Le careme en 6 questions

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Bible
on reviendra à vos feuilles après le topo.
1-Qu’est ce que le carême ?
Carême nous vient de l’expression latine « quadragesima dies » : le quarantième jour, avant la Pâque
Le Carême, ce sont 40 jours pour se préparer à la fête de Pâques.
C’est évidemment un chiffre symbolique.
On retrouve souvent ce chiffre dans la Bible :
les 40 jours du Déluge (Gn 7)
les 40 ans que le peuple hébreu, libéré d’Egypte par Dieu, passa dans le désert avant d’entrer dans la
Terre promise (Ex)
les 40 jours du séjour de Moïse sur le mont Sinaï, là où Dieu lui fait le don de la loi (Ex 24)
les 40 jours du voyage du prophète Elie, qui marche jusqu’au mont Carmel pour entendre la voix de
Dieu dans la brise légère (1R 19)
les 40 jours que prêchait Jonas pour inciter à la conversion (Jonas 4)
les 40 jours que Jésus passe dans le désert pour affronter la tentation
les 40 jours entre la Résurrection et l'Ascension.
(cette durée que nous retrouvons dans la quarantaine, jours d’isolement).
Dans la Bible, 40 c’est le temps du chemin qui nous prépare à rencontrer Dieu. Et c’est aussi le temps
où Dieu prend soin de son peuple de ses enfants ; Il les nourrit et les instruit. Temps qui purifie le
cœur, qui le prépare à vivre une étape importante : l’alliance entre Dieu et l’humanité scellée après le
déluge, l’entrée dans la terre promise, le don de la loi, la rencontre avec Dieu, l’annonce de la Bonne
Nouvelle pour Jésus, le don de l’Esprit.
Mais si vous comptez bien, c’est plus compliqué :
d’abord on s’aperçoit que du Mercredi des Cendres à Pâques on a 46 jours ! Et effet, quand on parle
de 40 jours c’est en ne comptant pas les dimanches, car le dimanche, c’est le jour de la Résurrection !
Ensuite, si on regarde le chemin dans son ensemble, on doit ajouter au Carême les 50 jours d’après
Pâques qui nous conduisent à la Pentecôte.
Le temps du Carême n’est donc pas une fin en soi. Il nous prépare, nous ouvre sur la mort et la
résurrection du Christ.
Cette quarantaine, préparation au temps pascal, nous appelle à revivre en nous-mêmes et dans la
communauté de l’Eglise, la mort et la Résurrection du Seigneur.
2-Depuis quand vit-on le carême ?
C’est à partir du IV° s, en lien avec les baptêmes de Pâques, puis avec les Réconciliations des pécheurs
que se met en place ce temps de 40 jours : temps de préparation pour les catéchumènes, temps de
prière pour eux, temps de prière pour ceux qui seront réconciliés le jeudi avant Pâques, temps pour
l’Eglise de prière et de préparation aux sacrements de Pâques.
Notre liturgie en garde les traces :
*En cette année A nous lisons les grands textes de S Jean sur l’Eau (la samaritaine), la Lumière
(l’aveugle-né), la Vie (Lazare).
*Il y a aussi les prières pour les catéchumènes.
*Pour les futurs baptisés de Pâques 2008, il y aura l’appel officiel par l’évêque.
Le temps du Carême nous propose donc de retrouver notre baptême. C’est ce que nous ferons dans la
veillé pascale, en refaisant la profession de foi baptismale autour du signe de l’eau et de la lumière.
Cette quarantaine, préparation à retrouver notre baptême, nous appelle à redevenir les enfants du Père
et à accompagner le Christ jusqu’au don total de lui- même,
3-Que nous disent les liturgies dominicales de cette année 2008 ?
Regardons rapidement les extraits de la Parole de Dieu proposés.
*En première lecture : un parcours d’histoire de la Parole chez les hommes
Gn 2-3 : tout commence dans un jardin, par la non écoute de la parole de Dieu ; que va-t-il arriver ?
Gn 12 : Abraham à la parole, se met en route
Ex 17 : le peuple sorti d’Egypte récrimine contre Dieu et demande des signes.
1S 16 : Dieu maintient son Alliance malgré les défaillances.
Ez 37 : Dieu rêve de nous faire vivre de son Esprit.
Un carême pour regarder nos infidélités et notre foi, mais surtout l’indéfectible fidélité de Dieu.
