LES MAL-AIMÉS Petits Reportages Nature LA BLATTE Des blattes par milliers On connaît cet insecte sous le nom de «blatte» ou encore «ravet» aux Antilles. Pour d’autres, c’est aussi le cafard, le cancrelat ou la coquerelle … il a plusieurs noms, c’est peut-être pour mieux tromper l’ennemi. Il existe 4 000 espèces de blattes dans le monde! Mais, seulement une vingtaine vit en Guadeloupe. La plus connue est le «ravet des maisons». Il en existe d’autres: le «claclate» qui est en voie de disparition, la blatte germanique qui prend de plus en plus la place du ravet des maisons et de nombreuses autres blattes qui vivent dans les bois. La blatte, aux couleurs de la terre La blatte a un corps ovale et aplati, recouvert d'une peau luisante de couleur brune à rouge marron, voire noire ou même verte chez celles qui vivent dans les bois. C’est ainsi plus facile pour se cacher sous les feuilles vertes! Comme presque tous les insectes, elle possède deux antennes, trois paires de pattes et deux paires d’ailes. La première paire d’ailes est plus épaisse et plus colorée. Tout cela pour dire que la blatte ne se sert pas souvent de ses ailes. Elle vole seulement pour fuir ou, pendant la nuit, pour changer de lieu d'exploration. En fait, elle préfère courir furtivement sur le sol. C'est la championne de course à pied parmi les insectes. Cachée dans les endroits sombres et humides La blatte adore les endroits humides. Par exemple, elle se cache dans les trous et dans les fentes des murs et dans les interstices des meubles. Parfois, les trous sont si étroits que l’on se demande bien comment elle réussit à s’y faufiler. C’est grâce à son corps très aplati. Bien sûr, la blatte traîne surtout où il y a de la nourriture. Dans les maisons, elle reste près des gardes-manger, dans les cuisines, elle réserve sa place à côté des réfrigérateurs, elle «squatte» les placards et les tiroirs, et elle se cache dans les caves. Dans les bars et les restaurants, elle traîne du côté des entrepôts de nourriture et dans les recoins, à l’affût de la moindre miette qui tombe au sol. 2 Équipe au sol, dégagez le terrain, dégagez ! Les commandos parachutistes en vol atterissent ! Vous êtes drôles là-haut ! Dégagez, dégagez … Faudrait peut-être qu'il y ait des fissures pour se cacher aussi ! 3 Le savais-tu? La plupart des ravets ne sortent de leur cachette que la nuit; ce sont des animaux nocturnes qui n’aiment pas la lumière; ils l’évitent. S’ils sont délogés de leur trou en plein jour, ils se mettent à courir dans tous les sens et à toute allure, cherchant le moindre recoin sombre pour se cacher. Même une minuscule fente entre deux pierres fait l’affaire. Gourmande de tout La blatte se nourrit de tout: fruits et légumes, viandes, pain, graisses, céréales, sucre, ... On dit qu’elle est «omnivore». En quelque sorte, elle sait se rendre indispensable à la maison. C’est un nettoyeur; très pratique comme «éboueur» naturel. Elle doit sa capacité à tout manger à ses mandibules broyeuses. C’est un insecte «broyeur». Les blattes sont envahissantes lorsqu’elles deviennent trop nombreuses. Elles sont dites «dévastatrices» quand elles mangent les denrées alimentaires. Bien sûr, elles ne sont pas toujours très propres car elles déposent des excréments sur les aliments. Cela dégage une odeur nauséabonde, très désagréable. Et, cela peut être dangereux pour la santé de l’homme car les excréments, déposés sur la nourriture, attirent des germes toxiques. Le savais-tu? La blatte est un animal très résistant. D’ailleurs, elle survit et s’adapte aux insecticides (insecticide: qui tue les insectes). Une blatte un peu plus résistante à un insecticide que les autres aura plus de chance de faire des petits que les autres. En plus, elle leur transmettra sa résistance. Une fois adultes, ils transmettront eux-mêmes la résistance à leur propres petits et ainsi de suite, de génération en génération. C’est ainsi qu’une blatte actuelle est plus résistante aux insecticides que son arrière arrière grand-mère. Pour éviter la prolifération des blattes à la maison, il faut nettoyer régulièrement les miettes et jeter les restes de nourriture dès que l’on en produit. C’est important dans les pays tropicaux où la température élevée augmente la vitesse de dégradation des aliments. Les odeurs attirent les animaux! 4 5 LA SCOLOPENDRE La scolopendre, un bel animal La scolopendre fait partie des mille-pattes. En Guadeloupe, elle est appelée la «bête à mille pieds». Elle possède de nombreuses particularités. C’est un «arthropode»(= qui possède des pieds articulés) comme les insectes, les crustacés ou les araignées. C’est aussi un animal invertébré (= qui n’a pas de vertèbres). Et son squelette se trouve à l’extérieur de son corps, c'est sa carapace formée par des parties dures de sa peau. Rappelle toi, chez les vertébrés dont l'homme fait partie, le squelette est formé par les os et il se trouve à l’intérieur du corps. Lorsqu’elle est jeune, la scolopendre est de couleur vert bleue. Elle est assez jolie. Elle change de couleur en grandissant puisqu’elle est marron rouge à noire une fois adulte. Son corps est un peu aplati, parfois aussi large que le doigt de ton papa. Il est très allongé, long d’une douzaine de centimètres, voire 20 centimètres pour les plus grandes. En fait, son corps est annelé, c’est-à-dire qu’il est constitué d’une suite de segments, de couleur verdâtre, articulés comme un collier de grosses graines. Elle possède une tête avec 2 antennes, suivie de vingt-deux segments, le premier porte des crochets venimeux qui ne sont visibles qu’au niveau du ventre. Les 21 segments suivants portent chacun une paire de pattes. Et oui, tout ça de pattes! As-tu remarqué avec quelle facilité la scolopendre se déplace? On a l’impression que des vagues traversent son corps vers l’avant ou vers l’arrière. C’est parce que les pattes se déplacent de la queue vers l’avant! La scolopendre se cache La scolopendre adore les zones humides, à l’abri de la lumière. On peut la trouver dans les rochers, sous l’écorce des arbres ou dans les troncs d’arbre pourris et sous les feuilles mortes. Mais elle occupe aussi certains endroits des maisons: sous les planches et sous les pierres, dans les fissures des murs, derrières les plinthes, près des drains des cuisines et des salles de bain. Lorsqu’elle est débusquée, elle se faufile à toute vitesse vers la cachette la plus proche. Elle n’a pas l’air comme ça, mais c’est une grande timide. 