Cours de Dynamique de la Terre. UNICE. Géologie, licence 1ére année. Exposé: Essai de relation entre les supers continents et les variations du climat et de mise en évidence des mécanismes Pourquoi, comment et conséquences 1 Maj: 21 mars 2009 Introduction Le thème de cet exposé est de montrer que le «cycle long du carbone» est directement lié au cycle de Wilson de ~ 400 millions d’années et qu’il génère une période froide suivie d’une période chaude tous les 200 Ma. •En 1ère partie on examinera comment se sont formés les continents puis le processus de fragmentation / rassemblement qui génère les variations de CO2 dans le cycle long du carbone. • En 2ème partie on examinera la complexité des combinaisons de cycles en faisant une analogie avec une boucle de régulation en automatisme et leurs conséquences telles que les instabilités à travers l’exemple de Rodinia et l’épisode de la glaciation Varangienne. • En 3ème partie on cherchera à valider l’hypothèse par la recherche d’une corrélation entre les derniers supercontinents connus (Rodinia et Pangée) et les variations de climat observées. • En conclusion on montrera que les supercontinents sont des acteurs majeurs dans la variabilité du climat et que, dans cette hypothèse, la Terre va se refroidir lentement pendant 200 millions d’années. On remarquera également que, si l’on parle du climat, la complexité des facteurs est telle que la modestie s’impose et que, par ailleurs, il est impératif de préciser l’échelle de temps dont on parle. 2 Les acteurs principaux du climat - le soleil (forçage externe) - la chaleur interne (dynamique interne de la Terre) - la gravité et la densité (tectonique des plaques) ----------------------------------- le cycle de fragmentation / rassemblement des masses continentales - le cycle long du carbone - les plaques et les continents - les océans - l’atmosphère - l’astronomie - etc ------------------------ le CO2 et le climat résultant 3 1ère partie : Processus de rassemblement et de fragmentation des supercontinents et le cycle long du carbone 4 Interactions entre le cycle de Wilson et le cycle long du carbone • Le cycle de Wilson rassemble périodiquement toutes les terres émergées en un super continent et le fragmente ensuite avec une périodicité de 400 millions d’années. • En phase de fragmentation des continents une intense activité volcanique rejette dans l’atmosphère le CO2 prisonnier du manteau et par effet de serre fait augmenter la température moyenne de la planète. • En phase de regroupement des continents, une très forte sédimentation due à l’érosion intense des montagnes jeunes, combinée à d’autres cycles (biologiques) forment un puits de carbone avec diminution de l’effet de serre et refroidissement de la planète. 5 Le cycle long du carbone CO2 atmosphérique effet de serre Carbone de matière organique dans les sédiments Enfouissement des sédiments par subduction Carbonates dans les sédiments par érosion et altération des silicates Retour du CO2 dans l’atmosphère par le volcanisme Enfouissement des sédiments par subduction CO2 du manteau La durée de ce cycle est de 400 Ma. On va montrer que ce cycle dépend directement du cycle de Wilson, et donc, des supercontinents. Ces effets sont visibles sur la courbe GEOCARB 2 de Brener. La variation du taux de CO2 est considérable allant jusqu’à 20 fois le taux actuel avec des excursions de température de 10 à 20°. Les variations de CO2 ne dépendent pas seulement du cycle long. D’après planet-terre.ens-Lyon. 6 Création des plaques et des continents milieu froid Croûte océanique basaltique paroi enfouissement CO2 hydratation milieu chaud Formation de magma acide Fig 1 fracture Fig 2 Naissance de la croûte et des plaques Avant l’Archéen la Terre est plus chaude qu’actuellement. La croûte se forme par différenciation de densité et produit des roches mafiques (mg + fe). Toute la croûte est basaltique. Dynamique On a un milieu froid et un milieu chaud séparés par une paroi (fig 1). Le milieu chaud a une source de chaleur interne. C’est un milieu fermé qui va chercher à échanger avec le milieu externe ouvert (gradient de température). Cela engendre de part et d’autre des courants d’équilibrage des températures. En interne ce sont des mouvements de convection dans l’asthénosphère. Les plaques Ces courants frottent sur la paroi et par effet mécanique + fusion la brisent et délimitent des zones : les plaques. Fig 3 Naissance des continents Le processus de formation des roches continentales débute à l’Archéen. A la convergence, la croûte océanique hydratée subduque. La courbe du solidus basaltique hydratée coupe le géotherme et elle fond. La subduction entraîne des sédiments porteurs de CO2. Du fait du déplacement du géotherme (plus froid), les minéraux sont créés dans un faciès différent de celui d’avant l’Archéen et la fusion libère un magma plus acide, donc plus léger qui remonte. En se refroidissant il s’agglomère et forme les roches de type andésite (famille des komatiites),principal constituant de la croûte continentale. Le processus de formation des continents est complété par l’effet mécanique des orogenèses dues 7 aux collisions de plaques. Il y a 500 Ma la masse continentale est constituée. 1er processus 2ème processus Formation d’un supercontinent Démantèlement du supercontinent collision Émission de CO2 soulèvement Dissipation de chaleur agglomération Fig 1 Subduction de la plaque Le continent A se déplace avec une plaque et vient percuter un autre continent B. Les continents A et B, de densité plus faible que la plaque, restent en surface pendant que la plaque subduque. Suite à la collision, les continents A et B s’agglomèrent et finissent par former un ensemble : un supercontinent AB (fig 1). Exemple actuel d’agglomération: l’ Inde et la formation de la chaîne himalayenne. Ecran: Accumulation de chaleur Rétention de CO2 fractures Le super continent AB fait écran thermique et écran pour le CO2. La conductibilité à travers le continent étant inférieure à celle des océans, il y a accumulation de chaleur à la partie inférieure (estimation : + 50° dans le manteau pour les 100 Ma d’existence de la Pangée). Cette accumulation de chaleur déséquilibre les échanges d’énergie accumulation de chaleur + frottement des cellules de convection et déplacement à la surface du globe par effet mécanique. La masse continentale s’échauffe, la densité diminue, elle se soulève, se fragilise et se brise en morceaux : c’est le démantèlement. Les fractures forment des rifts continentaux dans lesquels se mettra en place une activité volcanique permettant la dissipation de chaleur interne et le retour du CO2 gazeux. Dans le Pacifique on observe actuellement un déplacement moyen des plaques de 10 cm par an, soit 1000 km en 10 Ma, ou 400 Ma pour parcourir une distance équivalente au tour de la Terre. les probabilités de collision sont donc considérables. Les plaques océaniques subduquent et sont constamment recyclées. Les continents ne sont pas recyclés et se répartissent sans cesse de façon différente à la surface du globe. Ils sont l’élément stable de la croûte terrestre. 8 Cycle de Wilson : rassemblement – démembrement et chronologie - 800 Ma rassemblement supercontinent Rodinia de 100 à 300 Ma démembrement 500 Ma Sibéria,Baltica,Laurentia, Gondwana,etc - 200 Ma rassemblement supercontinent Pangée Historique des supers continents protérozoïque permien 9 Un processus qui continue actuellement: le démembrement Exemple du rift continental Est Africain 1 Le rift débute sur un point de fragilité : la région de l’Afar. Cette région se trouve à la limite de 3 plaques : la plaque africaine, la plaque indoaustralienne et la plaque arabique. 