printemps 2013 - Accreditation Canada

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Publications Mail Agreement
N0. 40045789
Q
mentum
uarterly
Qualité et
soins de santé
Printemps 2013
Prévention et contrôle des infections
Agrément Canada
Possibilités d’apprentissage
accreditation.ca
Certification Lean Six Sigma
Contribuez au succès de votre organisme de santé! Apprenez comment maximiser les résultats de vos
programmes d’amélioration de la qualité grâce à la formation Lean.
Certificat de niveau ceinture verte
Ottawa, Ontario (anglais)
Du 16 au 20 septembre • du 28 octobre au 1er novembre • du 9 au 13 décembre 2013 (15 jours de formation)
Utilisation d’outils et de techniques détaillés pour atteindre les meilleurs résultats possibles dans vos
initiatives d’amélioration de la qualité. Animé par un maître Six Sigma, ceinture noire, ce cours offre une
approche pratique qui repose sur l’utilisation de projets d’amélioration de la qualité suggérés par les
participants. Le certificat de niveau ceinture verte vous est remis lorsque vous réussissez le projet.
Certificat de niveau ceinture jaune
Ottawa, Ontario (anglais) • du 4 au 7 novembre 2013
Montréal, Québec (français) • du 9 au 12 septembre 2013
Ce cours est très populaire! Nous sommes heureux de l’offrir à nouveau du 4 au 7 novembre à Ottawa
et du 9 au 12 septembre à Montréal. Joignez-vous au nombre croissant de professionnels de la santé de
partout au pays qui ont reçu un certificat dans le cadre de ce partenariat entre Agrément Canada et Six
Sigma Canada.
Voici quelques commentaires de participants aux séances en 2012 :
Pendant cette séance, on nous a présenté de nombreux outils pour améliorer l’efficacité et l’efficience des services
que je fournis. On nous a aussi donné une excellente base d’évaluation et d’amélioration de la qualité.
Sonya Stanford, Eastern Health
Les exercices en groupe nous ont aidés à apprendre de façon pratique! Travailler avec d’autres participants pour voir
comment appliquer les méthodes enseignées fut très plaisant.
Corrine Preisler, Centre Hébergement et Soins de Longues Durées Bayview Inc.
J’ai beaucoup aimé le fait que ce cours intègre le programme Lean et Six Sigma, alors que la plupart des cours de
formation portent uniquement sur le programme Lean.
Sandra Kagoma, Brant Community Healthcare System
Cliquez ici pour obtenir plus de renseignements sur ces séances et vous inscrire dès
aujourd’hui!
Centre d’apprentissage
Q
mentum
uarterly
Qualité et
soins de santé
Volume 5, numéro 4
Table des matières : Prévention et contrôle des infections
5 Qmentum Quarterly maintenant
disponible en ligne…
Wendy Nicklin
6 Amélioration de la qualité du nettoyage
de l’environnement
Dick Zoutman
11 Une approche fondée sur les données
probantes pour l’application des
meilleures pratiques de PCI
Colette Ouellet, Cathy Egan
16 Prévention de la tuberculose et lutte contre
la maladie dans le Nord canadien
Kami Kandola, Kay Lewis, Karen Pardy, Kathie Pender
22 Désinfection chimique des surfaces dans
le milieu des soins de santé
Syed Sattar
31 Un outil de communication en prévention
et contrôle des infections pour les soins
de longue durée
Geneviève Shama, Marie Lahaye
37 La relance de la prévention et du contrôle
des infections à Terre-Neuve-et-Labrador
Marion Yetman, Donna Moralejo
41 Gestion des éclosions au sein de l’autorité
sanitaire de l’Île de Vancouver (VIHA)
Joanne Baines
46 Programmes de gérance des
antimicrobiens dans un contexte de soins
de courte durée
Jim Hutchinson
50 Mot de la fin : Tourné vers l’avenir
Bernadette MacDonald
26 Amélioration du programme d’examen de
la conformité aux pratiques d’hygiène des
mains des SSA
Jenine Leal, Elizabeth A. Henderson
Agrément Canada est un organisme sans but lucratif et indépendant qui fournit aux organismes de soins de santé nationaux et internationaux
un processus d’agrément rigoureux et complet. Il favorise l’amélioration continue de la qualité au moyen de normes fondées sur des données
probantes et d’un examen mené par des pairs indépendants. Agréé par l’International Society for Quality in Health Care, Agrément Canada aide
les organismes à viser l’excellence depuis plus de 50 ans.
Q
4
mentum
uarterly
Qualité et
soins de santé
Volume 5, numéro 4
PRINTEMPS 2013
Qmentum Quarterly : Qualité et soins de santé est un moyen de partager
l’expertise, l’innovation et les pratiques exemplaires à l’échelle du pays.
Cette revue se veut une tribune pour les organismes de santé et de services
sociaux qui souhaitent améliorer la qualité et la sécurité des usagers.
Publié par :
Agrément Canada
Rédactrice en chef :
Jil Beardmore
Présidente-directrice générale
d’Agrément Canada :
Wendy Nicklin
Vice-présidente, Affaires et mobilisation :
Paula McColgan
Correctrices-réviseures :
Andrée Brault-Plouffe
Mireille Francoeur
Christiane Rivard
Vice-présidente, Innovation et
développement :
Bernadette MacDonald
Adjointe administrative :
Jennifer Laviolette
Directeur, Développement des affaires :
Paul Payette
Mise en pages :
Cyan Solutions
Traduction :
Christiane Rivard
Jacynthe Juneau
24Translate
Soludoc inc.
Le Groupe Syntagme inc.
Dépôt legal :
Qmentum Quarterly
Bibliothèque et Archives Canada
ISSN 1918-039X
Introduction
Qmentum Quarterly maintenant
disponible en ligne…
Je suis ravie de vous présenter le premier
numéro entièrement électronique de la revue
Qmentum Quarterly.
Wendy Nicklin
Présidentedirectrice générale
d’Agrément Canada
Nous espérons ainsi répondre à la demande des lecteurs
qui souhaitaient pouvoir transmettre plus facilement
Qmentum Quarterly à leurs collègues. L’objectif est de
diffuser de l’information sur les pratiques exemplaires
le plus largement possible. C’est pourquoi je vous
encourage à transmettre la revue aux personnes qui
pourraient la trouver utile.
La prévention et le contrôle des infections continuent de
susciter l’intérêt des médias, du public, des politiciens et
de tous les secteurs de la santé au Canada. Les éclosions
de maladies infectieuses rappellent avec force que la PCI
est un domaine en évolution et que nous apprenons
collectivement à atténuer leur impact. Comme vous le
savez, Agrément Canada met des normes de PCI à la
disposition des organismes de santé pour les aider à offrir
des soins de qualité. Une nouvelle version de ces normes
paraîtra d’ailleurs en janvier 2014 et sera utilisée dans
le cadre des visites d’agrément menées après janvier 2015.
pour prédire le rendement sur le terrain. Il insiste donc
sur l’urgence d’examiner l’activité microbicide de ces
désinfectants, le libellé des étiquettes, les exigences
d’homologation, la sécurité en général et l’utilisation sur
le terrain.
Jenine Leal et Elizabeth A. Henderson expliquent
comment l’Alberta Health Services a remanié son
programme d’hygiène des mains dans le cadre d’une
initiative d’amélioration de la qualité. Surveiller le
respect des pratiques d’hygiène des mains et donner de
la rétroaction à ce sujet aux travailleurs de la santé sont
deux éléments qui font partie intégrante des programmes
d’amélioration de la sécurité des usagers et de l’hygiène
des mains.
Geneviève Shama et Marie Lahaye donnent un aperçu
des pratiques de prévention et de contrôle des infections
qui dépassent les pratiques de base dans les établissements
de soins de longue durée. Elles ont conçu du matériel
de communication qui rappelle les étapes à suivre pour
prévenir la transmission d’infections.
Marion Yetman et Donna Moralejo résument la mise
sur pied du groupe provincial responsable du contrôle
des infections à Terre-Neuve-et-Labrador (appelé le
PIC-NL en anglais) en 2007. Il a été créé dans la foulée
de l’examen réalisé en 2003 pour évaluer l’état de
préparation de la province en matière de prévention et
de contrôle des maladies transmissibles.
Colette Ouellet et Cathy Egan nous encouragent à trouver
des façons de passer de la création du savoir à l’action. Elles
examinent la prévention et le contrôle des infections en
Ontario, où il y a eu beaucoup de progrès à ce chapitre.
Joanne Baines décrit la structure de gestion des éclosions
de la Vancouver Island Health Authority. Elle est conçue
pour améliorer les processus de communication pendant
une éclosion et diminuer la durée d’une épidémie.
Kami Kandola, Kay Lewis, Karen Pardy et Kathie Pender
examinent de près la gestion de la tuberculose dans les
Territoires du Nord-Ouest. Comme le taux d’incidence
de cette maladie y est environ cinq fois plus élevé que dans
le reste du Canada, on travaille assidûment pour mettre
en œuvre des protocoles progressifs de prévention et de
contrôle des infections et gérer les éclosions.
Finalement, Jim Hutchinson dresse un historique des
programmes de gestion des antimicrobiens et traite des
options possibles pour aborder ces programmes à l’avenir.
Syed Sattar s’intéresse pour sa part aux désinfectants de
surfaces qui ne sont pas aussi efficaces qu’on pourrait
s’y attendre, car les tests ne sont pas assez rigoureux
Vous avez des commentaires à formuler au sujet de la
revue ou du nouveau format électronique? N’hésitez pas à
nous écrire à l’adresse [email protected].
Je vous remercie de votre engagement à l’égard de
l’amélioration de la qualité des soins de santé.
5
PRINTEMPS 2013
Dans le présent numéro, Dick Zoutman nous rappelle que
des pratiques de nettoyage efficaces peuvent grandement
réduire le risque d’infections nosocomiales dans
les établissements de santé du Canada. Il recommande de
mettre en œuvre des pratiques de nettoyage rigoureuses,
des listes de contrôle et des vérifications.
Amélioration de la qualité du
nettoyage de l’environnement
6
PRINTEMPS 2013
Compte tenu d’une part de la relation qui existe entre les infections
nosocomiales et la sécurité des patients au sein du système canadien de soins
de santé et d’autre part du rôle important que joue le nettoyage méticuleux
de l’environnement dans la réduction du risque de transmission de ces
infections, les normes d’Agrément Canada accordent une place importante
au respect de bonnes pratiques de nettoyage. En effet, le recours à des
pratiques, à des listes de contrôle et à des méthodes de vérification élaborées
avec soin visant l’amélioration continue de la qualité contribue grandement
à diminuer le risque de transmission des infections nosocomiales dans les
établissements canadiens de soins de santé.
Dick Zoutman
présentes à la surface (Moore et coll., 2006). En outre, il est presque
impossible de désinfecter toutes les surfaces dans un milieu clinique. Par
exemple, dans une unité de soins intensifs, les procédures de nettoyage
habituelles élimineront généralement 99 % des bactéries, dont la
plupart sont des staphylocoques. Toutefois, les bactéries résiduelles se
multiplieront très rapidement, et dans les six heures qui suivent, elles
seront aussi nombreuses qu’avant le nettoyage (Attaway et coll., 2012).
Par conséquent, les méthodes de nettoyage qui ne permettent pas
d’éliminer toutes les bactéries selon un degré élevé de certitude laissent
en place suffisamment de microorganismes qui pourront ensuite se
multiplier de façon exponentielle dans un très court laps de temps.
Réduction
(log10)
Facteur de
réduction
90 %
1
10 fois moins
99 %
2
100 fois moins
99.9 %
3
1,000 fois moins
99.99 %
4
10,000 fois moins
99.999 %
5
100,00 fois moins
99.9999 %
6
1,000,000
fois moins
L’ampleur du combat à mener contre les
agents microbiens
% de réduction
Les bactéries sont des microorganismes remarquables qui peuvent
survivre sur des surfaces pendant de longues périodes (Kramer et coll.,
2006). Le SARM peut survivre jusqu’à sept mois, les Pseudomonas
aeruginosa, jusqu’à 16 mois sur des planchers secs, tandis que les spores
de Clostridium difficile, pendant au moins cinq mois. Sans un nettoyage
adéquat, les bactéries résistent et ont amplement le temps de se multiplier,
à notre insu, et finissent par causer des infections cliniques.
Actuellement, les méthodes de nettoyage utilisées dans la plupart des
établissements de soins de santé ne permettent pas d’éliminer la totalité
des bactéries ou des virus d’une surface. En utilisant de l’eau et des linges
en microfibre ou en coton pour nettoyer une surface sèche contaminée,
on obtient, au mieux, une réduction de 2 log10 (99 %) des bactéries
7
PRINTEMPS 2013
L’état de propreté des établissements de soins de santé joue un rôle
très important dans la transmission des infections nosocomiales. Les
bactéries présentes dans l’environnement contaminent les mains
du personnel soignant ou contaminent directement les patients. Le
nombre de cas de transmission de patient à patient est directement
lié au degré de contamination de l’ensemble des lieux (Weber et coll.,
2010). Des études ont démontré que jusqu’à 20 endroits différents dans
l’environnement immédiat du patient peuvent être contaminés par des
bactéries pharmacorésistantes, Gram-positives et Gram-négatives. Par
exemple, dans un établissement, on a décelé la présence de Staphylococcus
aureus résistant à la méthicilline (SARM) ou d’Enterococcus résistant à
la vancomycine (ERV) (Lemmen et coll., 2004) sur 25 % des surfaces.
Sachant cela, il faut interpréter avec une grande prudence les allégations
faites par les fabricants des désinfectants approuvés pour les hôpitaux.
Comme le montre le tableau 1, un désinfectant qui devrait détruire
99 % des bactéries ne donne lieu en réalité qu’à un taux de réduction
bactérienne de 2 log10. Une allégation de désinfection à 99,99 %
équivaut en fait à une diminution de 4 log10 de la charge bactérienne de
départ. On parle d’une désinfection de haut niveau lorsque la réduction
de la charge bactérienne est de 6 log10 ou que 99,9999 % des bactéries
à la surface sont détruites. En général, le taux de contamination moyen
d’une surface clinique dans un établissement de santé se situe entre 2
et 3 log10 bactéries par cm2, ce qui fait que le taux actuel d’élimination
des bactéries — qui est de l’ordre de 2 log10 — risque fort de laisser en
place des microorganismes qui se multiplieront par la suite. Certains
fabricants affirment que leurs produits éliminent un plus grand
nombre d’agents pathogènes sur les surfaces (réduction bactérienne se
situant entre 5 et 6 log10 ou destruction de 99,999 % à 99,9999 % des
bactéries). Or, ces résultats ont été obtenus en laboratoire, où les produits
sont appliqués dans des conditions bien définies. Dans la réalité, les
désinfectants approuvés pour les hôpitaux sont souvent utilisés dans des
circonstances nettement moins idéales, de sorte qu’ils sont beaucoup
moins efficaces. Le présent article ne peut aborder tous les facteurs qui
interviennent dans la destruction des bactéries pendant une procédure
normale de nettoyage à l’aide d’un désinfectant approuvé pour les
hôpitaux, mais précisons au passage que ces facteurs comprennent la
nature du produit nettoyant et les allégations approuvées le concernant,
sa concentration, le temps de contact, la nécessité d’appliquer ou non
une friction (frottage) et le type d’article à utiliser pour le frottage (linge
en coton ou en microfibre). Vous trouverez un excellent résumé des
pratiques exemplaires de nettoyage de l’environnement dans tous types
d’établissement de soins de santé sur le site Web du Comité consultatif
provincial des maladies infectieuses (CCPMI) (http://www.oahpp.ca/
fr/services/pidac/index.html), qui relève de Santé publique Ontario.
8
PRINTEMPS 2013
Il suffit que cinq spores de
Clostridium difficile soient
présentes sur un centimètre
carré de surface contaminée pour
causer une infection.
(Lawley et coll., 2010)
Donc, même un nombre infime de bactéries, de spores ou de virus
résiduels constitue un risque (Bhalla et coll., 2004; Bridges et coll.,
2003). Une étude menée pendant neuf mois dans l’unité de soins
intensifs d’un établissement de Chicago portait sur l’impact qu’une
amélioration du nettoyage des lieux pourrait avoir sur la réduction
de la transmission de l’ERV. Après une analyse minutieuse des séries
chronologiques, on a constaté qu’un nettoyage méticuleux à l’aide
d’un désinfectant approuvé pour les hôpitaux entraînait à lui seul
unebaisse du taux de contamination environnementale par l’EVR et,
par conséquent, du taux de contamination des mains du personnel
soignant (Hayden et coll., 2008).
Efficacité du nettoyage de l’environnement
Grâce à l’utilisation de procédures de nettoyage efficaces dans les
établissements de soins de santé, il est possible de réduire le risque
d’infection. Dans un milieu de soins pédiatriques, l’amélioration des
procédures de nettoyage a en effet permis de diminuer le taux de
contamination environnementale par les virus de la gastroentérite
infectieuse (Gallimore et coll., 2008). L’usage d’hypochlorite (eau de
Javel) a entraîné une diminution des taux d’infection à Clostridium
difficile dans différents hôpitaux (McMullen et coll., 2007). En
outre, on a réussi à éliminer l’Acinetobacter baumannii multirésistant
d’une unité de soins aux brûlés après avoir fermé cette unité et l’avoir
désinfectée méticuleusement (Zanetti et coll., 2007). Par contre, il
paraît toujours impossible d’éliminer complètement les infections
nosocomiales par un nettoyage de l’environnement; c’est un but qui
semble en quelque sorte inatteignable.
De plus, le nombre de personnes par jour avec lesquelles un patient
partage sa chambre augmente le risque de transmission du SARM, de
l’ERV et de Clostridium difficile. En effet, dans un établissement de
soins de courte durée, le risque d’être infecté par l’un de ces trois agents
pathogènes s’accroît de 10 % par jour par nouvelle personne qui partage
la chambre d’un patient (Hamel et coll., 2010). Pour cette raison et pour
bien d’autres encore, il est plus sécuritaire pour un patient d’être placé
dans une chambre individuelle.
Que dit le programme Qmentum
d’Agrément Canada au sujet de la
propreté des lieux?
Compte tenu d’une part de la relation qui existe entre les infections
nosocomiales et la sécurité des patients au sein du système canadien de
soins de santé et d’autre part du rôle important que joue le nettoyage
méticuleux de l’environnement dans la réduction du risque de
transmission de ces infections, les normes d’Agrément Canada accordent
une place importante au respect de bonnes pratiques de nettoyage. À cet
égard, deux critères de l’ensemble des normes sur la PCI du programme
Qmentum retiennent l’attention.
