Parc d’accueil Pierre Challandes 33, rte de Valavran 1293 Bellevue, GE - CH Tél : +41 (0)22 774 38 08 Fax : +41 (0)22 774 30 70 - CCP : 12-5328-7 www.parc-challandes.ch E-mail : [email protected] no 491 aoùt / septembre / octobre 06 À l’écoute des animaux Photo : la panthère Manoir (photo P. Latin) Journal officiel de l’Association du Parc d’accueil Pierre Challandes Centre international de protection des animaux Léopard ou panthère ? Panthère tachetée, panthère noire…Beaucoup de personnes se demandent s’il s’agit du même animal. En fait l’origine des mots est imprécise, et le même animal est nommé panthère ou léopard suivant les régions d’Afrique ou d’Asie dans lesquelles vit ce félin. Le mot « pard » désigne dans beaucoup de pays un grand félin, que cela soit un puma, un jaguar, un guépard, Léopard ou panthère un léopard… Chez nous le terme panthère a été utilisé pour désigner le léopard. En fait, selon le docteur Paul Schauenberg, le terme serait tiré de la sous-famille à laquelle se rattache le léopard. C’est la sous-famille des panthérinés qui se compose du léopard, du jaguar, du lion, du tigre et de l’once ( panthère des neiges). Les quatres autres sous-familles sont celle des félinés, la plus nombreuse, comprenant une trentaine de représentants dont les chats, le serval, le puma, l’ocelot... Le lynx, comme le caracal, se rattache à la sous-famille des lyncinés. Celle des acinonynchinés ne comprenant que le guépard. La panthère nébuleuse est l’unique représentant de la sous-famille des néofélinés. Ces cinq sous-familles composent la famille des félidés. «Tout animal vivant doit rester libre, mais l’homme est responsable de tout animal qu’il a apprivoisé ou qui a perdu la possibilité de vivre libre.» Directeur - Rédacteur en chef : Pierre Challandes Illustrations : Anouk Tank (sauf si précisé) Photos : Pierre Challandes (sauf si précisé) Mise en page : Anouk Tank Impression : Imprimerie Malibu Print journal 491.indd 1 30.03.12 12:04 2 Le léopard est un des plus beaux représentants de toute cette famille. Par la souplesse de ses mouvements et la beauté de sa fourrure, il séduit et effraye chacun. Animal mystérieux, au sujet duquel légendes et faits véridiques se mêlent. Il a longtemps terrifié les populations qui partageaient son territoire. Se déplaçant silencieusement, furtivement, comme un chat, omniprésent mais toujours invisible, il sait se glisser jusque dans les villages, la nuit, pour y attraper une proie, sans jamais être vu. Seules les traces laissées signalent au matin son passage. J’avais appris il y a quelques années que plusieurs léopards vivaient, invisibles, dans les faubourgs de Nairobi, chassant la nuit les chats et chiens errants mais ne touchant pas au bétail ni aux humains. Les léopards sont de tous les félins ceux occupant la plus vaste aire de distribution. De félins spécialement arboricoles, l’espèce s’est adaptée à un éventail d’habitats des plus divers, allant des savanes aux forêts, des bords de mer aux montagnes, des régions humides aux plus arides. Il sait aussi se contenter de la nourriture rencontrée, allant de petits rongeurs aux gazelles et antilopes, en passant par les proies mortes volées à d’autres prédateurs. Actuellement, les léopards peuplent encore toute l’Afrique et l’Asie. De rares populations de sous espèces peuvent encore être rencontrées dans certaines régions comme le nord de la Chine, les îles de Sumatra, Java et Bali et au Sri Lanka. La fourrure des léopards est de couleur de fond variable, allant du beige très clair au noir, passant par toutes les nuances de fauve, mais elle est ornée de taches noires disposées en forme de rosettes. La coloration dépend beaucoup des régions ou vit l’animal, plus clair dans les régions désertiques, plus colorée dans les forêts équatoriales. La coloration noire est un mélanisme que l’on peut retrouver chez le jaguar et chez d’autres félins. Suivant l’éclairage, on peut remarquer les taches. Dans la nature le léopard est un prédateur solitaire; mâle et femelle établissent un territoire dont ils ne s’éloignent guère et dont la superficie est en fonction de la journal 491.indd 2 A l’écoute des animaux nourriture qui s’y trouve. Plus les aliments sont abondants, plus le territoire est restreint. Pourquoi se compliquer l’existence en parcourant des kilomètres si le garde-manger est à portée de