6 Du vent la scolopendre ! Rends toi utile, va donc chasser les insectes dehors ! Oh là là ! Moi qui voulait faire mon roupillon sous l'oreiller ! 7 La scolopendre est une attaquante L’animal possède deux longues antennes vibrantes et sensibles. Grâce à elles, la scolopendre, à l’affût du moindre mouvement, peut détecter de très petites proies. Les antennes lui permettent aussi de sentir une menace et de réagir en conséquence. Si elle est attaquée, elle bondit sur son ennemi en un rien de temps. Il faut dire qu’elle a aussi une détente remarquable. C’est un peu comme si elle avait des ressorts dans ses longues pattes. Si malgré sa fuite, elle est rattrapée et se retrouve en mauvaise situation, elle se contorsionne et s’enlace autour de son ennemi pour le mordre. Ses 2 crochets venimeux injectent un venin qui fait très mal. Tu peux faire l’expérience avec le manche d’un balai. En effet, son échine est très souple; elle lui permet de jouer à la gymnaste. La scolopendre est aussi très vigoureuse et très résistante. Attention! Car, si elle est touchée une première fois, elle peut revenir à l’assaut très rapidement. Une attaquante née! Le savais-tu? La scolopendre possède moins de pattes que l’iule ou "congolio" qui est aussi un mille-pattes et pourtant elle est bien plus rapide et plus habile; en effet ses pattes sont plus agiles et plus longues. Que mange la scolopendre? La scolopendre est «carnivore»: elle mange de la viande. Et, autant dire qu’elle a un bon appétit! Elle aime particulièrement les insectes: ravets, criquets, araignées, fourmis, … Pour les grandes occasions, elle s’offre de petits lézards et de petites grenouilles. Si l’on réfléchit bien, on se rend compte qu’elle débarrasse nos maisons des petits envahisseurs. C’est un insectivore utile dans nos maisons (insectivore: qui mange des insectes). Et, en plus elle nettoie, car c’est un charognard: elle mange les animaux morts. 8 LE MOUSTIQUE Des milliers d’espèces dans le monde Les scientifiques ont reconnu plus de 3 500 espèces de moustiques dans le monde. Cela représente beaucoup de moustiques! Ils sont plus ou moins grands: entre 3 et 20 millimètres de longueur selon les espèces. Parmi eux, 30 espèces vivent en Guadeloupe et seulement 8 espèces nous piquent. Le moustique, un insecte aux longues pattes Tout le monde sait ce qu’est un moustique! Dans les régions tropicales, telle la Caraïbe, ils font partie de notre quotidien. Pas un jour ne passe, ou presque, sans qu’un moustique ne vienne nous chatouiller du bout de ses petites pattes et qu’il décide de se poser sur notre peau pour nous piquer. Mais, as-tu vraiment regardé un moustique de près? Le moustique possède un corps allongé. Il est recouvert d’écailles. Ces écailles ne se voient qu’au microscope car elles sont minuscules. Ses membres, les antennes, les ailes et les pattes sont longs et fins. La trompe de la femelle est dure pour transpercer la peau des êtres humains et des animaux; elle est dite «trompe piqueuse». Les antennes du mâle sont recouvertes de plumes. C’est grâce à ces plumes que l’on distingue le mâle de la femelle. Le menu du moustique Contrairement à ce que l’on croit, le moustique ne se nourrit pas que de sang. Il aime aussi le nectar des fleurs. Le mâle, comme la femelle, aspire ce doux nectar avec sa longue trompe, comme le font les abeilles et les papillons, les colibris et certaines chauves-souris. Le mâle moustique ne mange que ça. Il est donc totalement inoffensif. Mais, la femelle moustique a besoin d'un autre aliment pour fabriquer des œufs dans son ventre : du sang. Le moustique femelle aspire le sang chaud des oiseaux et des mammifères, comme l’être humain, mais aussi pour certaines espèces le sang froid des grenouilles, des crapauds et des tortues de terre ou encore d’autres insectes et larves. C’est au choix: boisson chaude ou boisson froide pour Madame! De toute façon, tout le monde a droit à la prise de sang! 9 Mais enfin Mous' tu sais bien que j'ai besoin de bien plus qu'un simple jus multi vitaminé de fleurs ! 10 La piqûre du moustique En piquant son «donneur de sang», la femelle moustique inocule par la salive une substance dite «anti-coagulante». Cette substance permet de conserver le sang bien liquide. Futée cette femelle moustique! C’est justement cette substance qui provoque de très désagréables démangeaisons. Ça gratte! et ça peut gratter des heures, voire des jours, chez les personnes très sensibles. As-tu déjà remarqué comme une femelle moustique devient grosse au fur et à mesure de ses piqûres? Pendant qu’elle suce le sang, son abdomen se gonfle. Grâce à sa peau souple et flexible, elle est capable de doubler son propre poids en un seul repas de sang!. La quantité est minuscule pour nous, mais pour sa taille, c’est énorme. On dirait une petite bonbonne remplie de sang! Le vrai problème c’est que les moustiques servent aussi de taxi involontaire et gratuit pour certains virus. Ils les transmettent d'une personne malade à une personne en bonne santé. Les virus peuvent provoquer des maladies graves et éventuellement mortelles comme la dengue en Guadeloupe, mais aussi la malaria, la fièvre jaune et bien d'autres encore dans d'autres pays. Le savais-tu? Les moustiques sont appelés «maringouins» au Canada. Chez nous les Yens Yens sont voisins des moustiques, mais ils sont bien plus petits. À tel point qu’ils passent à travers les moustiquaires. Lorsqu’ils piquent, un petit point rouge apparaît. Ces piqûres provoquent des démangeaisons plus douloureuses et plus désagréables, plus longues aussi à s’estomper par rapport aux piqûres des moustiques. 