1 UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ************** ANNEE 2002 N°1 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale ----------- Présenté(e) et soutenu(e) publiquement le : à TOULOUSE Par Madame Hélène CAMPANA BRIAULT Née le 20-06-1970 à Paris ---------DISTRIBUTION PREVENTIVE D’IODE STABLE PRES DE LA CENTRALE NUCLEAIRE DE GOLFECH (TARN-ET-GARONNE) ENQUETE AUPRES DE PARENTS D’ENFANTS D’AGE SCOLAIRE PRESIDENT DE THESE : M. Jacques SIMON UNIVERSITAIRE LE CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHEQUE DIRECTEUR DE THESE : M. Jean-Louis FENOLLAND Signature du Cachet de la bibliothèque Président de thèse universitaire 2 à Antoine, Léo, Félix. 3 Remerciements à Maman, Merci pour tes encouragements, tes conseils avisés et ton soutien sans faille, ainsi que pour ton appui logistique, d’une grande aide à la réalisation de ce travail. à Papa, Merci pour ta disponibilité, ton soutien et ton aide d’expert en informatique. à Hervé, Merci pour tes encouragements, ta confiance, ton soutien quotidien et ton appui logistique sans lesquels cette thèse n’aurait pu voir le jour. à Aurore, Merci pour ton attention et ton soutien par delà la Manche. à mes grand-mères, beaux-parents, tantes et oncles, belles-sœurs et beauxfrères, nièces et neveux, cousines et cousins ainsi qu’à mes parents plus éloignés, Merci pour votre familiale chaleur. 4 au Président du jury, Monsieur le Professeur Jacques SIMON, Professeur de biophysique médicale et de médecine nucléairePraticien hospitalier au CHU de Toulouse. Vous nous avez fait l’honneur d’accepter de superviser cette thèse, nous vous remercions pour votre aide précieuse, votre appui et votre disponibilité. à Monsieur le Professeur Jean-Paul ESQUERRE Professeur de biophysique médicale et de médecine nucléairePraticien hospitalier au CHU de Toulouse. Vous avez accepté de juger ce travail. Acceptez ici l’expression de nos remerciements. à Monsieur le Professeur Philippe CARON Professeur d’endocrinologiePraticien hospitalier au CHU de Toulouse. Vous nous faites l’honneur de juger cette thèse. Veuillez recevoir nos remerciements. à Monsieur le Professeur André AURENGO Professeur d’endocrinologiePraticien hospitalier au CHU de La Pitié-Salpétrière à Paris. Nous vous remercions de l’honneur que vous nous faites en acceptant de venir à Toulouse être notre juge aujourd’hui. à Monsieur le Professeur Gabriel KALIFA Professeur de radiologiePraticien hospitalier à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris. Nous vous remercions de l’honneur que vous nous faites en acceptant de venir de Paris être notre juge aujourd’hui. 5 à Monsieur le Docteur FENOLLAND, membre invité, Médecin du travail de la centrale nucléaire de Golfech. Nous vous remercions de l’honneur que vous nous faites en acceptant de venir de Golfech être notre juge aujourd’hui. Nous vous remercions également pour vos précieux conseils, vos patientes relectures ainsi que votre constante disponibilité qui ont grandement concouru à l’élaboration de ce travail. 6 à Madame le Docteur AYNIE Médecin responsable du Service de Santé Scolaire du Tarn-et-Garonne. Nous vous remercions pour votre soutien qui a permis la réalisation de ce travail d’enquête. à Monsieur le Docteur HANON Praticien hospitalier. Soyez remercié pour votre concours d’expert à la réalisation des calculs statistiques. aux parents des écoliers de Golfech et ses environs sans la participation desquels ce travail n’aurait pu être réalisé. 7 TABLE DES MATIERES 1-Le nucléaire civil : généralités .................................................................12 1-1 Les installations nucléaires dans le monde..............................................12 1-2 Les réacteurs nucléaires en France.........................................................13 1-2.1 Les filières françaises 13 1-2.2 Principe de fonctionnement d’un réacteur à eau pressurisée (REP) 15 1-3 L’éventualité d’un accident nucléaire grave avec contamination atmosphérique radioactive en France ...........................................................18 1-3.1 Le scénario d’un accident nucléaire avec contamination atmosphérique 18 1-3.2 Les produits de fission au cœur du réacteur 18 1-3.3 Les différents modes d’irradiation par les radionucléides contenus dans le rejet 21 2-Thyroïde et rayonnements ionisants .......................................................22 2-1 Rappels de physiologie thyroïdienne .......................................................22 2-1.1 Régulation de la sécrétion hormonale 22 2-1.2 Le métabolisme de l’iode 23 2-2 Les accidents nucléaires avec contamination atmosphérique par des iodes radioactifs.....................................................................................................33 2-2.1 Exposition de populations aux radioiodes d’origines militaires : l’accident des îles Marshall 18) 33 2-2.2 Les accidents nucléaires civils 37 2-3 Conclusions 40 8 3- Nécessité d’une protection de la thyroïde en cas d’accident nucléaire avec rejets de radioiodes dans l’environnement : la prophylaxie par l’iode stable............................................................................................................43 3-1 Principe de la prophylaxie par l’iodure de potassium .............................43 3-2 Forme et présentation de l’iodure de potassium stable............................45 3-3 Indication ...............................................................................................46 3-4 Posologie et mode d’administration ........................................................46 3-5 Contre-indications ..................................................................................47 3-6 Alternatives à l’iode stable pour la protection de la thyroïde ..................48 3-7 Effets indésirables d’une prise d’iode stable unique, l’expérience polonaise ......................................................................................................49 4- La prévention de masse par l’iode stable...............................................53 4-1 La réglementation française sur la prophylaxie iodée en cas d’accident nucléaire (32) ...............................................................................................53 4-2 La distribution préventive d’iodure de potassium stable au plan national54 4-2-1 Les opérations pilote de prédistribution d’iode stable 54 4-2-2 La prédistribution nationale 55 5- Enquête sur la dernière distribution des comprimés d’iode stable autour de la centrale de Golfech.................................................................56 5-1 Bref historique du CNPE de Golfech.......................................................56 5-2 Le périmètre de la distribution autour de la centrale nucléaire de Golfech .....................................................................................................................58 5-3 L’enquête................................................................................................59 5-3-1 Introduction 59 5-3-2 Matériel et méthode 60 5-3-3 Résultats 64 5-3-4 Analyse 64 9 6- Conclusions .............................................................................................85 ANNEXES ...................................................................................................88 TABLE DES ILLUSTRATIONS .............................................................110 BIBLIOGRAPHIE....................................................................................111 10 ANNEXES ANNEXE 1 : Lettre de Madame le Docteur AYNIE, médecin responsable du service de santé scolaire du Tarn et Garonne aux chefs d’établissements du périmètre de la centrale. p 90 ANNEXE 2 : Questionnaire à destination des familles, distribué dans les écoles maternelles et élémentaires du Tarn-et-Garonne des communes concernées par la distribution préventive d’iodure de potassium. p 92 ANNEXE 3 : Lettre de présentation du questionnaire p 95 ANNEXE 4 : Résultats p 97 11 L’incorporation d’iodes radioactifs par la thyroïde lors de l’accident de Tchernobyl a causé la survenue de nombreux cancers thyroïdiens chez les jeunes enfants (1). L’ingestion d’iode stable avant inhalation ou ingestion des iodes radioactifs permet d’éviter la survenue de ces cancers. La couverture iodée nécessaire à la protection de la population habitant aux alentours de la centrale nucléaire du Bugey a été jugée insuffisante (2). Nous commencerons par quelques rappels généraux sur le nucléaire civil et les conséquences des accidents nucléaires graves sur la glande thyroïde. Puis, nous présenterons l’enquête qui a fait l’objet de ce travail. Son objectif a été d’évaluer l’efficacité de la distribution d’iode et l’adhésion aux mesures de prophylaxie d’une population chez laquelle ces dispositions sont primordiales : les familles ayant de jeunes enfants. L’enquête a concerné les familles vivant aux alentours du centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne. 12 1-Le nucléaire civil : généralités 1-1 Les installations nucléaires dans le monde En 2001, toutes filières confondues, on comptait 358000 MW nucléaires installés dans le monde, dont un peu plus du quart aux Etats-Unis (près de 100000 MW) et environ 17% en France (près de 63000 MW). (carte1) Dans l’Union européenne, 35% de l’électricité produite est d’origine nucléaire. Pays producteurs et futurs producteurs d'électricité nucléaire Pays non producteurs carte 1 : pays producteurs d’électricité nucléaire (3) 13 1-2 Les réacteurs nucléaires en France 1-2.1 Les filières françaises A-Principe général de fonctionnement d’un réacteur nucléaire producteur d’électricité Dans une centrale nucléaire, l’énergie nécessaire à la production d’électricité est fournie sous forme de chaleur par la réaction de fission en chaîne au sein du combustible nucléaire dans le cœur du réacteur. Cette réaction est modulée par un fluide modérateur. La chaleur est extraite du cœur du réacteur par un fluide caloporteur circulant dans un circuit appelé : le circuit primaire. Le fluide de ce circuit, en contact avec le combustible contient des éléments radioactifs et doit rester dans l’enceinte de confinement du réacteur. Il cède la chaleur extraite du combustible à l’eau d’un deuxième circuit : le circuit secondaire. Cette eau, transformée en vapeur entraîne un groupe turboalternateur qui produit l’électricité. Puis la vapeur entre dans un condenseur où elle repasse en phase liquide au contact de l’eau d’un troisième circuit : le circuit de refroidissement, constitué par l’eau issue de la source froide (rivière ou mer). Trois circuits indépendants, sans aucune liaison entre eux se succèdent donc pour extraire la chaleur du cœur du réacteur, générer la vapeur et produire l’électricité. (figure 1) Les filières se distinguent par la combinaison d’un combustible, d’un modérateur et d’un fluide caloporteur. 14 B-La filière à eau pressurisée Tous les réacteurs français d’EDF appartiennent à cette filière. Le combustible utilisé est de l’uranium enrichi, les molécules d’eau sous pression servent de modérateur et l’eau sert également de fluide caloporteur. Ces centrales sont appelées à eau sous pression (REP ou Réacteur à Eau sous Pression). Le parc nucléaire français compte aujourd’hui 58 REP. (carte2) carte 2: les sites nucléaires en France (3) La part du nucléaire dans la production d’électricité en France est passée de 8% en 1974 à 75 % aujourd’hui. Détaillons à présent le mode de fonctionnement d’un réacteur à eau sous pression. 15 1-2.2 Principe de fonctionnement d’un réacteur à eau pressurisée (REP) Dans un REP, l’énergie utilisée pour vaporiser l’eau provient de la fission du combustible composé d’uranium naturel enrichi en uranium 235. Le combustible nucléaire, sous forme de pastilles, est empilé dans une gaine faite d’un alliage absorbant peu les neutrons. Cet ensemble de quatre mètres de long forme des « crayons » eux-mêmes regroupés dans une armature rigide en assemblages de 264 unités. Un réacteur REP de 1300 MW, semblable à ceux de Golfech contient environ 195 assemblages, appelés « cœur du réacteur », immergés dans de l’eau à l’intérieur d’une épaisse cuve d’acier, elle-même contenue dans une enceinte de confinement. La fission nucléaire produit un important dégagement de chaleur qui permet de chauffer à près de 300°C l’eau sous pression qui baigne le cœur du réacteur. Par transfert calorimétrique, l’eau de ce circuit primaire vaporise l’eau du circuit secondaire. Dans la salle des machines, la vapeur fait tourner la turbine qui entraîne l’alternateur. (figure 1) 16 Figure 1: Schéma de fonctionnement d'un réacteur à eau pressurisée. 