3 2 Cette région constitue une zone d’activité volcanique majeure. On note les éléments caractérisant un rift en formation : - un mouvement d’extension - des volcans qui dissipent de la chaleur et du CO2 comme le Kilimandjaro ou le Mont Kenya Zone de volcanisme intense - un fossé d’effondrement de 6000 km de longueur sur 50 km de largeur avec de grands lacs Erta Ale, Dallol etc - un début d’océanisation. Kilimandjaro Ol Doinyo Lengaï Mt Kenya etc 15 mm/an La divergence est de 15mm à la partie Nord et nulle à l’extrémité Sud comme si le bloc pivotait autour d’un point. Le rift a commencé à s’ouvrir au Miocène, il y a environ 15 Ma, comme en témoignent les sédiments continentaux accumulés dans la zone des lacs. On peut imaginer que dans quelques années la partie orientale de l’Afrique deviendra une île. 10 Un processus qui continue : remembrement 11 2ème partie : Combinaisons de cycles influant sur la variabilité du climat Exemple de Rodinia et de la planète boule de glace 12 Variations climatiques Influence paléogéographique Reconstitution paléogéographique au Silurien équateur pôle sud Position des continents par rapport aux pôles et à l’équateur. Cela impacte les grands changements climatiques : le positionnement des continents modifie les conditions d’ensoleillement : – conditions albédo au niveau équateur : glace de mer à partir de 30° de latitude impact très important (exemple : épisode boule de glace de Rodinia). Exemple local au Carbonifère l’Europe était sous les tropiques. Le fossé d’effondrement du Reyran (Esterel) était soumis à un climat tropical que l’on peut retrouver à la mine de charbon de Bonson juste à l’aval du barrage de Malpasset. 13 Influence sur le climat Influence structurelle Gulf Stream Modification conditions ensoleillement (albédo) suite à la position du continent / équateur ou pôles ? Influence de la morphologie sur le climat - les collisions forment des chaînes de montagnes qui modifient les circulations atmosphériques (pluies, sécheresse) - la distribution spatiale des obstacles terrestres et océaniques est variable : circulations océaniques et atmosphériques. obstacles modifications des Exemple : les blocs Amérique et Afrique forment une barrière qui permet l’établissement d’une gyre anticyclonique création du Gulf Stream. Si pas d’Amérique pas de Gulf Stream. Cas du super continent - grandes surfaces arides par « effet continental » - la surface des océans augmente régulation thermique plus grande - présence ou non de masses continentales aux pôles ou à l’équateur : rôle considérable dans la régulation climatique - etc 14 Exemple de mécanisme d’interaction sur le climat par fragmentation d’un supercontinent Episode de fragmentation de Rodinia et glaciation «Terre boule de glace» 700 Ma : Rodinia Centré sur l’équateur ( 60° N et Sud ) Fragmentation de Rodinia augmentation des sources d’humidité L’érosion du basalte consomme 8 fois plus de CO2 qu’une surface granitique. Érosion importante des silicates : absorption du CO2 augmentation du volcanisme interaction Augmentation du volcanisme émission de CO2 Actions rétroactions Consommation de carbone pour la formation de carbonates sédimentaires : puits de CO2 Franchissement du seuil critique de stabilité : si glace de mer à 30° latitude instabilité du climat (d’après GEOCLIM, CNRS) Constantes de temps : les rétroactions n’ ont pas le temps d’agir Chute brutale du CO2 atmosphérique disparition effet de serre Valeur actuelle : 300 ppm De -610 à -580 Ma : refroidissement important (- 50°) glaciation «boule de glace» (glaciation Varangienne) Exemple ponctuel où l’interaction absorption – émission de CO2 a été dominée par l’absorption en raison de l’érosion importante initiée par un ruissellement important (pluies abondantes genre mousson) dû à la position de RODINIA sous l’équateur Le cycle du CO2 dépend de la tectonique des plaques. 15 Courbe GEOCARB : relations entre teneur CO2 et température 16 Complexité des cycles : actions, rétroactions et combinaisons. Importance de la tectonique Cycle N cycle long CO2 Cycle N- ? Pour chaque cycle:action rétroactions + ou - Tectonique humidité érosion captage CO2 Subduction Émission CO2 par volcanisme Extrême complexité Cycle N+1 géographique Cycle N+2 cycle court CO2 Tectonique Position géographique: impact sur l’ensoleillement Biochimique captage et émission de CO2 par les bactéries Cycle N+ 3 Astronomique Cycle N + 4 Milankovitch Astronomique Variation du bilan énergétique Etc Variations de l’activité solaire Combinaison des cycles entre eux + Climat à une époque donnée Le climat à une époque donnée est la résultante de la