Publications Mail Agreement N0. 40045789 Q mentum uarterly Qualité et soins de santé Printemps 2013 Prévention et contrôle des infections Agrément Canada Possibilités d’apprentissage accreditation.ca Certification Lean Six Sigma Contribuez au succès de votre organisme de santé! Apprenez comment maximiser les résultats de vos programmes d’amélioration de la qualité grâce à la formation Lean. Certificat de niveau ceinture verte Ottawa, Ontario (anglais) Du 16 au 20 septembre • du 28 octobre au 1er novembre • du 9 au 13 décembre 2013 (15 jours de formation) Utilisation d’outils et de techniques détaillés pour atteindre les meilleurs résultats possibles dans vos initiatives d’amélioration de la qualité. Animé par un maître Six Sigma, ceinture noire, ce cours offre une approche pratique qui repose sur l’utilisation de projets d’amélioration de la qualité suggérés par les participants. Le certificat de niveau ceinture verte vous est remis lorsque vous réussissez le projet. Certificat de niveau ceinture jaune Ottawa, Ontario (anglais) • du 4 au 7 novembre 2013 Montréal, Québec (français) • du 9 au 12 septembre 2013 Ce cours est très populaire! Nous sommes heureux de l’offrir à nouveau du 4 au 7 novembre à Ottawa et du 9 au 12 septembre à Montréal. Joignez-vous au nombre croissant de professionnels de la santé de partout au pays qui ont reçu un certificat dans le cadre de ce partenariat entre Agrément Canada et Six Sigma Canada. Voici quelques commentaires de participants aux séances en 2012 : Pendant cette séance, on nous a présenté de nombreux outils pour améliorer l’efficacité et l’efficience des services que je fournis. On nous a aussi donné une excellente base d’évaluation et d’amélioration de la qualité. Sonya Stanford, Eastern Health Les exercices en groupe nous ont aidés à apprendre de façon pratique! Travailler avec d’autres participants pour voir comment appliquer les méthodes enseignées fut très plaisant. Corrine Preisler, Centre Hébergement et Soins de Longues Durées Bayview Inc. J’ai beaucoup aimé le fait que ce cours intègre le programme Lean et Six Sigma, alors que la plupart des cours de formation portent uniquement sur le programme Lean. Sandra Kagoma, Brant Community Healthcare System Cliquez ici pour obtenir plus de renseignements sur ces séances et vous inscrire dès aujourd’hui! Centre d’apprentissage Q mentum uarterly Qualité et soins de santé Volume 5, numéro 4 Table des matières : Prévention et contrôle des infections 5 Qmentum Quarterly maintenant disponible en ligne… Wendy Nicklin 6 Amélioration de la qualité du nettoyage de l’environnement Dick Zoutman 11 Une approche fondée sur les données probantes pour l’application des meilleures pratiques de PCI Colette Ouellet, Cathy Egan 16 Prévention de la tuberculose et lutte contre la maladie dans le Nord canadien Kami Kandola, Kay Lewis, Karen Pardy, Kathie Pender 22 Désinfection chimique des surfaces dans le milieu des soins de santé Syed Sattar 31 Un outil de communication en prévention et contrôle des infections pour les soins de longue durée Geneviève Shama, Marie Lahaye 37 La relance de la prévention et du contrôle des infections à Terre-Neuve-et-Labrador Marion Yetman, Donna Moralejo 41 Gestion des éclosions au sein de l’autorité sanitaire de l’Île de Vancouver (VIHA) Joanne Baines 46 Programmes de gérance des antimicrobiens dans un contexte de soins de courte durée Jim Hutchinson 50 Mot de la fin : Tourné vers l’avenir Bernadette MacDonald 26 Amélioration du programme d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains des SSA Jenine Leal, Elizabeth A. Henderson Agrément Canada est un organisme sans but lucratif et indépendant qui fournit aux organismes de soins de santé nationaux et internationaux un processus d’agrément rigoureux et complet. Il favorise l’amélioration continue de la qualité au moyen de normes fondées sur des données probantes et d’un examen mené par des pairs indépendants. Agréé par l’International Society for Quality in Health Care, Agrément Canada aide les organismes à viser l’excellence depuis plus de 50 ans. Q 4 mentum uarterly Qualité et soins de santé Volume 5, numéro 4 PRINTEMPS 2013 Qmentum Quarterly : Qualité et soins de santé est un moyen de partager l’expertise, l’innovation et les pratiques exemplaires à l’échelle du pays. Cette revue se veut une tribune pour les organismes de santé et de services sociaux qui souhaitent améliorer la qualité et la sécurité des usagers. Publié par : Agrément Canada Rédactrice en chef : Jil Beardmore Présidente-directrice générale d’Agrément Canada : Wendy Nicklin Vice-présidente, Affaires et mobilisation : Paula McColgan Correctrices-réviseures : Andrée Brault-Plouffe Mireille Francoeur Christiane Rivard Vice-présidente, Innovation et développement : Bernadette MacDonald Adjointe administrative : Jennifer Laviolette Directeur, Développement des affaires : Paul Payette Mise en pages : Cyan Solutions Traduction : Christiane Rivard Jacynthe Juneau 24Translate Soludoc inc. Le Groupe Syntagme inc. Dépôt legal : Qmentum Quarterly Bibliothèque et Archives Canada ISSN 1918-039X Introduction Qmentum Quarterly maintenant disponible en ligne… Je suis ravie de vous présenter le premier numéro entièrement électronique de la revue Qmentum Quarterly. Wendy Nicklin Présidentedirectrice générale d’Agrément Canada Nous espérons ainsi répondre à la demande des lecteurs qui souhaitaient pouvoir transmettre plus facilement Qmentum Quarterly à leurs collègues. L’objectif est de diffuser de l’information sur les pratiques exemplaires le plus largement possible. C’est pourquoi je vous encourage à transmettre la revue aux personnes qui pourraient la trouver utile. La prévention et le contrôle des infections continuent de susciter l’intérêt des médias, du public, des politiciens et de tous les secteurs de la santé au Canada. Les éclosions de maladies infectieuses rappellent avec force que la PCI est un domaine en évolution et que nous apprenons collectivement à atténuer leur impact. Comme vous le savez, Agrément Canada met des normes de PCI à la disposition des organismes de santé pour les aider à offrir des soins de qualité. Une nouvelle version de ces normes paraîtra d’ailleurs en janvier 2014 et sera utilisée dans le cadre des visites d’agrément menées après janvier 2015. pour prédire le rendement sur le terrain. Il insiste donc sur l’urgence d’examiner l’activité microbicide de ces désinfectants, le libellé des étiquettes, les exigences d’homologation, la sécurité en général et l’utilisation sur le terrain. Jenine Leal et Elizabeth A. Henderson expliquent comment l’Alberta Health Services a remanié son programme d’hygiène des mains dans le cadre d’une initiative d’amélioration de la qualité. Surveiller le respect des pratiques d’hygiène des mains et donner de la rétroaction à ce sujet aux travailleurs de la santé sont deux éléments qui font partie intégrante des programmes d’amélioration de la sécurité des usagers et de l’hygiène des mains. Geneviève Shama et Marie Lahaye donnent un aperçu des pratiques de prévention et de contrôle des infections qui dépassent les pratiques de base dans les établissements de soins de longue durée. Elles ont conçu du matériel de communication qui rappelle les étapes à suivre pour prévenir la transmission d’infections. Marion Yetman et Donna Moralejo résument la mise sur pied du groupe provincial responsable du contrôle des infections à Terre-Neuve-et-Labrador (appelé le PIC-NL en anglais) en 2007. Il a été créé dans la foulée de l’examen réalisé en 2003 pour évaluer l’état de préparation de la province en matière de prévention et de contrôle des maladies transmissibles. Colette Ouellet et Cathy Egan nous encouragent à trouver des façons de passer de la création du savoir à l’action. Elles examinent la prévention et le contrôle des infections en Ontario, où il y a eu beaucoup de progrès à ce chapitre. Joanne Baines décrit la structure de gestion des éclosions de la Vancouver Island Health Authority. Elle est conçue pour améliorer les processus de communication pendant une éclosion et diminuer la durée d’une épidémie. Kami Kandola, Kay Lewis, Karen Pardy et Kathie Pender examinent de près la gestion de la tuberculose dans les Territoires du Nord-Ouest. Comme le taux d’incidence de cette maladie y est environ cinq fois plus élevé que dans le reste du Canada, on travaille assidûment pour mettre en œuvre des protocoles progressifs de prévention et de contrôle des infections et gérer les éclosions. Finalement, Jim Hutchinson dresse un historique des programmes de gestion des antimicrobiens et traite des options possibles pour aborder ces programmes à l’avenir. Syed Sattar s’intéresse pour sa part aux désinfectants de surfaces qui ne sont pas aussi efficaces qu’on pourrait s’y attendre, car les tests ne sont pas assez rigoureux Vous avez des commentaires à formuler au sujet de la revue ou du nouveau format électronique? N’hésitez pas à nous écrire à l’adresse [email protected]. Je vous remercie de votre engagement à l’égard de l’amélioration de la qualité des soins de santé. 5 PRINTEMPS 2013 Dans le présent numéro, Dick Zoutman nous rappelle que des pratiques de nettoyage efficaces peuvent grandement réduire le risque d’infections nosocomiales dans les établissements de santé du Canada. Il recommande de mettre en œuvre des pratiques de nettoyage rigoureuses, des listes de contrôle et des vérifications. Amélioration de la qualité du nettoyage de l’environnement 6 PRINTEMPS 2013 Compte tenu d’une part de la relation qui existe entre les infections nosocomiales et la sécurité des patients au sein du système canadien de soins de santé et d’autre part du rôle important que joue le nettoyage méticuleux de l’environnement dans la réduction du risque de transmission de ces infections, les normes d’Agrément Canada accordent une place importante au respect de bonnes pratiques de nettoyage. En effet, le recours à des pratiques, à des listes de contrôle et à des méthodes de vérification élaborées avec soin visant l’amélioration continue de la qualité contribue grandement à diminuer le risque de transmission des infections nosocomiales dans les établissements canadiens de soins de santé. Dick Zoutman présentes à la surface (Moore et coll., 2006). En outre, il est presque impossible de désinfecter toutes les surfaces dans un milieu clinique. Par exemple, dans une unité de soins intensifs, les procédures de nettoyage habituelles élimineront généralement 99 % des bactéries, dont la plupart sont des staphylocoques. Toutefois, les bactéries résiduelles se multiplieront très rapidement, et dans les six heures qui suivent, elles seront aussi nombreuses qu’avant le nettoyage (Attaway et coll., 2012). Par conséquent, les méthodes de nettoyage qui ne permettent pas d’éliminer toutes les bactéries selon un degré élevé de certitude laissent en place suffisamment de microorganismes qui pourront ensuite se multiplier de façon exponentielle dans un très court laps de temps. Réduction (log10) Facteur de réduction 90 % 1 10 fois moins 99 % 2 100 fois moins 99.9 % 3 1,000 fois moins 99.99 % 4 10,000 fois moins 99.999 % 5 100,00 fois moins 99.9999 % 6 1,000,000 fois moins L’ampleur du combat à mener contre les agents microbiens % de réduction Les bactéries sont des microorganismes remarquables qui peuvent survivre sur des surfaces pendant de longues périodes (Kramer et coll., 2006). Le SARM peut survivre jusqu’à sept mois, les Pseudomonas aeruginosa, jusqu’à 16 mois sur des planchers secs, tandis que les spores de Clostridium difficile, pendant au moins cinq mois. Sans un nettoyage adéquat, les bactéries résistent et ont amplement le temps de se multiplier, à notre insu, et finissent par causer des infections cliniques. Actuellement, les méthodes de nettoyage utilisées dans la plupart des établissements de soins de santé ne permettent pas d’éliminer la totalité des bactéries ou des virus d’une surface. En utilisant de l’eau et des linges en microfibre ou en coton pour nettoyer une surface sèche contaminée, on obtient, au mieux, une réduction de 2 log10 (99 %) des bactéries 7 PRINTEMPS 2013 L’état de propreté des établissements de soins de santé joue un rôle très important dans la transmission des infections nosocomiales. Les bactéries présentes dans l’environnement contaminent les mains du personnel soignant ou contaminent directement les patients. Le nombre de cas de transmission de patient à patient est directement lié au degré de contamination de l’ensemble des lieux (Weber et coll., 2010). Des études ont démontré que jusqu’à 20 endroits différents dans l’environnement immédiat du patient peuvent être contaminés par des bactéries pharmacorésistantes, Gram-positives et Gram-négatives. Par exemple, dans un établissement, on a décelé la présence de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) ou d’Enterococcus résistant à la vancomycine (ERV) (Lemmen et coll., 2004) sur 25 % des surfaces. Sachant cela, il faut interpréter avec une grande prudence les allégations faites par les fabricants des désinfectants approuvés pour les hôpitaux. Comme le montre le tableau 1, un désinfectant qui devrait détruire 99 % des bactéries ne donne lieu en réalité qu’à un taux de réduction bactérienne de 2 log10. Une allégation de désinfection à 99,99 % équivaut en fait à une diminution de 4 log10 de la charge bactérienne de départ. On parle d’une désinfection de haut niveau lorsque la réduction de la charge bactérienne est de 6 log10 ou que 99,9999 % des bactéries à la surface sont détruites. En général, le taux de contamination moyen d’une surface clinique dans un établissement de santé se situe entre 2 et 3 log10 bactéries par cm2, ce qui fait que le taux actuel d’élimination des bactéries — qui est de l’ordre de 2 log10 — risque fort de laisser en place des microorganismes qui se multiplieront par la suite. Certains fabricants affirment que leurs produits éliminent un plus grand nombre d’agents pathogènes sur les surfaces (réduction bactérienne se situant entre 5 et 6 log10 ou destruction de 99,999 % à 99,9999 % des bactéries). Or, ces résultats ont été obtenus en laboratoire, où les produits sont appliqués dans des conditions bien définies. Dans la réalité, les désinfectants approuvés pour les hôpitaux sont souvent utilisés dans des circonstances nettement moins idéales, de sorte qu’ils sont beaucoup moins efficaces. Le présent article ne peut aborder tous les facteurs qui interviennent dans la destruction des bactéries pendant une procédure normale de nettoyage à l’aide d’un désinfectant approuvé pour les hôpitaux, mais précisons au passage que ces facteurs comprennent la nature du produit nettoyant et les allégations approuvées le concernant, sa concentration, le temps de contact, la nécessité d’appliquer ou non une friction (frottage) et le type d’article à utiliser pour le frottage (linge en coton ou en microfibre). Vous trouverez un excellent résumé des pratiques exemplaires de nettoyage de l’environnement dans tous types d’établissement de soins de santé sur le site Web du Comité consultatif provincial des maladies infectieuses (CCPMI) (http://www.oahpp.ca/ fr/services/pidac/index.html), qui relève de Santé publique Ontario. 8 PRINTEMPS 2013 Il suffit que cinq spores de Clostridium difficile soient présentes sur un centimètre carré de surface contaminée pour causer une infection. (Lawley et coll., 2010) Donc, même un nombre infime de bactéries, de spores ou de virus résiduels constitue un risque (Bhalla et coll., 2004; Bridges et coll., 2003). Une étude menée pendant neuf mois dans l’unité de soins intensifs d’un établissement de Chicago portait sur l’impact qu’une amélioration du nettoyage des lieux pourrait avoir sur la réduction de la transmission de l’ERV. Après une analyse minutieuse des séries chronologiques, on a constaté qu’un nettoyage méticuleux à l’aide d’un désinfectant approuvé pour les hôpitaux entraînait à lui seul unebaisse du taux de contamination environnementale par l’EVR et, par conséquent, du taux de contamination des mains du personnel soignant (Hayden et coll., 2008). Efficacité du nettoyage de l’environnement Grâce à l’utilisation de procédures de nettoyage efficaces dans les établissements de soins de santé, il est possible de réduire le risque d’infection. Dans un milieu de soins pédiatriques, l’amélioration des procédures de nettoyage a en effet permis de diminuer le taux de contamination environnementale par les virus de la gastroentérite infectieuse (Gallimore et coll., 2008). L’usage d’hypochlorite (eau de Javel) a entraîné une diminution des taux d’infection à Clostridium difficile dans différents hôpitaux (McMullen et coll., 2007). En outre, on a réussi à éliminer l’Acinetobacter baumannii multirésistant d’une unité de soins aux brûlés après avoir fermé cette unité et l’avoir désinfectée méticuleusement (Zanetti et coll., 2007). Par contre, il paraît toujours impossible d’éliminer complètement les infections nosocomiales par un nettoyage de l’environnement; c’est un but qui semble en quelque sorte inatteignable. De plus, le nombre de personnes par jour avec lesquelles un patient partage sa chambre augmente le risque de transmission du SARM, de l’ERV et de Clostridium difficile. En effet, dans un établissement de soins de courte durée, le risque d’être infecté par l’un de ces trois agents pathogènes s’accroît de 10 % par jour par nouvelle personne qui partage la chambre d’un patient (Hamel et coll., 2010). Pour cette raison et pour bien d’autres encore, il est plus sécuritaire pour un patient d’être placé dans une chambre individuelle. Que dit le programme Qmentum d’Agrément Canada au sujet de la propreté des lieux? Compte tenu d’une part de la relation qui existe entre les infections nosocomiales et la sécurité des patients au sein du système canadien de soins de santé et d’autre part du rôle important que joue le nettoyage méticuleux de l’environnement dans la réduction du risque de transmission de ces infections, les normes d’Agrément Canada accordent une place importante au respect de bonnes pratiques de nettoyage. À cet égard, deux critères de l’ensemble des normes sur la PCI du programme Qmentum retiennent l’attention. D’abord, le critère 10.1, précise ce qui suit : « Les rôles et les responsabilités sont définis au sein de l’organisme en ce qui concerne le nettoyage et la désinfection de l’environnement physique. » Étant donné les défis associés à la prévention des infections nosocomiales au moyen du nettoyage de l’environnement physique, il est essentiel d’adopter des procédures normalisées décrivant en détail les obligations et les responsabilités de chaque employé qui participe à l’étape importante qu’est le nettoyage. En fait, les procédures devraient reprendre les consignes d’utilisation des produits fournies par les fabricants et être fondées sur une évaluation rigoureuse des risques présents dans l’environnement d’un établissement de santé donné. Tout le personnel affecté au nettoyage doit suivre une formation sur les méthodes de nettoyage à appliquer. Il doit aussi recevoir une formation d’appoint chaque fois que les méthodes sont modifiées, et sa participation à la formation d’appoint doit être attestée par écrit. En outre, il faut définir clairement les activités de nettoyage et de désinfection qui sont menées à bien par des employés non affectés aux services d’entretien pour qu’il n’y ait aucune confusion à savoir qui est responsable du nettoyage des diverses aires de l’établissement. Il existe diverses techniques pour vérifier la qualité du nettoyage de l’environnement (Carling et coll., 2010). Par exemple, les superviseurs peuvent inspecter visuellement l’état de propreté des lieux en utilisant des listes de vérification détaillées (voir le document intitulé Pratiques exemplaires en matière de nettoyage de l’environnement en vue de la prévention et du contrôle des infections dans tous les établissements de soins de santé – deuxième édition, à l’adresse suivante : http:// www.oahpp.ca/fr/resources/documents/pidac/Environmental%20 Cleaning%20BP_FRENCH_FINAL_2012-07-19.pdf). Au cours Conclusion Le nettoyage des lieux est un défi de taille. Il est toujours possible d’améliorer les procédures de nettoyage qui sont utilisées actuellement, et rien ne doit être laissé au hasard. En effet, le recours à des pratiques, à des listes de contrôle et à des méthodes de vérification élaborées avec soin visant l’amélioration continue de la qualité contribue grandement à diminuer le risque de transmission des infections nosocomiales dans les établissements canadiens de soins de santé. Q Dick Zoutman Le Dr Dick Zoutman, M.D., FRCPC, est médecin-chef à la Quinte Healthcare Corporation et professeur émérite à la faculté de sciences de la santé de l’Université Queen’s. Il est aussi Associé du CRMCC. Durant l’épidémie du SRAS, en 2003, Dr Zoutman a présidé le Comité consultatif scientifique sur le SRAS de l’Ontario, qui était chargé de conseiller le gouvernement ontarien sur les stratégies à prendre pour gérer la crise. En 2004, il a été nommé coprésident du CCPMI de l’Ontario. Dr Zoutman est également visiteur pour Agrément Canada. 