des couches populaires au logement. D’autre part, pour que le pôle financier public puisse remplir ces fonctions, il faut clarifier ses missions et aussi les conforter. Je préférerais d’ailleurs parler d’un « secteur financier public mixte » pour marquer les spécificités du statut juridique et pour insister sur la dualité des missions remplies, je pense en particulier à La Poste. Il y a aussi un problème de périmètre. Faut-il, ou non, y inclure La Poste, sachant qu’elle a évidemment des fonctions d’aménagement du territoire et de cohésion sociale ? Militant pour l’unité de cet opérateur public, je ne veux pas ouvrir une brèche par laquelle débuterait son découpage ! À propos du rôle de la Caisse des dépôts – aussi structure duale – il y aurait matière à clarification : quel lien organique aura-t-elle avec les entreprises, par le biais de sa participation au capital ? Il faut donc avancer, mais avec précaution, pour que nos intentions claires ne soient pas trahies dans la réalité. On aurait ainsi intérêt à établir un lien avec les articles 7 D et 90 E du traité de l’Union européenne, qui mentionnent des « services d’intérêt économique général », afin de conforter notre secteur public. Mes positions sont connues, je les ai exprimées dans la presse ; pourtant, je suis perplexe. Peut-être le ministre pourrait-il s’engager à ce que l’exposé des motifs ne soit que le début d’une réflexion en ce sens ? M. LORIDANT. – Ces amendements s’inscrivent dans la dynamique des relations politiques entre le Gouvernement et sa majorité plurielle : le ministre a écrit à M. Hue pour lui dire son souhait de voir se constituer un pôle financier public. M. MARINI, rapporteur. – Je comprends tout ! L’exposé des motifs, c’est la lettre à M. Hue ! (Sourires.) Nous constatons que le secteur financier privé est très défavorable aux exclus, aux toutes petites entreprises. Nous attendons du Gouvernement qu’il précise ses orientations : comment envisage-t-il la coordination entre la banque des P.M.E., La Poste, les caisses d’épargne ? Sous la forme d’une G.I.E. ? Nommera-t-il un coordinateur ? Le ministre rédigerat-il une instruction ? Quelles sont ses intentions et, surtout, son calendrier ? Tel est l’objet de ces amendements que les socialistes jugent nécessaires mais inopportuns. M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Tout ce qui a été dit est public. Je ne vois pas pourquoi il faudrait nommer un coordinateur du secteur financier public ; ce coordinateur, c’est le ministre. C’est bien dans cette optique que tous les éléments de la sphère publique, y compris La Poste, ont été rattachés à un seul et unique ministère. Mais il n’y a aucune raison de figer tout cela dans la loi. Dans le passé, nous avons, moi le premier, eu le tort de surestimer l’impact des lois sur l’économie. Non, l’activité économique ne résulte pas de la loi. L’économie vit, elle évolue. Sachons faire la part des choses. Il est convenu de juger inefficace le service public. À tort : le service public est très efficace dans certains domaines. M. MARINI, rapporteur. – À preuve le Crédit lyonnais sous la direction de M. Haberer ! M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Néanmoins, ne nous mettons pas des boulets aux pieds en nous donnant la satisfaction illusoire d’ajouter trois articles dans la loi. Ce n’est pas en légiférant qu’on décrète l’activité économique. M. BOURDIN. – Faut-il rappeler que les caisses d’épargne sont une personne morale de droit privé, même si la Caisse des dépôts et consignations y est partie prenante – d’ailleurs non majoritaire. Je suis de ceux qui souhaitent que les caisses d’épargne diversifient un peu leurs participations, surtout dans l’action de proximité, où il semble qu’on ait besoin d’un pôle mutualiste. M. MARINI, rapporteur. – Absolument ! M. BOURDIN. – Mais laissons leurs futurs dirigeants le soin de mener leur politique sans leur imposer un carcan. M. MARINI, rapporteur. – Très bien ! M. LAMBERT, président de la commission. – Cet intéressant débat me donne l’occasion de réitérer la question que j’ai posée, dans la discussion générale, sur le gouvernement d’entreprise. Quand j’ai demandé qui fixerait le cap, le ministre m’a répondu que, s’agissant d’une société coopérative avec porteurs de parts, il reviendrait aux organes normaux d’une telle société de fixer le cap. Mais il a insisté aussi sur l’importance de la Caisse des dépôts et consignation dans le capital. Monsieur le Ministre, ôtezmoi d’un doute : je vous ai demandé avec la naïveté que vous me connaissez (sourires.), qui allait commander. M. MARINI, rapporteur. – Vous voici devenu libéral ! M. CARRÈRE. – Qui préférezvous ? M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Oh, cela, on en reparlera ! M. LAMBERT, président de la commission. – En fin de compte, c’est public ou c’est privé ? N° 84 – Mercredi 5 mai 99 – 4 - 76 - - 77 - - 78 - M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Je peux répondre à M. le président et à sa feinte naïveté. La Caisse des dépôts et cosignation devrait avoir, nul n’en doute plus, 30 à 35 % du capital et probablement une minorité de blocage, au moins au début. Une minorité de blocage, cela signifie quelque chose ! de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale. nancement de projets contribuant à la protection de l’environnement et au développement durable du territoire et pour celui de projets d’économie locale et sociale. Mais ce n’est pas tellement cela qui fait que le réseau des caisses d’épargne a un légitime droit de cité dans ce pôle public qui vous intéresse visiblement autant que nous ; c’est que nous lui fixons dans la loi des missions d’intérêt général et que, à ma connaissance, c’est plus la sphère publique que la sphère privée qui assure de telles missions. La Caisse des dépôts, avec sa minorité de blocage, interviendra sous l’impulsion de Gouvernement si, d’aventure, le réseau des caisses d’épargne s’écartait de ces missions que nous lui assignons par la loi. C’est l’intérêt général qui fait la relation avec le pôle public d’intervention financière