D’abord, le critère 10.1, précise ce qui suit : « Les rôles et les
responsabilités sont définis au sein de l’organisme en ce qui concerne le
nettoyage et la désinfection de l’environnement physique. » Étant donné
les défis associés à la prévention des infections nosocomiales au moyen
du nettoyage de l’environnement physique, il est essentiel d’adopter
des procédures normalisées décrivant en détail les obligations et les
responsabilités de chaque employé qui participe à l’étape importante
qu’est le nettoyage. En fait, les procédures devraient reprendre les
consignes d’utilisation des produits fournies par les fabricants et
être fondées sur une évaluation rigoureuse des risques présents dans
l’environnement d’un établissement de santé donné.
Tout le personnel affecté au nettoyage doit suivre une formation
sur les méthodes de nettoyage à appliquer. Il doit aussi recevoir une
formation d’appoint chaque fois que les méthodes sont modifiées, et
sa participation à la formation d’appoint doit être attestée par écrit.
En outre, il faut définir clairement les activités de nettoyage et de
désinfection qui sont menées à bien par des employés non affectés aux
services d’entretien pour qu’il n’y ait aucune confusion à savoir qui est
responsable du nettoyage des diverses aires de l’établissement.
Il existe diverses techniques pour vérifier la qualité du nettoyage de
l’environnement (Carling et coll., 2010). Par exemple, les superviseurs
peuvent inspecter visuellement l’état de propreté des lieux en utilisant
des listes de vérification détaillées (voir le document intitulé Pratiques
exemplaires en matière de nettoyage de l’environnement en vue de la
prévention et du contrôle des infections dans tous les établissements
de soins de santé – deuxième édition, à l’adresse suivante : http://
www.oahpp.ca/fr/resources/documents/pidac/Environmental%20
Cleaning%20BP_FRENCH_FINAL_2012-07-19.pdf). Au cours
Conclusion
Le nettoyage des lieux est un défi de taille. Il est toujours possible
d’améliorer les procédures de nettoyage qui sont utilisées actuellement,
et rien ne doit être laissé au hasard. En effet, le recours à des pratiques,
à des listes de contrôle et à des méthodes de vérification élaborées avec
soin visant l’amélioration continue de la qualité contribue grandement
à diminuer le risque de transmission des infections nosocomiales dans
les établissements canadiens de soins de santé. Q
Dick Zoutman
Le Dr Dick Zoutman, M.D., FRCPC, est médecin-chef à la Quinte
Healthcare Corporation et professeur émérite à la faculté de sciences
de la santé de l’Université Queen’s. Il est aussi Associé du CRMCC.
Durant l’épidémie du SRAS, en 2003, Dr Zoutman a présidé le
Comité consultatif scientifique sur le SRAS de l’Ontario, qui était
chargé de conseiller le gouvernement ontarien sur les stratégies à
prendre pour gérer la crise. En 2004, il a été nommé coprésident
du CCPMI de l’Ontario. Dr Zoutman est également visiteur pour
Agrément Canada.
9
PRINTEMPS 2013
Le critère 10.6 du même ensemble de normes précise, quant à lui, que :
« L’organisme évalue régulièrement la qualité du nettoyage et de la
désinfection de l’environnement physique, et il utilise cette information
pour apporter des changements aux politiques et procédures. » Dans
un établissement de santé, le maintien d’un état de propreté adéquat
est une tâche complexe qui ne peut être laissée au hasard. Il est donc
recommandé de surveiller de près les procédures et les pratiques de
nettoyage, notamment en ayant recours à des vérifications périodiques.
À cette fin, il est utile de fournir aux employés des listes de vérification.
Ces listes leur permettent de se sentir responsables de leur travail et
d’être fiers de l’accomplir et de noter les tâches qu’ils ont terminées.
De plus, les superviseurs peuvent se servir des listes de vérification pour
s’assurer que toutes les procédures ont été suivies comme prévu et, s’ils
constatent que certaines pratiques de nettoyage ne sont pas observées
à la lettre, ils peuvent prendre les mesures correctives qui s’imposent.
des dernières années, on a commencé à appliquer des substances
fluorescentes sur les surfaces pour démontrer qu’elles avaient été
nettoyées de façon adéquate. Il s’agit de méthodes permettant de
déterminer de manière objective, quantitative et efficiente si les
procédures de nettoyage sont efficaces. L’information ainsi obtenue
devrait être utilisée à des fins d’amélioration continue de la qualité
du nettoyage et pourrait même être communiquée à l’ensemble du
personnel de nettoyage pour contribuer à améliorer le rendement
global de toute l’équipe des services d’entretien.
Références
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PRINTEMPS 2013
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of Acinetobacter baumannii into a burn unit: a
recurrent outbreak of infection associated with
widespread environmental contamination », Infect
Control Hosp Epidemiol, 28(6): 723-725.
Une approche fondée sur les données
probantes pour l’application des
meilleures pratiques de PCI
11
PRINTEMPS 2013
Le secteur de la prévention et du contrôle des infections (PCI) a besoin
d’une approche réfléchie et pratique afin d’intégrer les données probantes
dans les pratiques normales, notamment au niveau local. Le cycle
« des connaissances à la pratique », décrit par Graham et coll., conceptualise
la relation entre la création de connaissances et la pratique (2006).
La synthèse et la transmission des connaissances sont les premières étapes
permettant de changer les pratiques dans les soins de santé. Ces étapes
sont bien exécutées dans les cercles de PCI de l’Ontario.
Colette Ouellet
Cathy Egan
I
l a déjà été dit que l’on fait face à un « paradoxe de la mise en œuvre,
non fondée sur des données probantes, de programmes fondés sur
des données probantes » (Fixsen et coll. 2005), et que « le transfert des
résultats de recherche dans la pratique est imprévisible et peut être un
processus lent et aléatoire » (Eccles et coll. 2009). Le secteur de la PCI a
besoin d’une approche réfléchie et pratique pour faciliter la traduction
effective de données probantes en pratiques courantes, notamment au
niveau local.
12
Le syndrome respiratoire aigu sévère
(SRAS)
PRINTEMPS 2013
Au cours de la décennie qui a suivi l’apparition du syndrome respiratoire
aigu sévère en Ontario, l’attention accordée aux pratiques de PCI a
considérablement augmenté, et un travail substantiel a été réalisé afin
de développer la base de connaissances en matière de PCI. Le défi
pour les professionnels du contrôle des infections est de transmettre ces
connaissances afin de faciliter leur application aux premières lignes des
soins de santé. Cependant, il manque une approche systématique pour
relever ce défi.
Lors de la lutte contre le SRAS, il est ressorti clairement que
l’interprétation des normes du ministère de la Santé et des Soins de
longue durée au palier local exigeait de l’aide. Les directives et protocoles
publiés pendant la crise étaient controversés et difficiles à interpréter
en dehors de l’épicentre du problème, ce qui a mené à un manque de
cohérence et à de la confusion dans l’ensemble du système.
Le besoin de comprendre et d’appliquer de manière homogène les
meilleures pratiques a persisté au-delà de la crise engendrée par le SRAS.
Nous sommes toujours confrontés au défi des organismes résistants
aux antibiotiques, aux infections à Clostridium difficile, et à d’autres
infections associées aux soins de santé. Les données probantes semblent
indiquer qu’il existe d’importantes divergences dans les pratiques de
contrôle des infections entre les différents hôpitaux en Ontario, en
matière de prévention et de gestion de ces infections.
En 2000, une enquête pancanadienne examinant les pratiques en
matière de PCI et les ressources dans les services de soins de courte
durée a montré que beaucoup d’établissements manquaient de
professionnels du contrôle des infections. L’enquête a également révélé
que les programmes de surveillance des infections nosocomiales étaient
incohérents et incomplets (Zoutman et coll., 2003). Cinq ans après
l’expérience du SRAS, un examen réalisé par le Bureau du vérificateur
général de l’Ontario a cerné des incohérences systémiques dans les
programmes de PCI dans l’ensemble de la province : les pratiques
de dépistage, les politiques d’isolement, la fréquence des audits et les
définitions de la surveillance divergeaient considérablement (Bureau
du vérificateur général de l’Ontario, 2008). Ces différences ont mené
soit à un risque accru de transmission des organismes dans les hôpitaux
qui ne suivaient pas les meilleures pratiques, soit à un usage excessif
de ressources dans les hôpitaux qui allaient au-delà des meilleures
pratiques, ce qui a occasionné des frais inutiles.
Les professionnels du contrôle des infections ont assurément pour
rôle de faciliter les changements de comportement du personnel de
première ligne afin d’assurer que les meilleures pratiques en matière
de PCI soient appliquées systématiquement dans un organisme. Pour
que les efforts déployés soient efficaces, les professionnels doivent
reconnaître l’importance de la culture organisationnelle, les différences
entre les populations de patients ou la composition de la clientèle, et
les autres variations organisationnelles. Saint reconnaît que « la mise en
œuvre dans les soins de santé dépend souvent du contexte, du personnel
hospitalier – aussi bien le personnel d’encadrement que les employés –
et de la culture organisationnelle » (Saint et coll., 2010). Eccles déclare
que « l’efficacité des interventions varie en fonction des différents
problèmes, contextes et organismes cliniques » (Eccles et coll.., 2009).
Ces différences font en sorte qu’il est difficile d’atteindre un certain
niveau de cohérence et de standardisation, et de le maintenir.
Le corpus de connaissances en PCI s’est rapidement étendu dans
la décennie suivant le SRAS; une grande partie de ces connaissances
a été intégrée dans les ressources créées par le Comité consultatif
provincial des maladies infectieuses (CCPMI) de l’Ontario. De plus,
un programme d’hygiène des mains multidimensionnel, fondé sur des
données probantes et intitulé « Lavez-vous les mains », a été créé pour
aider les établissements de santé à améliorer la conformité aux mesures
d’hygiène des mains, celles-ci étant essentielles à la prévention des
infections associées au milieu de la santé. Des efforts sont actuellement
entrepris à Santé publique Ontario pour actualiser et développer des
modules d’apprentissage électroniques à l’intention du personnel de la
santé, afin d’optimiser la connaissance des meilleures pratiques et ainsi
améliorer la sécurité des patients et des professionnels. En outre, des
Réseaux régionaux de contrôle des infections ont été mis en place pour
soutenir la coordination et la standardisation des activités de PCI dans
tout le continuum de soins (Santé publique Ontario, 2011). Ces outils,
entre autres, fournissent aux professionnels du contrôle des infections la
base de connaissances nécessaire pour créer un programme de PCI solide
au sein de leur organisme. Ces professionnels sont tenus de s’assurer
que ces normes et meilleures pratiques sont interprétées correctement et
appliquées de manière uniforme dans l’organisme.
La science de l’application
s’intéresse au fossé qui existe
en général entre la théorie et
la pratique.
En Ontario, le CCPMI a réussi à faire la synthèse des données probantes
disponibles pour élaborer des guides des meilleures des pratiques. Le
CCPMI, les Réseaux régionaux de contrôles des infections, les services
de santé publique et les associations de PCI ont largement fait circuler
ces lignes directrices. Les résultats scientifiques ont donc été regroupés
avec succès et fournis aux intervenants de première ligne dans la plupart
des secteurs en Ontario. Alors pourquoi observons-nous toujours autant
d’infections associées aux soins de santé? Et pourquoi les pratiques
d’hygiène des mains ne sont-elles pas respectées à 100 % par tous
les travailleurs de la santé dans la province? Il est clair que l’adoption
des meilleures pratiques nécessite bien plus que la simple diffusion de
renseignements à l’étape de la mise en œuvre.
13
PRINTEMPS 2013
Consciente que de l’expansion rapide du rôle des professionnels du
contrôle des infections, l’association APIC (Association for Professional
in Infection Control and Epidemiology) a élaboré un modèle conceptuel
regroupant quatre domaines dans lesquels les professionnels doivent
acquérir des compétences : le leadership, la PCI, la technologie, et la
science de l’application et de l’amélioration des performances (Murphy
et coll., 2012). Chaque domaine remplit un rôle spécifique pour
garantir que le professionnel du contrôle des infections est bien préparé
à faire face aux demandes de la clientèle dans les trois à cinq prochaines
années. Le domaine de l’application et l’amélioration des performances
reconnaît le rôle du professionnel du contrôle des infections dans le
changement du comportement, et est particulièrement important
pour l’amélioration des meilleures pratiques adoptées par le personnel
de première ligne. La science de l’application est « l’étude des méthodes
de promotion de l’intégration des faits dans la pratique » (Saint et coll.,
2010); elle s’intéresse au fossé généralement existant entre la théorie
et la pratique et requiert une transmission de connaissances efficace.
14
PRINTEMPS 2013
La science de l’application est une discipline relativement jeune
à laquelle les professionnels du contrôle des infections n’ont pas
beaucoup eu recours. Il peut être intimidant de devoir en apprendre les
nuances et de savoir comment utiliser le cycle « des connaissances à la
pratique ». C’est par le partage des leçons apprises qu’on peut le mieux
arriver à entraîner des changements dans la pratique des professionnels
du contrôle des infections. La mobilisation de groupes régionaux ou de
communautés de pratique peut faciliter l’acquisition des compétences
spécifiques aux professionnels et changer la manière de mettre en
œuvre les meilleures pratiques en matière de PCI. Les professionnels
du contrôle des infections devraient dialoguer avec leurs pairs afin de
découvrir quelles sont les interventions qui fonctionnent, comment, et
dans quelles conditions. Ceci leur permettra aussi de développer des
approches communes pour aborder le « rôle dynamique du contexte »
(Saint et coll., 2010). Les possibilités de réseautage au niveau local
permettront de tenir des discussions fructueuses au sujet de la
standardisation des pratiques de manière systématique.
Le cycle « des connaissances à la pratique », tel que décrit par Graham
et coll., conceptualise la relation entre la création de connaissances
et la pratique (2006). Ce cycle comprend deux phases, la première
étant la création de connaissances – la condensation des recherches
primaires dans des produits adaptés aux praticiens de première ligne.
La synthèse et la transmission des connaissances sont les premières
étapes qui permettront de changer les pratiques dans le secteur des
soins de santé; comme nous l’avons vu plus haut, ces étapes sont bien
exécutées dans les cercles de PCI de l’Ontario. La seconde phase est le
cycle de la pratique, qui correspond à l’application de ces connaissances
pour « créer délibérément un changement dans les groupes-cibles »
(Graham et coll., 2006).
La mise en œuvre traditionnelle des lignes directrices relatives aux
meilleures pratiques en matière de PCI a reposé largement sur des
séances de formation, des fiches d’information et des affiches, sans
tenir compte des facteurs qui auront réellement une influence sur
les comportements et provoqueront le changement souhaité dans la
pratique. Les étapes du cycle de pratique comprennent l’adaptation
des activités favorisant l’échange de connaissances en fonction du
contexte local, ainsi que la surveillance et l’évaluation de l’intégration
des meilleures pratiques; il aide les professionnels à intégrer la science
dans leurs stratégies de mise en œuvre.
Le domaine de la PCI est prêt à entamer une étape importante de
son développement en Ontario. Des programmes, une infrastructure
et des mécanismes de soutien aux paliers local, régional et provincial
mettent à profit ce qui a été réalisé en matière de PCI à la suite du
SRAS. Le prochain défi consiste à traduire efficacement la solide base
de connaissances en mesures concrètes pouvant être adoptées par
le personnel de première ligne. Pour ce faire, nous devons travailler
ensemble afin de créer des cycles de pratique efficaces qui concrétiseront
les connaissances. Q
Colette Ouellet
Colette Ouellet, RN, BN, CIC, est directrice de la prévention et
du contrôle des infections (PCI) à l’Hôpital Queensway-Carleton à
Ottawa. Auparavant, elle était membre fondatrice et coordinatrice
du Réseau de contrôle des infections de Champlain, et responsable
du programme de PCI au campus Civic de l’Hôpital d’Ottawa.
Madame Ouellette est spécialisée dans le contrôle des infections
et a le statut de CIC depuis plus de 15 ans; elle est inscrite au
programme de Maîtrise en administration des soins de santé de
l’Université d’Ottawa.
Cathy Egan
Cathy Egan, CPHI(C), MBA, CIC, a travaillé pendant 16 ans
comme inspectrice à la Santé publique de la région de Waterloo
et s’est spécialisée dans le contrôle des infections et les maladies
transmissibles. En 2006, elle est devenue coordinatrice du Réseau de
contrôle des infections de Waterloo-Wellington, puis a rejoint Santé
publique Ontario en 2009 pour devenir responsable des Réseaux
régionaux de contrôle des infections en 2010. Elle est actuellement
directrice de la prévention et du contrôle des infections à Santé
publique Ontario.
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printemps de la peur. Ministère de la Santé et des Soins de
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PRINTEMPS 2013
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Prévention de la tuberculose
et lutte contre la maladie dans
le Nord canadien
16
PRINTEMPS 2013
De 2001 à 2010, dans les T.N.-O., il y a eu chaque année en moyenne 23
cas de TB pour 100 000 personnes, ce qui représente 99 cas déclarés
au cours de cette période. En moyenne, dix personnes atteintes de
tuberculose active ont été admises chaque année à l’hôpital Stanton.
Afin de réduire le risque de transmission de la TB à d’autres patients
ou à des employés, l’hôpital a adopté des politiques et des procédures
de prise en charge des cas soupçonnés ou actifs de TB. En outre,
le ministère de la Justice des T.N.-O. a mis en place des politiques
régissant la déclaration et la prise en charge des cas de TB.
Kami Kandola
Kay Lewis
Karen Pardy
L
’administration de santé territoriale Stanton (hôpital Stanton)
fournit des services à une population dont le taux d’incidence de
la tuberculose (TB) est environ cinq fois supérieur à celui du reste du
Canada (Case, 2012). Le personnel de l’hôpital Stanton procède donc
régulièrement à des tests de dépistage de la TB.
Historique de la tuberculose dans les T.N.-O.
Avant l’arrivée des Européens, les populations autochtones du Nord
canadien n’avaient jamais été en contact avec la TB. N’étant pas
immunisées contre cette maladie et faute de soins médicaux, ces
populations nordiques ont été très touchées. Les taux d’incidence de
la TB et de mortalité associée étaient élevés, surtout après la Deuxième
Guerre mondiale. Bon nombre de tuberculeux des T.N.-O. étaient
alors traités dans des sanatoriums (Grygier, 1997).
De 2001 à 2010, les T.N.-O.
ont affiché un taux moyen
d’incidence de la TB environ
cinq fois supérieur au
taux national.
Dans les années 1960, grâce à la vaccination, au dépistage précoce, à la
recherche rapide des contacts et au traitement précoce, on a enregistré
une baisse marquée de l’incidence de la TB. Aujourd’hui, dans les
T.N.-O., presque tous les cas actifs de TB sont d’abord traités à l’hôpital
Stanton. Il est rare que des personnes atteintes de TB soient transférées
à Edmonton pour y être traitées par un spécialiste.
De 2001 à 2010, dans les T.N.-O., il y a eu chaque année en moyenne
23 cas de TB pour 100 000 personnes, soit 99 cas déclarés au cours de
cette période, ce qui représente un taux d’incidence environ cinq fois
supérieur au taux national. La majorité des cas (83 %) touchaient la
population dénée, et les personnes atteintes étaient surtout d’âge moyen
ou âgées (65 %). Enfin, les hommes comptaient pour la plupart des cas
actifs de TB (Case, 2012)1.