9 PRINTEMPS 2013 Le critère 10.6 du même ensemble de normes précise, quant à lui, que : « L’organisme évalue régulièrement la qualité du nettoyage et de la désinfection de l’environnement physique, et il utilise cette information pour apporter des changements aux politiques et procédures. » Dans un établissement de santé, le maintien d’un état de propreté adéquat est une tâche complexe qui ne peut être laissée au hasard. Il est donc recommandé de surveiller de près les procédures et les pratiques de nettoyage, notamment en ayant recours à des vérifications périodiques. À cette fin, il est utile de fournir aux employés des listes de vérification. Ces listes leur permettent de se sentir responsables de leur travail et d’être fiers de l’accomplir et de noter les tâches qu’ils ont terminées. De plus, les superviseurs peuvent se servir des listes de vérification pour s’assurer que toutes les procédures ont été suivies comme prévu et, s’ils constatent que certaines pratiques de nettoyage ne sont pas observées à la lettre, ils peuvent prendre les mesures correctives qui s’imposent. des dernières années, on a commencé à appliquer des substances fluorescentes sur les surfaces pour démontrer qu’elles avaient été nettoyées de façon adéquate. Il s’agit de méthodes permettant de déterminer de manière objective, quantitative et efficiente si les procédures de nettoyage sont efficaces. L’information ainsi obtenue devrait être utilisée à des fins d’amélioration continue de la qualité du nettoyage et pourrait même être communiquée à l’ensemble du personnel de nettoyage pour contribuer à améliorer le rendement global de toute l’équipe des services d’entretien. Références Attaway, H.H., S. Fairey, L.L. Steed, C.D. Salgado, H.T. Michels et M.G. Schmidt (2012). « Intrinsic bacterial burden associated with intensive care unit hospital beds: Effects of disinfection on population recovery and mitigation of potential infection risk », Am J Infect Control, 40: 907-912. Bhalla, A., N.J. Pultz, D.M. Gries, A.J. Ray, E.C. Eckstein, D.C. Aron et C.J. Donskey (2004). « Acquisition of nosocomial pathogens on hands after contact with environmental surfaces near hospitalized patients », Infect Control Hosp Epidemiol, 25(2): 164-167. Bridges, C.B., M.J. Kuehnert et C.B. Hall (2003). « Transmission of influenza: implications for control in health care settings », Clin Infect Dis, 37(8): 1094-1101. Carling, P.C. et J.M. Bartley (2010). « Evaluating hygienic cleaning in health care settings: what you do not know can harm your patients », Am J Infect Control, 38(5 Suppl 1): S41-50. 10 Gallimore, C.I., C. Taylor, A.R. Gennery, A.J. Cant, A. Galloway, J. Xerry, J. Adigwe et J.J. Gray (2008). « Contamination of the hospital environment with gastroenteric viruses: comparison of two pediatric wards over a winter season », J Clin Microbiol, 46(9): 3112-3115. PRINTEMPS 2013 Hamel, M., D. Zoutman et C. O’Callahan (2010). « Exposure to hospital roommates as a risk factor for healthcare–associated infection », Am J Infect Control, 38: 173-181. Hayden, M.K., D.W. Blom, E.A. Lyle, C.G. Moore et R.A. Weinstein (2008). « Risk of hand or glove contamination after contact with patients colonized with vancomycin-resistant enterococcus or the colonized patients’ environment », Infect Control Hosp Epidemiol, 29(2): 149-154. Kramer, A., I. Schwebke et G. Kampf (2006). « How long do nosocomial pathogens persist on inanimate surfaces? A systematic review », BMC Infect Dis, 16(6): 130. Lawley, T.D., S. Clare, L.J. Deakin, D. Goulding, J.L. Yen, C. Raisen et coll. (2010). « Use of Purified Clostridium difficile Spores To Facilitate Evaluation of Health Care Disinfection Regimens », Appl Environ Micro, 6895–6900. Lemmen, S.W., H. Häfner, D. Zolldann, S. Stanzel et R. Lütticken (2004). « Distribution of multi-resistant Gram-negative versus Gram-positive bacteria in the hospital inanimate environment », J Hosp Infect, 56(3): 191-197. McMullen, K.M., J. Zackm, C.M. Coopersmith, M. Kollef, E. Dubberke et D.K. Warren (2007). « Use of hypochlorite solution to decrease rates of Clostridium difficile-associated diarrhea », Infect Control Hosp Epidemiol, 28(2): 205-207. Moore, G. et C.A. Griffith (2006). « Laboratory evaluation of the decontamination properties of microfibre cloths », J Hosp Infect, 64: 379-385. Weber, D.J., W.A. Rutala, M.B. Miller, K. Huslage et E. Sickbert-Bennett (2010). « Role of hospital surfaces in the transmission of emerging health careassociated pathogens: norovirus, Clostridium difficile, and Acinetobacter species », Am J Infect Control, 38(5 Suppl 1): S25-33. Zanetti, G., D.S. Blanc, I. Federli, W. Raffoul, C. Petignat, P. Maravic et coll. (2007.) « Importation of Acinetobacter baumannii into a burn unit: a recurrent outbreak of infection associated with widespread environmental contamination », Infect Control Hosp Epidemiol, 28(6): 723-725. Une approche fondée sur les données probantes pour l’application des meilleures pratiques de PCI 11 PRINTEMPS 2013 Le secteur de la prévention et du contrôle des infections (PCI) a besoin d’une approche réfléchie et pratique afin d’intégrer les données probantes dans les pratiques normales, notamment au niveau local. Le cycle « des connaissances à la pratique », décrit par Graham et coll., conceptualise la relation entre la création de connaissances et la pratique (2006). La synthèse et la transmission des connaissances sont les premières étapes permettant de changer les pratiques dans les soins de santé. Ces étapes sont bien exécutées dans les cercles de PCI de l’Ontario. Colette Ouellet Cathy Egan I l a déjà été dit que l’on fait face à un « paradoxe de la mise en œuvre, non fondée sur des données probantes, de programmes fondés sur des données probantes » (Fixsen et coll. 2005), et que « le transfert des résultats de recherche dans la pratique est imprévisible et peut être un processus lent et aléatoire » (Eccles et coll. 2009). Le secteur de la PCI a besoin d’une approche réfléchie et pratique pour faciliter la traduction effective de données probantes en pratiques courantes, notamment au niveau local. 12 Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) PRINTEMPS 2013 Au cours de la décennie qui a suivi l’apparition du syndrome respiratoire aigu sévère en Ontario, l’attention accordée aux pratiques de PCI a considérablement augmenté, et un travail substantiel a été réalisé afin de développer la base de connaissances en matière de PCI. Le défi pour les professionnels du contrôle des infections est de transmettre ces connaissances afin de faciliter leur application aux premières lignes des soins de santé. Cependant, il manque une approche systématique pour relever ce défi. Lors de la lutte contre le SRAS, il est ressorti clairement que l’interprétation des normes du ministère de la Santé et des Soins de longue durée au palier local exigeait de l’aide. Les directives et protocoles publiés pendant la crise étaient controversés et difficiles à interpréter en dehors de l’épicentre du problème, ce qui a mené à un manque de cohérence et à de la confusion dans l’ensemble du système. Le besoin de comprendre et d’appliquer de manière homogène les meilleures pratiques a persisté au-delà de la crise engendrée par le SRAS. Nous sommes toujours confrontés au défi des organismes résistants aux antibiotiques, aux infections à Clostridium difficile, et à d’autres infections associées aux soins de santé. Les données probantes semblent indiquer qu’il existe d’importantes divergences dans les pratiques de contrôle des infections entre les différents hôpitaux en Ontario, en matière de prévention et de gestion de ces infections. En 2000, une enquête pancanadienne examinant les pratiques en matière de PCI et les ressources dans les services de soins de courte durée a montré que beaucoup d’établissements manquaient de professionnels du contrôle des infections. L’enquête a également révélé que les programmes de surveillance des infections nosocomiales étaient incohérents et incomplets (Zoutman et coll., 2003). Cinq ans après l’expérience du SRAS, un examen réalisé par le Bureau du vérificateur général de l’Ontario a cerné des incohérences systémiques dans les programmes de PCI dans l’ensemble de la province : les pratiques de dépistage, les politiques d’isolement, la fréquence des audits et les définitions de la surveillance divergeaient considérablement (Bureau du vérificateur général de l’Ontario, 2008). Ces différences ont mené soit à un risque accru de transmission des organismes dans les hôpitaux qui ne suivaient pas les meilleures pratiques, soit à un usage excessif de ressources dans les hôpitaux qui allaient au-delà des meilleures pratiques, ce qui a occasionné des frais inutiles. Les professionnels du contrôle des infections ont assurément pour rôle de faciliter les changements de comportement du personnel de première ligne afin d’assurer que les meilleures pratiques en matière de PCI soient appliquées systématiquement dans un organisme. Pour que les efforts déployés soient efficaces, les professionnels doivent reconnaître l’importance de la culture organisationnelle, les différences entre les populations de patients ou la composition de la clientèle, et les autres variations organisationnelles. Saint reconnaît que « la mise en œuvre dans les soins de santé dépend souvent du contexte, du personnel hospitalier – aussi bien le personnel d’encadrement que les employés – et de la culture organisationnelle » (Saint et coll., 2010). Eccles déclare que « l’efficacité des interventions varie en fonction des différents problèmes, contextes et organismes cliniques » (Eccles et coll.., 2009). Ces différences font en sorte qu’il est difficile d’atteindre un certain niveau de cohérence et de standardisation, et de le maintenir. Le corpus de connaissances en PCI s’est rapidement étendu dans la décennie suivant le SRAS; une grande partie de ces connaissances a été intégrée dans les ressources créées par le Comité consultatif provincial des maladies infectieuses (CCPMI) de l’Ontario. De plus, un programme d’hygiène des mains multidimensionnel, fondé sur des données probantes et intitulé « Lavez-vous les mains », a été créé pour aider les établissements de santé à améliorer la conformité aux mesures d’hygiène des mains, celles-ci étant essentielles à la prévention des infections associées au milieu de la santé. Des efforts sont actuellement entrepris à Santé publique Ontario pour actualiser et développer des modules d’apprentissage électroniques à l’intention du personnel de la santé, afin d’optimiser la connaissance des meilleures pratiques et ainsi améliorer la sécurité des patients et des professionnels. En outre, des Réseaux régionaux de contrôle des infections ont été mis en place pour soutenir la coordination et la standardisation des activités de PCI dans tout le continuum de soins (Santé publique Ontario, 2011). Ces outils, entre autres, fournissent aux professionnels du contrôle des infections la base de connaissances nécessaire pour créer un programme de PCI solide au sein de leur organisme. Ces professionnels sont tenus de s’assurer que ces normes et meilleures pratiques sont interprétées correctement et appliquées de manière uniforme dans l’organisme. La science de l’application s’intéresse au fossé qui existe en général entre la théorie et la pratique. En Ontario, le CCPMI a réussi à faire la synthèse des données probantes disponibles pour élaborer des guides des meilleures des pratiques. Le CCPMI, les Réseaux régionaux de contrôles des infections, les services de santé publique et les associations de PCI ont largement fait circuler ces lignes directrices. Les résultats scientifiques ont donc été regroupés avec succès et fournis aux intervenants de première ligne dans la plupart des secteurs en Ontario. Alors pourquoi observons-nous toujours autant d’infections associées aux soins de santé? Et pourquoi les pratiques d’hygiène des mains ne sont-elles pas respectées à 100 % par tous les travailleurs de la santé dans la province? Il est clair que l’adoption des meilleures pratiques nécessite bien plus que la simple diffusion de renseignements à l’étape de la mise en œuvre. 13 PRINTEMPS 2013 Consciente que de l’expansion rapide du rôle des professionnels du contrôle des infections, l’association APIC (Association for Professional in Infection Control and Epidemiology) a élaboré un modèle conceptuel regroupant quatre domaines dans lesquels les professionnels doivent acquérir des compétences : le leadership, la PCI, la technologie, et la science de l’application et de l’amélioration des performances (Murphy et coll., 2012). Chaque domaine remplit un rôle spécifique pour garantir que le professionnel du contrôle des infections est bien préparé à faire face aux demandes de la clientèle dans les trois à cinq prochaines années. Le domaine de l’application et l’amélioration des performances reconnaît le rôle du professionnel du contrôle des infections dans le changement du comportement, et est particulièrement important pour l’amélioration des meilleures pratiques adoptées par le personnel de première ligne. La science de l’application est « l’étude des méthodes de promotion de l’intégration des faits dans la pratique » (Saint et coll., 2010); elle s’intéresse au fossé généralement existant entre la théorie et la pratique et requiert une transmission de connaissances efficace. 14 PRINTEMPS 2013 La science de l’application est une discipline relativement jeune à laquelle les professionnels du contrôle des infections n’ont pas beaucoup eu recours. Il peut être intimidant de devoir en apprendre les nuances et de savoir comment utiliser le cycle « des connaissances à la pratique ». C’est par le partage des leçons apprises qu’on peut le mieux arriver à entraîner des changements dans la pratique des professionnels du contrôle des infections. La mobilisation de groupes régionaux ou de communautés de pratique peut faciliter l’acquisition des compétences spécifiques aux professionnels et changer la manière de mettre en œuvre les meilleures pratiques en matière de PCI. Les professionnels du contrôle des infections devraient dialoguer avec leurs pairs afin de découvrir quelles sont les interventions qui fonctionnent, comment, et dans quelles conditions. Ceci leur permettra aussi de développer des approches communes pour aborder le « rôle dynamique du contexte » (Saint et coll., 2010). Les possibilités de réseautage au niveau local permettront de tenir des discussions fructueuses au sujet de la standardisation des pratiques de manière systématique. Le cycle « des connaissances à la pratique », tel que décrit par Graham et coll., conceptualise la relation entre la création de connaissances et la pratique (2006). Ce cycle comprend deux phases, la première étant la création de connaissances – la condensation des recherches primaires dans des produits adaptés aux praticiens de première ligne. La synthèse et la transmission des connaissances sont les premières étapes qui permettront de changer les pratiques dans le secteur des soins de santé; comme nous l’avons vu plus haut, ces étapes sont bien exécutées dans les cercles de PCI de l’Ontario. La seconde phase est le cycle de la pratique, qui correspond à l’application de ces connaissances pour « créer délibérément un changement dans les groupes-cibles » (Graham et coll., 2006). La mise en œuvre traditionnelle des lignes directrices relatives aux meilleures pratiques en matière de PCI a reposé largement sur des séances de formation, des fiches d’information et des affiches, sans tenir compte des facteurs qui auront réellement une influence sur les comportements et provoqueront le changement souhaité dans la pratique. Les étapes du cycle de pratique comprennent l’adaptation des activités favorisant l’échange de connaissances en fonction du contexte local, ainsi que la surveillance et l’évaluation de l’intégration des meilleures pratiques; il aide les professionnels à intégrer la science dans leurs stratégies de mise en œuvre. Le domaine de la PCI est prêt à entamer une étape importante de son développement en Ontario. Des programmes, une infrastructure et des mécanismes de soutien aux paliers local, régional et provincial mettent à profit ce qui a été réalisé en matière de PCI à la suite du SRAS. Le prochain défi consiste à traduire efficacement la solide base de connaissances en mesures concrètes pouvant être adoptées par le personnel de première ligne. Pour ce faire, nous devons travailler ensemble afin de créer des cycles de pratique efficaces qui concrétiseront les connaissances. Q Colette Ouellet Colette Ouellet, RN, BN, CIC, est directrice de la prévention et du contrôle des infections (PCI) à l’Hôpital Queensway-Carleton à Ottawa. Auparavant, elle était membre fondatrice et coordinatrice du Réseau de contrôle des infections de Champlain, et responsable du programme de PCI au campus Civic de l’Hôpital d’Ottawa. Madame Ouellette est spécialisée dans le contrôle des infections et a le statut de CIC depuis plus de 15 ans; elle est inscrite au programme de Maîtrise en administration des soins de santé de l’Université d’Ottawa. Cathy Egan Cathy Egan, CPHI(C), MBA, CIC, a travaillé pendant 16 ans comme inspectrice à la Santé publique de la région de Waterloo et s’est spécialisée dans le contrôle des infections et les maladies transmissibles. En 2006, elle est devenue coordinatrice du Réseau de contrôle des infections de Waterloo-Wellington, puis a rejoint Santé publique Ontario en 2009 pour devenir responsable des Réseaux régionaux de contrôle des infections en 2010. Elle est actuellement directrice de la prévention et du contrôle des infections à Santé publique Ontario. Références Campbell, A. (2006). Commission d’enquête sur le SRAS – Le printemps de la peur. Ministère de la Santé et des Soins de longue durée. Extrait de : http://books2.scholarsportal.info/ viewdoc.html?id=363598 Carlet, J., Astagneau, P., Brun-Buisson, C., Coignard, B., Salomo, V., Tran, B. et coll. (2009). Programme national français de prévention des infections nosocomiales et de l’antibiorésistance. Infection Control and Hospital Epidemiology, 30 : 737-745. Eccles, M.P., Armstrong, D., Baker, R., Cleary, K., Davies, H., Davies, S. et coll. (2009). An implementation research agenda. Implementation Science, 4 : 1-7. Fixsen, D.L., Naoom, S.F., Blaas, K.A., Friedman, R.M. et Wallace, F. (2005). Implementation research: A synthesis of the literature. Extrait de : http://www.schools.utah.gov/fsp/ College-and-Career-Ready/Meetings/2011-Fall-Directors/ NIRN-Implementation-Research-Synthesis.aspx Graham, I.D., Logan, J., Harrison, M., Straus, S.E., Tetroe, J., Caswell, W. et coll. (2006). Lost in knowledge translation: Time for a map? The Journal of Continuing Education in the Health Professions, 26 : 13-24. Murphy, D.M., Hanchett, M., Olmstead, R.N., Farber, M.R., Lee, T.B., Haas, J.P. et coll. (2012). Competency in infection prevention: A conceptual approach to guide current and future practice. American Journal of Infection Control, 40 : 296-303. Bureau du vérificateur général de l’Ontario (2008). Rapport spécial : Prévention et contrôle des infections nosocomiales. Extrait de : http://www.auditor.on.ca/fr/rapports_fr/hai_fr.pdf Santé publique Ontario (2011). « Lavez-vous les mains ». Extrait de : http://www.oahpp.ca/services/jcyh Saint, S., Howell, J.D. et Krein, S.L. (2010). Implementation science: How to jump-start infection prevention. Infection Control and Hospital Epidemiology, 31(S1) : S14-S17. Zoutman, D.E., Ford, B.D., Bryce, E,.Gourdeau, M., Hébert, G., Henderson, E. et coll. (2003). The state of infection surveillance and control in Canadian acute care hospitals. American Journal of Infection Control, 31 : 266-273. 