et cela se traduit par une Caisse des dépôts, non majoritaire, je le reconnais. Les décisions seront prises selon les règles du gouvernement d’entreprise dont vous parliez, mais avec un partenaire public important, et aussi d’autres partenaires, qui devront respecter la loi, laquelle définit les missions d’intérêt général. Les amendements de la commission, que je sache, ne modifient pas ces missions. Vous reconnaissez donc leur utilité. Conduire des missions d’intérêt général, c’est rejoindre l’intérêt public que le Gouvernement est chargé de mettre en œuvre. Les organes dirigeants des caisses d’épargne conduiront leur action dans le cadre de la loi que vous allez voter. Il n’y a là aucune contradiction. L’amendement adopté. n° 163 n’est pas Les amendements n os 162, 164 et 165 deviennent sans objet. Intercommunalité (Commission mixte paritaire) M. LE PRÉSIDENT. – M. le Président a reçu de M. le Premier ministre la lettre suivante : « Monsieur le Président, Conformément à l’article 45, alinéa 2, de la Constitution, j’ai l’honneur de vous faire connaître que j’ai décidé de provoquer la réunion d’une commission mixte paritaire chargée N° 84 – Mercredi 5 mai 99 Je loir, nat sein vous serais obligé de bien vouen conséquence, inviter le Séà désigner ses représentants au de cette commission. J’adresse à ce jour, à M. le Président de l’Assemblée nationale, une demande tendant aux mêmes fins. Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de ma haute considération. Signé : Lionel Jospin ». Il sera procédé à la nomination des représentants du Sénat à cette commission mixte paritaire selon les modalités prévues par l’article 12 du Règlement. La séance est suspendue à 19 h 25. * ** La séance est reprise à 21 h 35. Épargne et sécurité financière (Urgence) (Suite) PRÉSIDENT. Contrairement à l’appréciation du rapporteur, cet article ne constitue pas une déclaration d’intention, encore mois une illustration de l’hypocrisie du Gouvernement. M. MARINI, rapporteur. – Nous n’avons pas la même opinion. PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE GAUDIN, VICE-PRÉSIDENT M. LE premier. M. ANGELS. – On ne saurait remettre en cause les missions d’intérêt général des caisses d’épargne. C’est pourquoi l’article premier a une importance particulière : en les explicitant il trace des axes de solidarité et de lutte contre l’exclusion. Une partie des résultats sera affectée à des projets d’économie locale ou sociale, ainsi que, par un heureux ajout de l’Assemblée nationale, à la protection de l’environnement et à l’aménagement durable. Nos deux amendements en précisent la rédaction et regroupent les missions d’intérêt général. – Article Le réseau des caisses d’épargne remplit des missions d’intérêt général. Il participe à la mise en œuvre des principes de solidarité et de lutte contre les exclusions. Il a en particulier pour objet la promotion et la collecte de l’épargne ainsi que le développement de la prévoyance, pour satisfaire notamment les besoins collectifs et familiaux. Il contribue à la protection de l’épargne populaire, à la collecte des fonds destinés au financement du logement social, à l’amélioration du développement économique local et régional et à la lutte contre l’exclusion bancaire et financière de tous les acteurs de la vie économique sociale et environnementale. Dans les conditions fixées par l’article 6 de la présente loi, les caisses d’épargne et de prévoyance utilisent une partie des ressources relevant de leur activité bancaire et commerciale pour le fi- M. ANGELS. – Il met en valeur les missions originales des caisses d’épargne. Tant pis pour l’idéologie de la majorité sénatoriale, les caisses n’ont pas vocation à devenir des établissements coopératifs comme les autres. Non ! La caisse d’épargne n’est pas le Crédit agricole et ne doit pas le devenir ! Il faut au contraire renforcer sa mission d’intérêt général au service des ménages les moins favorisés comme des actions de proximité. C’est pourquoi nous soutenons cet article. (Applaudissements sur les bancs socialistes.) M. LORIDANT. – Les élus sont très sensibles aux missions conférées aux caisses d’épargne. Leur forme juridique présente des singularités : statut coopératif, dividende social. Pour la première fois, la loi affirme explicitement leurs missions d’intérêt général. Si nous nous en réjouissons, faut-il au nom de la spécificité de sa ressource comme de l’emploi de celle-ci, exonérer de la lutte contre l’exclusion les autres établissements, soucieux d’atteindre un montant critique ou de dominer ? Les caisses d’épargne doivent-elles être les seules à prendre en compte ce que les autres ne veulent pas traiter ? Le ministre a dit tout à l’heure leurs missions d’intérêt général et leur statut particulier. Si je prends la parole en cet instant, c’est pour que l’intention du législateur soit clairement exprimée : les caisses d’épargne forment sinon un pôle public du moins un pôle mixte. - 79 - - 80 - - 81 - L’amendement n° 166 est retiré. caisses d’épargne des principes de solidarité et de lutte contre les exclusions. Cette formule fait sans doute écho à la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions de juillet 1998, qui rappelait que « la lutte contre les exclusions est un impératif national fondé sur le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains et une priorité de l’ensemble des politiques publiques de la nation ». Le sixième alinéa de cet article fait obligation aux caisses d’épargne, en tant qu’acteurs de l’économie solidaire, de lutter contre les exclusions. Il est important de préciser que ces missions ont bien une portée normative, pour marquer la volonté du législateur, qu’un jour ou l’autre, les tribunaux seront amenés à rechercher. Soyons clairs : oui, le réseau a vocation à s’adapter à une clientèle peu fortunée, donc peu recherchée par les banques. Il a de plus une mission d’affectation des ressources. Il doit distribuer un dividende social. M. LE PRÉSIDENT. ment n° 166, présenté Beaudeau, MM. Loridant, les membres du groupe républicain et citoyen. – Amendepar Mme Foucaud et