Attentats - Lycée Paul

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Décembre 2015
n° 9
Gratuit
Le journal du lycée Paul-Louis Courier
fondé en 2006
POPOLYPTIC’
«Parler est bien, écrire est mieux; imprimer est excellente chose. Car si votre pensée est bonne, on
en profite ; mauvaise, on la corrige et l’on profite encore.» Paul-Louis Courier
Éditorial
I
l est déjà là, par temps froid et gris, copieux comme
un plat de résistance, nourrissant comme un pot
au feu ou un couscous à plusieurs mains.
L’actualité n’est pas enchanteresse ‒ l’a-t-elle jamais
été ? La violence, la mort, l’effroi, la tristesse et le deuil
ont déployé leurs ailes glaciales sur la société française
abasourdie. Le nom de Paris s’est associé à ceux des
grandes capitales de la douleur de ce début de xxie
siècle : Bagdad, Damas, Bamako et tant d’autres qu’un
passé prestigieux auréole à jamais des délices de l’art
de vivre et des splendeurs du rêve. Que faire ?
On n’aurait pas cru. Pas comme ça. Et on doit
vivre, à Paris comme ailleurs, c’est-à-dire prendre
opiniâtrement le parti de faire vivre tout ce qui est
fragile, les relations entre les êtres, l’hospitalité, la
parole vivante, la liberté, la pensée, la promesse du
jour à venir.
Au journal, nous nous sommes rencontrés, deux
fois par semaine, le mardi et/ou le vendredi à 13h,
autour d’échanges nourris et réguliers et nous avons
écrit, sur les « événements » qu’on n’ose qualifier et
aussi évidemment sur ce qui fait la vie des lycéens
de PLC, leurs habitudes, leurs goûts, leur expérience
quotidienne et extraordinaire : étude, cuisine, musique,
lecture, théâtre, voyage et rencontres.
L’écrivain congolais In Koli Jean Bofane, invité à
Tours par le festival Plumes d’Afrique est venu donner
un petit coup de pouce personnel à une cinquantaine
d’élèves réunis au CDI du lycée le 27 novembre dernier
pour le rencontrer et vous lirez le détail de l’échange
dans le prochain numéro. Natif de la République
Démocratique du Congo, il a dû fuir plusieurs fois, avec
sa famille, les guerres meurtrières de ces dernières
années. Il sait ce que signifient le massacre et la peur et
vit actuellement à Bruxelles. Pendant deux heures, de
sa voix émue et grave, il n’a cessé d’encourager à la vie
qui se conquiert et se transmet : « Quand vous mettez
de la beauté quelque part, vous refaites le monde. »
Ne nous en privons pas.
Agnès Devillard
La vie du lycée
Les TMD à Tavant
5 révélations choc…
Hunger Games
Coin cuisine
Les Géants de la montagne
La Chronique Abi-Bachi
Étudier à l’étranger
Chronique Philosophique
Das Auto
2
3
4
4
5
6
6-7
8
8
Attentats
Et si on en parlait ?
Des maux ? des mots
Liberté, Égalité, Fraternité 9
10
12
Les experts
Livres
Films
13
14
The end
16
- LA VIE DU LYCÉE –
Les TMD à
Tavant
le lapis-lazulis qui sert à obtenir du bleu. Les peintures
de l’entrée du chœur racontent l’enfance de Jésus et au
fond du chœur est représentée l’Apocalypse.
Une crypte à découvrir
La classe de première TMD est allée vendredi 6
Novembre 2015 visiter l’église Saint-Nicolas de
Tavant, avec madame Rocamora, dans le cadre
de l’Histoire des arts. Mme Faligand et M. Traeger
faisaient aussi partie de l’aventure !
Tavant est un village perdu entre Chinon et SainteMaure-de-Touraine, peuplé de 260 habitants…
Nous étions donc un peu réticents … et pourtant …
Une église « bling bling »
L’église Saint-Nicolas appartient depuis le xe siècle
à l’abbaye de Marmoutier mais a été reconstruite
à la fin du xie siècle suite à des incendies. SaintNicolas était évêque de Myre (Sud de l’actuelle
Turquie), il a été martyrisé au iiie siècle ; c’est de
lui que proviendrait la légende du Père Noël ; il
aurait ressuscité trois enfants tués par un boucher
et il aurait accompli encore d’autres miracles.
L’influence de la façade de l’église est poitevine
avec un portail décoré de motifs végétaux telles
que des feuilles de chêne, des pommes de pin, des
pointes de diamants. « Une église bling-bling »
suggère un de nos camarades…
Comme l’église Saint-Nicolas est une église de
pèlerinage, on y trouve une crypte. Elle sert à
exposer des reliques ou des tombeaux de personnes
importantes. Les personnages sont très expressifs
et très bien réalisés, les artistes se sont inspirés de
l’influence byzantine, des péchés sont également
représentés comme la luxure. À ce jour, on ne peut
malheureusement pas définir précisément le sujet
iconographique complet de la crypte.
Nous conseillons vraiment à tout le monde d’aller
visiter cette église même si de premier abord ce n’est
pas une destination qu’on choisirait pour passer des
vacances…
Des chapiteaux exceptionnels
Le plan de l’église est en croix latine orientée
vers Jérusalem et la voûte de la nef en anse de
panier. Le problème est qu’elle se fissure car la
pierre travaille mais les piliers sont là pour la
soutenir. À l’origine, il y avait deux bas-côtés qui
ont disparu à une époque inconnue ; mais grâce à
eux nous pouvons en déduire qu’il y avait du passage
dans ce lieu, c’était donc une église de pèlerinage.
Nous trouvons toutes sortes de thèmes sculptés sur
les chapiteaux comme des végétaux, des bestiaires
fantastiques comme des griffons, un monstre à deux
têtes… Un seul chapiteau est historié, il représente « le
Péché Originel », c’est-à-dire la désobéissance d’Adam
et Eve à Dieu.
C’est une visite assez courte et très enrichissante.
Vous y trouverez des fresques exceptionnelles.
Comme vous le savez, les peintures s’estompent avec
le temps à cause de la pollution, des changements de
température et de la poussière, donc profitez de ces
merveilles de l’art tant qu’elles sont encore visibles !
Des fresques du xiie siècle
L’église de Tavant est mondialement connue pour ses
fresques peintes « a fresco» c’est-à-dire sur une couche
d’enduit fraîche pour que la peinture s’incruste bien et
que les couleurs ressortent. Les pigments proviennent
d’animaux, de végétaux ou encore de minéraux comme
POPOLYPTIC’
2
Lucile Barbe, Clara Dumont et Élora Massé
- LA VIE DU LYCÉE –
5 révélations
chocs sur …
Le cuistot
4. Attention caramel brûlant !!
Nous n’avons pas réussi à connaître sa pire bêtise
d‘élève mais nous savons enfin sa plus grosse bourde
en tant que chef cuistot.
