Composantes et applications électriques du système ferroviaire

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Madame, Monsieur
17/09/2008
Composantes et applications
électriques du système ferroviaire
par
Pierre CHAPAS
Senior Expert (honoraire)
ALSTOM Transport
1.
Composantes du système ferroviaire ................................................
D 5 510 - 2
2.
Technologie de base « roue – rail » ....................................................
—
3
3.
3.1
3.2
3.3
Infrastructure ............................................................................................
Plate-forme et ballast ..................................................................................
Rail et traverses ...........................................................................................
Contraintes électriques de la voie ..............................................................
—
—
—
—
3
3
3
4
4.
4.1
4.2
4.3
Matériel roulant........................................................................................
Matériel remorqué.......................................................................................
Matériel moteur ...........................................................................................
Configuration des trains..............................................................................
—
—
—
—
4
4
5
5
5.
5.1
5.2
Énergie ........................................................................................................
Énergie de traction ......................................................................................
Énergie auxiliaire .........................................................................................
—
—
—
5
5
6
6.
Traction autonome. Production d’électricité...................................
—
6
7.
7.1
7.2
Traction électrique ..................................................................................
Systèmes d’alimentation de traction .........................................................
Distribution d’électricité en ligne ...............................................................
7.2.1 Conducteur aérien – système caténaire............................................
7.2.2 Conducteur au sol...............................................................................
—
—
—
—
—
6
6
8
8
11
8.
8.1
8.2
8.3
Sécurité et signalisation ........................................................................
Signalisation par circuits de voie ...............................................................
Transmission des informations de signalisation ......................................
Postes d’aiguillage.......................................................................................
—
—
—
—
11
11
12
13
9.
Conclusion .................................................................................................
—
13
Références bibliographiques .........................................................................
—
16
e transport ferroviaire participe à la vie économique et industrielle depuis
près de deux siècles (encadré A) dans la plupart des pays (cf. tableau 6,
page 14). Après avoir été le seul moyen de transport terrestre de masse pendant
près d’un siècle, sa physionomie évolue très profondément. L’électricité a été
et est toujours l’un des arguments majeurs de ce développement par les atouts
déterminants qu’elle procure au chemin de fer :
— en termes de rendement énergétique, il se classe au tout premier rang de
par sa conception même : l’énergie de frottement au contact roue rail est le plus
faible et la traction électrique renforce encore ce bilan ;
— par rapport à l’environnement, il respecte – grâce à l’emploi de l’énergie
électrique – une parfaite intégration, que ce soit en site urbain ou sur ligne à
grande distance.
L
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D 5 510 − 1
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COMPOSANTES ET APPLICATIONS ÉLECTRIQUES DU SYSTÈME FERROVIAIRE ______________________________________________________________________
Il est intéressant, dans ce cadre, d’analyser les principales composantes – ou
vecteurs – de ce qu’il faut appeler le « système ferroviaire ». Cette approche est tout
à fait transposable à tout autre système de transport : aérien, maritime ou routier.
Chacune de ses composantes utilise les applications de l’électricité ; c’est
l’analyse que se propose le présent article, après avoir donné quelques repères
historiques.
Parallèlement, tous les aspects du chemin de fer bénéficient de l’électricité :
la climatisation des voitures, la signalisation lumineuse, la motorisation des
aiguillages, etc.
L’évolution des transports est telle que la concurrence s’exerce à tous les
niveaux. Dans ce cadre les atouts et les handicaps de chacun sont déterminants.
Après une situation de monopole pour le transport des passagers comme celui
du fret, jusque dans les années 1960, le chemin de fer se place dans les créneaux
correspondant à ses points forts :
— la grande vitesse s’est développée en Europe, aux États-Unis et est à l’état
de projets en Asie et en Australie ;
— les transports urbains sous la forme de métros, réseaux suburbains, tramways, permettent la décongestion des villes et l’atténuation de la saturation des
infrastructures et des pollutions atmosphériques engendrées par l’automobile ;
— le transport du fret entre dans la complémentarité des systèmes de transport et évite les risques subis par les transports routiers, en termes de saturation,
de sécurité et de pollution.
Ces trois axes majeurs font appel aux technologies électrotechniques et
électroniques ; en effet, les impératifs de rentabilité mettent en jeu les aspects
énergétiques et de développement durable.
Le lecteur consultera utilement, en particulier, les articles suivants, dans ce traité :
— Traction électrique ferroviaire – Dynamique ferroviaire et sous-stations [D 5 501] ;
— Installations électriques du Tunnel sous la Manche [D 5 055].
Enfin, pour en savoir plus, le lecteur se reportera aux références [1] [2] et [3].
1. Composantes
du système ferroviaire
Tous les moyens de transport se composent de différents vecteurs de sorte que l’approche système s’applique et permet son
étude en intégrant l’ensemble des interfaces. Ainsi distinguerons-nous sept vecteurs fondamentaux du système ferroviaire,
représentés en figure 1.
Matériel
roulant
Infrastructures
- Plate-forme
- Voies
- Ouvrages d'art
Matériel
remorque
Exploitation
- Horaires
- Régulation
Matériel
moteur
Trafic
Énergie
- Combustible
- Énergie
Sécurité
- Signalisation
- Réglementation
Clients
Passagers
Frêt
Figure 1 – Les composantes du système ferroviaire
D 5 510 − 2
Encadré A – Quelques repères du développement ferroviaire
Depuis son invention, la roue crée une ornière sur le terrain dès
lors que celui-ci est meuble. Les Romains ont, pour éviter cet
inconvénient, empierre leurs « voies ». Au XVIe siècle, dans les
mines d’Angleterre et d’Alsace, apparaissent des chemins de roulement, en bois puis en fer, facilitant le roulement des wagonnets
poussés ou tirés par des hommes ou des chevaux. Les roues se
perfectionnèrent à l’aide d’un mentonnet puis d’un « boudin » de
guidage : le chemin de fer était né. Il faut attendre la domestication
de l’énergie autre qu’humaine ou animale, avec la vapeur, pour
voir les premières « locomotives » apparaîtrent avec Trevithick,
Stephenson (1804), puis Marc Seguin (1831).