communiste, Avant le premier alinéa de cet article, ajouter un alinéa ainsi rédigé : Le réseau des caisses d’épargne participe au service public de l’épargne et du crédit exercé par le « pôle financier public » au service de l’emploi et de la formation. Dans ce cadre, il assume des missions d’intérêt général en partenariat avec la Caisse des dépôts consignations. Mme Marie-Claude BEAUDEAU. – Nous réaffirmons notre position de principe : le financement du logement social doit échapper aux contraintes du marché. Il faut donc maintenir l’affectation exclusive de la collecte du livret A au logement social. Toutefois, le coût de sortie des emprunts est aujourd’hui de 4,2 %. Ne peut-on améliorer les conditions de financement du logement locatif social ? Certains recommandent d’adopter la rémunération du livret A aux conditions de marché mais, outre que l’A.F.B. invoque les taux courts, le risque de collecte demeure. Dès que cette loi sera promulguée et que se profilera la loi de finances pour l’an 2000, il faudra se pencher sur la bonification des prêts accordés aux bailleurs sociaux. Si la priorité du Gouvernement est de lutter contre toutes les formes d’exclusion, il faut trouver un instrument de bonification ou de financement des opérations qui concourent à cet objectif. Le taux des prêts à 4,2 % est trop élevé quand la croissance est de 2 % ou 2,5 %, avec une inflation quasi nulle. Qu’un gouvernement de droite ait réussi il y a quelques années à mettre en place un prêt à taux zéro, soit ! Mais aujourd’hui il revient à un gouvernement de gauche de remettre les choses en place. M. MARINI, rapporteur. – Cet article, qui proclame l’objet social des caisses d’épargne est de pur affichage, sans portée concrète. On croit utile de mettre en exergue des missions d’intérêt général, sans portée normative, puisque ce texte n’entraîne aucune obligation en conséquence de ce principe. On reste donc dans le domaine du verbe. On cherche vainement la portée pratique ou contraignante pour les Après avoir rappelé la mission de promotion et de collecte de l’épargne traditionnellement allouée aux caisses d’épargne, le texte poursuit : « [le réseau] contribue à la protection de l’épargne populaire et au financement du logement social ». Une fois encore, le premier membre de cette phrase n’apporte rien en droit positif. Il suffit de lire le rapport de M. Raymond Douyère sur le présent projet de loi : « l’ensemble de la réglementation bancaire est destinée à assurer la protection de l’épargne. Les caisses d’épargne étant soumises à la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit, dite loi bancaire, elles doivent contribuer de facto à la protection de l’épargne ». Tous les organismes soumis à la loi bancaire doivent contribuer à la protection de l’épargne, ni plus, ni moins. Madame Marie-Claude Beaudeau, votre amendement entre dans ce cadre, mais il introduit une redondance au sein de cet article premier. Il serait souhaitable de mettre davantage l’accent sur l’aspect normatif et concret du dispositif. (M. Chérioux applaudit.) M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Le Gouvernement est favorable à l’amendement de Mme Marie-Claude Beaudeau. M. DELFAU. – Très bien ! M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Contrairement à ce que vient de dire le rapporteur, les missions d’intérêt général mises en évidence dans ce texte ont bien une portée normative. Sinon, comment expliquer que nous ayons passé une bonne partie de l’après-midi à écouter la majorité sénatoriale se plaindre du dividende social ? M. LORIDANT. – Nous entamons là un vrai débat, sur les missions d’intérêt général du réseau. Soyez clair, monsieur le Rapporteur général, ou vous acceptez cette réforme, ou vous faites un contreprojet de loi. Mais vous ne pouvez pas être pour ce projet et contre cet amendement ! (« Très bien ! » et applaudissements sur les bancs socialistes.) M. LAMBERT, président de la commission. – Ce débat commence mal… (« Oui ! » a droite.) M. DELFAU. – Il fallait que ces choses-là soient dites ! M. LAMBERT, président de la commission. – Il ne faudrait pas que l’opposition sénatoriale fasse de ce débat un point de cristallisation de la majorité plurielle. Sinon, nous sommes mal partis ! Je comprends et respecte profondément vos convictions. Mais je ne peux, au nom de la commission des Finances, avaliser l’introduction dans la loi de dispositions qui ne sont pas nécessaires à sa bonne compréhension. Je croyais que nous pourrions engager ce débat dans un esprit de consensus. Or l’idéologie fait son apparition dès le premier amendement. La démocratie repose sur l’échange des convictions mais vous semblez choisir l’affrontement. Si vous commencez par introduire de telles mentions dans la loi, le temps consacré à ce débat ira bien au-delà de ce que nous avions envisagé et son esprit sera bien différent. À titre personnel, et au nom de la commission des Finances, je le regretterais. L’objet de ce texte est de donner aux caisses d’épargne un statut pour l’avenir. Tenons-nous en à cet objectif. Pour en marquer l’importance, je demande, au nom de la commission des Finances, un scrutin public. M. DELFAU. – J’ai été sensible à l’argumentation du président de la commission des Finances. Nous ne sommes pas dans un débat idéologique, mais dans une discussion N° 84 – Mercredi 5 mai 99 - 82 - - 83 - - 84 - d’amendement. Il ne s’agit pas d’une déclaration d’intention, mais d’une disposition on ne peut plus précise, qui est conforme à l’objet du livret A. Il s’agit d’un fait, dont la loi doit tenir compte. Oui, nous avons un débat de fond. Vous vous en expliquez très longuement dans votre rapport, monsieur le Rapporteur général. M. LE PRÉSIDENT. – Voici les résultats du scrutin : M. ANGELS. – Il s’agit, d’une part de faire référence aux excédents d’exploitation, et de permettre le financement de projets contribuant à la protection de l’environnement et au développement durable du territoire, projets qui sont utiles à la collectivité. Je ne comprends pas que la majorité sénatoriale, par le biais de la commission des Finances, souhaite supprimer cet excellent ajout de l’Assemblée nationale. Nombre de votants .... Suffrage exprimés ....... Majorité absolue ......... Pour .............................. Contre ........................... 