17 Dans toutes les centrales nucléaires françaises, trois barrières se succèdent pour éviter la dispersion du combustible radioactif dans l’environnement : - la gaine du combustible, constituée d’un alliage spécial - la cuve en acier du réacteur épaisse de vingt centimètres, elle contient le combustible et l’ensemble du circuit primaire - l’enceinte de confinement autour du réacteur. Elle est constituée d’une double enceinte en béton pour les tranches de 1300 MW. (figure 2) Figure 2 : Les trois barrières de sûreté 18 1-3 L’éventualité d’un accident nucléaire grave avec contamination atmosphérique radioactive en France 1-3.1 Le scénario d’un accident nucléaire avec contamination atmosphérique L’accident le plus grave qui pourrait survenir sur un réacteur en France serait la fusion du cœur si le refroidissement de ce dernier ne pouvait plus être assuré, malgré tous les dispositifs de secours prévus à cet effet. Une fois le cœur en fusion, les gaines contenant le combustible seraient détruites, libérant une partie des radionucléïdes issus de la fission (dont les iodes radioactifs) dans le bâtiment réacteur. Dans pareil cas, des systèmes d’aspersion d’eau sont prévus pour refroidir l’atmosphère de celui-ci et faire chuter la pression interne, mais en cas de dysfonctionnement des circuits de refroidissement, la remontée de la pression dans le bâtiment réacteur pourrait menacer son intégrité et conduire à des rejets volontaires dans l’atmosphère afin d’éviter la rupture de l’enceinte de confinement. Ces rejets se feraient au travers d’un filtre à sable piégeant 90 % des aérosols radioactifs sachant qu’une grande partie des corps radioactifs se serait condensée sur les parois du bâtiment. 1-3.2 Les produits de fission au cœur du réacteur Dans le cœur du réacteur, la fission des atomes de combustible produit des neutrons qui cassent d’autres atomes générant de nouveaux neutrons, perpétuant la réaction en chaîne. 19 Le bombardement de neutrons produit des atomes de masse variable mais surtout regroupés dans les plages de nombre de masse 125-145 et 80-100 (figure 3) Figure 3 : Rendement de fission par les neutrons lents de l’uranium 235, fonction du nombre de masse (4) en La première plage correspond : - aux isotopes de l’iode : 131I à 135I principalement - aux césiums 134Cs et 137Cs - Aux xénons 133Xe et 135Xe La deuxième plage comprend essentiellement le krypton (85Kr) et le strontium (90Sr). Tous ces éléments, hormis le strontium, sont les premiers à être libérés en cas d’accident avec fusion du cœur car ils sont les plus volatiles. Dans un rejet radioactif accidentel provenant d’un réacteur nucléaire l’iode est présent sous plusieurs formes: 20 L’iode est présent sous trois formes : L’iode moléculaire (I2) : c’est un gaz très réactif qui se combine rapidement aux composés présents dans le bâtiment réacteur, il est par conséquent peu présent dans le rejet. L’iode dit organique, surtout l’iodure de méthyle (CH3I) : il est gazeux et n’est pas retenu par les filtres à sable. Il pénètre dans l’organisme par voie pulmonaire (rétention pulmonaire 70%) et son absorption est très rapide. L’iode particulaire forme un aérosol de particules de diamètres variables qui peuvent s’agréger entres elles. Les plus grosses particules se déposent dans le bâtiment réacteur et le filtre à sable retient les particules d’un diamètre supérieur à quelques microns. Pour les particules les plus fines, l’incorporation dans l’organisme peutêtre complète, les plus petites sont absorbées par voie pulmonaire alors que les plus grosses, déposées dans l’arbre respiratoire sont finalement dégluties et absorbées par voie digestive. Dans les premiers jours suivant un accident, les iodes prépondérants sont les isotopes à périodes radioactives (T) courtes (52, 5 min à 6, 7 h), puis l’iode 131 (T= 8, 05j) seul pendant quelques semaines. Par la suite, subsiste pendant plusieurs années une contamination par le césium 134 (T=2 ans) et le césium 137 (T=30 ans) (5) 21 1-3.3 Les différents modes d’irradiation par les radionucléides contenus dans le rejet Un accident nucléaire grave avec fuites de radioéléments dans l’atmosphère peut être à l’origine de différents modes d’irradiation des populations environnantes. A- L’irradiation externe - L’irradiation directe par le nuage. Elle est faible et brève par rapport aux autres modes d’irradiation et dure le temps du passage du nuage. - L’irradiation due aux dépôts laissés par le nuage. Ceux-ci varient d’un endroit à l’autre en fonction des conditions atmosphériques. Les pluies qui lessivent le nuage peuvent provoquer des dépôts importants dans des zones localisées. B- La contamination externe Les radioéléments sous forme d’aérosols se déposent sur les téguments et occasionnent une contamination externe. C- La contamination interne Par inhalation puis ultérieurement par ingestion si l’on consomme des produits contaminés, les radionucléides pénètrent dans l’organisme. En fonction de leurs tropisme chimique ils se fixent préférentiellement sur certains organes où ils sont à l’origine d’une irradiation d’autant plus importante que leur séjour dans l’organisme est prolongé. 22 2-Thyroïde et rayonnements ionisants 2-1 Rappels de physiologie thyroïdienne La thyroïde, petite glande endocrine en forme de papillon située en avant et à la base du cou, sécrète des hormones qui jouent un rôle fondamental dans la maturation du système nerveux et la croissance chez l’enfant, puis dans la régulation du métabolisme corporel chez l’adulte. 2-1.1 Régulation de la sécrétion hormonale Les hormones thyroïdiennes : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3), sont sécrétées sous l’influence de la TSH (thyreo stimulating hormon) d’origine antéhypophysaire, elle-même régulée par la TRH hypothalamique. Il existe une réserve d’hormone mobilisable rapidement selon les besoins. Elle est stockée sur une grosse protéine : la thyroglobuline, à l’intérieur des vésicules thyroïdiennes. Le taux des hormones circulantes est maintenu dans une fourchette étroite de 4 à 12 µg / 100 ml de plasma pour la T4, 60 à 180 ng / 100 ml de plasma pour la T3 grâce à un système de rétrocontrôle négatif adaptatif. ( figure 4) 23 Figure 4 : Axe hypothalamo-hypophysaire, régulation de la sécrétion des hormones (6) 2-1.2 Le métabolisme de l’iode L’iode est un élément indispensable à l’élaboration des hormones thyroïdiennes. C’est par un système de transport actif contre un gradient électrochimique que la thyroïde capte l’iode plasmatique et le concentre dans un rapport de 1 à 25. Dans l’organisme, d’autres tissus sont capables, à un degré moindre de concentrer l’iode, ce sont les muqueuses salivaire et gastrique, les plexus choroïdes, le placenta et les glandes mammaires. 24 L’iode capté par la thyroïde provient d’un apport exogène d’origine alimentaire ainsi que d’une récupération endogène. L’absorption de l’iode alimentaire est rapide (90% en une heure) et a lieu dans la partie haute du tractus digestif sous forme d’iodure. Le captage d’iode par la glande thyroïde varie par la suite selon plusieurs facteurs. Après ajustement sur l’âge, il y aurait chez l’adulte euthyroïdien une très légère différence statistiquement significative en faveur des femmes pour le captage de l’iode mais ce résultat n’est pas constamment retrouvé. (7) Les autres facteurs de variation du captage de l’iode sont : la quantité d’iode fournie par l’alimentation, l’âge, la grossesse ainsi que d’éventuelles anomalies thyroïdiennes. A-Les facteurs de variation du captage de l’iode (7) Les apports alimentaires en iode Le captage de l’iode est inversement proportionnel aux apports qui sont en situation normale essentiellement d’origine alimentaire. (figure 5) 25 Figure 5 : Taux de captage de l'iodure plasmatique par la thyroïde en fonction des apports quotidiens (8) Or, la richesse en iode est très variable selon les catégories d’aliments considérées (tableau 1) 26 Poissons de mer Fruits de mer Poissons d’eau douce Conserves de poissons Laitages et fromages Oeufs Légumes Hareng Cabillaud Maquereau Plie Sardine Aiglefin Sole Saumon Crevettes Homard Huîtres Moules Anguille Truite Perche Carpe Anguille de mer fumée Saumon à l’huile Thon à l’huile Emmenthal Fromage blanc Gruyère Epinards Teneur en iode (µg/100mg) 52 120 74 190 32 243 17 34 130 100 58 130 4 3 4 2 840 580 53 45 25 20 20 20 Tableau 1: Teneur en iode d’un certain nombre de denrées alimentaires en µg/100 mg (9) Les apports naturels fluctuent donc considérablement selon le régime alimentaire. Pour tenter de remédier à ces aléas d’apports alimentaires, la législation française permet depuis 1945 d’adjoindre artificiellement jusqu’à 15 27 mg/kg d’iode au sel de table. En effet, le sel marin produit par évaporation ou par extraction ne contient pratiquement pas d’iode. Malgré cela, comme nous le verrons par la suite les apports alimentaires en iode restent en France, bien en-deçà des doses quotidiennes recommandées. (tableau 2) Nourrisson Enfant Homme Femme Grossesse Allaitement 25-45 50-100 125 100-120 125-200 150 Tableau 2 : Besoins quotidiens en iode (µg) d’après Food and Nutrition Board, in Wolff, 1976 En 1986, une étude portant sur 36 000 collégiens français a évalué les apports alimentaires d’iode en dosant l’iodurie moyenne, reflet de ces apports. L’iodurie moyenne est de 85µg par gramme de créatinine alors qu’une iodurie est considérée comme normale au-dessus de 100µg/g de créatinine. Dans de nombreux collèges, les taux étaient donc inférieurs à ceux considérés comme à risque de déficience modérée (<50µg/g de créatinine). (10) (11) Le taux de captation de l’iodure plasmatique par la thyroïde est par conséquent particulièrement élevé en France. 28 L’âge Fœtus et nouveau-né La barrière placentaire est perméable à l’iode. Le captage de l’iode par la thyroïde fœtale commence dès 10-12 semaines de grossesse, il reste faible jusqu’à 22 semaines puis augmente de façon importante jusqu’au terme du fait de l’augmentation de la masse thyroïdienne. Parallèlement, la thyroïde fœtale concentre l’iode de manière très importante jusqu’à la fin de la grossesse, période à laquelle se constitue le pool iodé de l’organisme. Peu après la naissance, survient chez le nouveau-né un pic de TSH et de T3T4, le taux de captage par la thyroïde peut alors atteindre 90% de l’iode circulant. Enfants Chez l’enfant plusieurs études ne montrent pas de différences de captage par rapport aux adultes. (12), (13) Adolescents Chez l’adolescent, le captage de l’iode augmente mais son élimination rénale également, ce qui entraîne un raccourcissement de la demi-vie de l’iode dans l’organisme. Adultes et personnes âgées Chez l’adulte enfin, les altérations des structures fonctionnelles de la glande liées à l’âge conduisent à une diminution progressive du captage de l’iode, indépendamment de tout autre facteur. (figure 6) 29 Figure 6 : Evolution du captage thyroïdien avec l’âge La clairance rénale diminue également régulièrement. (14), (15) La grossesse Pendant le premier trimestre de la grossesse, la thyroïde maternelle est stimulée par l’activité thyréotrope de l’hormone de grossesse (ßHCG) ce qui entraîne une fixation accrue d’iode par la thyroïde maternelle. (16) Parallèlement, la filtration glomérulaire augmente de façon physiologique et les oestrogènes provoquent une diminution de la réabsorption tubulaire de l’iode. Les apports alimentaires d’iode doivent donc être augmentés de manière adaptée d’autant que dans la seconde partie de la grossesse, il faut compenser les pertes causées par le captage de l’iode circulant par l’unité foeto-placentaire. Les anomalies thyroïdiennes Chez l’adulte, les pathologies thyroïdiennes ne sont pas rares, une étude menée au Royaume-Uni a estimé la prévalence de différentes pathologies thyroïdiennes en fonction du sexe. (tableau 3) (17) 30 Prévalence Hypothyroïdies cliniques ou infracliniques Hyperthyroïdies Goitres Sexe féminin 9, 3 % Sexe masculin 1, 3 % 3, 9 % 12, 3 % 0, 2 % 0, 9 % Tableau 3 : Epidémiologie des maladies thyroïdiennes en fonction du sexe - Hyperthyroïdies : dans la maladies de Basedow, la clairance thyroïdienne et le captage maximal augmentent. - Goitre euthyroïdien d’origine carentielle : les taux plasmatiques et urinaires d’iode sont abaissés et la clairance thyroïdienne augmentée. Le taux de captage thyroïdien d’iode plasmatique est particulièrement élevé chez le fœtus, le nouveau-né, la femme enceinte et plus généralement tous les individus carencés en iode. Ces populations sont donc particulièrement prédisposées, en cas d’accident nucléaire avec contamination radioactive atmosphérique, à une incorporation importante de radio-iodes par leur glande thyroïde. B- Synthèse et libération des hormones thyroïdiennes A l’intérieur de la cellule thyroïdienne, l’iode entre dans un cycle interne qui débute par une peroxydation spécifique transformant, à l’aide d’H2O2 générée in situ l’iodure en iode organique et le liant à un acide aminé, la tyrosine. Puis, après production de diiodo et monoiodotyrosines, un phénomène de couplage des iodotyrosines conduit aux molécules hormonales : triiodothyronine et tétraiodothyronine (thyroxine). (figure 7) 31 Figure 7 : synthèse et libération des hormones thyroïdiennes (5) Ce processus de synthèse se fait au sein d’une énorme molécule, la thyroglobuline synthétisée par la cellule thyroïdienne et stockée au sein de la colloïde, au centre du follicule thyroïdien. Par la suite, un processus d’endocytose fera à nouveau pénétrer la thyroglobuline au sein de la cellule thyroïdienne où elle subira une protéolyse sélective libérant les zones contenant les molécules hormonales, elles-même délivrées au sang circulant. Dans le même temps, des molécules d’iodotyrosines seront libérées, elles subiront une désiodation in situ et participeront à un nouveau processus de synthèse bouclant le cycle interne de l’iode. 32 La deuxième étape importante du métabolisme de l’iode se situe au niveau du foie où la 5’desiodase transforme la thyroxine en triiodothyronine, qui est la forme active des hormones thyroïdiennes. C’est elle qui, dans le noyau, se lie à l’ADN pour initier les processus de synthèse protidique conditionnant son métabolisme final. Ce processus de désiodation est modulé en fonction des conditions métaboliques (il diminue par exemple en période de jeûne). C-Les voies d’élimination de l’iode Elimination rénale L’iode ingéré qui n’est pas capté par la thyroïde ainsi que l’iode provenant de la désiodation périphérique de T3 et T4 est rapidement excrété par voie rénale sous forme d’iodure. La clairance rénale de l’iode n’est pratiquement pas influencée par les apports, elle est dite non adaptative et non saturable et fournit donc un reflet fiable des apports alimentaires en iode. Autres voies d’élimination En situation normale, une faible proportion de thyroxine (20%) est conjuguée dans le foie puis sécrétée dans la bile et éliminée dans les fèces. 