11 Sang d'homme, premier cru, Aspiré tout juste ce matin. Bonne dégustation Madame ! 12 LES FOURMIS MANIOC Les fourmis manioc vivent dans un nid Il n’est pas possible de voir un nid de fourmis manioc depuis la surface du sol. On voit les insectes aller et venir, s’activant à leurs affaires quotidiennes. Elles semblent toujours pressées, mais, on ne sait jamais où elles vont. Leur nid, appelé «fourmilière», se situe sous le sol, entre les fissures des rochers ou entre les racines des arbres. Une colonie de fourmis manioc peut comporter plusieurs milliers d'individus en Guadeloupe. Mais en Guyane il existe d'autres espèces de fourmis manioc, deux fois plus grandes, et un nid peut comprendre plusieurs millions d’individus! On appelle la fourmilière des fourmis manioc une «champignonnière». Tu vas bientôt comprendre pourquoi. Que mangent les fourmis manioc? Les fourmis manioc sont des «champignonnistes»: elles cultivent un champignon directement dans le nid. Il évolue grâce à de la matière végétale fraîche que lui apportent les fourmis. Dans le monde animal, ce sont les seules à avoir cette capacité de jardinière spécialisée en culture de champignon. Ce champignon ne ressemble pas aux petits champignons qui poussent sur les arbres et sur les souches. Il ressemble à une grosse éponge naturelle, comme les éponges de mer, ou à de la moisissure sur du pain pourri par exemple. Il est de couleur gris - vert. Les petites agricultrices s’activent sur leur champignon géant. Il est à la fois leur refuge et leur garde-manger. Elles se nourrissent directement du champignon avec un peu de sève des feuilles pour l’agrémenter, comme une sauce. Elles doivent apporter beaucoup de matières végétales pour faire pousser leur champignon; c’est pour cela qu’elles coupent tant de feuilles à l’extérieur de leur nid. On les appelle aussi «fourmis parasol» car elles transportent leur morceau de feuille au-dessus d’elles, comme si elles se protégeaient du soleil. 13 Ouinnnn ! Mais oui les enfants, on arrive ! Quand je pense que Madame la Reine se contente de pondre elle ! Et oui, chacun son rôle dans cette fourmilière ... 14 Une colonie très organisée La colonie de fourmis manioc est très organisée. Quelle discipline! Pour cause, elle fonctionne par un système de castes. On y trouve les ouvrières, grandes et petites, la reine et à certaines saisons les futures fourmis ailées. - Les grandes ouvrières ont des tâches physiques. Ce sont les fourmis les plus costaudes. Elles construisent le nid et le débarrassent des déchets et des corps des fourmis mortes. Elles ont un rôle de soldates: elles défendent le nid contre les agresseurs en se ruant dessus et en leur infligeant des morsures douloureuses. À la surface de la terre, elles partent sur de longues distances pour découper les feuilles puis elles les ramènent dans le nid, en petits morceaux. Elles les confient aux petites ouvrières. - Les petites ouvrières effectuent un travail de minutie. Elles aiment le détail. Elles récupèrent les morceaux de feuilles apportées par les grandes ouvrières et elles les découpent en plus petits morceaux encore, comme des confettis. Puis, elles les écrasent et les pétrissent en boules avec de la salive et des excréments. En fait, elles fabriquent des boulettes de compost qui vont servir d’engrais au gros champignon. Tes parents et tes grands-parents font aussi leur compost au fond du jardin. Ils s’en servent ensuite comme engrais pour nourrir leurs arbres fruitiers et leurs jolies fleurs. - Les petites ouvrières réalisent alors une opération digne des plus grands jardiniers: elles effectuent une sorte de «bouturage». Cela consiste à multiplier le champignon en replantant de petits fragments de celui-ci sur les boulettes de compost. Les petites ouvrières s’occupent aussi de l’entretien du nid. Enfin, elles nourrissent les bébés, qui sont sous forme de larves, installés confortablement au cœur même du nid. 15 Seule la Reine pond des œufs. D’ailleurs c’est sa seule fonction dans la fourmilière. Elle est nourrie par les ouvrières qui ne peuvent pas avoir de petits. Ces œufs deviendront des ouvrières qui feront le même travail que leurs aînées. À certaines saisons, des bébés sont véritablement gavés par les petites ouvrières. Grâce à ce régime pour géant, ils deviendront plus grands et il leur poussera des ailes. Ce seront des fourmis ailées qui s'envoleront pour fonder d'autres colonies. Le savais-tu? La culture du champignon géant est une tâche extrêmement importante, car toute la colonie s’en nourrit. Les fourmis sont capables de transporter des charges de feuilles qui font quatre à cinq fois leur poids! 16 LA CHENILLE DU FRANGIPANIER Une chenille bien colorée Qu’elle est belle la chenille du frangipanier avec sa tête, ses pieds rouge vif, ses anneaux jaunes sur son corps de velours noir et une sorte antenne dressée à l'arrière. On croirait qu’elle porte un joli pyjama rayé. Elle est grande aussi: jusqu’à 15 centimètres de long! Mais, qu’on ne s’y méprenne pas: qui dit couleurs éclatantes dit «danger». Tout oiseau qui se respecte connaît ces règles de base dans la nature. Que mange la chenille du frangipanier? La chenille du frangipanier est très gourmande. Elle aime particulièrement les feuilles du Frangipanier rouge ou blanc d’où son nom de «chenille du frangipanier». Elle adore aussi les feuilles de l’Allamanda. Elle les aime tant qu’elle est capable de dévorer toutes les feuilles d’un arbre jusqu’à la dernière, invitant volontiers ses congénères au festin. C’est une vorace! Une chenille peut dévorer à elle seule une dizaine de feuilles par jour! Elle possède deux mandibules qui fonctionnent à longueur de journée. C’est pire qu’une vache! Un frangipanier peut être aussi dénudé qu’un arbre caduc (caduc = qui perd ses feuilles pendant l’hivernage). Cependant, certains botanistes (botaniste = scientifique qui étudient les arbres et les plantes) pensent que les ravages qu’elle occasionne sur les arbres augmenteraient leur floraison. Autrement dit, l’arbre réagirait à «l’agression» des chenilles du Frangipanier en donnant encore plus de feuilles et de fleurs. C’est un moyen de défense et de survie que l’arbre a trouvé contre la chenille. Les chenilles seraient-elles de petits jardiniers qui opèrent des coupes rases sur les arbres du jardin pour leur bienfait? Les scientifiques n’ont pas encore tranché sur la question. 