combinaison de l’ensemble des cycles 17 Composantes de cycles et instabilités Le climat à un moment donné est le résultat de la somme algébrique de toutes les interactions entre les cycles. Il conviendra donc de bien différencier : - Les cycles principaux, autonomes et non influençables. Ex : le cycle long du carbone dû à la tectonique des plaques, les cycles de Milankovitch suite aux cycles astronomiques, la variabilité de l’activité solaire, etc. Ils sont les fondamentaux de la variation du climat. -Les cycles contingents, influencés directement ou indirectement par les combinaisons de cycles. Leurs effets peuvent se cumuler ou s’annuler, la résultante être forte ou négligeable. Ex : Soit la chaîne simple suivante : supposons que l’effet de serre augmente augmentation de la température de la mer développement des coraux qui absorbent le CO2 diminution de l’effet de serre. Le résultat dépendra principalement de la vitesse de variation de l’effet de serre initial, de la vitesse d’absorption du CO2 par les coraux, du temps nécessaire au corail pour fixer le CO2, de la quantité de corail existant, etc . Pour illustrer cette complexité, on pourrait ajouter que la quantité de corail dépend de la surface des mers tropicales qui elle-même dépend de la tectonique, etc etc. - Les instabilités, qui sont statistiquement la résultante de la combinaison de différents 18 paramètres dans la boucle de régulation globale. Instabilité Une instabilité apparaît si un phénomène s’auto-alimente sans contre réaction. Ex : la glace de mer s’installe sur les pôles, jusqu’aux tropiques à partir d’un moment l’albédo augmente de + en + suite à la variation de l’incidence des rayons du soleil. Si l’albédo augmente, l’effet de serre diminue et la planète se refroidit. Et plus elle se refroidit, plus la glace avance vers l’équateur et plus l’albédo augmente et plus il fait froid et ainsi de suite. Dans ce cas c’est une spirale divergente plus rapide que les contre réactions existantes, qui ne s’arrêtera que lorsque l’effet s’annulera de lui-même (ex : de la glace sur toute la planète) et/ou un autre cycle aura le temps de produire un effet (fragmentation et CO2 des volcans). Une instabilité est vue comme un régime transitoire car il y a toujours retour à l’équilibre. Actuellement le gradient d’évolution du carbone est le plus grand jamais observé. Que va-t-il se passer ? L’effet de serre va-t-il s’emballer ou bien une contre réaction va-t-elle se manifester pour ramener le système à un point d’équilibre ? Ou bien va-t-on à court terme vers un épisode planète brûlante (ce qui est déjà arrivé) ?. 19 Boucle de régulation Exemple d’une boucle Soit l’effet suivant : la variation du taux de CO2 fait varier la température de la planète (effet de serre). 1 2 Le lien entre taux de CO2 et variation de température s’appelle une fonction de transfert représentée par «T» dans le schéma. 3 Une boucle de régulation formalise les effets d’un phénomène. On peut schématiser différents cas de fonctionnement par les exemples suivants : Cas n° 1 : le taux de CO2 augmente, la température aussi mais avec un retard : c’est le cas normal. Cas n° 2 : le taux de CO2 augmente, mais la température est en avance : c’est un déphasage. Ex : à un endroit donné la température de l’eau de mer augmente toujours un peu avant la variation de CO2. En fait cela provient du fait que la variation mesurée du CO2 a été retardée par un autre phénomène à identifier. Cas n° 3 : le taux de CO2 varie normalement mais, à un instant donné, on a un fort dépassement et un retour à l’équilibre après un temps court : c’est un régime transitoire. Ex : pendant une phase de réchauffement de la planète, on a une glaciation par Milankovitch (cas inverse du croquis). Ce genre de phénomène se représente par une boucle de régulation. En «entrée» à gauche on a l’effet initiateur (la variation de CO2), ensuite une fonction de transfert T qui transforme la variation de CO2 en effet de serre et en effet de sortie on aura la variation de température. La boucle de retour C est importante. Si la température n’agit pas sur le