33 2-2 Les accidents nucléaires avec contamination atmosphérique par des iodes radioactifs Plusieurs accidents graves survenus dans le passé permettent d’évaluer les conséquences d’une exposition aux radio-iodes sur les populations. 2-2.1 Exposition de populations aux radioiodes d’origines militaires : l’accident des îles Marshall (18) A-Scénario de l’accident Le 1er mars 1954, les Etats-Unis ont effectué un essai thermonucléaire atmosphérique sur l’archipel des îles Marshall situé dans l’océan Pacifique, à 2000 km au sud-ouest de Hawaï. Deux phénomènes non prévus ont été à l’origine de retombées radioactives affectant la population de la région : - la puissance de la bombe a été sous estimée et l’explosion a entraîné la dissémination dans l’atmosphère d’une importante quantité de fines cendres de corail radioactives. - la direction du vent, changeant de manière imprévue, a disséminé ces cendres sur l’atoll de Bikini, site de l’explosion et sur quatre autres îles habitées de l’archipel : Alinginae, Rongelap, Rongerik et Utirik ainsi que sur un bateau de pêche japonais qui se trouvait au large dans la zone. Cet accident a été responsable de la contamination à des niveaux variables d’environ 250 personnes. 34 B- Les effets non thyroïdiens sur les personnes exposées Les habitants ont en majorité présenté un syndrome d’irradiation globale externe aiguë sublétale avec signes digestifs et chute importante des éléments figurés du sang, régressant par la suite spontanément. Ils ont également subi une irradiation ß très élevée de la peau responsable de brûlures cutanées et plus tardivement de tumeurs mélaniques cutanées bénignes. D’autres complications ont encore été observées, telles une leucémie myéloblastique aiguë mortelle chez un enfant, peut-être en rapport avec l’irradiation et deux tumeurs hypophysaires dont l’une à prolactine dont le lien avec l’irradiation est moins évident. La majorité des complications tardives chez les habitants des îles Marshall concerne la glande thyroïde. C- Les effets thyroïdiens sur la population L’irradiation de la thyroïde, estimée par des dosages d’iode effectués dans les urines 15 jours après l’accident a été évaluée approximativement en terme d’équivalent de dose à 30 à 2000 cSv (centiSv). L’iode 131 n’a contribué à l’irradiation de la thyroïde que pour 10 à 15 % de la dose totale. Les radioiodes (132I, 133I, 135 I) à période courte ont été responsables de la plus grande partie de l’irradiation, ils ont fourni un débit de dose élevé (19) Les complications thyroïdiennes ont été de deux types : 35 - des insuffisances thyroïdiennes, particulièrement fréquentes dans l’île la plus contaminée et d’apparition d’autant plus fréquente que les enfants étaient plus jeunes. (voir tableau 3) Groupes d’âge en 1954 Rongelap 1 an 2-10 10 Ailingnae <10 10 Utirik <10 10 Témoins <10 10 No. Doses estimées à Hypothyroïdies la thyroïde (cGy) No. % 6 16 45 1500( ?) 800-1500 335-800 5 8 6 83 50 13 7 12 275-450 135-190 0 2 0 17 64 100 60-95 30-90 4 4 6 4 2 2 0, 8 0, 5 229 371 Tableau 3 : Hypothyroïdies chez les habitants des 3 îles les plus contaminées de l’archipel des îles Marshall ( d’après R. A. Conard (20)) Il faut remarquer une divergence entre le grand nombre d’hypothyroïdies observées (50 %) et la dose d’irradiation estimée de 10 Gy. Cette inadéquation avec l’expérience des médecins nucléaires utilisant l’iode 131 dans le traitement de l’hyperthyroïdie peut s’expliquer soit par une sous-estimation de la dose, soit par un rôle plus important des isotopes de période courte : l’iode 132 (période de 2 heures), l’iode 134 (période de 52 minutes) et l’iode 135 (période d’environ 6 heures) dans l’induction d’hypothyroïdies. - des nodules thyroïdiens, chez les 250 personnes irradiées, 46 nodules seront retrouvés dont 7 cancers papillaires. (tableau 4) 36 Groupes d’âge en 1954 Rongelap 1 an 2-10 10 Ailingnae <10 10 Utirik <10 10 Témoins <10 10 No. Doses estimées à la thyroïde (cGy) Tous nodules No. % Cancers No. % 6 16 45 1500( ?) 800-1500 387 4 13 6 66,7 81,2 13,3 0 1 3 0 6,2 6,6 7 12 275-450 140 2 4 28,6 33,3 0 0 0 0 64 100 60-90 53 5 12 7, 8 12 1 2 1, 6 2 6 29 2, 6 7, 8 2 0 0, 9 0, 8 229 371 Tableau 4 : Nodules thyroïdiens chez les habitants des îles Marschall (1981) d’après R. A. Conard La prévalence des nodules chez l’enfant a augmenté chez les plus jeunes, elle a également augmenté chez les femmes. Pour ce qui est des nodules, il existe également une divergence entre ces résultats et ceux observés avec l’iode 131 en médecine nucléaire pour laquelle on peut être amené à faire les mêmes hypothèses. L’expérience des îles Marschall ne donne pas d’information sur le risque lié à l’exposition à l’iode 131. 37 2-2.2 Les accidents nucléaires civils A- Les accidents de Windscale et de Three Mile Island (TMI) Survenus respectivement en 1957 et 1979, ils n’ont eu aucune conséquence sur les populations environnantes puisque les équivalents de doses reçus par les individus les plus exposés à Windscale ont été évalués à moins de 1 mSv, ce qui représente la moitié de l’irradiation naturelle annuelle ; ceux reçus après l’accident de TMI sont du même ordre de grandeur. Le scénario de l’accident survenu à TMI est comparable à celui de Tchernobyl, puisqu’il s’agit d’une fusion du cœur du réacteur dans les deux cas. Grâce à la conception et à la sûreté des installations en Europe de l’ouest et aux USA, les conséquences ont été sans aucune commune mesure avec celles de la catastrophe de Tchernobyl. B-L’accident de Tchernobyl (21) : L’accident Le 26 avril 1986, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, une série de manœuvres malencontreuses aboutit à la destruction du cœur du réacteur n°4 et de son bâtiment de confinement sur le site nucléaire de Tchernobyl. Cet accident, le plus grave jamais survenu dans l’histoire de l’industrie nucléaire civile, a occasionné pendant les dix jours qui ont suivi le rejet 38 dans l’atmosphère d’une quantité considérable de radionucléïdes que l’on peut séparer en deux familles principales : - les radioiodes : iode 131, iode 132, iode 133. - les césiums : césium 137, césium 134. Le nuage s’est dispersé au-dessus de l’Europe de manière variable en fonction des conditions atmosphériques. Les relâchements les plus importants sont estimés pour le césium 137 et l’iode 131 à respectivement 85 et 1200 PBq (1015 Bq) (1) Les régions les plus contaminées ont été le sud de la Biélorussie, le nord de l’Ukraine ainsi que les régions de Briansk et Kaluga en Russie. Cela représente une surface de 150000 km2 pour laquelle la contamination par le césium 137 est supérieure à 37 kBq/m2. Ces territoires intéressent une population d’environ 6 millions de personnes. Les effets thyroïdiens Jusqu’à présent, la survenue de cancers de la thyroïde est la seule augmentation de cancers solides mise en évidence de manière significative, environ 1800 cas à ce jour principalement chez les enfants et les adolescents. (22) Elle a été rapportée pour la première fois en 1990, soit 4 ans seulement après la survenue de l’accident. Par la suite, le phénomène a pris de l’ampleur et il est apparu une « épidémie » de carcinomes papillaires particulièrement agressifs. (figure 8) 39 Age au diagnostic 1974-1985 1986-1998 3-14 15-18 19-29 >29 8 13 117 1254 600 132 438 4279 Taux d’augmentation 75 10, 1 3, 7 3, 4 Figure 8 : Cancers de la thyroïde en Biélorussie avant et après Tchernobyl (22) 40 2-3 Conclusions A- Les conséquences d’une contamination de l’enfant par les iodes radioactifs Comme cela a été constaté après les accidents nucléaires graves, les conséquences d’une contamination chez l’enfant sont bien plus graves que chez l’adulte. Ceci s’explique par plusieurs raisons : - le captage de l’iode est augmenté chez le fœtus et le nouveau-né car les besoins en hormones thyroïdiennes sont importants, - à incorporation égale une irradiation est beaucoup plus importante chez l’enfant du fait de la faible masse de sa thyroïde, - la thyroïde en développement des enfants est beaucoup plus sensible aux cancers radio-induits que celle des adultes (23), - le lait bu en quantité importante par les enfants est une grande source de contamination potentielle. Il est donc primordial de protéger la thyroïde des fœtus et des jeunes enfants en cas d’accident nucléaire grave. 41 B- Les mesures de protection après un accident nucléaire grave avec dispersion de radionucléïdes dans l’environnement : Dans l’éventualité d’un tel accident, la procédure en France prévoit deux plans d’intervention : Le Plan d’Urgence Interne (PUI) et le Plan Particulier d’Intervention (PPI) (24) Le Plan d’Urgence Interne : Déclenché par la direction de la centrale nucléaire : - il définit les mesures à prendre pour évaluer la nature de l’incident et son évolution probable, - il met en place les actions visant à remettre la centrale dans un état sûr et à limiter au site les conséquences de l’accident, - il prévoit également l’information immédiate : - des pouvoirs publics dont, en particulier, le préfet, - de la Direction Générale de la Sûreté et de la Radioprotection (DGSNR), - de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), - des élus locaux à travers la Commission Locale d’Information (CLI), - ainsi que de la presse. 42 Le Plan Particulier d’Intervention : Déclenché par le Préfet, il prévoit les actions à mener pour assurer l’information ainsi que la sécurité des personnes, en cas d’accident provoquant des conséquences radiologiques à l’extérieur d’un site nucléaire. Ces différentes mesures sont, selon la gravité de la situation : - la mise à l’abri, assortie de mesures de précautions concernant l’eau de boisson et les aliments, ainsi qu’une prophylaxie par iodure de potassium stable qui sera détaillée par la suite. - l’évacuation de la population. 43 3- Nécessité d’une protection de la thyroïde en cas d’accident nucléaire avec rejets de radioiodes dans l’environnement : la prophylaxie par l’iode stable. 3-1 Principe de la prophylaxie par l’iodure de potassium En cas de rejets de produits de fission dans l’atmosphère, l’absorption sanguine des iodes radioactifs inhalés et ingérés est presque immédiate.(25) Puis, chez les sujets normaux, la thyroïde capte l’iode radioactif selon les paramètres définis précédemment, lequel remplace l’iode stable dans l’élaboration des hormones thyroïdiennes. Stocké au sein de la glande pendant plusieurs semaines, le radioiode occasionne une importante irradiation ß du tissu thyroïdien entraînant principalement chez les enfants les graves conséquences étudiées précédemment, avant d’être finalement sécrété. Pour prévenir la contamination de la thyroïde on peut empêcher le captage du radioiode par la glande. Parmi les divers agents connus, l’iode stable est le plus efficace tout en induisant le minimum d’effets secondaires. (26) 44 La protection par l’iode stable repose sur plusieurs mécanismes (figure 9) : - la dilution de l’isotope et la saturation du mécanisme de transport actif de l’iode dans la thyroïde. C’est le mécanisme de protection principal : l’iode stable en quantité appropriée dilue l’isotope radioactif et entre de façon efficace en compétition avec celui-ci vis-à-vis du système de transport actif de l’iode dans la thyroïde. Toutefois, l’iode radioactif peut encore être absorbé dans la glande par diffusion. - inhibition de l’organification intrathyroïdienne de l’iode. Par un mécanisme encore mal connu, une concentration plasmatique d’iode supérieure à 15-28 mg/dl diminue rapidement l’organification de l’iode et freine la sécrétion hormonale évitant de ce fait l’incorporation d’iode radioactif, c’est l’effet Wolff-Chaikoff (27) Chez un adulte euthyroïdien, cet effet est transitoire et après 24-48 heures survient un échappement avec reprise de l’organification de l’iode même si la surcharge iodée persiste. Ce phénomène peut être à l’origine d’effets secondaires thyroïdiens en particulier chez le nouveau-né et en cas de pathologies thyroïdiennes, ils seront décrits ultérieurement. 45 Figure 9 : Le métabolisme intrathyroïdien de l’iode et son blocage par un excès de KI (5) 3-2 Forme et présentation de l’iodure de potassium stable L’iodure de potassium se présente sous forme de comprimés quadri sécables, blancs, sous blister d’aluminium/PVC, ils sont destinés à la voie orale et solubles dans l’eau. Composition : Le comprimé est constitué d’un principe actif (130 mg d’iodure de potassium), et de quelques excipients pour des raisons de mise en forme 46 galénique (lactose monohydraté, carboxyméthylamidon sodique, huile végétale hydrogénée). 