Cours du mercredi 22 février 2017 2) Biographie plus détaillée Germaine Tailleferre, de son vrai nom Marcelle Taillefesse, étudie le piano très jeune, d’abord avec sa mère, puis au Conservatoire de Paris, où elle obtient trois premiers prix (harmonie, contrepoint et accompagnement). C’est au sein de cette institution qu’elle rencontre les compositeurs Darius Milhaud, Georges Auric et Arthur Honegger. Rapidement, elle fréquente les milieux artistiques parisiens en vogue et côtoie Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin, Fernand Léger, Pablo Picasso et Amedeo Modigliani. En 1918, elle fait la connaissance des compositeurs Francis Poulenc et Louis Durey à l’occasion du premier concert des « Nouveaux Jeunes » durant lequel sont données ses œuvres Jeux de plein air et Sonatine pour quatuor à cordes (qui deviendra le Quatuor à cordes ). C’est moins une collaboration musicale qu’une amitié sincère qui donnera finalement naissance au Groupe des Six, baptisé ainsi par le critique musical Henri Collet (en référence au Groupe des Cinq ) et réunissant les noms de Germaine Tailleferre, Darius Milhaud, Georges Auric, Arthur Honegger, Louis Durey et Francis Poulenc. Après des œuvres de musique de chambre, et notamment une Première Sonate pour violon et piano composée pour le violoniste Jacques Thibaud, Germaine Tailleferre compose en 1923 un ballet néo-classique, Le Marchand d'oiseaux. Un peu plus tard, la princesse de Polignac lui commande un concerto pour piano ce dernier sera créé par Alfred Cortot à Philadelphie. A cette même époque, Germaine Tailleferre prend quelques cours auprès de Maurice Ravel qui l'encourage à préparer le prix de Rome. En 1926, elle épouse le dessinateur américain Ralph Barton et s'installe avec lui à Manhattan où elle se lie d’amitié avec Charlie Chaplin. Le couple Barton-Tailleferre revient en France l’année suivante et la compositrice s’atèle au ballet La Nouvelle Cythère, programmé pour la saison 1929 des Ballets russes. Malheureusement, le décès de Diaghilev annulera la représentation. Cette même année elle se sépare de Ralph Barton et commence l’écriture de chansons à partir de textes évoquant la condition féminine. Après un remariage avec un juriste français, Jean Lageat qui lui donne une fille, Françoise, en 1931, Germaine Tailleferre poursuit sa carrière de compositrice avec des œuvres comme la Suite pour orchestre de chambre, le Divertissement dans le style de Louis XV, le Concerto grosso pour deux pianos, quatuor de saxophones, huit voix solistes et orchestre ainsi qu’une série d’œuvres pour le cinéma. Durant la seconde guerre mondiale, elle s’exile avec sa sœur et sa fille à Philadelphie. Revenue en France à la fin du conflit, elle se consacre à deux nouveaux ballets, Paris-Magie et Parisiana, une Sonate pour harpe, ou encore un Concertino pour flûte, piano et orchestre. Durant les dernières années de sa vie, Germaine Tailleferre se tourne davantage vers l’enseignement, d’abord à la Schola Cantorum puis à l'École alsacienne de Paris. Vidéo : Documentaire sur Germaine TAILLEFERRE En quelques dates 1919 : rencontre avec Maurice Ravel. 1920 : formation du Groupe des Six. 1937 : collabore avec Paul Valéry pour sa Cantate du Narcisse, pour soprano, baryton, chœur de femmes et cordes. 1955 : compose pour Radio France une série de quatre courts opéras-comiques Du style galant au style méchant. 1957 : début d’une courte période d’expérimentation dodécaphonique. 1974 : publie un livre autobiographique « Mémoires à l’emporte-pièce ». 3) Son oeuvre Germaine TAILLEFERRE a composé toute sa vie durant et elle est assez abondante. Son catalogue comprend 178 oeuvres de genres variés (musique pour piano , pour orchestre, pour voix ... musiques de film, pour la radio ...). On a trop longtemps considéré que l'œuvre de Tailleferre se réduisait à une série d'œuvres charmantes pour le piano composées dans l'Entre-deux-guerres et que sa carrière de compositrice s'achevait à la Seconde Guerre mondiale. C'était ignorer ou oublier qu'en dehors de ces piècettes, elle composa surtout des œuvres de musique de chambre, des mélodies, deux concertos pour piano, trois études pour piano et orchestre, un concerto pour violon, son remarquable voire imposant Concerto grosso pour deux pianos, huit voix