RADIODIAGNOSTIC

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RADIODIAGNOSTIC
De la radioscopie à la scanographie
Dès la découverte des rayons X , deux tendances se sont opposées :
la radioscopie et la radiographie (cf. p. 41).
De 1920 à 1950, le matériel développé par les physiciens et fourni par
les industriels (tables de radiologie, développeuses automatiques, matériel de
radioprotection, etc.) a été validé par les médecins utilisateurs.
La radiologie conventionnelle s’est imposée comme la technique de
base de l’imagerie. Régulièrement l’adaptation des matériels et des produits
pharmacologiques accompagne les progrès médicaux. C’est ainsi que sont
apparus la tomographie conventionnelle, la mammographie, la radiographie
panoramique dentaire, l’angiographie.
Depuis les années 1980, l’évolution explosive de l’informatique
autorise les explorations par imagerie numérique, telles que l’angiographie
numérisée, la scanographie et dans le sillage, toutes les techniques modernes
d’exploration dérivant des mêmes concepts de base.
I LA RADIOSCOPIE
I - 1 ) Radioscopie conventionnelle
- Technique :
Les photons X non absorbés par le
thorax sont détectés par la fluorescence
d’un écran de sulfure de zinc ou de
cadmium. Une vitre au plomb limite
l’irradiation de l’observateur (directement
dans le faisceau de rayonnement).
La dose absorbée est cependant loin
d’être négligeable tant pour le malade que
pour le médecin.
- Avantages :
Simple, de faible coût, existe
uniquement dans des zones peu équipées.
L’étude cinétique des organes est
possible : cœur, poumons, diaphragme.
- Inconvénients :
Faible définition et faible luminance,
adaptation dans l’obscurité pour
l’observateur (vision scotopique).
Irradiation importante, actuellement
dissuasive.
Absence de document objectif.
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La radioscopie conventionnelle a été responsable d’une
radiopathologie médicale qui n’existe plus actuellement. Si la fréquence des
leucémies était dix fois supérieure chez les radiologistes avant 1930, elle est
devenue actuellement identique à celle de la population générale.
Cette amélioration coïncide avec la création de la CIPR (commission
internationale de protection radiologique), en 1928. Pour le patient, la dose
absorbée pouvait nettement dépasser 0,1 Sv par examen, cent fois supérieure
par rapport aux techniques actuelles.
La radioscopie conventionnelle est une technique en voie de
disparition.
I - 2 ) Radioscopie à amplificateur de luminance.
- Technique :
Un premier écran fluorescent (écran
d’entrée) reçoit l’image radiante convertie
en faisceau d’électrons focalisé sur un
second écran (écran de sortie), par un
système de lentilles électroniques.
Cette image de 5 à 10 000 fois plus
lumineuse que l’image primaire peut être
observée en vision photopique, mais aussi
être photographiée ou enregistrée par une
caméra de télévision.
- Avantages :
La dose absorbée par le patient est
réduite d’un facteur supérieur à 100 pour
le patient. La dose reçue par le médecin
est quasi-nulle, l’observateur n’est pas
dans le faisceau du rayonnement ionisant.
Les études dynamiques sont
réalisables, transit, positionnement du
malade, choix du cliché, cathétérisme
guidé.
- Inconvénients :
La résolution de l’image est réduite.
La dose délivrée au cours du temps de scopie est le l’ordre de 1 mSv par mn.
II LA RADIOPHOTOGRAPHIE
L’écran fluorescent est photographié puis le document est dans un
second temps analysé par le radiologue.
L’irradiation est environ dix fois plus faible qu’en radioscopie
conventionnelle, mais dix fois plus forte qu’en radiographie.
Cette technique est encore utilisée en médecine du travail ou en
médecine scolaire et universitaire (camion de radio) et tend aussi à disparaître,
tout comme le dépistage de masse non orienté.
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III LA RADIOGRAPHIE
C’est la technique de référence, modèle de l’imagerie médicale par
atténuation.