17 Hum ! J'ai trouvé mon déjeuner. Comme elle est belle cette chenille. Elle doit-être sucrée et croquante comme un sucre d'orge ! N'y va pas malheureux ! Ses couleurs sont un signal d'alerte. Cela veut dire : « Attention danger ! N'approchez pas ». Elle comporte un poison toxique. Le savais-tu? Le nom de Sphinx vient du comportement des larves. Lorsqu’elles sont dérangées, par un prédateur par exemple, elles dressent leur tête et l’avant de leur corps pour impressionner leur ennemi. Elles ressemblent alors à un Sphinx d’Égypte! Par erreur on appelle souvent la chenille du frangipanier, chenille rasta. La vraie chenille rasta reconnaissable par la présence de touffes de poils noirs sur tout son corps, qui ressemblent à «locks» d’où son surnom «rasta». Elle ne dépasse pas 4 centimètres de long et se nourrit surtout feuilles du Laurier rose. Cette petite chenille rasta devient un papillon de jour, noir bleuté avec taches blanches et le bout de l'abdomen rouge. est des des des 18 uoi qu’il en soit, ces chenilles sont inoffensives pour les êtres humains. Elles ne causent ni brûlures ni démangeaisons. Cependant, il ne faudrait pas s'amuser à les croquer car elles sont pleines du poison que contiennent les plantes qu'elles dévorent (elles-mêmes étant immunisées contre ce poison). Les oiseaux et les lézards les gouttent une fois, mais ils les recrachent aussitôt et ne recommencent plus jamais cette fâcheuse expérience. C’est pour cela qu’elles affichent de si belles couleurs; elles avertissent tous les mangeurs de chenilles: «Attention, je ne suis pas comestible!». Un grand papillon de nuit Comme chacun sait, les chenilles deviennent des papillons. Or, la chenille du frangipanier devient un papillon de nuit ou «nocturne». Il s’agit du Sphinx du Frangipanier. Il possède un corps beaucoup plus puissant et fuselé que les papillons de jour. C'est un très grand papillon: son envergure peut atteindre 15 centimètres (envergure = dimension des ailes). Ses ailes avant, sont très allongées, ses ailes arrière sont beaucoup plus courtes. Il a un vol vibrant comme un colibri et il peut butiner les fleurs sans se poser. La femelle est toujours plus grande que le mâle. Elle pond des œufs qui donnent des larves qui deviennent ensuite des chenilles. Quand une chenille a fini de grandir, elle descend de la plante et se fait un cocon formé de feuilles mortes collées entre elles par des fils de soie. Dans cette logette, la chenille se transforme en chrysalide que l’on appelle en créole «tobitobi» comme tu le sais. Du cocon sortira un papillon tout gris et moucheté, se confondant parfaitement avec l’écorce d’un arbre où il se pose. Il faut savoir que le papillon ne garde pas le poison qui vient de la plante dont il se nourrissait quand il était encore une chenille. Il est donc plus vulnérable et c'est une merveilleuse friandise pour les oiseaux. Tu comprends donc qu’il a tout intérêt à ne pas se faire repérer ! 19 LES RATS Deux rats voisins Deux gros rats cohabitent en Guadeloupe. Ils se ressemblent et pourtant ils sont bien différents. Il y a le rat noir, aussi appelé «rat commun», «rat des champs» ou encore «rat des greniers». Et, il y a le surmulot, appelé «rat d’égout». LE RAT NOIR De quelle couleur sont les poils du rat noir? Contrairement à ce que son nom indique, les poils du rat noir ne sont pas noirs; ils sont gris sombre à brun clair. Le rat noir mesure 16 à 23 centimètres de la tête au postérieur. Sa queue est encore plus longue, elle mesure 19 à 25 centimètres! Il peut peser jusqu’à 300 grammes. Bel animal! Les mâles sont plus grands que les femelles. Il possède de grandes moustaches, plus grandes que ses oreilles. On les appelle des «vibrisses» parce qu’elles vibrent. Elles sont très sensibles au toucher. Le rat noir s’est introduit en Guadeloupe Le rat noir est venu en Région Caraïbe sur les galions espagnols avec l’arrivée de Christophe Colomb, dès le début du XVIe siècle. On dit qu’il est originaire d’Égypte. Il y a laissé toute sa grande famille de rats noirs. Puis, il a envahi l’Europe avant d’embarquer, en passager clandestin, sur les bateaux à destination des Antilles. Le menu varié du rat noir Le rat noir peut vivre partout dans le monde. Sais-tu nourrir de tout ce qu’il trouve sur son chemin. Ainsi, n’importe où. C’est un grand gourmand: il mange des oisillons, des couresses (petites couleuvres), et même morts). On dit qu’il est «omnivore». pourquoi? Parce qu’il est capable de se il est plus facile pour lui de s’adapter graines et des fruits, des œufs et des des déchets et des charognes (animaux 20 Le rat noir se cache en zone sèche Le rat noir se réfugie dans les endroits qui ne sont pas occupés par son rival, le rat d’égout. Il préfère rester seul et tranquille. Le rat d’égout est peut-être trop bavard. Ainsi, le rat noir recherche les lieux secs (le rat d’égout, lui, préfère les lieux humides). Mais, il niche aussi dans les arbres des forêts marécageuses – juste derrière les mangroves – et des forêts tropicales humides. Il est très habile pour sauter d’arbre en arbre, de branche en branche. Un saltimbanque né! Son nid est facilement reconnaissable. A première vue, il ressemble à un nid d’oiseau. Mais, à y regarder de plus près, il est rond et fait de feuilles sèches. À force d’observations, tu