Par une belle matinée, notre cher cuisinier décida
d’ajouter une touche sucrée et colorée aux desserts
fruités qu’il préparait. Il se lance donc, de tout cœur,
pour confectionner un caramel onctueux. Mais tout d’un
coup, son téléphone sonne, et, obligation professionnelle
oblige, il répond et passe les commandes de produits
alimentaires pour la semaine suivante. Quelle
erreur fatale ! Le caramel bouillit, déborda,
et envahit la cuisine. Heureusement pour lui,
tout est bien qui finit bien : le caramel fut vite
contrôlé. Malheureusement immangeable,
personne ne put en profiter.
5. Un rockeur dans l’âme
1. Ma petite blanquette chérie
Si vous vous demandez depuis votre arrivée
pourquoi il y a aussi souvent des blanquettes de
veau à la cantine : nous avons enfin la réponse. C’est le
plat préféré de notre chef, mais c’est aussi le plat qu’il
préfère cuisiner ! Dommage pour les végétariens !
Notre super cuisinier cache bien son jeu :
sous ses allures d’homme posé, on découvre
un musicien passionné. Et incroyable : il joue
dans un groupe de rock festif ! Son nom :
Wouahzif ! Le groupe tourangeau en est déjà
à son troisième album.
Le chef dirige sa batterie aussi bien que ses
casseroles. Ne vous étonnez donc pas si vous
le croisez en salle de musique, ou lors d’un concert, au
milieu d’une foule en délire.
V. D et J.G
2. La pâtisserie avant tout
Notre chef cuistot travaille au lycée depuis près de
cinq ans. Pourtant, quand nous lui avons demandé son
pire souvenir de lycéen, impossible de nous répondre.
Et pour cause, il n’a jamais été au lycée. Il a choisi de
s’orienter vers un CAP pâtisserie, idée qui lui trottait
dans la tête depuis l’âge de six ans.
3. Quelques conseils pour lui faire plaisir…
Si vous voulez bien vous faire remarquer par le
cuisinier et avoir du rab, voici les petits détails à éviter.
– ne pas dire bonjour
– le marmonnement lorsqu’on dit merci
– les énormes sacs des filles qui font d’elles des
équilibristes
–les indécis devant le choix crucial de leur journée
Pensez-y la prochaine fois que vous choisirez votre
délicieux plat de résistance.
POPOLYPTIC’
3
©Wouahzif.com
- LA VIE DU LYCÉE –
U
©Lions Gate Film
n lundi à 11h15.
Katniss est prête à bondir de sa place dès la
première sonnerie. Elle sort précipitamment de son
cours de maths (très ennuyeux d’ailleurs) et dévale les
escaliers.
Tous les élèves se précipitent vers la cantine, elle
zigzague entre eux et arrive dans le hall.
Elle s’engage dans la queue, déjà bien fournie et attend
son tour...
Après une longue attente elle peut enfin passer !
Katniss s’apprête à monter les escaliers, mais soudain,
les NAINS !
Le surveillant la pousse dans la queue et tous les
nains lui passent devant.
Try it again :)
Après une très looooooongue attente (ça ne vous
rappelle pas quelque chose ?), Katniss va manger.
Elle gravit les escaliers, passe le portique, va saisir
un plateau et sort sa... sa carte ? Elle panique, fouille
partout, mais non, elle ne l’a pas. Retour à la case
départ !
Il est 12h15.
On vous laisse imaginer la queue, les prioritaires ;
ceux qui passent sous les barrières, sous les lavabos
(ne niez pas, on vous a vus) et ceux qui sont en mode
«et vas-y que j’te pousse et vas-y que j’te frappe».
Enfin le nirvana !
Vous avez passé une demi-heure dans la queue, vous
êtes dans un état lamentable et là, de nouveau, une
queue pour prendre les plateaux !
Vous êtes content, hein ?
Petites astuces:
- Quand vous grugez sous les barrières, assurez vous
que vos ami(e)s vous suivent parce que c’est pas très
marrant de manger tout(e) seul(e).
- Ne vous laissez pas déconcerter par le charme de
Finnick, ça peut vous jouer des tours...
- N’arrivez pas à 12h 15, de toute façon il y a les
prioritaires : vous voulez les voir passer devant vous ?
Le mouton, Pumba, Le petit paresseux avec la
participation d’Emma Gallet
Coin cuisine (de
saison)
P
our réconforter le corps et l’estomac, rien
de tel qu’un roulé !
Alice in Wonderland, Arthur Rackham
Hunger Games
Ingrédients
4 œufs
75 grammes de sucre
100 grammes de farine
nutella, confiture… À vous de choisir!
Les choses sérieuses commencent!
Allumez votre four à 180 degrés avant toute chose.
Après avoir séparé les blancs des jaunes, montez les
blancs en neige. Pour cela, un robot fera l’affaire ou si
vous êtes courageux, munissez vous d’un fouet et…
fouettez. Bon courage!
Bref. Pendant ce temps, dans un saladier, mélangez
le sucre avec le jaune de l’œuf. Lorsque le mélange
blanchit, ajoutez la farine. La texture est collante, c’est
tout à fait normal.
Attention, l’étape délicate arrive. Ajoutez le blanc
d’œuf au mélange jaune, sucre, farine. Pour mélanger
tout ça, il faut soulever ce qu’il y a au fond du saladier
pour le ramener sur le dessus. Si vous brassez le tout,
les blancs en neige vont redescendre…
Versez la pâte sur une plaque à pâtisserie
préalablement beurrée et farinée. Il faut bien étaler la
pâte sur toute la surface de la plaque puis… Enfournez
pendant 10 à 15 min.
Lorsque c’est cuit, ajoutez votre garniture : Nutella,
confiture de fraise… Et roulez!
L’astuce : Transformez votre roulé en bûche de
Noël ! Rien de plus simple : badigeonnez le roulé avec
du Nutella puis, à l’aide d’une fourchette, travaillez
votre bûche. Le tour est joué !
POPOLYPTIC’
4
Amélie Vandenberghe
- LA VIE DU LYCÉE –
Les Géants de la
Montagne
« Allons, réveillez-vous ! Un peu
d’imagination !
Vous n’allez pas devenir
raisonnables, tout de même ! »
L
L. Pirandello, Les géants de la montagne
es élèves de première S2 ont vu la mise en scène
de Stéphane Braunschweig au Théâtre Olympia
et racontent ...
C’est l’histoire
de la comtesse
Isle
devenue
folle
parce
qu’elle a perdu
l’homme qu’elle
aime et que son
enfant a été
échangé. Les uns
Pas du tout.
