5. La mémoire 5. La mémoire 5.1. Mémoire à long terme et mémoire à court terme La mémoire • On distingue : • la mémoire à court terme, caractérisée par une capacité limitée de stockage et un oubli rapide ; • la mémoire à long terme, caractérisée par une très grande capacité et un oubli progressif. Un modèle de la mémoire Atkinson & Shiffrin (1969) 5. La mémoire 5.2. Quelques principaux facteurs de la mémorisation La mémoire • La répétition est un facteur important pour le stockage des informations en MLT. • On distingue : • la répétition de maintien, qui sert à garder actif l'information en MCT (ou mémoire de travail) ; • la répétition d'élaboration, qui fait usage de la signification pour stocker l'information (moyen mnémotechnique). Effet de la répétition sur la mémorisation Hellyer, 1962 La mémoire • Craik et Lockhart (1972) ont démontré que la répétition n'est pas tout. Le niveau de traitement de l'information est aussi un facteur déterminant pour sa mémorisation. • Un traitement en profondeur, qui correspond au sens des mots, est meilleur qu'un traitement superficiel, qui correspond au caractéristiques physiques des mots (son, etc.). • Ainsi, une présentation hiérarchique est meilleure qu'une présentation aléatoire. Le niveau de traitement de l'information Bower, Clark, Lesgold et Winzenz (1969) La mémoire • Les images mentales ont également un rôle important dans la mémorisation. • Paivio (1969) a développé la théorie du double codage. Cette théorie postule que la mémorisation est meilleure quand une information peut être encodée sous forme imagée et sous forme verbale. Il s'agit ainsi des objets concrets (table, arbre, etc.). Les objets abstraits sont encodés uniquement verbalement (liberté, etc.). Mémorisation et valeur d'imagerie (élevée/faible) Paivio, Smythe et Yuille, 1968 ! Influence de l’interactivité Avec % de rappel correct L’expérience de Godden et Baddeley Apprentissage sous l’eau Apprentissage sur la plage 40 30 20 10 0 Rappel sous l’eau Rappel sur la plage 5. La mémoire 5.3. Les formes de la mémoire à long terme 5. La mémoire 5.3. Les formes de la mémoire à long terme 5.3.1. La mémoire sémantique et la mémoire épisodique (Tulving, 1983) La mémoire • La mémoire sémantique possède une très grande stabilité et est peu affectée par les contextes de récupération. • Elle regroupe par exemple les connaissances générales nécessaire à la production et la compréhension linguistique (mots, symboles verbaux, significations, référents, etc.). La mémoire • La mémoire épisodique est plus flexible et reste sensible aux variations contextuelles. • Elle regroupe des représentations d'événements temporellement datées (événements ou épisodes personnellement vécus). 5. La mémoire 5.3. Les formes de la mémoire à long terme 5.3.2. La mémoire déclarative et la mémoire procédurale La mémoire • La mémoire déclarative comprend les souvenirs qu'on peut appeler à la conscience et exprimer comme souvenirs d'événement, d'images, et de sons, etc. • La mémoire procédurale (ou mémoire non déclarative) comprend les habiletés motrices, cognitives, le conditionnement classique et toute autre information que l'on peut acquérir et récupérer de façon non consciente. Mémoire déclarative et mémoire procédurale 5. La mémoire 5.4. Caractéristiques de la mémoire à court-terme 5. La mémoire 5.4. Caractéristiques de la mémoire à court-terme 5.4.1. Le nombre magique 7 (Miller, 1958) La mémoire • Miller (1958) a mis en évidence que le nombre 7 (appelé ainsi nombre magique) était une constante dans notre traitement de l'information en MCT. Ainsi, il est possible de stocker en MCT 7 éléments, plus ou moins (chiffres, lettres, nombres, images, mots, etc.). • Il existe donc une limitation quant à la quantité d'informations qu'il est possible d'encoder, maintenir et rappeler en MCT (ou MDT). La mémoire • Il est toutefois possible de dépasser cette limite en adoptant une