1.Au cours des 13 dernières années, les taux de TB ont fluctué. Depuis trois
ans, ils semblent diminuer
17
PRINTEMPS 2013
L’hôpital Stanton, qui a ouvert ses portes en 1988, est un établissement
de soins de courte durée qui compte 100 lits. Il s’agit du plus grand
établissement agréé des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.). En tant
que principal centre de soins de santé de la région, il offre des services aux
quelque 45 000 résidents des T.N.-O. et à plus de 5 000 personnes qui
vivent dans l’ouest du Nunavut (région de Kitikmeot). L’hôpital dispose
de six chambres d’isolement en pression négative et emploie à temps
plein un coordonnateur chargé des dossiers de la santé et la sécurité au
travail, et de la lutte contre les infections. L’établissement recourt à la
technologie numérique pour enregistrer et archiver les images médicales.
Comme les analyses de laboratoire sont réalisées sur place, le personnel a
rapidement accès à des renseignements diagnostiques précis. D’ailleurs,
le laboratoire de l’hôpital Stanton possède tout l’équipement nécessaire
pour procéder au dépistage primaire de Mycobacterium tuberculosis.
Par la suite, les cultures ou les frottis positifs sont envoyés au laboratoire
ProvLab (Alberta), où ils feront l’objet d’analyses plus poussées et
d’épreuves de sensibilité aux antituberculeux.
Kathie Pender
Pratiques de prévention de la tuberculose
et de lutte contre la maladie à
l’hôpital Stanton
Pour Santé Canada, un établissement de soins de santé est à risque
élevé (de transmission de la TB) si au moins six personnes atteintes
de TB active y sont admises chaque année (Santé Canada, 1996). Or,
de 2001 à 2010, l’hôpital Stanton a traité en moyenne chaque année
dix cas de TB active.
Afin de réduire le risque de transmission de la TB à d’autres patients
ou à des employés, l’hôpital a adopté des politiques et des procédures
pour la prise en charge des cas soupçonnés ou actifs de TB. En outre, le
ministère de la Justice des T.N.-O. a mis en place des politiques régissant
la déclaration et la prise en charge des cas de TB.
Déclaration et contrôle des cas de TB
Aux termes du Règlement sur la surveillance des maladies, Règl. des
TN-O 096 2009 (sous le régime de la Loi sur la santé publique,
18
LTN-O 2007, ch. 17, version modifiée), tous les cas soupçonnés ou
confirmés de TB doivent être signalés directement à l’administrateur
en chef de la santé publique ou à son remplaçant désigné dans les 24
heures. En vertu du Règlement sur le contrôle des maladies à déclaration
obligatoire, Règl. des TN O 128 2009, l’administrateur en chef de la
santé publique a le pouvoir de demander au professionnel de la santé
qui s’occupe du cas a) d’entreprendre ou de poursuivre l’exécution des
mesures de contrôle se rapportant à la maladie, y compris le traitement
ou la surveillance de la personne; et b) de respecter les directives de
l’administrateur en chef de la santé publique (ministère de la Justice
des T.N.-O., 2009). Les mesures de contrôle à exécuter sont précisées
dans les ouvrages suivants : NWT Infection Prevention and Control
Manual (2012) et NWT TB Manual (2013).
PRINTEMPS 2013
Par ailleurs, l’article 13 du Règlement sur le contrôle des maladies à
déclaration obligatoire, Règl. TN O 128 2009 prévoit ce qui suit : « a
personne qui est atteinte [...] d’une maladie à déclaration obligatoire
dont la transmission est aéroportée [...] doit être isolée dans un
établissement d’isolement qui respecte les normes établies dans la norme
CAN/CSA Z317.2 01 intitulée Systèmes de chauffage, de ventilation
et de conditionnement d’air (CVCA) dans les établissements de santé:
exigences particulières ».
En outre, le Règlement sur les normes dans les hôpitaux et les établissements
de soins de santé, Règl. des TN O 036 2005 (version modifiée de 2009)
indique que le personnel hospitalier doit subir un test tuberculinique de
base. Les employés dont les résultats du test de base sont négatifs doivent
de surcroît se soumettre chaque année à un test cutané à la tuberculine,
tout comme les employés suivants :
•
•
ceux qui risquent en tout temps d’être en contact avec des patients
tuberculeux (ou des prélèvements d’expectorations);
ceux qui travaillent dans une collectivité présentant un taux de
prévalence élevé de la TB.
Tous les autres employés doivent se soumettre à un test cutané au moins
tous les trois ans. Ceux dont les résultats sont positifs doivent subir une
radiographie pulmonaire, puis un test de dépistage annuel comprenant
un interrogatoire sur les symptômes et une évaluation clinique, au besoin.
Politique d’admission relative à la TB
Étant donné que le taux d’incidence de la TB est élevé dans les T.N.-O.,
on rappelle continuellement au personnel médical de se tenir en garde
contre la TB (initiative « Think TB! » du ministère de la Santé et des
Services sociaux des T.N.-O., 2008), surtout lorsque le patient a une
toux persistante (qui dure depuis trois semaines ou plus), qu’il y ait
présence ou non de signes ou de symptômes distinctifs, comme une
fièvre, des sueurs nocturnes ou une perte de poids. Toute personne
soupçonnée d’être tuberculeuse qui se présente elle-même à l’hôpital
doit être automatiquement placée dans une chambre d’isolement en
pression négative jusqu’à ce qu’on écarte la possibilité d’une TB. Si la
radiographie de cet usager laisse à croire qu’il est effectivement atteint de
tuberculose, une copie de celle-ci serait envoyée à l’administrateur en chef
de la santé publique ou à son remplaçant désigné, lequel devrait ensuite
être joint immédiatement par téléphone. La plupart des cas soupçonnés
ou confirmés de TB active sont en fait diagnostiqués ailleurs qu’à
l’hôpital, souvent dans de petites collectivités éloignées. Généralement,
ces collectivités devraient faire appel à des services d’ambulance aérienne
pour transporter le patient et le personnel médical qui l’accompagne. Le
patient devrait porter un masque tout au long du transfert jusqu’à ce qu’il
soit placé dans une chambre d’isolement en pression négative.
Pour éviter que les patients de l’urgence ne soient exposés inutilement à
la TB, l’hôpital Stanton a pour politique de placer immédiatement dans
une chambre d’isolement en pression négative toute personne atteinte
ou soupçonnée d’être atteinte de TB active, dès son admission. C’est le
gestionnaire du programme de la TB (qui relève du ministère de la Santé et
des Services sociaux des T.N.-O.) qui s’occupe de coordonner le transfert
du patient, entre l’Administration de santé territoriale et l’hôpital. De plus,
la politique d’admission relative à la TB oblige le personnel responsable
de l’admission à signaler tout cas de TB au médecin, au coordonnateur
des soins cliniques (le jour) ou au coordonnateur des soins aux patients (le
soir, la fin de semaine et les jours fériés) ainsi qu’au coordonnateur chargé
des dossiers de la santé et de la sécurité au travail, et de la lutte contre
les infections. Si toutes les chambres en pression négative sont occupées,
il faut déplacer certains patients à l’interne pour libérer des chambres
d’isolement. Si une personne tuberculeuse peut être prise en charge sans
risque à la maison, son admission est parfois retardée.
Ordres permanents concernant la TB
À l’hôpital Stanton, un grand nombre de médecins alternent chaque
semaine avec des généralistes suppléants. De plus, l’hôpital accueille
souvent des spécialistes itinérants qui pourraient ne pas connaître les
mesures de prise en charge de la TB. Par conséquent, en 2005, l’hôpital
a mis en place des ordres permanents concernant la TB qui s’appliquent
à l’admission des enfants et des adultes. Ces ordres visent à uniformiser
le traitement de la TB afin d’éviter un traitement sous-optimal qui
risquerait de compromettre la santé publique ou d’entraîner une
Encadré 1 : Levée des précautions contre la transmission par voie aérienne (critères fondés sur les
Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse, 6e éd., 2007)
1.
a)
Un patient soupçonné d’être atteint de TB restera en isolement
respiratoire jusqu’à l’obtention de résultats négatifs à trois
frottis d’expectorations (trois jours consécutifs).
b) l’obtention de résultats négatifs à trois frottis
d’expectorations pour la détection de bacilles
acidorésistants (recueillis au cours de trois journées
différentes). Le patient devrait demeurer en isolement
respiratoire jusqu’à l’obtention de résultats négatifs à
trois frottis d’expectorations consécutifs. De plus, il
devrait y avoir des signes cliniques d’amélioration et des
preuves que le patient a suivi fidèlement le traitement
combiné pendant au moins deux semaines (preuves
fondées sur la sensibilité connue des bacilles du patient
aux antibiotiques).
2) Un patient dont la culture est positive, mais dont le frottis
négatif est confirmé, qui est hospitalisé pour le traitement
d’une TB active, continuera de faire l’objet de précautions
contre la transmission par voie aérienne jusqu’à :
a)
la fin du traitement sous surveillance directe de deux
semaines;
b) l’obtention de résultats négatifs à trois frottis
d’expectorations pour la détection de bacilles
acidorésistants (recueillis au cours de trois journées
différentes);
c)
3.
la fin du traitement sous surveillance directe de deux
semaines;
c)
la présence de signes cliniques d’amélioration.
Un patient hospitalisé pour une TB active dont le frottis et la
culture sont tous les deux positifs continuera de faire l’objet de
précautions contre la transmission par voie aérienne jusqu’à :
Par ailleurs, des prélèvements sont recueillis chaque
semaine jusqu’à l’obtention de résultats négatifs à trois
frottis d’expectorations consécutifs.
pharmacorésistance. Toutes les personnes atteintes de TB active qui sont
hospitalisées se voient administrer dans un premier temps un traitement
combiné sous surveillance directe. Après leur congé, ces personnes
doivent suivre un schéma posologique normalisé sous surveillance directe
dans leur collectivité.
Lutte contre les infections tuberculeuses
Visites des personnes atteintes de la TB
1. Mesures pour limiter les contacts
La prise en charge clinique de tous les cas de TB active (patients
hospitalisés et ceux ayant obtenu leur congé de l’hôpital) prend la forme
de visites à la quinzaine, menées dans l’ensemble des T.N.-O. Ces visites
sont supervisées par un interniste de l’hôpital Stanton et organisées par
le bureau de l’administrateur en chef de la santé publique. Les résultats
des examens et analyses liés aux cas de TB active et les renseignements
sur la recherche des contacts sont consignés dans un registre central des
cas de TB. Ce registre est conservé par le ministère de la Santé et des
Services sociaux. Les contacts à risque élevé qui nécessitent un dépistage
et une évaluation, mais qui ne peuvent être retrouvés pour diverses
raisons (itinérance, toxicomanie, problèmes de santé mentale), peuvent
être marqués d’un indicateur dans le système de l’urgence de l’hôpital
Stanton. Sans divulguer de détails, un indicateur signale à la personne
qui en prend connaissance qu’elle doit communiquer avec l’agent
de la santé publique qui est de garde; cet agent tient à jour une liste
des personnes qui doivent subir un dépistage immédiat (prélèvement
d’expectorations et prise d’une radiographie pulmonaire, au besoin).
•
Habituellement, le personnel de l’hôpital Stanton prend les mesures de
précaution suivantes lorsque des personnes atteintes ou soupçonnées
d’être atteintes de la TB sont admises à l’hôpital.
•
•
•
2. Mesures de protection de l’environnement
•
Veiller à ce que les chambres d’isolement répondent à la norme
CAN/CSA Z317.2 10; il faut notamment qu’il y ait au moins
19
PRINTEMPS 2013
•
Prendre des précautions contre la transmission par voie aérienne,
y compris le port de masques N95.
Installer des affiches avertissant les autres patients, les visiteurs
et le personnel qu’ils doivent prendre des précautions contre la
transmission par voie aérienne.
Réduire au minimum le nombre de personnes qui entrent dans
la chambre.
Faire en sorte que le patient sorte le moins possible de la chambre
en pression négative et obliger le patient à porter un masque
N95 lorsqu’il doit absolument sortir de la chambre (un masque
chirurgical peut faire l’affaire si le patient ne peut pas tolérer un
masque N95).
Faire en sorte que toute autre intervention ait lieu vers la fin de la
journée pour prévoir assez de temps pour le nettoyage et l’aération
de la salle d’examen.
•
•
•
•
12 renouvellements d’air à l’heure dans une chambre en
pression négative.
Garder les portes de la chambre d’isolement fermées en tout temps.
Après que le patient a obtenu son congé, laisser en place pendant
une heure l’affiche signalant l’isolement respiratoire pour être
certain que tout agent pathogène aérogène est éliminé de la
chambre avant qu’une autre personne y entre.
Procéder au nettoyage final habituel de la chambre.
Conserver l’équipement (le stéthoscope, le brassard de tensiomètre,
etc.) dans la chambre d’isolement.
3. Mesures de précautions administratives
•
•
20
•
PRINTEMPS 2013
•
•
•
•
•
Signaler au coordonnateur de la lutte contre les infections qu’il y a
un cas soupçonné ou confirmé de TB.
Organiser des séances de sensibilisation et de formation au sujet de
la TB et des précautions contre la transmission par voie aérienne.
Signaler le cas à l’administrateur en chef de la santé publique ou à
son remplaçant désigné, si ce n’est pas déjà fait.
Planifier les transferts interétablissements et communiquer les
détails exacts à ce sujet.
Consigner avec précision les données relatives à la chambre en
pression négative dans le dossier du patient.
Demander aux employés de l’hôpital en contact avec des patients
atteints de la TB de se soumettre chaque année à un test cutané
à la tuberculine; si l’employé a été en contact avec une personne
atteinte de TB active, le test cutané devra avoir lieu plus tôt.
Procéder régulièrement à un essai d’ajustement du masque N95.
Les employés qui sont susceptibles de devoir porter un masque
N95 doivent :
ºº faire un essai d’ajustement au moins tous les deux ans ou
avant ce délai lorsqu’un changement de l’état physique de
l’utilisateur peut avoir des conséquences sur l’ajustement du
masque;
ºº suivre une formation sur l’utilisation adéquate du masque
N95, y compris la façon de vérifier son étanchéité.
Levée des précautions contre la transmission par
voie aérienne
L’hôpital Stanton se conforme aux lignes directrices sur la levée des
précautions contre la transmission par voie aérienne qui sont énoncées
dans le NWT Infection Prevention and Control Manual (ministère de
la Santé et des Services sociaux des T.N.-O., 2012). Selon ces lignes
directrices, le médecin traitant ou le coordonnateur de la lutte contre
les infections peut mettre fin aux précautions contre la transmission par
voie aérienne lorsque certains critères sont respectés (voir l’encadré 1).
Habituellement, le médecin traitant prend cette décision après
avoir consulté le coordonnateur de la lutte contre les infections ou
l’administrateur en chef de la santé publique.
Prélèvement d’expectorations pour écarter un
diagnostic de TB
Il est arrivé par le passé que l’importance des éclosions de TB dépasse
la capacité d’intervention de l’hôpital, de sorte qu’il n’y avait pas
suffisamment de chambres d’isolation en pression négative pour accueillir
tous les patients soupçonnés d’être tuberculeux.
C’est pourquoi, en 2008, l’hôpital a élaboré un protocole de triage pour
classer les cas soupçonnés de TB en trois catégories (risque faible, risque
modéré et risque élevé), selon les symptômes que présente la personne,
les résultats de la radiographie pulmonaire, les résultats du test cutané à
la tuberculine, les antécédents médicaux, ainsi que les facteurs de risque
social/professionnel (CDC, 2005). Les patients à risque élevé étaient
placés directement dans des chambres d’isolation en pression négative, et
trois prélèvements d’expectorations devaient être faits tôt le matin pendant
trois jours consécutifs. Les patients à risque modéré étaient placés dans des
chambres individuelles; ils devaient porter un masque N95 et faire l’objet,
au besoin, de prélèvements intensifs d’expectorations. Enfin, les patients
à risque faible étaient évalués à l’urgence, où ils devaient fournir un seul
prélèvement d’expectorations et, au moment de leur congé, l’hôpital
leur remettait deux récipients pour les prélèvements d’expectorations à
recueillir dans les jours suivants.
Il a fallu parfois induire l’expectoration chez les patients à risque faible
ou modéré. À cette fin, l’hôpital Stanton s’est procuré une enceinte
d’isolement portable munie de panneaux en vinyle très résistant. Appelé
ISOPORTMC, cet article a été importé des États-Unis et a dû être
approuvé par l’Association canadienne de normalisation. Dans cette
enceinte, le patient peut être isolé en pression négative, ce qui permet
d’induire sans risque l’expectoration. L’enceinte est dotée d’un système
de filtration HEPA qui excède la recommandation de 12 échanges d’air
par heure. Elle est aussi équipée de lampes à radiations ultraviolettes
(www.biologicalcontrols.com/isoport). L’hôpital Stanton conserve cette
enceinte dans un garage pour ambulances afin d’éviter qu’elle ne soit
exposée à l’air ambiant de l’établissement.
Conclusion
En somme, l’hôpital Stanton a mis en place un grand nombre de
politiques et de procédures qui se fondent sur sa longue expérience
en matière de prévention de la TB et de lutte contre cette infection,
puisque l’établissement a dû gérer par le passé de nombreuses éclosions
de TB et a souvent admis des tuberculeux. Ayant su tirer chaque fois
de précieuses leçons, l’hôpital a adopté des méthodes efficaces pour
contrer la menace que représente la TB pour la santé publique. Un
certain nombre de ses politiques concernant la TB sont récentes et
prévoient l’intervention coordonnée du ministère de la Santé et des
Services sociaux et des administrations de santé territoriale. En outre,
la Loi sur la santé publique (modifiée récemment) fournit une assise
législative qui facilite grandement le respect des normes de lutte contre
la TB établies par l’hôpital Stanton. Bien que l’hôpital soit considéré
comme un établissement à risque élevé de transmission de la TB, les cas
de TB active touchant les employés sont rares, et les éclosions au sein de
l’établissement sont aujourd’hui pratiquement inexistantes. Q
Kami Kandola
Karen Pardy
Karen Pardy, B. Sc. inf., IA, est la coordonnatrice de la santé et sécurité
au travail et de la lutte contre les infections à l’hôpital Stanton. Elle est
responsable de la santé du personnel et du programme de l’hôpital pour
la prévention et le contrôle des infections. Lorsqu’elle travaillait comme
coordonnatrice clinique d’une unité de soins très occupée de l’hôpital
Stanton, Karen a constaté à quel point la prévention et le contrôle des
infections contribuaient à améliorer l’état de santé des patients. Dans
le cadre de ses fonctions actuelles, Karen ne ménage aucun effort pour
assurer un leadership clinique et renseigner le personnel et les patients sur
la prévention de la transmission des infections. Vous pouvez la joindre à :
[email protected]
Kathie Pender, IA, M. Sc., est directrice des soins aux patients à
l’administration de santé territoriale Stanton, à Yellowknife (T.N.-O.).