15 PRINTEMPS 2013 Hanchett, M. (2012). Performance improvement and implementation science: Infection prevention competencies for current and future role development. American Journal of Infection Control, 40 : 304-308. Hebden, J. N. (2012). Rationale for accuracy and consistency in applying standardized definitions for surveillance of healthcare-associated infections. American Journal of Infection Control, 40 : S29-S31. Prévention de la tuberculose et lutte contre la maladie dans le Nord canadien 16 PRINTEMPS 2013 De 2001 à 2010, dans les T.N.-O., il y a eu chaque année en moyenne 23 cas de TB pour 100 000 personnes, ce qui représente 99 cas déclarés au cours de cette période. En moyenne, dix personnes atteintes de tuberculose active ont été admises chaque année à l’hôpital Stanton. Afin de réduire le risque de transmission de la TB à d’autres patients ou à des employés, l’hôpital a adopté des politiques et des procédures de prise en charge des cas soupçonnés ou actifs de TB. En outre, le ministère de la Justice des T.N.-O. a mis en place des politiques régissant la déclaration et la prise en charge des cas de TB. Kami Kandola Kay Lewis Karen Pardy L ’administration de santé territoriale Stanton (hôpital Stanton) fournit des services à une population dont le taux d’incidence de la tuberculose (TB) est environ cinq fois supérieur à celui du reste du Canada (Case, 2012). Le personnel de l’hôpital Stanton procède donc régulièrement à des tests de dépistage de la TB. Historique de la tuberculose dans les T.N.-O. Avant l’arrivée des Européens, les populations autochtones du Nord canadien n’avaient jamais été en contact avec la TB. N’étant pas immunisées contre cette maladie et faute de soins médicaux, ces populations nordiques ont été très touchées. Les taux d’incidence de la TB et de mortalité associée étaient élevés, surtout après la Deuxième Guerre mondiale. Bon nombre de tuberculeux des T.N.-O. étaient alors traités dans des sanatoriums (Grygier, 1997). De 2001 à 2010, les T.N.-O. ont affiché un taux moyen d’incidence de la TB environ cinq fois supérieur au taux national. Dans les années 1960, grâce à la vaccination, au dépistage précoce, à la recherche rapide des contacts et au traitement précoce, on a enregistré une baisse marquée de l’incidence de la TB. Aujourd’hui, dans les T.N.-O., presque tous les cas actifs de TB sont d’abord traités à l’hôpital Stanton. Il est rare que des personnes atteintes de TB soient transférées à Edmonton pour y être traitées par un spécialiste. De 2001 à 2010, dans les T.N.-O., il y a eu chaque année en moyenne 23 cas de TB pour 100 000 personnes, soit 99 cas déclarés au cours de cette période, ce qui représente un taux d’incidence environ cinq fois supérieur au taux national. La majorité des cas (83 %) touchaient la population dénée, et les personnes atteintes étaient surtout d’âge moyen ou âgées (65 %). Enfin, les hommes comptaient pour la plupart des cas actifs de TB (Case, 2012)1. 1.Au cours des 13 dernières années, les taux de TB ont fluctué. Depuis trois ans, ils semblent diminuer 17 PRINTEMPS 2013 L’hôpital Stanton, qui a ouvert ses portes en 1988, est un établissement de soins de courte durée qui compte 100 lits. Il s’agit du plus grand établissement agréé des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.). En tant que principal centre de soins de santé de la région, il offre des services aux quelque 45 000 résidents des T.N.-O. et à plus de 5 000 personnes qui vivent dans l’ouest du Nunavut (région de Kitikmeot). L’hôpital dispose de six chambres d’isolement en pression négative et emploie à temps plein un coordonnateur chargé des dossiers de la santé et la sécurité au travail, et de la lutte contre les infections. L’établissement recourt à la technologie numérique pour enregistrer et archiver les images médicales. Comme les analyses de laboratoire sont réalisées sur place, le personnel a rapidement accès à des renseignements diagnostiques précis. D’ailleurs, le laboratoire de l’hôpital Stanton possède tout l’équipement nécessaire pour procéder au dépistage primaire de Mycobacterium tuberculosis. Par la suite, les cultures ou les frottis positifs sont envoyés au laboratoire ProvLab (Alberta), où ils feront l’objet d’analyses plus poussées et d’épreuves de sensibilité aux antituberculeux. Kathie Pender Pratiques de prévention de la tuberculose et de lutte contre la maladie à l’hôpital Stanton Pour Santé Canada, un établissement de soins de santé est à risque élevé (de transmission de la TB) si au moins six personnes atteintes de TB active y sont admises chaque année (Santé Canada, 1996). Or, de 2001 à 2010, l’hôpital Stanton a traité en moyenne chaque année dix cas de TB active. Afin de réduire le risque de transmission de la TB à d’autres patients ou à des employés, l’hôpital a adopté des politiques et des procédures pour la prise en charge des cas soupçonnés ou actifs de TB. En outre, le ministère de la Justice des T.N.-O. a mis en place des politiques régissant la déclaration et la prise en charge des cas de TB. Déclaration et contrôle des cas de TB Aux termes du Règlement sur la surveillance des maladies, Règl. des TN-O 096 2009 (sous le régime de la Loi sur la santé publique, 18 LTN-O 2007, ch. 17, version modifiée), tous les cas soupçonnés ou confirmés de TB doivent être signalés directement à l’administrateur en chef de la santé publique ou à son remplaçant désigné dans les 24 heures. En vertu du Règlement sur le contrôle des maladies à déclaration obligatoire, Règl. des TN O 128 2009, l’administrateur en chef de la santé publique a le pouvoir de demander au professionnel de la santé qui s’occupe du cas a) d’entreprendre ou de poursuivre l’exécution des mesures de contrôle se rapportant à la maladie, y compris le traitement ou la surveillance de la personne; et b) de respecter les directives de l’administrateur en chef de la santé publique (ministère de la Justice des T.N.-O., 2009). Les mesures de contrôle à exécuter sont précisées dans les ouvrages suivants : NWT Infection Prevention and Control Manual (2012) et NWT TB Manual (2013). PRINTEMPS 2013 Par ailleurs, l’article 13 du Règlement sur le contrôle des maladies à déclaration obligatoire, Règl. TN O 128 2009 prévoit ce qui suit : « a personne qui est atteinte [...] d’une maladie à déclaration obligatoire dont la transmission est aéroportée [...] doit être isolée dans un établissement d’isolement qui respecte les normes établies dans la norme CAN/CSA Z317.2 01 intitulée Systèmes de chauffage, de ventilation et de conditionnement d’air (CVCA) dans les établissements de santé: exigences particulières ». En outre, le Règlement sur les normes dans les hôpitaux et les établissements de soins de santé, Règl. des TN O 036 2005 (version modifiée de 2009) indique que le personnel hospitalier doit subir un test tuberculinique de base. Les employés dont les résultats du test de base sont négatifs doivent de surcroît se soumettre chaque année à un test cutané à la tuberculine, tout comme les employés suivants : • • ceux qui risquent en tout temps d’être en contact avec des patients tuberculeux (ou des prélèvements d’expectorations); ceux qui travaillent dans une collectivité présentant un taux de prévalence élevé de la TB. Tous les autres employés doivent se soumettre à un test cutané au moins tous les trois ans. Ceux dont les résultats sont positifs doivent subir une radiographie pulmonaire, puis un test de dépistage annuel comprenant un interrogatoire sur les symptômes et une évaluation clinique, au besoin. Politique d’admission relative à la TB Étant donné que le taux d’incidence de la TB est élevé dans les T.N.-O., on rappelle continuellement au personnel médical de se tenir en garde contre la TB (initiative « Think TB! » du ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O., 2008), surtout lorsque le patient a une toux persistante (qui dure depuis trois semaines ou plus), qu’il y ait présence ou non de signes ou de symptômes distinctifs, comme une fièvre, des sueurs nocturnes ou une perte de poids. Toute personne soupçonnée d’être tuberculeuse qui se présente elle-même à l’hôpital doit être automatiquement placée dans une chambre d’isolement en pression négative jusqu’à ce qu’on écarte la possibilité d’une TB. Si la radiographie de cet usager laisse à croire qu’il est effectivement atteint de tuberculose, une copie de celle-ci serait envoyée à l’administrateur en chef de la santé publique ou à son remplaçant désigné, lequel devrait ensuite être joint immédiatement par téléphone. La plupart des cas soupçonnés ou confirmés de TB active sont en fait diagnostiqués ailleurs qu’à l’hôpital, souvent dans de petites collectivités éloignées. Généralement, ces collectivités devraient faire appel à des services d’ambulance aérienne pour transporter le patient et le personnel médical qui l’accompagne. Le patient devrait porter un masque tout au long du transfert jusqu’à ce qu’il soit placé dans une chambre d’isolement en pression négative. Pour éviter que les patients de l’urgence ne soient exposés inutilement à la TB, l’hôpital Stanton a pour politique de placer immédiatement dans une chambre d’isolement en pression négative toute personne atteinte ou soupçonnée d’être atteinte de TB active, dès son admission. C’est le gestionnaire du programme de la TB (qui relève du ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O.) qui s’occupe de coordonner le transfert du patient, entre l’Administration de santé territoriale et l’hôpital. De plus, la politique d’admission relative à la TB oblige le personnel responsable de l’admission à signaler tout cas de TB au médecin, au coordonnateur des soins cliniques (le jour) ou au coordonnateur des soins aux patients (le soir, la fin de semaine et les jours fériés) ainsi qu’au coordonnateur chargé des dossiers de la santé et de la sécurité au travail, et de la lutte contre les infections. Si toutes les chambres en pression négative sont occupées, il faut déplacer certains patients à l’interne pour libérer des chambres d’isolement. Si une personne tuberculeuse peut être prise en charge sans risque à la maison, son admission est parfois retardée. Ordres permanents concernant la TB À l’hôpital Stanton, un grand nombre de médecins alternent chaque semaine avec des généralistes suppléants. De plus, l’hôpital accueille souvent des spécialistes itinérants qui pourraient ne pas connaître les mesures de prise en charge de la TB. Par conséquent, en 2005, l’hôpital a mis en place des ordres permanents concernant la TB qui s’appliquent à l’admission des enfants et des adultes. Ces ordres visent à uniformiser le traitement de la TB afin d’éviter un traitement sous-optimal qui risquerait de compromettre la santé publique ou d’entraîner une Encadré 1 : Levée des précautions contre la transmission par voie aérienne (critères fondés sur les Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse, 6e éd., 2007) 1. a) Un patient soupçonné d’être atteint de TB restera en isolement respiratoire jusqu’à l’obtention de résultats négatifs à trois frottis d’expectorations (trois jours consécutifs). b) l’obtention de résultats négatifs à trois frottis d’expectorations pour la détection de bacilles acidorésistants (recueillis au cours de trois journées différentes). Le patient devrait demeurer en isolement respiratoire jusqu’à l’obtention de résultats négatifs à trois frottis d’expectorations consécutifs. De plus, il devrait y avoir des signes cliniques d’amélioration et des preuves que le patient a suivi fidèlement le traitement combiné pendant au moins deux semaines (preuves fondées sur la sensibilité connue des bacilles du patient aux antibiotiques). 2) Un patient dont la culture est positive, mais dont le frottis négatif est confirmé, qui est hospitalisé pour le traitement d’une TB active, continuera de faire l’objet de précautions contre la transmission par voie aérienne jusqu’à : a) la fin du traitement sous surveillance directe de deux semaines; b) l’obtention de résultats négatifs à trois frottis d’expectorations pour la détection de bacilles acidorésistants (recueillis au cours de trois journées différentes); c) 3. la fin du traitement sous surveillance directe de deux semaines; c) la présence de signes cliniques d’amélioration. Un patient hospitalisé pour une TB active dont le frottis et la culture sont tous les deux positifs continuera de faire l’objet de précautions contre la transmission par voie aérienne jusqu’à : Par ailleurs, des prélèvements sont recueillis chaque semaine jusqu’à l’obtention de résultats négatifs à trois frottis d’expectorations consécutifs. pharmacorésistance. Toutes les personnes atteintes de TB active qui sont hospitalisées se voient administrer dans un premier temps un traitement combiné sous surveillance directe. Après leur congé, ces personnes doivent suivre un schéma posologique normalisé sous surveillance directe dans leur collectivité. Lutte contre les infections tuberculeuses Visites des personnes atteintes de la TB 1. Mesures pour limiter les contacts La prise en charge clinique de tous les cas de TB active (patients hospitalisés et ceux ayant obtenu leur congé de l’hôpital) prend la forme de visites à la quinzaine, menées dans l’ensemble des T.N.-O. Ces visites sont supervisées par un interniste de l’hôpital Stanton et organisées par le bureau de l’administrateur en chef de la santé publique. Les résultats des examens et analyses liés aux cas de TB active et les renseignements sur la recherche des contacts sont consignés dans un registre central des cas de TB. Ce registre est conservé par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Les contacts à risque élevé qui nécessitent un dépistage et une évaluation, mais qui ne peuvent être retrouvés pour diverses raisons (itinérance, toxicomanie, problèmes de santé mentale), peuvent être marqués d’un indicateur dans le système de l’urgence de l’hôpital Stanton. Sans divulguer de détails, un indicateur signale à la personne qui en prend connaissance qu’elle doit communiquer avec l’agent de la santé publique qui est de garde; cet agent tient à jour une liste des personnes qui doivent subir un dépistage immédiat (prélèvement d’expectorations et prise d’une radiographie pulmonaire, au besoin). • Habituellement, le personnel de l’hôpital Stanton prend les mesures de précaution suivantes lorsque des personnes atteintes ou soupçonnées d’être atteintes de la TB sont admises à l’hôpital. • • • 2. Mesures de protection de l’environnement • Veiller à ce que les chambres d’isolement répondent à la norme CAN/CSA Z317.2 10; il faut notamment qu’il y ait au moins 19 PRINTEMPS 2013 • Prendre des précautions contre la transmission par voie aérienne, y compris le port de masques N95. Installer des affiches avertissant les autres patients, les visiteurs et le personnel qu’ils doivent prendre des précautions contre la transmission par voie aérienne. Réduire au minimum le nombre de personnes qui entrent dans la chambre. Faire en sorte que le patient sorte le moins possible de la chambre en pression négative et obliger le patient à porter un masque N95 lorsqu’il doit absolument sortir de la chambre (un masque chirurgical peut faire l’affaire si le patient ne peut pas tolérer un masque N95). Faire en sorte que toute autre intervention ait lieu vers la fin de la journée pour prévoir assez de temps pour le nettoyage et l’aération de la salle d’examen. • • • • 12 renouvellements d’air à l’heure dans une chambre en pression négative. Garder les portes de la chambre d’isolement fermées en tout temps. Après que le patient a obtenu son congé, laisser en place pendant une heure l’affiche signalant l’isolement respiratoire pour être certain que tout agent pathogène aérogène est éliminé de la chambre avant qu’une autre personne y entre. Procéder au nettoyage final habituel de la chambre. Conserver l’équipement (le stéthoscope, le brassard de tensiomètre, etc.) dans la chambre d’isolement. 3. Mesures de précautions administratives • • 20 • PRINTEMPS 2013 • • • • • Signaler au coordonnateur de la lutte contre les infections qu’il y a un cas soupçonné ou confirmé de TB. Organiser des séances de sensibilisation et de formation au sujet de la TB et des précautions contre la transmission par voie aérienne. Signaler le cas à l’administrateur en chef de la santé publique ou à son remplaçant désigné, si ce n’est pas déjà fait. Planifier les transferts interétablissements et communiquer les détails exacts à ce sujet. Consigner avec précision les données relatives à la chambre en pression négative dans le dossier du patient. Demander aux employés de l’hôpital en contact avec des patients atteints de la TB de se soumettre chaque année à un test cutané à la tuberculine; si l’employé a été en contact avec une personne atteinte de TB active, le test cutané devra avoir lieu plus tôt. Procéder régulièrement à un essai d’ajustement du masque N95. Les employés qui sont susceptibles de devoir porter un masque N95 doivent : ºº faire un essai d’ajustement au moins tous les deux ans ou avant ce délai lorsqu’un changement de l’état physique de l’utilisateur peut avoir des conséquences sur l’ajustement du masque; ºº suivre une formation sur l’utilisation adéquate du masque N95, y compris la façon de vérifier son étanchéité. Levée des précautions contre la transmission par voie aérienne L’hôpital Stanton se conforme aux lignes directrices sur la levée des précautions contre la transmission par voie aérienne qui sont énoncées dans le NWT Infection Prevention and Control Manual (ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O., 2012). Selon ces lignes directrices, le médecin traitant ou le coordonnateur de la lutte contre les infections peut mettre fin aux précautions contre la transmission par voie aérienne lorsque certains critères sont respectés (voir l’encadré 1). Habituellement, le médecin traitant prend cette décision après avoir consulté le coordonnateur de la lutte contre les infections ou l’administrateur en chef de la santé publique. Prélèvement d’expectorations pour écarter un diagnostic de TB Il est arrivé par le passé que l’importance des éclosions de TB dépasse la capacité d’intervention de l’hôpital, de sorte qu’il n’y avait pas suffisamment de chambres d’isolation en pression négative pour accueillir tous les patients soupçonnés d’être tuberculeux. C’est pourquoi, en 2008, l’hôpital a élaboré un protocole de triage pour classer les cas soupçonnés de TB en trois catégories (risque faible, risque modéré et risque élevé), selon les symptômes que présente la personne, les résultats de la radiographie pulmonaire, les résultats du test cutané à la tuberculine, les antécédents médicaux, ainsi que les facteurs de risque social/professionnel (CDC, 2005). Les patients à risque élevé étaient placés directement dans des chambres d’isolation en pression négative, et trois prélèvements d’expectorations devaient être faits tôt le matin pendant trois jours consécutifs. Les patients à risque modéré étaient placés dans des chambres individuelles; ils devaient porter un masque N95 et faire l’objet, au besoin, de prélèvements intensifs d’expectorations. Enfin, les patients à risque faible étaient évalués à l’urgence, où ils devaient fournir un seul prélèvement d’expectorations et, au moment de leur congé, l’hôpital leur remettait deux récipients pour les prélèvements d’expectorations à recueillir dans les jours suivants. Il a fallu parfois induire l’expectoration chez les patients à risque faible ou modéré. À cette fin, l’hôpital Stanton s’est procuré une enceinte d’isolement portable munie de panneaux en vinyle très résistant. Appelé ISOPORTMC, cet article a été importé des États-Unis et a dû être approuvé par l’Association canadienne de normalisation. Dans cette enceinte, le patient peut être isolé en pression négative, ce qui permet d’induire sans risque l’expectoration. L’enceinte est dotée d’un système de filtration HEPA qui excède la recommandation de 12 échanges d’air par heure. Elle est aussi équipée de lampes à radiations ultraviolettes (www.biologicalcontrols.com/isoport). L’hôpital Stanton conserve cette enceinte dans un garage pour ambulances afin d’éviter qu’elle ne soit exposée à l’air ambiant de l’établissement. Conclusion En somme, l’hôpital Stanton a mis en place un grand nombre de politiques et de procédures qui se fondent sur sa longue expérience en matière de prévention de la TB et de lutte contre cette infection, puisque l’établissement a dû gérer par le passé de nombreuses éclosions de TB et a souvent admis des tuberculeux. Ayant su tirer chaque fois de précieuses leçons, l’hôpital a adopté des méthodes efficaces pour contrer la menace que représente la TB pour la santé publique. Un certain nombre de ses politiques concernant la TB sont récentes et prévoient l’intervention coordonnée du ministère de la Santé et des Services sociaux et des administrations de santé territoriale. En outre, la Loi sur la santé publique (modifiée récemment) fournit une assise législative qui facilite grandement le respect des normes de lutte contre la TB établies par l’hôpital Stanton. Bien que l’hôpital soit considéré comme un établissement à risque élevé de transmission de la TB, les cas de TB active touchant les employés sont rares, et les éclosions au sein de l’établissement sont aujourd’hui pratiquement inexistantes. Q Kami Kandola Karen Pardy Karen Pardy, B. Sc. inf., IA, est la coordonnatrice de la santé et sécurité au travail et de la lutte contre les infections à l’hôpital Stanton. Elle est responsable de la santé du personnel et du programme de l’hôpital pour la prévention et le contrôle des infections. Lorsqu’elle travaillait comme coordonnatrice clinique d’une unité de soins très occupée de l’hôpital Stanton, Karen a constaté à quel point la prévention et le contrôle des infections contribuaient à améliorer l’état de santé des patients. Dans le cadre de ses fonctions actuelles, Karen ne ménage aucun effort pour assurer un leadership clinique et renseigner le personnel et les patients sur la prévention de la transmission des infections. Vous pouvez la joindre à : [email protected] Kathie Pender, IA, M. Sc., est directrice des soins aux patients à l’administration de santé territoriale Stanton, à Yellowknife (T.N.