130 mg d’iodure de potassium correspondent à 100 mg d’élément iode (99,38 mg) 3-3 Indication Ce médicament est utilisé pour prévenir l’incorporation d’iode radioactif par la thyroïde en cas d’accident nucléaire grave avec rejets de radionucléïdes dans l’environnement. Il ne doit être utilisé qu’en cas de circonstances exceptionnelles et seulement sur ordre du Préfet, sur les conseils des autorités sanitaires compétentes par tous les moyens appropriés (radio, haut-parleurs,…) 3-4 Posologie et mode d’administration Adultes (hommes, femmes et Un comprimé à dissoudre dans un femmes enceintes) et enfants de verre (eau, lait, jus de fruit) plus de 12 ans : Un demi-comprimé à dissoudre Enfants de 3 à 12 ans dans un verre (eau, lait, jus de fruit) Un quart de comprimé à Nourrissons de 0 à 3 ans dissoudre dans un verre (eau, lait, jus de fruit) La dissolution dans le lait ou dans le jus de fruit permet d’atténuer le goût métallique normal qui peut être ressenti. La prise à jeun doit être évitée. Le traitement consiste en une prise unique éventuellement renouvelée en cas de circonstances exceptionnelles et seulement sur instruction des autorités compétentes. 47 En cas de pathologies thyroïdiennes connues, les patients peuvent prendre leur comprimés d’iode mais devront être surveillés par leur médecin traitant dans les jours suivants (bilan thyroïdien). 3-5 Contre-indications Si les complications consécutives à la prise d’iodure de potassium sont très rares, il faut cependant faire attention dans un certain nombre de cas bien identifiés : - l’hypersensibilité avérée à l’iode. Ce cas est très rare, les réactions allergiques que l’on peut observer suite à l’utilisation de médicaments iodés (BETADINE®, produits de contraste,…) sont dues aux vertus immunogènes des excipients plutôt qu’à l’élément iode. Il n’y a pas de cas connu d’accident allergique après administration de radioiode dans les services de médecine nucléaire. - gros goitre avec compression de la trachée - dermatite herpétiforme - pemphigus vulgaire - myotonie congénitale - vascularité hypocomplémentémique 48 3-6 Alternatives à l’iode stable pour la protection de la thyroïde Il est important que les patients qui ne peuvent pas prendre d’iode stable soient informés qu’il existe des mesures de remplacement. Cependant, en raison de la nature des effets secondaires possibles, il est évident que ces solutions ne peuvent pas être recommandées de manière générale. (tableau 5) Dans certains cas, on pourra administrer du perchlorate de potassium ou de sodium. Comme l’iodure de potassium, ce produit entre en compétition avec l’iode radioactif au niveau de la thyroïde et inhibe l’incorporation de ce dernier. Il est également possible d’inhiber l’incorporation d’iode dans la thyroïde à l’aide de médicaments thyréostatiques ou antithyroïdiens de synthèse comme le carbimazole (NEO-MERCAZOL®) ou le propylthioouracile (PTU®). Médicament Perchlorate de sodium ou de potassium Carbimazole ( NEOMERCAZOL®) Propylthiouracile (PTU®) Posologie 2 x 500 mg / jour 3 x 15 mg / jour 3 x 100 mg / jour Tableau 5 : posologie des traitements de remplacement de l'iodure de potassium en cas de contre-indication. NB : Il faut savoir que le carbimazole et le propylthiouracile exposent le patient à tous les effets secondaires liés à la prise de ce type de molécules : hypothyroïdies (surdosage), leucopénie, agranulocytose, aplasie médullaire, manifestations cutanées (prurit, éruptions, érythème, urticaire), fièvre, myalgies, arthralgies. 49 3-7 Effets indésirables d’une prise d’iode stable unique, l’expérience polonaise En évitant d’être à jeun, la prise de comprimés d’iodure de potassium dans un verre d’eau, de lait, de jus de fruit expose à quelques désagréments, résolutifs de façon spontanée ou sous traitement symptomatique. Effets indésirables mineurs - goût métallique dans la bouche, - nausées, vomissements, - diarrhées, - gastralgies, mais également dans quelques rares cas à des effets secondaires plus graves : - troubles du rythme cardiaque, - bronchospasme, - hyperthyroïdie. L’ingestion d’iodure de potassium peut déclencher une hyperthyroïdie, de façon plus fréquente chez les personnes porteuses d’un goitre et âgées de plus de soixante ans. Le retentissement de cette hyperthyroïdie peut être grave en cas de maladie cardiaque. Pour cette raison, la prophylaxie par l’iodure de potassium n’est pas recommandée chez les personnes âgées d’autant plus que le temps latence de survenue d’un cancer thyroïdien est long et que son évolutivité est faible à un âge avancé. 50 - Hypothyroïdies néonatales Le nouveau-né présente une hypersensibilité à l’effet Woll-Chaikoff décrit précédemment et une surcharge iodée supérieure de seulement 6 à 10 fois la normale peut suffire à provoquer une hypothyroïdie néonatale. Ceci s’explique par plusieurs raisons : - la thyroïde du fœtus contient très peu d’iode, - le processus de régulation de la thyroïde vis-à-vis d’un brusque apport d’iodure est encore immature, - d’autre part, l’hypersensibilité du nouveau-né à l’effet Woll-Chaikoff est encore accrue en Europe par la carence d’apport en iode de l’alimentation maternelle. Ce déficit a pour conséquences chez le nouveau-né une fréquence élevée d’hypothyroïdies néonatales transitoires, mises en évidence par le dépistage systématique de l’hypothyroïdie congénitale (test de Guthrie). Elles sont huit fois plus élevées en Europe qu’aux Etats-Unis, alors que l’incidence de l’hypothyroïdie permanente est identique. (28) La carence iodée entraîne une augmentation de la fréquence des TSH néonatales élevées (29), cette hyperstimulation de la thyroïde impliquant une sensibilité accrue à l’effet Woll-Chaikoff. Quoiqu’il en soit, chez les nouveaux-nés, les enfants, les adolescents et les femmes enceintes, les inconvénients liés à la prise d’iodure de potassium en cas de rejets atmosphériques radioactifs sont largement contrebalancés par la radioprotection qu’elle procure. Chez l’adulte, le rapport bénéfice/risque de la prophylaxie est moins évident car les effets carcinologiques sur la thyroïde de l’iode 131 sont moins clairs, cela dit, la faible fréquence de survenue d’effets indésirables à cet âge incite à recommander cette prophylaxie. (30) 51 Cette mesure doit donc être appliquée à cette population sous réserve d’une surveillance médicale appropriée chez le nouveau-né ou en cas de pathologie thyroïdienne connue. Une expérience concrète confirme ces affirmations : la distribution d’iodure de potassium en Pologne lors de l’accident de Tchernobyl et la survenue d’une faible proportion d’effets indésirables. L’expérience polonaise (31) Après l’accident de Tchernobyl, en dehors de l’ex-URSS, c’est en Pologne que les doses d’irradiation les plus élevées à la thyroïde ont été enregistrées, ce qui a justifié la mise en œuvre par le gouvernement polonais d’une distribution prophylactique d’iode stable. Au total 10,5 millions de doses d’iodure de potassium stable ont été distribuées aux enfants de moins de 16 ans. 95,3% des enfants polonais en ont bénéficié: 86,7 % d’entre eux ont reçu une dose unique, 2,39 % 2 doses ou plus et 6,14 % des enfants ont reçu de la teinture d’iode administrée par les parents avant la distribution gouvernementale. Bien que cette prophylaxie ne leur ait pas été recommandée, approximativement 7 millions d’adultes ont également pris une ou plusieurs doses d’iode stable. Sur ces quelques 18 millions de personnes, les effets secondaires graves rapportés ont été : - 3 bronchospasmes graves nécessitant une hospitalisation, 52 - pour 10 % des nourrissons, une hypothyroïdie transitoire a été observée mais ces chiffres ne sont pas différents de ceux retrouvés chez 120 000 à 140 000 nouveaux-nés en Pologne centrale en 1985, 1986 et 1987, - un seul cas d’hypothyroïdie néonatale sur les 2700 femmes ayant pris de l’iode stable au cours de leur troisième trimestre de grossesse. En Pologne, la quantité d’iode radioactif fixée sur la thyroïde suite à l’accident de Tchernobyl a été réduite d’une valeur estimée à 40% grâce à cette prophylaxie. (31) 53 4- La prévention de masse par l’iode stable 4-1 La réglementation française sur la prophylaxie iodée en cas d’accident nucléaire (32) La distribution curative Jusqu’en 1996, chaque centrale dès sa mise en fonctionnement disposait d’un stock de 200 000 comprimés d’iode stable. En cas d’accident nucléaire avec rejets radioactifs dans l’environnement, une fois l’ordre de confinement donné, ces comprimés devaient, selon un plan préétabli, être distribués aux populations concernées par des personnels d’origines diverses (sécurité civile, secouristes, . . .). La distribution préventive Plusieurs exercices de simulation ont montré que cette distribution curative se révélait impossible à mettre en œuvre dans des délais compatibles avec l’efficacité de la prophylaxie. Le 11 avril 1996, Hervé Gaymard, Secrétaire d’Etat à la santé annonçait la pré distribution de comprimés d’iode stable pour toutes les personnes vivant à proximité des installations nucléaires. Une circulaire du 30 mai 1997 distinguait trois modalités de distribution de l’iode stable en fonction de la proximité de l’installation nucléaire. 54 Dans un rayon de 5 km autour des installations nucléaires, l’iode stable doit être mis à disposition des foyers (une boîte de dix comprimés par famille, deux boîtes pour les familles nombreuses), crèches, établissements scolaires et d’enseignement, centres de vacances et de loisirs, centres de formations d’apprentis, établissements de santé et médico-sociaux. Dans une deuxième zone de 5 à 10 km autour des installations nucléaires, les établissements énumérés ci-dessus doivent également être dotés de comprimés et la population doit être invitée, par des campagnes d’information, à venir retirer, en échange d’un bon et gratuitement, les comprimés dans les pharmacies. Au-delà de ces deux premiers périmètres et sur l’ensemble du territoire français, la population devait pouvoir dès la fin 1997 acheter sans ordonnance les comprimés dans les officines. Les pharmacies hospitalières devaient également constituer des stocks. 4-2 La distribution préventive d’iodure de potassium stable au plan national Une opération de pré distribution des comprimés d’iode stable a tout d’abord été réalisée en 1996 sur quatre sites pilotes : St-Alban, Fessenheim, Chooz et Golfech. 4-2-1 Les opérations pilotes de pré distribution d’iode stable Pour la distribution d’iode stable à la population du premier périmètre (dans les cinq kilomètres autour de la centrale), trois méthodes différentes ont été expérimentées en 1996 et 1997 : 55 - l’envoi par la poste des comprimés à chaque foyer (Chooz, Golfech), - la distribution au porte à porte par des secouristes volontaires (Fessenheim), - l’envoi à chaque habitant d’un bon à échanger en pharmacie contre les comprimés (St Alban). Par la suite, les comprimés d‘iode stable ayant obtenu le label de médicament, c’est la dernière méthode qui a été retenue pour la pré distribution au plan national. 4-2-2 La pré distribution nationale Le 10 avril 1997, une instruction du Premier Ministre confirmait la généralisation de la distribution à tous les sites nucléaires français, cette mise en œuvre devant intervenir avant la fin 1997 (circulaires du 30 avril puis du 4 juin 1997). 56 5- Enquête sur la dernière distribution des comprimés d’iode stable autour de la centrale de Golfech 5-1 Bref historique du CNPE de Golfech Le Centre Nucléaire de Production d’Electricité (CNPE) est situé dans le Tarn et Garonne sur la commune de Golfech, en aval du confluent du Tarn et de la Garonne, à 20 km d’Agen et à 80 km de Toulouse. (Carte 3) carte 3 : Le centre nucléaire de production d'électricité de Golfech. La construction du CNPE a été autorisée par décret d’utilité publique le 27 octobre 1980. La construction des deux unités de production de la centrale (tranches) s’est déroulée de novembre 1982 à décembre 1989. 57 Deux unités de 1300 MW comportent chacune : un bâtiment réacteur, un bâtiment combustible, quatre générateurs de vapeur, un aéroréfrigérant de 178 m de haut. La première unité a été mise en service en 1990 et la seconde en 1994. La centrale de Golfech produit chaque année environ 16 ou 17 milliards de kWh, soit près de 4% de la production nationale, c’est l’équivalent de la consommation annuelle de la région. 58 5-2 Le périmètre de la distribution autour de la centrale nucléaire de Golfech En novembre 1996, les habitants des communes situées dans un rayon de cinq kilomètres autour de la centrale ainsi que ceux de six autres communes situées sous les vents dominants ont bénéficié de la distribution préventive des comprimés d’iode. En janvier 1998, cette dernière a été étendue à une zone d’un rayon de dix kilomètres autour de la centrale. Trente et une communes sont actuellement concernées par la distribution autour de la centrale de Golfech. Elles se répartissent dans trois départements, le Tarn-et-Garonne, le Lotet-Garonne et le Gers de la façon suivante (voir carte 4) : carte 4 : Golfech et le périmètre de distribution des comprimés d'iode. 59 Tarn-et-Garonne Auvillar* Merles Bardigues* Perville Donzac* Pommevic* Dunes* St Cirice Espalais* St Clair Gasques St Loup Golfech* St Michel Goudourville* StVincent Lespinasse Lamagistère* Sistels Malause* Valence d’Agen* Mansonville* Lot-et-Garonne Caudecoste* St Nicolas de la Balerme* Clermont-Soubiran* St Romain le Noble* Grayssas St Sixte* Puymirol* St Urcisse St Jean de Thurac* Gers St Antoine *Les communes suivies d’une astérisque ont une école maternelle et/ou élémentaire. 