La première application de l’électricité au chemin de fer coïncide
avec son développement dans les domaines industriel et
domestique : éclairage et force motrice. En 1879, Siemens met en
œuvre la première « locomotive » mue par un moteur de 4 kW
calqué sur le modèle de Gramme. Tandis que la vapeur conquiert
le domaine de la « grande traction », l’électricité investit les transports urbains de puissance modeste. La première ligne de métropolitain a été inaugurée le 1er juillet 1900. Très vite, cependant, les
puissances permises par le couple électromagnétique montrent
leur capacité : en 1903 une automotrice construite par AEG en
Allemagne, roule à 203 km/h ! Les grandes électrifications, aux
États-Unis et en Europe, étendent leurs mailles. L’après-guerre
marque la vraie naissance de la grande vitesse avec des records
du monde en 1954 à 243 km/h et 1955 à 331 km/h. Parallèlement
l’électrification ferroviaire en fréquence industrielle (50 Hz) voit le
jour en France dès 1951. Dès lors la quasi-totalité des nouvelles
électrifications dans le monde sera de ce type.
Enfin l’extension des lignes à grande vitesse se fera à partir du
Japon (Tokaïdo en 1967) et de la France (expérimentation du
TGV 001 à turbine à gaz et transmission électrique en 1972 et première ligne TGV Paris Sud Est en 1981).
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2. Technologie de base
« roue – rail »
COMPOSANTES ET APPLICATIONS ÉLECTRIQUES DU SYSTÈME FERROVIAIRE
Roues
Le guidage et le roulement de deux roues à boudin sur deux
poutres appelées « rails » est à la base du système ferroviaire,
quelle que soit l’énergie de traction. Cette technologie a deux propriétés essentielles :
— répartition de la charge sur le sol ;
— guidage de tous les véhicules associés pour former un train.
Un dérivé de cette technologie met en œuvre le pneumatique de
roulement associé à des roues latérales de guidage, et est utilisé
en transport urbain lourd, du type métro (figure 2).
Notons que les roues à pneumatiques sont associées à des
roues classiques à boudins et la voie comporte deux files de rails
en plus des pistes, afin d’assurer la sécurité de roulement en cas
de crevaison, tant du point de vue guidage que du point de roulement. Le franchissement des appareils de voie est assuré également par le guidage des roues à boudin.
La caractéristique fondamentale du roulement est le coefficient
de frottement lors du roulement. Le rapport de l’effort tangentiel
maximal résultant du couple à la masse sur la roue est le coefficient d’adhérence. Pour les deux types de roulement et différents
matériels les coefficients d’adhérence évoluent comme indiqué au
tableau 1.
Piste de
guidage
Boudins
Rails
Piste de roulement
a roulement fer-fer
b roulement pneumatique
Figure 2 – Roulement fer – fer et roulement pneumatique
1,5 m
3,6 à 4,8 m selon vitesse
Ballast
Sous couche
Géotextile
Couche de fondation
Dispositif de drainage
Couche anticontaminante
3. Infrastructure
Couche de forme
Comme tout système de transport, le chemin de fer nécessite une
infrastructure au sol. Elle se décompose en trois sous ensembles
principaux :
— plate-forme et voie ;
— ouvrages d’art ;
— terminaux et gares.
Figure 3 – Ensemble voie et plate-forme
L’ensemble voie-plate-forme est constitué comme représenté sur
la figure 3.
3.2 Rail et traverses
3.1 Plate-forme et ballast
La plate-forme représente l’emprise au sol. En France, la plateforme occupée par les chemins de fer représente 97 000 ha en
2003. La construction d’une ligne nécessite dans la plupart des cas
des aménagements spécifiques tels que talus, remblais, déblais,
avec apport ou extraction de matériaux. Des précautions particulières permettent le drainage et l’évacuation des eaux pluviales. Sur
la plate-forme est répandue le ballast constitué de granulat dur et
anguleux. Il assure une répartition uniforme des charges sur la
plate-forme et la bonne tenue transversale de l’ensemble. La quantité de ballast peut atteindre 4 000 tonnes par kilomètre.
Le rail est un profilé qui supporte la charge de la roue et permet
son roulement et son guidage. L’acier utilisé doit satisfaire aux
sévères contraintes de fatigue, corrosion et abrasion. Sa
composition, outre le carbone, comprend manganèse, silicium,
phosphore et soufre.
Les dimensions varient suivant les pays et les lignes. Dans le cas
le plus général des trafics importants la masse linéaire du rail est
de 60 kg/m. Une variante « à gorge » permet son insertion en
chaussée pour les voies urbaines (figure 4). Les deux files de rail
sont fixées sur les traverses qui maintiennent leur écartement et
répartissent la charge sur le ballast.
(0)
Tableau 1 – Coefficients d’adhérence : exemples
Roulement
pneumatique
Roulement fer – fer
Paramètres
Nombre d’essieux moteurs
Rame TGV
(2 motrices)
Locomotive
en Europe
Locomotive
aux USA
4+4
4
6
–
Masse par essieu .................................................... (t)
17
22,5
31,5
–
Effort total aux jantes .........................................(kN)
220
320
900
–
Adhérence au démarrage .................................... (%)
17
36
48
60
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Brasure
Champignon
Âme
Patin
a rail « vignole »
b rail à gorge ou « tramway »
Figure 5 – Éclissage de la voie et connexion
Le rail sert également de conducteur électrique, soit pour le
retour du courant de traction, soit pour les courants de signalisation. Sa caractéristique électrique s’exprime par sa résistance linéique R à une température de 20 oC.
Le tableau 2 en donne deux exemples.
(0)
Tableau 2 – Résistance linéique R à 20 oC en fonction
de la masse linéique m de quelques types de rails
Type
Masse
(kg/m)
R
(Ω/km)
Rail UIC (1) ......................................................
60
27,8
Rail à gorge.....................................................
