L'adulte de Tropidacris colla ris est d'une couleur 'I1zimétique verte. Essentiellement arboricole, il consomme aussi des gra m.inées et provoque parf ois des dégâts dans les cultures comme ici sur le mais. (Cliché R. Coutin - OPIE) L'élevage du Criquet géant àailes Neues niveau de l'oot{1èque car la maturation des œufs est assez longue et peut être contr.ariée par des maladies. Certains éleveurs constatent parfois une mortalité importante (40 à 80%) lors des premiers stades du développement. C'est pour cela qu'il est bon de fractionner le stock d'individus dans différentes enceintes afin d'éviter la contamination de tout l'élevage (épizootie). Dans tous les cas, et palticulièrement pour un élevage de masse, il est conseillé de ne pas réunir trop d'individus sous peine de voir rapidement augmenter la mOltalité. Celtains éleveurs préconisent d'utiliser le chèvrefeuille pour alimenter les jeunes aux trois premiers stades (c'est d'ailleurs avec cette plante qu'ils ont été acclimatés dans les élevages français en 1990). Cependant Tropidacris collaris est extrêmement polyphage dès sa naissance et peut même avoir une in1poltance économique dans différents pays en ravageant notamment les plantes cultivées : Tropidacris collaris (Stol!, 1813) par Emmanuel Delfosse et Arnaud Delapré Fiche d'identité : Ordre : Orthoptera Sous-ordre : Caelifera Super-famille: Acridoidea Famille: Romaleidae Sous-famille: Romaleinae Genre: Tropidacris Scudder, 1869 Espèce: collaris (Stoll, 1813) Nom commun: Criquet géant à ailes bleues Une large répartition en Amérique du Sud Tropidacris collaris a été observé dans tous les pays d'Amérique latine, à l'exception de l'Équateur et de l'Uruguay. Il est très souvent présent dans les observations des entomologistes français qui reviennent de Guyane et c'est d'ailleurs de cette région que proviennent la plupart des élevages effectués en France. Un élevage assez facile si l'on respecte quelques indications Il est recommandé d'apporter régulièrement des individus d'autres origines dans l'élevage afin d'éviter un affaiblissement génétique qui semble particulièrement rapide chez cette espèce. C'est un criquet robuste qui résiste assez bien aux manques de nouniture, de chaleur ou d'humidité et qui Suppolte tout aussi bien les fOltes températures et les excès d'humidité. Il est par contre assez sensible aux germes entomopathogènes. Ainsi, la plincipale difficulté réside au Apocynaceae, Anacardiaceae, Rhamnaceae, Leguminosae, Palmae, Canne à sucre, Maïs, Riz et autres, Euphorbiaceae, Aurantiaceae, Simaruba cea e, Lauraceae, Caricaceae, Melastomaceae ... L'élevage complet peut être effectué sans difficultés sur ronces, mûrier (MalUS), Chèvrefeuille, noisetier et rosier. L'installation des animaux Un terrarium de 75 cm de haut et 40 x 50 cm est suffisant pour une quinzaine d'adultes. Lors des stades 1 et 2, ils pourront être 30 ou 40 dans ce même bac. Très fragiles lors de leur plus jeune âge, Quelques mots de taxonomie Les principales synonymies de Tropidacris col/aris (Stail, 1813) : Gryl/us Locusta co/Laris Stol!, 1813 ; Tropidacris col/mis Kirby, 1910 ; Eutropidacris collaris Liebermann, 1939 ; Gryllus Locusta cristatus Linné, 1764 ; Acrydium cristatum Olivier, 1791 ; Acridium cristatum Serville, 1831 ; Locusta cristata Duncan, 1840 ; Tropidacris cristata Scudder, 1869 ; Eutropidacris cristata Hebard, 1923 ; Glyllus carinatus Thunberg, 1815 ; Glyl/US rugosus Thunberg, 1824 ; Tropidacris grandis Bandar, 1922 ; Eutropidacris grandis Robbs, 1950... I NS ECT ES 17 De magnifiques couleurs durant les premiers stades 36 10 Valeurs en JOL/.rs Durée moyenne du développement juvénile de Tropidacris collaris il convient d'éviter de les manipuler. Ainsi, plusieurs faces grillagées et de nombreux supports sont indispensables pour que les insectes puissent se reposer ou muer sans être dérangés. Le sol est couvert préférentiellement d'une couche de deux centimètres de terreau ou de tourbe, mais une feuille de papier essuie-tout convient tout à fait et facilite le nettoyage régulier de l'enceinte. Au-dessus et sur un côté du bac d'élevage, on peut installer des lampes chauffantes de 100 W dotées éventuellement de réflecteurs de façon à obtenir une température comprise entre 23 et 30°C (généralement 26°c). La photopériode souhaitable est de 