Elle a assumé pendant de nombreuses années divers rôles cliniques et
administratifs. Kathie est depuis peu titulaire d’une maîtrise en sciences
infirmières, avec sous-spécialisation en prévention et contrôle des infections, de l’American Sentinel University. Ses domaines de prédilection
sont les soins infirmiers et la prévention des infections. Vous pouvez la
joindre à : [email protected]
Kay Lewis
Kay Lewis, B. Sc., IA, CHE, est présidente-directrice générale de
l’Administration de santé territoriale Stanton. Elle compte de nombreuses années d’expérience dans le domaine des soins de santé, où elle a
tour à tour occupé des postes touchant les soins cliniques, la formation
et l’administration. Elle est visiteur pour Agrément Canada depuis
15 ans. En outre, elle siège au comité consultatif de la FCASS pour le
programme FORCES, a été membre du conseil du Collège canadien des
leaders en santé et a reçu le prix d’excellence du lieutenant-gouverneur en
administration publique. Vous pouvez la joindre à : [email protected]
Références
Case, C. (2012). « Tuberculosis in the Northwest Territories: A
Decade Review », EpiNorth, 22(1). Consulté sur : http://www.
hss.gov.nt.ca/sites/default/files/2012_volume_22_issue_1.pdf.
Centers for Disease Control (2005). « Guidelines for Preventing
the Transmission of Mycobacterium in Health-Care Settings »,
MMWR, 54(RR17), 1-14.
Ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O. (2008).
Think TB - What Health Care Professionals Need To Know. Consulté sur : http://www.hss.gov.nt.ca/publications/brochures-factsheets/think-tb-what-health-care-professionals-need-know.
Ministère de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O. (2012).
NWT Infection Prevention and Control Manual. Consulté sur :
http://www.hss.gov.nt.ca/sites/default/files/nwtinfectioncontrolmanual.pdf.
Ministère de la Justice des T.N.-O. (2009). Lois et règlements. Consulté sur : http://www.justice.gov.nt.ca/Legislation/
SearchLeg&Reg.shtml.
Grygier, P. S. (1997). A Long Way from Home: The Tuberculosis
Epidemic Among the Inuit, McGill-Queen’s University Press,
Montréal, Canada.
Santé Canada (1996). Lignes directrices pour la lutte antituberculeuse dans les établissements de soins et autres établissements au
Canada, RMTC (22:S1).
21
PRINTEMPS 2013
Kami Kandola, M.D., M.H.P., CCMF, ABPM, DTM&H, est administratrice en chef adjointe de la santé publique des T.N.-O., où elle vit
depuis 2003. Elle a fait des études en médecine familiale à l’Université
McGill (1994), de même qu’en santé publique et en médecine préventive
à l’Université Johns Hopkins (1998). Elle détient également un diplôme
en médecine tropicale clinique et en santé des voyageurs de l’American
Society of Tropical Medicine and Hygiene. Elle préside actuellement la
Société canadienne pour la santé circumpolaire. Vous pouvez la joindre
à : [email protected]
Kathie Pender
Désinfection chimique
des surfaces dans le
milieu des soins de santé
22
PRINTEMPS 2013
Actuellement, les produits chimiques utilisés pour désinfecter les surfaces
doivent être enregistrés à Santé Canada après une série de tests visant à établir
leur efficacité.Toutefois, il arrive souvent que ces tests ne soient pas suffisamment
rigoureux pour prédire la performance d’un produit donné en situation réelle.
Il faut donc revoir d’urgence l’activité microbicide des désinfectants de surfaces,
le libellé des étiquettes, les exigences relatives à l’enregistrement, l’innocuité en
général de ces produits et leur utilisation dans le milieu.
Syed Sattar
L
es infections présentes dans le milieu de la santé continuent de nuire
grandement à notre santé et à notre économie. Les travailleurs de
la santé luttent contre les agents pathogènes nosocomiaux existants
alors que de nouveaux agents pathogènes ne cessent d’apparaître.
Clostridium difficile en est un bon exemple. Cet agent pathogène
était pratiquement inconnu il y a quelques années. Il constitue
maintenant une source majeure d’inquiétude, principalement parce
qu’il contamine l’environnement à grande échelle à partir de matières
fécales diarrhéiques qui contiennent des spores très stables et résistantes
aux produits chimiques (Weber et Rutala, 2011).
Désinfectants chimiques courants
Actuellement, les produits chimiques utilisés comme désinfectants
de surfaces doivent être enregistrés à Santé Canada après une série
de tests visant à établir leur efficacité. Toutefois, il arrive souvent que
ces tests n’aient pas la rigueur nécessaire pour prédire la performance
d’un produit donné dans le milieu (c’est-à-dire son efficacité). Ils ne
tiennent pas compte non plus de la tendance d des préposés à l’entretien
à s’éloigner des procédures prescrites pour l’application d’un produit
donné. L’utilisation régulière des désinfectants de surfaces dans les soins
de santé est donc souvent inadéquate, voire contre-productive.
Au cours des dernières années, le système de santé canadien a rarement
bénéficié de nouveaux désinfectants de surfaces réellement efficaces
et inoffensifs. Cela s’explique en partie par l’importante quantité de
dossiers sur la sécurité humaine et écologique requis pour enregistrer
un nouveau produit chimique au gouvernement fédéral. Bien qu’une
telle approche soit nécessaire, elle entrave l’innovation, particulièrement
dans les petites entreprises aux ressources limitées. Par conséquent, les
nouveaux produits ne sont souvent que des nouveaux mélanges d’anciens
produits chimiques auxquels aucune amélioration substantielle n’a été
apportée en ce qui concerne la rapidité d’action, l’activité microbicide
et la compatibilité avec les matériaux des surfaces.
Nettoyeurs verts
La popularité croissante des allégations selon lesquelles les désinfectants
de surfaces sont verts (c’est-à-dire écologiques et non toxiques)
complique le problème. Bien que les produits verts à base de produits
chimiques domestiques, comme le vinaigre et le bicarbonate de soude,
ou à base d’extraits de plantes puissent être des nettoyants inoffensifs,
bon nombre d’entre eux ne présentent ni un spectre d’action microbicide
suffisamment large, ni la rapidité d’action nécessaire pour être utilisés
dans le milieu de la santé.
23
PRINTEMPS 2013
Parmi les développements récents dont on peut se réjouir, on
compte le fait que les surfaces fréquemment touchées sont enfin
reconnues comme étant des véhicules de nombreux agents pathogènes
nosocomiaux (Weber et coll., 2010), et que l’on mette à nouveau
l’accent sur l’utilisation régulière des désinfectants de surfaces dans le
cadre des mesures courantes de prévention et de contrôle des infections.
Cependant, le marché hautement concurrentiel des désinfectants
de surfaces peut facilement dérouter les utilisateurs en raison de
l’abondance des allégations sur leur efficacité et leur innocuité. La
plupart des travailleurs de la santé ont peu de temps ou d’occasions
pour évaluer correctement la validité de telles allégations.
Le recours régulier aux
désinfectants de surfaces dans
les soins de santé s’appuie
largement sur la tradition plutôt
que sur une efficacité éprouvée
dans le milieu.
Comment la communauté des soins de santé peut-elle arriver à
endiguer cette vague rapidement croissante de désinfectants de surfaces
« verts » de toutes sortes ? Commençons par examiner les principes
généralement admis pour déterminer ce qui constitue la « chimie verte »
(voir le tableau 1) (Anastas & Warner, 1998) La capacité des produits
chimiques à inactiver immédiatement les agents pathogènes ciblés, puis
de se décomposer en produits dérivés inoffensifs est particulièrement
importante. À l’heure actuelle, seuls les désinfectants de surfaces
correctement formulés à base d’oxydants respectent la quasi-totalité de
ces critères.
Tableau 1. Quatre des douze principes de la
« chimie verte »
1.
Concevoir des produits chimiques moins dangereux qui
sont pleinement efficaces, dont la toxicité est faible ou
inexistante.
2.
Utiliser des solvants et des conditions de réaction
moins dangereux.
3.
Concevoir des produits chimiques qui se dégradent après
usage afin d’éviter l’accumulation.
4.
Minimiser le risque d’accidents (explosions, incendies et
rejets dans l’environnement).
Source : Anastas et Warner, 1998
Nettoyage des surfaces
24
PRINTEMPS 2013
Bien que la plupart des désinfectants de surfaces soient appliqués avec
une vadrouille ou une serviette, les tests auxquels ils sont soumis et
les allégations sur les libellés tiennent rarement compte de l’action
mécanique de ce mode de nettoyage (Sattar et Maillard, 2013).
Ceci s’explique principalement par le manque de protocoles de tests
rigoureux et normalisés qui simulent cette méthode de nettoyage des
surfaces dans le milieu. Les différents articles utilisés pour le nettoyage
interagissent de façon variée avec les désinfectants et réduisent souvent
la concentration du désinfectant disponible. En outre, chaque surface
à nettoyer interagit elle aussi de façon particulière avec le désinfectant
utilisé. Les tests de désinfectants de surfaces ne tiennent généralement
pas compte de ces facteurs et les étiquettes ne donnent pas non plus
d’indication claire sur le mode d’application d’un produit et sur le
rapport optimal entre son volume et la surface à couvrir. L’absence de
détails aussi importants peut sérieusement compromettre l’efficacité
des désinfectants de surfaces et faire en sorte que leur application ne
devienne rien de plus qu’un simple rituel.
Surfaces autonettoyantes
Les surfaces autonettoyantes ont un désinfectant chimiquement intégré
ou sont fabriquées à partir d’un matériau dopé avec un désinfectant.
Récemment, l’Agence américaine de protection de l’environnement
a homologué plusieurs alliages de cuivre comme surfaces dures
foncièrement antimicrobiennes.
Même si la vente de surfaces autonettoyantes est désormais une
importante industrie, il n’y a pas suffisamment de preuves pour affirmer
qu’elles fonctionnent dans le milieu. Les points suivants méritent
qu’on leur porte une attention particulière afin de minimiser les
conséquences néfastes d’une utilisation accrue à long terme des surfaces
autonettoyantes :
•
•
•
•
Les tests actuels n’évaluent pas correctement l’action des surfaces
autonettoyantes contre les agents pathogènes dans la poussière ou
les particules sèches.
Bien que les virus non enveloppés constituent une partie
importante des agents pathogènes nosocomiaux, ils sont souvent
exclus des tests sur les surfaces autonettoyantes.
Même la plus infime infiltration de produits chimiques
relativement stables issus des surfaces autonettoyantes dans
l’environnement et ce, de façon régulière, pourrait avoir des effets
nocifs sur l’homme et sur l’environnement.
La dégradation progressive des désinfectants chimiques dans les
surfaces autonettoyantes pourrait réduire leurs niveaux de toxicité
contre certains agents pathogènes nosocomiaux et conduire à une
résistance aux désinfectants.
Que faut-il changer?
Il y a souvent un décalage entre les tests nécessaires à l’homologation
gouvernementale des désinfectants de surfaces, les mutations des
agents pathogènes nosocomiaux et les progrès effectués en matière
de méthodologie des tests. Par conséquent, quels que soient les
progrès réalisés dans la formulation et l’évaluation de désinfectants de
surfaces plus efficaces et plus inoffensifs, ces produits ne peuvent être
commercialisés sans approbation préalable. Même si cette démarche
d’évaluation vise l’intérêt public, sa lenteur et son caractère restrictif
tendent à freiner l’innovation. La diversité des exigences nationales et
régionales en matière d’homologation des désinfectants de surfaces et
le fait que la recherche requiert de grandes sommes nuisent également
à l’innovation. Les exigences nationales et régionales en constante
mutation en matière d’homologation des désinfectants de surfaces et
le besoin de fonds de recherche substantiels sont aussi des facteurs qui
nuisent à l’innovation.
L’efficacité et la pertinence de nombreux produits et pratiques
couramment appliqués pour décontaminer les surfaces fréquemment
touchées font présentement l’objet d’examens. L’évolution des
pathogènes met à épreuve notre capacité d’assurer la sécurité des humains
et de l’environnement. Nous savons que le nettoyage et la désinfection
de routine des surfaces fréquemment touchées sont souvent inadéquats
et qu’une bonne partie des agents pathogènes y demeurent (Dancer et
Carling, 2010). Enfin, il y a une différence entre les consignes sur les
étiquettes des désinfectants et la façon dont on s’en sert réellement.
Comment peut-on remédier à ces problèmes?
Syed Sattar
•
Le docteur Sattar est professeur émérite de microbiologie et
directeur fondateur du Centre de recherche sur la microbiologie
environnementale à la faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.
Ses recherches se concentrent sur le rôle de l’environnement intérieur
dans la propagation des agents pathogènes chez les humains. Il étudie
également les moyens chimiques et physiques inoffensifs et durables
d’interrompre la propagation des agents pathogènes dans des endroits
comme les hôpitaux. Son travail constitue désormais la base de
plusieurs normes nationales et internationales relatives à l’évaluation
des activités microbicides des désinfectants et des antiseptiques.
•
•
•
D’abord et avant tout, les organismes de réglementation doivent
trouver des façons d’actualiser les exigences d’enregistrement
des désinfectants de surfaces en tenant compte de l’évolution
des connaissances et des innovations technologiques.
Les fabricants doivent concevoir des produits qui tiennent
compte des nouveaux besoins en termes de sécurité de
l’environnement et du milieu de travail. Ils doivent également
recourir à une approche plus générique pour tester les
désinfectants plutôt que de se concentrer sur l’agent pathogène
du jour.
Il faut davantage insister sur la prévention et le contrôle des
infections et mieux reconnaître le rôle crucial des personnes qui
en sont responsables dans la protection des patients.
Dans leurs décisions d’achat, les gestionnaires de ressources
matérielles doivent trouver un équilibre entre les coûts des
désinfectants de surfaces, leur efficacité et la sécurité des
humains et de l’environnement.
Anastas, P., Warner, J. (1998). Green Chemistry: Theory and
Practice. Oxford Univ. Press: New York, 1998.
Dancer, S.J., Carling, P.C. (2010). Tout ce qui brille n’est pas or
ou net. J Hosp Infect, 76, 177-178.
Sattar, S.A., Maillard, J.Y. (sous presse). The Crucial Role of
Wiping in Decontamination of Environmental Surfaces:
Review of Current Status and Directions for the Future. Am. J.
Infect. Control, sous presse.
Sattar, S.A. (2006). Allen Denver Russell Memorial Lecture.
The use of microbicides in infection control: a critical look at
safety, testing and applications. J Appl Microbiol, 101, 743-753.
Weber, D.J., Rutala, W.A., Miller, M.B., Huslage, K., SickbertBennett, E. (2010). Role of hospital surfaces in the transmission
of emerging healthcare-associated pathogens: Norovirus,
Clostridium difficile, and Acinetobacter. Am J Infect Control,
38(5S1), S25-33.
Weber, D.J., Rutala, W.A. (2011). The role of the environment
in transmission of Clostridium difficile infection in healthcare
facilities. Infect Control Hosp Epidemiol, 32, 207-209.
25
PRINTEMPS 2013
Les désinfectants de surfaces constituent un élément clé de la
prévention et du contrôle efficaces des infections. La nécessité
d’y avoir recours augmente au même rythme que la résistance
croissante aux antibiotiques et les mutations des agents pathogènes
nosocomiaux. Il se peut toutefois que ce sentiment de sécurité ne
soit qu’illusion, car nous choisissons souvent des produits inefficaces
et, dans le cas contraire, nous les appliquons inadéquatement et sans
discernement. Les désinfectants de surfaces peuvent être utilisés à
mauvais escient. Nous devons donc faire preuve de diligence quand
vient le moment de les sélectionner, de les entreposer, de les utiliser
et de les éliminer. Il est donc urgent d’examiner l’activité microbicide
des désinfectants de surfaces, le libellé des étiquettes, les exigences
relatives à l’enregistrement, l’innocuité en général de ces produits et
leur utilisation dans le milieu. Q
Références
Amélioration du programme d’examen
de la conformité aux pratiques
d’hygiène des mains des SSA
26
PRINTEMPS 2013
La surveillance de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et
la communication de rétroaction aux travailleurs de la santé font partie
intégrante des programmes d’amélioration de la sécurité des patients et
de l’hygiène des mains. Cependant, la méthode normalisée à adopter pour
vérifier une telle conformité ne fait pas l’objet d’un consensus. Les Services
de santé de l’Alberta (SSA) ont, par conséquent, examiné leur programme sur
la façon d’observer la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et ont
relevé certains aspects à améliorer.
Jenine Leal
Elizabeth A.
Henderson
Au Canada, chaque année, environ un patient sur neuf (250 000
personnes) contracte une infection nosocomiale, et on estime que de
8 000 à 12 000 de ces patients en décèdent (Zoutman et coll., 2003;
Agence ontarienne de protection et de promotion de la santé [AOPPS],
2011). Par conséquent, l’éradication des infections nosocomiales est
devenue une priorité majeure pour les programmes axés sur la qualité et
la sécurité des patients (Steed et coll., 2011).
(Pittet et coll., 1999; Allegranzi et Pittet, 2009). Des études ont montré
qu’une plus grande conformité aux pratiques d’hygiène des mains avait
réduit la transmission des agents pathogènes (Larson et coll., 2000;
Rosenthal et coll., 2005; Aiello et Larson, 2002; Won et coll., 2004). Des
organismes d’agrément [y compris Agrément Canada (2012)], des
organismes de réglementation et des programmes de prévention et de
contrôle des infections préconisent le respect plus rigoureux des pratiques
d’hygiène des mains par les travailleurs de la santé et la surveillance de la
conformité à ces pratiques comme stratégies déterminantes pour réduire
le risque d’infections nosocomiales (Steed et coll., 2011).
Une abondante littérature rapporte que, dans de nombreux hôpitaux,
moins de 50 pour 100 des travailleurs de la santé respectent les pratiques
courantes d’hygiène des mains (Pittet, 2001). La surveillance de la
conformité aux pratiques d’hygiène des mains et la communication
de rétroaction aux travailleurs de la santé sur leur conduite à cet égard
Même s’il est largement reconnu que l’hygiène des mains est essentielle
pour réduire la fréquence des infections nosocomiales, aucun consensus
n’a été établi en ce qui concerne la méthode normalisée à adopter
pour effectuer une observation directe. L’un des objectifs des examens
de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains réalisés à l’échelle
provinciale par l’équipe de prévention et de contrôle des infections
(PCI) des SSA visait à déterminer la faisabilité de la mise en place d’une
approche uniforme au sein d’une autorité sanitaire provinciale.
