03 novembre 2010 COMMUNIQUÉ DE PRESSE Plan national de stérilisation des chats : Aves-Natagora soutient ! Crédit photo : Michel Garin Le Conseil du Bien-être animal, organe de consultation instauré au sein du SPF Santé Publique, projette un plan de stérilisation des chats afin de lutter contre la surpopulation de chats abandonnés dans le milieu naturel. Natagora, comme les SPA, n’est évidemment pas opposée à la possession de chat domestique. Mais, dans l’intérêt du chat comme de la faune sauvage, elle se réjouit du plan de stérilisation des chats annoncé par les autorités. Pourquoi? Pour le bien-être animal Un signe qui ne trompe pas : les Sociétés de Protection Animale soutiennent ce projet. Elles y voient une manière de lutter contre les désagréments de la surpopulation féline comme l’afflux ingérable de chats et chatons dans les refuges et d’éviter ainsi de devoir les euthanasier en grand nombre. L'impact sur la nature sauvage Natagora, Aves et les autres associations naturalistes ayant pour objet de protéger la faune sauvage sont elles aussi très favorables à ce projet. En effet, le nombre des petits animaux sauvages tués par les chats domestiques et errants est extrêmement élevé. À côté des rongeurs, les chats tuent aussi nombre d’oiseaux, de lézards, d’orvets… 2.200.000 chats La dernière Enquête Budget des ménages estime la population des chats domestiques en 2008 à 1.974.000 chats pour la Belgique, dont 846.000 en Wallonie et 117.000 pour la Région de Bruxelles-Capitale, sans compter les animaux des refuges (environ 37.000) et les nombreux chats sans propriétaire, errants et harets. Le nombre total de chats en Belgique est donc d’au moins 2.200.000. Des dizaines de millions de proies Combien de proies les chats prélèvent-ils dans la nature ? C’est évidemment fonction des individus, de zéro pour les chats confinés à l’intérieur jusqu’aux captures quotidiennes des chats errants, qui tuent pour vivre. On a calculé que les 9 millions de chats domestiques de Grande-Bretagne tuaient annuellement 275 millions de petits animaux (dont 55 millions d’oiseaux) et les 2,7 millions de chats néerlandais au moins 30 millions d’oiseaux en cinq mois. Quelles espèces ? La plus grande part de la prédation féline s’exerce sur des animaux vivant au sol : rongeurs, lézards, orvets, tritons, grenouilles… Mais les oiseaux sont aussi des proies de choix, particulièrement les espèces se nourrissant au sol (merles, rougesgorges…) ou dans les mangeoires (moineaux, mésanges…), même si d’autres espèces sont aussi capturées à l’occasion, y compris des espèces rares. Comme tous les prédateurs, le chat capture en premier lieu les jeunes animaux inexpérimentés, notamment les oisillons à la sortie du nid. Il faut savoir également que la stérilisation ne diminue pas les tendances prédatrices des chats. Disparition sous les griffes des chats On sait que les chats sont responsables de disparitions d’espèces endémiques dans des îles où ils ont été introduits. De telles conséquences ne semblent pas vraiment à craindre dans nos régions, sauf localement. Dans un jardin à chats, il est de notoriété que les orvets et lézards vivipares sont très rares. Localement au moins, les conséquences peuvent être majeures. Une étude néozélandaise (van Heezik, 2010) a montré que la ville de Dunedin fonctionne comme « puits » à cause de la surpopulation des chats : la ville serait complètement vidée d’oiseaux par la prédation féline s’il n’y avait pas d’installation régulière de jeunes oiseaux en provenance des zones voisines. La population féline exerce donc une pression supplémentaire d’origine anthropique qui s’additionne à toutes les autres causes de raréfaction. Concurrence anormale Enfin, le nombre de chats errants et domestiques qui chassent dans la nature dépasse de loin celui des prédateurs naturels (rapaces, renard, mustélidés …), auxquels ils font une concurrence anormale, car la disponibilité en proies ne régule pas la population des chats domestiques, toujours assurés de trouver leur nourriture à la maison. Cette concurrence est particulièrement forte lorsque les ressources en proies se raréfient. Lors des hivers rudes, les chouettes effraies, par exemple, meurent en grand nombre en raison de la difficulté de trouver des rongeurs. Les