ne te tromperas plus. Dans nos maisons, il niche dans les toitures et les charpentes, dans les fissures des murs, dans les planchers et bien sûr non loin des entrepôts de nourriture. Le rat noir provoque des dégâts C’est un coquin, il faut le reconnaître. Dans les maisons, il vole dans les réserves alimentaires. Malheureusement, il crée beaucoup de dégâts. Dans les champs et les vergers, il détériore les cultures cannières et fruitières car il entame les végétaux avant même qu’ils soient mûrs. Il est difficile: «je goûte cette canne. Et puis, celle-ci. Non, je préfère celle-là». C’est un animal considéré comme nuisible. Malgré cela, il faut reconnaître qu’il a sa place sur notre planète bleue. LE RAT D'ÉGOUT Le rat d’égout est plus gros que le rat noir. Il mesure 27 centimètres de la tête au postérieur. Mais, sa queue écaillée est plus courte que celle du rat noir: 22 centimètres. Son museau est tout rond et ses moustaches, plus courtes, ne dépassent pas ses oreilles. Il peut peser jusqu’à 500 grammes. Il est donc plus musclé que son rival le rat noir. Il est de couleur gris brunâtre sur le dos et blanc sale sur le ventre avec les flancs gris jaunâtre. 21 Alors rat d'égout, la pêche est-elle fructueuse ? Tiens, salut rat des champs ! Et bien oui, comme tu vois : rien n'est trié ! Je trouve des trésors de nourriture. 22 Il viendrait d’Asie: d’Inde et de Perse (nom ancien de l’actuel Iran). Il est arrivé après l’installation du rat noir dans les Petites Antilles, vers la fin du XVIIIesiècle. Le rat d’égout aime les lieux humides Le rat d’égout préfère les milieux humides. D’ailleurs, son nom l’indique bien. Contrairement à son cousin le rat noir, il ne vit pas perché dans les arbres. Il est le maître des fonds de ravine et des zones cultivées des mangroves et des forêts marécageuses. Il élabore son nid directement au sol. Il investit alors les terriers, les fosses, les canalisations souterraines et évidemment les égouts. Sinon, il ne s’appellerait pas «rat d’égout»! Dans les grandes villes et les bourgs, il s’incruste dans les caves des maisons et près des entrepôts de nourriture. C’est plus facile pour trouver à manger! Il vit aussi dans les décharges où la nourriture est abondante, presque servie sur un plateau. Le menu du rat d’égout Comme le rat noir, il mange de tout. Il mange bien sûr des fruits et des céréales et même du cuir, du papier et de l’écorce d’arbre. C’est normal, c’est un rongeur et ses incisives sont très pointues et coriaces. Il lui arrive de sucer le sang de certains animaux pendant leur sommeil: poules, coqs, oiseaux se retrouvent au petit matin avec une patte entaillée. Le rat d’égout est passé par là! Le rat d’égout est un athlète! Le rat d’égout possède de très nombreuses qualités. En effet, il est très agile dans ses déplacements. Tout d’abord, c’est un champion d’escalade. Ses aptitudes de grimpeur, il les doit à sa queue car elle comporte des écailles qui lui permettent de s’appuyer sur les parois, même les plus lisses. De plus, c’est un excellent nageur, grâce à la présence d’une membrane fine entre les doigts de ses pattes. Il peut nager d’un îlot à un autre et embarquer facilement sur les bateaux en s’accrochant aux cordes et aux chaînes des ancres. Aussi, c’est un bon sauteur. Il peut effectuer des sauts de 6 mètres de haut! Il peut même creuser des trous et des tunnels grâce à ses griffes acérées. Bref, il pourrait gagner tous les triathlons de Guadeloupe. En plus, il est très intelligent et possède une ouïe et un odorat très développés. 23 LES CHAUVES-SOURIS Il existe près d'un millier d'espèces de chauves-souris dans le monde. 13 vivent en Guadeloupe. On peut les séparer en deux groupes: les plus grandes que l’on appelle aussi les «Guimbôs» et les plus petites chauves-souris. Il est possible de les reconnaître grâce à leur tête mais surtout grâce à leur museau. Ainsi, l’une ressemble à un petit rat, une autre à un petit chien, une autre à un petit cochon. Quelle confusion! Des chauves-souris différentes En Guadeloupe, il existe: - 6 espèces de Guimbôs. Elles sont généralement appelés «rats volants» parce que leur tête ressemble à celle d’un rat. Mais, ce sont bien des chauves-souris. Elles se nourrissent surtout de fruits, de nectar et de pollen. - 6 espèces de petites chauves-souris qui mangent surtout des insectes certaines sont appelées «molosses». - 1 espèce, c’est la plus grande de toutes, qui mange de petits poissons et des insectes aquatiques. Où vivent les chauves-souris? Selon les espèces, les chauves-souris vivent dans différents milieux. En pleine nature, elles nichent sous les arbres, dans les fissures des rochers et des falaises. Certaines aiment particulièrement les grottes, les trous profonds dans la roche, mais aussi les trous dans certains arbres comme les sapotilliers. Quitte même à trouver refuge dans la loge abandonnée par un pic de la Guadeloupe! D’autres vivent dans ou près de nos habitations: sous les toits des maisons, des terrasses et des carbets, dans les hangars et les garages, dans les clochers, sous les ponts et dans les vieux moulins. 24 Hey, les filles ! Si on allait faire un tour du côté du Petit Bras David ? Il paraît qu'il y a un vrai festin ce soir ! Oh oui, oui ... Quelle bonne idée ! Le savais-tu? Autrefois, les Guimbos étaient chassées pour leur chair. On en faisait des mets très appréciés pendant les réunions de famille ou entre amis. Les techniques de chasse étaient très violentes: les animaux étaient abattus à coups de pierre, par balle, par le feu ou avec des perches pointues en bois de campêche sur lesquelles les ailes des pauvres bêtes s’accrochaient. Cette chasse est aujourd’hui strictement interdite. 