314 314 158 199 215 Le Sénat n’a pas adopté. Puisque vous avez demandé un scrutin public, chacun se prononcera : nos électeurs jugent, notamment les maires qui suivent nos travaux avec attention et apprécient beaucoup le livret A. M. CHÉRIOUX. – On reparlera bientôt. M. BOURDIN. – Je suis étonné de la tonalité… M. CHÉRIOUX. – De la véhémence ! M. BOURDIN. pos ! … de vos pro- Je suis un défenseur de la spécificité des caisses et du livret A, caractérisé par l’affectation de la collecte. M. LAMBERT, président de la commission. – Bien sûr ! M. BOURDIN. – Je ne vois pas pourquoi on en déciderait à l’occasion de ce texte. Je ne peux voter un amendement qui s’apparente fort à un cavalier. (On le confirme sur le banc de la commission.) M. CARRÈRE. – Je m’étonne de la tonalité de ce débat. M. CHÉRIOUX. – Nous aussi ! M. CARRÈRE. – Je souscris volontiers aux propos apaisants du président de la commission, mais je voudrais bien qu’on ne répondît pas à côté de la question. Le groupe socialiste votera l’amendement, qui n’est certes pas de nature à provoquer un combat idéologique féroce. À la demande de la commission, l’amendement n° 167 est mis aux voix par scrutin public. N° 84 – Mercredi 5 mai 99 Deux amendements viennent maintenant en discussion commune. Amendement n° 1, présenté par M. Marini au nom de la commission des Finances. Rédiger ainsi le second alinéa de cet article : Dans les conditions fixées par l’article 6 de la présente loi, les caisses d’épargne et de prévoyance utilisent une partie de leurs excédents d’exploitation pour le financement de projets d’économie locale et sociale. M. MARINI, rapporteur. – Il s’agit de lever une ambiguïté. L’utilisation dans le texte du projet, d’ailleurs proche de celui de 1983, du mot « ressources » et de la référence concomitante à l’article 6 pose un problème d’interprétation. La rédaction actuelle laisse entendre qu’il s’agit de toutes les ressources collectées pas les caisses autres que les fonds d’épargne centralisés à la Caisse des dépôts, interprétation retenue par la commission des Finances en 1991. Mais l’article 6 du projet de loi prévoit qu’une partie du résultat net comptable des caisses – et non leurs ressources – doit être, après constitution des réserves, affectée au financement de projets d’économie locale et sociale. L’Assemblée nationale n’a pas relevé cette différence. Il paraît difficile de faire peser la contrainte d’emploi des fonds sur la totalité des ressources. D’où notre amendement, qui s’inspire de l’article 16 de la loi de 1947 sur le statut de la coopération. M. LE PRÉSIDENT. – Amendement n° 126, présenté par M. Angels et les membres du groupe socialiste et apparentés. Rédiger ainsi le second alinéa de cet article : Dans les conditions fixées par l’article 6 de la présente loi, les caisses d’épargne et de prévoyance utilisent une partie de leurs excédents d’exploitation pour le financement de projets d’économie locale et de projets contribuant à la protection de l’environnement et au développement durable du territoire. M. MARINI, rapporteur. – Je partage les objectifs de M. Angels. Les précisions qu’il souhaite voir apportées sont contenues, pour la première dans l’amendement n° 1, pour la seconde dans l’amendement n° 7 à l’article 6. Il a donc satisfaction. M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – La référence aux excédents d’exploitation est bienvenue dans les deux amendements, mais celui de M. Angels mentionne la protection de l’environnement et le développement durable, qu’il faut conserver. M. LORIDANT. – Les caisses d’épargne doivent assurer des missions d’intérêt général et à ce titre être présentes dans les banlieues difficiles. Je sais d’expérience qu’il faut parfois de rudes batailles pour les conduire à renoncer à leurs projets de fermeture d’agences. Il fallait que cela fût dit. (M. Delfau approuve.) L’amendement n° 1 est adopté. L’amendement n° 126 devient sans objet. M. LE PRÉSIDENT. – Amendement n° 127, présenté par M. Angels et les membres du groupe socialiste et apparentés. Compléter in fine cet article par un alinéa ainsi rédigé : Les missions définies au premier alinéa, ainsi que les projets d’économie locale et sociale et les projets contribuant à la protection de l’environnement et au développement durable du territoire, doivent présenter à la fois un intérêt en termes de développement social ou de l’emploi. Chaque caisse d’épargne et de prévoyance tient compte des orientations définies par la Fédération nationale des Caisses d’épargne et de prévoyance pour le choix des projets sur son ressort territorial et pour apporter sa contribution aux actions régionales et nationales entreprises par le réseau. - 85 - - 86 - - 87 - M. ANGELS. – Il s’agit de transférer le dernier alinéa de l’article 6 à l’article premier, celui-ci définissant les missions d’intérêt général des caisses d’épargne. livret comme des comptes courants. En outre, l’épargne des ménages disponible est relativement réduite, ce qui posera d’indéniables problèmes lors de la vente des parts sociales. Enfin, le niveau de fonds propres est particulièrement faible. générale, j’ai indiqué pour quelles raisons nous ne pensions pas souhaitable de créer des groupements locaux d’épargne. Qu’il me suffise donc de dire que cet amendement n° 7 est un amendement de conséquence qui découle de notre volonté de simplifier l’architecture des caisses d’épargne. M. MARINI, rapporteur. – Nous n’avons pas de désaccord sur le fond, mais sur la place que ces dispositions doivent occuper dans le texte. L’article premier exprime de manière générale, très qualitative et très peu normative, les missions des caisses d’épargne. L’article 6 précise de façon plus technique et opérationnelle les conditions d’affectation des résultats des caisses. C’est à cet article que l’on trouve la définition concrète des projets susceptibles d’être financés par les caisses d’épargne au titre de ce que l’on appelle, d’ailleurs improprement, le dividende social. Cet amendement est donc conforme à la logique du texte mais il serait préférable de le rattacher à l’article 6. Je souhaiterais donc que M. Angels se rallie à l’amendement n° 7 de la commission qui est sensiblement identique au sien et qui porte sur l’article 6. L’amendement n° 127, accepté par le Gouvernement, n’est pas adopté. L’article premier, modifié, est adopté. M. LE PRÉSIDENT. – Article 2. Le réseau des caisses d’épargne comprend les caisses d’épargne et de prévoyance, les groupements locaux d’épargne, la Caisse nationale des caisses d’épargne et de prévoyance et la Fédération nationale des caisses d’épargne et de prévoyance. M. LISE. – Je souhaite attirer votre attention, monsieur le Ministre, sur la situation très particulière des caisses d’épargne des D.O.