est intervenu sur l`Agenda du Développement Économique

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15 Non Inscrits ‐ Métropole à Gauche Métropole Aix‐Marseille‐Provence 1/2 CONSEIL DE LA MÉTROPOLE SEANCE DU JEUDI 30 MARS 2017 Marc POGGIALE Rapport ECO 44 – Approbation de l’Agenda du Développement Économique Métropolitain Monsieur le Président, Cher(e)s collègues, On nous demande un avis sur cet Agenda du développement économique. Très franchement Monsieur le Président, que vaut l’avis de notre assemblée, puisqu’avec Madame VASSAL vous avez déjà publiquement tout dit, tout expliqué, tout lancé, avant même que nous, les 240 conseillers métropolitains, ayons eu connaissance de ce document ? Je ne crois pas être le seul à ne pas partager cette manière de travailler et de décider. Je crois qu’en évitant les débats contradictoires, dans le seul but d’afficher un illusoire consensus, on ne fait qu’affaiblir la crédibilité des projets métropolitains. Quelle que soit la qualité du travail réalisé. Et c’est le cas. C’est regrettable, car il y aurait des choses à dire sur ce document, au‐delà de l’appellation d’Agenda qui pose interrogation ; car en est‐il vraiment un ? Si par certains aspects, il s’appuie sur un diagnostic des faiblesses et des potentialités plutôt intéressant, s’il reprend à son compte les actions engagées ou à venir des six territoires, plus généralement c’est dans la philosophie des réponses qu’il y a, selon moi, problème. D’abord la question cruciale de l'emploi, qui est pourtant présentée comme la finalité première de cet agenda. On dit qu'il manque 60.000 emplois pour rattraper le niveau moyen des autres métropoles comme Lyon, Lille ou Nantes. On dit aussi qu’il s’agit ‐ je cite‐ « de créer en urgence des emplois pour tous les niveaux de qualification, en phase avec la réalité socio‐économique du territoire ». Ce n’est pas la première fois que ce double constat est mis en avant. Sauf, qu'à part une possibilité évoquée de 20.000 créations dans six filières dites en expansion, rien de concret, chiffré et daté sur les 40.000 autres emplois à créer. Sans doute est‐on encore sur cette philosophie économique, jamais vérifiée depuis trois décennies, du ruissellement entre entreprenariat, richesses et retombées sociales. Si c’était le cas, l’accumulation grandissante de la richesse à un pôle très restreint de la société, y compris sur notre territoire métropolitain, ne s’accompagnerait pas d’une autre accumulation de pauvreté et de précarité dans le reste de la société. C’est ce que dit le diagnostic de l’OCDE, en partie repris dans ce document : on est devant un accroissement important des inégalités. Malgré ce constat, l'entreprenariat, du plus grand au très petit, est l'alpha et l'oméga de ce projet métropolitain de développement économique. 2/2
Tout doit lui être dédié. Et par entreprise, précisons‐le, le document entend entrepreneurs, pas collectif de travailleurs. C’est pourtant le collectif qui génère de l’innovation, de la compétence, de la production, de la commercialisation. Le monde économique, les forces vives, sont notablement plus divers que celui de la seule chambre de commerce et de l’industrie. Et pour réussir un nouveau développement, il est nécessaire de chercher l’association de toutes ses composantes. Votre vision entrepreneuriale du développement économique, vous amène à quelques contradictions. Ainsi quand on considère en introduction les entreprises comme les seules créatrices de richesses, tout en étant obligé page 67 de reconnaître d’autres activités également créatrices de richesses et levier privilégié pour créer des emplois nouveaux ; et de citer selon l’INSEE, le secteur public et parapublic, la santé et l’action sociale les services aux ménages, les commerces de proximité. Cela ne vous empêche pourtant pas de ne rien dire et proposer pour renforcer l’action des services publics, de l’investissement public, en appui d’un nouveau développement économique plus équilibré, plus solidaire territorialement. Par exemple : comment peut‐on parler de la filière santé avec ses 76.000 emplois publics et privés, son deuxième réseau hospitalier de France et ne proposer aucun objectif, aucune action, pour répondre aux urgences en matière d’investissement et d’emplois de l’hôpital public, qui font pourtant l’actualité d’une manière récurrente ? Autre exemple concernant le Grand Port Maritime dont tout le monde sait pertinemment qu’il souffre d’une très grande faiblesse de l’investissement public pour son développement. Autre remarque concernant les 150 actions déclinées dans ce document. Il est frappant de constater qu’elles sont nettement plus étoffées quand il s’agit d’aide à l’entreprise et deviennent par contre carrément transparentes quand il s’agit de certains acteurs économiques. Ainsi page 72 de l’action ‐ je cite ‐ « pour promouvoir la lutte contre les discriminations à l’emploi » ou de celle « pour l’égalité homme‐femme dans l’emploi ». Au‐delà de ces deux belles formules, rien n’est proposé. Enfin une dernière remarque. Nous habitons un territoire où les enjeux écologiques, climatiques et énergétiques sont essentiels pour garantir l’avenir, le cadre de vie et l’activité économique industrielle maritime et logistique, dans un environnement exceptionnel. Ce document met en lumière les atouts de notre filière énergie‐environnement et veut s’affirmer comme une métropole de référence pour les énergies renouvelables et l’économie circulaire. Mais je trouve qu’il est vide d’objectifs et d’actions sur les transitions écologique et énergétique des activités, des habitats, des déplacements qui font l’économie dite présentielle. Elles sont pourtant des gisements immédiats et durables de développement économique et d’emploi. Monsieur le Président, A partir de ces quelques remarques sur la manière de travailler et sur le fond de ce projet, il est difficile d’emboîter le pas d’une stratégie qui ne recherche pas la réduction des inégalités sociales et territoriales – qui sont pourtant le premier handicap de notre métropole ‐ mais qui cherche d’abord à profiter d’un alignement des planètes institutionnelles et patronales, pour ouvrir des perspectives mondiales de marché aux entreprises et filières du tissu économique métropolitain. Encore que, les partenaires économiques devraient s’inquiéter d’une vision du développement à l’international de la métropole focalisée vers les Etats Unis et le Nord‐Ouest de l’Europe. Pas sûr qu’ils vivent la même carte des échanges, sans les pays d’Asie, d’Amériques du Sud et même d’Afrique en plein développement économique. 
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