25 Que mangent les chauves-souris? Les chauves-souris ont des régimes alimentaires différents selon les espèces. En quelque sorte, elles ont des goûts différents et elles vivent là où elles ont le plus de chance de trouver leurs plats préférés. Certaines mangent surtout des fruits (mangues, sapotilles, papayes). D’autres ne mangent que des insectes (mouches, moustiques, grillons, hannetons, papillons de nuit, araignées, termites,…). Une espèce ne mange que de petits poissons et des insectes aquatiques. Elle vit près des cours d’eau, des mares, des côtes, des «étangs bois secs». Elle capture les poissons en vol à la surface de l’eau avec ses pieds aux griffes très puissantes et recourbées. C’est une très bonne technique de pêche! D’autres chauves-souris mangent, en plus des fruits, du nectar et du pollen des fleurs. Comme les abeilles et les colibris, elles participent à la reproduction des fleurs. Enfin, celles qui ne boivent que du sang, les «vampires», ne vivent pas aux Antilles. Pas de panique donc, tu n’en verras pas en Guadeloupe. Les chauves-souris de Guadeloupe se déplacent grâce à un sonar Les chauves-souris sont les seuls mammifères de notre ère qui puissent encore voler. Elles possèdent une membrane très fine qui s’étend entre leurs longs doigts, allant des pattes avant jusqu’aux pattes arrière et parfois jusqu’à la queue. Tout le monde connaît Batman avec sa cape noire! Elles ont un vol très précis et très rapide grâce à leur «système sonar». La technique qu’elles utilisent s’appelle «l’écholocation». Elles émettent de petits sons, très aigus, inaudibles pour nous autres, les êtres humains. Ces sons tapent sur les obstacles ou sur les proies et reviennent comme des échos aux oreilles de la chauve-souris qui les a émis. C’est un peu comme une balle qui rebondit contre un mur. Ces sons s’appellent des «ultrasons». Grâce à eux, les chauvessouris réussissent à éviter les murs des maisons ou les arbres, même en pleine nuit! Elles peuvent aussi très facilement attraper des insectes en vol. En voilà donc de drôles d'animaux qui voient grâce à leurs oreilles! 26 Le repos des chauves-souris Les chauves-souris sortent de leur refuge à la tombée de la nuit. Elles se reposent le jour, en colonie. La tête en bas, elles sont accrochées par les griffes des pattes arrière aux branches des arbres ou aux parois des grottes. Elles ont des pattes bien musclées pour pouvoir tenir ainsi! Celles qui vivent dans les cavernes sont dites «cavernicoles». Leurs pattes avant sont repliées sur elles-mêmes, recouvrant tout leur corps avec leurs ailes, comme une cape. Les ailes des chauvessouris sont multifonction. Elles leur servent aussi à se ventiler quand il fait trop chaud. La vie en colonie En général, les chauves-souris ont un seul petit par an. Il naît tout nu avec de petites ailes. Un bébé chauve-souris tète le lait maternel, accroché aux poils de sa mère. Heureusement qu’il a des griffes et des crochets aux dents; ils lui permettent de bien s’agripper aux poils de Maman. Certaines chauves-souris molosses vivent en colonies très resserrées. Pendant que les papas vaquent à leurs occupations, les mamans élèvent les petits ensemble. On appelle ce système une «pouponnière». Aussi, pendant que certaines mamans chauve-souris partent à la chasse, il arrive que d’autres donnent la tétée à un petit qui n’est pas le leur. Quelle solidarité! On dit de ces animaux qu’ils sont sociaux. Les chauves-souris ont un rôle écologique très important On dit que les chauves-souris insectivores régulent les populations d’insectes naturellement. Pas besoin d’insecticide! Tu peux les voir chasser leurs proies sous les grands arbres. Certaines attrapent près de 600 moustiques par nuit et mangent 2 kilos d’insectes par an! Cela représente beaucoup pour de si petits animaux. N’oublions pas que parmi ces insectes, il y a les insectes piqueurs comme les moustiques! 27 Ouinnnn ! Et voilà ! C'est toujours pareil ! Qui joue à la baby sitter ? C'est bobonne ! 28 Quant aux chauves-souris qui mangent du nectar et du pollen, elles participent, comme les abeilles par exemple, à la reproduction de certaines fleurs. En effet, elles transportent le pollen des fleurs sur leur museau et sur leur corps. Elles contribuent ainsi à maintenir la biodiversité des zones naturelles de l’archipel guadeloupéen. Certaines adorent le pollen des fleurs de fromager. Une aubaine pour elles puisque ces fleurs ne s’ouvrent que pendant la nuit. Les chauves-souris frugivores jouent le rôle de jardinières. En mangeant les fruits, elles recrachent les noyaux et les graines en plein vol. On dit qu’elles disséminent les graines. Ces dernières, bien enfouies dans le sol, se mettent à germer et deviennent de belles plantes, des arbustes ou des arbres qui donnent à leur tour des graines et des fruits. Parmi les graines disséminées par les chauves-souris, certaines appartiennent à des espèces très rares en Guadeloupe. Ceci est très utile après le passage de fortes tempêtes, de cyclones ou après un défrichement. On dit qu’elles restaurent le milieu naturel en apportant des espèces «pionnières» (plantes pionnières = premières espèces nécessaires pour recoloniser un endroit déboisé). Le savais-tu? Les chauves-souris vivent entre huit et dix ans. Certaines, les doyennes, peuvent atteindre l’âge de vingt ans! Les chauves-souris de Guadeloupe ne mordent pas. Les petits vampires, celles qui sucent le sang, vivent en Amérique Latine, en Guyane par exemple. 