*En deuxième lecture : une découverte du Christ
Rm 5 : Christ le nouvel Adam nous justifie
2Tm 1 : Christ est notre seul sauveur
Rm 5 : Christ mort pour nous est signe de l’amour de Dieu
Ep 5 : en Christ, vivons en fils de lumière
Rm 8 : en Christ nous avons la vie.
Un Carême pour contempler le Christ.
*Comme Evangile : un parcours de foi
Mt 4 : Jésus vainqueur du Tentateur
Mt 17 : Jésus révélé comme Fils
Jn 4 : Jésus Messie et Sauveur
Jn 9 : Jésus Lumière
Jn 11 : Jésus résurrection et Vie.
Un carême pour nous préparer à l’expérience fondamentale de la mort et de la résurrection que nous
allons vivre avec le Christ dans le mystère de Pâques.
Un premier dimanche qui nous dit que le péché existe mais qu’il ne bloque pas tout.
Un 2ème qui nous invite à marcher
Un 3ème qui nous tourne vers l’eau de Pâques et la mort du Christ
Un 4ème qui nous tourne vers la lumière de Pâques et notre manière de vivre
Un 5ème qui nous parle de résurrection.
Ainsi, cette quarantaine est un temps, qui est proposé aux chrétiens pour vivre une transformation, une
conversion pour essayer d’être plus vrai, face à Dieu, face aux autres et face à soi-même.
4-Comment vivre le carême ?
Peut être faut il entendre le carême comme une sorte de retraite, mais avec 2 particularités :
*C’est une retraite collective, communautaire, pour toute l’Eglise, à un moment qui n’est pas choisi
mais indiqué par tous les calendriers. Retraite ecclésiale et non individuelle.
*C’est une retraite que l’on fait sur place sans partir ailleurs, sans quitter ses activités, sa famille, sa
maison, ses soucis. Retraite dans le monde de ce temps, au milieu des autres.
Ces 2 caractéristiques font donc du carême une retraite avec et au milieu des autres. Rappel de notre
baptême avec les autres baptisés et au milieu des hommes et femmes de notre temps.
Pour en savoir un peu plus lisons l’Evangile du jour d’entrée en carême : Mt 6,1…18.
Trois propositions nous y sont faites :
*l’aumône : ou la conversion de notre regard sur les autres. Si l’aumône est le geste du frère, il
suppose que l’on prenne le temps de regarder l’autre : il n’y a pas que l’argent ! il y a des actes de
solidarité, des paroles ou des silences, des coups de téléphone ou des visites, du temps ou du pardon
donnés,… Puisque le baptisé est serviteur, il rend grâce à Dieu en donnant à l’autre ce qu’il a reçu.
Un extrait du message de carême de Benoît XVI de cette année sur l’aumône :
L’aumône nous apprend à aller à la rencontre des besoins de notre prochain et à partager avec les
autres ce que, par grâce divine, nous possédons. C’est à cela que visent les collectes spéciales en
faveur des pauvres, qui sont organisées pendant le Carême en de nombreuses régions du monde.
Ainsi, à la purification intérieure s’ajoute un geste de communion ecclésiale, comme cela se passait
déjà dans l’Église primitive. Saint Paul en parle dans ses Lettres à propos de la collecte en faveur de
la communauté de Jérusalem (cf. 2 Cor 8-9 ; Rm 15, 25-27).
Selon l’enseignement de l’Évangile, nous ne sommes pas propriétaires mais administrateurs des biens
que nous possédons : ceux-ci ne doivent donc pas être considérés comme notre propriété exclusive,
mais comme des moyens à travers lesquels le Seigneur appelle chacun d’entre nous à devenir un
instrument de sa providence envers le prochain. Comme le rappelle le Catéchisme de l’Église
Catholique, les biens matériels ont une valeur sociale, selon le principe de leur destination universelle
(cf. n° 2404).
… Mais il y a plus encore : saint Pierre cite parmi les fruits spirituels de l’aumône, le pardon des
péchés. « La charité – écrit-il – couvre une multitude de péchés » (1 P 4, 8). La liturgie du Carême le
répète souvent, Dieu nous offre, à nous pécheurs, la possibilité d’être pardonnés. Le fait de partager
ce que nous possédons avec les pauvres, nous dispose à recevoir un tel don.