chats qui continuent à en tuer réduisent encore les chances de survie de ces chouettes, qui peuvent disparaître alors de certains lieux. Notre chat indigène Notre chat sauvage indigène est particulièrement menacé par la surpopulation des chats domestiques. Le chat domestique (Felis silvestris lybica), d’origine africaine, et notre chat sauvage indigène (Felis silvestris silvestris) sont génétiquement différents. En plus de la concurrence alimentaire, l’hybridation entre les deux, d’autant plus importante que les chats « domestiques » sont nombreux à l’état sauvage, met en danger la survie même de notre chat indigène! Conclusion Crédit photo : Jean-Marc Michalowski Même si les effets de la stérilisation prendront plusieurs années à se manifester, puisque les chats stérilisés seront remis en liberté et continueront à chasser, ils seront bénéfiques pour la faune naturelle et, comme l’assurent les SPA, pour les chats euxmêmes. En attendant, nous proposons une liste de quelques conseils (dont l’efficacité n’est pas garantie) à ceux dont les hôtes des nichoirs et mangeoires sont convoités par les chats. Quelques trucs et astuces pour éviter que la mangeoire des oiseaux ne soit une source de nourriture fraîche pour le chat. 1. Comme le chat aime se cacher pour chasser, placez les mangeoires loin des buissons ou des bosquets où le chat pourrait se dissimuler. 2. Placez les mangeoires à une hauteur d'environ 1,5 ou 2 mètres, de cette façon, les oiseaux pourront voir venir le chat. 3. Accrochez au collier de votre chat des petites clochettes. Il apprend vite à se déplacer sans faire de bruit mais lorsque vient le moment de bondir, de sauter, les clochettes tinteront. Alors il est certain que les oiseaux seront avertis. Quelques trucs et astuces pour protéger le nichoir. 1. Évitez de disposer le nichoir au faîte d'un mur ou à proximité de branches horizontales, facilement accessibles aux chats et autres prédateurs. 2. Supprimez le perchoir éventuellement incorporé au nichoir qui leur facilite l'accès. 3. Contre les chats grimpeurs, vous pouvez fixer autour du tronc une protection Stop-minou ou bien des branches épineuses dirigées vers le bas ou une plaque métallique. 4. Vous pouvez placer un grillage au sol, sous les mangeoires. Cela aura pour effet de ralentir le chat et de laisser le temps aux oiseaux qui se nourrissent des graines tombées au sol de s'envoler. 5. Placez un cône de métal en forme d'entonnoir renversé sur le poteau qui supporte la mangeoire, pour interdire l'accès aux chats. 6. Vous pouvez essayer d'arroser le chat qui est en train de chasser. Cela ne l'empêchera pas de chasser mais il ira peut-être ailleurs après quelques douches d'eau froide ! 7. Promenez le chat en laisse ou faiteslui un espace extérieur où il sera confiné. Le garder à l'intérieur est aussi une bonne solution. Mais si vous voulez que votre chat continue de se promener librement, il est peut être mieux pour vous de ne pas essayer d'attirer les oiseaux sur votre terrain ! Crédit photo : Magalie Tomas Millan Quelques références http://labrajack.over-blog.com/article-plan-federal-de-sterilisation-des-chats-gaia-etanimaux-en-peril-accueillent-favorablement-l-annonce-du-spf-sante-publiqueprotection-des-animaux-org-55781233.html http://www.ornithomedia.com/pratique/conseils/conseil_art50_1.htm http://www.aequoanimo.com/chats-errants.htm http://wildlife.wisc.edu/extension/catfly3.htm Le Chat et l’Oiseau : une cohabitation envisageable ? Roger Arnhem. L’Homme et l’Oiseau. 2003/1. pp 16-27. Philip J. Baker, Amy J. Bentley, Rachel J. Ansell and Stephen Harris Mammal Review 2005, Volume 35, No. 3&4, 302–312. Yolanda van Heezik , Amber Smyth, Amy Adams, Joanna Gordon Do domestic cats impose an unsustainable harvest on urban bird populations? Biological Natagora est une association de protection de la nature active en Wallonie et à Bruxelles. Avec un grand objectif : enrayer la dégradation de la biodiversité et reconstituer un bon état général de la nature, en équilibre avec les activités humaines. Natagora crée des réserves naturelles (plus de 4300 hectares), défend la nature au quotidien et organise, tout au long de l’année, des balades de découverte, des chantiers de gestion d’espaces naturels, des stages, des formations…