-M. ou, plus exactement, des caisses des Antilles, puisque comme vous le savez celle de Guyane n’existe plus et que celle de la Réunion a été rattachée à la caisse de ProvenceAlpes-Côtes d’Azur. On peut craindre que l’actuelle réforme ne leur crée de sérieuses difficultés compte tenu des handicaps structurels qu’elles connaissent et qui sont de trois ordres : les coûts de structures y sont en effet beaucoup plus élevés qu’en métropole du fait de charges de fonctionnement spécifiques et du fait qu’un grand nombre d’épargnants utilisent leur compte sur Ainsi la caisse métropolitaine ayant le plus bas niveau de capitaux propres dispose d’une réserve correspondant à huit fois celle de la caisse de Martinique qui se monte à 68 millions de francs, la caisse de Guadeloupe en dispose de moitié moins avec 35 millions, soit exactement le niveau requis dans le cadre de la dotation statutaire minimum des établissements bancaires. De toute évidence, ce projet de loi a été conçu pour des caisses disposant d’une surface financière beaucoup plus importante, conséquence des regroupements opérés en métropole au cours de cette dernière décennie. On ne peut donc se contenter de l’appliquer aux Antilles sans prendre des précautions toutes particulières. Il en va de la survie même des deux petites caisses qui s’y trouvent et dont personne ne peut sous-estimer l’intérêt sur le plan local. J’ai renoncé à déposer des amendements qui auraient semblé aller à contre-courant de cette réforme dont je comprends bien l’inspiration. Mais je souhaite vraiment obtenir des assurances quant à la volonté du Gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires, autres que législatives, pour que les deux caisses de Martinique et de Guadeloupe puissent poursuivre, voire renforcer, les missions indispensables d’intérêt général au service des populations concernées. M. LE PRÉSIDENT. – Amendement n° 2, présenté par M. Marini au nom de la commission des Finances. Dans cet article, supprimer les mots : « les groupements locaux d’épargne, ». M. MARINI, rapporteur. – Il s’agit d’un amendement de simple conséquence de la position de principe que votre commission vous demandera de prendre à l’article 4 sur la suppression des groupements locaux d’épargne et que nous souhaitons voir remplacer par des sections locales d’épargne, subdivisions de l’assemblée générale des sociétaires. Je préférerais donc attendre cet article pour me lancer dans une explication de fond puisque nous proposerons de le modifier substantiellement. Au cours de la discussion M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Je voudrais tout d’abord dire à M. Lise qu'il a eu raison de faire remarquer que la situation des caisses d’épargne en Martinique et en Guadeloupe était spécifique : avec respectivement 68 et 35 millions, leurs fonds propres sont faibles, même si elles collectent 75 % de l’épargne de ces îles alors que ce pourcentage est de 50 % pour l’ensemble du réseau. Cela démontre bien l’importance de ces caisses dans les D.O.-M. Je vous donne l’assurance que le Gouvernement tiendra compte de la spécificité de la situation afin que le retour sur investissement soit assurée, notamment aux Antilles. Certes, il faudra prévoir des procédures particulières mais nous y veillerons. J’en viens à l’amendement n° 72 et aux groupements locaux d’épargne dont nous avons déjà parlé cette après-midi. Le Gouvernement considère que ces groupements sont nécessaires et votre rapporteur est à tel point d’accord avec moi, qu’il propose de créer une structure semblable mais privée de la personnalité morale. C’est une différence mineure au regard des avantages que l’on peut en retirer. En outre, je n’ai pas évoqué cet après-midi un autre avantage qui tient à ces groupements : nous souhaitons que le sociétariat soit uniformément réparti sur le territoire ; or si de telles structures n’existent pas, nous risquons de le voir se concentrer dans les chefs-lieux ou les villes. Si l’on veut vraiment toucher tout le pays, il faut un intermédiaire et le groupement local d’épargne répond à cette exigence. Je ne vois donc pas bien pourquoi vous souhaitez tellement compliquer le débat en lui refusant la personnalité morale. Je ne comprends pas cet acharnement. Je ne suis donc pas favorable à cet amendement. M. CARRÈRE. – Je suis vraiment très étonné que vous mainteniez cet amendement, monsieur le Rapporteur, d’autant plus que vous proposez de substituer aux groupements une autre structure mais dénuée de personnalité morale. Quand on connaît la difficulté qu’il y a à regrouper sur un seul site les N° 84 – Mercredi 5 mai 99 - 88 - - 89 - - 90 - conseillers consultatifs et à assurer l’animation, on ne peut qu’être choqué de cette destination. peut aujourd’hui définir sous la nouvelle forme d’un réseau des caisses d’épargne. Si vous aviez proposé de supprimer purement et simplement en groupements, j’aurais pu comprendre votre logique mais cette substitution, qui s’accompagne de la perte de la personnalité morale et qui fera donc perdre à ces structures une partie de leur prestige me laisse sans voix. C’est un pis-aller qui empêcherait les petits épargnants de devenir sociétaires. Je