5-3 L’enquête 5-3-1 Introduction En cas d’accident grave sur un réacteur nucléaire avec relâchement d’iodes radioactifs dans l’atmosphère, les jeunes enfants vivant dans le voisinage de la centrale représentent la population la plus exposée à la survenue d’un cancer de la thyroïde. Cette étude est une enquête transversale intéressant toutes les familles ayant de jeunes enfants scolarisés dans les dix kilomètres autour de la centrale nucléaire de Golfech. 60 Elle a pour buts : - d’évaluer l’impact de la dernière distribution des comprimés d’iodure de potassium dans le périmètre de la centrale électronucléaire de Golfech, chez les parents de jeunes enfants scolarisés en maternelle et dans le primaire, - d’évaluer dans cette même population l’intérêt ainsi que les connaissances concernant la prévention de l’irradiation de la thyroïde par la prise d’iodure de potassium en cas d’accident grave à la centrale, - de déterminer le cas échéant les causes de non-adhésion de la population à ces mesures de prophylaxie et les moyens à mettre en œuvre pour une meilleure mobilisation dans ce domaine. 5-3-2 Matériel et méthode A-Population étudiée : Nous avons choisi de nous intéresser aux familles ayant des enfants âgés de 3 à 11 ans et vivant dans les communes du Tarn-et-Garonne incluses dans le périmètre de distribution des comprimés d’iode, autour de la centrale nucléaire de Golfech. Pour obtenir des informations concernant ces familles et dans l’impossibilité technique de les recenser ou de les localiser, nous les avons contactées par l’intermédiaire de leurs enfants. 61 Nous avons ciblé les enfants de 3 à 11 ans parce qu’ils sont normalement tous scolarisés dans les écoles maternelles ou élémentaires et donc faciles à contacter en période scolaire. Dans un souci d’homogénéité de la population, les familles avec enfants de plus de 11 ans ont été exclues de l’enquête car, d’une part de nombreux enfants fréquentant le collège de Valence d’Agen, seul collège de la zone concernée, ne résident pas dans le périmètre de distribution des comprimés et, d’autre part, le taux de réponses espéré est plus aléatoire pour des adolescents que pour des enfants plus jeunes qui contestent encore peu l’autorité de leur enseignant. Les familles avec bébés ou jeunes enfants non encore scolarisés ont également été exclues car les très jeunes enfants sont en majorité gardés au domicile ou chez une assistante maternelle, ce qui ne nous permettait pas de les contacter facilement. Cependant, comme nous l’expliquerons par la suite, nous avons tout de même recueilli des données concernant ces familles ayant des enfants de moins de 3 ans ou de plus de 11 ans, s’ils avaient des frères ou des sœurs dans la tranche d’âge que nous avons sélectionnée. B- Zone géographique de l’étude : La distribution des comprimés d’iodure de potassium intéresse une zone concentrique d’un périmètre de 10 km autour de la centrale nucléaire de Golfech. Dans un souci d’homogénéité et pour des raisons pratiques, nous avons limité l’enquête aux familles vivant dans les communes situées dans le Tarn-et-Garonne qui dépend de l’académie de Toulouse. 62 De ce fait, 298 élèves scolarisés dans le Lot-et-Garonne et le Gers ont été exclus. L’enquête a donc concerné 1148 élèves âgés de 3 à 11 ans. Pour recueillir des informations par l’intermédiaire des enfants et au sein de leur école, il était indispensable d’obtenir au préalable l’accord et l’appui de l’Inspection Académique. Nous sommes allés rencontrer Madame le Docteur AYNIE, médecin responsable du Service de Santé scolaire du Tarn et Garonne, qui s’est montrée très intéressée par le projet. Madame Aynié nous a apporté son soutien actif en faisant parvenir aux chefs d’établissement une lettre d’information et de sensibilisation à l’enquête (annexe 1), à l’origine de l’accueil favorable et souvent motivé qui nous a été réservé dans les établissements scolaires. Le support choisi pour l’enquête est un questionnaire papier. Pour ne pas rebuter les familles par un trop grand nombre de questions, nous avons limité le questionnaire à un feuillet recto/verso comportant 22 questions (annexe 2), lui-même assorti, dans un souci de clarté, d’une lettre de présentation et d’explication (annexe 3). Après un premier contact téléphonique introduisant l’enquête, les questionnaires ont été apportés et commentés aux chefs d’établissement des dix-huit écoles maternelles et primaires du Tarn-et-Garonne des 13 communes étudiées. 63 Les instituteur(rice)s ont distribué un questionnaire à chaque enfant en donnant un délai d' une semaine pour le faire remplir par leurs parents et le rapporter. Les questionnaires remplis ont été collectés par les chefs d’établissements. Logiciels utilisés : Le traitement des données des questionnaires a été réalisé avec le logiciel SPHINX sur micro-ordinateur de type PC. Les calculs statistiques ont été réalisés avec le logiciel NCSS60. C- Période de l’enquête : Cette enquête a été réalisée au cours du mois de Mai 2001. 64 5-3-3 Résultats Les tableaux des réponses aux différentes questions sont présentés en annexe 4. 5-3-4 Analyse A-Taux de réponse Sur 1148 questionnaires distribués, 828 questionnaires ont été retournés, ce qui représente un taux de réponse de 72,13 % . Parmi ces questionnaires, deux exemplaires remplis uniquement au recto et ne renseignant pas sur la connaissance de la distribution ont été écartés. Sur 828 questionnaires retournés, 826 ont été retenus. Pour tenter d’expliquer cet écart de 27,87 % de questionnaires non retournés nous formulons les hypothèses suivantes : - dans l’impossibilité d’identifier les enfants d’une même famille scolarisés dans la zone de l’étude, nous avons distribué un questionnaire par enfant avec la consigne de ne rendre qu’un seul questionnaire par famille. Il est probable que la quasi-totalité des familles a respecté cette consigne et ne s’est pas donné la peine de renseigner plusieurs questionnaires. Le taux de retour des questionnaires a été réduit d’autant. 65 Sans pouvoir être évalué précisément, le niveau d’information concernant les familles ayant de jeunes enfants dans la zone concernée est probablement supérieur à 72,13%. - certains enfants étaient scolarisés dans la zone de distribution des comprimés mais n’y résidaient pas et de ce fait n’étaient pas concernés par l’enquête. En effet, dans les écoles de quelques dizaines d’élèves, les enseignants ont pris soin de distribuer uniquement les questionnaires aux élèves habitant le périmètre, cette précaution n’a peut-être pas été prise dans les écoles aux effectifs plus importants. - certains parents ne se sentent pas concernés par les enquêtes en général ou présentent un désintérêt voire une hostilité pour le sujet en particulier. - il est aussi possible que des parents n’aient pas pu répondre en raison de difficultés à lire ou à comprendre le libellé des questions. - les questionnaires ont également pu être égarés par des enfants ou par leurs parents. Selon les écoles, le taux de retour a oscillé entre 46 % et plus de 90 % ce qui s’explique probablement comme nous le verrons par la suite par un intérêt fluctuant de la population interrogée pour le sujet mais également par une motivation variable des enseignants, qui ont insisté avec une conviction plus ou moins grande sur la nécessité de rendre les questionnaires. 66 B- Caractérisation de la population ayant répondu à l’enquête La « personne-type » qui a répondu à cette enquête est une femme vivant en couple, habitante de Valence d’Agen et mère de deux enfants. Agée de trente à quarante neuf ans, elle est employée ou mère au foyer. Plus d’une fois sur deux elle, ou l’un de ses proches, travaille ou a déjà travaillé à la centrale nucléaire de Golfech. Ses sentiments vis-à-vis du nucléaire sont partagés par les autres adultes vivant au foyer. C- Information des familles concernant la distribution 644 familles sur 826 (77,96%) déclarent avoir été informées de la distribution des comprimés d’iode sur leur commune de résidence. Parmi les 175 foyers qui déclarent ne pas savoir qu’une distribution de comprimés d' iode a eu lieu dans leur commune, 67 déclarent ne pas avoir reçu de bons de retrait (dont 2 parce qu’ils n’habitaient pas la commune au moment de cette distribution). Par ailleurs, 38 familles ayant emménagé dans la zone après la distribution déclarent ne pas avoir été a posteriori informées de celle-ci. (tableau 6) 67 Comprimés non disponibles au domicile Nb. cit. Non réponse vous n'avez pas reçu de bon de retrait vous n'êtes pas allé chercher les comprimés vous n'habitiez pas la commune au moment de la distribution vous avez perdu les comprimés autre TOTAL OBS. 48 67 12 38 10 2 175 Fréq. 27,4% 38,3% 6,9% 21,7% 5,7% 1,1% Tableau 6 : Réponses des familles déclarant ne pas avoir été informées de la distribution à la question 4 : « Si vous n’avez pas les comprimés d’iode à la maison, c’est parce que : » Pour ce qui est des différentes sources d’information des familles, 43,5% des foyers n’a coché aucun item de la question 12 (« Concernant le nucléaire et la santé avez-vous déjà interrogé ? ») Est-ce parce qu’ils n’ont interrogé personne sur le sujet ? Si tel est le cas se sentent-ils déjà suffisamment informés dans ce domaine pour ne pas souhaiter d’informations complémentaires, du moins par ce biais-là ? Quels sont les principaux relais locaux de l’information concernant le nucléaire ? Les familles qui ont cherché des informations complémentaires relatives au nucléaire se sont tournées vers leur médecin généraliste (33,4%), dans une moindre mesure vers leur pharmacien (9,2%), et en majorité vers des personnes travaillant ou ayant travaillé à la centrale (61,9%). (voir réponses à la question 12) 60 % de ces mêmes familles travaillent ou ont un proche ayant travaillé à la centrale. (tableau 7) 68 travail centrale Nb. cit. Fréq. 7 280 180 467 1,5% 60,0% 38,5% 100% Non réponse oui non TOTAL OBS. Tableau 7 : réponses à la question 17 : « Avez-vous ou l’un de vos proches déjà travaillé sur le site de la centrale de Golfech ? » des familles ayant répondu à la question 12 7,7% des personnes ayant répondu « autre » à la question 12 ont également obtenu des informations d’autres sources : « j' ai visité, étudié, glané des informations; web; informé car agent EDF; pompiers; les verts; presse spécialisée; médecin du travail; famille et amis; informations télévision, reportages scientifiques, revues; formation DATR; employé de mairie; endocrinologue; radiologue; chirurgien spécialiste des glandes endocrines; colloque sur les maladies développées autour des centrales nucléaires; EDF; moi-même; des médecins lors de débats sur le nucléaire; entourage; revues; les journaux d' info EDF + stop Golfech; une personne faisant atelier santé à la PMI; publicité; je suis agent EDF; SRP; des amies; ancien ingénieur à Saclay; spécialiste; site web; une amie; connaissance personnelle; époux; documentation : EDF, écologistes, media ». Les personnes de l’entourage sont citées à 6 reprises, viennent ensuite des médecins autres que le médecin de famille : médecins spécialisés, médecin de PMI, médecin du travail. L’information a également pu être recueillie à la suite d’une démarche personnelle, en assistant à des colloques, par le biais d’internet ou de la presse spécialisée ainsi que la presse généraliste, écrite ou télévisée. 69 Conclusion : La campagne d’information relative à la distribution des comprimés d’iode a touché les foyers comportant de jeunes enfants dans près de 80% des cas. Quelques familles (38) arrivées après 1998 n’ont pas été informées de la distribution d’iode. Les familles en étroite relation avec la centrale parce que l’un des leurs y travaille ou y a travaillé constituent le principal relais d’information de la population. Pour relayer cette information viennent ensuite les médecins généralistes et, dans une moindre mesure, les spécialistes puis, enfin, les pharmaciens. D- Niveau de connaissance des familles concernant les mesures de prophylaxie par l’iode stable La grande majorité (87,8%) des personnes interrogées répondent que les comprimés d' iode stable sont destinés à protéger la thyroïde, et en priorité celle des enfants (80,5% des réponses). Une majorité plus réduite (60,7%) répond que les femmes enceintes doivent également bénéficier impérativement de cette protection. 30 personnes ont coché tous les items de la question 8 (« La prise d’iode en cas d’accident nucléaire est primordiale pour deux catégories de personnes, savez-vous lesquelles ? ») et pensaient que cette mesure de prophylaxie doit s’étendre à la population entière tous âges confondus; certains commentaires rajoutés sur les questionnaires laissant même entendre que le fait de restreindre la prophylaxie à certaines catégories de personnes revient à sacrifier les autres. 