stratégie de groupement. Cela consiste à ne pas considérer les items de manière individuelle, mais les considérer comme des groupes. Ces groupes sont appelés des chunks. • Un chunk peut réunir jusqu'à 7 items +- 2. La MCT peut traiter jusqu'à 7 chunks +-2, soit 49 items. La mémoire • Par exemple, on regroupera les chiffres 0 3 8 7 7 4 6 0 9 0 0 2 (10 items) : • 03 87 74 60 90 02 (5 chunks de 2 items) • 038 774 609 002 (4 chunks de 3 items) 5. La mémoire 5.4. Caractéristiques de la mémoire à court-terme 5.4.1. L'oubli en mémoire à court-terme La mémoire • L'oubli en MCT peut être expliqué par : • la théorie de l'effacement de la trace ; • la théorie de l'interférence. 5. La mémoire Un trouble cognitif après lésion cérébrale acquise : le cas particulier de l’héminégligence L’héminégligence • C’est une anomalie due à une lésion (généralement lésion droite) de l’un des hémisphères cérébraux. • La lésion empêche le cerveau de répondre aux signaux qui lui sont présentés du côté opposé à celui qui est touché. L’héminégligence • La personne présentant une héminégligence est incapable ou éprouve des difficultés à détecter des objets ou des évènements situés à sa gauche. • Cette négligence peut concerner : • le corps : la personne peut alors sous utiliser son côté gauche, s'asseoir sur son bras gauche sans s'en rendre compte, ne se maquiller ou raser que la partie droite du visage...; • l'espace : la personne peut alors tourner constamment la tête à droite, ne manger que les aliments situés à droite de l'assiette ou du plateau, ne lire que les colonnes de droite du journal, se cogner dans les obstacles situés à sa gauche... • La personne se comporte alors comme si la moitié gauche de l'espace ou du corps n'existait pas. L’héminégligence L’héminégligence 5. La mémoire Les troubles cognitifs de la mémoire (amnésies) liés aux traumatismes Les traumastismes • Les violences et les troubles psychotraumatiques qui en sont la conséquence sont souvent à l'origine de troubles cognitifs importants chez les victimes. • Ces troubles cognitifs représentent un lourd handicap, et rendent difficile la vie intellectuelle, scolaire, professionnelle et relationnelle. Pertes de la mémoire et traumatisme • Les amnésies sont de trois types : • les amnésies traumatiques lacunaires, • les amnésies physiologiques liées à l'âge, à la prise de toxiques ou à la démence • et les amnésies psychogènes 1. Les amnésies traumatiques lacunaires • Elles sont directement dues aux phénomènes de stress extrême et de survoltage émotionnel qui entraînent un risque neurologique par excès de sécrétion de cortisol, le cortisol étant neurotoxique à haute dose. • Ces amnésies qui sont des ictus amnésiques lacunaires dus à la souffrance neurologique expliquent les "trous noirs" décrits par les victimes. Elles sont assimilables aux amnésies après traumatismes crâniens. • Elles peuvent englober un temps de quelques secondes, quelques minutes ou plusieurs heures, et elles peuvent s'étendre aux faits qui ont précédés l'ictus ou le traumatisme. • Les atteintes neuronales ne sont cependant pas définitives : avec la prise en charge et un traitement spécialisé de la mémoire traumatique, il peut y avoir une neurogénèse (naissance de nouveaux neurones). 2. Les amnésies physiologiques • Elles sont liées à l'âge, à la prise de toxiques ou à des démences. • Avant 2-3 ans, un enfant n'a pas de mémoire autobiographique, cela est dû à une immaturité de son circuit d'intégration de la mémoire. Par conséquent, s’il a subi des violences il n’en a pas de mémoire autobiographique, mais il en a une mémoire traumatique somatique (douleurs, perceptions), émotionnelle (peur, angoisses), sensorielle (flash-back, "hallucinations" visuelles, auditives, olfactives, cénesthésiques). • Pour une personne qui s'est retrouvée sous l'emprise de toxiques à hautes doses (benzodiazépines et psychotropes, alcool, drogues) ou dans un état de démence, l'hippocampe peut être momentanément déconnecté ou altéré, les faits ne pourront pas être traités et il n'y aura pas de souvenirs autobiographiques, mais il y aura en revanche une mémoire émotionnelle traumatique. 