C’est l’histoire
d’une
troupe
de comédiens
errants
et
affamés
qui
trouvent refuge
dans la villa
du
magicien
Crotoneet
de sa petite
communauté plutôt déjantée. Les autres
Fou ! Fou ! C’est un conte rempli de fous. Ça
commence par une troupe de fous qui rencontrent
des fous et deviennent encore plus fous. D’ailleurs, je
me sens un peu différent depuis ce spectacle, un peu
plus f… peut-être. J’ai peur de rêver. Thomas
Ce qui m’a déplu dans cette pièce, ce sont les voix,
trop fortes, trop bavardes, pour dire quoi ? mais les
acteurs étaient malgré tout très bons. Baptiste
J’ai trouvé intéressant le travail des éclairages, par
exemple quand la lumière se fait tout à coup sur le
public au moment où les personnages s’adressent aux
géants de la montagnes, nous peut-être … Paul
J’ai bien aimé les effets spéciaux dans la villa du
sorcier Cotrone et les pantins affichés en projection
numérique sur la façade, d’abord immobiles puis
mobiles, dansant et chantant. Louise
Qui sont ces Géants de la Montagne annoncés
dans le titre ? La pièce ne nous renseigne pas sur ces
mystérieux personnages. Lauréline
Ce qui m’a déplu, ce sont les longs discours des
personnages dans lesquels le spectateur se perd. Elsa
Ce que j’ai apprécié dans cette pièce, c’est la magie
qui anime la villa, ce lieu de figuration des rêves qui
ressemble également à la coulisse d’un théâtre où les
acteurs se déguisent selon leur personnalité. Camille
J’ai aimé le personnage de La Sgrigia quand elle
raconte son histoire. Elle dit avoir rencontré l’ange
101 et pense depuis, qu’elle est morte. Ce moment
m’a touchée. Axelle
Les costumes de la troupe de Crotone m’ont surprise
par leur originalité et leur ridicule. J’imagine le temps
qu’ont dû passer les costumiers à les confectionner.
Armelle
J’ai bien aimé que le décor puisse tourner sur luimême et nous
permette de voir
l’intérieur de la
villa. Paul
Les jeux de
lumière quand
les
pantins
dansent m’ont
beaucoup plu et
donnaient de la
réalité aux rêves
des
acteurs.
Julian
J’ai bien aimé
la manière dont
Cotrone utilisait
ses mains pour
jouer. Zoé
On ne peut
pas apprécier la
richesse quand on a tout, dit Cotrone qui n’a rien et
apprécie les petites choses. J’ai bien aimé cette vision
philosophique de la richesse. Clémence
Ce qui est surprenant dans cette pièce, c’est
comment Cotrone arrive à garder sa lucidité au milieu
des songes. Abel
J’ai trouvé le jeu des acteurs incroyable dans une
pièce aussi confuse.
Le plus étonnant dans cette pièce, c’est le dernier
mot « fourmilière ». Pourquoi « fourmilière » ? Si vous
avez la réponse, contactez-moi s.v.p. Vinciane
POPOLYPTIC’
5
Photo: Elisabeth Carrechio, CDRT
- LA VIE DU LYCÉE –
La chronique
des Abibacs
Bachibac
Étudier à
l’étranger ça
vous tente ?
Guide pratique pour profiter
pleinement de votre clan !
Vous avez envie de sortir
des sentiers battus de votre
quotidien ? Vous êtes fou
amoureux d’une langue
étrangère ? Vous avez envie de
découvrir, ressentir, rencontrer,
apprendre, comprendre la
culture d’un autre pays, d’une
autre nation ? Si vous vous
reconnaissez un peu dans l’une
de ces motivations... cette
expérience est peut-être faite
pour vous !
Les avantages :
- Pouvoir se comprendre entre clans, créer des
liens spéciaux.
Abibac-Bachibac, malgré leurs différences peuvent
se comprendre, se soutenir et compatir ensemble à
toutes ces heures de DNL …
- Pouvoir critiquer discrètement (ou pas) les gens
autour sans qu’ils comprennent (si vous entendez
parler allemand ou espagnol à côté de vous, posez
vous des questions !)
- Pouvoir faire des goûters (parce que c’est important) n’importe quand, n’importe où, avec n’importe
qui et surtout en mangeant n’importe quoi !
- Pouvoir voyager et découvrir le monde (au cinéma) et sinon dans la vraie vie
- Etre soudés même dans l’adversité (comme les
gros contrôles de littératures … ), toujours rire à tout
(même aux blagues les plus pourries #ACLJV)
Et enfin ultime argument :
- Avoir une deuxième famille parce que …
La nef des fous, Pieter Van der Heyden, 1592. BNF
Le clan
Les motivations pour partir étudier à l’étranger
sont diverses et variées mais la démarche demande
d’y avoir réfléchi avant. Partir sur un coup de tête est
difficilement possible et risque de rendre l’expérience
douloureuse, du moins au début.
Tout commence d’abord chez vous, dans votre
maison.
Il faut en discuter avec les parents, choisir l’année
ou les mois pendant lesquels il est le plus judicieux de
partir et la destination. Dans certaines familles, il vaut
même mieux avoir aiguisé ses arguments concernant
le choix de l’organisme, le pays de destination, le prix et
l’utilité de cette expérience avant même de présenter
le projet à ses parents. Mais c’est aussi ça, la magie de
cette expérience, c’est vous qui êtes moteur du projet,
vous qui choisissez vos priorités.
Quel organisme choisir ?
Il en existe de nombreux en ligne tels que AFS, Kaplan,
EF, Calvin Thomas… et l’un d’entre eux, Terre des
Langues, a ses bureaux basés à Tours. C’est l’organisme
POPOLYPTIC’
6
- LA VIE DU LYCÉE –
que j’ai choisi car il était important pour ma famille
et pour moi d’entrer en contact avec les personnes
qui allaient s’occuper de mon dossier. Il faut savoir
que l’organisation du projet qui englobe les rendezvous avec l’organisme (mails ou skype pour ceux
qui ne sont pas à Tours), le test de niveau d’anglais,
la création du dossier et ses liasses de feuilles à
remplir, le rendez-vous à l’ambassade à Paris pour la
demande de visa va prendre plusieurs mois, parfois
près d’un an et c’est pour cette raison qu’il faut avoir
une motivation chevillée au corps. Les organismes
d’échange nous demandent à juste titre de prendre
en charge nos papiers et de répondre nous-mêmes
aux questions posées lors de la création du dossier.
C’est bien vous qui allez vivre cette expérience et
non vos parents.
dans sa confection m’a touchée et témoignait de leur
soutien. Autre détail à ne pas négliger : le dossier et
la plupart des papiers administratifs demandés sont
à rédiger dans la langue du pays de destination, qui
était pour moi les États-Unis et donc l’anglais.