Cerner une possibilité
Avec la création des SSA en 2008, neuf autorités sanitaires régionales
et trois autres autorités sanitaires ont fusionné en une autorité sanitaire
provinciale et un conseil d’administration. Les activités opérationnelles
ont été organisées en cinq zones afin que la prestation de soins de santé
dans l’ensemble de la province se fasse dans le cadre d’un système plus
rationalisé. Par conséquent, de nombreux programmes et services,
dont la prévention et le contrôle des infections, qui étaient axés sur des
pratiques et des lignes directrices régionales ont été regroupés en un seul
programme exigeant l’adoption de pratiques normalisées dans toute la
province. En 2011, l’équipe de PCI des SSA a cerné le besoin de réaliser
des examens de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains dans
l’ensemble de la province afin d’établir des taux de référence pour les SSA
en matière de conformité, qui serviraient de référence pour évaluer les
efforts d’amélioration déployés à l’échelle locale et provinciale.
27
PRINTEMPS 2013
L’hygiène des mains constitue
la stratégie la plus efficace
pour prévenir les infections
nosocomiales.
font partie intégrante des programmes d’amélioration de la sécurité
des patients et de l’hygiène des mains (Boyce, 2011). L’Organisation
mondiale de la santé et l’Institut canadien pour la sécurité des patients
(ICSP) préconisent tous deux l’observation directe comme méthode la
plus efficace pour assurer et évaluer la conformité aux pratiques d’hygiène
des mains (OMS, 2009; ICSP, 2007).
Favoriser la compréhension
De mai à août 2011, 14 observateurs (principalement des étudiants
de niveau postsecondaire) du Summer Temporary Employment
Program (un programme d’emplois temporaires d’été) ont été
embauchés pour réaliser les examens de la conformité aux pratiques
d’hygiène des mains dans 79 établissements de soins de courte
durée, de soins prolongés et de soins ambulatoires. Ils ont pris en
note les services des unités et observé les travailleurs de la santé
qui prodiguaient des soins directs aux patients. La conformité aux
pratiques d’hygiène des mains a été déterminée par des observations
directes menées ouvertement, qui étaient fondées sur les éléments
à vérifier établis d’après « Les 4 moments où l’on doit se laver les
mains » (AOPPS, 2011)*.
28
PRINTEMPS 2013
Les données sur les observations et la conformité aux pratiques
d’hygiène des mains ont été recueillies au moyen d’un système
logiciel normalisé (iScrub Lite) et d’une plateforme (iPad). Chaque
observateur a reçu la politique des SSA en matière d’hygiène des
mains et un document de formation sur l’examen de la conformité
aux pratiques d’hygiène des mains, qui indiquait en détail la façon
d’effectuer les examens et d’utiliser l’outil de collecte de données. Les
professionnels du contrôle des infections dans les établissements et les
directeurs responsables de la prévention et du contrôle des infections
de chaque zone ont agi comme conseillers en fournissant aux
observateurs des instructions pour s’orienter dans les établissements,
un aperçu du document de formation et de l’aide pour déterminer les
différents types de travailleurs de la santé. Les observations relatives
à la conformité aux pratiques d’hygiène des mains ont été transmises
au personnel des unités et aux gestionnaires tout au long de l’été. À
la fin de la période d’étude, les données de tous les établissements
ont été envoyées au personnel de surveillance de la prévention et du
contrôle des infections aux fins de compilation et de rapport.
De mai à août 2011, près de 28 000 observations ont été recueillies
dans les établissements des SSA. Le taux de conformité aux pratiques
d’hygiène des mains était de 50 pour 100. Malgré la réussite d’un
vaste programme d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène
des mains réalisé simultanément dans de multiples établissements,
plusieurs problèmes ont été soulevés quant à sa mise en œuvre et à la
méthode adoptée :
•
•
•
les observateurs ont été formés par des professionnels du
contrôle des infections des établissements qui ont mis en
place les méthodes et les pratiques dans ces établissements; ces
différences ont rendu difficile l’interprétation des comparaisons
entre les établissements;
les observateurs du Summer Temporary Employment Program
ont peu communiqué entre eux, ce qui a limité l’échange de
connaissances et d’expériences;
on n’a pas régulièrement examiné les données afin de vérifier
qu’elles étaient complètes et exactes.
Agir pour améliorer
Afin de repousser les limites inhérentes à l’observation directe
et résoudre les problèmes soulevés relativement au programme
d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains de
2011, l’équipe de PCI a adopté diverses techniques pour normaliser
la méthode et la mise en œuvre de ce programme d’examen en 2012.
En 2012, 18 nouveaux membres du personnel du Summer Temporary
Employment Program ont été embauchés pour faire en sorte qu’il
y ait une meilleure représentativité des établissements à l’échelle
de la province et pour établir une méthode objective de collecte de
données d’observation sur l’hygiène des mains. Deux employés, qui
revenaient au travail après un congé, se sont joints à ce groupe.
Un coordonnateur de l’hygiène des mains a été embauché pour
l’été pour organiser toutes les tâches liées au programme. Cellesci comprenaient une formation offerte au personnel chargé de
l’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et
aux professionnels du contrôle des infections sur la saisie adéquate
de données dans l’outil de collecte, le rapprochement des écarts
dans les données, le calcul des taux de conformité aux pratiques
d’hygiène des mains et la création de rapports réguliers aux unités
et aux établissements pour fournir de la rétroaction aux travailleurs
des soins de santé et au personnel d’encadrement. Le coordonnateur
était également responsable de la collecte et de l’examen de toutes
les données brutes et de la création d’un rapport provincial final.
Tout écart dans les données a été rapproché après avoir été soumis
au coordonnateur. Puisqu’une seule personne était responsable
des données, cela a permis au personnel chargé de l’examen de la
conformité aux pratiques d’hygiène des mains et à l’équipe provinciale
de surveillance de produire des rapports complets et précis sur les taux
de conformité aux pratiques d’hygiène des mains.
Plusieurs méthodes ont été utilisées pour normaliser la formation et
offrir une formation continue au personnel du Summer Temporary
Employment Program au cours de l’étude. Le document de formation
sur l’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains a été
révisé pour inclure une formation sur « Les 4 moments où l’on doit
se laver les mains », les types d’établissements participant à l’examen,
la taille d’échantillon prévue dans le cas des gros établissements, un
aperçu de l’outil de collecte de données et de l’information sur la façon
de consigner les observations et la conformité. Le document a été
présenté au personnel du Summer Temporary Employment Program
lors de trois téléconférences tenues par le même professionnel du
contrôle des infections et le coordonnateur de l’hygiène des mains.
Cinq professionnels du contrôle des infections, un pour chaque zone
des SSA, sont devenus les chefs de zone affectés au dossier de l’hygiène
des mains et les conseillers du personnel du Summer Temporary
Employment Program. Les chefs de zone possédaient une solide
expertise en formation sur l’hygiène des mains.
Certaines lignes directrices recommandent d’avoir recours à des
observateurs qui assument des responsabilités au sein de l’unité ou de
l’établissement faisant l’objet de l’examen, mais qui ne font pas partie
de l’équipe de travailleurs de la santé, de façon à ce que les observations
soient discrètes. Cependant, le recours à ces travailleurs de la santé,
susceptibles de faire preuve de partialité, pourrait se traduire par
des erreurs dans les observations et, par conséquent, par des taux de
conformité beaucoup plus élevés que ceux prévus (Haas et Larson,
2007; Rosenthal et coll., 2009). Le recours au personnel du Summer
Temporary Employment Program a été considéré comme un éventuel
moyen de réduire la partialité, puisque ces vérificateurs s’intéressaient
à l’hygiène des mains et aux soins de santé, mais n’assumaient aucune
responsabilité au sein de l’unité ou de l’établissement, sauf celle de
faire des observations sur l’hygiène des mains.
Maintenir les résultats
En proposant les améliorations nécessaires pour appliquer les
observations directes en matière de conformité aux pratiques
d’hygiène des mains, l’équipe de PCI des SSA a cerné le besoin de
maintenir et de peaufiner le processus d’examen provincial de la
conformité aux pratiques d’hygiène des mains afin d’assurer la collecte
de données fiables et précises et la production de rapports sur les taux
de conformité aux pratiques d’hygiène des mains dans le futur.
L’équipe de PCI des SSA a, par conséquent, formé une équipe de
gestion en matière d’hygiène des mains, composée de trois personnes
responsables de poursuivre l’amélioration des pratiques connexes
chez les travailleurs de la santé de tous les volets des soins de santé.
Leurs objectifs visent à :
•
•
•
•
faire progresser l’initiative des SSA axée sur l’hygiène des
mains en favorisant la sensibilisation aux répercussions et à
l’importance d’une bonne hygiène des mains pour la prévention
des infections;
réitérer les attentes des établissements à l’égard des
comportements en matière d’hygiène des mains;
évaluer le déploiement et l’efficacité des efforts d’améliorations
dans toute la province;
élaborer et mettre en œuvre une stratégie à long terme pour la
gestion des données afin de :
29
PRINTEMPS 2013
Toutes les deux semaines, une téléconférence d’une heure était prévue pour
discuter de l’interprétation du programme « Les 4 moments où l’on doit
se laver les mains » et répondre aux questions soulevées par le personnel
du Summer Temporary Employment Program au sujet des observations.
Les réunions permettaient également aux gestionnaires des SSA de
présenter des mises à jour sur les changements relatifs au programme
estival d’examen de la conformité aux pratiques d’hygiène des mains et
d’informer le personnel du Summer Temporary Employment Program
de leurs progrès. Le personnel chargé de l’examen de la conformité aux
pratiques d’hygiène des mains et au moins un chef de zone devaient
assister à chaque réunion. Les professionnels du contrôle des infections
de toute la province étaient encouragés à assister aux réunions pour
assurer l’uniformité quant à l’interprétation de l’information. De plus,
le personnel du Summer Temporary Employment Program a assisté à
une rencontre en personne d’une journée au cours du premier mois du
programme. Cela lui a permis de discuter davantage du programme «
Les 4 moments où l’on doit se laver les mains », de la façon de faire et
de consigner des observations de façon précise et uniforme, des outils
de formation externes et des vidéos sur l’hygiène des mains ainsi que de
la façon d’enfiler et d’enlever l’équipement de protection individuel. Le
personnel du Summer Temporary Employment Program a également
pris part à une réunion avec tout le personnel de PCI de la province, ce
qui lui a donné la possibilité d’en apprendre davantage sur les questions
liées à la prévention et au contrôle des infections.
Durant l’été 2012, plus de 63 000 observations ont été faites, et les
SSA ont fait état d’une augmentation relative de 16 pour 100 de la
conformité aux pratiques d’hygiène des mains dans toute la province,
portant ainsi le taux de conformité à cet égard à 58,4 pour 100. Le
personnel du Summer Temporary Employment Program a aussi
participé à des réunions de suivi et à des sondages pour déterminer les
obstacles observés à la conformité aux pratiques d’hygiène des mains
chez les travailleurs de la santé ainsi que les obstacles à l’observation
directe de la conformité à ces pratiques et finalement pour
recommander des améliorations à apporter au programme provincial
d’examen de conformité aux pratiques d’hygiène des mains.
ºº
•
•
•
recueillir des données sur l’observation des pratiques
d’hygiène des mains à l’échelle provinciale;
ºº soutenir la communication active de rétroaction à
l’ensemble des travailleurs de la santé, du personnel
d’encadrement et des patients.
voir au bon déroulement de l’initiative de conformité aux
pratiques d’hygiène des mains mise sur pied par l’équipe de PCI
durant l’été pour confirmer les taux de conformité;
déterminer les obstacles;
établir une relation de collaboration entre l’équipe de PCI des
SSA et les travailleurs de la santé.
Grâce au programme d’examen de la conformité aux pratiques
d’hygiène des mains, il sera possible de poursuivre l’élaboration d’une
méthode normalisée pour obtenir des données précises et fiables, qui
sont essentielles à la sécurité des patients. Ce programme permettra
également de continuer à fournir de la rétroaction aux prestataires
de soins de santé, aux secteurs cliniques et aux responsables des
opérations, en tant qu’initiative axée sur la qualité visant à améliorer
les comportements en matière d’hygiène des mains.
Jenine Leal, M.Sc., est la conseillère principale en surveillance de
la prévention et du contrôle des infections, Services de santé de
l’Alberta. À titre d’épidémiologiste et de conseillère principale en
surveillance, elle évalue et améliore les initiatives nouvelles et actuelles
de surveillance de la prévention et du contrôle des infections pour
assurer l’uniformité de la méthode adoptée et la qualité des données.
Elizabeth A. Henderson, Ph. D., est la directrice du service de
surveillance de la prévention et du contrôle des infections, Services
de santé de l’Alberta, et professeure du Département des sciences
30
de la santé communautaire de la Faculté de médecine de l’Université
de Calgary. Dans le cadre de ses fonctions pour Services de santé de
l’Alberta et en tant qu’épidémiologiste en milieu de soins de santé, elle
étudie des moyens novateurs d’utiliser la technologie pour simplifier
la surveillance et favoriser l’accès des prestataires de soins de santé à la
formation sur la prévention et le contrôle des infections. Q
Jenine Leal
M.Sc., est la conseillère principale en surveillance de la prévention
et du contrôle des infections, Services de santé de l’Alberta. À titre
d’épidémiologiste et de conseillère principale en surveillance, elle
évalue et améliore les initiatives nouvelles et actuelles de surveillance
de la prévention et du contrôle des infections pour assurer
l’uniformité de la méthode adoptée et la qualité des données.
Elizabeth A. Henderson
Ph. D., est la directrice du service de surveillance de la prévention
et du contrôle des infections, Services de santé de l’Alberta, et
professeure du Département des sciences de la santé communautaire
de la Faculté de médecine de l’Université de Calgary. Dans le
cadre de ses fonctions pour Services de santé de l’Alberta et en tant
qu’épidémiologiste en milieu de soins de santé, elle étudie des moyens
novateurs d’utiliser la technologie pour simplifier la surveillance et
favoriser l’accès des prestataires de soins de santé à la formation sur
la prévention et le contrôle des infections.
PRINTEMPS 2013
Références
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organisationnelles requises : Hygiène des mains. Sur
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31
PRINTEMPS 2013
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formation sur la trousse d’outils sur l’hygiène des mains
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ca/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0
CDEQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.handhygiene.ca
%2FFrench%2FEducation%2FDocuments%2FCPSI%25
20HH%2520Tool%2520Kit%2520Training%2520Presen
tation%2520FR-FINAL.ppt&ei=6shuUen2MoW64AOP1
oHYCw&usg=AFQjCNHgNhvI3MRmjulM5NZotoNRv
yZPtg&sig2=dYfjCUZ8ThJxsIU7KcoZrQ&bvm=bv.4536
8065,d.dmg.
Agence ontarienne de protection et de promotion de la santé,
Santé publique Ontario. (2011). Lavez-vous les mains – Les 4
moments où l’on doit se laver les mains. Sur Internet : http://
www.oahpp.ca/fr/services/jcyh/moments.html
Un outil de communication en
prévention et contrôle des infections
pour les soins de longue durée
32
PRINTEMPS 2013
Des employés d’un établissement de soins de longue durée du Québec ont
développé un concept d’affiches et affichettes qui favorisent l’application
des précautions additionnelles, en plus des pratiques de base en
prévention et de contrôle des infections. Ces outils de communication
s’adressent à quiconque pourrait être en contact avec des résidents, et
ils se sont révélés extrêmement efficaces.
Geneviève Shama
Marie Lahaye
Au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Bordeaux-CartiervilleSaint-Laurent, le projet « PA SI-SALÉ1 » facilite le recours aux précautions
additionnelles qui vont au-delà des pratiques de base en prévention et
de contrôle des infections dans les établissements de soins de longue
durée. Lorsqu’une problématique infectieuse est identifiée ou suspectée,
ces précautions additionnelles permettent de prévenir la transmission des
infections par certaines mesures dont la mise en isolement du résident.
Nous croyons que les outils de communication élaborés dans le cadre de
cette initiative auront une incidence positive sur la qualité des soins et des
services en réduisant la durée des éclosions et, par le fait même, la période
d’isolement des résidents. Bien que ces outils aient été conçus pour le
milieu des soins de longue durée, ils peuvent également être utilisés dans
la plupart des établissements de soins.
Les infections nosocomiales représentent un défi mondial de santé
publique. La présence d’une concentration importante d’agents
pathogènes en milieu de soins aigus combinée à la circulation des usagers
d’un établissement de santé à l’autre décloisonne la propagation de ces
pathogènes. De plus, la vulnérabilité des usagers, le type de services offerts,
l’environnement et l’organisation des soins sont parmi les facteurs dont
l’interaction complexe influence l’apparition des infections nosocomiales
dans les différents milieux de soins. Des stratégies conformes aux normes
de sécurité et de déontologie permettent une prévention efficace et une
prestation de soins de qualité.
En effet, des lignes directrices claires ont été établies par les organismes
scientifiques reconnus [Center for Disease Control (CDC), Canadian
1.Le sigle PA SI-SALÉ est la forme abrégée des expressions « précautions
additionnelles (PA) », « Direction des soins infirmiers (SI) » et « Service
de salubrité (SALÉ) ».
De plus, la présence connue ou suspectée d’un agent pathogène chez un
usager requiert l’application empirique de précautions additionnelles.
Ces précautions se traduisent par l’isolement de l’usager, l’utilisation
des équipements de protection individuelle en fonction du mode de
transmission du pathogène (gouttelettes, contact ou aérien), ainsi que
les mesures spécifiques telles que la désinfection, la manipulation des
équipements, le transport des usagers, etc. (Santé Canada, 1999). Le
succès dans l’application des précautions additionnelles repose sur la
rapidité d’intervention et sur une communication efficace. Pour ce
faire, les établissements de soins doivent développer un programme de
prévention et de contrôle des infections afin d’encadrer ces pratiques.
Une étude non publiée du Comité des infections nosocomiales du
Québec (CINQ) démontre une réduction de 30 pour 100 des infections
nosocomiales par l’implantation d’un tel programme (MSSS, 2005).
Prévention et contrôle des infections
dans les établissements de soins de
longue durée
Le milieu de soins de longue durée présente plusieurs particularités
qui compliquent l’application d’un tel programme. Effectivement,
les usagers étant hébergés pour de longues périodes, le milieu de soins
devient également un milieu de vie. Par conséquent, une attention
constante doit être apportée à la désinfection stratégique des lieux
qu’ils partagent pour les différentes activités de la vie quotidienne.
33
PRINTEMPS 2013
Vue d’ensemble
Standard Association (CSA)] sur les moyens de prévenir la
transmission des microorganismes. Entre autres, l’application
systématique des pratiques de base par le personnel lors des soins
permet de prévenir la contamination de l’environnement et des
personnes par des liquides biologiques. Ces pratiques comprennent
le lavage des mains, l’utilisation des équipements de protection
individuelles (gants, blouse, masque, protection oculaire ou faciale),
la protection de l’environnement et les pratiques sécuritaires dans la
gestion des instruments piquants et tranchants.