3. Les amnésies psychogènes • Elles sont dues à plusieurs causes qui sont : • d’une part le silence et le déni de l'entourage qui ne reparle jamais des violences, fait comme si elles n'avaient jamais existé ou impose à la victime de se taire ; • d’autre part les processus de survie mis en place par la victime pour échapper à une souffrance intolérable. • Ces amnésies psychogènes sont défensives et font partie des stratégies de survie et d'auto-traitement de la mémoire traumatique. Elles sont dues aux conduites d'évitement (évitement de la pensée, évitement de tout ce qui pourrait rappeler les violences, et à l'inverse concentration sur des scénario imaginaires, des préoccupations monomaniaques intellectuelles, ludiques, sportives, etc.), de contrôle (contrôle de soi, contrôle d'autrui, contrôle de l'environnement pour que rien ne dérange les processus d'évitement) et d'hypervigilance. 5. La mémoire Le dépistage des troubles cognitifs de la mémoire : Mini Mental State Mini Mental State • Échelle de fonctionnement cognitif global • Administration 10 à 15 min • Bonne tolérance pour le patient • Bonne exploration de l’orientation temporelle et spatiale Mini Mental State • 30 items: 1point par item correct : • Orientation temporelle et spatiale • Mémoire • Attention et Calcul • Langage • Praxies • Score maximum : 30 points Mini Mental State 1. Orientation temporelle et spatiale : 10 points Orientation temporelle : Orientation spatiale : 1. En quelle année sommes-nous ? 6. Quel est le nom de l’hôpital où 2. En quelle Saison ? nous-sommes ? 3. En quel mois ? 7. Dans quelle ville sommes-nous? 4. Quel jour du mois ? 8. Dans quel département est située cette ville ? 5. Quel jour de la semaine ? 9. Dans quelle région est situéd ce département ? 10. A quel étage (pays) sommesnous ? Mini Mental State 2. Apprentissage : items 11 à 13 « Je vais vous donner 3 mots, il faut les répéter et essayer de les retenir car je vous les demanderai plus tard » : - Citron - Clé - Ballon Mini Mental State 3. Attention et calcul : items 14 à 18 Il est demandé au sujet de « compter à partir de 100, en retirant 7 à chaque fois » et d’effectuer 5 soustractions. 1. (93) 2. (86) 3. (79) 4. (72) 5. (65) Puis demander « Voulez-vous épeler le mot MONDE à l’envers » Mini Mental State 4. Rappel : items 19, 20 et 21 « Rappelez les 3 mots que je vous ai demandé de répéter tout à l’heure ». - Citron - Clé - Ballon Mini Mental Scale • 5. Langage : items 22 à 29 • Le langage oral, outre la répétition des 3 mots, est exploré par : • La dénomination de deux objets simples : un crayon puis une montre • La répétition d’une phrase : pas de mais, de si, ni de et » • Une tâche de compréhension et exécution d’un ordre complexe oral : « Prenez cette feuille avec la main droite, pliez-la en deux et jetez-la par terre ». • Une tâche de compréhension et exécution d’un ordre écrit : « Faites ce qui est écrit » (FERMEZ LES YEUX) • Une tâche d’écriture : « Écrivez une phrase entière, ce que vous voulez mais une phrase entière » Mini Mental Scale • 6. Praxies constructives : item 30 • « Voulez-vous recopier ce dessin » Mini Mental State • Bonne mesure globale permettant le dépistage et le suivi des déficits cognitifs. • Un score bas n’est pas systématiquement associée à une pathologie : cela peut être aussi lié à un dépression, affection organique cérébrale, anxiété, faible niveau culturel. • Double inconvénient : • Faible sensibilité en cas de déficit cognitif « léger » • N’explore pas toutes les sphères de la cognition. • Le MMS est une mesure globale du fonctionnement cognitif, ce n’est pas une mesure du stade clinique de démence. 