*la prière : ou la conversion de notre rapport avec Dieu. Si la prière est le geste du fils, il suppose que
l’on prenne le temps d’entendre Dieu et les cris de notre monde. Puisque le baptisé est prêtre, il porte
devant Dieu les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de ce temps.
Commentaire du Ps 37 par S Augustin :
Sommes nous sans cesse à genoux, ou prosternés, ou les mains levées au ciel ? si c’est cela prier, il est
bien impossible de prier sans cesse. Mais il y a une autre façon de prier, intérieure, ininterrompue,
c’est le désir. Quoi que tu aies à faire, si tu le désires…tu ne cesses pas de prier. Si tu ne veux pas
cesser de prier, ne cesse pas de désirer. Ton désir continuel est un appel continuel. Tu te tairais si tu
cessais d’aimer…Le froid de l’amour, voilà le silence du cœur.
*le jeûne : ou la conversion de notre regard sur les choses. Si le jeûne est le geste de la créature, il
suppose que l’on prenne le temps de se découvrir capable de faim et de manque. Puisque le baptisé est
prophète, il n’est pas que consommateur, il espère un monde autre.
Commentaire de Léon le Grand :
Le tout de notre jeûne ne réside pas dans la seule abstention de nourriture, et il n’y a pas profit à
soustraire les aliments au corps si le corps ne se détourne pas de l’injustice et si la langue ne
s’abstient pas de la calomnie. Nous devons donc mortifier notre liberté dans la nourriture, mais
pour mater sous la même loi les autres convoitises (sermon de carême IV, 2).
Si le carême est au chrétien, ce que l’entraînement est au sportif, il est là pour nous maintenir en
forme, nous améliorer. Entraînement en équipe avec les autres, sous la direction du directeur sportif,
de l’entraîneur : le Christ. Le programme d’entraînement nous le connaissons : conversion de notre
manière d’être avec les autres, Dieu et le monde, mais nous pouvons l’accomplir chaque fois
différemment.
Comme le disait S Augustin : le jeûne et l’aumône sont les deux ailes qui soulèvent jusqu’à Dieu la
prière du carême.
5-Et la pénitence, alors ?
Même si je n’ai jamais employé le mot, je n’ai parlé que de cela.
La pénitence, c’est l’ensemble des actes de notre vie qui disent notre marche à la suite du Christ : la
vie chrétienne entière est pénitentielle !
La conversion, c’est quitter…… pour suivre le Christ ; et cela se traduit dans des actes.
Relisez la parabole de Lc 15,11-32 :
Le fils parti se dit : ‘je vais retourner chez mon père…’ (v17-19) conversion
v20-21 : il partit…il dit actes de pénitence.
Contre le risque de rester aux paroles et aux mots : Actes qui manifestent la vérité de l’intention.
« L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière et l’aumône, qui
expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. »
Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1434
Rien à voir avec mortification ou punition. Ca a rapport avec la vérité.
Rien à voir avec des « faces de carême » : quand tu jeûnes, ne prends pas un air abattu…parfume-toi
la tête. Mt 6,16-17
Rien n’est plus emblématique que l’époque de l’année où le Grand Carême se déroule : non pas en
automne, dans la brume et les feuilles qui tombent ; non pas en hiver, alors que la terre est morte et
gelée ; mais au printemps, quand toute la nature se réveille à la vie. Comme le chante l’Eglise le
mercredi qui précède le début du Grand Carême, à vêpres : « le printemps du carême s’est levé et la
fleur de la pénitence avec lui ; frères, purifions nous de tout péché et chantons pour notre source de
clarté ; disons lui ‘Ami des hommes, gloire à toi’ ». Le jeûne est un printemps spirituel, le repentir une
fleur qui éclôt et le Christ se fait connaître à nous dans le carême comme donateur de lumière.
Kallistos Ware
Ainsi cette quarantaine est une épreuve de vérité pour notre vie chrétienne, qui nous invite à
désensabler la source de notre baptême pour mieux irriguer notre vie chrétienne, pour qu’elle porte du
fruit, et que nos paroles et nos actes soient plus cohérents.
6-Alors quelle est la spiritualité du carême ?
Avec la mort-résurrection du Christ, la dimension baptismale et la pénitence-conversion, nous tenons
le sens profond du carême. Et par là celui de toute vie chrétienne. Car le carême n’est qu’un temps fort
qui nous rappelle ce que nous devons vivre chaque jour.