-O.). Elle a assumé pendant de nombreuses années divers rôles cliniques et administratifs. Kathie est depuis peu titulaire d’une maîtrise en sciences infirmières, avec sous-spécialisation en prévention et contrôle des infections, de l’American Sentinel University. Ses domaines de prédilection sont les soins infirmiers et la prévention des infections. Vous pouvez la joindre à : [email protected] Kay Lewis Kay Lewis, B. Sc., IA, CHE, est présidente-directrice générale de l’Administration de santé territoriale Stanton. Elle compte de nombreuses années d’expérience dans le domaine des soins de santé, où elle a tour à tour occupé des postes touchant les soins cliniques, la formation et l’administration. Elle est visiteur pour Agrément Canada depuis 15 ans. En outre, elle siège au comité consultatif de la FCASS pour le programme FORCES, a été membre du conseil du Collège canadien des leaders en santé et a reçu le prix d’excellence du lieutenant-gouverneur en administration publique. Vous pouvez la joindre à : [email protected] Références Case, C. (2012). « Tuberculosis in the Northwest Territories: A Decade Review », EpiNorth, 22(1). Consulté sur : http://www. hss.gov.nt.ca/sites/default/files/2012_volume_22_issue_1.pdf. Centers for Disease Control (2005). « Guidelines for Preventing the Transmission of Mycobacterium in Health-Care Settings », MMWR, 54(RR17), 1-14. Ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O. (2008). Think TB - What Health Care Professionals Need To Know. 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Elle a fait des études en médecine familiale à l’Université McGill (1994), de même qu’en santé publique et en médecine préventive à l’Université Johns Hopkins (1998). Elle détient également un diplôme en médecine tropicale clinique et en santé des voyageurs de l’American Society of Tropical Medicine and Hygiene. Elle préside actuellement la Société canadienne pour la santé circumpolaire. Vous pouvez la joindre à : [email protected] Kathie Pender Désinfection chimique des surfaces dans le milieu des soins de santé 22 PRINTEMPS 2013 Actuellement, les produits chimiques utilisés pour désinfecter les surfaces doivent être enregistrés à Santé Canada après une série de tests visant à établir leur efficacité.Toutefois, il arrive souvent que ces tests ne soient pas suffisamment rigoureux pour prédire la performance d’un produit donné en situation réelle. Il faut donc revoir d’urgence l’activité microbicide des désinfectants de surfaces, le libellé des étiquettes, les exigences relatives à l’enregistrement, l’innocuité en général de ces produits et leur utilisation dans le milieu. Syed Sattar L es infections présentes dans le milieu de la santé continuent de nuire grandement à notre santé et à notre économie. Les travailleurs de la santé luttent contre les agents pathogènes nosocomiaux existants alors que de nouveaux agents pathogènes ne cessent d’apparaître. Clostridium difficile en est un bon exemple. Cet agent pathogène était pratiquement inconnu il y a quelques années. Il constitue maintenant une source majeure d’inquiétude, principalement parce qu’il contamine l’environnement à grande échelle à partir de matières fécales diarrhéiques qui contiennent des spores très stables et résistantes aux produits chimiques (Weber et Rutala, 2011). Désinfectants chimiques courants Actuellement, les produits chimiques utilisés comme désinfectants de surfaces doivent être enregistrés à Santé Canada après une série de tests visant à établir leur efficacité. Toutefois, il arrive souvent que ces tests n’aient pas la rigueur nécessaire pour prédire la performance d’un produit donné dans le milieu (c’est-à-dire son efficacité). Ils ne tiennent pas compte non plus de la tendance d des préposés à l’entretien à s’éloigner des procédures prescrites pour l’application d’un produit donné. L’utilisation régulière des désinfectants de surfaces dans les soins de santé est donc souvent inadéquate, voire contre-productive. Au cours des dernières années, le système de santé canadien a rarement bénéficié de nouveaux désinfectants de surfaces réellement efficaces et inoffensifs. Cela s’explique en partie par l’importante quantité de dossiers sur la sécurité humaine et écologique requis pour enregistrer un nouveau produit chimique au gouvernement fédéral. Bien qu’une telle approche soit nécessaire, elle entrave l’innovation, particulièrement dans les petites entreprises aux ressources limitées. Par conséquent, les nouveaux produits ne sont souvent que des nouveaux mélanges d’anciens produits chimiques auxquels aucune amélioration substantielle n’a été apportée en ce qui concerne la rapidité d’action, l’activité microbicide et la compatibilité avec les matériaux des surfaces. Nettoyeurs verts La popularité croissante des allégations selon lesquelles les désinfectants de surfaces sont verts (c’est-à-dire écologiques et non toxiques) complique le problème. Bien que les produits verts à base de produits chimiques domestiques, comme le vinaigre et le bicarbonate de soude, ou à base d’extraits de plantes puissent être des nettoyants inoffensifs, bon nombre d’entre eux ne présentent ni un spectre d’action microbicide suffisamment large, ni la rapidité d’action nécessaire pour être utilisés dans le milieu de la santé. 23 PRINTEMPS 2013 Parmi les développements récents dont on peut se réjouir, on compte le fait que les surfaces fréquemment touchées sont enfin reconnues comme étant des véhicules de nombreux agents pathogènes nosocomiaux (Weber et coll., 2010), et que l’on mette à nouveau l’accent sur l’utilisation régulière des désinfectants de surfaces dans le cadre des mesures courantes de prévention et de contrôle des infections. Cependant, le marché hautement concurrentiel des désinfectants de surfaces peut facilement dérouter les utilisateurs en raison de l’abondance des allégations sur leur efficacité et leur innocuité. La plupart des travailleurs de la santé ont peu de temps ou d’occasions pour évaluer correctement la validité de telles allégations. Le recours régulier aux désinfectants de surfaces dans les soins de santé s’appuie largement sur la tradition plutôt que sur une efficacité éprouvée dans le milieu. Comment la communauté des soins de santé peut-elle arriver à endiguer cette vague rapidement croissante de désinfectants de surfaces « verts » de toutes sortes ? Commençons par examiner les principes généralement admis pour déterminer ce qui constitue la « chimie verte » (voir le tableau 1) (Anastas & Warner, 1998) La capacité des produits chimiques à inactiver immédiatement les agents pathogènes ciblés, puis de se décomposer en produits dérivés inoffensifs est particulièrement importante. À l’heure actuelle, seuls les désinfectants de surfaces correctement formulés à base d’oxydants respectent la quasi-totalité de ces critères. Tableau 1. Quatre des douze principes de la « chimie verte » 1. Concevoir des produits chimiques moins dangereux qui sont pleinement efficaces, dont la toxicité est faible ou inexistante. 2. Utiliser des solvants et des conditions de réaction moins dangereux. 3. Concevoir des produits chimiques qui se dégradent après usage afin d’éviter l’accumulation. 4. Minimiser le risque d’accidents (explosions, incendies et rejets dans l’environnement). Source : Anastas et Warner, 1998 Nettoyage des surfaces 24 PRINTEMPS 2013 Bien que la plupart des désinfectants de surfaces soient appliqués avec une vadrouille ou une serviette, les tests auxquels ils sont soumis et les allégations sur les libellés tiennent rarement compte de l’action mécanique de ce mode de nettoyage (Sattar et Maillard, 2013). Ceci s’explique principalement par le manque de protocoles de tests rigoureux et normalisés qui simulent cette méthode de nettoyage des surfaces dans le milieu. Les différents articles utilisés pour le nettoyage interagissent de façon variée avec les désinfectants et réduisent souvent la concentration du désinfectant disponible. En outre, chaque surface à nettoyer interagit elle aussi de façon particulière avec le désinfectant utilisé. Les tests de désinfectants de surfaces ne tiennent généralement pas compte de ces facteurs et les étiquettes ne donnent pas non plus d’indication claire sur le mode d’application d’un produit et sur le rapport optimal entre son volume et la surface à couvrir. L’absence de détails aussi importants peut sérieusement compromettre l’efficacité des désinfectants de surfaces et faire en sorte que leur application ne devienne rien de plus qu’un simple rituel. Surfaces autonettoyantes Les surfaces autonettoyantes ont un désinfectant chimiquement intégré ou sont fabriquées à partir d’un matériau dopé avec un désinfectant. Récemment, l’Agence américaine de protection de l’environnement a homologué plusieurs alliages de cuivre comme surfaces dures foncièrement antimicrobiennes. Même si la vente de surfaces autonettoyantes est désormais une importante industrie, il n’y a pas suffisamment de preuves pour affirmer qu’elles fonctionnent dans le milieu. Les points suivants méritent qu’on leur porte une attention particulière afin de minimiser les conséquences néfastes d’une utilisation accrue à long terme des surfaces autonettoyantes : • • • • Les tests actuels n’évaluent pas correctement l’action des surfaces autonettoyantes contre les agents pathogènes dans la poussière ou les particules sèches. Bien que les virus non enveloppés constituent une partie importante des agents pathogènes nosocomiaux, ils sont souvent exclus des tests sur les surfaces autonettoyantes. Même la plus infime infiltration de produits chimiques relativement stables issus des surfaces autonettoyantes dans l’environnement et ce, de façon régulière, pourrait avoir des effets nocifs sur l’homme et sur l’environnement. La dégradation progressive des désinfectants chimiques dans les surfaces autonettoyantes pourrait réduire leurs niveaux de toxicité contre certains agents pathogènes nosocomiaux et conduire à une résistance aux désinfectants. Que faut-il changer? Il y a souvent un décalage entre les tests nécessaires à l’homologation gouvernementale des désinfectants de surfaces, les mutations des agents pathogènes nosocomiaux et les progrès effectués en matière de méthodologie des tests. Par conséquent, quels que soient les progrès réalisés dans la formulation et l’évaluation de désinfectants de surfaces plus efficaces et plus inoffensifs, ces produits ne peuvent être commercialisés sans approbation préalable. Même si cette démarche d’évaluation vise l’intérêt public, sa lenteur et son caractère restrictif tendent à freiner l’innovation. La diversité des exigences nationales et régionales en matière d’homologation des désinfectants de surfaces et le fait que la recherche requiert de grandes sommes nuisent également à l’innovation. Les exigences nationales et régionales en constante mutation en matière d’homologation des désinfectants de surfaces et le besoin de fonds de recherche substantiels sont aussi des facteurs qui nuisent à l’innovation. L’efficacité et la pertinence de nombreux produits et pratiques couramment appliqués pour décontaminer les surfaces fréquemment touchées font présentement l’objet d’examens. L’évolution des pathogènes met à épreuve notre capacité d’assurer la sécurité des humains et de l’environnement. Nous savons que le nettoyage et la désinfection de routine des surfaces fréquemment touchées sont souvent inadéquats et qu’une bonne partie des agents pathogènes y demeurent (Dancer et Carling, 2010). Enfin, il y a une différence entre les consignes sur les étiquettes des désinfectants et la façon dont on s’en sert réellement. Comment peut-on remédier à ces problèmes? Syed Sattar • Le docteur Sattar est professeur émérite de microbiologie et directeur fondateur du Centre de recherche sur la microbiologie environnementale à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. Ses recherches se concentrent sur le rôle de l’environnement intérieur dans la propagation des agents pathogènes chez les humains. Il étudie également les moyens chimiques et physiques inoffensifs et durables d’interrompre la propagation des agents pathogènes dans des endroits comme les hôpitaux. Son travail constitue désormais la base de plusieurs normes nationales et internationales relatives à l’évaluation des activités microbicides des désinfectants et des antiseptiques. • • • D’abord et avant tout, les organismes de réglementation doivent trouver des façons d’actualiser les exigences d’enregistrement des désinfectants de surfaces en tenant compte de l’évolution des connaissances et des innovations technologiques. Les fabricants doivent concevoir des produits qui tiennent compte des nouveaux besoins en termes de sécurité de l’environnement et du milieu de travail. Ils doivent également recourir à une approche plus générique pour tester les désinfectants plutôt que de se concentrer sur l’agent pathogène du jour. Il faut davantage insister sur la prévention et le contrôle des infections et mieux reconnaître le rôle crucial des personnes qui en sont responsables dans la protection des patients. Dans leurs décisions d’achat, les gestionnaires de ressources matérielles doivent trouver un équilibre entre les coûts des désinfectants de surfaces, leur efficacité et la sécurité des humains et de l’environnement. Anastas, P., Warner, J. (1998). Green Chemistry: Theory and Practice. Oxford Univ. Press: New York, 1998. Dancer, S.J., Carling, P.C. (2010). Tout ce qui brille n’est pas or ou net. J Hosp Infect, 76, 177-178. Sattar, S.A., Maillard, J.Y. (sous presse). The Crucial Role of Wiping in Decontamination of Environmental Surfaces: Review of Current Status and Directions for the Future. Am. J. Infect. Control, sous presse. Sattar, S.A. (2006). Allen Denver Russell Memorial Lecture. The use of microbicides in infection control: a critical look at safety, testing and applications. J Appl Microbiol, 101, 743-753. Weber, D.J., Rutala, W.A., Miller, M.B., Huslage, K., SickbertBennett, E. (2010). Role of hospital surfaces in the transmission of emerging healthcare-associated pathogens: Norovirus, Clostridium difficile, and Acinetobacter. Am J Infect Control, 38(5S1), S25-33. Weber, D.J., Rutala, W.A. (2011). The role of the environment in transmission of Clostridium difficile infection in healthcare facilities. Infect Control Hosp Epidemiol, 32, 207-209. 25 PRINTEMPS 2013 Les désinfectants de surfaces constituent un élément clé de la prévention et du contrôle efficaces des infections. La nécessité d’y avoir recours augmente au même rythme que la résistance croissante aux antibiotiques et les mutations des agents pathogènes nosocomiaux. Il se peut toutefois que ce sentiment de sécurité ne soit qu’illusion, car nous choisissons souvent des produits inefficaces et, dans le cas contraire, nous les appliquons inadéquatement et sans discernement. Les désinfectants de surfaces peuvent être utilisés à mauvais escient. Nous devons donc faire preuve de diligence quand vient le moment de les sélectionner, de les entreposer, de les utiliser et de les éliminer. Il est donc urgent d’examiner l’activité microbicide des désinfectants de surfaces, le libellé des étiquettes, les exigences relatives à l’enregistrement, l’innocuité en général de ces produits et leur utilisation dans le milieu. Q Références Amélioration du programme d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains des SSA 26 PRINTEMPS 2013 La surveillance de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et la communication de rétroaction aux travailleurs de la santé font partie intégrante des programmes d’amélioration de la sécurité des patients et de l’hygiène des mains. Cependant, la méthode normalisée à adopter pour vérifier une telle conformité ne fait pas l’objet d’un consensus. Les Services de santé de l’Alberta (SSA) ont, par conséquent, examiné leur programme sur la façon d’observer la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et ont relevé certains aspects à améliorer. Jenine Leal Elizabeth A. Henderson Au Canada, chaque année, environ un patient sur neuf (250 000 personnes) contracte une infection nosocomiale, et on estime que de 8 000 à 12 000 de ces patients en décèdent (Zoutman et coll., 2003; Agence ontarienne de protection et de promotion de la santé [AOPPS], 2011). Par conséquent, l’éradication des infections nosocomiales est devenue une priorité majeure pour les programmes axés sur la qualité et la sécurité des patients (Steed et coll., 2011). (Pittet et coll., 1999; Allegranzi et Pittet, 2009). Des études ont montré qu’une plus grande conformité aux pratiques d’hygiène des mains avait réduit la transmission des agents pathogènes (Larson et coll., 2000; Rosenthal et coll., 2005; Aiello et Larson, 2002; Won et coll., 2004). Des organismes d’agrément [y compris Agrément Canada (2012)], des organismes de réglementation et des programmes de prévention et de contrôle des infections préconisent le respect plus rigoureux des pratiques d’hygiène des mains par les travailleurs de la santé et la surveillance de la conformité à ces pratiques comme stratégies déterminantes pour réduire le risque d’infections nosocomiales (Steed et coll., 2011). Une abondante littérature rapporte que, dans de nombreux hôpitaux, moins de 50 pour 100 des travailleurs de la santé respectent les pratiques courantes d’hygiène des mains (Pittet, 2001). La surveillance de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et la communication de rétroaction aux travailleurs de la santé sur leur conduite à cet égard Même s’il est largement reconnu que l’hygiène des mains est essentielle pour réduire la fréquence des infections nosocomiales, aucun consensus n’a été établi en ce qui concerne la méthode normalisée à adopter pour effectuer une observation directe. L’un des objectifs des examens de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains réalisés à l’échelle provinciale par l’équipe de prévention et de contrôle des infections (PCI) des SSA visait à déterminer la faisabilité de la mise en place d’une approche uniforme au sein d’une autorité sanitaire provinciale. Cerner une possibilité Avec la création des SSA en 2008, neuf autorités sanitaires régionales et trois autres autorités sanitaires ont fusionné en une autorité sanitaire provinciale et un conseil d’administration. Les activités opérationnelles ont été organisées en cinq zones afin que la prestation de soins de santé dans l’ensemble de la province se fasse dans le cadre d’un système plus rationalisé. Par conséquent, de nombreux programmes et services, dont la prévention et le contrôle des infections, qui étaient axés sur des pratiques et des lignes directrices régionales ont été regroupés en un seul programme exigeant l’adoption de pratiques normalisées dans toute la province. En 2011, l’équipe de PCI des SSA a cerné le besoin de réaliser des examens de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains dans l’ensemble de la province afin d’établir des taux de référence pour les SSA en matière de conformité, qui serviraient de référence pour évaluer les efforts d’amélioration déployés à l’échelle locale et provinciale. 