56
29,08
(1) UIC : Union internationale des chemins de fer (http://www.uic.asso.fr).
Cet organisme (créé en 1922), regroupant la plupart des réseaux et opérateurs ferroviaires, a défini des profils de référence pour les rails, d’où
le terme « rail UIC ».
En première approximation, la formule suivante donne, pour une
ligne à roulement sur fer, la résistance linéique R (en Ω/m) du rail :
1 670
R = ---------------m
Courant dans la caténaire
100
Ic courant
de retour
traction
Ic courant
induit dans
les rails
75
50
Courant total rail
25
0
10
5
0
5
10
15
0
Distance entre deux points
d'alimentation et de charge : 20 km
5
10
km
Figure 6 – Coexistence du courant de retour traction
et du courant induit par la caténaire
Certaines dispositions sont à prendre pour s’assurer qu’effectivement ce retour se fasse avec toutes les garanties de sécurité,
notamment celle du personnel amené à intervenir sur les voies.
Pour ce faire, les rails doivent avoir une conductibilité aussi parfaite que possible pour éviter les surtensions et les courants
« vagabonds » par le sol. Les discontinuités de rails au droit des
joints à éclisses, sont résolues par des connexions en cuivre fixées
par brasure sur la face extérieure du champignon (figure 5).
■ Courant alternatif
L’utilisation de pistes métalliques pour le roulement sur pneumatique permet de diminuer la résistance longitudinale du rail : pour
une piste de masse linéique 68 kg/m, R = 22,8 Ω/km. Les barres de
guidage latéral, faisant fonction de troisième rail conducteur, ont
une résistance linéique proche : R = 21,9 Ω/km pour une masse
linéique m = 44,2 kg/m.
3.3 Contraintes électriques de la voie
Quel que soit le type de distribution du courant de traction, caténaire ou rail conducteur latéral, le retour du courant s’effectue par
les rails de roulement.
■ Courant continu
Les intensités élevées absorbées par les engins moteurs
engendrent d’importantes chutes de tensions.
Exemple : pour un courant d’intensité I de 4 000 A et une résistance linéique R = 0,02 Ω/km, la chute de tension U est :
U = Rl = 0,02 × 4 000 = 80 V/km
soit 800 V pour une distance de 10 km.
Cette chute de tension est considérablement réduite en reliant
toutes les files de rails en parallèle au moyen de liaisons transversales. Il reste néanmoins une tension résiduelle provoquant la circulation de courants « vagabonds » entre rails et sol, l’isolement de
l’un par rapport à l’autre étant difficile à réaliser du fait de la qualité
des traverses, du ballast et des conditions atmosphériques. Le
niveau de ces courants peut atteindre 20 % du courant de traction.
D 5 510 − 4
Intensité (A)
Figure 4 – Types de rails
Le cheminement du courant de retour n’emprunte les rails qu’au
droit des points d’alimentation et de charge pour s’amortir rapidement entre ceux-ci. Le courant mesurable dans le rail comprend
deux composantes :
— le courant de retour traction, d’intensité I r absorbée par
l’engin de traction ;
— le courant induit se propageant dans les rails et provenant de
l’induction électromagnétique propre au courant caténaire I c .
Leur répartition est représentée figure 6.
4. Matériel roulant
On distingue :
— le matériel remorqué destiné aux clients (passagers ou fret) ;
— le matériel moteur assurant la traction du matériel remorqué.
4.1 Matériel remorqué
Ses caractéristiques sont fonction de l’usage pour lequel il est
conçu :
— masse ;
— résistance à l’avancement ;
— puissance installée.
Le tableau 3 en donne quelques exemples.
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(0)
Tableau 3 – Caractéristiques principales du matériel remorqué
Type
Masse
(t)
Résistance à l’avancement
(kN) (1)
Puissance installée
(kVA)
Voiture passagers (80 places)
45
mt
v2
R v = -----------  1,5 + ----------------
100 
4 500 
40
(dont 80 % chauffage
et climatisation)
Wagon transport combiné
60
mt
R F = ----------- ( 1,2 + 0,01 ⋅ v + 0,000 35 ⋅ v 2 )
100
0
(1) m t : masse totale du véhicule en tonne.
v : vitesse en km/h.
R V : résistance à l’avancement pour le transport de voyageurs.
R F : résistance à l’avancement pour le fret.
(0)
Tableau 4 – Étagement des puissances des engins moteurs
Engins
Trolleybus
Tramway
Métro
Automotrice
Rame
à grande vitesse
Locomotive
Puissance ..... (kW)
200
300 à 500
400 à 800
800 à 1 200
2 000 à 4 500
1 200 à 6 000
4.2 Matériel moteur
En fonction du programme de traction, les catégories de matériel
moteur sont :
— les matériels moteurs dédiés à la traction ;
— les matériels moteurs intégrant les passagers.
Unité multiple accolée
■ Matériel moteur dédié à la traction
L’ensemble de l’engin comporte uniquement les fonctions dévolues à la traction et à sa conduite.
Suivant le niveau de puissance installée et de son usage, on
distingue :
— la locomotive pour une puissance supérieure à 800 kW ;
— le locotracteur pour une puissance inférieure à 800 kW, destiné au trafic restreint des manœuvres.
■ Matériel moteur intégrant des passagers
En sus des fonctions de traction et de freinage, l’engin comprend
tous les équipements destinés aux passagers : sièges, accès, toilettes, bagages, climatisation, éclairage, etc.
● Si ce matériel est à traction électrique, il s’appelle Automotrice
(ou EMU : Electrical Multiple Unit ) ; une rame de métro comme un
tramway en font partie.
● S’il est à traction autonome à moteur thermique, c’est un
« Automoteur » (ou DMU : Diesel Multiple Unit ).
● L’étagement des puissances par élément moteur, selon le type
d’engin, est résumé par le tableau 4.
