FICHE DE RÉVISION DU BAC LE COURS [Série – Matière – (Option)] [Titre de la fiche] Philosophie – Bac L La perception La notion Le mot vient du latin percipio qui veut dire saisir et attraper, prendre. La perception est donc une forme de saisine de la réalité. Saisine qui est surtout appliquée à nos sens plus qu'à notre intellect qui lui nous dit qu'il comprendrait plus qu'il ne percevrait. Termes proches : Intuition. C'est une forme de saisine de la réalité qui intrigue beaucoup. Elle serait une forme de troisième regard qui permettrait à chacun d'appréhender rapidement la réalité sans la penser. Cette forme de savoir est souvent méprisée et il lui est préférée l'analyse et l'enquête. Mais toute enquête ne commence-t-elle pas par une perception ? Ce qui est perçu est-il toujours aperçu ? Problèmes que peut poser la notion : La perception est-elle un obstacle au vrai savoir ou au contraire l'aboutissement de tout savoir, celui qui permet réellement et rapidement de saisir une réalité qui nous échappe et qu'une déformation trop intellectuelle nous interdit de saisir ? Est-elle le propre du vivant ? Films. Johnny s'en va en guerre. D Trumbo. Joe mutilé de guerre est donné pour mort cérébral pourtant il ressent des perceptions. Romans de fictions La recherche du temps perdu. M Proust et notamment le fameux épisode de la madeleine qui permet à Proust, en partant d'une perception, de retrouver un passé qu'il avait quelque part occulté et qui revient avec force en s'imposant à lui, malgré lui. I. Qu'est ce qui me révèle la vie et l'existence les choses perçues ou les choses pensées ? Quelle est la réalité des choses ? Pour Platon et les Platoniciens, il faut distinguer l'essence de l'existence, l'apparence du réel. En conséquence, il faut, pour comprendre la réalité, l'examiner, l'analyser. Philonous que met ici en scène le philosophe anglais Berkeley, pense autrement, ce qui est ce qui se perçoit. Etre c'est percevoir et être perçu. Extrait. Philonous : A parler franc, je suis d'avis que les choses réelles sont les choss mêmes que je vois et que je touche, celle que je perçois par mes sens. Ces choses là je les connais, et trouvent qu'elles répondent à toutes les nécessités et tous les desseins de la vie, je n'ai aucune raison de m'inquiéter d'autres êtres inconnus. Un morceau de pain sensible par exemple me garnira l'estomac bien mieux que dix mille morceaux de ce pain intelligible dont vous parlez...Qu'une chose puisse être réellement perçues par mes sens et en même temps ne puisse exister réellement c'est pour moi une contradiction manifeste. G Berkeley, Trois dialogues entre Hylas et Philonous. Annales, corrigés et résultats du BAC à retrouver sur Studyrama.com © Studyrama – Tous droits réservés 1 FICHE DE RÉVISION DU BAC LE COURS [Série – Matière – (Option)] [Titre de la fiche] Philosophie – Bac L La perception La perception renvoie donc à l'idée de saisine de ce qui est sensible par opposition à la réflexion qui peut renvoyer à la saisine de ce qui est intelligible. La perception semble donc être comme ce « quelque chose » qui envahit notre être et passerait par les sens et par le corps. Elle présente l'avantage de l'immédiateté et de l'efficacité mais nous permet-elle de saisir ce qui est vrai ? Pour certains, elle est l'obstacle à la vérité. II. La première perception que nous avons d'une chose n'est-elle pas un obstacle au savoir ? Le philosophe, Leibniz, dans Les nouveaux essais sur l'entendement humain, distinguait les perceptions perçues et celle qui étaient aperçues. L'aperception était une approche analytique et réfléchie, une approche consciente de la perception. Leibniz faisait une distinction entre le bruit de la vague, aperçue, consciente et le bruit des milliards de gouttelettes d'eaux qui composaient cette vague que nous percevions sans nous en rendre compte. Ces perceptions inconscientes laissent des traces profondes, nous dira plus tard la psychanalyse et pour Bachelard elles sont le premier obstacle à tout savoir profond et réel qui implique ouverture et remise en cause de soi et de l'autre. Extrait : Dans la formation de l'esprit scientifique, le premier obstacle c'est l'expérience première, c'est l'expérience placée avant et au-dessus de la critique qui, elle est nécessairement un élément intégrant de l'esprit scientifique. Puisque la critique n'a pas opéré explicitement l'expérience première ne peut en aucun cas être un appui sur...L'esprit scientifique doit se former contre la nature, contre ce qui est en nous et hors de nous...Il ne peut s'instruire devant la nature qu'en ordonnant les phénomènes brouillés. G Bachelard, La formation de l'esprit scientifique. Cette première perception est plus forte que toutes les autres, nous indique Bachelard car elle n'est pas consciente mais aussi elle est placée au-dessus de toute critique. Nous lui associons la joie de la découverte, le bonheur de l'enfance et nul ne peut ainsi aisément la remettre en cause. Ainsi par exemple ce que j'ai pu apprendre ou découvrir dans ma jeunesse, par