70 La nécessité pour les personnes âgées de prendre les comprimés d’iode en cas d’accident est évoquée par 20,8 % des personnes interrogées. Pour ce qui est de la posologie, les avis sont plus partagés, 32% des personnes indiquent une posologie de ½ comprimé entre 18 mois et 15 ans. 35,1% n' expriment pas d' opinion; il est possible que la formulation inappropriée de la question en soit la cause (la notice délivrée avec la boîte de comprimés indique une posologie de ½ comprimé de 18 mois à 12 ans - 73 personnes ont d’ailleurs rectifié la posologie sur le questionnaire). Une large majorité (82,3% des réponses), indiquent que les comprimés ne doivent être pris que sur ordre des autorités compétentes. Conclusion : Trois ans après la distribution des comprimés d’iode, la grande majorité des foyers ayant répondu au questionnaire est informée des modalités et de l’utilité de la prophylaxie iodée. La population a bien compris l' intérêt préventif de la prise d’iode stable et le rôle des autorités en cas d’accident nucléaire grave. En revanche, le caractère impératif de la protection des femmes enceintes est moins connu. 71 E- Efficacité de la distribution 536 foyers sur les 826 (64,9%) ayant répondu disposent des comprimés d’iode à leur domicile (question 2) et parmi eux, 502 foyers (60,8 %), déclarent pouvoir disposer rapidement des comprimés en cas d’urgence ( figure 10). disponible 502 502 293 0 Non réponse oui 14 17 non je ne sais pas Figure 10 : Parmi les gens disposant des comprimés à la maison, réponses à la question : "Pouvez-vous retrouver rapidement les comprimés en cas d'urgence?" Parmi les familles qui répondent avoir les comprimés à leur domicile, 48 n’ont pas eu connaissance de la distribution et possèdent donc des comprimés périmés de la précédente distribution. (tableau 8) 72 connaissance de la distribution oui non TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 488 48 536 91,0% 9,0% 100% Tableau 8 : réponses des familles disposant des comprimés à leur domicile à la question : "Savez-vous qu'une distribution d’iode a eu lieu sur votre commune l’été dernier ? » Hormis ces 48 familles, 283 familles, soit 34,3 % des foyers ayant répondu, ne disposent pas de comprimés d’iode au domicile. (question 1) 73 Ces foyers comportent en moyenne 2 enfants. (tableau 9) nombre enfants Nb. cit. Fréq. 5 76 137 51 14 0 0 283 1,8% 26,9% 48,4% 18,0% 4,9% 0,0% 0,0% 100% Non réponse 1 2 3 4 5 >5 TOTAL OBS. Tableau 9 : réponses des foyers ne disposant pas des comprimés d'iode à leur domicile à la question : "Combien d'enfants de moins de 15 ans vivent dans votre foyer?" Au total, 331 familles, ce qui concerne environ 660 jeunes enfants, ne disposent pas de comprimés d’iode utilisables au domicile. Pour certaines familles, ce n’est pas un choix délibéré : 96 foyers sur 283 (33,9%) n’ont pas reçu les bons de retrait. (tableau 10) Comprimés non disponibles Non réponse vous n'avez pas reçu de bon de retrait vous n'êtes pas allé chercher les comprimés vous n'habitiez pas la commune lors de la distribution vous avez perdu les comprimés autre TOTAL OBS. Nb. cit. 9 96 79 60 28 15 283 Nombre de citations supérieure au nombre d’observations du fait de réponses multiples Tableau 10 : Réponses des foyers ne disposant pas des comprimés à leur domicile à la question 4 : "Si vous n'avez pas les comprimés à la maison, c'est parce que :" Parmi ces 96 familles, deux n’habitaient pas la commune au moment de la distribution, les 94 autres familles n’ont pas reçu de bon de retrait pour une raison indéterminée. Fréq. 3,2% 33,9% 27,9% 21,2% 9,9% 5,3% 74 60 familles (21,2%) qui n’habitaient pas la commune au moment de la distribution ne disposent pas d’iode au domicile, et 28 autres familles ont perdu les comprimés. D’autres explications sont fournies par les réponses de 15 foyers n’ayant pas les comprimés à la maison à l’item « autre » de la question : - pour 5 d’entre eux le bon de retrait a été perdu, - pour 3 autres la pharmacie était en rupture de stock au moment où elles ont voulu retirer leur boîte. En revanche, 74 familles ont décidé de ne pas aller chercher les comprimés alors qu’elles savaient que la distribution était en cours. (tableau 11) connaissance de la distribution oui non TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 74 12 86 86,0% 14,0% 100% Tableau 11 : Réponses des familles déclarant ne pas être allé chercher leurs comprimés à la question 1 : « Savez-vous qu’une distribution d’iode à eu lieu sur votre commune l’été dernier ? » Trois hypothèses peuvent être envisagées pour expliquer cette attitude : - hypothèse 1 : ces familles ne connaissent pas le but de la prophylaxie, - hypothèse 2 : Le sujet ne les préoccupe pas, 75 - Hypothèse 3 : elles ne croient pas en l’intérêt de la protection par l’iode stable en cas d’accident. Pour vérifier la première hypothèse, comparons le niveau de connaissance sur la prophylaxie iodée des foyers qui n’ont pas souhaité retirer leur boîte de comprimés avec celui des foyers qui sont allés chercher leurs comprimés. La différence entre le nombre de bonnes réponses données par les familles qui sont allées chercher leurs comprimés et par celles qui ont décidé de ne pas aller les chercher est statistiquement très significative pour les questions 5 et 8. (voir tableaux 12 et 13) Question n°5 Bonnes réponses Mauvaises total réponses Familles qui ont 534 2 536 63 11 74 597 13 610 leurs comprimés au domicile Familles qui n’ont pas souhaité aller chercher leurs comprimés total khi2=65,47 probabilité=0 Tableau 12 : Comparaison du nombre de bonnes et de mauvaises réponses données à la question 5 « Quel organe sera protégé par la prise des comprimés d’iode ? » par les familles qui ont leurs comprimés d’iode au domicile et par celles qui n’ont pas souhaité retirer les comprimés. 76 Question n°8 Bonnes réponses Mauvaises total réponses Familles qui ont leurs comprimés 341 195 536 37 37 74 378 232 610 au domicile Familles qui n’ont pas souhaité aller chercher leurs comprimés total khi2=5,12 probabilité=0,02 Tableau 13 : Comparaison du nombre de bonnes et de mauvaises réponses données à la question 8 « La prise des comprimés d’iode est indispensable pour deux catégories de personnes, savez-vous lesquelles ? » par les familles qui ont leurs comprimés d’iode au domicile et par celles qui n’ont pas souhaité retirer les comprimés. Le niveau de connaissance concernant l’organe protégé par la prophylaxie iodée ainsi que les catégories de personnes devant impérativement bénéficier de cette prophylaxie est statistiquement bien meilleur pour les familles qui disposent d’iode au domicile. En revanche, il n’existe pas de différence statistiquement significative entre les familles ayant souhaité bénéficier de la distribution des comprimés et les autres pour les réponses à la question 6 concernant le moment opportun de prise des comprimés. (tableau 14) 77 Question n°6 Bonnes réponses Mauvaises total réponses Familles qui ont leurs comprimés 485 51 536 63 11 74 548 62 610 à la maison Familles qui n’ont pas souhaité aller chercher leurs comprimés total khi2=2,04 probabilité=0,15 Tableau 14 : Comparaison du nombre de bonnes et de mauvaises réponses données à la question 6 « Savez-vous à quel moment il faut prendre les comprimés ? » par les familles qui ont leurs comprimés d’iode au domicile et par celles qui n’ont pas souhaité retirer les comprimés. La première hypothèse est partiellement validée, les familles qui ont décidé de ne pas aller chercher leurs comprimés sont moins bien informées sur la prophylaxie iodée que celles qui sont allées retirer leurs boîtes. 50% d’entre elles se disent peu à très peu intéressées par ce qui se passe à la centrale et elles sont 46% à se sentir modérément à beaucoup concernées par ce qui se passe à la centrale. (tableau 15) 78 intérêt centrale Non réponse très peu assez peu modérément beaucoup TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 3 15 22 15 19 74 4,1% 20,3% 29,7% 20,3% 25,7% 100% Tableau 15 : Réponses des familles qui savaient qu’une distribution d’iode avait lieu et qui ne sont pas allées chercher les comprimés à la question 9 : « Ce qui se passe à la centrale vous intéresse : » Pour ce qui est du sentiment suscité par la distribution, celle-ci les a laissé sceptiques pour la majorité, inquiètes pour 24,3%, rassurées pour 17,6% et indifférentes pour 9,5% (tableau 16) sentiment distrib Non réponse inquiet rassuré sceptique indifférent autre TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 2 18 13 39 7 1 74 2,7% 24,3% 17,6% 52,7% 9,5% 1,4% Tableau 16 : Réponses des gens qui savaient que la distribution avait lieu et qui ne sont pas allés chercher les comprimés à la question 14 : « au moment de la distribution, vous vous êtes senti plutôt : » Le vécu de la distribution d’iode par les familles est analysé en détail plus loin. 79 Conclusion : 60,9 % des foyers comportant de jeunes enfants ayant répondu à l’enquête seraient en mesure d’absorber de l’iodure de potassium dans des délais compatibles avec l’efficacité de la prophylaxie iodée. 94 familles vivant dans le périmètre de la centrale lors de la distribution des comprimés n’ont pas reçu de bon de retrait. Certaines familles sceptiques ou inquiètes, moins bien informées des modalités et de l’intérêt de la prophylaxie n’ont pas souhaité bénéficier de la distribution. Pourquoi ce scepticisme, d’une façon plus générale comment les familles interrogées perçoivent-elles les risques liés au fait de vivre à proximité d’une centrale nucléaire ? 80 F- Sentiment des familles au moment de la distribution et perception du risque lié au fait de vivre à proximité d’une centrale nucléaire : les « confiants », les « mitigés » et les « inquiets ». Au moment de la distribution, la population s’est trouvée partagée de façon à peu près égale entre confiance (26,2 %), inquiétude (27,2%) et scepticisme (37,7 %), ces sentiments pouvant même être mêlés : 29 personnes sceptiques et inquiètes, 6 personnes sceptiques et rassurées; parfois de façon surprenante : 3 personnes sceptiques, inquiètes et rassurées à la fois ! 56 familles ne se sont pas prononcées quant à leur sentiment au moment de la distribution des comprimés, elles se disaient dans l’ensemble peu concernées par ce qui se passe à la centrale (60,7 %), étaient moins bien informées que le reste de la population quant à la protection par l’iode. Elles avaient été en majorité sceptiques au moment de la distribution et n’étaient qu’une sur deux à disposer des comprimés au domicile. En dehors des personnes qui n’ont pas répondu à ces questions, on peut distinguer pour ce qui est de la perception du risque, trois groupes d’importance à peu près équivalente dans la population interrogée : - les « confiants », pour qui les risques pour la santé de vivre à côté d’une centrale nucléaire sont minimes voire nuls (cet item a été rajouté sur un questionnaire), A 48,3% ils se sont sentis rassurés au moment de la distribution et 73,6% pensaient qu’il n’y a pas plus de maladies qu’ailleurs autour de la centrale nucléaire de Golfech. 81 A 67%, eux-mêmes ou un de leurs proches ont déjà travaillé à la centrale et ils sont nombreux à accorder une crédibilité modérée à totale (40,3% et 30,3%) aux informations fournies par la centrale, - les « mitigés », pour lesquels le risque est modéré. Leurs connaissances à propos de la prophylaxie iodée sont aussi bonnes que celles des « confiants » mais ils se différencient de ces derniers par le fait que pour la majorité, la distribution les a laissé sceptiques (40,5%) et qu’ils accordent un crédit moyen aux informations données par la centrale (48,3%). 27,3% d’entre eux pensent qu’il y a plus de cancers de la thyroïde et 32,2% plus de maladies thyroïdiennes autres autour de la centrale de Golfech qu’ailleurs alors que 31% pensent qu’il n’y a pas plus de maladies qu’ailleurs, - et enfin les « inquiets » qui pensent prendre pour leur santé des risques importants ou très importants en vivant dans le voisinage d’une centrale nucléaire. 57,9% d’entre eux considèrent que vivre à proximité d’une centrale nucléaire comporte pour leur santé un risque accru de cancers de la thyroïde et 41,8% pensent qu’il y a autour de la centrale de Golfech plus de maladies thyroïdiennes autres que le cancer qu’ailleurs. Ils sont nombreux à être sceptiques (41,2%) à propos de la prophylaxie iodée et précisent leur position par les réponses libres à l’item « autre » de la question 9 : « Au moment de la distribution des comprimés d’iode, vous vous êtes senti plutôt : » 82 « insécurité » « tout dépend de la gravité de l' accident » « temps de réaction trop long entre l' accident et l' information » « désolée d' habiter près d' une centrale, malheureuse qu' elles existent » « les comprimés minimisent les maladies dues au nucléaire, cela n' empêchera pas des dégâts importants... » « ça ne ferait que ralentir une mort inévitable » « les info reçues seront-elles assez rapides et fiables? Distribuer de l' iode est une bonne précaution » « si nous n' avons pas les comprimés sous la main, ça ne sert à rien » « serons-nous prévenus pour que ça soit vraiment efficace? » Réponses à l’item « autre » de la question 9 : « Au moment de la distribution vous vous êtes senti plutôt : »des familles déclarant prendre pour leur santé un risque important à très important en vivant à proximité d’une centrale nucléaire. Pour ces personnes en grande majorité (82,9%) les informations données par la centrale sont moyennement à très peu crédibles (34,1%). Chez eux comme dans une frange plus large de la population (comme le montrent les réponses à l’item « autre » de la question 9) des doutes ont été émis à plusieurs reprises quant au délai d’information que l’on ne pense pas compatible avec l’efficacité de la prévention. D’autre part, l’accident grave envisagé est perçu par certains comme aussi effrayant et apocalyptique que celui Tchernobyl : « ça ne ferait que ralentir une mort certaine », l’atome et plus largement le nucléaire étant, comme le dit Françoise Zonabend, « synonymes d’explosions violentes, de destructions terrifiantes, de séquelles effrayantes » (33) 83 Devant une pareille éventualité, la protection fournie par le comprimé d’iode stable fait pâle figure : « De la poudre de perlimpinpin, une goutte d’eau dans un océan ». (remarques relevées sur deux questionnaires) Les conséquences liées à l’exposition aux autres radionucléïdes ont également été évoquées : « En cas d’accident, que faisons-nous de la contamination externe ? » Tout ceci révèle une crise de confiance vis-à-vis des informations données par la centrale et de manière plus générale à propos des informations données par la presse. Pour 44,1% de ces familles, une personne travaillait, ou avait déjà travaillé à la centrale de Golfech, ce qui est surprenant. Mais il est vrai que sur l’importante proportion de personnes employées sur le site depuis sa construction jusqu’à aujourd’hui, beaucoup sont intervenues il y a longtemps, et/ou très ponctuellement. Les familles inquiètes ou sceptiques à propos de la distribution sont les plus nombreuses à se dire concernées par les évènements survenant à la centrale, en cas d’interrogations sur le sujet, leur interlocuteur privilégié est leur médecin traitant. Ce sont les confiants et les mitigés qui possèdent le meilleur niveau de connaissance concernant la prophylaxie iodée. Ils sont également plus nombreux à pouvoir disposer rapidement d’iode stable en cas de besoin bien que l’écart avec les inquiets n’ait pas été grand : environ 63% contre 59,5%. 