La cassette contient un film sans écran (radiographie des mains et des
poignets) ou le plus souvent avec écran renforçateur (cf. p.41).
L’irradiation est très faible, de l’ordre de 1 mSv pour une radiographie de
thorax.
- Technique :
Les paramètres de l’image
en kV et mAs sont fixés.
- Avantages :
Les flous sont minimisés (cf.
p.43), afin d’obtenir une
définition maximale.
L’irradiation est très faible et
le film radiologique est un
document objectif pouvant être
stocké et comparé.
- Inconvénients :
L’image est planaire, c’est à
dire en deux dimensions,
responsable d’une confusion
des plans superposés.
exemples :
- cliché haute tension (thorax)
120 keV, 3 mAs
- cliché basse tension (bassin)
70 keV, 40 mAs
III LA TOMOGRAPHIE CONVENTIONNELLE
déplacement de la source
La source et le film sont liés de façon
mécanique ou électromécanique, de telle
manière que l’image de la lésion reste
fixe sur le film, pour un plan déterminé,
par homothétie.
épaisseur de coupe
déplacement du film
Les structures sus et sous-jacentes ne
sont pas fixes et paraissent floues sous
forme de traînées. On privilégiait ainsi
un plan de coupe.
Il était possible d’effacer les structures osseuses du thorax en
pneumologie par déplacement linéaire, dans d’autres cas les déplacements
source-film étaient elliptiques, spiralés ou hypocycloïdaux.
La tomographie conventionnelle a rendue de très nombreux services
en imagerie médicale, particulièrement en pathologie thoracique, cependant,
depuis quelques années la technique devient obsolète, essentiellement depuis la
naissance de la tomographie assistée par ordinateur (scanographie)
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IV LA TOMODENSITOMETRIE OU SCANOGRAPHIE
La tomodensitométrie (TDM) ou scanographie est une technique
d’imagerie numérique représentant, dans un plan de coupe, les coefficients
d’atténuation des tissus rencontrés par le flux de rayons X .
Le principe mathématique de la reconstruction des images est connu
depuis 1917 (RADON, physicien autrichien), mais il fallu attendre les années
70 pour qu’apparaissent les premières applications médicales. Le brevet du
prototype industriel est déposé pour la firme EMI en 1972 par G.N.
HOUNSFIELD, prix Nobel en 1980.
Suite à l’apparition de la scanographie, l’imagerie médicale entre dans
l’âge adulte. L’obligation d’un choix parmi les examens est apparue, ainsi que
la nécessité du contrôle et la validation des techniques face à l’engouement des
médecins et du public.
IV - 1 ) Principe
Le principe est d’obtenir des coupes (tomos) de l’organisme après une
acquisition axiale transverse et reconstruction informatique de l’image
numérique.
La reconstruction est réalisée par rétroprojection utilisant la
transformée de FOURIER. Cette technique est classique en traitement du
signal ou d’images.
L’idée fondamentale de HOUNSFIELD est de restituer l’image par un
codage de gris (cf. p. 58) dont l’échelle (correspondant à une fenêtre variable)
est choisie en fonction des différences d’atténuation à analyser (paragraphe IV
- 4).
déplacement de la source
sagittale
épaisseur de coupe
frontale
déplacement du film
L’acquisition se fait sous
forme d’une pile d’images
transverses.
Le traitement informatique
reconstruit les différentes
coupes qui peuvent être :
- transversales
- sagittales
- frontales.
transversale
On élimine ainsi les
superpositions d’organes,
inévitables dans les techniques
conventionnelles.
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Techniques conventionnelles
La réalité en trois dimensions
(3D)
est analysée en deux
dimensions (2D).
Les superpositions anatomiques
et les diverses causes de flou limitent
la qualité de l’image.
Techniques tomographiques
La mesure axiale transverse,
réalisée sur de multiples projections
paramètrées par l’angle de mesure,
reconstitue le plan de coupe. L’image
s’affranchit des superpositions.
