Vanier, le 3 novembre 2000 Monsieur Paul Bégin Ministre de l’Environnement Édifice Marie-Guyart, 30ème étage 675, boulevard René-Lévesque Est Québec (Québec) G1R 5V7 N/Réf. : X3 102 N0576 Objet : Usine de semi-conducteurs Mosel Vitelic, évaluation environnementale Monsieur le Ministre, Le Canada étant le seul pays du G-7 à ne pas bénéficier sur son territoire de l’important apport économique d’une usine de fabrication de semi-conducteurs d’envergure, il est légitime pour le gouvernement de vouloir attirer les investisseurs étrangers dans ce domaine de haute technologie. Cependant, après avoir étudié les sites potentiels à l’aménagement d’une telle entreprise et les retombées économiques qu’elle engendrera, il est maintenant primordial de mettre l’accent sur l’environnement. D’aucuns savent que cette industrie utilise plus d’une centaine de composés chimiques afin d’arriver à produire un seul de ces semi-conducteurs. Le procédé de fabrication des semiconducteurs est fort complexe ; solvants, dopants et produits nettoyants font partis de cet impressionnant amalgame chimique. Les rejets en acétone, en ammoniac, en trichloréthylène, en acide sulfurique, en méthanol, en xylène et en dichlorométhane qu’émettent entre autres l’industrie du semi-conducteur peuvent être dommageables autant pour l’environnement que pour la santé de la population. De plus, ce type d’entreprise requiert un volume d’eau titanesque. À titre d’exemple, plus de 7 500 litres d’eau ultra pure sont nécessaires pour fabriquer quinze centimètres de semiconducteurs, soit environ 11 000 litres d’eau du réservoir municipal. Une usine produit environ 40 000 semi-conducteurs de 200 mm par mois. La consommation en eau tourne alors aux alentours de 11 000 000 de litres par jour. L’industrie de Sainte-Anne-de-Bellevue sera toutefois différente puisqu’elle produira des semi-conducteurs de 300 mm, ce qui demande une fois et demi plus d’eau que les 200 mm. L’approvisionnement en eau pourra être problématique puisque la capacité des usines de filtration de l’ouest de l’île de Montréal est déjà dépassée en certaines périodes. Ces éléments nouveaux sur un territoire, comme à Saint-Anne-de-Bellevue, auront certainement un impact signifiant sur l’environnement et les ressources de la région. Les gens doivent absolument être informés des conséquences qu’engendre l’implantation d’une entreprise de semi-conducteurs. Un décret doit être édicté pour assujettir le domaine des semi-conducteurs aux études d’impacts et d’audiences publiques. À Taïwan, pays où loge le siège social de Mosel Vitelic, cette sphère de l’industrie est soumise à ces procédures environnementales depuis plusieurs années. Les États-Unis possèdent également une réglementation propre à ce secteur en plus d’assujettir spécifiquement les fabricants de semi-conducteurs à tous les actes environnementaux. Pour protéger l’environnement et ainsi éviter d’hypothéquer la santé de la population, des études environnementales approfondies doivent être effectuées concernant cette entreprise de semi-conducteurs. Les pays hôtes de ce secteur industriel réglementent fortement afin d’éviter les crises environnementales et les conséquences regrettables. La protection a posteriori, dans ce cas-ci, serait plus que dommageable pour l’environnement puisque l'a priori n’est connu d’aucun intervenant québécois. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre plus haute considération. Le Président, Pierre Sirois, ing. M.Sc. PS/fp