4.3 Configuration des trains
Suivant la disposition du matériel remorqué et de ou des engins
moteurs, on définit les notions suivantes :
— rame : c’est la composition complète d’un train : engin(s)
moteur(s) + matériel remorqué ;
— réversibilité : un train est dit réversible s’il peut circuler dans
les deux sens sans inverser sa composition. La conduite est assurée
à partir des deux extrémités. C’est le cas de tous les automoteurs
et automotrices ;
— unité simple (US) : la rame comporte un seul engin moteur ;
Unité multiple répartie
Figure 7 – Configuration des trains
— unités multiples (UM) : la rame comporte deux (ou plus)
engins moteurs. Tous les engins moteurs sont conduits par un seul
agent. L’unité multiple peut être accolée si les engins sont attelés
ensemble ; répartie s’ils sont répartis dans la rame. Leur commande
est assurée par liaison filaire ou hertzienne (figure 7).
5. Énergie
5.1 Énergie de traction
L’énergie de traction est de deux natures :
— l’énergie autonome : les engins embarquent à bord leur
combustible. C’est le cas le plus répandu dans le monde puisque
80 % des engins moteurs sont à traction autonome. Les infrastructures nécessaires sont alors limitées à de simples stations-service
de ravitaillement ;
— l’énergie électrique distribuée le long des lignes permet son
utilisation directe par les engins. Les infrastructures sont dans ce
cas très importantes et coûteuses de sorte que les investissements
correspondants doivent être rentabilisés par un trafic important et
un rendement élevé. L’énergie électrique n’est utilisée que par 20 %
des engins moteurs dans le monde. Son extension est fonction de
la densité d’industrialisation environnant les réseaux.
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5.2 Énergie auxiliaire
Outre les fonctions propres à la traction, les matériels roulants
doivent assurer des fonctions auxiliaires telles que l’évacuation des
pertes, le confort des passagers et le contrôle commande. L’énergie
nécessaire est prélevée soit à partir du générateur en traction autonome, soit à partir de la distribution en traction électrique.
Moteur
thermique
Excitation
Alternateur
principal
Alternateur
auxiliaire
GS
3
ax
Auxiliaire
6. Traction autonome.
Production d’électricité
L’engin moteur dispose d’une réserve d’énergie sous forme de
combustible. L’agent de transformation est un moteur thermique :
— moteur à quatre temps ;
— Diesel ;
— ou turbine à gaz.
Redresseur
Inversion/
shuntage
inducteur
Bogie 1
Le moteur Diesel est de loin le plus répandu. Celui-ci entraîne :
— soit un générateur électrique (alternateur) alimentant des
moteurs électriques entraînant les essieux ; c’est la transmission
électrique ;
— soit un (ou plusieurs) convertisseur(s) de couple entraînant
les essieux ; c’est la transmission hydraulique. Sa limite actuelle
est environ 2 400 kW ;
— soit les essieux par l’intermédiaire d’un ensemble de réduction de type boîte de vitesse ; c’est la transmission mécanique (fort
peu utilisée).
La transmission électrique est la plus développée pour les
grandes puissances jusqu’à 3 500 kW.
L’architecture générale comprend :
— un alternateur couplé directement sur le vilebrequin ;
— un ensemble de convertisseurs statiques ;
— les moteurs de traction.
Les principaux schémas se différencient par le type de moteur de
traction utilisé.
■ Le moteur à courant continu à collecteur à excitation série a
longtemps été le seul adapté à la caractéristique effort – vitesse de
la traction ferroviaire. Le schéma de principe est représenté par la
figure 8.
Les moteurs de traction (deux, quatre ou six suivant l’architecture de l’engin) sont connectés en parallèle sur un pont redresseur
triphasé à diodes. Le réglage de l’effort et de la vitesse s’effectue
par réglage de l’excitation de l’alternateur principal (GS) et éventuellement du shuntage des inducteurs de moteurs. Le freinage
électrique est obtenu en branchant un rhéostat (Rh) aux bornes de
chaque moteur. L’excitation est alors séparée, réalisée par un jeu
de contacteurs et alimentée par le redresseur principal.
L’alternateur auxiliaire (ax) fournit l’énergie d’excitation de
l’alternateur principal (GS) et l’énergie auxiliaire nécessaire à
l’engin.
■ Dans le cas, de plus en plus répandu, de moteurs asynchrones, le
redresseur alimente un « bus continu » sur lequel se connecte un
(ou plusieurs) onduleur(s) pour alimenter les moteurs par groupe de
deux ou trois suivant la configuration des essieux. Chaque groupe
de moteurs peut fonctionner en freinage rhéostatique par l’intermédiaire d’un hacheur réglant la résistance apparente du rhéostat. Le
schéma est représenté figure 9.
7. Traction électrique
Le principe du guidage par voie ferrée s’est dès l’origine associé
au principe du « guidage électrique » consistant à distribuer l’énergie tout le long de la ligne. Basé sur l’emploi du moteur électrique,
D 5 510 − 6
M1
M2
M1
Bogie 2
M2
Résistance de freinage
Figure 8 – Schéma de transmission électrique avec moteurs
à courant continu
ce système exige une infrastructure complexe d’alimentation des
engins moteurs : raccordement au réseau de distribution et distribution en ligne.
7.1 Systèmes d’alimentation de traction
Les premières applications du moteur électrique de traction ont
concerné les transports urbains à puissance et vitesse modestes.
Le moteur à courant continu à collecteur à excitation série a été
universellement utilisé car il présente la caractéristique effort –
vitesse la mieux adaptée aux exigences de la traction :
— effort élevé au démarrage ;
— grande plage de variation de vitesse.
Les premières électrifications des réseaux urbains (tramways,
trains de banlieue, puis métros) ont été réalisées en tension relativement basse, 600 V, puis à 750 V, à la fois pour des raisons de
gabarit des tunnels, de sécurité du personnel et des possibilités de
génération de tension continue à l’aide de commutatrices. La
demande de puissance et de vitesse s’est accrue lorsque l’électrification des grandes lignes a été envisagée. Le choix d’un niveau
de tension plus élevé a conduit à l’utilisation de tensions de 1 500 V
en France et aux Pays-Bas, 3 000 V en Italie, Belgique, Espagne,
Pologne.