Comment
départ ?
se
préparer
concrètement
au
Nous voici dans le vif du sujet. Une fois la famille
d’accueil affectée (parfois peut -être seulement
trois semaines avant le départ) et donc notre lieu
de destination connu, nous pouvons nous plonger
pleinement dans les préparatifs concrets tels que les
achats de cadeaux (absolument nécessaires si vous
voulez vous faire pardonner votre tête de déterré
qui a passé dix heures dans
l’avion et qui vient de se rendre
compte qu’il ne va plus voir sa
famille pendant un bon bout de
temps), la sélection stricte de la
garde de robe (et oui toute une
armoire ne rentre pas dans une
ou deux valises…), les recherches
internet sur la ville où l’on va
vivre, sans oublier…les premiers
mails d’échange avec notre famille
d’accueil ! Que d’excitation !
Je vous rassure, ça arrive à
pratiquement tout le monde
de douter de son choix dans
les dernières semaines avant le
départ.
Comment constituer le dossier ?
C’est bien là le début de l’aventure. Il s’agit de
renseigner sur nous-même notre « possible »
« future » famille d’accueil. Il faut d’abord remplir
des fiches médicales, fournir des renseignements
administratifs puis viennent les points plus
personnels et aussi beaucoup plus intéressants.
Comment vivons-nous en famille ? À quoi occuponsnous nos loisirs ? Nous sommes tenus d’écrire une
lettre qui évoque en détails plusieurs aspects de
notre personnalité et de notre vie quotidienne ainsi
que les différentes raisons de notre engagement
dans cette aventure. Des membres de la famille et
des professeurs peuvent compléter notre portrait
afin d’aider la famille d’accueil à mieux nous cerner.
Ma sœur et ma mère ont toutes deux écrit une lettre
que j’ai mise dans mon dossier. Leur investissement
On se dit alors : « Pourquoi je fais
ça ? », « Je me rendais pas compte,
trois mois/six mois/un an c’est long ! », « Mon chat/
maman/mon lit va/vont me manquer ! », « Quelle
idée ! ». Mais c’est trop tard vous êtes déjà dans
l’avion et vous n’avez plus qu’à vous laisser guider
par le flot des rencontres et découvertes.
Si le feuilleton de mon année américaine vous
intéresse … suivez-moi dans le prochain numéro
de Popolyptic, à Seattle exactement, dans l’état de
Washington, à neuf heures d’avion de Paris !
POPOLYPTIC’
7
Lola Loubet
Orbis terrae Compediosa Descriptio, Mercator, 1587
- LA VIE DU LYCÉE –
Scandale chez
Volkswagen
Réflexion
philosophique
n°1
Des moteurs truqués
De la largeur des couloirs
Bon, concrètement, quand l’homme de Cro-Magnon a construit ce lycée, les individus étaient
DÉFINITIVEMENT plus petits. Surtout en largeur.
Car il faut bien le dire, en écartant les deux bras,
on touche les deux murs plus que facilement.
Les architectes ont donc sûrement dû faire des
coupes budgétaires et ce sont les murs qui en
ont pâti. Alors, quand vous avez votre sac, qu’une
classe entière est adossée aux murs de chaque
côté et que des lycéens enragés arrivent en face
de vous, serrez les fesses et foncez !
Maintenant, voilà les conséquences, les futures
générations vont subir une évolution génétique
incroyable, environnement oblige, ils vont devenir allongés, allongés et fins, fins, fins. Au début comme des poissons-lune puis comme des
feuilles de papier. Alors, oui ! Certes, plus de problème de place dans les couloirs mais, ces élèveslà, eux, ne pourront plus entrer dans les classes
sans baisser la tête. Alors, bingo, ça recommence
et re-changement génétique, et, avant ça grosse
remontée en bourse des crèmes contre les bosses
et les bleus.
Alors, la transformation génétique est-elle la
solution pour sauver l’humanité ?
Les Ailes
Le 18 septembre 2015, l’International Council
on Clean Transportation, une organisation nongouvernementale a découvert des écarts entre les
émissions réelles de gaz et celles déclarées pour
des véhicules de la marque VW. Certaines voitures
auraient été équipées d’un logiciel qui réduit les
émissions de gaz polluants lors des tests. Une fois
le test effectué, le logiciel se désactive et la voiture
libère davantage de gaz polluants notamment
le dioxyde d’azote qui est responsable de graves
maladies respiratoires comme l’asthme.
Selon les autorités américaines, environ 482 000
véhicules vendus aux États-Unis seraient équipés
de ce logiciel mais le mardi 22 septembre le
constructeur affirme que ce logiciel concerne 11
millions de voitures vendues dans le monde. Le
trucage concerne tous les moteurs diesel de type
EA189 (Golf, Audi A3, Passat et autres Beetle).
De lourdes conséquences
Volkswagen risque potentiellement une
amende pouvant aller jusqu’à 18 milliards de
dollars (environ 16 milliards d’euros). La marque
allemande devrait aussi rappeler à ses frais
l’ensemble des véhicules truqués vendus depuis
2008.
Un nouveau scandale
Mardi 3 novembre, un nouveau scandale éclate,
Volkswagen avoue avoir aussi triché sur 800 000
véhicules supplémentaires.
Cette annonce paraît moins de vingt-quatre
heures après que l’autorité américaine de
protection de l’environnement, l’EPA, a accusé le
constructeur allemand d’avoir également truqué
ses gros moteurs diesel de 3 litres, impliquant les
marques Audi et Porsche, jusqu’ici relativement
préservées. Volkswagen a rejeté la possibilité que
ses véhicules haut de gamme soient concernés par
une quelconque manipulation.
Encore une affaire qui va coûter cher à
Volkswagen et du souci à se faire pour les futurs
conducteurs que nous sommes !
POPOLYPTIC’
8
Simon Gervaise
- Attentats –
E
n cette période où les mots « terroristes » et
« Daech » passent dans toutes les bouches, je
m’interroge sur notre monde. Je ne veux pas émettre
de jugement et je n’écris, bien entendu, pas pour revendiquer une vérité universelle mais pour nous amener, nous étudiants, nous professeurs et nous Français,
à débattre ensemble et à réfléchir sur la question car,
je trouve que, de nos jours, l’indifférence est bien trop
présente dans notre quotidien...
Dans notre société aux valeurs républicaines, démocratiques et laïques, il est difficile de parler ouvertement de religion. De plus, le climat socio-politique
de la France de ces dix dernières années a fortement
modifié notre vision des autres. Je m’explique, les
crises, les délocalisations toujours plus nombreuses et
importantes, les attentats, ont intensifié cette stigmatisation de «l’enfer, c’est les autres», comme l’écrivait
si bien Jean-Paul Sartre. Les ouvriers français se sentent menacés par les ouvriers hongrois ou thaïlandais,
les États européens se plaignent que certains de leurs
membres affaiblissent l’économie et ralentissent les
progrès possibles et les musulmans sont victimes de
préjugés dus à leur pratique religieuse ainsi que leurs
croyances.