Aussi, la perte d’autonomie fonctionnelle des usagers se traduit par une
multiplication des contacts avec le personnel afin de combler les besoins
d’assistance, ce qui augmente le risque de transmission des infections.
Une adaptation de l’application du programme est également nécessaire
afin d’assurer un contrôle des infections tout en répondant aux besoins
psychologiques de chacun d’eux.
atteindre cet objectif (p.ex. donnée dans une salle de classe, par un
formateur, à l’aide de documents pédagogiques, de présentations
PowerPoint, etc.) Toutefois, nous avons constaté que cette approche
ne se traduit pas en un taux de pénétration et de rétention satisfaisant
des connaissances pour assurer une rigueur et une continuité dans
l’application des mesures.
Plusieurs facteurs de risque sont liés au vieillissement notamment, la
diminution du système immunitaire, l’immobilité, l’incontinence,
la dysphagie, les maladies chroniques, le déclin fonctionnel, le
changement de l’état de la peau et de l’état nutritionnel, la médication
et la présence de matériel de soins invasif. Enfin, l’application du
programme est complexifiée par la présence d’une variété importante
de virus (influenza, rhinovirus, adénovirus, norovirus, etc.) et de
bactéries (Clostridium difficile, Streptocoque du groupe A, etc.) qui
ont une incidence sur la morbidité et la mortalité de la clientèle (Smith
& Rusnak, 1997).
Une éclosion majeure de gastro-entérite à norovirus ayant entraîné
la fermeture de deux centres d’hébergement du CSSS de BordeauxCartierville–Saint-Laurent en 2006 a renforcé ce constat. Il nous est alors
apparu évident qu’un outil de communication standardisé permettrait
une communication plus efficace. En effet, cette bonification du
programme pourrait offrir un meilleur levier pour guider, supporter
et favoriser l’adhésion aux standards de pratiques afin de prévenir la
transmission des infections (MSSS, 2005; 2006). Q
Par conséquent, les établissements de santé doivent s’assurer que les
mesures prévues au programme de prévention et de contrôle des
infections sont appliquées par toute personne travaillant ou fréquentant
le milieu (personnel, visiteurs, stagiaires, bénévoles, etc.) (MSSS,
2005; 2006). L’approche traditionnelle de formation du personnel,
des bénévoles et des médecins est le moyen souvent privilégié pour
Nous croyons que ces outils
permettront de réduire la durée
des éclosions et la période
d’isolement des résidents.
Prévention
infections
Pratique de
de base
base et précautions
précautions additionnelles
Prévention
desdes
infections
—–Pratique
additionnelles(isolement)
(isolement)
Salubrité
Personnel : soins infirmiers/salubrité
Micro-organismes
Mode
de transmission
Clostridium difficile 
Contact
Équipement
de protection
Porte
Lavage
des mains
Zona (localisé)
Gale
PRINTEMPS 2013
Bactéries Multirésistantes
(infection)
E. R. V.
Entérocoque résistant
à la vancomycine
S. A. R. M.
staphylococcus aureus
résistant à la méthicilline
S.A.R.O., S.A.R.C.,
S.A.R.I.V., etc.
1) avant d’entrer dans
la chambre
2) après avoir retiré
l’équipement de
protection
Gastro-entérite infectieuse
(sans vomissement)
Dédiés
(usage exclusif)
ou
désinfecter après
usage avec des
lingettes de peroxyde
d’hydrogène (Accel)
avant de sortir
de la chambre
Solution
désinfectante
et dilution
Peroxyde
d’hydrogène
accéléré
(Virox)
1/16

Clostridium
difficile
Vaisselle
Literie et déchets
Manipulation
du plateau avec
des gants
Technique
du double sac
Aucune autre
mesure particulière
Transport
médical
Chariot de literie
souillée ou
de déchets
à l’intérieur de la
chambre
Avant de sortir
de la chambre
Désinfection
finale
1) lavage des mains
du résident
Désinfectant
chloré
(eau de javel)
2) chaise roulante du
résident
désinfectée
20 tablettes/
4 L d’eau
5 tablettes/bte
= 5000 ppm
S. A. R. M. pulmonaire
Soins infirmiers
3) le résident doit
porter des
vêtements propres
Contact/gouttelettes
Influenza (grippe)
Gastro-entérite infectieuse
(avec vomissements
abondants)
Tenir
la porte ouverte
En plus des
précautions ci-dessus
énumérées, utilisez le
masque lorsqu’il
y a risque de
transmission par
contact/gouttelettes
ou contact/aérien
1) avant d’entrer dans
la chambre
2) après avoir retiré
l’équipement de
protection
Tuberculose pulmonaire
Contact/aérien
Zona (forme disséminée)
Rougeole 
Varicelle 

Rougeole
et varicelle
Seuls le personnel
et les visiteurs
immunisés
(vaccinés ou ayant
déjà eu la maladie),
peuvent pénétrer
dans la chambre.
N-95
Tenir
la porte fermée
1) avant d’entrer dans
la chambre
Nettoyant
désinfectant neutre
tout usage
(phénoliques,
amphotères)
En collaboration avec le Service des communications, décembre 2007.
34
Tenir
la porte ouverte
Matériel de soins
et équipements
2) après avoir retiré
l’équipement de
protection
Note à l’équipe de la salubrité
1) Pour les procédures de désinfection quotidienne et lors d’un départ ou de la fin des symptômes, consultez le cahier de désinfection de la salubrité.
2) N’oubliez pas d’inscrire votre nom ainsi que la date sur le formulaire de contrôle des infections, après chaque désinfection.
Produit par la Direction des services techniques et la Direction des soins infirmiers du CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent
Toute reproduction totale ou partielle doit être préalablement autorisée par le
Service des communications du CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent
Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections : pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ.
ÉQUIPEMENT DE PROTECTION
ÉQUIPEMENT DE PROTECTION
ÉQUIPEMENT DE PROTECTION
Transmission par : contact et voie aérienne
Transmission par : contact et gouttelettes
Transmission par : contact
Étapes
avant d’entrer
dans la chambre
2
Si nécessaire

N-95



© 2008, CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent



Étapes
Dédié
après être sorti
de la chambre,
1 enlever le masque
Étapes avant de sortir de la chambre
enlever en commençant par :
Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections :
pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ.
Si nécessaire


Étapes avant de sortir de la
chambre, enlever en
commençant par :
Porte ouverte
Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections :
pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ.
Par l’entremise de Michel Prairie, chef de secteur du service de salubrité,
et Geneviève Shama, conseillère de l’équipe de prévention et de contrôle
des infections le CSSS de Bordeaux-Cartierville—Saint-Laurent a
entrepris de créer un outil qui orienterait, appuierait et favoriserait de
façon plus efficace le respect des protocoles de prévention et de contrôle
des infections (MSSS, 2005; 2006). Ils ont associé leurs expertises pour
définir les objectifs du projet « PA SI-SALÉ » et en élaborer les critères
de qualité.
D’entrée de jeu, l’objectif visait l’harmonisation des outils de
communication afin d’améliorer la cohérence dans l’application des
précautions additionnelles (PA) aux pratiques de base. Les utilisateurs
ciblés étaient le personnel des soins infirmiers (SI), de la salubrité (SALÉ),
ainsi que l’ensemble des personnes gravitant autour du résident (bénévoles,
famille, etc.). D’autre part, les critères de qualité retenus étaient :
Dans cet esprit, une affiche présentant de façon synthétique les précautions
additionnelles a été élaborée avec l’équipe du service des communications
en faisant appel à des pictogrammes et un code de couleurs associé au
mode de transmission des microorganismes. Cet outil de communication
soutient les infirmières dans la mise en place des mesures de précautions
additionnelles lorsqu’un agent infectieux est identifié ou qu’un tableau
clinique en suggère la présence. Il soutient également le personnel des
soins infirmiers et de la salubrité dans l’application de l’ensemble de ces
mesures, par exemple, l’équipement de protection individuelle à revêtir, la
gestion des déchets, l’équipement médical dédié, etc.
Pour compléter l’outil, des affichettes aimantées ont aussi été conçues
pour être apposées aux portes de chambres des usagers en isolement.



Porte ouverte
Si nécessaire

Étapes
avant de sortir
de la chambre, enlever
en commençant par :
Les pictogrammes sont tirés de Abrégé de prévention des infections :
pratique de base et précautions additionnelles, FIIQ.
Se référant aux mêmes pictogrammes et code de couleurs utilisés pour
les affiches, ces dernières illustrent la séquence des étapes pour enfiler et
retirer les équipements de protection individuelle (gants, blouse, masque).
Elles ont été déployées dans toutes les unités de vie et de soins du CSSS.
Les affiches ont été mises en œuvre à l’automne 2007, avec le plein appui
de la direction de l’établissement.
Évaluation
L’outil a été accueilli avec enthousiasme et est utilisé au CSSS
de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent depuis six ans. Selon les
commentaires reçus, même une personne non initiée à la prévention
et au contrôle des infections peut facilement comprendre l’information
contenue sur les affiches et en suivre les consignes. De plus, les affiches
permettent de soutenir les infirmières dans la prise de décision et les
membres du personnel dans l’application des mesures de protection
de l’environnement. Les commentaires reçus nous portent à croire que
l’outil a atteint l’objectif de rendre l’information facilement accessible,
compréhensible, et contribue à l’harmonisation des pratiques en matière
de prévention et de contrôle des infections.
Les données concernant la durée des éclosions avant l’implantation des
outils n’étant pas disponibles, une étude comparative est donc impossible
à réaliser. Toutefois, depuis leur création, les outils ont fait l’objet
d’évaluations qualitatives effectuées par plusieurs organismes externes. Les
critères suivants ont servi à la première évaluation des outils :
•
•
•
•
•
•
amélioration de l’offre de service et de la satisfaction de la clientèle;
amélioration des opérations (confidentialité, continuité, sécurité
clinique et physique);
utilisation optimale des ressources;
prévention de la santé;
approche de gestion participative;
harmonisation avec les orientations et les priorités en prévention
des infections.
35
PRINTEMPS 2013
Simplicité
Convivialité
Confidentialité
Efficacité
Facilité d’entretien du matériau




Le projet
•
•
•
•
•
Dédié



Porte fermée
Dédié
© 2008, CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent

Étapes
avant d’entrer
dans la chambre
© 2008, CSSS de Bordeaux-Cartierville–Saint-Laurent
Étapes
avant d’entrer
dans la chambre
Les critères utilisés dans le cadre de la deuxième évaluation étaient
les suivants :
•
•
•
•
•
•
créativité (20 %) : façon nouvelle, inhabituelle ou originale, de
composer avec une situation ou des comportements à risque;
participation (20 %) : degré de participation du personnel à la
reconnaissance des risques et à la mise en œuvre de solutions;
rayonnement (20 %) : possibilité de mettre en œuvre l’initiative
ailleurs afin qu’un grand nombre de personnes puissent en
bénéficier;
complexité (15 %) : degré de complexité lié à la mise en œuvre
des outils;
résultats (15 %) : mesure dans laquelle les risques ont été éliminés;
proactivité (10 %) : capacité de l’établissement de trouver des
solutions à des problèmes éventuels en matière de maladies
professionnelles ou de prévenir des événements susceptibles de se
produire et de mettre en œuvre à l’avance les mesures préventives.
En 2010, ces outils de communication ont été reconnus comme une
pratique exemplaire par Agrément Canada. L’utilisation d’un processus
d’amélioration continue nous permet d’évaluer régulièrement les outils
pour nous assurer qu’ils répondent aux critères de qualité établis au
début du projet.
Enfin, une évaluation par méthodologie qualitative est prévue au
printemps 2013. Nous croyons que les données générées lors d’une
entrevue par groupes de discussion (focus groups) permettront une
compréhension approfondie du sujet en révélant certains aspects qui
seraient moins accessibles autrement. Par cette approche, nous cherchons
à mieux comprendre l’impact de ce moyen de communication sur les
pratiques des utilisateurs afin d’identifier les pistes d’amélioration.
Jusqu’ici, l’outil a été reconnu ou diffusé de diverses façons :
36
•
•
PRINTEMPS 2013
•
•
•
•
•
•
Projet Qualité au CSSS de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent,
2007-2008
Prix du jury dans la catégorie « Sensibilisation, information »
au congrès Pleins feux sur l’innovation de l’Association paritaire
pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales
(ASSTSAS), 2008
Finaliste au concours régional du Prix innovation en santé et
sécurité du travail dans la catégorie « Organismes publics »,
Commission de la santé et sécurité du travail (CSST), 2008
Finaliste au gala national Prix innovation en santé et sécurité du
travail, CSST, 2009
Article publié dans le périodique Objectif Prévention (2008), 31, 3.
Article publié dans le Courrier Bordeaux-Cartierville, 2008.
Exposé présenté à l’Agence de santé et de services sociaux de
Montréal, 2012
Mise en commun de l’outil avec des établissements du réseau
régional et de l’Ontario, 2008-2013
Nous serions très heureux de partager ces outils de communication avec
les organismes intéressés. Q
Geneviève Shama
Geneviève Shama, inf. BSc., est conseillère-cadre à la Direction des soins
infirmiers au Centre de santé et de services sociaux de Bordeaux-Cartierville-St-Laurent. Membre du comité exécutif du Conseil des infirmières
et infirmiers depuis 2008, elle en assume la présidence pour la troisième
année consécutive. Son parcours en santé communautaire et en prévention et contrôle des infections reflète son intérêt pour le volet promotion de
la santé et prévention de la maladie, ainsi que pour l’enseignement.
Marie Lahaye
Marie Lahaye, infirmière DESS en prévention et contrôle des infections,
est membre de l’Association des infirmières et infirmiers en prévention
des infections (AIPI) et cumule plusieurs années d’expérience en soins
d’urgence et en santé communautaire. Elle œuvre comme conseillèrecadre à la direction des soins infirmiers du CSSS de Bordeaux-Cartierville-Saint-Laurent. Responsable d’une équipe de trois conseillères en
soins infirmiers, son mandat principal est la prévention et le contrôle des
infections dans l’ensemble des secteurs d’activités du CSSS.
Références
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Evaluate Technical Texts: A Focus Group Study », Journal of
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La relance de la prévention
et du contrôle des infections
à Terre-Neuve-et-Labrador
37
PRINTEMPS 2013
En 2003, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a nommé un groupe de
travail pour évaluer la mesure dans laquelle la province était prête à prévenir
et à contrôler des maladies transmissibles comme le SRAS. Cela s’est traduit
par la création en 2007 du Provincial Infection Control Newfoundland Labrador
(PIC-NL), dont les priorités ont été de normaliser les pratiques, de passer
en revue les ressources humaines en matière de prévention et de contrôle
des infections (PCI), d’agir comme ressource auprès des autres et de former
les travailleurs de la santé et les professionnels en prévention des infections.
Marion Yetman
Donna Moralejo
C
’est l’éclosion du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en
2003 qui a ranimé l’intérêt pour la prévention et le contrôle des
infections (PCI). La plupart des gens avaient oublié les répercussions
que les maladies infectieuses peuvent avoir sur la santé publique et les
hôpitaux. Les conditions d’hygiène ainsi que la disponibilité des antibiotiques et des antiviraux faisaient croire que les maladies infectieuses
étaient une chose du passé. Pourtant, de tous les pays non asiatiques,
le Canada est celui qui a été le plus durement touché par le SRAS, la
majorité des cas ayant été déclarés dans la région du Grand Toronto. La
plupart de ces cas étaient liés aux hôpitaux.
38
PRINTEMPS 2013
Le rapport Leçons de la crise du SRAS : Renouvellement de la santé
publique au Canada (Comité consultatif national sur le SRAS et la santé
publique, 2003) fait état d’un grand nombre de problèmes généraux liés
à l’épidémie, notamment des lacunes dans « les protocoles de gestion
de l’épidémie, de prévention de l’infection et de la surveillance des
maladies infectieuses dans les établissements ». Il y est dit que le SRAS a
été endigué par de « vieilles mesures de santé publique comme le lavage
des mains, les procédures de prévention des infections, l’isolement des
cas et le dépistage et la mise en quarantaine des contacts » (Comité
consultatif national sur le SRAS et la santé publique, 2003).
Les ministères de la Santé de tout le Canada ont réagi aux conséquences
du SRAS en faisant des recommandations et en établissant les mesures
prioritaires à mettre en place. Quoique les professionnels en prévention
des infections de l’Ontario aient été salués pour leur dévouement et
leur leadership pendant l’épidémie, d’importantes lacunes en matière de
ressources utilisées pour la prévention des infections ont été repérées. Le
ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario a réagi
rapidement en vue de corriger les lacunes et a appuyé l’établissement des
Réseaux régionaux de contrôle des infections. L’Ontario est maintenant
chef de file au pays en ce qui a trait aux lignes directrices sur les pratiques
exemplaires en matière de PCI.
À Terre-Neuve-et-Labrador, le gouvernement provincial a réagi de façon
similaire au rapport Leçons de la crise du SRAS. En 2003, il a nommé
un groupe de travail pour évaluer la mesure selon laquelle la province
était prête à prévenir et à contrôler des maladies transmissibles comme le
SRAS. Le rapport du groupe de travail, Back to Basics (Bowmer, 2004),
contenait plusieurs recommandations d’améliorations, notamment :
•
•
•
•
•
nommer une équipe provinciale d’experts en prévention
des infections;
augmenter l’appui accordé aux professionnels en prévention
des infections en leur fournissant une formation professionnelle
continue et en cernant les besoins en ressources humaines;
appuyer financièrement la formation des travailleurs de la santé;
soutenir un système de surveillance pour les maladies infectieuses
ciblées suscitant des préoccupations;
encourager la participation des professionnels en prévention
des infections pendant la construction et la rénovation des
établissements de santé.
Afin de mettre en œuvre les recommandations du rapport Back to
Basics, une équipe d’experts appelée le Provincial Infection Control
Newfoundland Labrador (PIC-NL) a été formée en 2007. Elle visait à «
soutenir une approche de la prévention et du contrôle des infections à la
fois complète et fondée sur des données probantes, qui couvre l’ensemble
des soins dans un effort pour réduire le risque d’infections associées aux
soins de santé et inspirer l’excellence en matière de sécurité des patients »
[Traduction]. Les membres du PIC-NL comprennent l’infirmière
spécialisée en prévention des infections de la province, le responsable
en matière de PCI de chacune des quatre autorités sanitaires à TerreNeuve-et-Labrador, deux représentants du Provincial Disease Control
et un conseiller pédagogique de la School of Nursing de l’Université
Memorial. Comme le PIC-NL dessert un vaste secteur géographique, les
réunions mensuelles se tiennent sous forme de téléconférences.
À ses débuts, le PIC-NL s’est tourné vers des collègues de partout au
pays pour obtenir leurs conseils; il a aussi engagé un animateur en
planification stratégique pour l’aider à se diriger dans la bonne direction.