27 PRINTEMPS 2013 L’hygiène des mains constitue la stratégie la plus efficace pour prévenir les infections nosocomiales. font partie intégrante des programmes d’amélioration de la sécurité des patients et de l’hygiène des mains (Boyce, 2011). L’Organisation mondiale de la santé et l’Institut canadien pour la sécurité des patients (ICSP) préconisent tous deux l’observation directe comme méthode la plus efficace pour assurer et évaluer la conformité aux pratiques d’hygiène des mains (OMS, 2009; ICSP, 2007). Favoriser la compréhension De mai à août 2011, 14 observateurs (principalement des étudiants de niveau postsecondaire) du Summer Temporary Employment Program (un programme d’emplois temporaires d’été) ont été embauchés pour réaliser les examens de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains dans 79 établissements de soins de courte durée, de soins prolongés et de soins ambulatoires. Ils ont pris en note les services des unités et observé les travailleurs de la santé qui prodiguaient des soins directs aux patients. La conformité aux pratiques d’hygiène des mains a été déterminée par des observations directes menées ouvertement, qui étaient fondées sur les éléments à vérifier établis d’après « Les 4 moments où l’on doit se laver les mains » (AOPPS, 2011)*. 28 PRINTEMPS 2013 Les données sur les observations et la conformité aux pratiques d’hygiène des mains ont été recueillies au moyen d’un système logiciel normalisé (iScrub Lite) et d’une plateforme (iPad). Chaque observateur a reçu la politique des SSA en matière d’hygiène des mains et un document de formation sur l’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains, qui indiquait en détail la façon d’effectuer les examens et d’utiliser l’outil de collecte de données. Les professionnels du contrôle des infections dans les établissements et les directeurs responsables de la prévention et du contrôle des infections de chaque zone ont agi comme conseillers en fournissant aux observateurs des instructions pour s’orienter dans les établissements, un aperçu du document de formation et de l’aide pour déterminer les différents types de travailleurs de la santé. Les observations relatives à la conformité aux pratiques d’hygiène des mains ont été transmises au personnel des unités et aux gestionnaires tout au long de l’été. À la fin de la période d’étude, les données de tous les établissements ont été envoyées au personnel de surveillance de la prévention et du contrôle des infections aux fins de compilation et de rapport. De mai à août 2011, près de 28 000 observations ont été recueillies dans les établissements des SSA. Le taux de conformité aux pratiques d’hygiène des mains était de 50 pour 100. Malgré la réussite d’un vaste programme d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains réalisé simultanément dans de multiples établissements, plusieurs problèmes ont été soulevés quant à sa mise en œuvre et à la méthode adoptée : • • • les observateurs ont été formés par des professionnels du contrôle des infections des établissements qui ont mis en place les méthodes et les pratiques dans ces établissements; ces différences ont rendu difficile l’interprétation des comparaisons entre les établissements; les observateurs du Summer Temporary Employment Program ont peu communiqué entre eux, ce qui a limité l’échange de connaissances et d’expériences; on n’a pas régulièrement examiné les données afin de vérifier qu’elles étaient complètes et exactes. Agir pour améliorer Afin de repousser les limites inhérentes à l’observation directe et résoudre les problèmes soulevés relativement au programme d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains de 2011, l’équipe de PCI a adopté diverses techniques pour normaliser la méthode et la mise en œuvre de ce programme d’examen en 2012. En 2012, 18 nouveaux membres du personnel du Summer Temporary Employment Program ont été embauchés pour faire en sorte qu’il y ait une meilleure représentativité des établissements à l’échelle de la province et pour établir une méthode objective de collecte de données d’observation sur l’hygiène des mains. Deux employés, qui revenaient au travail après un congé, se sont joints à ce groupe. Un coordonnateur de l’hygiène des mains a été embauché pour l’été pour organiser toutes les tâches liées au programme. Cellesci comprenaient une formation offerte au personnel chargé de l’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et aux professionnels du contrôle des infections sur la saisie adéquate de données dans l’outil de collecte, le rapprochement des écarts dans les données, le calcul des taux de conformité aux pratiques d’hygiène des mains et la création de rapports réguliers aux unités et aux établissements pour fournir de la rétroaction aux travailleurs des soins de santé et au personnel d’encadrement. Le coordonnateur était également responsable de la collecte et de l’examen de toutes les données brutes et de la création d’un rapport provincial final. Tout écart dans les données a été rapproché après avoir été soumis au coordonnateur. Puisqu’une seule personne était responsable des données, cela a permis au personnel chargé de l’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et à l’équipe provinciale de surveillance de produire des rapports complets et précis sur les taux de conformité aux pratiques d’hygiène des mains. Plusieurs méthodes ont été utilisées pour normaliser la formation et offrir une formation continue au personnel du Summer Temporary Employment Program au cours de l’étude. Le document de formation sur l’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains a été révisé pour inclure une formation sur « Les 4 moments où l’on doit se laver les mains », les types d’établissements participant à l’examen, la taille d’échantillon prévue dans le cas des gros établissements, un aperçu de l’outil de collecte de données et de l’information sur la façon de consigner les observations et la conformité. Le document a été présenté au personnel du Summer Temporary Employment Program lors de trois téléconférences tenues par le même professionnel du contrôle des infections et le coordonnateur de l’hygiène des mains. Cinq professionnels du contrôle des infections, un pour chaque zone des SSA, sont devenus les chefs de zone affectés au dossier de l’hygiène des mains et les conseillers du personnel du Summer Temporary Employment Program. Les chefs de zone possédaient une solide expertise en formation sur l’hygiène des mains. Certaines lignes directrices recommandent d’avoir recours à des observateurs qui assument des responsabilités au sein de l’unité ou de l’établissement faisant l’objet de l’examen, mais qui ne font pas partie de l’équipe de travailleurs de la santé, de façon à ce que les observations soient discrètes. Cependant, le recours à ces travailleurs de la santé, susceptibles de faire preuve de partialité, pourrait se traduire par des erreurs dans les observations et, par conséquent, par des taux de conformité beaucoup plus élevés que ceux prévus (Haas et Larson, 2007; Rosenthal et coll., 2009). Le recours au personnel du Summer Temporary Employment Program a été considéré comme un éventuel moyen de réduire la partialité, puisque ces vérificateurs s’intéressaient à l’hygiène des mains et aux soins de santé, mais n’assumaient aucune responsabilité au sein de l’unité ou de l’établissement, sauf celle de faire des observations sur l’hygiène des mains. Maintenir les résultats En proposant les améliorations nécessaires pour appliquer les observations directes en matière de conformité aux pratiques d’hygiène des mains, l’équipe de PCI des SSA a cerné le besoin de maintenir et de peaufiner le processus d’examen provincial de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains afin d’assurer la collecte de données fiables et précises et la production de rapports sur les taux de conformité aux pratiques d’hygiène des mains dans le futur. L’équipe de PCI des SSA a, par conséquent, formé une équipe de gestion en matière d’hygiène des mains, composée de trois personnes responsables de poursuivre l’amélioration des pratiques connexes chez les travailleurs de la santé de tous les volets des soins de santé. Leurs objectifs visent à : • • • • faire progresser l’initiative des SSA axée sur l’hygiène des mains en favorisant la sensibilisation aux répercussions et à l’importance d’une bonne hygiène des mains pour la prévention des infections; réitérer les attentes des établissements à l’égard des comportements en matière d’hygiène des mains; évaluer le déploiement et l’efficacité des efforts d’améliorations dans toute la province; élaborer et mettre en œuvre une stratégie à long terme pour la gestion des données afin de : 29 PRINTEMPS 2013 Toutes les deux semaines, une téléconférence d’une heure était prévue pour discuter de l’interprétation du programme « Les 4 moments où l’on doit se laver les mains » et répondre aux questions soulevées par le personnel du Summer Temporary Employment Program au sujet des observations. Les réunions permettaient également aux gestionnaires des SSA de présenter des mises à jour sur les changements relatifs au programme estival d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et d’informer le personnel du Summer Temporary Employment Program de leurs progrès. Le personnel chargé de l’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et au moins un chef de zone devaient assister à chaque réunion. Les professionnels du contrôle des infections de toute la province étaient encouragés à assister aux réunions pour assurer l’uniformité quant à l’interprétation de l’information. De plus, le personnel du Summer Temporary Employment Program a assisté à une rencontre en personne d’une journée au cours du premier mois du programme. Cela lui a permis de discuter davantage du programme « Les 4 moments où l’on doit se laver les mains », de la façon de faire et de consigner des observations de façon précise et uniforme, des outils de formation externes et des vidéos sur l’hygiène des mains ainsi que de la façon d’enfiler et d’enlever l’équipement de protection individuel. Le personnel du Summer Temporary Employment Program a également pris part à une réunion avec tout le personnel de PCI de la province, ce qui lui a donné la possibilité d’en apprendre davantage sur les questions liées à la prévention et au contrôle des infections. Durant l’été 2012, plus de 63 000 observations ont été faites, et les SSA ont fait état d’une augmentation relative de 16 pour 100 de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains dans toute la province, portant ainsi le taux de conformité à cet égard à 58,4 pour 100. Le personnel du Summer Temporary Employment Program a aussi participé à des réunions de suivi et à des sondages pour déterminer les obstacles observés à la conformité aux pratiques d’hygiène des mains chez les travailleurs de la santé ainsi que les obstacles à l’observation directe de la conformité à ces pratiques et finalement pour recommander des améliorations à apporter au programme provincial d’examen de conformité aux pratiques d’hygiène des mains. ºº • • • recueillir des données sur l’observation des pratiques d’hygiène des mains à l’échelle provinciale; ºº soutenir la communication active de rétroaction à l’ensemble des travailleurs de la santé, du personnel d’encadrement et des patients. voir au bon déroulement de l’initiative de conformité aux pratiques d’hygiène des mains mise sur pied par l’équipe de PCI durant l’été pour confirmer les taux de conformité; déterminer les obstacles; établir une relation de collaboration entre l’équipe de PCI des SSA et les travailleurs de la santé. Grâce au programme d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains, il sera possible de poursuivre l’élaboration d’une méthode normalisée pour obtenir des données précises et fiables, qui sont essentielles à la sécurité des patients. Ce programme permettra également de continuer à fournir de la rétroaction aux prestataires de soins de santé, aux secteurs cliniques et aux responsables des opérations, en tant qu’initiative axée sur la qualité visant à améliorer les comportements en matière d’hygiène des mains. Jenine Leal, M.Sc., est la conseillère principale en surveillance de la prévention et du contrôle des infections, Services de santé de l’Alberta. À titre d’épidémiologiste et de conseillère principale en surveillance, elle évalue et améliore les initiatives nouvelles et actuelles de surveillance de la prévention et du contrôle des infections pour assurer l’uniformité de la méthode adoptée et la qualité des données. Elizabeth A. Henderson, Ph. D., est la directrice du service de surveillance de la prévention et du contrôle des infections, Services de santé de l’Alberta, et professeure du Département des sciences 30 de la santé communautaire de la Faculté de médecine de l’Université de Calgary. Dans le cadre de ses fonctions pour Services de santé de l’Alberta et en tant qu’épidémiologiste en milieu de soins de santé, elle étudie des moyens novateurs d’utiliser la technologie pour simplifier la surveillance et favoriser l’accès des prestataires de soins de santé à la formation sur la prévention et le contrôle des infections. Q Jenine Leal M.Sc., est la conseillère principale en surveillance de la prévention et du contrôle des infections, Services de santé de l’Alberta. À titre d’épidémiologiste et de conseillère principale en surveillance, elle évalue et améliore les initiatives nouvelles et actuelles de surveillance de la prévention et du contrôle des infections pour assurer l’uniformité de la méthode adoptée et la qualité des données. Elizabeth A. Henderson Ph. D., est la directrice du service de surveillance de la prévention et du contrôle des infections, Services de santé de l’Alberta, et professeure du Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine de l’Université de Calgary. Dans le cadre de ses fonctions pour Services de santé de l’Alberta et en tant qu’épidémiologiste en milieu de soins de santé, elle étudie des moyens novateurs d’utiliser la technologie pour simplifier la surveillance et favoriser l’accès des prestataires de soins de santé à la formation sur la prévention et le contrôle des infections. PRINTEMPS 2013 Références Agrément Canada. (2012). Pratiques organisationnelles requises : Hygiène des mains. 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Le défi national de l’hygiène des mains : Présentation de la formation sur la trousse d’outils sur l’hygiène des mains [présentation diaporama]. Sur Internet : http://www.google. ca/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0 CDEQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.handhygiene.ca %2FFrench%2FEducation%2FDocuments%2FCPSI%25 20HH%2520Tool%2520Kit%2520Training%2520Presen tation%2520FR-FINAL.ppt&ei=6shuUen2MoW64AOP1 oHYCw&usg=AFQjCNHgNhvI3MRmjulM5NZotoNRv yZPtg&sig2=dYfjCUZ8ThJxsIU7KcoZrQ&bvm=bv.4536 8065,d.dmg. Agence ontarienne de protection et de promotion de la santé, Santé publique Ontario. (2011). Lavez-vous les mains – Les 4 moments où l’on doit se laver les mains. Sur Internet : http:// www.oahpp.ca/fr/services/jcyh/moments.html Un outil de communication en prévention et contrôle des infections pour les soins de longue durée 32 PRINTEMPS 2013 Des employés d’un établissement de soins de longue durée du Québec ont développé un concept d’affiches et affichettes qui favorisent l’application des précautions additionnelles, en plus des pratiques de base en prévention et de contrôle des infections. Ces outils de communication s’adressent à quiconque pourrait être en contact avec des résidents, et ils se sont révélés extrêmement efficaces. Geneviève Shama Marie Lahaye Au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Bordeaux-CartiervilleSaint-Laurent, le projet « PA SI-SALÉ1 » facilite le recours aux précautions additionnelles qui vont au-delà des pratiques de base en prévention et de contrôle des infections dans les établissements de soins de longue durée. Lorsqu’une problématique infectieuse est identifiée ou suspectée, ces précautions additionnelles permettent de prévenir la transmission des infections par certaines mesures dont la mise en isolement du résident. Nous croyons que les outils de communication élaborés dans le cadre de cette initiative auront une incidence positive sur la qualité des soins et des services en réduisant la durée des éclosions et, par le fait même, la période d’isolement des résidents. Bien que ces outils aient été conçus pour le milieu des soins de longue durée, ils peuvent également être utilisés dans la plupart des établissements de soins. Les infections nosocomiales représentent un défi mondial de santé publique. La présence d’une concentration importante d’agents pathogènes en milieu de soins aigus combinée à la circulation des usagers d’un établissement de santé à l’autre décloisonne la propagation de ces pathogènes. De plus, la vulnérabilité des usagers, le type de services offerts, l’environnement et l’organisation des soins sont parmi les facteurs dont l’interaction complexe influence l’apparition des infections nosocomiales dans les différents milieux de soins. Des stratégies conformes aux normes de sécurité et de déontologie permettent une prévention efficace et une prestation de soins de qualité. En effet, des lignes directrices claires ont été établies par les organismes scientifiques reconnus [Center for Disease Control (CDC), Canadian 1.Le sigle PA SI-SALÉ est la forme abrégée des expressions « précautions additionnelles (PA) », « Direction des soins infirmiers (SI) » et « Service de salubrité (SALÉ) ». De plus, la présence connue ou suspectée d’un agent pathogène chez un usager requiert l’application empirique de précautions additionnelles. Ces précautions se traduisent par l’isolement de l’usager, l’utilisation des équipements de protection individuelle en fonction du mode de transmission du pathogène (gouttelettes, contact ou aérien), ainsi que les mesures spécifiques telles que la désinfection, la manipulation des équipements, le transport des usagers, etc. (Santé Canada, 1999). Le succès dans l’application des précautions additionnelles repose sur la rapidité d’intervention et sur une communication efficace. Pour ce faire, les établissements de soins doivent développer un programme de prévention et de contrôle des infections afin d’encadrer ces pratiques. Une étude non publiée du Comité des infections nosocomiales du Québec (CINQ) démontre une réduction de 30 pour 100 des infections nosocomiales par l’implantation d’un tel programme (MSSS, 2005). Prévention et contrôle des infections dans les établissements de soins de longue durée Le milieu de soins de longue durée présente plusieurs particularités qui compliquent l’application d’un tel programme. Effectivement, les usagers étant hébergés pour de longues périodes, le milieu de soins devient également un milieu de vie. Par conséquent, une attention constante doit être apportée à la désinfection stratégique des lieux qu’ils partagent pour les différentes activités de la vie quotidienne. 