solistes, quatuor de saxophones et orchestre, quatre ballets, quatre opéras, deux opérettes, sans compter de nombreuses autres œuvres pour petits ensembles ou grand orchestre tel cet étonnant Concerto pour deux guitares et orchestre récemment retrouvé et enregistré en 2004 en Allemagne par Chris Bilobram et Christina Altmann. Jusqu'à un passé récent, une énorme partie de son œuvre restait inédite. Ce n'est que récemment que l'on a pu mesurer son ampleur et commencer à lui donner ou lui rendre la place qu'elle mérite . -> On remarquera que le style qu'elle a privilégié toute sa vie est le style néoclassique. Dans son oeuvre, on note en effet beaucoup de genres musicaux classiques : concertos, quatuors,sonates, ballets, opéras... D'ailleurs les 4 opéras bouffes qui sont au programme sont de style néo-classique puisqu'ils reprennent 4 styles d'époques différentes (RAMEAU / ROSSINI / CHARPENTIER / OFFENBACH) Ecoutes : Quelques oeuvres représentatives de son style - 1909 (elle a 17 ans) : Impromptu pour piano (= style proche de l'impressionnisme : DEBUSSY) - 1923 (elle a 31 ans) : Ballet Le marchand d'oiseaux (style néo-classique, proche de BACH) : Concerto pour piano n°1 (= style néo-classique ) - 1932 : Ouverture pour un opéra comique (= style néo-classique de caractère léger ) C'est une des oeuvres les plus jouées de G. TAILLEFERRE - 1934 : Concerto pour 2 pianos, quatuor de saxophones, 8 voix solistes et orchestre (c'est une sorte de concerto grosso // les concertos grossos de l'époque baroque) - 1955 : La rue Chagrin pour voix et piano (même époque que les 4 opéras bouffes, ici, proche du style cabaret avec des accents "jazz") - 1964 : Rêverie pour piano (de nouveau style impressionniste) II) L'opéra bouffe 1) Généralités sur l'opéra en général ° Définition : l'opéra est une pièce de théâtre chantée et accompagnée par un orchestre ° Origines : L'opéra est apparu dès la fin du XVIème siècle en Italie alors que les intellectuels de la Renaissance cherchaient à faire revivre l'ancienne tragédie grecque. Le 1er opéra connu date de 1600, il s'appelle Eurydice de Jacopo PERI. Mais le chef d'oeuvre du genre demeure Orfeo composé en 1607 par Claudio MONTEVERDI. Ecoute : Début de l'Orfeo de MONTEVERDI ° Protagonistes d'un opéra : réaliser un opéra nécessite le concours de nombreuses personnes. Outre le compositeur, les chanteurs, les instrumentistes et le chef d'orchestre, il faut un librettiste (il écrit le texte appelé le livret de l'opéra) , un metteur en scène, un décorateur et un costumier. -> L'opéra a beaucoup évolué au cours des siècles et suivant les pays dans lesquels il s'installe 2) L'opéra en France a) Epoque baroque ° L'opéra italien arrive en France en 1645 : le cardinal Mazarin avait fait venir de Venise une troupe qui interpréta La finta pazza à la cour de Louis XIV : le succès est immédiat. ° Mais il faut attendre 1671 pour voir le premier opéra réellement «français » : Pomone, de Robert Cambert et Pierre Perrin. ° Au début du XVIIe siècle, le style napolitain s’établit dans pratiquement toute l’Europe, sauf en France où le compositeur JeanBaptiste Lully, musicien de Louis XIV, fonda une école française d’opéra : la tragédie lyrique. Ses compositions reflétaient le faste de la cour de Versailles. Le ballet avait une place beaucoup plus importante dans les opéras français (tragédies lyriques) de Lully que dans les opéras italiens. Lully créa également un type d’ouverture, l’ouverture à la française. Dans la tragédie lyrique la compréhension du texte est primordiale, ce qui n'est pas le cas de l'opéra qui laisse une large place à la virtuosité, aux airs de solistes et aux vocalises. La tragédie lyrique se veut plus noble que l'opéra italien, valorise moins la voix de soliste mais laisse une large place à la danse et aux choeurs. Ecoute : Extrait de la tragédie lyrique Isis de J.B. LULLY (1677) ° Jean-Philippe Rameau avec Hippolyte et Aricie (1733), Castor et Pollux (1737) et Dardanus (1739), Les Indes galantes (1735), et Les Boréades (1764) ; Marc-Antoine Charpentier avec Médée (1693) et David et Jonathas (1684) ; André Campra avec Achille et Déidamie (1735) enrichirent à leur tour l’héritage de Lully. Ecoute: Les Indes Galantes de J.P. RAMEAU Petit résumé sur la tragédie lyrique ( G. COSE , académie de BORDEAUX )