CO2 on a un effet stable. Si la température ajoute du CO2, l’effet de sortie est augmenté : la température augmente plus vite. Si la température diminue le CO2, l’effet de sortie est freiné : la température augmente moins vite. On a représenté une boucle élémentaire. On peut les combiner à l’infini pour représenter un phénomène global. La variation de la température de la planète suite au cycle de Wilson peut se représenter de cette façon mais de manière complexe. Dans ce cas la variation du CO2 provient du volcanisme suite à la fragmentation des continents. A: Taux de CO2 + - T B: T° de la planète C: boucle de retour T effet augmenté effet stable effet de diminution 20 Observations sur l’analyse du climat Définition des fondamentaux du climat, en particulier : - un forçage externe : émission d’énergie par le Soleil et distribution sur la Terre, - un forçage interne géologique : paramètres radiatifs, albédo, énergie tellurique, puits de CO2, volcanisme, altération chimique des roches et émission de CO2, tectonique des plaques des supercontinents avec le cycle long du CO2, etc - un forçage interne géographique : positionnement géographique des continents, géométrie des continents, etc Il y a un grand nombre de cycles de nature, d’intensité et de réactivité différentes dont les combinaisons sont multiples et difficilement identifiables. Extrême complexité Les forçages, rétroactions et combinaisons doivent être analysés avec leurs paramètres propres : intensité, signe algébrique, périodicité, constante de temps, etc. Des évolutions fortes peuvent amener des instabilités du climat non corrigeables en temps réel par les rétroactivités : il y a divergence et instabilité. Exemples : - planète de glace de Rodinia (événement avéré) - très fort gradient actuel d’évolution du CO2 (risque redouté). Il est très important dans l’analyse des climats à une époque donnée de bien prendre en compte la durée de la période considérée par rapport au cycle principal sous peine d’erreurs grossières par interférence d’actions des cycles entre eux. Le climat sur une courte période n’est pas représentatif d’une évolution globale. Difficulté majeure : savoir de quel climat on parle et à quelle échelle de temps. Prudence et modestie s’imposent. 21 3ème partie Essai de corrélation entre le cycle de Wilson et les observations climatiques 22 A. Éléments factuels connus à relier avec la tectonique des supercontinents Rodinia Date : 800 Ma Pangée Date : 300 Ma Rassemblement et fragmentation de Rodinia et de Pangée Grands épisodes volcaniques (trapps) Existe-t–il un lien entre les événements A et B ? B. Constat de l’évolution du climat (CO2) pendant cette période Évolution de la teneur en CO2 et de la température depuis le Cambrien 23 Éléments factuels entre les supercontinents et le climat Rétroaction igloo par H2O serre serre igloo serre igloo T° Courbes Géocarb Émission CO2 Rétention CO2 Absorption bio Niveau actuel CO2 = 340 ppm. Épisode volcanique CAMP CO2 courbe Géocarb II Rodinia « boule de glace » CO2 = 250 ppm (géoclim) Rodinia Pré cambrien Pangée Paléozoïque Émission CO2 Fragmentation de Pangée Rétention CO2 Absorption sédimentaire. Mésozoïque Note : les incertitudes affectant les dates des événements et la marge d’erreur dans les courbes CO2 et température doivent être prises en compte. 24 Essai de corrélation entre les supercontinents et le climat On connaît : - la chronologie de la fragmentation de Rodinia et de Pangée - l’évolution de la teneur en CO2 et donc de la température pendant cette période par la courbe GEOCARB - la date d’événements volcaniques majeurs : CAMP (Central Atlantique Magmatique Province) correspondant à la fragmentation du bloc Afrique – Amérique (épisode considérable) et aussi la date du trapp de Sibérie qui lui est antérieure. On peut donc vérifier si les événements coïncident. Sur le diagramme on constate que : - la fragmentation de Rodinia correspond à la 1ére augmentation de CO2 (réchauffement - la fragmentation de Pangée correspond à la 2ème augmentation de CO2 (idem) - les épisodes de CAMP et Sibérie correspondent à la