vous supplie de retirer cet amendement. Nous voulons, comme les salariés du réseau, préserver la spécificité des caisses d’épargne et notamment leur caractère non lucratif. projets sociaux. Nous voulons plus de résultats pour plus de solidarité. S’il n’y avait ni but lucratif ni recherche de résultats, on irait à l’encontre du but que ce texte doit servir. L’amendement n° 2 est adopté. L’article 2, modifié, est adopté. M. LE PRÉSIDENT. – Article 3. Les caisses d’épargne et de prévoyance sont soumises, sous réserve des dispositions de la présente loi, aux dispositions de la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947 portant statut de la coopération et aux dispositions de la loi n° 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales. Elles sont des établissements de crédit et peuvent, nonobstant les dispositions de l’article 3 de la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947 précitée, exercer toutes les opérations de banque dans le cadre prévu par la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit. Amendement n° 168, présenté par Mme Marie-Claude Beaudeau et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen. Au début du second alinéa de cet article, après les mots : « Elles sont des établissements de crédit », insérer les mots : « à but non lucratif ». Mme Marie-Claude BEAUDEAU. – Si elle peut être considérée comme nécessaire, la réforme du statut des caisses d’épargne ne doit pas oublier les principes fondamentaux de leur statut actuel. Dans ce cadre, le caractère non lucratif de leur activité doit être clairement réaffirmé. La contradiction entre les principes qui président à la rédaction de l’article 6 et ceux relatifs aux sociétariat peut être résolue si l’on part de l’idée qui a inspiré la rédaction actuelle du texte : la constitution juridique d’une catégorie spécifique d’établissements financiers que l’on N° 84 – Mercredi 5 mai 99 Il s’agit clairement d’affirmer que les nouvelles caisses d’épargne ne seront pas totalement soumises aux mécanismes du marché, puisque les règles d’affectation de leurs excédents de gestion, la nature des fonds collectés comme l’usage social qui en est fait constituent autant d’éléments qui échappent à la banalité des activités bancaires. On peut s’en offusquer ou le regretter, mais aussi le relever à nouveau. L’utilisation des fonds d’épargne présente une assez sensible différence avec celle qu’en font les établissements de crédit traditionnel et l’on peut regretter que l’épargne salariale à vue collectée par ces établissements ne serve pas plus souvent à financer la création d’emplois ou la formation des salariés. Le caractère non lucratif des caisses d’épargne doit donc être maintenu, ne serait-ce que par rapport aux modes de collecte et d’utilisation de ces fonds. M. MARINI, rapporteur. – La commission n’est pas en accord avec cet amendement : les caisses d’épargne sont appelées à devenir des établissements de crédit coopératif de droit commun, qui ne différeront pas des caisses régionales du Crédit agricole, du Crédit mutuel ou des Banques populaires. On ne peut donc les qualifier d’établissements « à but non lucratif ». Elles devront, en outre, faire la preuve de leur efficacité économique, de leur rentabilité, bref, si vous me permettez ce mot grossier : faire des profits. (Sourires.) Car il leur faudra bien financer l’accroissement de leurs fonds propres et ainsi contribuer au financement de projets d’intérêt général. M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Je ne crois pas que les caisses d’épargne deviendront exactement comparables au Crédit agricole ou au Crédit mutuel, puisque nous avons tenu à leur assigner une mission d’intérêt général. Qu’appelle-t-on un but « lucratif » ? Les coopérateurs sont rémunérés ; on ne peut parler pour autant de leur esprit de « lucre ». Il y aura un dividende, qui sera utilisé dans des Je ne vois pas à quoi d’autre pourrait renvoyer la notion de « but non lucratif » ; mais, en tout état de cause, le texte définit clairement des missions d’intérêt général. Je préfère donc que le texte du projet de loi reste en l’état. M. DENEUX. – Le ministre a parlé de « résultats » ; j’attire son attention sur le fait que des résultats peuvent être négatifs. Mme Marie-Claude BEAUDEAU. – Je vois une contradiction entre l’article premier qui décrit des missions d’intérêt général et la nécessité de rémunérer les détenteurs de parts sociales. Quand nous avons auditionné l’intersyndicale, les salariés nous ont dit que l’un des aspects fondamentaux de la loi antérieure était la mention du but non lucratif. Nous souhaitons qu’elle soit conservée. M. GAILLARD. – Le ministre pourrait-il nous dire s’il est bien défavorable à cet amendement. Je n’ai entendu que des considérations sur le registre « cachez ce sein que je ne saurais voir » ! (Sourires.) M. LE PRÉSIDENT. – Le ministre m’a paru très clair. M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Il m’avait semblé que dire « je préfère que le texte reste en l’état » était strictement équivalent à « je ne souhaite pas qu’il soit modifié par cet amendement »… L’amendement adopté. n° 168 n’est pas M. LE PRÉSIDENT. – Amendement n° 169, présenté par Mme Marie-Claude Beaudeau et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen. Au début du second alinéa de cet article, après les mots : « Elles sont des établissements de crédit », insérer les mots : « à utilité économique et sociale spécifique ». - 91 - - 92 - - 93 - Mme Marie-Claude BEAUDEAU. – Nous venons de souligner le caractère particulier de la collecte des fonds d’épargne comme celui de son utilisation. Il apparaît donc que les caisses d’épargne ont une utilité économique et sociale spécifique dont nous souhaitons qu’elle soit inscrite dans la loi. Amendement n° 210, présenté par M. Badré et les membres du groupe de l’Union centriste. M. MARINI, rapporteur. – Les auteurs de ces amendements cherchent à préciser que les opérations connexes et extra-bancaires sont bien dans le champ des compétences des caisses d’épargne. Je serais tenté d’être favorable à