L’actualité me donne envie d’évoquer ce dernier
point : la menace terroriste. Le fait que les terroristes
d’Al-Qaïda puis de Daech se revendiquent musulmans
trouble une partie de la société qui, par manque d’intérêt ou de réflexion, a vu un lien direct entre terroriste
et musulman. C’est là que se situe la faille. Comment
pouvons-nous être amenés à suivre de tels raisonnements ? La question m’obsède. J’essaie de comprendre.
Notre société a, au fil du temps, jeté un voile sur les
religions et laissé s’instaurer des tabous et des non-dits
qui ont permis la généralisation d’idées toujours plus
simplistes et fausses. Aujourd’hui, nous en sommes
venus à demander aux musulmans ce qu’ils pensent
des attentats parce qu’ils sont musulmans, et non pas
parce qu’ils sont des citoyens. Nous n’oublions pas que
les premières victimes de Daech et du terrorisme sont
musulmanes. Il est urgent de dire que tous les musulmans ne sont pas des terroristes en puissance.
Environ trois millions des soixante-six millions de
Français sont musulmans pratiquants. Une montée
de la pratique de l’Islam est assez importante chez les
jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans et « la résurgence
des pratiques cultuelles et la religiosité augmentent
chez les immigrés venus en France avant l’âge de 16
ans et chez les Français descendants d’immigrés, mais
Afin de prévenir un certain clivage des populations,
engendré par les peurs, les interprétations et les exclusions, nous pouvons favoriser certaines valeurs
démocratiques telles que la discussion, le débat, les
échanges d’idées.
Dans ce sens, je tiens à parler de la perception parfois
faussée de ce qu’est la laïcité. Dans la loi et dans « la
charte de la laïcité à l’école », la laïcité est en partie
décrite comme permettant « la libre expression de ses
convictions dans le respect de celles d’autrui et dans
les limites de l’ordre public ». La laïcité ne se résume
donc pas à la vision quelque peu restrictive que certains tentent de lui donner mais se veut garante de la
liberté de conscience et d’expression de religion de
chacun.
Le manque de connaissances religieuses et d’intérêt
pour la religion et notamment la religion musulmane,
permet à Daech de prétendre qu’il prêche la parole
d’Allah et de son Prophète et par conséquent, peut
entraîner la société occidentale à voir le Coran comme
un manuscrit condamnable et sanguinaire. Pourtant,
Mathys Augeul. © CVL Vaucanson
Et si on en
parlait?
pas chez les immigrés arrivés à l’âge adulte » expliquait
Hugues Lagrange, sociologue au CNRS, lors d’un interview au journal Le Monde. Cette réapparition de la pratique de l’Islam peut amener une partie des Français à
s’interroger. Néanmoins, nous pouvons tout de même
observer que la radicalisation de la pratique religieuse
est souvent déclenchée après une conversion à l’Islam
ou après une sorte de «redécouverte» de ses origines
familiales ; ce qui est souvent le cas de Français et non
nécessairement d’immigrés ; est-il nécessaire de souligner que les terroristes tels que Mohamed Merah,
les frères Kouachi ou encore Amedy Coulibaly et bien
d’autres étaient de nationalité française ?
la plupart des musulmans parle de l’Islam comme
d’une religion d’amour et d’entraide alors comment
se fait-il qu’il y ait un tel antagonisme ? Ne lisent-ils
pas le même ouvrage ? On peut faire l’hypothèse que
les textes sacrés, extrêmement riches en métaphores,
peuvent mener à différentes interprétations et donc
commentaires. Mais une si grande différence conceptuelle s’explique surement par le fait que Daech prône
POPOLYPTIC’
9
- Attentats…–
une idéologie basée sur une des multiples interprétations du Coran, et qui ne peut aucunement prouver
que cette dernière est la bonne.
L’État Islamique (EI) souhaite que les liens qui
unissent les musulmans à leur pays, notamment européens, soient rompus afin de semer le doute, la suspicion, voire la haine de la religion musulmane et de ses
pratiquants. Je ne crois pas qu’un plan aussi mesquin
et aberrant puisse un jour supplanter nos liens, notre
solidarité et notre Fraternité.
Peut-être que cet article fera naître des questions, bousculera certaines convictions ou suscitera
Des maux ? des
mots
Petit précis de vocabulaire
Califat : territoire dirigé par un calife, successeur du
prophète Mahomet. Institution dominante jusqu’au xie
siècle dans le monde perse, turc et berbère, déclinante
ensuite et abolie en 1924. Nom que Daech donne au
territoire conquis en Irak et en Syrie. Son chef Abou
Bakr al-Baghdadi s’est autoproclamé calife.
Charia : ensemble des règles très strictes et anciennes
régissant la vie quotidienne et civile des musulmans.
La charia codifie à la fois les aspects publics et privés
de la vie d’un musulman, ainsi que les interactions sociétales. Le niveau, l’intensité et l’étendue du pouvoir
normatif de la charia varient considérablement sur les
plans historiques et géographiques.
Chiisme : au moment de la mort du Prophète, les futurs
chiites désignent Ali (gendre et fils spirituel de Mahomet) comme successeur. Pour les chiites, l’imam est un
guide indispensable de la communauté, et il tire son autorité directement de Dieu. Les chiites font une séparation claire entre autorités religieuse et politique (ex. en
Iran, l’ayatollah Ali Khamenei est indépendant du pouvoir exécutif du président Hassan Rohani).
Autres courants de l’islam : alaouites en Syrie, alévis
en Turquie, druzes dans tout le Proche-Orient, khâridjites à Oman et au Maghreb.
DAESH (translittération anglophone) ou DAECH
(translittération francophone) de l’acronyme signifiant en arabe « État islamique en Irak et en Syrie »),
comme ISIL (Islamic state of Irak and the Levant)
quelques échanges !
L’écriture de cet article s’est faite grâce au visionnage de deux documentaires : Aux origines du Djihad
et Les premiers temps de Daech, tous deux diffusés le
dimanche 29 novembre 2015 sur France 2. J’ai aussi lu
et écouté l’avis de nombreux spécialistes, notamment
Hugues Lagrange, sociologue interrogé par le journal
Le Monde, qui est cité dans ce texte et intégré des passages de « la charte de la laïcité à l’école ».
Lola Loubet
puis ISIS (Islamic State of Iraq and Syria) en anglais. EI (État islamique) ou IS (Islamic State) sans
référence à un cadre géographique : dénomination utilisée par l’organisation elle-même.
