63 LES EFFETS POLITIQUES ET SOCIAUX DU RÉCHAUFFEMENT Alors que la prise de conscience de la fragilité de la planète a été accélérée par la multiplication des catastrophes naturelles, les effets politiques et sociaux du réchauffement climatique devraient s’intensifier, facilités par l’immobilisme de certains États. CONSÉQUENCES POLITIQUES ET SOCIALES DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE Le 27 novembre 2007, le Programme des Nations unies pour le développement a rendu public son rapport annuel, intitulé Un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé axé sur les conséquences du réchauffement climatique. La question des inégalités, de la justice et de la révolte y est abordée, le rapport soulignant la dimension historique du changement climatique en faisant « peut-être la menace la plus grave qui ait jamais pesé sur l’humanité». L’urgence de la situation semble pourInégalités tant n’avoir pas été intégrée, comme l’attestent les réserves des sociétés En 2004, un Américain émettait 21 tonnes de CO2 par an dans l’atmoindustrielles et des pays en développesphère, un Français, 6 tonnes, un Chiment (tant des gouvernants que des nois, 3,8 tonnes et un Bangladeshi gouvernés). Le rapport se fait prophé0,1 tonne. tique en annonçant : « nous assistons en direct à ce qui pourrait s’avérer être le début d’une régression considérable du développement humain». Entre la conférence mondiale qui se tient à Genève en 1979 et les conférences du début du XXIe siècle, les évolutions sont particulièrement sensibles. Il ne s’agit plus désormais de limiter l’action à la seule lutte contre le réchauffement mais de prendre en compte la dimension sociale du processus de changement climatique. Selon ce rapport, si aucune action majeure n’était engagée afin de réduire les émissions de dioxyde de Carbone « les 40 % de la population mondiale la plus pauvre, soit environ 2,6 milliards de personnes, seraient condamnées à un avenir comportant moins d’opportunités. Le changement climatique accentuera encore les inégalités profondes entre les pays». Pour faire face à ce défi, les ONG appellent à l’adoption de mesures à la hauteur des enjeux. Elles plaident pour une augmentation importante de l’aide globale au développement (alors que celle-ci stagne) et appellent, à l’instar des organisations internationales, à la mise en place d’une vraie politique de lutte contre le réchauffement climatique (le PNUD demande aux pays industrialisés de se fixer comme objectif 80% de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2050 alors que celles des pays en développement devraient culminer en 2020 avant de se réduire de 20% en 2050). Pour autant l’hostilité de certains pays au protocole de Kyoto augure mal de l’adoption d’une politique volontariste permettant d’enrayer le processus de réchauffement climatique. 148 L’HOSTILITÉ AMÉRICAINE AU PROTOCOLE DE KYOTO Adopté en 1997, le protocole de Kyoto est une convention cadre sur les Grandes dates changements climatiques qui détermine des engagements chiffrés devant Les grands accords et traités portant permettre de parvenir à une réduction sur la lutte contre le réchauffement clides gaz à effet de serre pour la période matique et la promotion de la biodiversité et du développement durable se 2008-2012. sont multipliés sans infléchir les méfaits Ce protocole est entré en vigueur le politiques et sociaux liés aux évolutions 30 novembre 2005 après que 55 États environnementales. parties au traité et représentant 55 % 1972. Conférence des Nations unies des émissions de CO2 de 1990 l’ont ratisur l’environnement (Stockholm). Elle fié. Alors que Bill Clinton avait signé le aboutit à la création du Programme des Protocole de Kyoto (qui devait cependant Nations unies pour l’environnement. encore être ratifié), le président George 1976. Convention sur la protection de W. Bush est revenu en 2002 sur l’accord la mer Méditerranée contre la pollution donné par son prédécesseur qui refusait (Barcelone). les contraintes que ce texte aurait fait 1979. Conférence mondiale sur le clipeser sur les Américains. mat (Genève). Après l’adhésion de l’Australie au 1982. Charte mondiale de la nature Protocole, les États-Unis demeurent le adoptée par l’Assemblée des Nations dernier pays industrialisé à ne pas avoir unies (New York). ratifié le texte. 1992. Conférence des Nations unies L’hostilité de la Maison-Blanche à l’ensur l’environnement et le développecontre du protocole s’articule autour de ment – Sommet de la Terre (Rio de différentes dimensions: Janeiro). • il constituerait une entrave à l’acti1997. Conférence des Nations unies vité économique du pays (cette idée est sur l’environnement et le développeavancée avec d’autant plus de force que ment – Sommet de la Terre (New York). les États-Unis connaissent depuis la fin 1997. Conférence des Nations unies 2007 un important ralentissement de sur les changements climatiques – leur activité); Adoption du protocole de Kyoto. • les contraintes imposées par cet 2000. Sommet du millénaire – Objectifs accord se répercuteraient sur le mode de du millénaire pour le développement. vie des Américains, qui, selon l’expression 2002. Sommet des Nations unies sur de G.W. Bush, «n’est pas négociable»; le développement durable (Johannes• il est considéré par Washington burg). comme injuste car il fait principalement 2007. Conférence des Nations unies peser les contraintes environnementales sur le changement climatique (Bali). sur les pays industrialisés; • les responsables politiques américains estiment que les gaz à effet de serre ne constituent pas une pollution au regard des lois sur la salubrité de l’air et reprochent au texte de ne se focaliser que sur une partie des causes du réchauffement climatique. 149