84 Conclusion : La distribution a conforté une partie de la population dans le sentiment que tout est prévu pour assurer la sécurité des familles en cas d’accident grave à la centrale. En revanche, cette distribution a inquiété ou laissé sceptique un nombre plus important de familles chez lesquelles dominent un sentiment de peur vis-à-vis du « nucléaire » et l’impression que l’on cache ce qui se passe à la centrale ou du moins que tout n’est pas clairement dit. 85 6- Conclusions Nous avons réalisé une enquête de terrain visant à déterminer l’efficacité de la campagne de distribution de comprimés d’iode stable auprès des parents d’enfants d’âge scolaire résidant près de la centrale nucléaire de Golfech. Cette campagne d’information a été très efficace auprès des familles ayant de jeunes enfants puisqu’elle a touché plus de 80 % de celles-ci. Pour ce qui concerne les modalités pratiques de la prophylaxie iodée les campagnes d’information ont également porté leurs fruits car trois ans après la distribution, plus de 80% des familles interrogées étaient bien renseignées sur le but de la prophylaxie, les conditions de sa mise en œuvre ainsi que son grand intérêt pour les enfants. Plusieurs familles installées dans la zone après la distribution n’en ont pas eu connaissance. Le niveau de connaissances concernant la prophylaxie iodée est corrélé de façon positive avec le fait de disposer des comprimés d’iode au domicile. Pour améliorer le rendement de la distribution chez la minorité de familles qui n’a pas souhaité bénéficier de celle-ci, il serait utile de les informer de manière plus efficace. Peut-être pourrait-on sensibiliser davantage les municipalités (le recours à du personnel communal pour des informations relatives au nucléaire n’est mentionné qu’une seule fois) ainsi que les médecins et les 86 pharmaciens sur leur rôle concernant l’information des nouveaux arrivants dans le périmètre de distribution. Par le biais des enfants, l’école pourrait également se révéler un vecteur très efficace de l’information, touchant directement la population pour laquelle cette prophylaxie est essentielle. Pour améliorer encore les connaissances des familles avec de jeunes enfants vivant à proximité du centre de production d’électricité nucléaire de Golfech, une prochaine campagne de communication pourrait mettre l’accent sur la nécessité de la protection des femmes enceintes qui semble moins connue du public. 60,9% des foyers comportant de jeunes enfants ayant répondu à l’enquête disposent de comprimés d’iode stable à leur domicile. Près de 40% des familles, soient environ 660 jeunes enfants n’en disposent pas. A ce nombre, il faut ajouter les jeunes enfants et les femmes enceintes en transit ou en vacances dans la zone. La prophylaxie de cette population pourrait être assurée par les différents stocks existant dans les écoles ou mis à disposition des autorités par la centrale. S’il survenait un accident grave sur un réacteur nucléaire en France, le délai précédent les relâchements volontaires de gaz radioactifs dans l’atmosphère permettrait la mise en place en temps utile d’une distribution complémentaire grâce à ces stocks d’iodure de potassium disponibles. Ainsi les enfants et les femmes enceintes se trouvant au voisinage de la centrale pourraient disposer des comprimés dans un délai compatible avec l’efficacité de la prophylaxie iodée (plusieurs heures). 87 Il existe cependant une inquiétude et un manque de confiance de nombreuses familles probablement responsable, pour une partie d’entre elles, d’un sentiment de défiance vis-à-vis de la distribution des comprimés d’iode. Cette peur latente et ce manque de crédibilité ne pourraient-ils pas être à l’origine de réactions inadaptées voire d’une certaine panique en cas d’incident grave ? Comment rassurer ces familles ? Il semble que pour être plus crédible, l’information doit émaner de sources perçues comme indépendantes de la centrale nucléaire de Golfech, tels les médecins ou les pharmaciens. Le personnel de la centrale représente, comme nous l’avons vu précédemment, un relais important de l’information pour les populations environnantes. Ils pourraient de ce fait être l’objet d’actions de communication spécifique visant à mieux les préparer à ce rôle de vecteur de l’information. Par ailleurs, ne pourrait-on pas, pour améliorer la « couverture iodée » de la population concernée, utiliser comme mode de distribution le portage des comprimés d’iodure de potassium à domicile ? Cette enquête a permis de cibler une population particulièrement concernée par la prophylaxie iodée. Le taux de réponses élevé et la taille de la population étudiée permettent de penser que les résultats obtenus sont représentatifs de la population concernée. 88 ANNEXES ANNEXE 1 : Lettre de Madame le Docteur AYNIE,médecin responsable du service de santé scolaire du Tarn et Garonne aux chefs d’établissements du périmètre de la centrale. ANNEXE 2 : Questionnaire à destination des familles, distribué dans les écoles maternelles et élémentaires du Tarn-et-Garonne des communes concernées par la distribution préventive d’iodure de potassium. ANNEXE 3 : Lettre de présentation du questionnaire ANNEXE 4 : Résultats 89 ANNEXE 1 Lettre de Madame le Docteur AYNIE, médecin responsable du service de santé scolaire du Tarn et Garonne aux chefs d’établissements centrale. du périmètre de la 90 91 ANNEXE 2 Questionnaire à destination des familles, distribué dans les écoles maternelles et élémentaires du Tarn-et-Garonne des communes concernées par la distribution préventive d’iodure de potassium. 92 QUESTIONNAIRE SUR LA DISTRIBUTION DES COMPRIMES D’IODE Quelle est votre commune de résidence ? Tarn-et-Garonne Auvillar Bardigues Donzac Dunes Espalais Gasques Golfech Goudourville Lamagistère Malause Mansonville Merles Perville Pommevic St-Cirice St-Clair St-Loup St-Michel St Vincent Lespinasse Sistels Valence d’Agen Lot-et-Garonne Caudecoste Clermont-Soubiran Grayssas Puymirol St-Jean de Thurac St-Nicolas de la Balerme St-Romain le noble St-Sixte St-Urcisse Gers St-Antoine Si vous ne résidez pas dans une de ces 31 communes vous n’êtes pas concerné(e) par ce questionnaire. Dans le cas contraire, merci de répondre aux questions suivantes (un questionnaire par famille) : 1- Savez-vous qu’une distribution d’iode a eu lieu sur votre commune l’été dernier? Oui Non 2- Avez-vous les comprimés d’iode à la maison actuellement ? Oui Non 3- Si oui, pouvez-vous retrouver rapidement les comprimés en cas d’urgence ? Oui Non Je ne sais pas - Si vous n’avez pas les comprimés à la maison c’est parce que Vous n’avez pas reçu de bon de retrait Vous n’êtes pas allé chercher les comprimés Vous n’habitiez pas la commune au moment de la distribution Vous avez perdu les comprimés : Autre :___________________________________ 5- Quel organe sera protégé par la prise des comprimés d’iode en cas d’accident ? Le cerveau La thyroïde Le foie Les reins Sans opinion 6- Savez-vous à quel moment il faut prendre les comprimés ? Dès que vous entendez parler d’un incident à la centrale Uniquement sur ordre du préfet Sans opinion 7- En cas d’accident quelle dose d’iode faut-il donner à un enfant entre 18 mois et 15 ans ? ¼ de comprimé ½ comprimé 1 comprimé 2 comprimés Sans opinion 8- La prise d’iode en cas d’accident nucléaire est primordiale pour deux catégories de personnes, savezvous lesquelles ? Les enfants Les adultes Les femmes enceintes Les personnes âgées Sans opinion Veuillez tourner la page SVP --- 93 > 9- Au moment de la distribution des comprimés d’iode vous êtes-vous senti(e) plutôt : Inquiet(e) : si on distribue des comprimés, c’est qu’il y a un risque d’accident Rassuré(e) : tout est prévu s’il y avait un accident Sceptique : ça ne servirait à rien en cas d’accident Indifférent(e) : ça ne vous concerne pas Autre , expliquez :_________________________________________________ 10- Selon vous vivre à proximité d’une centrale nucléaire comporte pour votre santé des risques ? Minimes Modérés Importants Très importants Sans opinion 11- Pensez-vous qu’il y ait autour de la centrale nucléaire de Golfech une augmentation des maladies suivantes? Leucémies Cancers de la thyroïde Autres maladies thyroïdiennes Non, pas plus de maladies qu’ailleurs Sans opinion 12- Concernant le nucléaire et la santé avez-vous déjà interrogé : Votre médecin généraliste Votre pharmacien Une personne travaillant à la centrale Autre ? précisez : _______________ 13- Selon vous, les informations concernant le nucléaire, données à la télévision et dans les journaux sont : Très peu crédible Assez peu crédible Moyennement crédible Tout à fait crédible Sans opinion 14- Ce qui se passe à la centrale nucléaire de Golfech vous intéresse ? Très peu Assez Modérément Beaucoup 15- Selon vous l’information fournie par la centrale est : Très peu crédible Assez peu crédible Moyennement crédible Tout à fait crédible 16- Quel est votre métier ? (Si vous êtes chômeur ou si vous êtes retraité indiquez votre dernière profession) Agriculteur Artisan Commerçant Chef d' entreprise Ingénieur, cadre d' entreprise ou de la fonction publique Profession intermédiaire(technicien, agent de maîtrise) Employé(e) Ouvrier(e) Etudiant(e) Homme ou Femme au foyer Sans opinion 17- Avez-vous, ou l’un de vos proches déjà travaillé sur le site de la centrale de Golfech ? Oui Non 18- Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous? 20-29 ans 30-39 ans 40-49ans >60ans 50-59ans 19- Combien de personnes vivent dans votre foyer ?______ personnes 20- Combien d’enfant(s)de moins de 15 ans vivent dans votre foyer ? 1 2 3 4 5 ou plus 21- Pensez-vous que les autres adultes du foyer partagent globalement vos sentiments pour ce qui concerne le nucléaire ? Oui Non Sans opinion 22- Sexe de la personne interrogée Masculin Féminin Merci d‘avoir eu l’amabilité de répondre à ce questionnaire. Veuillez le remettre à votre enfant, qui le rendra à son instituteur. 94 ANNEXE 3 Lettre de présentation jointe au questionnaire 95 Auvillar 23/04/2001 Madame, Monsieur, Dans le cadre de ma thèse de doctorat de médecine générale, avec l’accord de Monsieur l’inspecteur d’académie et la participation de Madame le Docteur AYNIE, médecin responsable du service de Santé Scolaire du Tarn et Garonne, je mène auprès des parents de jeunes enfants, une enquête sur la distribution récente des comprimés d’iode autour de la centrale de Golfech. Je m’intéresse tout particulièrement aux enfants de moins de quinze ans qui représentent la population la plus vulnérable en cas d’accident grave avec exposition à l’iode radioactif ; c’est pourquoi je sollicite votre attention pour répondre au bref questionnaire ci-joint et le rendre à votre enfant qui le remettra à son instituteur. Je vous remercie de votre collaboration et ne manquerai pas, si le sujet vous intéresse, de vous tenir informé(e) du résultat de cette enquête qui sera disponible à l’école. Hélène BRIAULT 96 ANNEXE 4 Résultats 97 commune Non réponse Auvillar Bardigues Donzac Dunes Espalais Gasques Golfech Goudourville Lamagistere Malause Mansonville Merles Perville Pommevic St-Cirice St-Clair St-Loup St-Michel St-Vincent Lespinasse Sistels Valence d'Agen caudecoste clermont-soubiran grayssas puymirol st jean de thurac st-nicolas st-romain st-sixte st-urcisse st-antoine TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 3 59 13 50 44 24 25 53 55 70 50 3 1 4 22 5 8 25 1 9 7 262 1 14 0 1 1 0 5 5 5 1 826 0,4% 7,1% 1,6% 6,1% 5,3% 2,9% 3,0% 6,4% 6,7% 8,5% 6,1% 0,4% 0,1% 0,5% 2,7% 0,6% 1,0% 3,0% 0,1% 1,1% 0,8% 31,7% 0,1% 1,7% 0,0% 0,1% 0,1% 0,0% 0,6% 0,6% 0,6% 0,1% 100% Quelle est votre commune de résidence ? 