29 LES MABOUYAS Deux mabouyas bien différents Le mabouya est aussi appelé gecko. Comme les anolis, ce sont aussi des «reptiles», mais ils vivent surtout la nuit. Deux mabouyas vivent en Guadeloupe: le «mabouya des maisons» et le «mabouya des bananiers». Ils sont différents et comme leur nom l’indique, ils n’habitent pas dans les mêmes milieux. I. DANS LES MAISONS Le mabouya des maisons est aussi appelé «mabouya domestique». Il mesure entre 10 et 15 centimètres de long. Sa queue fait la même longueur que sa tête ou son corps; elle mesure 8 centimètres. On le reconnaît grâce à sa tête aplatie et en forme de triangle, et grâce à de gros yeux globuleux. Ses pupilles sont verticales, comme celles des serpents et des iguanes. Des écailles gris marron couvrent tout son corps, de la tête au bout de la queue. Il est originaire d'Afrique. Il change de couleur Le mabouya est un peu comme un caméléon, il est capable de changer de couleur en fonction de l’endroit où il se trouve et en fonction de son humeur! On appelle cela l’«homochromie». Il porte différentes tenues selon les situations. En cas de danger surtout, et s’il ne peut pas fuir à temps, il porte la même couleur que son support. Sur un mur blanc par exemple, il devient blanc sale et sur un lit de feuilles marron, il devient rouge-brun. Il peut aussi porter des bandes. Cette capacité à changer de couleur lui est très utile en période nuptiale, c’est-à-dire au moment de s’accoupler. Il peut draguer tranquillement Mademoiselle Mabouya sans risquer de se faire manger par un prédateur puisqu’il se confond avec son support. Évidemment, il n’arbore pas toutes les couleurs de l’arc-en-ciel! 30 Collant comme un mabouya! Le mabouya peut s’agripper sur n’importe quelle surface, même sur un mur lisse, une vitre ou au plafond. C’est un genre de «spider gecko». Cette capacité lui vient à la fois de petites «pelotes» adhésives (ou coussinets), qui fonctionnent comme des ventouses, et de petites griffes qu’il possède au bout des cinq doigts de chaque patte. C’est pour cela que certaines personnes disent pour plaisanter:«Il colle comme un mabouya celui-là!». Mais, contrairement à ce qu’on croit, le mabouya ne colle pas à la peau et il ne saute surtout pas sur les gens pour les griffer. Les refuges du mabouya des maisons Le mabouya des maisons vit aux Antilles, mais aussi en Afrique et en Amérique Latine. C’est un animal nocturne; il ne sort que la nuit. Pendant la journée, il se cache sous l’écorce des arbres, dans les forêts sèches: cocotiers, raisiniers bord de mer, mancenilliers, poiriers, dans les murets et les pierres et surtout dans les maisons. Il y occupe beaucoup d’endroits secrets: entre la charpente et la tôle des toits, sous les meubles, derrière les livres et les jouets, derrière les rideaux et les tableaux. Finalement, ce petit gecko vit avec nous! II. DANS LES BANANIERS ET LES COCOTIERS Le mabouya des bananiers a une grosse tête et de petites pattes trapues. Les cinq doigts de ses pattes sont aplatis et ronds. Ses griffes sont protégées par une gaine et elles se rétractent comme les griffes d’un chat. Ses doigts sont palmés et adhésifs; c’est ce qui lui permet aussi de rester collé aux murs. Il est appelé le «grand mabouya collant». Là encore, certaines personnes croient que, une fois qu’il est collé à la peau, on ne peut plus l’en détacher. Mais, c’est faux. On dit que sa queue est «turbinée» parce qu’elle ressemble à une turbine ou à une toupie. Il est plus grand que le mabouya des maisons, 10 à 20 centimètres de la tête à la queue. Certains atteignent le record de 25 centimètres! 31 Sur les murs blancs d'une maison, cette tenue blanc-cassé vous ira très bien Monsieur. Par contre, en situation de détresse, sur fond brun, je vous conseillerai plutôt cette tenue rouge-brune ! 32 Le mabouya des bananiers se protège Le mabouya des bananiers n’a pas la capacité du mabouya des maisons à changer de couleur pour se protéger, mais il a d’autres tours dans son sac. Il est gris clair à gris foncé ou brun olive avec des taches irrégulières. Certains mabouyas des bananiers ont la tête toute blanche et le reste du corps gris bleu. C’est une drôle de combinaison. Leur ventre est clair. Ce grand mabouya collant peut s’aplatir le plus possible sur un substrat rugueux: un rocher ou un tronc d’arbre. On ne le voit même pas! Mais, il est encore plus malin. Si sa technique de camouflage ne fonctionne pas face à ses prédateurs, le mabouya peut tenter de les tromper en agitant sa queue. Son ennemi prend sa queue pour un gros ver. Il l’attaque et celle-ci se détache d’un coup d’un seul du corps du mabouya. La queue reste entre les pattes ou dans la gueule du chasseur perplexe. Le mabouya peut s’enfuir et se réfugier bien tranquille dans un trou ou sous une écorce d’arbre. Le mabouya se cache dans les régimes de bananes Le mabouya des bananiers vit sur les bananiers bien sûr, mais aussi sur les cocotiers et les manguiers et dans l’aisselle des feuilles d’ananas-bois des forêts humides. Il se cache sous l’écorce des arbres, dans les rochers et sous les pierres. Il peut aussi venir dans les maisons, où agrippé aux murs, il devient voisin avec le mabouya domestique. On le trouve aux Antilles, en Guyane, au Mexique et dans toute l'Amérique du Sud tropicale (Brésil, Argentine, …). Le savais-tu? Comme pour tous les amphibiens et reptiles, la température du corps des mabouyas est celle de l’air ambiant où ils vivent. Les murs des maisons sont chauds car ils ont emmagasiné la chaleur des rayons du soleil pendant la journée. Les mabouyas restent donc cachés, collés sur les murs en pleine journée, le temps de se réchauffer. En fin de journée, ils sont prêts pour aller chasser toute la nuit. 33 Opération camouflage réussi ! Mais où va-t-on ? Heu, Tatie ? 