Le fenêtrage (cf. p. 74) permet une différenciation de contraste bien
plus importante qu’en imagerie classique.
Une pile de coupes superposées reconstitue l’image en trois
dimensions, plus intuitive car plus conforme à la réalité physique.
La mise en équation de la tomodensitométrie (TDM), est le résultat de
la généralisation de la loi d’atténuation linéique précédemment exposée (cf. p.
29). En scanographie, il ne s’agit plus de l’absorption d’un flux dont la surface
égale celle de la zone à examiner, mais de l’absorption d’un mince pinceau de
rayons X , traversant le milieu biologique hétérogène. Ce pinceau est déplacé
pas-à-pas, par translation ou par rotation.
Φ0
Les schémas ci-contre illustrent le
passage de l’équation fondamentale pour
un milieu homogène
Φ = Φ0 exp ( - µ x )
à Φ = Φ0 exp ( - µ1 x1 - µ2 x2 - µ3 x3)
pour trois milieux de coefficients
d’absorption différents.
Ce que l’on généralise sans
difficulté pour n milieux :
Φ = Φ0 exp ( - µ1 x1 - .. - µi xi - ..- µn xn)
µ
Φ
x
Φ0
µ1
x1
µ2
x2
µ3
x3
Cette dernière équation est souvent écrite sous une forme équivalente,
résumant la somme des atténuations partielles responsables de l’atténuation
globale :
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Φ
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Φ = Φ 0 exp ( - x ) ⇔ Log
Log
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Φ0
= x , d' où
Φ
Φ0
= µ1 .x1 + µ2 .x2 + ... + µi .xi + ... + µ n .x n
Φ
=
n
∑
µi .x i
i =1
IV - 2 ) Acquisition des données
L’évolution technologique a été telle que l’on parle, aujourd’hui
encore, de plusieurs « générations » de scanographes. Seules les possibilités
matérielles, électroniques et informatiques ont influé sur le mode d’acquisition
et de traitement, sans aucune modification du principe de base. Il est classique
de décrire quatre générations, bien qu’elles aient toutes évoluées en quelques
années pour chacune.
La première génération permet de comprendre le mécanisme
d’acquisition. Les « générations » suivantes ne sont que des améliorations
techniques, essentiellement développées pour réduire le temps d’examen et par
la même occasion le coût.
Première génération :
Le générateur et le détecteur sont soumis à un mouvement de
translation conjoint, suivi d’une rotation commune de façon itérative, ceci pas
à pas.
90 °
translation
émetteur
0°
rotation
détecteur
224 °
Une mesure est obtenue à chaque pas de translation, dont le nombre
est t = 100 pour 20 cm par exemple, soit une translation de 2 mm pour
chaque mesure. Puis l’ensemble source-détecteur subit un mouvement de
rotation, de deux degrés pour fixer les idées, ce qui correspond à un nombre de
pas de rotation r = 180 pour un cycle complet. La translation reprend, suivie
de nouvelles rotations et translations jusqu’au tour complet.
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L’acquisition, c’est à dire
l’ensemble des valeurs numériques
mesurées est dans l’exemple précédent
constituée de t x r valeurs
donc de 100 x 180 = 18 000 données
stockées dans la mémoire de l’ordinateur
sous forme matricielle.
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.
⎡ α 1,1 α 1, 2
⎢ α 2,1 α 2,2 α 2, 3
⎢ α 3,1
.
.
⎢ .
.
.
⎢
.
.
⎣α180, 1
__
. α 1,100 ⎤
. α 2,100 ⎥
.
. ⎥
.
. ⎥
⎥
. α 180,100 ⎦
(matrice de 180 lignes et 100 colonnes)
Deuxième génération :
translation
Les mouvements sont identiques
(translation et rotation). Cependant le
faisceau n’est pas en pinceau parallèle, il
est plus large, ce qui permet une
détection par de multiples détecteurs : la
barrette de détecteurs.
rotation
Cette amélioration permit une nette
diminution du temps d’acquisition.
