LE RÔLE DE L’INFIRMIÈRE ET APPROCHES NON-PHARMACOLOGIQUES EN CLINIQUE EXTERNE DE DOULEUR CHRONIQUE GÉRIATRIQUE Yasmina Sleb inf. Clinicienne ASI Installation Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) Le 3 juin 2015 OBJECTIFS Se familiariser avec le concept de douleur chronique chez la personne âgée. Comprendre le rôle de l’infirmière en clinique externe. Comprendre l’importance d’une approche multimodale de prise en charge de la douleur chronique dont les approches non-pharmacologiques. Considérer l’importance de l’approche interdisciplinaire. Le concept de la douleur «Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d’un tel dommage». (IASP) Concept subjectif → Primordial de donner la parole au patient et de croire ce qu’il dit. Il est le seul capable d’interpréter son intensité, de la décrire et la nommer. La vieillesse et la douleur des conditions de vie → ↑ de l’espérance de vie. L’amélioration La prévalence de la douleur chronique au sein de la population canadienne ↑ avec l’âge. (Schopflocher et coll. 2011) Une existence plus longue se traduit aussi pour certains par une augmentation des problèmes de santé: les maladies chroniques, la souffrance, l’isolement, … La vieillesse et la douleur (suite) Un patient âgé et souffrant accumule les situations de pertes propres à l’âge, ainsi que des détériorations de son état de santé qui le fragilisent et sont causes de la douleur ou des douleurs qu’il ressent. (G. Laroque 2002) La vieillesse et la douleur (suite) La douleur des personnes agées → un champ négligé, pas toujours traitée ou traitée de façon insuffisante ou inadaptée. Les causes de ces méconnaissances sont multiples : Leur comportement plus stoïque→ la douleur conséquence normale du vieillissement. Évitent de parler de leur douleur par: crainte de déranger, peur du diagnostic, des investigations ou des traitements ex: médicaments type morphine (mort fine). Les comportements atypiques: agitation, confusion, repli, mutisme, anorexie… ETC. (Sebag-Lanoë et coll. 2002) La douleur concept multidimensionnel Composante sensorielle Composante affective Composante cognitive Composante comportementale Modèle de douleur gériatrique (les conséquences) ↓ autonomie AVQ et AVD ↓ appétit → perte de poids ↓ sommeil ↓ mémoire Impact fonctionnel Stimulus nociceptif Impact affectif (Lussier, 2007) Modèle de douleur gériatrique (les conséquences) dépression anxiété isolement social Impact fonctionnel Stimulus nociceptif (Lussier, 2007) ↓ qualité de vie ↓ état de santé ↑ utilisation services de santé Impact affectif Rôle de l’infirmière et législation professionnelle L'article 36 de la Loi sur les infirmières et les infirmiers définit le champ d'exercice de la profession comme suit : « L’exercice infirmier consiste à évaluer l’état de santé, à déterminer et à assurer la réalisation du plan de soins et de traitements infirmiers, à prodiguer les soins et les traitements infirmiers et médicaux dans le but de maintenir et de rétablir la santé de l’être humain en interaction avec son environnement et de prévenir la maladie ainsi qu’à fournir les soins palliatifs ». La clinique externe de douleur chronique La qualité et la continuité des soins sont des préoccupations majeures des centres de soins. À notre clinique, notre mission : Offrir une évaluation multidimensionnelle et interprofessionnelle Instaurer un plan d’investigation et de traitement adapté Assurer la prise en charge des besoins avec la collaboration du patient, sa famille et les partenaires Outiller l’usager et ses proches afin de favoriser leur implication dans la gestion de la douleur La douleur 5e signe vital à l’IUGM Dans la perspective d’un milieu de vie et de soins sans douleur, le dépistage et l’évaluation de la douleur constituent le 5e signe vital et doivent donc faire l’objet d’une révision régulière et systématique, en utilisant les instruments adaptés aux difficultés rencontrées par la clientèle de l’Institut. (IUGM 2011) Un regard sur notre clientèle Quelques caractéristiques sociodémographiques Année 2012-2013 2013-2014 2014-2015 Nb. % Nb. % Nb. % < 65 ans 1 0,6% 0 0 6 2.8% 65-74 ans 44 62 29.5% 50 24% 75-84 ans 66 29,1% 43,7% 96 45,7% 81 38.9% ≥ 85 ans 40 26,6 % 52 24.8% 71 34.3% TOTAL 151 100% 210 100% 208 100% Âge (n) : Tiré du rapport annuel 2014-2015, clinique gestion de la douleur chronique Causes les plus fréquentes de douleur Douleur lombaire Douleurs musculo-squeletiques Sténose spinale Arthrose facettaire Fracture ostéoporotique Arthrose Arthrite inflammatoire Douleur neuropathique (Lussier 2007) Radiculopathie Névralgie post-herpétique Un regard sur notre clientèle Répartition des diagnostics principaux des nouvelles évaluations 2012-2013 2013-2014 2014-2015 Nb. patients Nb. patients Nb. patients 83 110 120 28 22 23 Douleur colonne cervicale 7 15 13 Névralgie post-herpétique 3 3 5 3 0 0 Douleur viscérale 2 0 3 Radiculopathie lombaire 2 11 8 Douleur neuropathique autre 4 13 0 Douleur colonne thoracique 0 2 0 Étiologie