33 PRINTEMPS 2013 Vue d’ensemble Standard Association (CSA)] sur les moyens de prévenir la transmission des microorganismes. Entre autres, l’application systématique des pratiques de base par le personnel lors des soins permet de prévenir la contamination de l’environnement et des personnes par des liquides biologiques. Ces pratiques comprennent le lavage des mains, l’utilisation des équipements de protection individuelles (gants, blouse, masque, protection oculaire ou faciale), la protection de l’environnement et les pratiques sécuritaires dans la gestion des instruments piquants et tranchants. Aussi, la perte d’autonomie fonctionnelle des usagers se traduit par une multiplication des contacts avec le personnel afin de combler les besoins d’assistance, ce qui augmente le risque de transmission des infections. Une adaptation de l’application du programme est également nécessaire afin d’assurer un contrôle des infections tout en répondant aux besoins psychologiques de chacun d’eux. atteindre cet objectif (p.ex. donnée dans une salle de classe, par un formateur, à l’aide de documents pédagogiques, de présentations PowerPoint, etc.) Toutefois, nous avons constaté que cette approche ne se traduit pas en un taux de pénétration et de rétention satisfaisant des connaissances pour assurer une rigueur et une continuité dans l’application des mesures. Plusieurs facteurs de risque sont liés au vieillissement notamment, la diminution du système immunitaire, l’immobilité, l’incontinence, la dysphagie, les maladies chroniques, le déclin fonctionnel, le changement de l’état de la peau et de l’état nutritionnel, la médication et la présence de matériel de soins invasif. Enfin, l’application du programme est complexifiée par la présence d’une variété importante de virus (influenza, rhinovirus, adénovirus, norovirus, etc.) et de bactéries (Clostridium difficile, Streptocoque du groupe A, etc.) qui ont une incidence sur la morbidité et la mortalité de la clientèle (Smith & Rusnak, 1997). Une éclosion majeure de gastro-entérite à norovirus ayant entraîné la fermeture de deux centres d’hébergement du CSSS de BordeauxCartierville–Saint-Laurent en 2006 a renforcé ce constat. Il nous est alors apparu évident qu’un outil de communication standardisé permettrait une communication plus efficace. En effet, cette bonification du programme pourrait offrir un meilleur levier pour guider, supporter et favoriser l’adhésion aux standards de pratiques afin de prévenir la transmission des infections (MSSS, 2005; 2006). Q Par conséquent, les établissements de santé doivent s’assurer que les mesures prévues au programme de prévention et de contrôle des infections sont appliquées par toute personne travaillant ou fréquentant le milieu (personnel, visiteurs, stagiaires, bénévoles, etc.) (MSSS, 2005; 2006). L’approche traditionnelle de formation du personnel, des bénévoles et des médecins est le moyen souvent privilégié pour Nous croyons que ces outils permettront de réduire la durée des éclosions et la période d’isolement des résidents. Prévention infections Pratique de de base base et précautions précautions additionnelles Prévention desdes infections —–Pratique additionnelles(isolement) (isolement) Salubrité Personnel : soins infirmiers/salubrité Micro-organismes Mode de transmission Clostridium difficile Contact Équipement de protection Porte Lavage des mains Zona (localisé) Gale PRINTEMPS 2013 Bactéries Multirésistantes (infection) E. R. V. Entérocoque résistant à la vancomycine S. A. R. M. staphylococcus aureus résistant à la méthicilline S.A.R.O., S.A.R.C., S.A.R.I.V., etc. 1) avant d’entrer dans la chambre 2) après avoir retiré l’équipement de protection Gastro-entérite infectieuse (sans vomissement) Dédiés (usage exclusif) ou désinfecter après usage avec des lingettes de peroxyde d’hydrogène (Accel) avant de sortir de la chambre Solution désinfectante et dilution Peroxyde d’hydrogène accéléré (Virox) 1/16 Clostridium difficile Vaisselle Literie et déchets Manipulation du plateau avec des gants Technique du double sac Aucune autre mesure particulière Transport médical Chariot de literie souillée ou de déchets à l’intérieur de la chambre Avant de sortir de la chambre Désinfection finale 1) lavage des mains du résident Désinfectant chloré (eau de javel) 2) chaise roulante du résident désinfectée 20 tablettes/ 4 L d’eau 5 tablettes/bte = 5000 ppm S. A. R. M. pulmonaire Soins infirmiers 3) le résident doit porter des vêtements propres Contact/gouttelettes Influenza (grippe) Gastro-entérite infectieuse (avec vomissements abondants) Tenir la porte ouverte En plus des précautions ci-dessus énumérées, utilisez le masque lorsqu’il y a risque de transmission par contact/gouttelettes ou contact/aérien 1) avant d’entrer dans la chambre 2) après avoir retiré l’équipement de protection Tuberculose pulmonaire Contact/aérien Zona (forme disséminée) Rougeole Varicelle Rougeole et varicelle Seuls le personnel et les visiteurs immunisés (vaccinés ou ayant déjà eu la maladie), peuvent pénétrer dans la chambre. N-95 Tenir la porte fermée 1) avant d’entrer dans la chambre Nettoyant désinfectant neutre tout usage (phénoliques, amphotères) En collaboration avec le Service des communications, décembre 2007. 34 Tenir la porte ouverte Matériel de soins et équipements 2) après avoir retiré l’équipement de protection Note à l’équipe de la salubrité 1) Pour les procédures de désinfection quotidienne et lors d’un départ ou de la fin des symptômes, consultez le cahier de désinfection de la salubrité. 2) N’oubliez pas d’inscrire votre nom ainsi que la date sur le formulaire de contrôle des infections, après chaque désinfection. Produit par la Direction des services techniques et la Direction des soins infirmiers du CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent Toute reproduction totale ou partielle doit être préalablement autorisée par le Service des communications du CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections : pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ. ÉQUIPEMENT DE PROTECTION ÉQUIPEMENT DE PROTECTION ÉQUIPEMENT DE PROTECTION Transmission par : contact et voie aérienne Transmission par : contact et gouttelettes Transmission par : contact Étapes avant d’entrer dans la chambre 2 Si nécessaire N-95 © 2008, CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent Étapes Dédié après être sorti de la chambre, 1 enlever le masque Étapes avant de sortir de la chambre enlever en commençant par : Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections : pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ. Si nécessaire Étapes avant de sortir de la chambre, enlever en commençant par : Porte ouverte Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections : pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ. Par l’entremise de Michel Prairie, chef de secteur du service de salubrité, et Geneviève Shama, conseillère de l’équipe de prévention et de contrôle des infections le CSSS de Bordeaux-Cartierville—Saint-Laurent a entrepris de créer un outil qui orienterait, appuierait et favoriserait de façon plus efficace le respect des protocoles de prévention et de contrôle des infections (MSSS, 2005; 2006). Ils ont associé leurs expertises pour définir les objectifs du projet « PA SI-SALÉ » et en élaborer les critères de qualité. D’entrée de jeu, l’objectif visait l’harmonisation des outils de communication afin d’améliorer la cohérence dans l’application des précautions additionnelles (PA) aux pratiques de base. Les utilisateurs ciblés étaient le personnel des soins infirmiers (SI), de la salubrité (SALÉ), ainsi que l’ensemble des personnes gravitant autour du résident (bénévoles, famille, etc.). D’autre part, les critères de qualité retenus étaient : Dans cet esprit, une affiche présentant de façon synthétique les précautions additionnelles a été élaborée avec l’équipe du service des communications en faisant appel à des pictogrammes et un code de couleurs associé au mode de transmission des microorganismes. Cet outil de communication soutient les infirmières dans la mise en place des mesures de précautions additionnelles lorsqu’un agent infectieux est identifié ou qu’un tableau clinique en suggère la présence. Il soutient également le personnel des soins infirmiers et de la salubrité dans l’application de l’ensemble de ces mesures, par exemple, l’équipement de protection individuelle à revêtir, la gestion des déchets, l’équipement médical dédié, etc. Pour compléter l’outil, des affichettes aimantées ont aussi été conçues pour être apposées aux portes de chambres des usagers en isolement. Porte ouverte Si nécessaire Étapes avant de sortir de la chambre, enlever en commençant par : Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections : pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ. Se référant aux mêmes pictogrammes et code de couleurs utilisés pour les affiches, ces dernières illustrent la séquence des étapes pour enfiler et retirer les équipements de protection individuelle (gants, blouse, masque). Elles ont été déployées dans toutes les unités de vie et de soins du CSSS. Les affiches ont été mises en œuvre à l’automne 2007, avec le plein appui de la direction de l’établissement. Évaluation L’outil a été accueilli avec enthousiasme et est utilisé au CSSS de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent depuis six ans. Selon les commentaires reçus, même une personne non initiée à la prévention et au contrôle des infections peut facilement comprendre l’information contenue sur les affiches et en suivre les consignes. De plus, les affiches permettent de soutenir les infirmières dans la prise de décision et les membres du personnel dans l’application des mesures de protection de l’environnement. Les commentaires reçus nous portent à croire que l’outil a atteint l’objectif de rendre l’information facilement accessible, compréhensible, et contribue à l’harmonisation des pratiques en matière de prévention et de contrôle des infections. Les données concernant la durée des éclosions avant l’implantation des outils n’étant pas disponibles, une étude comparative est donc impossible à réaliser. Toutefois, depuis leur création, les outils ont fait l’objet d’évaluations qualitatives effectuées par plusieurs organismes externes. Les critères suivants ont servi à la première évaluation des outils : • • • • • • amélioration de l’offre de service et de la satisfaction de la clientèle; amélioration des opérations (confidentialité, continuité, sécurité clinique et physique); utilisation optimale des ressources; prévention de la santé; approche de gestion participative; harmonisation avec les orientations et les priorités en prévention des infections. 35 PRINTEMPS 2013 Simplicité Convivialité Confidentialité Efficacité Facilité d’entretien du matériau Le projet • • • • • Dédié Porte fermée Dédié © 2008, CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent Étapes avant d’entrer dans la chambre © 2008, CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent Étapes avant d’entrer dans la chambre Les critères utilisés dans le cadre de la deuxième évaluation étaient les suivants : • • • • • • créativité (20 %) : façon nouvelle, inhabituelle ou originale, de composer avec une situation ou des comportements à risque; participation (20 %) : degré de participation du personnel à la reconnaissance des risques et à la mise en œuvre de solutions; rayonnement (20 %) : possibilité de mettre en œuvre l’initiative ailleurs afin qu’un grand nombre de personnes puissent en bénéficier; complexité (15 %) : degré de complexité lié à la mise en œuvre des outils; résultats (15 %) : mesure dans laquelle les risques ont été éliminés; proactivité (10 %) : capacité de l’établissement de trouver des solutions à des problèmes éventuels en matière de maladies professionnelles ou de prévenir des événements susceptibles de se produire et de mettre en œuvre à l’avance les mesures préventives. En 2010, ces outils de communication ont été reconnus comme une pratique exemplaire par Agrément Canada. L’utilisation d’un processus d’amélioration continue nous permet d’évaluer régulièrement les outils pour nous assurer qu’ils répondent aux critères de qualité établis au début du projet. Enfin, une évaluation par méthodologie qualitative est prévue au printemps 2013. Nous croyons que les données générées lors d’une entrevue par groupes de discussion (focus groups) permettront une compréhension approfondie du sujet en révélant certains aspects qui seraient moins accessibles autrement. Par cette approche, nous cherchons à mieux comprendre l’impact de ce moyen de communication sur les pratiques des utilisateurs afin d’identifier les pistes d’amélioration. Jusqu’ici, l’outil a été reconnu ou diffusé de diverses façons : 36 • • PRINTEMPS 2013 • • • • • • Projet Qualité au CSSS de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent, 2007-2008 Prix du jury dans la catégorie « Sensibilisation, information » au congrès Pleins feux sur l’innovation de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS), 2008 Finaliste au concours régional du Prix innovation en santé et sécurité du travail dans la catégorie « Organismes publics », Commission de la santé et sécurité du travail (CSST), 2008 Finaliste au gala national Prix innovation en santé et sécurité du travail, CSST, 2009 Article publié dans le périodique Objectif Prévention (2008), 31, 3. Article publié dans le Courrier Bordeaux-Cartierville, 2008. Exposé présenté à l’Agence de santé et de services sociaux de Montréal, 2012 Mise en commun de l’outil avec des établissements du réseau régional et de l’Ontario, 2008-2013 Nous serions très heureux de partager ces outils de communication avec les organismes intéressés. Q Geneviève Shama Geneviève Shama, inf. BSc., est conseillère-cadre à la Direction des soins infirmiers au Centre de santé et de services sociaux de Bordeaux-Cartierville-St-Laurent. Membre du comité exécutif du Conseil des infirmières et infirmiers depuis 2008, elle en assume la présidence pour la troisième année consécutive. Son parcours en santé communautaire et en prévention et contrôle des infections reflète son intérêt pour le volet promotion de la santé et prévention de la maladie, ainsi que pour l’enseignement. Marie Lahaye Marie Lahaye, infirmière DESS en prévention et contrôle des infections, est membre de l’Association des infirmières et infirmiers en prévention des infections (AIPI) et cumule plusieurs années d’expérience en soins d’urgence et en santé communautaire. Elle œuvre comme conseillèrecadre à la direction des soins infirmiers du CSSS de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent. Responsable d’une équipe de trois conseillères en soins infirmiers, son mandat principal est la prévention et le contrôle des infections dans l’ensemble des secteurs d’activités du CSSS. Références Abbott, C. et P. Eubanks. « How Academics and Practitioners Evaluate Technical Texts: A Focus Group Study », Journal of Business and Technical Communication, 2005, 19, 2. Doody, O., E. Slevin et L. Taggart. « Focus group interviews in nursing research: Part 1 », British Journal of Nursing, 2013, 22, 1. Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux. D’abord ne pas nuire... Les infections nosocomiales au Québec, un problème majeur de santé, une priorité : Rapport du comité d’examen sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales. Gouvernement du Québec, 2005. Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux. Les infections nosocomiales : Cadre de référence à l’intention des établissements de santé du Québec. Gouvernement du Québec, 2006. Santé Canada. « Guide de prévention des infections : Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les établissements de santé », Relevé des maladies transmissibles au Canada, 1999, no 25S4. Smith, P.W. et P.G. Rusnak. « Infection Prevention and Control in the Long-Term-Care Facility », Infection Control and Hospital Epidemiology, 1997, 18 vol., 12 p. Pitchforth, E. et E. van Tellijen. « Focusing the group » Midwives, 2007, 10 vol., 2 p. La relance de la prévention et du contrôle des infections à Terre-Neuve-et-Labrador 37 PRINTEMPS 2013 En 2003, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a nommé un groupe de travail pour évaluer la mesure dans laquelle la province était prête à prévenir et à contrôler des maladies transmissibles comme le SRAS. Cela s’est traduit par la création en 2007 du Provincial Infection Control Newfoundland Labrador (PIC-NL), dont les priorités ont été de normaliser les pratiques, de passer en revue les ressources humaines en matière de prévention et de contrôle des infections (PCI), d’agir comme ressource auprès des autres et de former les travailleurs de la santé et les professionnels en prévention des infections. Marion Yetman Donna Moralejo C ’est l’éclosion du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003 qui a ranimé l’intérêt pour la prévention et le contrôle des infections (PCI). La plupart des gens avaient oublié les répercussions que les maladies infectieuses peuvent avoir sur la santé publique et les hôpitaux. Les conditions d’hygiène ainsi que la disponibilité des antibiotiques et des antiviraux faisaient croire que les maladies infectieuses étaient une chose du passé. Pourtant, de tous les pays non asiatiques, le Canada est celui qui a été le plus durement touché par le SRAS, la majorité des cas ayant été déclarés dans la région du Grand Toronto. La plupart de ces cas étaient liés aux hôpitaux. 38 PRINTEMPS 2013 Le rapport Leçons de la crise du SRAS : Renouvellement de la santé publique au Canada (Comité consultatif national sur le SRAS et la santé publique, 2003) fait état d’un grand nombre de problèmes généraux liés à l’épidémie, notamment des lacunes dans « les protocoles de gestion de l’épidémie, de prévention de l’infection et de la surveillance des maladies infectieuses dans les établissements ». Il y est dit que le SRAS a été endigué par de « vieilles mesures de santé publique comme le lavage des mains, les procédures de prévention des infections, l’isolement des cas et le dépistage et la mise en quarantaine des contacts » (Comité consultatif national sur le SRAS et la santé publique, 2003). Les ministères de la Santé de tout le Canada ont réagi aux conséquences du SRAS en faisant des recommandations et en établissant les mesures prioritaires à mettre en place. Quoique les professionnels en prévention des infections de l’Ontario aient été salués pour leur dévouement et leur leadership pendant l’épidémie, d’importantes lacunes en matière de ressources utilisées pour la prévention des infections ont été repérées. Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario a réagi rapidement en vue de corriger les lacunes et a appuyé l’établissement des Réseaux régionaux de contrôle des infections. L’Ontario est maintenant chef de file au pays en ce qui a trait aux lignes directrices sur les pratiques exemplaires en matière de PCI. À Terre-Neuve-et-Labrador, le gouvernement provincial a réagi de façon similaire au rapport Leçons de la crise du SRAS. En 2003, il a nommé un groupe de travail pour évaluer la mesure selon laquelle la province était prête à prévenir et à contrôler des maladies transmissibles comme le SRAS. Le rapport du groupe de travail, Back to Basics (Bowmer, 2004), contenait plusieurs recommandations d’améliorations, notamment : • • • • • nommer une équipe provinciale d’experts en prévention des infections; augmenter l’appui accordé aux professionnels en prévention des infections en leur fournissant une formation professionnelle continue et en cernant les besoins en ressources humaines; appuyer financièrement la formation des travailleurs de la santé; soutenir un système de surveillance pour les maladies infectieuses ciblées suscitant des préoccupations; encourager la participation des professionnels en prévention des infections pendant la construction et la rénovation des établissements de santé. Afin de mettre en œuvre les recommandations du rapport Back to Basics, une équipe d’experts appelée le Provincial Infection Control Newfoundland Labrador (PIC-NL) a été formée en 2007. Elle visait à « soutenir une approche de la prévention et du contrôle des infections à la fois complète et fondée sur des données probantes, qui couvre l’ensemble des soins dans un effort pour réduire le risque d’infections associées aux soins de santé et inspirer l’excellence en matière de sécurité des patients » [Traduction]. Les membres du PIC-NL comprennent l’infirmière spécialisée en prévention des infections de la province, le responsable en matière de PCI de chacune des quatre autorités sanitaires à TerreNeuve-et-Labrador, deux représentants du Provincial Disease Control et un conseiller pédagogique de la School of Nursing de l’Université Memorial. Comme le PIC-NL dessert un vaste secteur géographique, les réunions mensuelles se tiennent sous forme de téléconférences. À ses débuts, le PIC-NL s’est tourné vers des collègues de partout au pays pour obtenir leurs conseils; il a aussi engagé un animateur en planification stratégique pour l’aider à se diriger dans la bonne direction. Après avoir reconnu ses points forts et les défis qu’il devait relever, le Comité a déterminé les initiatives à mettre en œuvre en priorité, soit : • • • • normaliser les pratiques; examiner les ressources humaines en PCI; agir comme ressource pour les autres; former les travailleurs de la santé et les professionnels en prévention des infections. Normaliser les pratiques La normalisation des pratiques s’est concentrée sur la surveillance et l’élaboration de lignes directrices pour les programmes de prévention des infections. Un programme de surveillance provincial pour documenter les répercussions de deux bactéries notoires — Staphylococcus aureus résistant à la méticilline et Clostridium difficile — a été mis sur pied. Ces organismes ont été placés sur la liste des maladies à déclaration obligatoire de la province, qui fait partie d’un processus de déclaration légiféré. Depuis 2009, tous les cas d’infection par ces organismes ont été rapportés au ministère de la Santé et des Services communautaires de la province. L’un des facteurs clés du succès de ce programme a été la création d’une base de données pour faciliter la collecte, la conservation et l’analyse des données pour les utilisateurs finaux. Tout en réaffirmant le travail de chacune des autorités sanitaires quant aux lignes directrices en matière de PCI, le PIC-NL a vu la nécessité d’élaborer des documents pour la province. L’un des avantages résultant de la collaboration des intervenants clés de chaque autorité sanitaire de Terre-Neuve-et-Labrador a été leur engagement envers le processus et la création de lignes directrices communes à utiliser dans toute la province. Examiner les ressources humaines L’examen des ressources humaines quant aux postes de professionnels en prévention des infections a montré que la province ne répondait pas aux recommandations nationales (Comité consultatif national sur le SRAS et la santé publique, 2003) en ce qui concerne le nombre de professionnels en prévention des infections par lits de malades aigus. En 2008, le gouvernement provincial a fourni du financement pour la création de postes supplémentaires. Agir comme ressource Servir de ressource de consultation constitue un des éléments de base en matière de PCI. En 2012, la province a formé un comité provincial sur la prévention et le contrôle des infections – construction et rénovation. Ce comité sert de forum pour partager l’information sur les enjeux qui influent sur la prévention et le contrôle des infections pendant la construction ou la rénovation des établissements de santé. Il favorise également une approche provinciale cohérente en présence de ce type d’enjeux. Un point récurrent à l’ordre du jour l’année dernière était les lavabos destinés au lavage des mains et les dernières recommandations de l’Association canadienne de normalisation (2011). Le comité comptait parmi ses membres un étudiant stagiaire en ingénierie qui a effectué des recherches sur le rôle des lavabos destinés au lavage des mains dans la transmission des infections et consulté des fabricants pour déterminer s’il existait des lavabos répondant aux nouvelles spécifications. Assurer la formation La formation a été une autre priorité du PIC-NL. L’un des défis en matière de PCI est de fournir une formation continue sur les pratiques exemplaires aux travailleurs de la santé. Avant l’éclosion de la pandémie en 2009, le PIC-NL a mis au point une trousse complète de formation, laquelle a été mise à la disposition de tous les travailleurs de la santé de la province. La formation a été rendue obligatoire pour la plupart des autorités sanitaires, ce qui a contribué au grand intérêt qu’elle a suscité. Un programme éducatif pour le personnel qui effectue des dialyses est en cours d’élaboration par les membres du PIC-NL. Le PIC-NL s’est principalement concentré sur la formation aux professionnels en prévention des infections. En 2007, les téléconférences Webber (voir webbertraining.com) ont été offertes comme ressource aux membres. Le PIC-NL a aussi collaboré avec l’Association pour la prévention des infections à l’hôpital et dans la communauté à TerreNeuve-et-Labrador pour ajouter un volet éducatif à ses réunions mensuelles. De plus, les membres du PIC-NL ont joué un rôle très actif dans l’organisation du congrès de formation annuel de l’Association pour la prévention des infections à l’hôpital et dans la communauté et y ont aussi grandement participé. L’un des points saillants des efforts du PIC-NL en matière de formation a été la mise au point d’un programme d’orientation pour les professionnels en prévention des infections débutants. Un survol de 39 PRINTEMPS 2013 Le PIC-NL a adopté une nouvelle approche pour l’élaboration des lignes directrices en proposant deux différents formats à ses comités. Les membres du PIC-NL ont convenu d’élaborer des documents de base, portant notamment sur les pratiques de base et précautions supplémentaires ainsi que sur la prévention de la propagation des organismes multirésistants. Pour d’autres lignes directrices portant notamment sur la conduite à tenir en cas de tuberculose, un sous-comité a été créé, lequel comprenait des membres du PIC-NL ainsi que des infirmières spécialisées en maladies transmissibles et des infirmières en santé du travail. La participation d’autres experts a été une expérience enrichissante pour les membres du PIC-NL. Il existe maintenant un manuel d’orientation pour les nouveaux professionnels en prévention des infections, lequel constitue une ressource pour tous les praticiens de ce genre au Canada. tout le pays a montré que les programmes d’orientation consistaient principalement en des listes de vérification, en des suggestions de lecture ou en la recommandation de consulter le Infection Control Policy and Procedure Manual (manuel de politiques et procédures sur la prévention et le contrôle des infections, en anglais seulement). L’élaboration du programme d’orientation a attiré l’intérêt et la collaboration de quatre responsables en matière de PCI provenant de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et de l’Île-du-Prince-Édouard. Le résultat final est un programme complet d’orientation fondé sur l’apprentissage autonome comportant neuf modules. Il est maintenant offert en tant que ressource à tous les professionnels en prévention des infections au Canada (PIC-NL, 2012; PICNeT, 2012). Donna Moralejo Donna Moralejo, inf., Ph. D., est professeure à l’école des sciences infirmières de l’Université Memorial, à St. John’s, Terre-Neuve. Elle a fréquenté l’Université McGill [B. Sc. microbiologie et immunologie; B. histoire et M. Sc. (A) sciences infirmières] et l’Université de Calgary (Ph. D. épidémiologie). Membre du conseil d’administration du CHICA-Canada depuis 2008, elle est affectée au dossier de la formation. Elle a collaboré à des programmes de formation à l’intention des professionnels en prévention des infections et à des programmes sur les précautions de routine pour les travailleurs de la santé. De plus, elle est coauteure d’une revue Cochrane sur les interventions visant à améliorer l’hygiène des mains. Conclusion 40 PRINTEMPS 2013 L’objectif initial était de faire reconnaître le PIC-NL « comme étant l’autorité nationale et provinciale en matière de PCI, qui appuie le transfert de connaissances et l’élaboration d’approches fondées sur la collaboration et l’innovation pour répondre aux besoins en évolution de la population et du système de santé. » [Traduction]. Le PIC-NL a été à la hauteur de cette vision, grâce à l’équipe dévouée de professionnels en prévention des infections qui participent à la prévention et au contrôle des infections à Terre-Neuve-et-Labrador depuis de nombreuses années. La formation du PIC-NL a annoncé un nouveau commencement qui a favorisé le réseautage, la collaboration et le soutien pour s’attaquer aux problèmes liés à la prévention et au contrôle des infections. Q Marion Yetman Marion Yetman a travaillé comme infirmière en unité de soins pédiatriques intensifs, infirmière enseignante, infirmière chercheuse et professionnelle en prévention des infections. Elle est l’infirmière spécialisée en contrôle des infections au ministère de la Santé et des Services communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador. Madame Yetman est aussi la présidente sortante de l’Association pour la prévention des infections à l’hôpital et dans la communauté — Canada (2008) et a reçu le prix des champions en prévention et en contrôle des infections remis par l’association en 2011. Références Bowmer, I., B. Griffiths, m. Yetman, J. Baird et a. Ryan (2004). Back to Basics: Provincial Task Force on the Prevention and Control of Communicable Diseases in Health Institutions and Ambulance Services. Sur Internet : http://www.med.mun. ca/getdoc/d076128a-5008-4402-90dd-83886b8d7fdc/ Back_to_Basics8-pdf.aspx. Association canadienne de normalisation. (2011). Z 8000-11 - Canadian health care facilities. CSA, Mississauga : Ontario. Provincial Infection Control-Newfoundland Labrador (PIC-NL). (2012). Orientation Program for Infection Control Practitioners. Sur Internet : http://www.health.gov.nl.ca/health/publichealth/cdc/ infectionpreventionandcontrol.html. Comité consultatif national sur le SRAS et la santé publique (2003). Leçons de la crise du SRAS : Renouvellement de la santé publique au Canada. Sur Internet : http://www. phac-aspc.gc.ca/publicat/sars-sras/pdf/sras-f.pdf. Provincial Infection Control Network of British Columbia (PICNet BC). (2012). ICP Orientation Module. Sur Internet : http://www.picnetbc.ca/educationtraining/126/icp-orientation-manual Gestion des éclosions au sein de l’autorité sanitaire de l’Île de Vancouver (VIHA) 41 PRINTEMPS 2013 Les éclosions de maladies infectieuses dans les hôpitaux et les établissements de soins pour bénéficiaires internes ont des répercussions négatives importantes sur les clients et leur famille, de même que des conséquences financières graves sur les organismes de soins de santé. Par conséquent, il est primordial de prendre des mesures d’intervention efficaces et coordonnées en cas d’éclosion. L’autorité sanitaire de l’Île de Vancouver (Vancouver Island Health Authority, VIHA) s’est dotée d’une structure de gestion des éclosions afin d’améliorer la communication de l’information pendant de telles situations d’urgence et de réduire la durée des éclosions. Joanne Baines L 42 a transmission des microorganismes dans les hôpitaux et les établissements de soins pour bénéficiaires internes constitue une menace réelle pour les clients (ou les résidents, les patients). En effet, les infections nosocomiales peuvent entraîner des maladies graves et même la mort. Ce type d’infections est aussi responsable de nombreuses hospitalisations ou réadmissions à l’hôpital, du recours accru aux antibiotiques ou de l’augmentation de la durée des hospitalisations, autant de facteurs qui imposent un fardeau inutile au système de soins de santé. De plus, la présence d’infections nosocomiales peut aussi avoir des répercussions sur la satisfaction de la clientèle, entraîner une perte de confiance à l’égard des soins de santé, miner le moral du personnel et accaparer une quantité considérable de ressources financières et humaines. PRINTEMPS 2013 Au fil des années, les éclosions qui ont frappé la VIHA ont occasionné divers problèmes et mobilisé beaucoup de ressources, touchant de nombreuses unités dans divers établissements de soins de santé. Les services de soins en établissement de la VIHA fournissent des soins prolongés et complexes à des personnes âgées et à des personnes handicapées qui sont hébergées dans 17 établissements répartis sur l’Île de Vancouver. Ces établissements comptent 1 577 lits, et 1 838 personnes y travaillent. Même si des éclosions de maladies transmissibles peuvent survenir tant dans les établissements de soins de courte durée que dans ceux qui offrent des soins à des bénéficiaires internes, ce sont les établissements de la deuxième catégorie qui sont le plus souvent touchés sur le territoire de la VIHA. Un certain nombre d’études donnent une estimation des coûts associés aux éclosions dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes (CCPMI, 2011). Selon Henson et coll. (2008), le fardeau économique que représentent les infections gastro-intestinales s’élèverait à 514 millions de dollars par année en Colombie Britannique. Le Comité consultatif provincial des maladies infectieuses (CCPMI) a réalisé plusieurs études qui font état des coûts liés aux éclosions dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes : • • • • éclosions de gale : 200 000 $ CAN (de Beer et coll., 2006); éclosions de conjonctivite à adénovirus : 29 527 $ US (Piednoir et coll., 2002); éclosions d’infections à entérocoques résistants à la vancomycine : 12 061 $ CAN (Armstrong-Evans et coll., 1999); un cas de syndrome grippal : de 968 $ à 2 774 $ US (Carroll et coll., 2001). Mesures initiales Par le passé, la gestion des éclosions au sein de la VIHA n’était pas structurée : aucun établissement ni service en particulier ne jouait un rôle de premier plan dans ce domaine. En 2009, la VIHA a établi un cadre structuré pour réduire le nombre de personnes touchées par les éclosions. Ce cadre est inspiré du système de commandement en cas d’urgence dans les hôpitaux (voir le site HEICS.com) qui a été créé aux États Unis. Conçu pour être utilisé à la fois dans des situations urgentes et non urgentes, ce système offre aux hôpitaux de toute taille des outils leur permettant de bien définir leurs responsabilités — celles qui leur sont propres et celles qu’ils doivent assumer au sein de la communauté d’intervention — afin qu’ils puissent mieux se préparer en cas d’urgence. Ce cadre normalisé, appelé « structure de gestion des éclosions », sert à définir les responsabilités de chaque employé et de chaque groupe qui composent un organisme. Il s’agit en fait d’une structure intégrée à l’organisme qui peut être adaptée selon la complexité de l’éclosion et des ressources à affecter pour mener à bien l’intervention. Ce cadre évite également que les frontières entre les organismes ou les programmes empêchent une intervention efficace en cas d’éclosion. Au cours de la réunion, les intervenants essaient de trouver des façons d’améliorer les résultats et de réduire la durée des éclosions. Ils font aussi un résumé de l’information concernant l’éclosion et la communiquent ensuite à tout l’organisme au moyen du CQS. Avant l’adoption de la nouvelle structure, des équipes de gestion des éclosions étaient mises sur pied de façon ponctuelle, habituellement en cas d’éclosions complexes ou prolongées. Étant donné que, de manière générale, les membres de ces équipes assistaient rarement aux réunions, ils se sentaient peu responsables des mesures d’intervention et de l’issue des éclosions. PICNet En 2010, le réseau de lutte contre les infections de la Colombie Britannique (Provincial Infection Control Network of British Columbia) a élaboré des lignes directrices provinciales énonçant les principes qui s’appliquent à la gestion des éclosions. Ces lignes directrices donnent la marche à suivre pour organiser, diriger et superviser les mesures d’intervention et gérer tous les aspects d’une éclosion. Selon PICNet, les dirigeants des établissements de soins de santé jouent un rôle crucial pour aider à assurer l’efficacité de la prévention et de la lutte contre les éclosions. En effet, selon PICNet, c’est aux dirigeants de ces organismes que revient la responsabilité de veiller à ce que toutes les mesures de prévention nécessaires soient en place de même qu’à diriger et à superviser la gestion de tous les aspects d’une éclosion. Même si le médecin hygiéniste s’est vu confier un mandat précis en ce qui a trait à la gestion des éclosions, le premier rôle revient au gestionnaire de l’unité ou de l’établissement. Si une éclosion touche plus d’une unité, c’est alors le directeur du programme ou de l’établissement qui prend la tête de l’intervention. La structure de gestion des éclosions est formée du personnel responsable de la prévention des infections, du personnel de l’unité, des médecins, du personnel de la logistique, du personnel de l’entretien ménager, du personnel des services alimentaires ainsi que du personnel responsable de la santé et de la sécurité au travail. Il appartient à chaque membre de communiquer l’information pertinente, de faire le suivi des éclosions et de rendre compte de la situation à l’équipe de la structure de la gestion des éclosions. Grâce à cette structure, tous les établissements de la VIHA touchés par une éclosion peuvent participer de façon immédiate et simultanée aux mesures d’intervention. Les secteurs qui sont difficiles à gérer sont discutés ouvertement, et les établissements prennent les mesures qui s’imposent pour intervenir rapidement. En outre, la VIHA a préparé 43 PRINTEMPS 2013 Deux à quatre semaines après l’éclosion, l’équipe responsable de la structure de gestion des éclosions tient une réunion pour discuter des résultats, des coûts, des leçons retenues, des possibilités d’amélioration et des aspects liés à la sensibilisation, et elle formule des recommandations. Ces recommandations sont ensuite intégrées au système global de contrôle de la qualité (Combined Quality System, CQS), qui sert à regrouper les activités d’assurance de la qualité menées par les conseils, les comités et le personnel d’encadrement en vue d’accroître l’efficience de tous les établissements qui relèvent de la VIHA. Le CQS assure le suivi des questions liées à la qualité et oriente les activités d’amélioration de la qualité au sein de l’organisme. Table 1 : Éclosions dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes relevant de la VIHA* 2009 - 2010 Microorganisme Nombre d’éclosions 2010 - 2011 Durée Nombre moyenne moyen (en jours) de cas Nombre d’éclosions 2011 - 2012 Durée Nombre moyenne moyen (en jours) de cas Nombre d’éclosions Durée Nombre moyenne moyen (en jours) de cas Maladie entérique 4 23,5 25,0 4 17,0 31,8 9 10,1 14,8 Norovirus 3 25,7 30,0 3 19,0 29,7 2 10,5 26,0 Virus semblables à un norovirus/ autre 1 17,0 10,0 1 11,0 38,0 1 2,0 4,0 Influenza/ syndrome grippal 1 13,0 27,0 7 11,4 21,0 6 11,3 12,8 * Le nombre total de résidents n’a pas été fourni pour environ le quart des éclosions déclarées en 2010-2011. Le taux d’attaque est calculé à partir des éclosions pour lesquelles le nombre total de résidents a été fourni. du matériel d’information pour le personnel médical et non médical ainsi que des documents à l’intention du personnel de première ligne qui portent sur certains microorganismes; tout ce matériel est révisé régulièrement. Durant une éclosion, on organise chaque jour des réunions pour régler au plus vite les différents problèmes et intensifier les mesures de précaution, au besoin. 