C’est une organisation militaire, politique et terroriste sunnite créée en 2004 en Irak, pour s’opposer
aux Américains qui occupaient alors le pays ; elle s’est
implanté en Syrie à la faveur de la guerre à partir de
2012, et conquiert depuis des territoires. Elle a proclamé en juin 2014 l’instauration d’un califat sur les
territoires qu’elle contrôle. Ce n’est pas à proprement
parler un État (il n’a pas de frontière, n’est pas reconnu
par d’autres États et ne frappe pas de monnaie) mais il
veut le devenir et imposer un islam radical.
Djihad (ou jihad) : Le terme de jihad (effort en arabe)
revêt deux sens. Le premier, qualifié de grand jihad (ou
jihad majeur), recouvre l’ensemble des efforts auxquels doit se soumettre le croyant pour se rapprocher
de Dieu ; le second, dit petit jihad (ou jihad mineur), est
un effort de guerre visant à défendre l’islam en cas de
menace. Il peut s’exercer contre des non-musulmans
en cas d’agression (jihad externe, ou défensif), voire
contre des dirigeants musulmans « impies » (jihad interne, ou offensif). Mais dans tous les cas, il doit être proclamé par une autorité religieuse compétente.
On qualifie aujourd’hui de jihadiste tout groupe ou
individu prônant la violence en se revendiquant de
l’islam – même sans l’aval d’une autorité religieuse
reconnue, une violation caractérisée du dogme. Dans
cette perspective, le jihadisme est avant tout une mouvance politique, qui s’abrite derrière des références
religieuses pour légitimer des objectifs de nature
politique, visant à instaurer une société musulmane
homogène.
Djihadiste : combattant menant une « guerre sainte »
(djihad) contre ceux qu’il considère comme des ennemis de l’islam.
État d’urgence : l’état d’urgence, qui résulte de la
loi n° 55-385 du 3 avril 1955, est applicable « soit en
POPOLYPTIC’
10
- Attentats…–
cas de péril imminent résultant d’atteintes graves
à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère
de calamité publique ». Déclaré par décret pris en
conseil des ministres, il confère aux autorités civiles,
dans l’aire géographique à laquelle il s’applique,
des pouvoirs de police exceptionnels portant sur
la réglementation de la circulation et du séjour
des personnes, sur la fermeture des lieux ouverts
au public et sur la réquisition des armes.
L’état d’urgence est en vigueur sur tout le territoire
français depuis la parution du Décret n°2015-1475
du 14 novembre 2015. La loi du 20 novembre le prolonge pour trois mois.
Sunnisme : principale branche de l’islam, née
ments de la religion (le terme concerne à l’origine le
protestantisme, et pour l’islam a trait à la période des
quatre premiers califes). Synonyme dans l’usage de
« islamiste ».
que l’on se réfère quand on parle d’islam radical djihadiste, c’est-à-dire à la fois fondamentaliste, non
légaliste et violent. Cette mouvance, le takfirisme,
se distingue par son appel aux armes, son idéologie messianique et sa propension à jeter l’anathème
(takfir, en arabe) contre les autres musulmans (idéalisation du retour à un islam pur ; avènement d’un
nouveau califat ; appel perpétuel aux armes ; hostilité aux autres branches de l’islam ; culte du martyr).
Le takfirisme est le nom réel de la version importée
en France du djihadisme.
C. Gaume
Fondamentaliste : qui veut un retour aux fonde-
Islam : terme générique qui englobe tout groupe se
revendiquant de la religion fondée par le prophète
Mahomet. Les analystes recommandent fréquemment de parler des islams : cette religion fédère
en effet près de 1,3 milliard de croyants, dans des
contextes très divers.
Islamiste : se revendiquant de l’islamisme, courant
né au début du xxe siècle au Proche-Orient, visant
à établir un État islamique dans lequel droit, institutions et gouvernement sont régis par la religion
musulmane. Certains islamistes comme ceux qui ont
commis les attentats de Paris veulent imposer ce modèle par la violence.
au moment de la mort du prophète Mahomet
en 632, quand se pose la question du successeur le plus légitime pour diriger les croyants (le
mot « sunna » signifie tradition en arabe).
Les sunnites désignent Abou Bakr (compagnon de
toujours de Mahomet) qui devient le premier calife.
Les sunnites représentent aujourd’hui 85 % des musulmans. Ils considèrent le Coran comme une œuvre
divine : l’imam nommé fait office de guide pour le
croyant. Les sunnites acceptent que les autorités religieuse et politique soient fondues dans une même
personne (ex. au Maroc, le roi Mohamed VI est le
commandeur des croyants).
Takfirisme : c’est à la minorité dans la minorité
Le Popolyptic’ vous propose en ligne une sélection
d’articles pour prolonger la réflexion sur les attentats et leurs conséquences :
http://fr.padlet.com/padplc/popolyptic
Kamikaze/Martyr : à l’origine, le terme « kami-
kaze » désigne le pilote japonais volontaire au suicide
pour s’écraser sur le pont des navires américains
pour les couler en faisant le maximum de victimes, pendant la seconde guerre mondiale.
Un martyr est celui qui meurt, volontairement ou
non, pour sa foi. L’islam interdisant le suicide, les terroristes préfèrent utiliser le terme de martyr.
Salafisme : courant religieux issu du sunnisme qui
prône une pratique rigoriste de la religion musulmane, proche de ses premiers fidèles (le terme salaf
désigne, en arabe, les « ancêtres », en l’occurrence
les premiers compagnons du Prophète).
La plupart des salafistes appartiennent à la branche
quiétiste. Ils sont pacifistes et ne cherchent pas à
changer la loi, même s’ils n’en reconnaissent pas la
légitimité.
POPOLYPTIC’
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Ken Bréchet
- Attentats…–
Liberté Egalité
Fraternité
était sous le choc ; fallait se serrer les coudes ;
On a croisé des policiers dans la rue. Cela faisait
presque peur. Avec leur arme accrochée à la
ceinture, la matraque, l’uniforme. Je suis rentrée
mélancolique, traînant derrière moi ma morosité ;
j’avais tellement envie de pleurer. Ça picote les
yeux ; faut pas céder. J’ai pensé au Petit Prince ;
il faisait nuit et nous marchions, faute d’avoir pu
prendre un bus. Lever les yeux vers le ciel. Pas
beaucoup d’étoiles naturellement. Elles rient
pour l’aviateur ; c’est son cadeau. À la maison, j’ai
insisté pour que maman allume une bougie. Petite
étoile triste tombée du ciel et qui avait décidé de
faire une halte dans ma chambre.
Imagine all the people, living life in peace...
J
e suis assise dans le salon. Ma petite sœur
regarde un feuilleton. Je ne suis pas concentrée.
J’essaie d’écrire. De poser des mots sur ce que je
peux ressentir. C’est compliqué.