Les troisième et quatrième générations ne sont que des variantes
technologiques. Cette fois ci, il ne subsiste qu’un seul mouvement de rotation
d’où la notion de tomographe à un seul mouvement.
C’est la principale amélioration.
Troisième génération
Le faisceau en éventail est
suffisamment large (environ 42°), pour
que l’ensemble de la coupe stimule toute
la barrette de détecteurs.
Il persiste une liaison mécanique
entre la source et le détecteur.
Quatrième génération
Les détecteurs sont fixes et seule la
source est en rotation continue.
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Le nombre de détecteurs est de 512
ou 1024.
L’électronique associée permet une
collimation ou un échantillonnage
variable. Seuls les détecteurs dans le
flux de rayons X sont activés.
Appareil de dernière génération : acquisition hélicoïdale
La rotation continue de la source de rayons X conjointe au
déplacement longitudinal du lit d’examen permet l’acquisition en mode spiralé
ou hélicoïdal.
Ce mode d’acquisition, le plus récent et le plus rapide permet une
reconstruction en trois dimensions et limite l’effet de volume partiel (cf. p. 75).
Il s’agit actuellement de la technique scanographique la plus évoluée.
IV - 3 ) Reconstruction de l’image numérique
Lors de l’acquisition, pour chaque rotation de l’ensemble sourcedétecteur un ensemble de valeurs numériques structurées sur le mode matriciel
est enregistré. On rappelle que ces valeurs numériques mesurent les différences
d’absorption tissulaire.
Les programmes informatiques (algorithmes) manipulant ces données
pour reconstituer les coupes sont de trois types :
- algébriques
- itératifs
- ou analytiques.
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Les méthodes algébriques sont les plus simples à comprendre, mais
elles occupent beaucoup de mémoire informatique et sont relativement lentes.
Pour une image numérique de 64 x 64, il existe 4096 valeurs
d’absorption inconnues. Il suffit d’avoir 4096 équations pour résoudre le
système, comme il est nécessaire d’avoir trois équations indépendantes pour
résoudre un système à trois inconnues.
Bien entendu, seuls des moyens informatiques permettent de
manipuler de telles matrices de nombres, mais le principe est identique à celui
d’un nombre plus faible de variables. IL s’agit de la résolution d’un système
d’équations linéaires ou système de CRAMER (1704 - 1752).
En réalité, les méthodes numériques sont mises en œuvre pour un
nombre d’équations supérieur au nombre d’inconnues, c’est la redondance. Par
exemple, on mesure 360 projections pour résoudre une matrice 16 x 16 (256
inconnues).
Les méthodes itératives consistent à minimiser les écarts des mesures
brutes par rapport à une matrice de départ et à améliorer pas à pas le résultat.
C’est aussi une méthode longue qui a été utilisée initialement pour les études
scanographiques cérébrales. Elles avaient été abandonnées depuis une dizaine
d’années, mais semblent retrouver à nouveau quelques applications.
Les méthodes analytiques sont de loin les plus utilisées.
On peut démontrer que toute fonction périodique, de période T ,
continue ou non, peut être décomposée en une somme de fonctions
sinusoïdales dont la fréquence est un multiple de la fréquence fondamentale.
f(x)
f(x) = a 0 + a1 cos x + b1 sin x
+ a 2 cos 2x + b2 sin 2x
T
+ ...... +
+ a n cos nx + b n sin nx + ...