44 PRINTEMPS 2013 Avant de mettre en place la structure de gestion des éclosions, la VIHA n’avait qu’une vague idée des coûts associés à une éclosion; habituellement, les coûts connus se limitaient aux fournitures et aux heures supplémentaires. La structure de gestion des éclosions a permis de remédier à ce manque d’information, et, aujourd’hui, la VIHA a accès à des rapports détaillés sur les coûts supplémentaires engagés pour l’entretien ménager, la dotation et les fournitures. De plus, auparavant, on organisait de temps à autre de longues réunions qui attiraient peu de participants; bien souvent, les membres importants n’y étaient même pas convoqués. Aujourd’hui, grâce à la nouvelle structure, les rôles et les responsabilités de chacun sont clairement définis. Il y a une meilleure collaboration entre les divers intervenants, l’équipe tient régulièrement des réunions productives auxquelles les membres assistent en grand nombre, et le processus est ouvert et transparent. Depuis qu’elle a été mise en œuvre, il y a trois ans, la structure a fait l’objet d’un certain nombre d’examens et de cycles PEEA (planification – exécution – étude – action) visant à : • • • améliorer les communications internes et externes; diminuer le nombre d’éclosions et leur durée; réduire le nombre de clients et d’employés touchés; • • • définir clairement les rôles et les responsabilités en ce qui a trait aux pratiques recommandées et à la gestion de l’éclosion; faire participer tout le personnel aux pratiques et aux procédures de gestion de l’éclosion; communiquer au public l’information relative à l’éclosion. Le tableau 1 indique le nombre d’éclosions, de même que le type et la durée des éclosions qui sont survenues au cours de trois exercices (20092010, 2010-2011 et 2011-2012) dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes relevant de la VIHA. L’utilisation de la structure de gestion des éclosions dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes relevant de la VIHA a entraîné une diminution de la durée des éclosions de maladies entériques — la durée moyenne est passée de 23,5 à 10,1 jours sur une période de trois ans. Une telle tendance n’a toutefois pas été observée pour les éclosions d’influenza ou de syndrome grippal. Cela peut être attribuable au fait que le nombre de personnes qui contractent une infection virale saisonnière peut varier d’une année à l’autre. La mise en place de la structure de gestion des éclosions a bel et bien entraîné une diminution de la durée des éclosions de maladies entériques. Conclusion La structure de gestion des éclosions créée par la VIHA témoigne de sa volonté de mettre en place de nouveaux processus pour améliorer la qualité des soins offerts à tous ses clients. Cette structure est en accord avec la vision que la VIHA a adoptée en 2011 : d’excellents soins pour tous, partout et en tout temps. Pour la VIHA, aucune éclosion ne nécessite plus qu’une autre la mise sur pied d’une équipe de gestion. Par conséquent, chaque éclosion est gérée de la même manière par des employés qui comprennent bien la situation et qui participent pleinement au processus. La VIHA a constaté que la structure de gestion des éclosions a été adoptée sans réserve sur son territoire. Utilisée correctement, cette structure montre à quel point le partage des responsabilités est efficace pour prévenir et contrôler les infections. Elle a par ailleurs contribué à améliorer la communication entre les unités et à uniformiser la gestion des éclosions. Elle fournit une tribune où les membres peuvent exposer les interventions réussies et faire ressortir les points à améliorer. Enfin, la structure a permis de créer un processus servant à calculer de manière exacte les coûts associés aux éclosions. En somme, cette structure a été conçue pour améliorer la qualité des soins de l’organisme et constitue l’un des nombreux outils qu’utilise la VIHA pour offrir des services de qualité exceptionnelle à ses bénéficiaires internes. Q Joanne Baines Armstrong-Evans, M., M. Litt, M.A. McArthur, B. Willey, D. Cann, S. Liska et coll. (1999). « Control of transmission of vancomycin-resistant Enterococcus faecium in a long-term-care facility », Infect Control Hosp Epidemiol, 20(5): 312-7. Carroll, N.V., J.C. Delafuente, K.L. McClure, D.F. Weakley, Z.M. Khan et F.M. Cox (2001). « Economic burden of influenza-like illness in long-term-care facilities », Am J Health Syst Pharm, 58(12): 1133. de Beer, G., M.A. Miller, L. Tremblay et J. Monette (2006). « An outbreak of scabies in a long-term care facility: the role of misdiagnosis and the costs associated with control », Infect Control Hosp Epidemiol, 27(5): 517-8. Henson, S., S. Majowicz, O. Masakure, P. Sockett, L. MacDougall, L. Edge et coll. (2008). « Estimation of the costs of acute gastrointestinal illness in British Columbia, Canada », International Journal of Food Microbiology, 127, 43-52. Piednoir, E., F. Bureau-Chalot, C. Merle, A. Gotzamanis, J. Wuibout et O. Bajolet (2002). « Direct costs associated with a nosocomial outbreak of adenoviral conjunctivitis infection in a long-term care institution », Am J Infect Control, 30(7): 407-10. Provincial Infection Control Network of British Columbia (2010). Gastrointestinal infection outbreak guidelines for healthcare facilities. Consulté sur : http://www.bccdc.ca/NR/ rdonlyres/E2256DB6-A332-424E-A87C-7E68AFDF4F39/0/ EPI_Guideline_PICNetGI_OutbreakJune10_20100617.pdf Comité consultatif provincial des maladies infectieuses. (2011). Pratiques exemplaires pour les programmes de prévention et de contrôle des infections en Ontario – dans tous les établissements de soins de santé, Toronto, Ontario, ministère de la Santé et des Soins de longue durée. 45 PRINTEMPS 2013 Joanne Baines, IA, B.Sc., responsable de la prévention et du contrôle des infections, travaille pour l’autorité sanitaire de l’Île de Vancouver depuis près de six ans. Elle travaillait auparavant pour le Service national de la santé du Royaume-Uni, où elle a notamment été affectée aux services d’urgence, à la pédiatrie ainsi qu’à la prévention et au contrôle des infections. Depuis qu’elle évolue dans le domaine de la prévention des infections, madame Baines a participé à la gestion des éclosions, à la planification en cas de pandémie, de même qu’à l’élaboration et à la mise à jour continue du programme d’agrément. Références Programmes de gérance des antimicrobiens dans un contexte de soins de courte durée 46 PRINTEMPS 2013 La mise en œuvre de programmes de gérance des antimicrobiens dans le milieu des soins de courte durée est un pas en avant dans l’évolution des mesures prises au Canada à l’égard de la résistance aux antibiotiques. Ces programmes permettent aux établissements d’assurer une utilisation appropriée des agents antimicrobiens. Cependant, nous commençons seulement à mettre en place l’infrastructure nécessaire pour faire face à la crise émanant de la résistance aux antibiotiques. Jim Hutchinson U tilisés depuis les années 1960, les antibiotiques ont joué un rôle essentiel dans l’évolution des soins hospitaliers modernes. Puisqu’ils étaient sécuritaires, efficaces et relativement peu coûteux, leur utilisation a connu un essor considérable dans les années 1970 et 1980, alors que plusieurs antibiotiques « nouveaux et améliorés » ont été offerts sur le marché; ceux-ci étaient très pratiques et pouvaient servir à de multiples usages. Par exemple, un nouvel antibiotique pouvait souvent en remplacer deux ou trois de la génération précédente. “… une activité qui comprend la sélection du traitement antimicrobien pertinent et l’établissement de la posologie, de la voie d’administration et de la durée. Les programmes de gérance des antimicrobiens mettent principalement l’accent sur l’utilisation adéquate des antimicrobiens afin d’obtenir les meilleurs résultats chez les patients, réduire les risques résistance aux antibiotiques et favoriser la sécurité des patients” (Agrément Canada, 2013). La plupart des programmes de gérance ont été lancés dans de grands centres médicaux universitaires qui disposent de spécialistes en microbiologie médicale, en maladies infectieuses et en pharmacie clinique. Dépendant souvent des intérêts des spécialistes locaux, les programmes étaient généralement menés en pharmacie et étaient sujets aux pressions concurrentielles exercées par la hausse des dépenses dans l’ensemble des catégories de médicaments. Très peu de programmes de gérance des antimicrobiens en milieux de soins de courte durée ont été instaurés en dehors de ces centres. Au milieu des années 1990, la Société canadienne des maladies infectieuses et Santé Canada ont coparrainé une conférence de deux jours intitulée « Le contrôle de la résistance aux antimicrobiens : Plan d’action intégré pour la population canadienne ». Les spécialistes et les décideurs se sont réunis et ont formulé une série de recommandations, y compris l’instauration de « programmes de gérance des antibiotiques et d’équipes de gestion de l’utilisation des antibiotiques dans tous les hôpitaux canadiens en les intégrant aux normes d’agrément ». Malheureusement, très peu a été fait à cet égard à la suite de cette conférence pendant plusieurs années. Puis, en 2005, le Dr Jacques Pépin publiait un rapport précurseur révélant une forte hausse de l’incidence et de la gravité de la bactérie Clostridium difficile (C. difficile) au Québec. Le rapport affirmait que C. difficile était à l’origine d’environ 2 000 décès, et cette affirmation 47 PRINTEMPS 2013 À mesure que l’utilisation des antibiotiques s’est accrue, la résistance aux antibiotiques a augmenté, en particulier dans le cas des microorganismes associés aux milieux hospitaliers. Cette résistance est devenue de plus en plus préoccupante pour le secteur des soins de santé. Ajoutée aux compressions budgétaires, la résistance aux antibiotiques a conduit à des examens de l’utilisation des antibiotiques, lesquels ont mené à l’instauration de programmes de gérance des antimicrobiens dans certains organismes. Ces programmes sont définis comme suit dans les pratiques organisationnelles requises (communément appelées POR) d’Agrément Canada : d’infections, réduire ou stabiliser les niveaux de a rapidement dirigé l’attention publique et politique sur les infections nosocomiales. C. difficile et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ont mis en lumière de graves lacunes en matière de prévention et de contrôle des infections (PCI) dans les hôpitaux, et la réaction fut vive. Des investissements en PCI ont été réalisés partout au Canada : l’infrastructure a été améliorée, du personnel en PCI a été engagé et une certaine baisse des taux d’infections nosocomiales a été observée. Les programmes de gérance des antibiotiques ont été considérés comme une mesure appropriée pour contrer la bactérie C. difficile, mais peu de changements ont été notés à l’extérieur du Québec. Mouvement pour la qualité et la sécurité En 2003, le gouvernement fédéral a créé l’Institut canadien pour la sécurité des patients en réponse à l’intérêt croissant porté à la sécurité des patients. Depuis ce moment, une amélioration lente, mais constante, est observée dans les infrastructures provinciales et de soins de courte durée à l’égard de la promotion des pratiques de sécurité. La plupart des instances ont établi des conseils de la qualité des services de santé ou ont mis en place une initiative similaire au sein du gouvernement. Il est essentiel que les structures centrales (c’està-dire les autorités sanitaires et les gouvernements provinciaux) et les spécialistes soutiennent activement les fonctions administratives, comme l’établissement de politiques et de priorités en matière de programmes de gérance des antimicrobiens. Bon nombre de nouveaux programmes rigoureux de PCI ont été élaborés dans le cadre des dossiers de la qualité et de la sécurité, et leur création a contribué à faire avancer ces mêmes dossiers. Par 48 exemple, à titre d’organisme tiers indépendant, Agrément Canada a considérablement relevé les exigences de ses normes en matière de PCI pour favoriser l’amélioration de la qualité. Ressources humaines Qui donc est au cœur de ces programmes de gérance des antimicrobiens? Les pharmaciens cliniques s’avèrent les piliers des infrastructures de soins de courte durée. L’essentiel de la mise en œuvre courante des programmes de gérance des antimicrobiens est réalisé par les pharmaciens cliniques, qui sont guidés par les pharmaciens cliniques et les médecins les plus expérimentés. Les programmes de pharmacie clinique sont généralement bien établis dans les centres universitaires des sciences de la santé, mais ils le sont moins dans les plus petits centres de soins de santé, parce que la gérance des antimicrobiens entre souvent en concurrence avec les autres services de pharmacie clinique pour l’obtention de ressources. La quantification du besoin et l’établissement d’un financement stable pour les pharmaciens cliniques constituent des éléments essentiels de la mise en œuvre de programmes de gérance des antimicrobiens. Les médecins font partie intégrante des programmes de gérance des antimicrobiens. Un médecin local champion de la prévention des infections et possédant des connaissances médicales pointues peut contribuer à l’élaboration et au maintien de ces programmes. Cependant, la plupart des spécialistes en infections (infectiologues, médecins microbiologistes) travaillent dans les grands centres; il sera important de trouver des façons d’intéresser les cliniciens locaux à élaborer ces programmes dans les plus petits centres. PRINTEMPS 2013 Il sera également nécessaire de reconsidérer les ressources humaines médicales en ce qui a trait à la consultation et aux conseils d’experts en matière de gestion de cas. L’utilisation de la technologie à distance aux fins de consultation facilitera l’élargissement des programmes de gérance des antimicrobiens à des collectivités plus éloignées. En raison de la concentration de l’expertise médicale dans les grands centres urbains et de la superficie du Canada, il sera important de trouver des solutions adaptées aux régions, qui incluront vraisemblablement l’utilisation de la technologie à distance en soutien aux ressources humaines. Technologie de l’information et collecte de données Deux types d’information sont essentiels aux programmes de gérance des antimicrobiens : l’utilisation des antimicrobiens et la sensibilité à ceux-ci. (c’est-à-dire les essais en laboratoire visant à évaluer l’efficacité d’un agent antimicrobien). La plupart des institutions canadiennes ne disposent pas de systèmes bien développés pour répondre à ces besoins en matière de données. Une certaine portion de l’information est recueillie lorsque les installations sont modernisées et améliorées, mais il est essentiel que les besoins des programmes de gérance des antimicrobiens soient pris en considération lors des activités de mise à niveau de la technologie des laboratoires et des pharmacies. Qualité et sécurité — Le lien avec la prévention et le contrôle des infections Le soutien administratif pour la gérance des antimicrobiens relève naturellement des dossiers de la qualité et de la sécurité, qui sont clairement harmonisés avec les objectifs de PCI. Une synergie entre les programmes de PCI peut être établie rapidement, puisque plusieurs médecins champions participent à la fois à la prévention et au contrôle des infections ainsi qu’à la gérance des antimicrobiens. Certes, le laboratoire de microbiologie est aussi un partenaire essentiel. Certains programmes internationaux ont cherché à établir des équipes de gérance des infections, permettant ainsi une meilleure intégration de la prévention, du diagnostic et du traitement des infections. La création de ces équipes pourrait constituer la prochaine étape logique au Canada. Le Scottish Antimicrobial Prescribing Group (SAPG) (http://www. scottishmedicines.org.uk/SAPG/Scottish_Antimicrobial_Prescribing_ Group__SAPG) a été créé pour faciliter la mise en œuvre du plan d’action de 2008 sur la résistance aux antimicrobiens. De nombreuses leçons peuvent être tirées du succès de cette initiative (http://www. aricjournal.com/content/1/1/7), puisqu’il existe des similarités entre les modèles de prestation des services médicaux canadiens et écossais. L’un des grands enseignements est qu’un financement dédié est essentiel : de nouveaux fonds ont été débloqués pour créer la structure du SAPG et financer les pharmaciens cliniques de tous les conseils régionaux. Le même type d’investissement est nécessaire au Canada. Conclusion Au cours de la dernière décennie, les dossiers de la qualité et de la sécurité sont devenus de plus en plus importants au sein des organismes canadiens de soins de santé, améliorant ainsi la position du Canada pour faire face au défi ardu de la gestion de la résistance aux antibiotiques grâce aux programmes de gérance des antimicrobiens. En accordant une attention sérieuse et les fonds nécessaires à cette question, il est possible de gérer la résistance aux antimicrobiens. Q Jim Hutchinson Jim Hutchinson, MD, FRCPC, a vécu 17 ans à St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, et s’est récemment installé à Victoria, en Colombie-Britannique, pour devenir directeur médical du nouveau programme de gérance des antimicrobiens de la Vancouver Island Health Authority . Le Dr Hutchinson est un ancien président du Comité canadien sur la résistance aux antibiotiques (CCRA) et il copréside actuellement l’Antimicrobial Clinical Expert Group du ministère de la Santé de la Colombie-Britannique. Pour en savoir plus sur ses projets en cours, consultez le http://infectionnet.org. Références Agrément Canada. (2013). Guide des pratiques organisationnelles requises 2013. Agrément Canada, Ottawa, Ontario. Pépin, J., L. Valiquette Et B. Cossette. « Mortality attributable to nosocomial Clostridium difficile– associated disease during an epidemic caused by a hypervirulent strain in Quebec », CMAJ, 173 (2005), p. 1037-1042 49 PRINTEMPS 2013 La création de centres provinciaux de collecte et d’interprétation des données pourrait aussi contribuer à l’évaluation normalisée des secteurs qui connaissent du succès et de ceux qui doivent être améliorés. Le modèle écossais Mot de la fin Tourné vers l’avenir J e tiens à féliciter les auteurs qui ont accepté de contribuer à ce premier numéro de la revue en ligne. Nous espérons que cette initiative permettra à nos lecteurs de transmettre plus facilement Qmentum Quarterly à leurs amis et à leurs collègues. Bernadette MacDonald Présidentedirectrice générale d’Agrément Canada 50 Agrément Canada a pour mandat fondamental de vous aider dans vos projets d’amélioration de la qualité. Nous ne ménageons aucun effort pour fournir les ressources qui aideront les organismes comme le vôtre à réaliser leurs projets d’amélioration de la qualité. PRINTEMPS 2013 Dans les mois à venir, nous tiendrons quelques événements susceptibles de vous intéresser, vous ou votre équipe. Il s’agit d’ateliers sur l’éthique et sur les pratiques exemplaires, de même que de séances de formation Lean http://www.accreditation.ca/educational-resources/ education-sessions/regional-workshops/. Les ateliers sur l’éthique ont été adaptés à deux groupes, soit le personnel d’encadrement et les prestataires de services, et sont conçus pour aider les participants à être mieux préparés pour faire face aux problèmes d’éthique. Les travailleurs de première ligne seront plus aptes à relever les défis quotidiens à ce chapitre, et le personnel d’encadrement bénéficiera du soutien nécessaire pour continuer de faire cheminer l’organisme dans le respect de l’éthique et des valeurs qu’il s’est données. La série d’ateliers sur les pratiques exemplaires portera principalement sur l’amélioration de la qualité des soins de santé http://www.accreditation.ca/educationalresources/education-sessions/webinars/. Nous vous invitons à vous inscrire à ce webinaire pour découvrir comment faire reconnaître votre organisme pour ses pratiques à la fine pointe. Cette série traitera aussi de la façon de mettre en œuvre dans votre organisme les pratiques exemplaires qui proviennent d’ailleurs. Si votre organisme a mis sur pied des moyens innovateurs et efficaces d’améliorer la prestation de soins, laissez-nous vous aider à les faire connaître à d’autres établissements du pays, puisque bon nombre d’entre eux sont probablement confrontés aux mêmes difficultés. Lean s’avère une méthode précieuse qui offre le soutien nécessaire aux projets d’amélioration de la qualité. Nos séances de formation Lean sont offertes en collaboration avec Six Sigma Canada. En septembre et en octobre, des cours seront offerts en vue d’obtenir la certification ceinture verte (en anglais) et ceinture jaune (en anglais et en français). La méthode Lean fournit aux participants des techniques et des outils complets pour maximiser les résultats de leurs projets d’amélioration de la qualité. Chez Agrément Canada, nous avons souvent recours à la méthode Lean parce que nous croyons qu’elle nous permet d’acquérir des connaissances et de nous améliorer. Nous vous invitons donc à vous joindre rapidement au nombre croissant de professionnels de la santé du Canada qui obtiennent la certification grâce au partenariat entre Agrément Canada et Six Sigma Canada. Soyez à l’affût du prochain numéro de Qmentum Quarterly qui paraîtra à l’été et qui portera sur les points de transition des soins. D’ici là, profiter du beau temps qui semble enfin vouloir s’installer! Votre organisme Have You Been a-t-il été reconnu? Recognized? Le Programme de distinction à l’intention des services aux victimes d’AVC d’Agrément Canada vous permet : ••d’être reconnu comme centre d’excellence; ••d’améliorer les résultats des usagers; ••de renforcer le recrutement et le maintien en poste; ••d’appuyer le financement de la recherche; ••de démontrer votre conformité aux guides des meilleures pratiques. « En mettant en application le Programme de distinction à l’intention des services aux victimes d’AVC d’Agrément Canada, notre équipe a assuré l’excellence des soins qu’elle dispense. » Dr Mark Bayley Toronto Rehab University Health Network Calgary Stroke Program Kingston General Hospital MacKenzie Health Toronto Rehab, University Health Network 1-800-814-7769 accreditation.ca