Après avoir reconnu ses points forts et les défis qu’il devait relever, le
Comité a déterminé les initiatives à mettre en œuvre en priorité, soit :
•
•
•
•
normaliser les pratiques;
examiner les ressources humaines en PCI;
agir comme ressource pour les autres;
former les travailleurs de la santé et les professionnels en prévention
des infections.
Normaliser les pratiques
La normalisation des pratiques s’est concentrée sur la surveillance et
l’élaboration de lignes directrices pour les programmes de prévention des
infections. Un programme de surveillance provincial pour documenter
les répercussions de deux bactéries notoires — Staphylococcus aureus
résistant à la méticilline et Clostridium difficile — a été mis sur pied. Ces
organismes ont été placés sur la liste des maladies à déclaration obligatoire
de la province, qui fait partie d’un processus de déclaration légiféré.
Depuis 2009, tous les cas d’infection par ces organismes ont été rapportés
au ministère de la Santé et des Services communautaires de la province.
L’un des facteurs clés du succès de ce programme a été la création d’une
base de données pour faciliter la collecte, la conservation et l’analyse des
données pour les utilisateurs finaux.
Tout en réaffirmant le travail de chacune des autorités sanitaires quant
aux lignes directrices en matière de PCI, le PIC-NL a vu la nécessité
d’élaborer des documents pour la province. L’un des avantages résultant
de la collaboration des intervenants clés de chaque autorité sanitaire de
Terre-Neuve-et-Labrador a été leur engagement envers le processus et la
création de lignes directrices communes à utiliser dans toute la province.
Examiner les ressources humaines
L’examen des ressources humaines quant aux postes de professionnels en
prévention des infections a montré que la province ne répondait pas aux
recommandations nationales (Comité consultatif national sur le SRAS et
la santé publique, 2003) en ce qui concerne le nombre de professionnels
en prévention des infections par lits de malades aigus. En 2008, le
gouvernement provincial a fourni du financement pour la création de
postes supplémentaires.
Agir comme ressource
Servir de ressource de consultation constitue un des éléments de base
en matière de PCI. En 2012, la province a formé un comité provincial
sur la prévention et le contrôle des infections – construction et
rénovation. Ce comité sert de forum pour partager l’information sur
les enjeux qui influent sur la prévention et le contrôle des infections
pendant la construction ou la rénovation des établissements de santé.
Il favorise également une approche provinciale cohérente en présence
de ce type d’enjeux.
Un point récurrent à l’ordre du jour l’année dernière était les lavabos
destinés au lavage des mains et les dernières recommandations de
l’Association canadienne de normalisation (2011). Le comité comptait
parmi ses membres un étudiant stagiaire en ingénierie qui a effectué des
recherches sur le rôle des lavabos destinés au lavage des mains dans la
transmission des infections et consulté des fabricants pour déterminer
s’il existait des lavabos répondant aux nouvelles spécifications.
Assurer la formation
La formation a été une autre priorité du PIC-NL. L’un des défis en
matière de PCI est de fournir une formation continue sur les pratiques
exemplaires aux travailleurs de la santé. Avant l’éclosion de la pandémie
en 2009, le PIC-NL a mis au point une trousse complète de formation,
laquelle a été mise à la disposition de tous les travailleurs de la santé de
la province. La formation a été rendue obligatoire pour la plupart des
autorités sanitaires, ce qui a contribué au grand intérêt qu’elle a suscité.
Un programme éducatif pour le personnel qui effectue des dialyses est
en cours d’élaboration par les membres du PIC-NL.
Le PIC-NL s’est principalement concentré sur la formation aux
professionnels en prévention des infections. En 2007, les téléconférences
Webber (voir webbertraining.com) ont été offertes comme ressource
aux membres. Le PIC-NL a aussi collaboré avec l’Association pour la
prévention des infections à l’hôpital et dans la communauté à TerreNeuve-et-Labrador pour ajouter un volet éducatif à ses réunions
mensuelles. De plus, les membres du PIC-NL ont joué un rôle très actif
dans l’organisation du congrès de formation annuel de l’Association
pour la prévention des infections à l’hôpital et dans la communauté et y
ont aussi grandement participé.
L’un des points saillants des efforts du PIC-NL en matière de
formation a été la mise au point d’un programme d’orientation pour
les professionnels en prévention des infections débutants. Un survol de
39
PRINTEMPS 2013
Le PIC-NL a adopté une nouvelle approche pour l’élaboration des lignes
directrices en proposant deux différents formats à ses comités. Les membres
du PIC-NL ont convenu d’élaborer des documents de base, portant
notamment sur les pratiques de base et précautions supplémentaires ainsi
que sur la prévention de la propagation des organismes multirésistants.
Pour d’autres lignes directrices portant notamment sur la conduite à tenir
en cas de tuberculose, un sous-comité a été créé, lequel comprenait des
membres du PIC-NL ainsi que des infirmières spécialisées en maladies
transmissibles et des infirmières en santé du travail. La participation
d’autres experts a été une expérience enrichissante pour les membres du
PIC-NL.
Il existe maintenant un manuel
d’orientation pour les nouveaux
professionnels en prévention des
infections, lequel constitue une
ressource pour tous les praticiens
de ce genre au Canada.
tout le pays a montré que les programmes d’orientation consistaient
principalement en des listes de vérification, en des suggestions de
lecture ou en la recommandation de consulter le Infection Control
Policy and Procedure Manual (manuel de politiques et procédures
sur la prévention et le contrôle des infections, en anglais seulement).
L’élaboration du programme d’orientation a attiré l’intérêt et la
collaboration de quatre responsables en matière de PCI provenant de
la Colombie-Britannique, de l’Ontario et de l’Île-du-Prince-Édouard.
Le résultat final est un programme complet d’orientation fondé sur
l’apprentissage autonome comportant neuf modules. Il est maintenant
offert en tant que ressource à tous les professionnels en prévention des
infections au Canada (PIC-NL, 2012; PICNeT, 2012).
Donna Moralejo
Donna Moralejo, inf., Ph. D., est professeure à l’école des sciences infirmières de l’Université Memorial, à St. John’s, Terre-Neuve. Elle a fréquenté
l’Université McGill [B. Sc. microbiologie et immunologie; B. histoire
et M. Sc. (A) sciences infirmières] et l’Université de Calgary (Ph. D.
épidémiologie). Membre du conseil d’administration du CHICA-Canada
depuis 2008, elle est affectée au dossier de la formation. Elle a collaboré à
des programmes de formation à l’intention des professionnels en prévention
des infections et à des programmes sur les précautions de routine pour les
travailleurs de la santé. De plus, elle est coauteure d’une revue Cochrane
sur les interventions visant à améliorer l’hygiène des mains.
Conclusion
40
PRINTEMPS 2013
L’objectif initial était de faire reconnaître le PIC-NL « comme étant
l’autorité nationale et provinciale en matière de PCI, qui appuie le
transfert de connaissances et l’élaboration d’approches fondées sur la
collaboration et l’innovation pour répondre aux besoins en évolution de
la population et du système de santé. » [Traduction]. Le PIC-NL a été à
la hauteur de cette vision, grâce à l’équipe dévouée de professionnels en
prévention des infections qui participent à la prévention et au contrôle
des infections à Terre-Neuve-et-Labrador depuis de nombreuses années.
La formation du PIC-NL a annoncé un nouveau commencement qui a
favorisé le réseautage, la collaboration et le soutien pour s’attaquer aux
problèmes liés à la prévention et au contrôle des infections. Q
Marion Yetman
Marion Yetman a travaillé comme infirmière en unité de soins
pédiatriques intensifs, infirmière enseignante, infirmière chercheuse
et professionnelle en prévention des infections. Elle est l’infirmière spécialisée en contrôle des infections au ministère de la Santé et des Services communautaires de Terre-Neuve-et-Labrador. Madame Yetman
est aussi la présidente sortante de l’Association pour la prévention des
infections à l’hôpital et dans la communauté — Canada (2008) et a
reçu le prix des champions en prévention et en contrôle des infections
remis par l’association en 2011.
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Gestion des éclosions au sein
de l’autorité sanitaire de l’Île
de Vancouver (VIHA)
41
PRINTEMPS 2013
Les éclosions de maladies infectieuses dans les hôpitaux et les établissements
de soins pour bénéficiaires internes ont des répercussions négatives
importantes sur les clients et leur famille, de même que des conséquences
financières graves sur les organismes de soins de santé. Par conséquent, il est
primordial de prendre des mesures d’intervention efficaces et coordonnées
en cas d’éclosion. L’autorité sanitaire de l’Île de Vancouver (Vancouver
Island Health Authority, VIHA) s’est dotée d’une structure de gestion des
éclosions afin d’améliorer la communication de l’information pendant de
telles situations d’urgence et de réduire la durée des éclosions.
Joanne Baines
L
42
a transmission des microorganismes dans les hôpitaux et les
établissements de soins pour bénéficiaires internes constitue une
menace réelle pour les clients (ou les résidents, les patients). En effet,
les infections nosocomiales peuvent entraîner des maladies graves et
même la mort. Ce type d’infections est aussi responsable de nombreuses
hospitalisations ou réadmissions à l’hôpital, du recours accru aux
antibiotiques ou de l’augmentation de la durée des hospitalisations,
autant de facteurs qui imposent un fardeau inutile au système de soins
de santé. De plus, la présence d’infections nosocomiales peut aussi
avoir des répercussions sur la satisfaction de la clientèle, entraîner
une perte de confiance à l’égard des soins de santé, miner le moral
du personnel et accaparer une quantité considérable de ressources
financières et humaines.
PRINTEMPS 2013
Au fil des années, les éclosions qui ont frappé la VIHA ont occasionné
divers problèmes et mobilisé beaucoup de ressources, touchant de
nombreuses unités dans divers établissements de soins de santé. Les
services de soins en établissement de la VIHA fournissent des soins
prolongés et complexes à des personnes âgées et à des personnes
handicapées qui sont hébergées dans 17 établissements répartis sur
l’Île de Vancouver. Ces établissements comptent 1 577 lits, et 1 838
personnes y travaillent. Même si des éclosions de maladies transmissibles
peuvent survenir tant dans les établissements de soins de courte durée
que dans ceux qui offrent des soins à des bénéficiaires internes, ce sont
les établissements de la deuxième catégorie qui sont le plus souvent
touchés sur le territoire de la VIHA.
Un certain nombre d’études donnent une estimation des coûts associés
aux éclosions dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes
(CCPMI, 2011). Selon Henson et coll. (2008), le fardeau économique
que représentent les infections gastro-intestinales s’élèverait à 514
millions de dollars par année en Colombie Britannique. Le Comité
consultatif provincial des maladies infectieuses (CCPMI) a réalisé
plusieurs études qui font état des coûts liés aux éclosions dans les
établissements de soins pour bénéficiaires internes :
•
•
•
•
éclosions de gale : 200 000 $ CAN (de Beer et coll., 2006);
éclosions de conjonctivite à adénovirus : 29 527 $ US (Piednoir
et coll., 2002);
éclosions d’infections à entérocoques résistants à la vancomycine :
12 061 $ CAN (Armstrong-Evans et coll., 1999);
un cas de syndrome grippal : de 968 $ à 2 774 $ US (Carroll et
coll., 2001).
Mesures initiales
Par le passé, la gestion des éclosions au sein de la VIHA n’était pas
structurée : aucun établissement ni service en particulier ne jouait un
rôle de premier plan dans ce domaine. En 2009, la VIHA a établi un
cadre structuré pour réduire le nombre de personnes touchées par les
éclosions. Ce cadre est inspiré du système de commandement en cas
d’urgence dans les hôpitaux (voir le site HEICS.com) qui a été créé aux
États Unis. Conçu pour être utilisé à la fois dans des situations urgentes
et non urgentes, ce système offre aux hôpitaux de toute taille des outils
leur permettant de bien définir leurs responsabilités — celles qui leur
sont propres et celles qu’ils doivent assumer au sein de la communauté
d’intervention — afin qu’ils puissent mieux se préparer en cas d’urgence.
Ce cadre normalisé, appelé « structure de gestion des éclosions », sert
à définir les responsabilités de chaque employé et de chaque groupe
qui composent un organisme. Il s’agit en fait d’une structure intégrée
à l’organisme qui peut être adaptée selon la complexité de l’éclosion et
des ressources à affecter pour mener à bien l’intervention. Ce cadre évite
également que les frontières entre les organismes ou les programmes
empêchent une intervention efficace en cas d’éclosion.
Au cours de la réunion, les intervenants essaient de trouver des façons
d’améliorer les résultats et de réduire la durée des éclosions. Ils font aussi
un résumé de l’information concernant l’éclosion et la communiquent
ensuite à tout l’organisme au moyen du CQS.
Avant l’adoption de la nouvelle structure, des équipes de gestion des
éclosions étaient mises sur pied de façon ponctuelle, habituellement en
cas d’éclosions complexes ou prolongées. Étant donné que, de manière
générale, les membres de ces équipes assistaient rarement aux réunions,
ils se sentaient peu responsables des mesures d’intervention et de l’issue
des éclosions.
PICNet
En 2010, le réseau de lutte contre les infections de la Colombie
Britannique (Provincial Infection Control Network of British Columbia)
a élaboré des lignes directrices provinciales énonçant les principes qui
s’appliquent à la gestion des éclosions. Ces lignes directrices donnent
la marche à suivre pour organiser, diriger et superviser les mesures
d’intervention et gérer tous les aspects d’une éclosion.
Selon PICNet, les dirigeants des établissements de soins de santé jouent
un rôle crucial pour aider à assurer l’efficacité de la prévention et de la
lutte contre les éclosions. En effet, selon PICNet, c’est aux dirigeants de
ces organismes que revient la responsabilité de veiller à ce que toutes les
mesures de prévention nécessaires soient en place de même qu’à diriger
et à superviser la gestion de tous les aspects d’une éclosion.
Même si le médecin hygiéniste s’est vu confier un mandat précis en ce qui
a trait à la gestion des éclosions, le premier rôle revient au gestionnaire
de l’unité ou de l’établissement. Si une éclosion touche plus d’une unité,
c’est alors le directeur du programme ou de l’établissement qui prend la
tête de l’intervention. La structure de gestion des éclosions est formée
du personnel responsable de la prévention des infections, du personnel
de l’unité, des médecins, du personnel de la logistique, du personnel de
l’entretien ménager, du personnel des services alimentaires ainsi que du
personnel responsable de la santé et de la sécurité au travail. Il appartient
à chaque membre de communiquer l’information pertinente, de faire
le suivi des éclosions et de rendre compte de la situation à l’équipe de la
structure de la gestion des éclosions.
Grâce à cette structure, tous les établissements de la VIHA touchés
par une éclosion peuvent participer de façon immédiate et simultanée
aux mesures d’intervention. Les secteurs qui sont difficiles à gérer sont
discutés ouvertement, et les établissements prennent les mesures qui
s’imposent pour intervenir rapidement. En outre, la VIHA a préparé
43
PRINTEMPS 2013
Deux à quatre semaines après l’éclosion, l’équipe responsable de la
structure de gestion des éclosions tient une réunion pour discuter des
résultats, des coûts, des leçons retenues, des possibilités d’amélioration et
des aspects liés à la sensibilisation, et elle formule des recommandations.
Ces recommandations sont ensuite intégrées au système global de
contrôle de la qualité (Combined Quality System, CQS), qui sert à
regrouper les activités d’assurance de la qualité menées par les conseils,
les comités et le personnel d’encadrement en vue d’accroître l’efficience
de tous les établissements qui relèvent de la VIHA. Le CQS assure le
suivi des questions liées à la qualité et oriente les activités d’amélioration
de la qualité au sein de l’organisme.
Table 1 : Éclosions dans les établissements de soins pour bénéficiaires internes relevant de la VIHA*
2009 - 2010
Microorganisme
Nombre
d’éclosions
2010 - 2011
Durée
Nombre
moyenne
moyen
(en jours)
de cas
Nombre
d’éclosions
2011 - 2012
Durée
Nombre
moyenne
moyen
(en jours)
de cas
Nombre
d’éclosions
Durée
Nombre
moyenne
moyen
(en jours)
de cas
Maladie
entérique
4
23,5
25,0
4
17,0
31,8
9
10,1
14,8
Norovirus
3
25,7
30,0
3
19,0
29,7
2
10,5
26,0
Virus
semblables à
un norovirus/
autre
1
17,0
10,0
1
11,0
38,0
1
2,0
4,0
Influenza/
syndrome
grippal
1
13,0
27,0
7
11,4
21,0
6
11,3
12,8
* Le nombre total de résidents n’a pas été fourni pour environ le quart des éclosions déclarées en 2010-2011. Le taux d’attaque est calculé à partir des
éclosions pour lesquelles le nombre total de résidents a été fourni.
du matériel d’information pour le personnel médical et non médical
ainsi que des documents à l’intention du personnel de première ligne
qui portent sur certains microorganismes; tout ce matériel est révisé
régulièrement. Durant une éclosion, on organise chaque jour des
réunions pour régler au plus vite les différents problèmes et intensifier
les mesures de précaution, au besoin.
44
PRINTEMPS 2013
Avant de mettre en place la structure de gestion des éclosions, la
VIHA n’avait qu’une vague idée des coûts associés à une éclosion;
habituellement, les coûts connus se limitaient aux fournitures et aux
heures supplémentaires. La structure de gestion des éclosions a permis
de remédier à ce manque d’information, et, aujourd’hui, la VIHA a
accès à des rapports détaillés sur les coûts supplémentaires engagés pour
l’entretien ménager, la dotation et les fournitures. De plus, auparavant,
on organisait de temps à autre de longues réunions qui attiraient peu de
participants; bien souvent, les membres importants n’y étaient même
pas convoqués. Aujourd’hui, grâce à la nouvelle structure, les rôles et les
responsabilités de chacun sont clairement définis. Il y a une meilleure
collaboration entre les divers intervenants, l’équipe tient régulièrement
des réunions productives auxquelles les membres assistent en grand
nombre, et le processus est ouvert et transparent.
Depuis qu’elle a été mise en œuvre, il y a trois ans, la structure a fait
l’objet d’un certain nombre d’examens et de cycles PEEA (planification
– exécution – étude – action) visant à :
•
•
•
améliorer les communications internes et externes;
diminuer le nombre d’éclosions et leur durée;
réduire le nombre de clients et d’employés touchés;
•
•
•
définir clairement les rôles et les responsabilités en ce qui a trait
aux pratiques recommandées et à la gestion de l’éclosion;
faire participer tout le personnel aux pratiques et aux procédures
de gestion de l’éclosion;
communiquer au public l’information relative à l’éclosion.
Le tableau 1 indique le nombre d’éclosions, de même que le type et la
durée des éclosions qui sont survenues au cours de trois exercices (20092010, 2010-2011 et 2011-2012) dans les établissements de soins pour
bénéficiaires internes relevant de la VIHA.
L’utilisation de la structure de gestion des éclosions dans les établissements
de soins pour bénéficiaires internes relevant de la VIHA a entraîné une
diminution de la durée des éclosions de maladies entériques — la durée
moyenne est passée de 23,5 à 10,1 jours sur une période de trois ans.