principale de la douleur Douleur colonne lombaire Douleur musculo-squelettique autre Syndrome régional de douleur complexe Contribution de l’infirmière en clinique de douleur Savoir, savoir faire et savoir être! Possède les compétences requises → formation et son expertise. (Collecte de données et évaluation complète de la douleur): Examen physique, tests de laboratoire et hypothèses diagnostiques Évalue la signification de la douleur et la compréhension de celle-ci Tient compte des facteurs liés à la situation de la personne: culture, les croyances et les mythes, etc. (RNAO 2004) Enseignement: traitements pharmacologiques et leurs effets secondaires, traitements non-pharmacologiques Soutien, accompagnement patient/famille Pivot Références et suivi L’évaluation téléphonique (La collecte de données ∕évaluation initiale) Premier contact avec le patient Importance d’une bonne écoute → établir un début de lien de confiance Utilisation d’outils méthodiques et reconnus pour l’évaluation de la douleur Documentation de l’évaluation→ formulaire standardisé accessible à tous les cliniciens impliqués dans la prise en charge du patient Prépare le dossier du patient → s'assure de la présence de tous les documents essentiels à l’évaluation en clinique Les outils d’évaluation Il existe plusieurs outils dont certains spécialement élaborés pour les personnes âgées. Importance d’utiliser ceux qui sont le mieux adaptés selon l’adéquation avec la clientèle, tenant compte du degré d’atteinte de ses facultés cognitives. En clinique nous utilisons surtout des outils d’autoévaluation, les plus fréquents : Échelle numérique (BPI) Schéma de la douleur Ce type d’outil peut également convenir aux personnes atteintes d’une démence légère à modérée. (Misson et coll. 2012) Formulaire d’évaluation (Collecte de données) Le formulaire d’évaluation en clinique Les suivis au téléphone Beaucoup, beaucoup de suivis téléphoniques: Suivi introduction nouveau Rx Appel des patients: Anxiété → nouveau Rx → changement de Rx → effets secondaires Besoin de renouvellement et SURTOUT, SURTOUT, SURTOUT besoin d’être rassuré, informé, conseillé! La prise en charge du patient souffrant Traitement pharmacologique Traitement interventionnel (infiltrations) Épidurales Blocs facettaires Intra-articulaires Etc. Prise en charge suite… Traitement non-pharmacologique Enseignement (Programme de groupe patient- famille) Physiothérapie Musicothérapie (utilisée en infiltration) Yoga sur chaise Méditation pleine conscience ou Mindfulness (automne) Enseignement (éducation) Les croyances relatives à la douleur Les causes de la douleur La médication (l’utilisation, les effets secondaires…) Discussion concernant les attentes face aux différents traitements. La relaxation et la distraction L’hygiène du sommeil La sexualité Etc. La physiothérapie Programme d’exercices supervisés avec des recommandations posturales et positionnement de renforcement avec poids, élastiques, appareils mécaniques; de stabilisation de la région lombaire et/ou scapulaire; d’assouplissement musculaire et de mobilité articulaire; enseignement d’un programme d’exercices personnalisé; Enseignement des techniques de transfert Enseignement utilisation d’une aide technique adéquate à la marche La thérapie manuelle (mobilisation à l’aide des mains) Électrothérapie (courant électrique TENS et ultrasons) Thermothérapie (chaud/froid) YOGA sur chaise Approche douce utilisant des techniques de Respiration, Méditation, Relaxation permettant de : développer de la flexibilité réduire le stress améliorer la posture gérer la douleur YOGA sur chaise Un petit aperçu ! L’approche interdisciplinaire en clinique L’équipe interdisciplinaire Médecin Infirmière Pharmacien Patient Famille Physiothérapeute Psychiatre (Lussier 2007) Psychologue Ergothérapeute Le rôle de l’infirmière dans L’équipe interdisciplinaire Rôle indispensable au sein de l’équipe: Coordonne les activités cliniques Réévalue l’état de santé du patient ainsi que l’évolution de la douleur en tenant compte du plan de traitement Communique avec le médecin, le pharmacien, le physiothérapeute, etc. les informations pertinentes concernant tout changement de la situation de santé du patient. Les références post évaluation Continuité des soins et références autres cliniques au sein du centre ambulatoire: Hôpital de jour Clinique d’évaluation gériatrique Clinique de cognition Clinique des chutes Clinique de dysphagie Clinique de continence urinaire UCDG Services communautaires, centre de jour DSIE/CLSC Les partenariats Le patient partenaire La famille Le médecin spécialiste Le reste de l’équipe interdisciplinaire Le médecin de famille Le pharmacien Le CLSC Conclusion L’infirmière aux yeux du patient âgé souffrant Source additionnelle d’expertise au sein de l’équipe Accompagne le patient et sa famille Pivot Autonomie dans sa pratique Améliore la qualité et uniformise la gestion des soins (Boulard, Le May, 2008) DES QUESTIONS ??? POUR VOTRE INTÉRÊT ET VOTRE ATTENTION