x
f(x) =
∞
∑
a n cos nx + b n sin nx
n=0
Exemple de la fonction en dents de scie
f(x)
f (x) = 2 [ sin x −
x
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sin 2x sin 3x
+
−
2
3
sin nx
±
± .... ]
n
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En utilisant les relations d’EULER, exprimant les fonctions
trigonométriques en exponentielle complexe,
e ix − e −ix
e ix + e −i x
sin x =
et cos x =
,
2i
2
on peut écrire sous forme condensée :
f (x) =
+∞
∑
−∞
c n e i nx
On peut montrer, par des calculs un peu pénibles mais ne nécessitant
que des notions mathématiques élémentaires, que les coefficients c n sont
donnés par la formule suivante :
−in x
t +T
0
1
cn =
∫ f (x) e dx
2π
t0
En généralisant (ce n’est bien entendu pas aussi évident) à une
fonction non forcément périodique ou si l’on veut à une fonction dont la
période est infinie, on arrive à la notion de transformée de FOURIER.
En notation temps-fréquence ( t , ω ) il vient de façon symétrique
iω t
+∞
f (t) =
∫
c(ω ) e
dω
et
−∞
1
c (ω ) =
2π
−iω t
+∞
∫
f (x) e
dt
−∞
Les méthodes analytiques sont basées sur la rétroprojection filtrée par
transformée de FOURIER.
Pratiquement tous les scanographes actuels utilisent ces algorithmes
numériques ( F.F.T pour Fast Fourier Transform).
Il faut avoir conscience, comme toujours en imagerie numérique, qu’il
y a manipulation algorithmique de mesures et donc qu’il peut apparaître des
artefacts, fabriquant des images non conformes à la réalité.
image idéale
Suite à la phase de reconstruction
informatique, en raison de causes
physiques (flou), ou algorithmiques, la
représentation de la réalité n’est pas
fidèle.
image mesurée
Des filtres numériques, donc des
programmes informatiques, sont
utilisés pour améliorer la qualité de
l’image. L’idée est d’approcher l’image
idéale, de reconstituer le vecteur d’état
en termes techniques.
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Comme pour les filtres physiques qui ne laissent passer que des
éléments caractérisés, les filtres numériques ne laissent passer que des
éléments conformes au modèle et modifient les autres valeurs. La notion
mathématique de base est ici celle de convolution ou de déconvolution
aboutissant à la notion de filtre adaptatif.
flux homogène et
lésion
image mesurée
filtre numérique
état réel
reconstitué
IV - 4 ) Restitution de l’image et fenêtrage
Le fenêtrage est une notion fondamentale en scanographie.
D. opt.
En radiologie conventionnelle, le
100 %
noircissement du film mesuré par la
32
noir
différence de densité optique, est une
24
fonction sensiblement linéaire de
l’exposition aux rayons X . (cf. p. 42).
16
50 %
Le nombre de niveaux de gris
8
perceptibles de façon physiologique est
blanc
4
5
de 2 à 2 , soit compris entre 16 et
0%
0
0,2
0,5
5
1
2
10
20
32.(cf. p.58).
exposition
échelle de gris
Entre le blanc et le noir (0% et
100%), 32 niveaux, au maximum,
décrivent la totalité des différences
d’atténuation.
Le fenêtrage consiste à choisir, en fonction de l’information
recherchée guidée par les renseignements cliniques, la plage de densité à
étudier.
32
32
24
16
8
24
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0
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Il est possible de choisir le niveau de gris, puis la largeur de fenêtre.
Dans l’exemple ci-dessus, le niveau est de 24 dans l’échelle totale, la
largeur est de 8 . Après dilatation, au lieu de huit niveaux de gris foncés, on
peut distinguer 32 niveaux dans la même région de densité.
Ces notions correspondent à l’expression des différences de densité
exprimées en unités HOUNSFIELD.
+ 1000 UH
os compact
squelette
+ 750 UH
+ 500 UH
contraste iodé
médiastin
foie, reins
+ 250 UH
tissu mou
0
eau
bronches
graisse
- 250 UH
- 500 UH
tissu
pulmonaire
- 750 UH
- 1000 UH
air
En définitive, le fenêtrage consiste à dilater l’échelle de gris afin
d’adapter les différences de densité à interpréter aux possibilités
physiologiques de l’œil.