34 III. DES COMPORTEMENTS SEMBLABLES Les mabouyas chassent à l’affût Le gecko des maisons sort de sa cachette à la tombée de la nuit, au crépuscule. Il chasse les insectes qui sont attirés par la lumière des ampoules et des néons. Il chasse sans relâche jusqu’au petit matin. Ceux qui vivent dans la forêt chassent directement sur le sol. Ceux qui vivent dans les maisons attrapent tout ce qui vit dans le coin des murs, sous les lampes ou derrière les meubles. Ce sont encore de petits nettoyeurs. Ils mangent des araignées, des blattes, des papillons, des grillons, des hannetons, des sauterelles, des moustiques, des moucherons, … Le grand mabouya collant a le même régime alimentaire que le mabouya des maisons, mais en plus il mange des grenouilles et des anolis et même des bébés mabouyas. Ils chassent tous les deux à l’affût. Ils guettent leur proie silencieusement et s’avancent tout doucement vers elles. Lorsqu’ils lancent leur grosse langue collante sur leurs victimes, celles-ci sont «scotchées»; elles ne peuvent plus en réchapper. Le savais-tu? Le changement de couleur permet également aux mabouyas de renvoyer la lumière lorsqu’elle est trop forte, pour éviter qu’ils aient trop chaud. S’il y a trop de lumière, ils deviennent plus clairs. On reconnaît un jeune mabouya grâce à des anneaux noirs sur la queue. Les geckos n’ont pas de paupière. À la place, ils ont des «lentilles de contact». Il s’agit en fait d’une membrane transparente qui protège leurs gros yeux. C’est pour cette raison qu’ils semblent toujours avoir le regard fixe. 35 LE CRAPAUD BUFFLE Une différence de taille En Guadeloupe, il n’existe qu’une seule espèce de crapaud, c’est le crapaud géant. Il est aussi appelé «crapaud buffle» ou «crapaud bœuf». Il porte bien son nom! Les crapauds géants sont très différents des grenouilles qui vivent dans l’archipel guadeloupéen. D’abord, ils sont nettement plus gros. Les mâles mesurent jusqu’à 14 centimètres. Les femelles sont encore plus grosses jusqu’à 18 centimètres - et elles peuvent peser plus d’un kilogramme. Les grenouilles ne mesurent quant à elles que 2 à 4 centimètres selon les espèces. Aucun risque de confusion! Le crapaud buffle est le plus gros crapaud au monde. Il est trapu: il n’a presque pas de cou et il a de courtes pattes. Il est couvert de grosses verrues sur la tête, les pattes et les flancs. Difficile de le prendre pour un prince charmant! Ses verrues sont des armes de défense chimique; elles contiennent un poison toxique. Ne t’avise pas de le toucher et, au cas où, lave tes mains tout de suite. Contrairement aux grenouilles, son gros corps ne lui permet pas de sauter très loin. Ses pattes arrière sont palmées; ce qui lui permet heureusement de nager. Le mâle est de couleur marron cannelle. La femelle est brun rouge à brun chocolat avec des pattes beiges. De l’eau, de l’eau! Le crapaud buffle sort plus souvent la nuit que le jour. Tu l’observeras donc plus facilement au crépuscule. Il est plus actif durant la saison des pluies, l’hivernage, que pendant la saison sèche, le carême où il fait décidément trop chaud pour ce gros crapaud. En effet, au soleil il se déshydrate, c’est-à-dire qu’il perd l’eau de son corps. Il aime particulièrement les endroits cultivés: les champs de canne à sucre ou les bananeraies et les pâturages aux côtés des vaches. 36 Bien ! Je vois que vous êtes très occupé Monsieur le Crapaud Buffle. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Allez, faut que je file moi ! Le savais-tu? Si les verrues des crapauds sont toxiques, les œufs et les têtards le sont aussi. Cela est nécessaire pour leur survie car le poison décourage les prédateurs comme les poissons. Ainsi, ils peuvent se débrouiller seuls dès leur plus jeune âge. 37 Il n’est pas rare de le trouver sur des plages; d’ailleurs on l’appelle aussi «crapaud marin». Pourtant il ne nage pas dans la mer. Il fréquente aussi les jardins, près des maisons, car les lumières attirent les insectes dont il est très gourmand. Pendant la journée, il reste dans un point d’eau; une mare par exemple. Tu peux le surprendre si tu t’approches tout doucement. Tu observeras deux grosses narines et deux gros yeux à la surface de l’eau, le reste du corps est caché dans l’eau … c’est le crapaud buffle! S’il ne trouve pas de mare, il peut se loger dans un trou de roche, un tronc d’arbre, le long des routes dans une canalisation d’eau pluviale ou sous un pont. À table! Ce crapaud géant mange des fourmis, des coléoptères, des scarabées, des arthropodes comme les mille-pattes (congolios et scolopendres), des papillons, des blattes, des punaises, des termites, des araignées et des escargots. C’est un des plus gros prédateurs d’invertébrés terrestres en Guadeloupe. Et, comme si cela ne suffisait pas, il mange aussi des lézards et des grenouilles. Le crapaud buffle aide les agriculteurs en mangeant certains insectes qui s’attaquent aux plantations. C’est donc une espèce utile à notre environnement. 35 000 œufs pondus! Les crapauds buffle s’accouplent au début de la saison des pluies. C’est Monsieur crapaud qui appelle Madame avec sa voix grave; il chante «ténor». Le mâle et la femelle se rencontrent près des étangs, des mares, des canaux ou des flaques d’eau. Le mâle s’installe confortablement sur le dos de la grosse femelle. Il féconde les œufs qui sortent l’un après l’autre en formant deux cordelettes de plus d’un mètre de long. La femelle pond des milliers d’œufs dans l’eau stagnante; jusqu’à 35 000! Les oeufs éclosent en juillet, libérant des milliers de têtards qui s’agitent dans tous les sens en remuant leur petite queue. Ils ont très faim et ils mangent de tout: larves d’insectes, animaux morts, plantes. Ils sont très utiles aux mares car ils les nettoient. 38 29 543, 29 544, … Ouf ! Il y en a encore beaucoup comme cela Capucine ? Il en reste 5 456 exactement. Courage Gaspard, courage ! Et puis arrête de te plaindre, il faut bien assurer notre descendance non ?! Le savais-tu? Le crapaud buffle a été introduit en Guadeloupe à la moitié du XIXe siècle pour se débarrasser d’insectes envahissants: les hannetons de la canne à sucre en particulier. Ces hannetons, très gourmands de canne à sucre, dévastaient des champs entiers, grignotant les feuilles et les racines. Mais, le hanneton n’était pas au goût de crapaud buffle. Les hannetons ont continué à envahir les champs et le crapaud fait tranquillement sa vie en Guadeloupe. Les prédateurs du crapaud buffle sont la mangouste et le héron garde-bœuf, qui mange surtout les jeunes crapauds. 39 Publication : Parc national de la Guadeloupe ©2009 www.guadeloupe-parcnational.com « Petits Reportages Nature » Dans la même collection : - Drôle de tortues - Oiseaux de jardins - La Soufrière - Une vie de Corail Auteur : NATURA MEDIA (2007) www.naturamedia.net