Fondée dans la Pâques du Christ,
la vie du baptisé est déjà passée en Dieu,
mais il nous faut réaliser ce passage quotidiennement.
Sans cesse revenir à Lui (cf. mercredi des cendres, Jl 2), individuellement et collectivement.
Aujourd'
hui se laisser réconcilier avec Lui (cf. mercredi des cendres, 2Co 5).
Dénouer les liens, libérer, partager (Cf. Off des lectures des cendres Is 58).
Rude programme. Mais résumé par Jésus au début de l’extrait de l’évangile du jour : si vous voulez
vivre comme des justes (Mt 6,1).
Beau projet et belle ambition de Jésus pour ses disciples
Beau programme pour un carême
Mais qu’est-ce donc ?
Et s’il s’agissait de S’AJUSTER ?
Comme le tireur qui vise et ajuste son tir
Comme le menuisier qui passe et repasse lime et rabot pour que les pièces s’emboîtent
Comme le contrôleur qui veut rendre conforme la balance
Comme l’ajusteur qui veut réaliser un assemblage parfait.
Et quand tu t’ajustes
Ton Père le voit dans le secret.
Une quarantaine pour nous ajuster.
Travail de longue patience, un carême ne suffira pas, travail d’artisan qui passe et repasse son œuvre
pour l’améliorer, afin qu’elle devienne son chef-d’œuvre.
Discussion à partir de leurs feuilles.
Conclusion
Le carême : spontanément ce mot nous fait penser à efforts, privations, résolutions, serrer les dents,
voire prendre la tristesse au sérieux. C’est à dire un carême qui part de nous pour aller vers Dieu.
Si le chemin du carême nous invite bien au combat, il part de Dieu pour nous amener à lui ; c’est
surtout laisser le Christ faire sa Pâques en nous ; laisser passer le Christ (sens du mot Pâques) dans nos
joies et nos peurs, dans nos relations et notre travail, dans notre histoire. Une quarantaine pour nous
laisser conduire au désert, nous laisser instruire par le Seigneur dans l’épreuve comme dans
l’expérience de l’amour paternel de Dieu. Ce passage ne se fera pas sans arrachement, mais, ce qui est
en jeu c’est la résurrection, la réussite de la vie !
La conversion de l’image du carême que je vous propose, c’est de passer de la dureté à la durée. Le
Diabolos, le Diviseur n’aime pas la durée : il propose tout de suite le pain, la gloire, la réussite (cf. les
tentations). Le Diabolos, le professionnel de la zizanie n’aime pas l’espérance, la persévérance, le
courage nécessaires sur le chemin de conversion.
La conversion de l’image du carême que je vous propose, c’est de passer de choses à faire à un don à
recevoir, même si les choses à faire sont nécessaires car ce sont elles qui montreront que notre désir
est vrai. Le Diabolos, le Diviseur n’aime pas cela, lui qui depuis la Genèse nous propose de mettre à
l’épreuve et de vérifier la Parole de Dieu.
La conversion de l’image du carême que je vous propose, c’est de passer d’un temps de tristesse à un
temps de préparation à la joie pascale :
Revenez à Dieu (Jl 2) : Joël nous invite à une rencontre ; la Samaritaine, l’aveugle, Lazare la feront.
Le carême c’est se retourner vers celui que l’on aime et, de mémoire d’amoureux, cela n’a
jamais été triste.
C’est maintenant le jour du salut (2Co 5) : pour Paul l’aujourd'
hui de Dieu nous rejoint.
Le carême c’est accueillir et faire grandir des germes de nouveauté dans nos vies individuelles
et collectives, sans attendre demain.
Si vous voulez vivre comme des justes (Mt 6,1) : pour Jésus c’est un appel.
Le carême c’est un temps pour répondre à l’appel et s’ajuster en frères et en fils.
Oui, voici que revient le joyeux temps du carême.
Prenons le chemin de Pâques
Par ces 40 jours, pour réapprendre à aimer Dieu et le prochain
Par ces 40 jours, pour écouter l’Evangile comme une parole neuve
Par ces 40 jours, pour marcher à la suite de Jésus-le-Chemin
Par ces 40 jours, pour nous retrouver nous-mêmes.
Joyeux temps !
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