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Moteur
thermique
COMPOSANTES ET APPLICATIONS ÉLECTRIQUES DU SYSTÈME FERROVIAIRE
Excitation
Alternateur
principal
GS
Alternateur
auxiliaire
3
ax
Auxiliaire
Redresseur
Hacheurs
rhéostats
Onduleur
M1
3
M2
3
M3
3
Bogie 1
M4
3
M5
3
M6
3
Bogie 2
Figure 9 – Schéma de transmission électrique avec moteurs asynchrones
Sous l’impulsion de Ben Eschenbourg, en Suisse, l’adoption du
moteur universel alimenté en courant alternatif monophasé à
basse fréquence s’est généralisée en Allemagne, Autriche, Suède.
Ainsi, les réseaux de ces pays ont été électrifiés en 15 000 V et une
fréquence de 16,7 Hz.
Dans les années 1950, les chemins de fer français, sous l’impulsion de Louis Armand, expérimentèrent l’alimentation en 25 000 V,
à 50 Hz, donnant ainsi la capacité au chemin de fer d’être un simple
abonné du réseau général d’énergie. Ce fut l’avènement de la fréquence dite « industrielle ». Ce système, de part sa simplicité de
mise en œuvre et son excellent rendement se généralisa dans tous
les pays du monde où une électrification se justifiait.
Le système ferroviaire hérite donc d’une multiplicité de types
d’alimentation en énergie, peu favorable à l’interopérabilité entre
réseaux. La France dispose ainsi de deux systèmes : le 1 500 V en
courant continu et le 25 kV à 50 Hz (voir l’article [D 5 501] § 2.1).
L’Europe dispose de quatre tensions :
• 1 500 V et 3 000 V en courant continu ;
• 25 kV à 50 Hz, 15 kV à 16,7 Hz (tableau 5).
Pour franchir ces « frontières électriques » le développement des
engins moteurs « multi-tensions » s’est avéré nécessaire et se
généralise à l’heure actuelle.
Les principes de base des différents systèmes sont décrits
ci-après.
■ Tension continue
Sur le réseau général sont connectées des sous-stations dont le
rôle est :
— l’abaissement de la tension par un transformateur ;
— le redressement ;
— la distribution à la ligne de chemin de fer.
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(0)
Tableau 5 – Répartition des systèmes d’électrification dans le monde
Tension continue
600 V
Métros :
—
—
—
—
New York
Chicago
Tokyo
Nagoya
750 V
Métros
Tramways
Royaume-Uni
(Sud Londres)
1 500 V
Australie
Egypte
France (1)
Inde
Indonésie
Nouvelle-Zélande
Pays-Bas
USA
Tension monophasée
3 000 V
Algérie
Afrique du Sud
Belgique
Brésil
Chili
Espagne
Inde
Italie
Japon
Maroc
Pologne
Russie
15 kV
16 Hz 2/3
Allemagne
Autriche
Costa Rica (20 Hz)
Norvège
Suède
Suisse
25 kV
50 Hz
Australie
Afrique du Sud
Bulgarie
Chine Congo
Corée
Costa Rica (60 Hz)
Danemark
Espagne (3)
France (2)
Grèce
Hongrie
Japon
Inde
Iran
Malaisie
Pakistan
Portugal
Roumanie
Russie Serbie
Taiwan
Turquie
Royaume-Uni
Zimbabwe
USA (60 Hz) (4)
(1) France 1 500 V continu : Sud-est ; Sud-ouest ; Ouest (Paris Le Mans).
(2) France 25 kV à 50 Hz : Nord ; Est Dole – Bâle Dole – Frasne – Pontarlier St Amour – Mouchard
Marseille – Nice Bellegarde – Evian Annecy – St Gervais
Le Mans – Brest Le Mans – Nantes.
Lignes à grande vitesse.
(3) Espagne 25 kV à 50 Hz :Lignes à grande vitesse.
(4) USA : autres tensions : 11 kV à 25 Hz ; 12,5 kV à 60 Hz.
Si les intensités absorbées sont importantes, les sous-stations
sont rapprochées pour atténuer les chutes de tension en ligne. Il
peut même être nécessaire de disposer une ligne haute tension
auxiliaire pour permettre le raccordement des sous-stations en des
points où il n’y a pas de ligne à haute tension principale (cas de la
ligne Paris Dijon Lyon) (figure 10a).
Dans le cas d’un réseau de métro, les postes de transformation
haute-tension (HT)/moyenne tension (MT) peuvent être distincts
des postes de redressement, tenant compte du maillage très
important du réseau HT (figure 10b).
Dans le cas d’un réseau de tramway, les puissances mises en jeu
étant plus modestes, les postes sources MT alimentent plusieurs
sous-stations de redressement en parallèle (figure 10c ).
7.2 Distribution d’électricité en ligne
À partir des sous-stations, l’énergie est distribuée en ligne au
moyen d’un conducteur, le retour s’effectue par les rails de roulement.
Deux technologies sont appliquées :
— fil conducteur aérien – généralement appelé « système
caténaire » (du latin catena c’est-à-dire chaînette), utilisé pour les
transports urbains de surface (tramways) et les grandes lignes ;
— conducteur au sol – généralement appelé « troisième rail »,
utilisé pour les réseaux urbains en tunnel.
7.2.1 Conducteur aérien – système caténaire
■ Tension alternative monophasée – Cas du réseau 15 kV à 16,7 Hz
L’alimentation étant spécifique, le réseau de chemin de fer dispose de ses propres centrales de production, ou de conversion de
fréquence, connectées sur le réseau général (figure 11).
Les centrales sont fréquemment équipées d’alternateur lent permettant ainsi la génération de la fréquence 16,7 Hz.
Le cas du 25 000 V à 50 Hz est décrit dans l’article [D 5 501].
D 5 510 − 8
Le captage du courant se fait au moyen d’un dispositif articulé
disposé en toiture de l’engin (le pantographe) frottant sur un fil de
contact tendu entre des poteaux.