l’amendement n° 210. Mais je voudrais l’avis du Gouvernement : cette précision est-elle nécessaire ? C’est le sens de cet amendement de repli. M. MARINI, rapporteur. – Voilà une catégorie juridique nouvelle et bien curieuse ! Faut-il comprendre que certains établissements de crédit sont dénués d’« utilité économique et sociale spécifique » ? En vérité, les amendements de Mme Marie-Claude Beaudeau sont révélateurs d’un malaise que ne peut manquer de susciter cette contradiction entre un article premier qui énonce de grandes idées généreuses et le reste de la loi dans laquelle le Gouvernement, de manière avisée, crée un cadre de droit commun, avec quelques dispositions spécifiques relatives à l’utilisation des fonds. J’ai déjà constaté ce malaise en auditionnant les syndicats. (M. Carrère dit qu’il n’y a pas de malaise.) Nous vivons dans un monde difficile. Le ministre a dit à juste titre qu’il fallait naviguer entre des contradictions et des obstacles. M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Convaincu par le rapporteur qui a dit et répété que les caisses d’épargne avaient des contraintes spécifiques, le Gouvernement est favorable à l’amendement. Dans le second alinéa de cet article, remplacer les mots : « de banque dans le cadre prévu », par le mot : « prévues ». M. DENEUX. – La réforme du réseau des caisses d’épargne doit placer les caisses dans le droit commun quant au périmètre de leur activité. Elles n’auront plus de restrictions légales et pourront exercer toutes les opérations de banque. Bien que cela soit implicite, il serait utile, pour lever toute ambiguïté, de préciser qu’elles peuvent également effectuer les opérations connexes à leur activité au sens de l’article 5 de la loi bancaire ainsi que les opérations extra-bancaires au sens de l’article 7 de la même loi. La limitation aux seules opérations de banques pourrait laisser penser que le champ de compétence actuel des caisses d’épargne est réduit alors que précisément la loi a pour objet de l’élargir. M. LE PRÉSIDENT. – Amendement n° 221, présenté par MM. Ostermann et Fournier. Dans le second alinéa de cet article, remplacer les mots : « de banque dans le cadre prévu », par le mot : « prévues ». M. OSTERMANN. – Cet amendement est identique à l’amendement précédent, auquel je me rallie. M. CARRÈRE. – Quand le rapporteur a reçu les syndicats, il aurait pu les interroger plus avant : il aurait entendu leurs réponses, qui étaient opposées aux siennes. M. LE PRÉSIDENT. – Amendement n° 215, présenté par M. Bourdin et les membres du groupe des Républicains et Indépendants. Cette manière de ne présenter les choses qu’à moitié a peut-être un intérêt dialectique. Politiquement, elle trouve vite ses limites ! Dans le second alinéa de cet article, après les mots : « toutes les opérations » supprimer les mots : « de banque ». Quant à l’amendement, il peut être retenu plus facilement que le précédent sur lequel nous nous étions abstenus ; nous le voterons. L’amendement adopté. n° 169 n’est pas M. LE PRÉSIDENT. – Trois amendements peuvent faire l’objet d’une discussion commune. M. BOURDIN. – Avec une rédaction différente, cet amendement a le même objectif que le précédent. La restriction aux seules opérations de banque pourrait laisser penser que le champ de compétence actuel des caisses d’épargne, qui de fait réalisent aujourd’hui des opérations connexes et extra-bancaires, est réduit alors que la loi a pour objet d’élargir celui-ci. M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Le souci des auteurs de ces amendements est légitime, mais ces derniers sont inutiles : les opérations de banque intègrent bien l’ensemble des opérations annexes. Je précise que toutes les opérations connexes visées par la loi bancaire sont possibles. Ces amendements pourraient donc être retirés. M. MARINI, rapporteur. – Je pense que ces explications, conformes à la loi bancaire, donnent des assurances suffisantes aux auteurs des amendements. Les amendements n os 210, 221 et 215 sont retirés. M. LAMBERT, président de la commission. – La loi n’en aura que moins d’embonpoint ! M. LE PRÉSIDENT. – Amendement n° 170, présenté par M. Loridant et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen. Compléter in fine cet article par un alinéa ainsi rédigé : Les établissements de crédit soumis aux dispositions de la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947 portant statut de la coopération s’engagent à respecter les principes d’organisation et de fonctionnement démocratique inhérents au statut coopératif. M. LORIDANT. – Nous mettons en évidence la nécessité d’appliquer les principes de la démocratie dans le fonctionnement des instances délibératrices des groupements locaux d’épargne comme des caisses d’épargne. Il s’agit de réaffirmer le principe « un homme, une voix » propre au sociétariat dans les structures coopératives, ainsi que la nécessité d’un fonctionnement démocratique des assemblées générales, en particulier en matière de convocation et de fourniture des documents. Nous déposerons ultérieurement un amendement tendant à ce que la première action ait un tarif préférentiel, afin que les sociétaires disposent au moins d’une part sociale. N° 84 – Mercredi 5 mai 99 - 94 - - 95 - - 96 - Dans un tel système, chaque sociétaire doit avoir son mot à dire, quel que soit son nombre de parts. Rédiger comme suit cet article : Les parts sociales des caisses d’épargne et de prévoyance sont détenues par des sociétaires. Peuvent être sociétaires des caisses d’épargne et de prévoyance les personnes physiques ou morales ayant effectué avec la caisse d’épargne et de prévoyance une des opérations prévues aux articles premier, 5, 6 et 7 de la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 précitée, les salariés de cette caisse d’épargne et de prévoyance, les collectivités territoriales et, dans les conditions définies par l’article 3 bis de la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947 précitée, les autres personnes physiques ou morales mentionnées à cet article. Les collectivités territoriales ne peuvent toutefois pas