Pour une fenêtre large, on verra l’ensemble des densités, de l’air à
l’os, mais avec peu de détails. Pour une fenêtre étroite, on ne verra qu’une
faible plage de contraste, mais avec beaucoup de détails, par exemple on
distinguera le parenchyme pulmonaire des parois bronchiques.
A volume égal, une lésion nécessitant une différence de contraste de
10% pour être décelable eu radiologie classique est visible pour une différence
de 1 à 2% en TDM, grâce au fenêtrage.
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Des limites apparaissent dans cette résolution en densité,
essentiellement dues à l’effet de volume partiel.
L’image d’une coupe représente l’ensemble des pixels reconstitués,
mais la coupe à une certaine épaisseur, d’où la notion de voxel.
Les deux voxels schématisés sont
représentés par deux pixels identiques,
alors que les lésions sont très
différentes. En effet chaque pixel
représente la moyenne en densité du
voxel.
voxel
En pathologie pulmonaire, un
nodule métastatique calcifié de deux
mm de diamètre sera visible dans une
coupe centimétrique en raison du
gradient de densité important (air,
calcium), même si le nodule est
partiellement hors de la coupe.
pixel
Dans le foie, une métastase devra
avoir un volume en rapport avec
l’épaisseur de la coupe pour être
détectée, d’où la nécessité de coupes
fines, parfois millimétriques.
IV - 5 ) Applications médicales
La tomodensitométrie est devenue un examen irremplaçable dans de
nombreux domaines de l’imagerie médicale.
1) Etude du cerveau :
L’encéphalographie gazeuse, pour laquelle l’air était un produit de
contraste négatif, a totalement disparue depuis le développement de la
scanographie; Il en est de même pour la gamma-angioscintigraphie cérébrale.
Il est possible de distinguer la substance blanche de la substance grise
puisque la densité est de 12 à 16 UH pour la première et de 18 à 20 UH pour la
seconde.
C’est l’examen de référence pour la pathologie neurologique centrale
:
- accidents vasculaires cérébraux, pour distinguer de
l’origine ischémique ou embolique de la symptomatologie
- traumatisme crânien à la recherche d’un hématome
intracrânien ou sous-dural
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- pathologie tumorale, bien qu’il soit difficile de faire le
diagnostic différentiel entre métastases, angiome ou méningiome par exemple
- pathologie intrasellaire, c’est l’examen de choix pour le
diagnostic et le bilan des adénomes hypophysaires
Certaines indications pourraient disparaître dans l’avenir au profit de
l’imagerie par résonance magnétique nucléaire.
2) pathologie thoracique
L’association de la radiographie thoracique et de la tomographie
conventionnelle permet d’établir un diagnostic préopératoire dans 60% des cas,
contre 90% des cas pour la scanographie. De ce fait si la radiographie de
thorax reste un examen de base , dit de débrouillage, la tomographie standard
est en voie de disparition.
La TDM est l’examen de première intention pour le diagnostic des
nodules thoraciques, des fibroses pulmonaires ou des lésions pleurales.
De même les cancers broncho-pulmonaires sont systématiquement
étudiés par scanographie pour, en particulier, juger de l’opérabilité de la lésion.
3) pathologie abdominale
Toute la pathologie maligne de l’abdomen bénéficie de la
scanographie, ce qui a fait chuter considérablement le nombre de laparotomies
exploratrices.
Le foie, les voies biliaires, la vésicule biliaire, le pancréas, les
surrénales, les reins ainsi que les ganglions rétro-péritonéaux sont aisément
accessibles en TDM.
4) pathologie vertébrale
Là aussi l’IRM tend à supplanter parfois la scanographie, mais c’est
encore un examen couramment prescrit en traumatologie (fracture du rachis)
ou en pathologie dégénérative (hernie discale).
Citons enfin la pelvimétrie, permettant de préjuger des possibilités
d’un accouchement par voie basse lors d’anomalie de la présentation.