Pour assurer un contact régulier à vitesse élevée (80 km/h), le fil
doit être à hauteur constante par rapport au plan de roulement. Or
un simple fil tendu entre deux poteaux présente une flèche
(d’équation hyperbolique, en chaînette) incompatible avec cette
contrainte. Le fil de contact est donc suspendu à un câble porteur
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Réseau général très haute tension
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Centrale
Turbine
Ligne haute tension à 16,7 Hz
Sous-station
Alternateur
S1
Ligne auxiliaire
haute tension
S2
15 000 V
a Centrale spécifique
Réseau
général
Conversion de
fréquence
a grande ligne
Ligne haute tension
à 16,7 Hz
Réseau général haute tension
Postes
moyenne
tension
S1
S2
Sous-stations
b Centrale de conversion
Figure 11 – Tension monophasée 15 kV à 16 Hz 2/3
Postes de redressement
b réseau métro
Réseau général haute tension
a grande ligne
Postes moyenne tension
b tramway
Postes de
redressement
c réseau tramway
Figure 10 – Tension continue
Figure 12 – Principe de la caténaire
au moyen de « pendules » qui annulent l’effet de chaînette
(figure 12). En transport urbain (tramway) la caténaire est réduite
à un seul fil de contact, disposant d’une suspension en « V » au
droit de chaque poteau pour atténuer la discontinuité.
La section du fil de contact présente deux rainures permettant
l’accrochage des pendules par des griffes (figure 13).
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Porteur
Pendule
Griffe en
deux parties
même en courbe. C’est ce que l’on appelle la caténaire
« polygonale » (figure 14). Le désaxement est généralement de
20 cm de part et d’autre de l’axe de la voie.
La tension du fil de contact est assurée par un dispositif
« tendeur » permettant de compenser les variations de longueur
dues à la dilatation. Au départ d’un « canton » de pose, l’ancrage
est au sol tandis que l’autre extrémité est reliée à un contre poids
à poulie. Le passage d’un canton à l’autre se fait par le système
« lame d’air » (figure 15). La tension du fil de contact et du porteur
est fonction du type de caténaire (continu ou monophasé) ; sa
valeur est comprise entre 15 et 20 kN.
En fonction de la tension d’alimentation – continue ou monophasée – les sections de fil de contact et de porteur sont adaptées.
Figure 13 – Section du fil de contact, pendule et griffe
L’ensemble de la suspension, nommée « armement » de la caténaire est schématisée en figure 16.
Archet de
pantographe
Fil de contact
Aires de balayage
± 20 cm
Exemples :
— en courant continu 1 500 V : deux fils de contact en cuivre
écroui dur de section de 150 mm2, un porteur principal et un porteur auxiliaire de 143 mm2 de section. La section équivalente en
cuivre peut atteindre 477 mm2, sachant que l’ensemble des câbles
participe au transport du courant dont les intensités sont de l’ordre
de 4 000 à 5 000 A ;
— en courant monophasé : un fil de contact d’une section de
107 mm2 et un seul porteur en câble aluminium – acier de 93 mm2
de section, représentant une section équivalente en cuivre allant de
144 mm2 à 294 mm2 dans le cas des lignes à grande vitesse. Les
intensités ne sont que de quelques centaines d’ampères.
Axe de la voie
Figure 14 – Caténaire polygonale
Le contact sur les bandes de frottement du pantographe doit
s’effectuer sur un plan pour éviter l’effet de sciage ; la caténaire est
donc « désaxée » périodiquement par rapport à l’axe de la voie, de
Le système caténaire assure le transport d’énergie de forte puissance et le couple caténaire – pantographe donne d’excellents
résultats en service, y compris pour les très grandes vitesses
(record du monde de vitesse sur rail à 515,3 km/h avec une rame
SNCF TGV Atlantique en mai 1991).
Le système caténaire exige une maintenance telle que les problèmes d’usure et de déréglage de tension mécanique du fil de
contact soient détectés rapidement, notamment en cas de givre ou
de forte chaleur. De même, l’action de vents violents peut entraîner
de graves avaries de caténaire au passage des pantographes ; il est
parfois nécessaire d’imposer une réduction de vitesse en de telles
circonstances.
Contrepoids
Ancrage
T
Lame d'air
Figure 15 – Tendeur et « lame d’air »
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Dans le cas des métros à roulement sur pneumatique, les rails
latéraux de guidage assurent la fonction de troisième rail
(figure 17).
Isolateur
Console
Une technologie nouvelle se développe avec la disposition d’un
rail conducteur central en surface, disposé entre les rails de roulement. L’absence de caténaires avec poteaux bénéficie à l’esthétique des sites urbains et s’applique à certaines sections de ligne de
tramways telles que celle de Bordeaux en cours de mise en service
en 2003 (figure 18).
Porteur
Fil de contact
Antibalançant
Le rail conducteur central, divisé en segment d’environ 20 m, est
alimenté par intermittence à l’approche de la rame grâce à des
boucles de détection au sol. Ainsi en l’absence de train, la sécurité
des piétons est-elle garantie.
Figure 16 – Suspension et armement de la caténaire
8. Sécurité et signalisation
Poignée d'isolement
L’exploitation ferroviaire doit être assurée en « sécurité ». Pour
ce faire, elle s’appuie sur un ensemble de dispositifs et de procédures auxquels les « acteurs » de l’exploitation obéissent.
Poutre
Semelle
Que la conduite des trains soit assurée manuellement ou automatiquement, l’homme reste à la base de la sécurité. Il est de plus
en plus assisté par des moyens automatiques pour sécuriser sa
réponse et son action, ce qui constitue les interfaces homme –
machine (IHM). La radio sol – train complète les relations avec les
postes de régulation et de circulation.
Figure 17 – Frotteur et troisième rail
Les systèmes de signalisation permettant la sécurité des circulations ferroviaires ont évolué considérablement depuis l’observation humaine des signaux, jusqu’aux dispositifs de contrôle de la
vitesse et de l’espacement des trains. La voie en est l’une des
composantes majeures comme conducteur des courants de signalisation.