Une telle tendance n’a toutefois pas été observée pour les éclosions
d’influenza ou de syndrome grippal. Cela peut être attribuable au
fait que le nombre de personnes qui contractent une infection virale
saisonnière peut varier d’une année à l’autre.
La mise en place de la structure
de gestion des éclosions a bel et
bien entraîné une diminution
de la durée des éclosions de
maladies entériques.
Conclusion
La structure de gestion des éclosions créée par la VIHA témoigne de
sa volonté de mettre en place de nouveaux processus pour améliorer
la qualité des soins offerts à tous ses clients. Cette structure est en
accord avec la vision que la VIHA a adoptée en 2011 : d’excellents
soins pour tous, partout et en tout temps. Pour la VIHA, aucune
éclosion ne nécessite plus qu’une autre la mise sur pied d’une équipe
de gestion. Par conséquent, chaque éclosion est gérée de la même
manière par des employés qui comprennent bien la situation et qui
participent pleinement au processus.
La VIHA a constaté que la structure de gestion des éclosions a été
adoptée sans réserve sur son territoire. Utilisée correctement, cette
structure montre à quel point le partage des responsabilités est efficace
pour prévenir et contrôler les infections. Elle a par ailleurs contribué
à améliorer la communication entre les unités et à uniformiser la
gestion des éclosions. Elle fournit une tribune où les membres
peuvent exposer les interventions réussies et faire ressortir les points à
améliorer. Enfin, la structure a permis de créer un processus servant à
calculer de manière exacte les coûts associés aux éclosions.
En somme, cette structure a été conçue pour améliorer la qualité des
soins de l’organisme et constitue l’un des nombreux outils qu’utilise
la VIHA pour offrir des services de qualité exceptionnelle à ses
bénéficiaires internes. Q
Joanne Baines
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International Journal of Food Microbiology, 127, 43-52.
Piednoir, E., F. Bureau-Chalot, C. Merle, A. Gotzamanis, J.
Wuibout et O. Bajolet (2002). « Direct costs associated with a
nosocomial outbreak of adenoviral conjunctivitis infection in a
long-term care institution », Am J Infect Control, 30(7): 407-10.
Provincial Infection Control Network of British Columbia
(2010). Gastrointestinal infection outbreak guidelines for
healthcare facilities. Consulté sur : http://www.bccdc.ca/NR/
rdonlyres/E2256DB6-A332-424E-A87C-7E68AFDF4F39/0/
EPI_Guideline_PICNetGI_OutbreakJune10_20100617.pdf
Comité consultatif provincial des maladies infectieuses. (2011).
Pratiques exemplaires pour les programmes de prévention et de
contrôle des infections en Ontario – dans tous les établissements
de soins de santé, Toronto, Ontario, ministère de la Santé et des
Soins de longue durée.
45
PRINTEMPS 2013
Joanne Baines, IA, B.Sc., responsable de la prévention et du
contrôle des infections, travaille pour l’autorité sanitaire de l’Île de
Vancouver depuis près de six ans. Elle travaillait auparavant pour
le Service national de la santé du Royaume-Uni, où elle a notamment été affectée aux services d’urgence, à la pédiatrie ainsi qu’à
la prévention et au contrôle des infections. Depuis qu’elle évolue
dans le domaine de la prévention des infections, madame Baines
a participé à la gestion des éclosions, à la planification en cas de
pandémie, de même qu’à l’élaboration et à la mise à jour continue
du programme d’agrément.
Références
Programmes de gérance des
antimicrobiens dans un contexte
de soins de courte durée
46
PRINTEMPS 2013
La mise en œuvre de programmes de gérance des antimicrobiens
dans le milieu des soins de courte durée est un pas en avant dans
l’évolution des mesures prises au Canada à l’égard de la résistance
aux antibiotiques. Ces programmes permettent aux établissements
d’assurer une utilisation appropriée des agents antimicrobiens.
Cependant, nous commençons seulement à mettre en place
l’infrastructure nécessaire pour faire face à la crise émanant de la
résistance aux antibiotiques.
Jim Hutchinson
U
tilisés depuis les années 1960, les antibiotiques ont joué un
rôle essentiel dans l’évolution des soins hospitaliers modernes.
Puisqu’ils étaient sécuritaires, efficaces et relativement peu coûteux,
leur utilisation a connu un essor considérable dans les années 1970 et
1980, alors que plusieurs antibiotiques « nouveaux et améliorés » ont
été offerts sur le marché; ceux-ci étaient très pratiques et pouvaient servir à de multiples usages. Par exemple, un nouvel antibiotique pouvait
souvent en remplacer deux ou trois de la génération précédente.
“… une activité qui comprend la sélection du traitement antimicrobien pertinent et l’établissement de
la posologie, de la voie d’administration et de la durée. Les programmes de gérance des antimicrobiens
mettent principalement l’accent sur l’utilisation
adéquate des antimicrobiens afin d’obtenir les meilleurs résultats chez les patients, réduire les risques
résistance aux antibiotiques et favoriser la sécurité
des patients” (Agrément Canada, 2013).
La plupart des programmes de gérance ont été lancés dans de grands
centres médicaux universitaires qui disposent de spécialistes en
microbiologie médicale, en maladies infectieuses et en pharmacie
clinique. Dépendant souvent des intérêts des spécialistes locaux, les
programmes étaient généralement menés en pharmacie et étaient sujets
aux pressions concurrentielles exercées par la hausse des dépenses dans
l’ensemble des catégories de médicaments. Très peu de programmes de
gérance des antimicrobiens en milieux de soins de courte durée ont été
instaurés en dehors de ces centres.
Au milieu des années 1990, la Société canadienne des maladies
infectieuses et Santé Canada ont coparrainé une conférence de deux
jours intitulée « Le contrôle de la résistance aux antimicrobiens : Plan
d’action intégré pour la population canadienne ». Les spécialistes et les
décideurs se sont réunis et ont formulé une série de recommandations,
y compris l’instauration de « programmes de gérance des antibiotiques
et d’équipes de gestion de l’utilisation des antibiotiques dans tous
les hôpitaux canadiens en les intégrant aux normes d’agrément ».
Malheureusement, très peu a été fait à cet égard à la suite de cette
conférence pendant plusieurs années.
Puis, en 2005, le Dr Jacques Pépin publiait un rapport précurseur
révélant une forte hausse de l’incidence et de la gravité de la bactérie
Clostridium difficile (C. difficile) au Québec. Le rapport affirmait que
C. difficile était à l’origine d’environ 2 000 décès, et cette affirmation
47
PRINTEMPS 2013
À mesure que l’utilisation des antibiotiques s’est accrue, la résistance
aux antibiotiques a augmenté, en particulier dans le cas des microorganismes associés aux milieux hospitaliers. Cette résistance est
devenue de plus en plus préoccupante pour le secteur des soins de santé.
Ajoutée aux compressions budgétaires, la résistance aux antibiotiques
a conduit à des examens de l’utilisation des antibiotiques, lesquels ont
mené à l’instauration de programmes de gérance des antimicrobiens
dans certains organismes. Ces programmes sont définis comme suit
dans les pratiques organisationnelles requises (communément appelées
POR) d’Agrément Canada :
d’infections, réduire ou stabiliser les niveaux de
a rapidement dirigé l’attention publique et politique sur les infections
nosocomiales. C. difficile et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS)
ont mis en lumière de graves lacunes en matière de prévention et de
contrôle des infections (PCI) dans les hôpitaux, et la réaction fut
vive. Des investissements en PCI ont été réalisés partout au Canada :
l’infrastructure a été améliorée, du personnel en PCI a été engagé et
une certaine baisse des taux d’infections nosocomiales a été observée.
Les programmes de gérance des antibiotiques ont été considérés comme
une mesure appropriée pour contrer la bactérie C. difficile, mais peu de
changements ont été notés à l’extérieur du Québec.
Mouvement pour la qualité et la sécurité
En 2003, le gouvernement fédéral a créé l’Institut canadien pour
la sécurité des patients en réponse à l’intérêt croissant porté à la
sécurité des patients. Depuis ce moment, une amélioration lente,
mais constante, est observée dans les infrastructures provinciales et
de soins de courte durée à l’égard de la promotion des pratiques de
sécurité. La plupart des instances ont établi des conseils de la qualité
des services de santé ou ont mis en place une initiative similaire au sein
du gouvernement. Il est essentiel que les structures centrales (c’està-dire les autorités sanitaires et les gouvernements provinciaux) et
les spécialistes soutiennent activement les fonctions administratives,
comme l’établissement de politiques et de priorités en matière de
programmes de gérance des antimicrobiens.
Bon nombre de nouveaux programmes rigoureux de PCI ont été
élaborés dans le cadre des dossiers de la qualité et de la sécurité, et
leur création a contribué à faire avancer ces mêmes dossiers. Par
48
exemple, à titre d’organisme tiers indépendant, Agrément Canada a
considérablement relevé les exigences de ses normes en matière de PCI
pour favoriser l’amélioration de la qualité.
Ressources humaines
Qui donc est au cœur de ces programmes de gérance des
antimicrobiens? Les pharmaciens cliniques s’avèrent les piliers des
infrastructures de soins de courte durée. L’essentiel de la mise en
œuvre courante des programmes de gérance des antimicrobiens
est réalisé par les pharmaciens cliniques, qui sont guidés par les
pharmaciens cliniques et les médecins les plus expérimentés. Les
programmes de pharmacie clinique sont généralement bien établis
dans les centres universitaires des sciences de la santé, mais ils le sont
moins dans les plus petits centres de soins de santé, parce que la
gérance des antimicrobiens entre souvent en concurrence avec les
autres services de pharmacie clinique pour l’obtention de ressources.
La quantification du besoin et l’établissement d’un financement stable
pour les pharmaciens cliniques constituent des éléments essentiels de
la mise en œuvre de programmes de gérance des antimicrobiens.
Les médecins font partie intégrante des programmes de gérance
des antimicrobiens. Un médecin local champion de la prévention
des infections et possédant des connaissances médicales pointues
peut contribuer à l’élaboration et au maintien de ces programmes.
Cependant, la plupart des spécialistes en infections (infectiologues,
médecins microbiologistes) travaillent dans les grands centres; il sera
important de trouver des façons d’intéresser les cliniciens locaux à
élaborer ces programmes dans les plus petits centres.
PRINTEMPS 2013
Il sera également nécessaire de reconsidérer les ressources humaines
médicales en ce qui a trait à la consultation et aux conseils d’experts en
matière de gestion de cas. L’utilisation de la technologie à distance aux
fins de consultation facilitera l’élargissement des programmes de gérance
des antimicrobiens à des collectivités plus éloignées. En raison de la
concentration de l’expertise médicale dans les grands centres urbains et
de la superficie du Canada, il sera important de trouver des solutions
adaptées aux régions, qui incluront vraisemblablement l’utilisation de la
technologie à distance en soutien aux ressources humaines.
Technologie de l’information et collecte
de données
Deux types d’information sont
essentiels aux programmes de
gérance des antimicrobiens :
l’utilisation des antimicrobiens
et la sensibilité à ceux-ci.
(c’est-à-dire les essais en laboratoire visant à évaluer l’efficacité d’un agent
antimicrobien). La plupart des institutions canadiennes ne disposent
pas de systèmes bien développés pour répondre à ces besoins en matière
de données. Une certaine portion de l’information est recueillie lorsque
les installations sont modernisées et améliorées, mais il est essentiel que
les besoins des programmes de gérance des antimicrobiens soient pris
en considération lors des activités de mise à niveau de la technologie des
laboratoires et des pharmacies.
Qualité et sécurité — Le lien avec la
prévention et le contrôle des infections
Le soutien administratif pour la gérance des antimicrobiens relève
naturellement des dossiers de la qualité et de la sécurité, qui sont
clairement harmonisés avec les objectifs de PCI. Une synergie entre les
programmes de PCI peut être établie rapidement, puisque plusieurs
médecins champions participent à la fois à la prévention et au contrôle
des infections ainsi qu’à la gérance des antimicrobiens. Certes, le
laboratoire de microbiologie est aussi un partenaire essentiel.
Certains programmes internationaux ont cherché à établir des équipes
de gérance des infections, permettant ainsi une meilleure intégration de
la prévention, du diagnostic et du traitement des infections. La création
de ces équipes pourrait constituer la prochaine étape logique au Canada.
Le Scottish Antimicrobial Prescribing Group (SAPG) (http://www.
scottishmedicines.org.uk/SAPG/Scottish_Antimicrobial_Prescribing_
Group__SAPG) a été créé pour faciliter la mise en œuvre du plan
d’action de 2008 sur la résistance aux antimicrobiens. De nombreuses
leçons peuvent être tirées du succès de cette initiative (http://www.
aricjournal.com/content/1/1/7), puisqu’il existe des similarités entre les
modèles de prestation des services médicaux canadiens et écossais. L’un
des grands enseignements est qu’un financement dédié est essentiel :
de nouveaux fonds ont été débloqués pour créer la structure du SAPG
et financer les pharmaciens cliniques de tous les conseils régionaux.
Le même type d’investissement est nécessaire au Canada.
Conclusion
Au cours de la dernière décennie, les dossiers de la qualité et de la
sécurité sont devenus de plus en plus importants au sein des organismes
canadiens de soins de santé, améliorant ainsi la position du Canada pour
faire face au défi ardu de la gestion de la résistance aux antibiotiques
grâce aux programmes de gérance des antimicrobiens. En accordant
une attention sérieuse et les fonds nécessaires à cette question, il est
possible de gérer la résistance aux antimicrobiens. Q
Jim Hutchinson
Jim Hutchinson, MD, FRCPC, a vécu 17 ans à St. John’s,
Terre-Neuve-et-Labrador, et s’est récemment installé à Victoria, en
Colombie-Britannique, pour devenir directeur médical du nouveau
programme de gérance des antimicrobiens de la Vancouver Island
Health Authority . Le Dr Hutchinson est un ancien président du
Comité canadien sur la résistance aux antibiotiques (CCRA) et il
copréside actuellement l’Antimicrobial Clinical Expert Group du
ministère de la Santé de la Colombie-Britannique. Pour en savoir
plus sur ses projets en cours, consultez le http://infectionnet.org.
Références
Agrément Canada. (2013). Guide des pratiques
organisationnelles requises 2013. Agrément Canada,
Ottawa, Ontario.
Pépin, J., L. Valiquette Et B. Cossette. « Mortality
attributable to nosocomial Clostridium difficile–
associated disease during an epidemic caused by a
hypervirulent strain in Quebec », CMAJ, 173 (2005),
p. 1037-1042
49
PRINTEMPS 2013
La création de centres provinciaux de collecte et d’interprétation des
données pourrait aussi contribuer à l’évaluation normalisée des secteurs
qui connaissent du succès et de ceux qui doivent être améliorés.
Le modèle écossais
Mot de la fin
Tourné vers l’avenir
J
e tiens à féliciter les auteurs qui ont accepté de contribuer à ce premier numéro de la revue en ligne. Nous
espérons que cette initiative permettra à nos lecteurs de
transmettre plus facilement Qmentum Quarterly à leurs
amis et à leurs collègues.
Bernadette
MacDonald
Présidentedirectrice générale
d’Agrément Canada
50
Agrément Canada a pour mandat fondamental de vous
aider dans vos projets d’amélioration de la qualité. Nous
ne ménageons aucun effort pour fournir les ressources
qui aideront les organismes comme le vôtre à réaliser
leurs projets d’amélioration de la qualité.
PRINTEMPS 2013
Dans les mois à venir, nous tiendrons quelques
événements susceptibles de vous intéresser, vous ou votre
équipe. Il s’agit d’ateliers sur l’éthique et sur les pratiques
exemplaires, de même que de séances de formation Lean
http://www.accreditation.ca/educational-resources/
education-sessions/regional-workshops/.
Les ateliers sur l’éthique ont été adaptés à deux groupes,
soit le personnel d’encadrement et les prestataires de
services, et sont conçus pour aider les participants à être
mieux préparés pour faire face aux problèmes d’éthique.
Les travailleurs de première ligne seront plus aptes à
relever les défis quotidiens à ce chapitre, et le personnel
d’encadrement bénéficiera du soutien nécessaire pour
continuer de faire cheminer l’organisme dans le respect
de l’éthique et des valeurs qu’il s’est données.
La série d’ateliers sur les pratiques exemplaires portera
principalement sur l’amélioration de la qualité des
soins de santé http://www.accreditation.ca/educationalresources/education-sessions/webinars/. Nous vous
invitons à vous inscrire à ce webinaire pour découvrir
comment faire reconnaître votre organisme pour ses
pratiques à la fine pointe. Cette série traitera aussi de
la façon de mettre en œuvre dans votre organisme les
pratiques exemplaires qui proviennent d’ailleurs. Si votre
organisme a mis sur pied des moyens innovateurs et
efficaces d’améliorer la prestation de soins, laissez-nous
vous aider à les faire connaître à d’autres établissements
du pays, puisque bon nombre d’entre eux sont
probablement confrontés aux mêmes difficultés.
Lean s’avère une méthode précieuse qui offre le soutien
nécessaire aux projets d’amélioration de la qualité. Nos
séances de formation Lean sont offertes en collaboration
avec Six Sigma Canada. En septembre et en octobre,
des cours seront offerts en vue d’obtenir la certification
ceinture verte (en anglais) et ceinture jaune (en anglais et
en français). La méthode Lean fournit aux participants
des techniques et des outils complets pour maximiser
les résultats de leurs projets d’amélioration de la qualité.
Chez Agrément Canada, nous avons souvent recours à
la méthode Lean parce que nous croyons qu’elle nous
permet d’acquérir des connaissances et de nous améliorer.
Nous vous invitons donc à vous joindre rapidement au
nombre croissant de professionnels de la santé du Canada
qui obtiennent la certification grâce au partenariat entre
Agrément Canada et Six Sigma Canada.
Soyez à l’affût du prochain numéro de Qmentum
Quarterly qui paraîtra à l’été et qui portera sur les points
de transition des soins. D’ici là, profiter du beau temps
qui semble enfin vouloir s’installer!
Votre
organisme
Have You
Been
a-t-il
été reconnu?
Recognized?
Le Programme de distinction à
l’intention des services aux victimes
d’AVC d’Agrément Canada vous
permet :
••d’être reconnu comme centre d’excellence;
••d’améliorer les résultats des usagers;
••de renforcer le recrutement et le maintien
en poste;
••d’appuyer le financement de la recherche;
••de démontrer votre conformité aux guides
des meilleures pratiques.
« En mettant en application le Programme de
distinction à l’intention des services aux victimes
d’AVC d’Agrément Canada, notre équipe a
assuré l’excellence des soins qu’elle dispense. »
Dr Mark Bayley
Toronto Rehab
University Health Network
Calgary Stroke Program
Kingston General Hospital
MacKenzie Health
Toronto Rehab, University
Health Network
1-800-814-7769
accreditation.ca
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