V L’ANGIOGRAPHIE NUMERISEE
On a vu (cf. p.40) l’intérêt des produits de contraste positifs, produits
iodés, dans l’étude des vaisseaux; Il s’agit de l’angiographie conventionnelle.
L’angiographie numérisée est une technique planaire, qui a nettement amélioré
la qualité des images, même si le but initial, qui était de supprimer les
cathétérismes intra-artériels, n’a été que partiellement atteint.
Les vaisseaux étant peu visualisé en radiologie conventionnelle, il est
nécessaire d’utiliser un produit iodé pour l’opacification; Cet acte nécessite
une ponction artérielle, de l’artère fémorale le plus souvent.
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La numérisation a limité fortement la quantité de produit à injecter,
mais aussi à réduire le diamètre des cathéters, conduisant à une sélectivité plus
importante des études vasculaires. La voie intraveineuse est rendue possible
grâce à la numérisation.
L’image est captée par un système à amplification de brillance, puis
enregistrée en continu. Si l’injection est réalisée par voie intraveineuse, il y a
une nette diminution du contraste en raison de la dilution dans le compartiment
vasculaire.
La numérisation du signal vidéo par un convertisseur analogiquenumérique permet d’augmenter le contraste par fenêtrage, comme décrit
précédemment, par dilatation de l’échelle de gris pour les zones de faible
contraste.
De même, la soustraction d’images supprime le fond osseux pour ne
laisser que les structures vasculaires à étudier
conv. A/N
conv. A/N
matrice (1)
matrice (2)
soustraction
(2) - (1)
L’image avant injection est
mémorisée sous forme matricielle :
matrice (1).
Après injection, intra-artérielle
ou intraveineuse, les vaisseaux sont
peu visibles :
matrice (2).
Après soustraction informatique
et mise à l’échelle des niveaux de gris,
les structures vasculaires apparaissent
et deviennent interprétables.
D’autres traitements d’images
sont possibles comme la soustraction
du bruit de fond, le repositionnement
des images en cas de mouvements du
patient, etc.
L’irradiation est nettement diminuée pour le patient. Les applications
actuelles consistent en l’étude des vaisseaux céphaliques (sténose
carotidienne), de l’aorte thoraco-abdominale (anévrisme ou dissection
aortique), de l’embolie pulmonaire ou de la fraction d’éjection cardiaque
mesurant le pourcentage de sang éjecté lors de la phase systolique du cycle
cardiaque.
De la radioscopie à la scanographie, l’évolution considérable des
techniques a été exposée. Si actuellement, 70% de l’imagerie par atténuation
sont encore effectués à l’aide d’une cassette conventionnelle et d’un couple
film-écran, la place de l’image numérique ne cesse de croître.
Le tout numérique semble l’avenir proche de l’imagerie radiologique.
Si l’amélioration de la qualité des images est incontestable, le
problème de la dosimétrie n’est pas résolu. La diminution des doses par image
est contrebalancée par l’augmentation du nombre de celles - ci.
____ Dr S. Coequyt
2005
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Faculté de Médecine de LILLE
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Biophysique et Imagerie Médicale
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Une réflexion sur l’équilibre entre le coût (économique,
dosimétrique...) et l’efficacité diagnostique reste d’actualité.
VI - Exemple d’imagerie par atténuation
Fracture du rachis lombaire : tassement cunéiforme de L 1 avant et
après traitement chirurgical.
(images de scanographie, de radiographie et de tomographie conventionnelles).
coupes frontale et transversale
(fragments osseux dans le canal médullaire)
reconstuction de profil
Aprés stabilisation chirurgicale de
la fracture, radiographie conventionnelle
de contrôle.
Image de face et de profil.
Noter la rupture des deux vis
inférieures, visible sur le cliché de profil.
Deux coupes de tomographie conventionnelle, plans 16 et 16,5 .
____ Dr S. Coequyt
2005
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