Patins/antennes
Coffret
d'alimentation
Les dispositifs sont réunis sous le vocable « signalisation »
comprenant :
— les installations au sol :
• signaux,
• circuits de voie,
• postes d’aiguillages ;
— les installations embarquées à bord des engins de traction :
• dispositifs de captage,
• contrôle de vitesse,
• traitement des signaux.
Segment de
rail à 750 V
Segment de
rail à 0 V
Boucle
de détection
Figure 18 – Conducteur en surface
7.2.2 Conducteur au sol
Le conducteur au sol est adapté aux moyennes tensions (600 à
750 V) et au faible gabarit des réseaux urbains, très fréquemment
en tunnel.
La signalisation a fait l’objet de développements au sein de
chaque réseau de chemin de fer, de sorte que « l’interopérabilité »
est très difficile, voire impossible. On compte ainsi en Europe pas
moins de 25 systèmes de signalisation différents !
Un vaste projet est en cours de mise en place avec l’ERTMS
(European Railways Trafic Management System ). Il permettra
d’effectuer à bord des engins le traitement unifié de tous les systèmes au sol.
8.1 Signalisation par circuits de voie
À la base de tout système, le circuit de voie permet la détection
de la présence d’un train dans un espace géographiquement
délimité : le « canton ».
Le pôle positif de la sous-station est connecté au troisième rail,
le retour se faisant par les rails de roulement.
Son principe repose sur l’excitation ou non d’un relais par le
shuntage des deux files de rails par l’essieu d’un véhicule
(figure 19).
L’organe de prise de courant est un frotteur solidaire du bogie de
la motrice.
Pour rendre compatible son fonctionnement avec le retour du
courant de traction, on dispose un circuit inductif au niveau de
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Feu vert
Feu orange
–
Feu rouge
–
+
–
+
+
Figure 19 – Principe du circuit de voie
Canton
Courant traction
Joint
isolant
Générateur de
fréquences codées
Émetteur
Récepteur
Capteurs
Figure 20 – Circuit de voie et courant de traction
chaque joint isolé, constitué d’un couplage de transformateur laissant passer le courant de traction et interdisant le transit de l’information de signalisation à l’extérieur du canton (figure 20).
8.2 Transmission des informations
de signalisation
Les systèmes plus élaborés font intervenir le contrôle de la
vitesse du train en plus de la détection de présence. Le rail peut
D 5 510 − 12
Figure 21 – Transmission sol – train
être le conducteur d’un courant de « consigne » à fréquence codée.
Le captage de cette information se fait par un capteur disposé sous
la caisse du véhicule au droit des rails.
La détection peut être effectuée par balise placée entre les deux
files de rails et capteur sous l’engin. Dans les deux cas c’est le principe de l’inductance mutuelle qui est utilisé (figure 21).
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Tableau de contrôle optique (TCO)
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Écran de dialogue
Imprimante d'archivage
Commande informatique
Entrées/sorties
Relais de sécurité
Contrôle
de position
d'aiguille
Circuit de voie
Moteur d'aiguille
Feu rouge
Feu vert
Figure 22 – Architecture d’un poste d’aiguillage
8.3 Postes d’aiguillage
9. Conclusion
L’exploitation ferroviaire repose sur l’architecture d’un réseau de
voies constituant les « itinéraires ». Leur gestion est assurée par des
postes d’aiguillages regroupant la commande de plusieurs itinéraires. Chacun d’eux comprend :
Les applications électrotechniques et électroniques ont largement investi toutes les composantes du système ferroviaire. Après
avoir été largement spécifiques durant de nombreuses décennies
– alimentation en fréquence spéciale, moteur à courant continu – la
traction ferroviaire fait appel sans exception aux technologies
développées par l’ensemble de l’industrie : alimentation en fréquence industrielle, moteur asynchrone.
— la manœuvre des aiguillages, assurée la plupart du temps par
moteur électrique ;
— la configuration de la signalisation chargée de protéger
contre tout risque de collision.
Un poste d’aiguillage comprend trois étages de fonctions
(figure 22, page 13) :
— le sol avec les aiguillages et la signalisation ;
— l’étage « relais de sécurité » commandant le sol et son interface avec la commande ;
— l’étage « gestion du trafic » à la disposition des opérateurs.
Les technologies relatives au contrôle – commande, celui du
matériel roulant comme celui des installations d’exploitation, de
signalisation ou de gestion des voitures et wagons, sont basées sur
l’informatisation et l’utilisation des techniques de communication
avancées.
Pour atteindre les objectifs de rentabilité et de coûts que l’ensemble des acteurs économiques impose, et pour être « inter-opérable »
le chemin de fer a cessé d’être une mosaïque de particularismes
pour bénéficier de l’ensemble des développements du génie électrique.
