L’ABSTENTION Quelles sont les causes de l’abstention en France depuis 1980 et cela traduit-il un désintéret pour la vie politique ? L’Abstention au vote Les facteurs sociaux du vote L’abstention :L'abstention en politique est le refus de participer à un vote (lors d'une élection ou d'un référendum par exemple) ou une délibération . L’abstention : un processus multiforme et une tendance structurelle dans les pays occidentaux. De l’inscription sur les listes électorales à la participation active: un continuum d’attitudes électorales liées à l’âge, à la CSP, au niveau de diplôme. Historiquement, la sociologie du vote ou sociologie électorale s'est surtout concentrée sur l'étude des déterminants sociologiques de l'orientation des votes et des sympathies politiques. Parmi une série de déterminants, on trouve la religion, la classe sociale , l'age ou le genre . En ce qui concerne ce dernier, il en ressort que la tendance des femmes à voter un peu plus à droite que les hommes durant les premières décennies qui ont suivi leur accès aux urnes s'est estompée, en tout cas en France , en raison de l'entrée massive des femmes sur le marché du travail et de l'homogénéisation des conditions de vie qui s'en est suivie. Ainsi, le genre n'y est plus un indice important des sympathies politiques. Pour la religion, l'indicateur principal est la fréquence de l'assistance aux offices. Il existe aussi des études portant sur l'importance du patrimoine et du réseau familial . Espace social et tendance de vote de Pierre Bourdieu Comment expliquer l’abstention ? Différents modèles explicatifs et théories ont été proposés depuis longtemps pour comprendre ce que les spécialistes américains ont appelé le « puzzle » de l'abstention. L'ensemble de ces théories et modèles explicatifs s'inscrivent dans l'une ou l'autre des trois approches suivantes. - Une approche sociologique. Des théories du comportement électoral ont très vite analysé les raisons sociologiques susceptibles de réduire la capacité des électeurs à participer aux élections. L'âge, l'entrée dans la vie professionnelle, la stabilité sociale et géographique se traduisent par une plus forte participation qui s'accroît avec l'âge au-delà du passage à la retraite. En France, cette théorie sociologique de l'abstention a été très prégnante, en particulier grâce au travail pionnier d'Alain Lancelot. Ce modèle sociologique met également l'accent sur un facteur d'exclusion sociale qui conduit à une faible intégration politique. - Une approche psychosociologique. Parallèlement aux précédentes, des théories ont très tôt porté leur attention sur les motivations des électeurs à se rendre aux urnes. Ce courant de recherche a été favorisé par le développement des sondages politiques qui ont permis de disposer de données individuelles sur les attitudes politiques des électeurs. Il suggère que si la politisation, l'intérêt pour la politique, le sentiment d'être « compétent » en politique ont un effet significatif sur le vote, la participation a décliné alors même que la part de l'information politique des médias n'a fait qu'augmenter. L'explication souvent avancée est celle d'un effet négatif de l'omniprésence de la politique dans les médias : c'est l'image des « écuries présidentielles », d'un jeu où les sondages d'opinion jouent le rôle de baromètres pour prendre les paris. Une réflexion critique, souvent stimulante mais parfois contestable, de cette « démocratie d'opinion » a vu le jour, et pas seulement en France, sous l'effet des analyses de Pierre Bourdieu et de ses continuateurs. - Une approche économique. Des théories indiquent qu'il est « irrationnel » de voter à cause des probabilités infinitésimales que le vote de chaque électeur détermine l'issue du scrutin. Vis-à-vis de cette espérance très faible que le vote soit « rentable », les coûts (s'informer, discuter, se rendre aux urnes) que l'électeur devrait supporter seraient trop forts. Cette approche, qui s'est parfois exprimée de manière trop caricaturale et sans tenir compte de tous les apports des théories du « choix rationnel », a connu de nombreuses applications et a été l'objet de controverses nourries en Europe et aux Etats-Unis. Appliquée de manière trop abrupte, cette théorie bute sur le « paradoxe du vote » : voter est irrationnel, mais beaucoup d'électeurs votent néanmoins... Pour « sauver » ce modèle, il faut sans doute prendre en compte d'autres types de motivations du vote et des facteurs idéologiques ou de normes et de valeurs. Plus récemment, de nouvelles approches se sont développées pour rendre compte du vote et de la participation : le « capital social » et l'insertion dans des réseaux sociaux qui expliqueraient le passage, chez les électeurs, de l'abstention au vote. Des facteurs de socialisation à l'expérience du vote s'expriment également. Dans une récente recherche de grande ampleur, Mark Franklin (1) indique que la transition qui conduit du retrait du jeu électoral à la participation « établie » passe par l'expérience que l'on acquiert au cours des trois premières élections auxquelles on est exposé. CELA TRADUIT-IL UN DESINTERET POUR LA VIE POLITIQUE ? En Conclusion On a pu dégager trois facteurs principaux qui expliquent le phénomène de l’abstentionnisme électoral. Le premier dépend de circonstances individuelles, la plupart du temps accidentelles, matérielles : c’est l’abstentionnisme « forcé ». L’individu ne peut pas faire autrement que de s’abstenir de voter, pour des raisons matérielles qui lui sont propres. Le deuxième facteur est politique ; suivant les enjeux de telle ou telle élection, suivant le panel des candidats proposés, suivant la conjoncture politique générale du moment, le citoyen choisit ou non de voter. Il faut ajouter à cela que l’abstention est alors soit l’expression d’un désintérêt apparent pour le monde de la politique, soit celle d’une hostilité envers cette sphère, ou l’hostilité au système représentatif, ou bien encore celle d’une véritable contestation politique, que ce soit au niveau des programmes, des candidats, des discours proposés, ou au niveau étatique, ceci étant couplé avec un profond désir de réforme. L’abstention est alors un moyen d’exprimer son désaccord total avec la politique en vigueur. Le troisième et dernier facteur est social, et peut être ramené à un facteur principal : l’intégration à la société. La marginalisation de l’individu par rapport à des groupes sociaux intermédiaires ou de catégories sociales entières par rapport à la société globale sont des facteurs expliquant l’abstentionnisme électoral de façon générale. Les plus mal intégrés ne sont d’ailleurs même pas inscrits sur les listes électorales, et ne sont donc pas tenus en compte dans l’étude des taux d’abstention. Il faut noter aussi que de nombreuses corrélations existent entre abstentionnisme politique et social : les groupes sociaux abstentionnistes mal intégrés à la société sont généralement ceux qui expriment un désintérêt général pour la politique, ou une hostilité au régime représentatif.