Comité sénatorial permanent des pêches et des océans Étude du déclin des remontées de saumon atlantique sauvage dans le Canada atlantique et au Québec Réunion du 19 avril 2016 Témoin : Greg Roach, président du Comité consultatif ministériel sur le saumon atlantique Résumé des travaux du Comité consultatif ministériel La ministre Shea a annoncé la création du comité en décembre 2014. - - - - Le saumon sauvage constitue une ressource très importante pour les régions rurales du Canada atlantique et du Québec : o Premières Nations, pêcheurs sportifs, emplois/activités économiques Le déclin des populations de saumon sauvage est source d’inquiétude depuis des décennies : o Surpêche, habitat détérioré (construction de barrages sur les rivières), utilisation des terres, pluies acides Des mesures énergiques ont déjà été prises par le passé : o Restrictions précoces de la pêche en rivière, fermeture de la pêche commerciale, restrictions accrues sur la pêche récréative Le déclin continue et 2014 a été la pire année qu’on n’ait jamais connue pour bien des rivières. Composition du comité : président, vice-président et neuf membres de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard et du Québec. Un processus de consultation a été établi : - - - Des réunions ont été tenues à Halifax, Moncton, Saint John’s et Québec. Dans chaque ville, des réunions ont été organisées avec les scientifiques du gouvernement et des chercheurs travaillant dans le milieu universitaire ou le secteur privé. Des réunions de consultation ont également été organisées avec les Premières Nations/associations autochtones, associations de pêcheurs, organisme de conservation et associations communautaires/de protection des rivières. Des mémoires ont été soumis lors des réunions et en ligne. La participation a été très bonne (± 80 présentations orales + scientifiques/techniques + mémoires). Mandat : Le Comité avait pour mandat d’examiner différents sujets liés à la santé des populations de saumon sauvage. Son mandat portait notamment sur : - - - - - - la conservation, qui était le principal sujet d’intérêt du Comité. Étaient incluses, dans le vaste volet de la conservation, l’amélioration de l’habitat, la mortalité par la pêche, la mise en valeur des stocks et l’aquaculture. Certains sujets émergeant, comme le réchauffement climatique et la survie en mer, ont été abordés dans le volet consacré à la recherche scientifique; l’application de la loi : le respect de la loi est essentiel au succès de tout plan de gestion, de toute utilisation des terres et de toute initiative de conservation. La pêche illégale du saumon est en déclin dans certaines régions, mais les intervenants ont indiqué que le braconnage demeure un problème majeur dans d’autres régions. Le Comité s’est concentré sur les stratégies visant à mieux informer et dissuader; la prédation : le Comité s’est intéressé au changement qu’ont connu la combinaison d’espèces et l’abondance de prédateurs dans les rivières et les estuaires. Posent plus particulièrement problème : les phoques, le bar rayé, les oiseaux de mer et l’achigan à petite bouche; la recherche scientifique : le Comité s’est penché sur les lacunes en matière de connaissances scientifiques et sur la façon de les combler, de même que sur les nouvelles technologies et les développements scientifiques qui pourraient nous aider à mieux comprendre les différentes phases du cycle de vie du saumon. L’accent a été mis sur l’évaluation des stocks, la collecte de données, les partenariats scientifiques, le suivi des océans, la qualité de l’eau et les interactions avec l’aquaculture; la pêche internationale : si peu de choses peuvent être entreprises pour réduire la mortalité naturelle en pleine mer, le Canada peut collaborer avec ses partenaires internationaux afin de réduire cette mortalité. La pêche au large du Groenland et de Saint-Pierre-et-Miquelon constitue la principale source de préoccupations; d’autres sujets : le Comité a entendu un certain nombre de préoccupations et de recommandations qui ne cadraient pas vraiment avec les différents volets précédents, et c’est pourquoi un volet « Autres » a été créé afin de les réunir. Recommandations Le rapport comporte 61 recommandations sur lesquelles le Comité est parvenu à un consensus. De plus, le Comité a formulé, durant ses travaux, un certain nombre de recommandations provisoires. Les recommandations se répartissent de la même façon que les sujets de l’étude. On soulignera notamment, pour ce qui est : - - - - - - de la conservation : de nouveaux investissements dans l’amélioration de l’habitat, des partenariats stratégiques afin de tirer parti