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Tableau 6 – Lignes de chemin de fer dans le monde (1999)
Voies
larges
Pays
Albanie
Allemagne
Autriche
Belgique
Bosnie Herzegovine
Bulgarie
Croatie
Danemark
Espagne
Finlande
France
Grèce
Hongrie
Irlande
Italie
Luxembourg
Macédoine
Montenegro
Norvège
Pays-Bas
Pologne
Portugal
République Tchèque
Roumanie
Royaume-Uni
Slovaquie
Slovénie
Suède
Suisse
Turquie
Yougoslavie
Total Europe
12 570
5 880
37
1 947
659
2 761
45
106
24 005
Arménie
Azerbaïdjan
Biélorussie
Estonie
Georgie
Kazahkstan
Kirkizia
Lettonie
Lituanie
Moldavie
Ouzbékistan
Russie
Tadjikistan
Turkménistan
Ukraine
Total CEI (Communauté
d’États indépendants)
D 5 510 − 14
590
1 850
5 410
1 204
1 415
14 120
376
2 380
2 002
1 328
3 380
86 197
481
2 187
23 346
146 266
Voies normales
(km de lignes
de chemin de fer)
Voies étroites
(km de lignes
de chemin de fer)
674
43 555
5 336
3 368
1 021
4 049
2 296
2 874
515
1 867
32 612
1 565
7 614
164
938
176
18 480
275
699
4 656
4 023
2 739
23 014
1 022
9 336
10 893
16 534
3 510
1 201
10 032
3 540
10 413
4 031
228 855
146
336
245
1 855
307
94
427
52
61
1 041
8 731
Total
(km de lignes
de chemin de fer)
674
43 701
5 672
3 368
1 021
4 294
2 296
2 874
14 952
5 880
32 776
2 503
7 827
1 947
19 502
275
699
4 656
4 023
2 739
25 528
3 068
9 430
11 365
16 534
3 668
1 201
10 093
4 581
10 413
4 031
261 591
0
1 191
49
556
590
1 850
5 430
1 204
1 415
14 120
376
2 413
2 002
1 328
3 380
87 388
481
2 187
23 951
69
1 780
148 115
20
0
33
Électrifié
(km de lignes
de chemin de fer)
18 164
3 418
2 371
795
2 650
796
434
7 539
2 054
13 799
0
42
60
70
78
62
35
15
50
35
42
2 416
37
10 725
262
233
1 341
2 422
1 991
11 531
464
2 743
3 723
5 090
1 472
499
7 663
4 547
1 033
1 341
111 553
31
2
55
95
33
29
60
73
45
15
29
33
31
40
42
76
99
10
33
43
590
1 278
875
139
37
3 050
100
69
16
12
3
22
271
122
11
6
300
38 994
9
45
8 600
36
54 256
37
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Électrifié
(%)
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Tableau 6 – Lignes de chemin de fer dans le monde (1999) (suite)
Voies
larges
Pays
Voies normales
(km de lignes
de chemin de fer)
Afrique du Sud
Algérie
2 864
Angola
Arabie Saoudite
Voies étroites
(km de lignes
de chemin de fer)
Total
(km de lignes
de chemin de fer)
22 355
8 214
37
1 081
3 945
301
8
3 398
3 398
42
1
149
3
1 003
53
68
3
1 392
1 392
578
578
Botswana
888
888
Burkina Faso
1 892
1 892
Cameroun
1 006
1 006
Congo (ex-Zaïre)
Côte d’Ivoire
609
609
5 138
5 138
660
Egypte
4 548
Ethiopie
660
4 548
1 087
Gabon
668
1 087
668
Ghana
953
953
Guinée
662
662
Irak
Iran
94
Israël
2 422
2 422
5 243
5 337
530
530
Jordanie
Kenya
677
677
2 652
2 652
Liban
222
222
Madagascar
883
883
Malawi
789
789
Mali
641
Maroc
Mauritanie
Mozambique
1 907
704
704
2 988
Nigeria
641
1 907
Namibie
52
Ouganda
140
3 128
2 382
2 382
3 505
3 557
1 241
1 241
Sénégal
906
906
Soudan
4 764
4 764
Swaziland
Syrie
1 766
Tanzanie
Togo
Tunisie
502
Zambie
Zimbabwe
Total Afrique Moyen-Orient
1 709
25 586
301
301
232
1 998
4 460
4 460
525
525
1 758
2 260
1 273
1 273
2 759
2 759
313
11
68 802
96 097
10 090
10
34 641
169
0,5
Argentine
Bolivie
Brésil
4 011
Canada
71 180
3 643
3 643
25 732
29 743
1 886
6,3
71 180
185
0,3
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Électrifié
(%)
22 355
Benin
Congo
Électrifié
(km de lignes
de chemin de fer)
D 5 510 − 15
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Tableau 6 – Lignes de chemin de fer dans le monde (1999) (suite)
Voies
larges
Pays
Chili
Voies normales
(km de lignes
de chemin de fer)
Voies étroites
(km de lignes
de chemin de fer)
3 042
Costa-Rica
Cuba
3 483
1 351
38,8
950
128
13,5
4 807
147
3,1
2 718
1,1
246
1,2
254 188
Guatemala
965
254 188
600
Honduras
600
595
Jamaïque
595
272
Mexique
20 425
Nicaragua
Panama
76
Paraguay
272
90
20 515
240
240
278
354
471
3 584
441
Pérou
3 113
République Dominicaine
441
375
Salvadore
375
601
Uruguay
2 991
Venezuela
Électrifié
(%)
441
965
États-Unis
Électrifié
(km de lignes
de chemin de fer)
950
4 807
Équateur
Total
(km de lignes
de chemin de fer)
601
2 991
611
611
Total Amériques
7 129
358 403
34 606
434 779
6 830
2
Australie
1 293
15 297
15 521
32 111
3 141
9,8
1 822
2 745
Bangladesh
923
Cambodge
Chine
Corée du Sud
Corée du Nord
Inde
603
603
53 565
666
54 231
8 434
16
3 052
46
3 098
557
18
8 000
3 940
49
51 932
124 871
22 971
18
8 000
72 939
Indonésie
Japon
3 081
6 458
6 458
125
2
20 525
23 606
15 269
65
Malaisie
1 675
1675
Manmyar (Birmanie)
4 621
4 621
3 973
3 973
509
13
445
8 163
293
4
805
805
498
45
Mongoli
1 928
1 928
Nouvelle Zélande
Pakistan
7 718
Philippines
Sri Lanka
1 459
1 459
Taïwan
1 108
1 108
Thaïlande
3 865
3 865
Vietnam
400
2 205
2 605
Total Asie Océanie
86 260
83 395
116 270
285 925
69 397
24
TOTAL
265 369
696 308
230 189
1 226 507
245 296
20
Références bibliographiques
[1]
NOUVION (F.), WOIMANT (B.) et MACHEFERT-TASSIN (Y.). – Histoire de la traction
électrique, Éditions La Vie du Rail.
D 5 510 − 16
[2]
KALLER (R.) et ALLENBACH (J.M.). – Traction
électrique, Presses Polytechniques et universitaires romandes.
[3]
Guide de la Technique (4) – Les Constructions
– Presses Polytechniques et universitaires romandes (1993).
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
17/09/2008
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