14 heures d'éclairage en été et de 10 à 12 heures en hiver. L'hygrométrie ne devra pas être trop élevée pour limiter les risques d'épizooties environ 60 % d'humidité relative. La femelle produit des oothèques très dures, de couleur man'on, mesurant près de 5 cm. D'apparence spongieuse, elles sont souvent en forme de poire, se confondant parfaitement avec le substrat dans lequel elles sont déposées. Le pondoir, régulièrement remplacé, est constitué par un large récipient de 15 cm de hauteur rempli de tel1'eau humide ou d'un mélange de sable et de tourbe. Il est nécessaire de le remplacer souvent afin de favoriser les pontes. Une femelle fabriquera 2 à 6 oothèques durant sa vie. Les éclosions interviennent généralement après 6 à 9 mois d'incubation à 23°-30° C et plus rarement 1 ou 2 ans ! Le taux d'éclosion approche les 100 % et 20 à 60 jeunes (voire plus) sOltent de chaque oothèque. Tropidacris collaris passe par 5 ou 6 stades juvéniles avant d'atteindre l'état adulte, Les jeunes sont d'abord presque entièrement noirs ou bruns avec quelques taches rouge vif, puis, en grandissant, davantage de rouge apparaît ainsi que du jaune au stade 4 (jaune citron, parfois presque blanc ou au contraire parfois un peu plus foncé). Au De multiples moyens de défense Tropidacris collaris est un Criquet calme qui a tendance à rester immobile pour échapper à ses pré dateurs (singes, lézards, guêpes, fourmis , mantes, araignées ... ), notamment à l' é tat adulte qui se caractérise par une livrée verte très mimétique. C'est un insecte particulièrement grégaire à l' état juvénile. Les je unes sont alors pourvus de couleurs vives et luisantes (rouge et jaune sur fond noir) qui participent à un signal de danger auprès des prédateurs. Les adultes sont plus arboricoles et beaucoup moins grégaires que les jeunes . Les pattes postérieures sont armées de nombreuses épines qui peuvent éventuellement blesser un agresseur lors de ruades p arfois violentes. L'insecte peut aussi prendre la fuite en effectuant un saut qu'il prolonge souvent d'un vol plané. Lorsqu'il est saisi, il peut cracher un liquide brunâtre et gluant (dégorgement réflexe) et émettre un son bruyant avec ses ailes membraneuses. Simultanément, il peut faire apparaître clairement la coloration de ses ailes membraneuses, généralement b leu clair ou vert clair tachée de no ir, en les étalant sur le côté o u la coloration jaune et rouge des pattes postérieures ainsi que le rouge du dessus de l'abdomen. INSECTES 18 N Q 115 -1999(4) stade subadulte, certains individus sont toujours polychromes et d'autres (plus rares) sont déjà verts ou marrons. La durée de croissance varie entre 2,5 et 8 mois en fonction de la température, de la noul1'iture et du sexe, le mâle atteignant le stade adulte plus rapidement. Certains individus sont très grands, notamment les femelles (l08 à 126 ITU11), d'autres quelquefois très petits, particulièrement les mâles (87 à 101 mm). L'envergure varie de 127 à 178 mm. L'adulte est vert ou mal1'on, la tête plus ou moins rose, avec parfois du rouge, du jaune et du mal1'on, les ailes rosées avec des palties plus foncées, du blanc sur le côté des pattes postérieures. C'est au bout de 35 jours à 3 mois que les premiers accouplements s'obselvent. Après une parade peu spectaculaire, le mâle grimpe simplement sur le dos de la femelle où il peut parfois rester un long moment avant de tenter de s'accoupler. La longévité des adultes est de 6 mois à un an, parfois davantage. En général, les femelles vivent de 6 à 9 mois et les mâles un peu moins. 0 Pour en savoir plus Carbonell Carlos S. , 1986 Revision of the Neotropical Genus Tropidacris (Orth optera, Romaleidae, Romaleinae) - Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia 138(2). Chopard L. , 1965 - Ordre des Orthoptères - In Grassé PP , 1949, Traité de zoologie, Tome IX, Éd. Masson et Cie. Louveaux A. , et al. , 1994 L'élevage des acridiens -Insectes nO 93, Éd. OPIE. Rogez L. , 1996 - Tropidacris collaris : Le Criquet géant de Guyane Terrario Magazine n 04 . Les auteurs Emmanuel Delfosse et Arnaud Delapré travaillent respectivement à la Grande Galerie de l'évolution et au Vivarium du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Ils remercient Christiane Amedegnato (Laboratoire d' entomologie, M N H N) pour son aide précieuse.