le truchement de mes parents est associé à la joie et au bonheur passé avec eux. Si ce que Bachelard indique a quelque chose de vrai, ne faut-il pas cependant aussi se dire que la plupart du temps le véritable savoir nous a été légué par des parents qui nous aimaient ? Le droit de l'école en France le pense d'ailleurs, contrairement à ce que certains considèrent car le parent demeure le premier éducateur de l'enfant. L'enseignant n'a pas vocation à le remplacer. En conséquence, ne faut-il pas éviter de confondre ce souci de prendre de la distance qui caractériserait Bachelard avec l'envie que semble avoir certains d'acculturer l'autre, de l'intégrer à tous prix dans une culture qui n'est pas sienne (mais pourrait aussi le devenir si on lui fait comprendre qu'il peut y participer à sa manière) pour lui permettre d'apprendre ? Ne faut-il pas plutôt partir aussi de ces premières impressions, de ces premiers savoirs de l'enfant pour lui apprendre, pour entrer en lien avec lui et apprendre tout autant de lui que nous lui apprenons ? Ces premières perceptions sont-elles toujours sources d'erreurs ? Ne sont-elles pas également et surtout la marque d'un être en puissance, constitué par une culture et une nature qu'il est malaisé de distinguer l'une de l'autre et que l'éducation devrait avoir pour mission d'aider à se révéler et à s'accomplir ? Annales, corrigés et résultats du BAC à retrouver sur Studyrama.com © Studyrama – Tous droits réservés 2 FICHE DE RÉVISION DU BAC LE COURS [Série – Matière – (Option)] [Titre de la fiche] Philosophie – Bac L La perception III. La perception n'est-elle pas un savoir singulier, celui du corps qui aurait été trop négligé par une littérature trop omnibulée par la vision de l'esprit. Ce mépris de la perception, qu'elle soit première ou dernière, dissimule bien souvent une haine du corps qui a ses racines dans beaucoup de logiques culturelles et qui peut se révéler tout aussi destructrice que l'inculture. La poésie de Prévert ne fait que nous rappeler que le cancre est celui qui dit non avec la tête mais oui avec son cœur, non aux professeurs mais oui à ceux qu'il aime. Elle nous rappelle ô combien sont tristes tous ces tristes sirs qui sont englués dans leurs pensées qu'ils prennent pour la sagesse même et qui oublient simplement de regarder le soleil pourtant source première de lumière, d'énergie et de vie. Le corps me parle. Il me dit beaucoup de choses sur moi et la perception est le résultat du dialogue qu'il veut aussi engager avec moi. Extrait : Mon corps, puisqu'il se voit et se meut, tient les choses en cercle autour de soi, elles sont une annexe ou un prolongement de lui-même, elles sont incrustées dans sa chair, elles font partie de sa définition pleine et le monde est fait de l'étoffe même du corps. Ces renversements, ces antinomies sont diverses manières de dire que la vise est prise ou se fait du milieu des choses, là ou un visible se met à voir, devient visible pour soi et par la vision de toutes choses, là ou persiste, comme l'eau mère du cristal, l'indivision du sentant et du senti. M.Merleau Ponty, L'oeil et l'esprit. Voilà pourquoi l'art nous parle tant. Il est cet espace de la perception et du sensible qui révèle parfois l'essentiel de la chose. Le corps n'est pas seulement l'enveloppe d'un être dissimulé. Il est aussi ce qui constitue l'essentiel de la vie et donc la perception est ce qui est la marque de celle-ci. Ce qui vit est ce qui perçoit et tous ces êtres insensibles à eux-mêmes et aux autres sont sans doute déjà morts intérieurement bien souvent et ce même si extérieurement ils nous semblent vivants. Ce ne sont plus des hommes, des vivants mais des machines, des robots qui semblent vivants un peu comme ces chefs de bureau dans les Temps modernes de Chaplin qui répètent inlassablement les mêmes gestes de mépris ou ces ouvriers aliénés qui vivent sans vivre. La perception c'est ce que la vie exprime dans sa plénitude et ce qu'elle veut nous dire, le message de la vie que nous voulons mener et parfois elle est ce qui nous alerte, ce qui nous dit qu'il ne faut pas ou plus faire. Elle est langage d'un corps qui parle et parfois saisit bien mieux ce que nous vivons que l'esprit englué dans des manipulations, des calculs et des peurs qui nous perdent et nous interdisent d'être heureux. Car être heureux c'est aussi justement percevoir tout ce que la vie nous donne c'est prendre la vie bien souvent plutôt que chercher désespérément à vouloir tout comprendre même si comprendre totalement c'est finalement voir qu'il y a en beaucoup de choses (mais non pas toutes bien sûr) de la beauté et de l'intelligence pour celui qui sait bien percevoir et distinguer. Il y a donc, peut-être deux perceptions celle qui distingue et qui sait ce qu'il faut distinguer et celle qui ignore la distinction et le distingué. La seconde conduit sans doute au mortelle et à la mort alors que la première seule reconduit la vie. Annales, corrigés et résultats du BAC à retrouver sur Studyrama.com © Studyrama – Tous droits réservés 3