fragmentation de Pangée - les épisodes de rassemblement correspondent approximativement à la chute de CO2. Ce qui semble valider l’hypothèse de l’existence d’un lien entre la fragmentation d’un supercontinent et le climat. Il faut noter qu’il existe des incertitudes importantes sur les dates et lier les températures, le CO2 et la tectonique des plaques induit nécessairement des écarts. Par ailleurs il faut tenir compte de la position géographique des continents qui modifie les effets de manière importante. Le modèle GEOCLIM déjà évoqué est fondé sur ce fait. Par exemple le ruissellement et donc l’érosion seront plus importants si le supercontinent est en zone tropicale (exemple actuel : érosion de l’Everest). La chute rapide du CO2 peut être reliée à d’autres événements : - après Rodinia : le développement des bactéries, productrices de O2, et des stromatolites, grandes consommatrices de CO2, ce qui peut expliquer la chute du CO2. - après Pangée : une sédimentation importante, grande consommatrice de CO2. Une rétroaction secondaire existe entre les périodes «igloo» et «serre» par H2O (humidité de l’atmosphère). En période «serre» il y a plus d’humidité, donc davantage de dissolution chimique, donc plus de captage de CO2 et diminution de l’effet de serre alors que H2O participe à l’effet de serre. En période «igloo» le phénomène est inverse et provoque une augmentation de l’effet de serre. C’est une rétroaction négative mais d’un ordre inférieur au phénomène principal du volcanisme. Tous ces phénomènes doivent être pris en compte dans l’interaction des cycles, ce qui justifie le terme employé : extrême complexité. 25 CONCLUSIONS Le climat de la Terre à un moment donné est la résultante de la combinaison d’un grand nombre de cycles différents et de leurs actions et rétroactions. Ce fonctionnement est directement assimilable à la boucle de régulation d’un processus industriel. Si la corrélation est exacte, alors on aura montré que les grandes tendances endogènes du climat de la Terre dépendent directement du rassemblement et de la fragmentation des supercontinents (cycle de Wilson) par l’intermédiaire du cycle long du carbone. Actuellement on est en fin de fragmentation de la Pangée (corne de l’Afrique) et au début du rassemblement (Inde) du futur supercontinent. Par conséquent, le niveau de CO2 va progressivement baisser et le climat de la Terre va se refroidir pendant 200 millions d’années avant de recommencer à se réchauffer pendant 200 Ma. Cela montre que le cycle de Wilson est l’acteur principal du climat car, sur la durée d’un cycle, il supplante par ses effets tous les autres cycles, principaux ou contingents (cf courbe de Brener). Mais si, par exemple,le gradient du CO2 observé actuellement est suffisamment important et continue de croître sans contre réaction puissante, alors il pourra provoquer une déstabilisation forte avec des conséquences imprévisibles dans un temps très court. Mais ce sera en régime transitoire. Quand on parle du climat ne jamais oublier les échelles de temps (immédiat,géologique, etc). Réflexion L’extrême complexité de la dynamique du climat impose d’appréhender le problème par ses aspects généraux, avec une méthodologie rigoureuse (c’est ce que j’ai essayé de faire), sous peine d’affirmer des âneries (et j’espère qu’il n’ y en a pas trop). Information Des équipes du CNRS et du CEA viennent de proposer (mars 2008) le modèle GEOCLIM qui permet de coupler l’évolution du cycle du carbone, du climat et la position des continents. 26 GEOCLIM permet d’expliquer la glaciation «boule de glace» de Rodinia. Références externes de la Fac de Nice Genèse et origine de la croûte Continentale : http://christian.nicollet.free.fr/page/enseignement/LicenceSN/crouteCont.html CO2 atmosphérique et température : http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/DB/planetterre/metadata/ Cycles biogéochimiques : perspective historique Planète « boule de neige » CNRS Presse Géoclim http://www2.cnrs.fr/presse/communique/443.htm Université de Laval http://www.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/S4 27