détenir ensemble plus de 10 % du capital de chacune des caisses d’épargne et de prévoyance. « La mise en place des caisses locales serait une organisation lourde. En effet, celles-ci doivent être dotées de la personnalité morale. Cela suppose que le sociétariat soit organisé au niveau de la caisse locale pour dévolution d’une part des fonds propres de la caisse régionale. Si cette attribution de pouvoirs effectifs à un niveau proche et concret a le mérite d’être valorisante et mobilisatrice pour les sociétaires, elle impose un schéma complexe dont il n’est pas certain qu’il soit le mieux à même de garantir le dynamisme et le développement de la caisse régionale. Au demeurant, il présente l’inconvénient de démultiplier le problème de la constitution du sociétariat de départ par le nombre de caisses locales, puisque les sociétaires seraient propriétaires des caisses locales qui, elles-mêmes, détiendraient les caisses régionales ». M. MARINI, rapporteur. – L’amendement énonce que les établissements soumis à la loi sur les coopératives doivent respecter les dispositions de cette loi ! C’est intéressant, mais il est un peu inutile d’encombrer ce texte déjà complexe. Avis défavorable. M. STRAUSS-KAHN, ministre de l’Économie. – Avoir le souci que les établissements de crédit assujettis à la loi de 1947 respectent cette loi est une chose, le répéter dans la loi en est une autre, qui ne nuit pas – sinon à l’embonpoint du texte – mais ne lui ajoute rien. Sagesse. M. LORIDANT. – Je vais retirer cet amendement mais je tiens à rappeler qu’à une époque où le rapporteur ne siégeait pas encore dans cet hémicycle, dans un projet de loi sur la mutualisation du Crédit agricole, le législateur, en dépit de mes appels à la prudence et de ceux de feu le président Dailly, avait admis qu’au sein du statut coopératif du Crédit agricole, tous les sociétaires n’étaient pas égaux, les agriculteurs étant avantagés. Je fus, pour la première fois, rédacteur d’un recours au Conseil constitutionnel et je m’honore d’avoir mis en défaut le Crédit agricole pour non-respect du statut coopératif. Ce n’est donc pas un hasard si le sénateur Loridant a déposé cet amendement. L’amendement n° 170 est retiré. L’article 3 est adopté. M. LE PRÉSIDENT. – Article 4. Les parts sociales des caisses d’épargne et de prévoyance ne peuvent être détenues que par les groupements locaux d’épargne. Les statuts des caisses d’épargne et de prévoyance peuvent prévoir que le nombre de voix dont dispose chaque groupement est fonction du nombre de parts dont il est titulaire. Lorsque la part de capital que détient un groupement local d’épargne dans la caisse d’épargne et de prévoyance à laquelle il est affilié excède 30 % du total des droits de vote, le nombre de voix qu’il lui est attribué est réduit à due concurrence. Amendement n° 3, présenté par M. Marini au nom de la commission des Finances. N° 84 – Mercredi 5 mai 99 M. MARINI, rapporteur. – Cet amendement de principe supprime l’échelon intermédiaire que constituent les groupements locaux d’épargne. La solution des sections locales d’épargne, subdivisions de l’assemblée générale des sociétaires avait initialement la faveur de M. Douyère avant que celui-ci ne se laisse convaincre de la nécessité de créer une structure à capital variable entre les caisses d’épargne et les sociétaires pour permettre aux caisses qui le souhaiteraient de demeurer à capital fixe en vue d’émettre des certificats coopératifs d’investissement. Il écrit ainsi dans son rapport au Premier ministre : « La section locale, circonscription électorale et lieu de débat, si elle pâtit de l’inconvénient d’une plus grande abstraction quant à l’exercice des pouvoirs du sociétariat, présente en contrepartie l’avantage de sa souplesse et de sa simplicité de mise en œuvre. Elle correspond en outre davantage au souhait de renforcer la dimension régionale des caisses en mettant en évidence la solidarité des sociétaires au sein de la caisse régionale. Les assemblées locales, dont le rôle pourra être plus ou moins fort selon la volonté de décentralisation exprimée par le réseau, contribueraient à préparer les assemblées générales qui se tiendraient au niveau de la caisse régionale, ce qui permettrait d’éviter les assemblées générales trop nombreuses, donc ingouvernables, ou trop restreintes, donc peu représentatives ». Sur les caisses locales – prémices des G.L.E. – dont il avait envisagé la création pour les caisses d’épargne, le député écrit : Tout à l’heure, le ministre a évoqué la difficulté qu’aurait un établissement coopératif à capital variable à émettre des C.C.I. Les groupements locaux d’épargne sont des sociétés à capital variable, tandis que les caisses d’épargne sont des sociétés coopératives à capital fixe. Juridiquement, rien ne s’oppose à ce que de telles sociétés à capital variable émettent des certificats coopératifs d’investissement : 18 caisses régionales du Crédit agricole l’ont fait pour un montant de 23 millions et demi de francs ; mais elles se sont engagées à éviter toute dilution dans le capital social. Il est possible d’envisager que les futures caisses d’épargne émettent des C.C.I. sans pour autant adopter les mêmes structures juridiques que les caisses du Crédit agricole et sans faire intervenir des G.L.E. Il faut cependant que le capital social ne fluctue pas excessivement. C’est possible en créant des sortes de comptes de créances pour gérer les variations du sociétariat. Bref, si la question posée est bien la vraie question, des solutions techniques existent et les spécialistes peuvent le vérifier. Puisque le désaccord entre le Gouvernement et la commission est, selon les propres termes du ministre, « relativement mineur », nous avons, je crois, levé toutes les objections à notre formule. M. LE PRÉSIDENT. – Sous-amendement n° 117 à l’amendement n° 3 de la commission des Finances, présenté par M. Bourdin et les membres du groupe des Républicains et Indépendants. Après les mots : « dans les conditions définies par l’article 3 bis de la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947 précitée »,