Imagine all the people, living for today...*
Papa m’a appris la nouvelle après le match de
foot vendredi soir. Je devais commencer ma rédac’
de français. Pas pu. Complètement irréelle la
rencontre entre Hippolyte et Aricie dans Phèdre
alors que… des gens venaient de se faire tuer, des
gens se faisaient tuer … Ai passé le restant de la
soirée à écouter les informations à la radio. Du
mal à m’en décrocher. Irrépressible envie de
savoir, contre laquelle je ne pouvais pas lutter. On
m’avait plongée dans un monde que je ne pensais
pas connaître, un monde que je ne voulais pas
connaître. Il fallait que je comble le vide avec
des phrases, des mots, des faits, des images.
Je ne parvenais pas à saisir ce qui se passait. Je
me trouvais là, assises sur mon lit, parfaitement
démunie.
Imagine there’s no countries, it isn’t hard to do,
nothing to kill or die for, and no religion too...
Le lendemain on est quand même sorties avec
des amies On n’avait pas le coeur à rigoler. On
Début de semaine compliqué. Je ne voulais pas
me lever. Je ne voulais pas me remettre dans la
peau, le costume de la lycéenne. On commençait à
mettre des visages, des noms, sur des chiffres. On
a fait la minute de silence pendant le contrôle de
maths. Le prof nous a lu quelques mots. J’ai posé
mon crayon de papier sur la table, en essayant
de faire le moins de bruit possible. Je n’osais
décroiser les jambes. Tout mon corps était tendu.
Je me suis souvenue d’une phrase d’une prof de
français qui m’aura marquée. Respectons-nous.
Car l’irrespect engendre le mépris et la haine.
Je me souvenais bien de ces petits mots, de ces
simples petits mots pour une grande valeur. Il
est facile de se taire, plus difficile d’arrêter de
penser. Equation. Problème. Quartile. Médianes.
Statistiques. Une drôle de farandole. Victimes.
Familles. Douleur. Peur.
You may say I’m a dreamer, but I’m not the only
one, I hope some day, you’ll join us and the world
will live as one.
Je flotte. Je suis crevée. Nos vies vont beaucoup
trop vite et nous emportent si loin au large. Je suis
assise dans le salon. Ma petite sœur regarde un
feuilleton. Je ne suis pas concentrée. Un sentiment
particulier me saisit, me transporte, je me sens si
vivante. Un truc, même tellement minuscule ou
ridicule à tenter. Des colombes à laisser s’envoler
au loin. On peut peut-être les guider. Pour que nos
étoiles se mettent à chanter à leur tour. Liberté
Egalité Fraternité. Ces trois mots retentissent,
explosent dans mon esprit non pas comme des
bombes mais comme des feux d’artifices.
POPOLYPTIC’
12
Y.PC.
*John Lennon, Imagine - Les experts –
Livres
D’après une
histoire vraie
Delphine de Vigan
Phobos
Victor Dixen
«Tu sais parfois, je me demande s’il n’y a pas
quelqu’un qui prend possession de toi» (série en cours, deux tomes disponibles)
I
ls sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial.
Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire
et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées.
Ils sont les prétendants du programme Genesis,
l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire,
destinée à créer la première colonie humaine sur
Mars.
Phobos fait clairement partie de mes coups de
cœur littéraires de l’année.
Ce thriller spatial est tout simplement addictif.
L’intrigue est palpitante, tout en rebondissements
inattendus.
C’est le genre de roman où quel que soit le scénario qu’on s’invente, ça ne sera jamais le bon. Victor
Dixen sait nous tenir en haleine de la première à la
dernière page, on n’a pas le temps de s’ennuyer car
bien évidemment le voyage ne va pas se faire sans
soucis...
Complots, faux-semblant, trahisons, révélations,
secrets, dilemmes et autres coups de théâtre sont au
rendez-vous !
La narration est un peu particulière, mais on s’y habitue vite : quatre points de vue internes ou externes
alternent et permettent de suivre l’intrigue à�������
��������
différents niveaux, selon différents personnages.
Ces derniers sont nombreux mais captivants, dans
tous les sens du terme !
On rit, on espère, on rage, on tremble, on vit cette
aventure avec eux.
En bref, les quelques
450 pages de chaque
tome se lisent à toute
vitesse, on n’a aucune
envie de les lâcher.
Ambre
Phobos, T1 et T2,
Robert Laffont, 17,90 €
chaque.
Delphine vient de rencontrer un succès immense
avec un roman autobiographique. Après les salons,
les rencontres, les dédicaces et toute cette agitation,
elle a besoin de faire le vide autour d’elle pour se
remettre à écrire. C’est alors qu’apparaît dans sa vie
L., personnage énigmatique, semblant exactement
savoir ce que Delphine doit écrire...
oici le nouveau roman de Delphine de
Vigan, après Rien ne s’oppose à la nuit (livre
autobiographique autour de la famille de l’auteur
et plus particulièrement de sa mère) et plusieurs
années sans publication. Avec D’après une histoire
vraie, elle a notamment remporté le prix Renaudot.
Un roman qui joue avec les codes du genre et qui
amène le lecteur à s’interroger sur la provenance,
l’essence même du livre qu’il tient entre ses mains,
tellement la frontière entre réalité et fiction est ténue. Un roman qui se demande justement ce
qu’attendent aujourd’hui les lecteurs, ce que
l’écrivain doit produire, avec l’opposition de deux
points de vue complètement différents sur le sujet. Un roman mélangeant habilement réflexion sur
l’écriture et ses vocations, l’amitié et la fusion, ainsi
qu’une manipulation machiavélique. Alors, d’après une histoire vraie ? Y.PC
V
D’après une histoire
vraie, Delphine de
Vigan, Éditions JeanClaude Lattès, 20 €. D’après une histoire
vraie a obtenu le
Goncourt des Lycéens
2015
POPOLYPTIC’
13
- Les experts –
Films
Elser, un héros
ordinaire
Le fils de Saul
dʼOlivier Hirchbiegel
de László Nemes
V
endredi après-midi, youpi !!! Au lieu de deux
heures dʼhistoire-géographie, deux heures de
cinéma ! Donc, toutes les classes arrivent à lʼheure
(sauf certains mais on ne pointe personne du doigt
hein ...).Première surprise : la salle est pleine. Pas une
séance privée donc. Dommage, on aurait bien aimé
pour une fois être des V.I.P…
Le film commence. En allemand. Eh oui, il va falloir
lire les sous-titres (parce que même si cʼest votre cinquième année, eh bien...)
« E
Le fils de Saul, DR
ncore un film sur la Shoah ! »
C’est ce qu’on peut se dire lorsqu’on lit
le synopsis du nouveau film de László Nemes.