5. La mémoire Le dépistage des troubles cognitifs de la mémoire : épreuve des 5 mots de Dubois Epreuve des 5 mots • Faire apprendre au patient 5 mots appartenant à 5 catégories sémantiques différentes. • Permet de dépister un trouble de la mémoire épisodique. • Le processus de stockage des souvenirs dans le système de mémoire est touché précocement dans la maladie d’Alzheimer Epreuve des 5 mots • Consigne : on présente une liste de 5 mots au patient et on lui demande de les lire à voix haute et de les retenir. • Les mots sont placés dans 5 catégories sémantiques. Les catégories ne sont pas présentées. • Une fois la liste lue et toujours présentée au patient (les catégories sont masquées), lui demander "Pouvez vous me dire, tout en regardant la feuilles, le nom de la fleur, de l’instrument, etc... Epreuve des 5 mots • Exemple de liste : • Fleur (catégorie) : MIMOSA • Fruit (catégorie) : ABRICOT • Animal (catégorie) : ÉLÉPHANT • Vêtement (catégorie) : CHEMISETTE • Instrument de musique (catégorie) : ACCORDÉON • Une fois la liste lue et toujours présentée au patient (les catégories sont masquées), lui demander «Pouvez vous me dire, tout en regardant la feuille, le nom de la fleur, du fruit...» Epreuve des 5 mots • 3 étapes : • étape de rappel immédiat avec : • rappel libre • rappel indicé • étape interférente • étape de rappel différé avec : • rappel libre • rappel indicé 1. Etape de rappel immédiat • Rappel libre : cacher la feuille et dire au patient "pouvez vous me dire la liste des mots que vous venez d'apprendre ?" • Rappel indicé : en cas d'oubli et seulement pour les mots oubliés, poser la question en donnant la catégorie "Quel est le nom de la fleur, du fruit, etc." 1. Etape de rappel immédiat • Compter les bonnes réponses (avec ou sans indice) = score d'apprentissage (sur 5). • Si le score est inférieur à 5, montrer à nouveau la liste de 5 mots et rappeler les catégories et les mots oubliés. • Si le score est égal à 5, l'enregistrement des mots a été effectif, on peut passer à l'épreuve de mémoire. 1. Etape de rappel immédiat • Cette étape permet de s’assurer que l’information a bien été encodée. • L’encodage est perturbé lors d’une diminution de l’attention due par exemple à : • des états dépressifs ou anxieux • des troubles du sommeil • des états confusionnels • une prise de certains médicaments 2. Epreuve interférente • Détourner l’attention du sujet pendant 5 minutes avec le test du Dessin de l’horloge. • On présente au patient un cercle avec un point central en lui précisant qu'il représente le cadran d'une montre ou d'une horloge. • On lui demande de positionner les chiffres correspondant aux heures • On lui demande ensuite de représenter une heure précise : 10 heures 20 ou 16 heures moins 10 sans préciser qu'il faut dessiner des aiguilles. 2. Epreuve interférente • Pour les résultats, compter un point pour chaque item exact : • Les chiffres de 1 à 12 sont présents • Les chiffres sont placés dans le bon ordre • Les chiffres sont bien positionnés • Les deux aiguilles sont dessinées • L'aiguille indiquant l'heure est bien positionnée • L'aiguille indiquant les minutes est bien positionnée • Les tailles différentes des deux aiguilles sont respectées et exactes • Le score normal est 7/7 • Tout point perdu est pathologique ! 3. Etape de rappel différé • Etude de la mémorisation (rappel différé) : demander au patient "Pouvez vous me redonner les 5 mots que vous avez appris tout à l'heure ?" • Pour les mots oubliés, poser la question en donnant la catégorie (indice) "Quel est le nom du fruit, de la fleur, etc." • Compter le nombre de bons mots rapportés : c'est le score de mémoire (sur 5). Epreuve des 5 mots • Le score total = score d'apprentissage + score de mémoire = maximum 10 • Il existe un trouble de la mémoire dès qu'un mot a été oublié. • L'indiçage permet de différentier un trouble mnésique d'un trouble de l'attention lié à l'âge, à l'anxiété, à la dépression, etc.