98 Nb. cit. Non réponse 7 oui 644 non 175 TOTAL OBS. 826 Question 1 : « Savez-vous qu’une distribution commune l’été dernier ? » Nb. cit. Fréq. 0,8% 78,0% 21,2% 100% d’iode a eu lieu sur votre Fréq. Non réponse 7 0,8% oui 536 64,9% non 283 34,3% TOTAL OBS. 826 100% Question 2 : « Avez-vous les comprimés d’iode à la maison actuellement ? » Nb. cit. Fréq. Non réponse 293 35,5% oui 502 60,8% non 14 1,7% je ne sais pas 17 2,1% TOTAL OBS. 826 100% Question 3 : « Si oui, pouvez-vous retrouver rapidement les comprimés en cas d’urgence ? » Nb. cit. Non réponse 535 vous n'avez pas reçu de bon de retrait 102 vous n'êtes pas allé chercher les comprimés 86 ccomprimésccomprimés vous n'habitiez pas la commune lors de la distribution 61 vous avez perdu les comprimés 30 autre 16 TOTAL OBS. 826 Question 4 : « Si vous n’avez pas les comprimés à la maison c’est parce que : » Fréq. 64,8% 12,3% 10,4% 7,4% 3,6% 1,9% 99 Si ' autre' , précisez : 1 : bon de retrait perdu 60 : poubelle 292 : perdu le bon de retrait 372 : il reste plein de comprimés à la pharmacie 381 : le pharmacien n' en avait pas 450 : cause déménagement dans la commune 501 : rupture de stock à la pharmacie 580 : rupture de stock à la pharmacie 582 : périmés 631 : la contamination sera quand même évidente 658 : perdu le bon de retrait 682 : perdu le bon de retrait 699 : c' est inutile 783 : perdu le bon de retrait 810 : je n' ai pas été informée de l' existence des cp 816 : perdu le bon de retrait question 4 : Réponses à l’item « autre : » Nb. cit. Non réponse Le cerveau la thyroïde Le foie Les reins Sans opinion TOTAL OBS. 17 17 725 7 3 71 826 Fréq. 2,1% 2,1% 87,8% 0,8% 0,4% 8,6% Question 5 : « Quel sera l’organe protégé par la prise des comprimés d’iode en cas d’accident ? » Nb. cit. Fréq. Non réponse 25 Dès que vous entendez parler d'un incident à la centrale 54 uniquement sur ordre du préfet 680 sans opinion 70 TOTAL OBS. 826 3,0% 6,5% 82,3% 8,5% Question 6 : « Savez-vous à quel moment il faut prendre les comprimés ? » 100 Nb. cit. Non réponse 1/4 1/2 1 2 sans opinion réponses corrigées TOTAL OBS. 71 82 264 65 1 290 73 826 Fréq. 8,6% 9,9% 32,0% 7,9% 0,1% 35,1% 8,8% Question 7 : « En cas d’accident quelle dose d’iode faut-il donner à un enfant entre 18 mois et 15 ans ? » Nb. cit. Fréq. 26 665 101 518 172 102 826 3,1% 80,5% 12,2% 62,7% 20,8% 12,3% Non réponse les enfants les adultes les femmes enceintes les personnes âgées sans opinion TOTAL OBS. Question 8 : « La prise d’iode en cas d’accident nucléaire est primordiale pour deux catégories de personnes, savez-vous lesquelles ? » Nb. cit. Non réponse inquiet rassuré sceptique indifférent autre TOTAL OBS. 83 225 216 311 21 29 826 Fréq. 10,0% 27,2% 26,2% 37,7% 2,5% 3,5% Question 9 : « Au moment de la distribution des comprimés d’iode vous êtes-vous senti plutôt : » 101 Si ' autre' , précisez : 6 : c' est une simple sécurité en cas d' accident minime, nous ne sommes pas en Ukraine! 36 : insécurité 54 : les comprimés oui mais le reste de l' organisation? 60 : de la poudre de perlimpinpin 77 : concerné 115 : une goutte d' eau dans un océan 124 : En cas d' accident que faisons-nous de la contamination externe? 171 : tout dépend de la gravité de l' accident 217 : temps de réaction trop long entre l' accident et l' information 221 : aura-t-on le temps de les prendre? 252 : serons-nous avertis à temps? 326 : acte responsable 357 : d' autres cancers existent que celui de la thyroïde, le taux 0 n' existe pas 396 : absent du domicile 432 : désolée d' habiter près d' une centrale, malheureuse qu' elles existent 461 : indifférent mais concerné 468 : les comprimés minimisent les maladies dues au nucléaire, cela n' empêchera pas des dégâts importants... 473 : ils se moquent bien de nous à chaque fois qu' il y a un problème il n' y a pas de risques pour les ... 483 : absent au moment de la distribution 495 : Ca ne ferait que ralentir une mort inévitable 498 : les info reçues seront-elles assez rapides et fiables ? Distribuer de l' iode est une bonne précaution 522 : aucune sensation car je n' en ai encore pas pris 525 : comme d' habitude 576 : aucune sensation car je ne l' ai pas pris encore 583 : connaissances RP2/HN2 684 : minimise les risques 756 : si nous n' avons pas les comprimés sous la main, ça ne sert à rien 772 : c' était normal et dans la logique du traitement d' un incident 791 : la sécurité/sûreté à la centrale de GOlfech est optimale, je suis donc confiante 813 : serons-nous prévenus pour que ça soit vraiment efficace? question 9 : Réponses à l’item « autre : » 102 Nb. cit. Non réponse minimes modérés importants très importants sans opinion TOTAL OBS. 18 201 242 168 143 56 826 Fréq. 2,2% 24,3% 29,3% 20,3% 17,3% 6,8% Question 10 : « Selon vous vivre à proximité d’une centrale nucléaire comporte pour votre santé des risques : » Nb. cit. Non réponse Leucémies cancers de la thyroïde Autres maladies thyroïdiennes Non,pas plus de maladies qu'ailleurs Sans opinion TOTAL OBS. 20 54 264 227 278 175 826 Fréq. 2,4% 6,5% 32,0% 27,5% 33,7% 21,2% Question 11: « Pensez-vous qu’il y ait autour de la centrale nucléaire de Golfech une augmentation des maladies suivantes : » Nb. cit. Non réponse Votre médecin généraliste Votre pharmacien Une personne travaillant à la centrale autre,précisez TOTAL OBS. 359 156 43 289 36 826 Fréq. 43,5% 18,9% 5,2% 35,0% 4,4% Question 12 : « Concernant le nucléaire et la santé avez-vous déjà interrogé : » 103 Si ' autre, précisez' , précisez : 21 : j' ai visité, étudié, glané des informations 26 : des amis 67 : web 77 : informé car agent EDF 183 : pompiers 217 : les verts 230 : presse spécialisée 234 : médecin du travail 244 : famille et amis 252 : informations télévision, reportages scientifiques, revues 253 : formation DATR 257 : employé de mairie 390 : endocrinologue 426 : radiologue 431 : chirurgien spécialiste des glandes endocrines 445 : colloque sur les maladies développées autour des centrales nucléaires 449 : edf 461 : moi-même 486 : des médecins lors de débats sur le nucléaire 545 : entourage 551 : revues 567 : les journaux d' info edf + stop golfech 570 : une personne faisant atelier santé à la PMI 631 : publicité 637 : je suis agent EDF 639 : SRP 658 : des amies 671 : ancien ingénieur à Saclay 684 : spécialiste 700 : site web 709 : une amie 785 : connaissance personnelle 794 : époux 813 : documentation 816 : documentation : edf, écologistes, media question 12 : Réponses à l’item « autre : » 104 Nb. cit. Non réponse très peu crédibles assez peu crédibles moyennement crédibles tout à fait crédibles sans opinion TOTAL OBS. 24 213 137 279 70 104 826 Fréq. 2,9% 25,8% 16,6% 33,8% 8,5% 12,6% Question 13 : « Selon vous les informations concernant le nucléaire données à la télévision et dans les journaux sont : » Nb. cit. Non réponse très peu assez peu modérément beaucoup TOTAL OBS. 22 97 220 197 291 826 Fréq. 2,7% 11,7% 26,6% 23,8% 35,2% Question 14 : « Ce qui se passe à la centrale nucléaire de Golfech vous intéresse : » Nb. cit. Non réponse très peu crédibles assez peu crédibles moyennement crédibles tout à fait crédibles sans opinion TOTAL OBS. 28 170 120 291 120 98 826 Fréq. 3,4% 20,6% 14,5% 35,2% 14,5% 11,9% Question 15 : « Selon vous l’information fournie par la centrale est : » 105 CSP Nb. cit. Fréq. 16 29 31 43 21 47 93 302 142 3 172 826 1,9% 3,5% 3,8% 5,2% 2,5% 5,7% 11,3% 36,6% 17,2% 0,4% 20,8% Non réponse Agriculteur artisan commerçant chef d'entreprise ingénieur, cadre d'entreprise ou de la fonction publique profession intermédiaire (technicien, agent de maîtrise) employé(e) ouvrier(e) etudiant(e) homme ou femme au foyer TOTAL OBS. Question 16 : « Quel est votre métier ? (Si vous êtes chômeur ou retraité indiquez votre dernière profession) » Nb. cit. Non réponse oui non TOTAL OBS. 14 426 386 826 Fréq. 1,7% 51,6% 46,7% 100% Question 17 : « Avez-vous, ou l’un de vos proches déjà travaillé sur le site de la centrale de Golfech ? » âge Non réponse 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans >60 ans TOTAL OBS. Nb. cit. 11 81 506 219 22 2 826 Fréq. 1,3% 9,8% 61,3% 26,5% 2,7% 0,2% Question 18 : « Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous ? » 106 Nb. cit. Fréq. Non réponse 27 3,3% 1 5 0,6% 2 19 2,3% 3 174 21,1% 4 376 45,5% 5 162 19,6% 6 48 5,8% 7 9 1,1% 8 6 0,7% 9 0 0,0% 10 0 0,0% >10 0 0,0% TOTAL OBS. 826 100% Question 19 : « Combien de personnes vivent dans votre foyer ? » Nb. cit. Fréq. 18 2,2% Non réponse 1 215 26,0% 411 49,8% 2 3 149 18,0% 4 24 2,9% 5 9 1,1% >5 0 0,0% TOTAL OBS. 826 100% Question 20 : « Combien d’enfants de moins de quinze ans vivent dans votre foyer ? » Nb. cit. Non réponse oui non sans opinion TOTAL OBS. 43 624 41 118 826 Fréq. 5,2% 75,5% 5,0% 14,3% 100% Question 21 : « Pensez-vous que les autres adultes de votre foyer partagent globalement vos sentiments pour ce qui concerne le nucléaire ? » 107 Nb. cit. Fréq. Non réponse 7 0,8% masculin 238 28,8% féminin 613 74,2% TOTAL OBS. 826 Question 22 : « Sexe de la personne interrogée » Nb. cit. Non réponse oui non je ne sais pas TOTAL OBS. 6 500 14 16 536 Fréq. 1,1% 93,3% 2,6% 3,0% 100% Tableau 17 : Parmi les familles disposant des comprimés à la maison, réponses à la question : « Pouvez-vous retrouver rapidement les comprimés en cas d' urgence? » Nb. cit. oui non TOTAL OBS. 23 38 61 Fréq. 37,7% 62,3% 100% Tableau 18 : Réponses des familles qui n’habitaient pas la commune au moment de la distribution à la question 1 : « Savez-vous qu’une distribution d’iode a eu lieu sur votre commune l’été dernier ? » Nb. cit. Non réponse oui non TOTAL OBS. 1 30 30 61 Fréq. 1,6% 49,2% 49,2% 100% Tableau 19 : Réponses des familles qui n’habitaient pas la commune au moment de la distribution à la question 17 : « Avez-vous, ou l’un de vos proches déjà travaillé sur le site de la centrale ? » 108 Nb. cit. Non réponse Le cerveau la thyroïde Le foie Les reins Sans opinion TOTAL OBS. 3 8 504 1 0 24 536 Fréq. 0,6% 1,5% 94,0% 0,2% 0,0% 4,5% Tableau 20 : Réponses des familles qui disposent d’iode à leur domicile à la question 5 : « Quel organe sera protégé par la prise des comprimés d’iode en cas d’accident ? » Nb. cit. Non réponse 8 Dès que vous entendez parler d'un incident à la centrale 23 uniquement sur ordre du préfet 485 sans opinion 21 TOTAL OBS. 536 Fréq. 1,5% 4,3% 90,5% 3,9% Tableau 21 : Réponses des familles qui disposent d’iode à leur domicile à la question 6 : « Savez-vous à quel moment il faut prendre les comprimés d’iode ? » 109 Non réponse les enfants les adultes les femmes enceintes les personnes âgées sans opinion TOTAL OBS. Nb. cit. Fréq. 8 465 74 361 118 43 536 1,5% 86,8% 13,8% 67,4% 22,0% 8,0% Tableau 22 : Réponses des familles qui disposent d’iode à leur domicile à la question 8 : « La prise d’iode en cas d’accident nucléaire est primordiale pour deux catégories de personnes, savez-vous lesquelles ? » 110 TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1: Schéma de fonctionnement d' un réacteur à eau pressurisée...16 Figure 2 : Les trois barrières de sûreté.................................................17 Figure 3 : Rendement de fission par les neutrons lents de l’uranium 235, en fonction du nombre de masse 4) .......................................................19 Figure 4 : Axe hypothalamo-hypophysaire, régulation de la sécrétion des hormones (6) ........................................................................................23 Figure 5 : Taux de captage de l' iodure plasmatique par la thyroïde en fonction des apports quotidiens ............................................................25 Figure 6 : Evolution du captage thyroïdien avec l’âge..........................29 Figure 7 : synthèse et libération des hormones thyroïdiennes (5) ..........31 Figure 8 : Cancers de la thyroïde en Biélorussie avant et après Tchernobyl (22) ....................................................................................39 Figure 9 : Le métabolisme intrathyroïdien de l’iode et son blocage par un excès de KI (5) .................................................................................45 Figure 10 : Parmi les gens disposant des comprimés à la maison, réponses à la question : "Pouvez-vous retrouver rapidement les comprimés en cas d' urgence?"..............................................................71 111 BIBLIOGRAPHIE (1) Rapport UNSCEAR 2000 (2) Helynck B. , Rey S. ,Malfait P.Dubois M.C. et als. 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SIMON JACQUES DIRECTEUR DE LA THESE : M. FENOLLAND JEAN-LOUIS TITRE DE LA THESE : DISTRIBUTION PREVENTIVE D’IODE STABLE PRES DE LA CENTRALE NUCLEAIRE DE GOLFECH (TARN-ET-GARONNE). ENQUETE AUPRES DE PARENTS D’ENFANTS D’AGE SCOLAIRE. En cas d’accident grave avec fuite de radionucléïdes dans l’environnement survenant dans une centrale nucléaire, les jeunes enfants sont particulièrement exposés à la survenue de cancers thyroïdiens. Une méthode efficace de prévention de l’apparition de ces cancers est l’absorption d’iodure de potassium avant l’exposition aux iodes radioactifs. Nous avons réalisé une enquête auprès de 826 familles ayant de jeunes enfants scolarisés, vivant à proximité du centre de production d’électricité nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne). L’objectif était de déterminer l’efficacité de la distribution préventive d’iodure de potassium chez cette population ainsi que les mesures à mettre en œuvre pour améliorer l’adhésion de cette catégorie de la population à la prophylaxie iodée. MOTS-CLES : - IODE THYROIDE REACTEUR NUCLEAIRE ENQUETE PROTECTION ADRESSE DE L’UFR : 8, Rue du Général SARRAIL 94010 CRETEIL CEDEX