Pourtant ce film est complètement différent.
La manière dont il est filmé le rend extrêmement
violent et poétique à la fois.
Avec la caméra à l’épaule les trois quarts du
temps, le réalisateur nous fait suivre les jours
-ou les nuits d’ailleurs, car on perd totalement la
notion du temps- de Saul, déporté appartenant
au Sonderkommando, ce groupe de prisonniers
juifs forcé d’assister les nazis dans leur plan
d’extermination, qui accompagnait les victimes
dans les chambres à gaz puis sortait les corps.
Une grande économie de dialogues mais ces
derniers sont intenses et les scènes souvent aux
trois quarts masquées par le dos de Saul nous
laissent imaginer l’horreur et l’absurdité de ces
moments.
Ce long métrage d’une heure quarante-sept
nous transplante dans ce camp d’extermination
et nous fait ressentir une violence inouïe apaisée
pourtant grâce à la quête effrénée de Saul pour
trouver un rabbin et donner une sépulture à un
enfant.
Lola Loubet
Sortie nationale le 4 novembre 2015
1939, Allemagne. On voit un homme construire et
placer ce qui ressemble quand même beaucoup à une
bombe. Et puis lʼhistoire continue, entrecoupée de
flashbacks qui dessinent la personnalité dʼElser, un
homme banal, sans sympathie politique particulière,
qui décide un jour décide dʼarrêter le Fürher.
Tout seul. Ce que personne ne veut croire.
On ne peut pas expliquer plus que cela le film. Avis
aux amateurs de Fast and Furious, ce nʼest pas un
récit dʼaction, plein de rebondissements mais plutôt
une critique de lʼaveuglement volontaire. Certaines
scènes peuvent choquer (en tout cas moi oui, mais
je suis une vraie fillette donc...) mais on sort marqué
par ce film. Surtout par lʼironie de la fin.
Titre allemand (pour ceux que ça intéresse) : Elser :
Er hätte die Welt verändert
POPOLYPTIC’
14
Le petit paresseux
- Les experts –
Le Labyrinthe 2 :
la Terre Brûlée (le
film)
C
e
film
m’a
extrêmement
déçue
(je
précise
quand même que j’ai
lu la trilogie). Je trouve
que les réalisateurs/
scénaristes & Co ont
juste essayé de faire
un succès commercial,
à
grands
renforts
d’actions,
d’effets
spéciaux sans véritable
apport à l’histoire malgré des décors à couper le
souffle (il faut au moins le reconnaître). L’essence
de l’œuvre de James Dashner a totalement disparu,
par moment on tombe dans le film de zombies à la
World War Z (pourquoi?), des personnages anciens
nous quittent sans que l’on comprenne pourquoi et
les nouveaux apparaissent comme des cheveux sur la
soupe. De plus, la scène finale est totalement niaise,
tellement dégoulinante qu’on s’englue. (Spoils !) :
X : Je vais mettre fin à tout ça, je ne vous demande
pas de me suivre mais il faut que je le fasse. Y : C’est insensé, s’il y avait un tout petit peu d’espoir,
je serais le premier à t’accompagner.
X : Je sais mais je dois essayer, on ne peut pas
continuer comme ça, blablabla… Y (après 2 secondes de réflexion) : Je te suivrai,
qu’importent les conséquences … FIN
En bref, une bande d’ados canons (bah oui quand
même) veulent sauver le monde (et leurs amis), un
classique déjà vu et revu, donc pour l’originalité on
repassera. Cependant, j’ai malgré tout passé un bon
moment, on est tenu en haleine jusqu’au bout et on
s’attache toujours un peu plus aux personnages.
Un film divertissant mais néanmoins un peu décevant
surtout par rapport au premier opus. J’attends
néanmoins la suite avec impatience, espérons juste
que ça finisse en beauté. Et comme je ne veux pas trop
froisser tous les adorateurs des films (je sais je suis
trop gentille), voici un avis bien plus positif :
pourrais pas dire lequel des deux est mon préféré.
J’adore ce film, il est vraiment très bien. La 3D est utile
et les décors sont bien faits. Les acteurs jouent à la
perfection, avec toujours une petite pointe d’humour et
il y a de l’action. Je n’ai pas été déçue, je suis même allée
le voir deux fois au cinéma. Après je n’ai pas lu le livre,
donc je ne peux pas comparer. Mais je vous conseille
d’aller le voir si vous aimez les films fantastiques et les
histoires de mondes ravagés. » M.Cass
Maï. D.
« Qu’on lui coupe la
tête »
I
nspiré de la nouvelle de Washington Irving, Sleepy
Hollow de Tim Burton (1999) relate l’histoire
d’Ichabod Crane, incarné par johnny Depp, inspecteur
new-yorkais névrosé aux techniques scientifiques
aussi innovantes que méprisée, envoyé dans une campagne de Nouvelle –Angleterre pour éclaircir de mystérieuses morts par décapitation. Le coupable désigné
par les villageois est un cavalier allemand « sans tête »,
mort depuis 20 ans.
L’enquête que mène Ichabod, accompagné de Katrina van Tassel (Christina Ricci), fille de l’aubergiste, et
du jeune Masbath (Marc Pickering), fait resurgir une
affreuse machination mais aussi d’inattendus souvenir qu’il aurait préféré oublier.
Ce film grandiose, considéré comme le chef-d’œuvre
de Tim Burton par les uns ou comme un banal film
d’horreur par les autres, est à la fois fantastique, gothique, horrible et poétique. La décapitation hante ce
film aux accents germaniques, et fait osciller le spectateur entre noir et blanc et couleur.
À voir le soir pour le plaisir des frissons !
« Le deuxième film du Labyrinthe est très différent
du premier notamment au niveau de l’intrigue. Je ne
POPOLYPTIC’
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x.
- The end –
Le Popolyptic’
L’équipe de rédation
Clémentine Audebert, Hugo Beaufreton, Ariane Brizard, Clotilde Corcelle, Immany
Czubowski, Kevin Debelle, Maïwen Deflandre, Vinciane D esbois , Victtoria Devy,
Pauline Galmiche, Jeanne Gasnier,Paul Gervaise,Simon Gervaise, Emma Hubert, Alice
Jeanjacques, Gabriel Landelle,Lola Loubet, Fulbert Mandrou, Maël Ravard, Hugo
Richard, Maëlle Roussel,Ambre Seigneur, Ophélie Sordet, Inès Tilin, Elie Toquet,
Malo Toquet, Amélie Vanderberghe, Anna Venon, Marin Chapoutot, Jean-Sébastien Gey,
Brieuc Massicard, Gaspar Minguito
Direction de la rédaction :Agnès Devillard, Isabelle Knor, Caroline Gaume
Maquette : C. Gaume
Imprimerie spéciale
POPOLYPTIC’
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