des fonds disponibles (optimisation), l’amélioration de la qualité de l’eau pour atténuer l’effet des pluies acides, la collaboration avec les provinces et l’industrie en matière d’utilisation des terres/eaux, l’adoption d’une approche scientifique des niveaux de pêche récréative, la gestion/élimination des pêches au saumon sauvage au filet non autochtones en rivière et en mer, la collaboration avec les partenaires autochtones/des Premières Nations afin de limiter les répercussions des pêches alimentaires, sociales et rituelles sur les stocks, un cadre stratégique d’amélioration des stocks et une collaboration intergouvernementale sur le contrôle de l’aquaculture en parcs marins; de l’application de la loi : l’augmentation de la capacité d’application de la loi; le renforcement des réseaux et des partenariats en matière d’application de la loi; l’utilisation de nouvelles technologies, ainsi que l’extension des programmes éducatifs ciblant les braconniers, les consommateurs et le grand public; de la prédation : le développement de la chasse au phoque et la recherche sur l’impact des phoques, l’extension des programmes de recherche sur le bar rayé et l’accroissement de la pêche de ce dernier, l’extension des recherches sur les répercussions des populations d’oiseaux de mer sur le saumon et le contrôle des populations d’achigan à petite bouche; de la recherche scientifique : l’amélioration de l’évaluation des stocks dans les rivières (augmentation des lieux de dénombrement et révision des techniques d’évaluation afin d’établir les meilleures et les moins coûteuses façons de procéder au dénombrement et à l’interprétation des données), la poursuite d’un développement d’une approche de précaution, la collaboration du MPO avec les multiples partenaires afin d’améliorer la collecte et le partage des données, le renforcement de la collaboration scientifique, l’établissement de liens avec des programmes scientifiques tels que celui de suivi des océans, la facilitation et l’extension des programmes de collecte de données sur la qualité de l’eau et les variations de température dans les rivières et l’établissement de partenariats avec les provinces et l’industrie afin d’entreprendre des recherches sur les répercussions de l’aquaculture sur les ressources en saumon sauvage; de la pêche internationale : la collaboration avec les partenaires internationaux afin de gérer efficacement les pêches qui ciblent les poissons d’origine canadienne et d’éliminer en partie la pêche d’interception; des autres sujets : un certain nombre de recommandations ont été formulées en matière de sensibilisation du public, de processus gouvernementaux et de révision des politiques et processus existants, et tout particulièrement de la Politique du saumon atlantique sauvage du MPO. De nombreuses recommandations peuvent être mises en œuvre au moyen de ressources, d’outils réglementaires ou de partenariats existants. Le MPO n’a pas à assumer seul la mise en œuvre de toutes ces recommandations. Nombreux sont les bénévoles passionnés de saumon, qui travaillent sans relâche à l’amélioration de l’habitat ou en tant que partenaires dans des projets, et qui ne seraient que trop heureux de contribuer à leur mise en œuvre si l’occasion leur est offerte. Des partenaires scientifiques peuvent également contribuer au volet scientifique et, dans de nombreux cas, se charger de la mise en œuvre des recommandations. De même, certains partenaires peuvent collaborer en matière d’application de la loi. Les gouvernements doivent tirer parti des ressources disponibles, ainsi que des bénévoles et des partenaires, pour s’assurer de la mise en œuvre de ces recommandations. En résumé : - - - - Le saumon sauvage est une ressource importante pour l’Est du Canada. De nouveaux investissements doivent être faits pour répondre aux besoins en matière de ressources et d’habitat. Le Comité propose la création d’un « Fonds de recherche et d’innovation sur le saumon atlantique sauvage » pour financer les projets, dont ceux figurant dans les recommandations, devant être entrepris sur le saumon. Ce fonds servirait à appuyer les projets scientifiques, d’amélioration de l’habitat ou autre. Il permettrait de tirer le meilleur parti (optimisation) des partenaires et des bénévoles tout en les appuyant. Le Comité recommande, afin de coordonner les projets et de favoriser les partenariats, la création d’un « Groupe de recherche et de développement scientifiques sur le saumon atlantique ». Le fonds devrait être établi pour une période définie, de 10 ans selon le Comité. Le fonds pourrait être administré par un groupe des partenaires indépendants.