griffes ? Ainsi dans certaines réserves africaines, on peut quasiment garantir la photo du léopard aux touristes en sédentarisant le félin avec de la nourriture apportée régulièrement. Ce n’est qu’en période d’accouplement que mâle et femelle vivent et chassent ensemble. Oh ! pas très longtemps, la lune de miel ne dure guère plus de quinze jours et le couple se sépare. A la femelle revient la charge d’élever sa progéniture. Comme pour les chatons domestiques, les petits naissent aveugles et sourds, sans défense. Ils sont mis au monde dans une cavité repérée par la femelle durant ses cent jours de grossesse. Dès l’âge de deux mois les petits commencent de manger de la viande et sont bientôt sevrés. Bien que très attachés les uns aux autres, ils manifèstent leur esprit d’indépendance lorsque la mère leur apporte une proie. Il n’est pas question de partager avec ses frères et sœurs. Chacun souffle, crache, gronde, et le plus « féroce » mangera en premier. A l’âge de six mois, les jeunes ne dorment plus ensemble, mais en dehors des repas continuent de manifester beaucoup de tendresse entre eux et vis-à-vis de leur mère. Par contre leur père ne participe pas du tout à l’éducation des petits; il aurait même tendance à les trouver « chou à croquer ! » Jusqu’à l’âge de 15 à 18 mois les « petits » restent avec leur mère qui leur enseigne l’art de la chasse. Ensuite la famille se détache progressivement, et chacun a trouvé son indépendance lorsque la femelle retombe en chaleur. En nourrissant un jeune léopard au biberon, il restera très attaché à son maître jusqu’à l’âge de 15-24 mois, période où il prend son indépendance. Ensuite, il faudra être prudent à son évolution car même tendre par moment, le léopard peut avoir des réactions violentes, même vis-à-vis de son éleveur. Dans le dernier journal, je vous annonçais la venue de cinq félins en provenance du zoo Hasel à Rüfenach dans le canton d’Argovie. Ce zoo changeant de gérance au début du mois de juillet, le nouveau directeur ne voulait pas garder les félins qui n’étaient pas installés de façon adéquate. En juin je fus averti que la femelle lynx qui faisait partie du lot avait dû être endormie en raison de son grand âge (20 ans). D’ailleurs elle aurait mal supporté le voyage et le changement d’environnement. Il restait donc trois femelles pumas âgées de 7, 12 et 18 ans, et un léopard mâle de couleur noire, âgé de 10 ans. C’est le mardi matin, 4 juillet que je reçus le téléphone du transporteur m’annonçant la venue des animaux pour la soirée. Je vérifiai donc une dernière fois leurs enclos respectifs. Le treillis de l’enclos du léopard fût renforcé du côté passage des visiteurs, car les léopards peuvent parfois avoir des réactions violentes. Les deux lynx qui occupaient les deux parcs du bas avaient déjà été déménagés dans le parc adjacent à celui du vieux lynx afin de laisser un double parc aux trois pumas qui vivaient ensembles. Tout était donc prêt, j’attendais le coup de téléphone m’informant de l’heure d’arrivée des félins, car en raison de la chaleur, ils devaient voyager en soirée. Le coup de téléphone que je reçus ne m’annonça pas la venue des animaux, mais une panne du véhicule de transport, heureusement survenue avant le chargement. Le transport était donc remis au jeudi ou vendredi. Il eut lieu le vendredi, et je ne fus informé qu’à 20h00 que les animaux venaient d’être chargés. Ils arrivèrent au Parc vers 24h00. La nuit était noire. Dès l’arrivée du transport, mes chiens toujours curieux vinrent accueillir les arrivants. La porte du van fut baissée après avoir prudemment vérifié qu’aucun des occupants des caisses de transport ne s’en était échappé ! Alors que les sangles qui tenaient les caisses étaient retirées, de terrifiants rugissements retentirent dans la nuit, émis de la caisse du léopard. ll remuait aussi dans tous les sens. Les chiens interloqués pendant quelques secondes par ces rugissements, regagnèrent sur la pointe des pattes le bâtiment où je les enfermai. Les caisses des pumas, quoique lourdes, furent facilement transportées par les deux solides gaillards qui accompagnaient le chauffeur, lui-même expert dans le transport d’animaux sauvages. Les caisses des pumas furent ouvertes 30.03.12 12:04 3 A l’écoute des animaux contre la porte coulissante qui séparent l’abri de l’enclos extérieur. Une fois les pumas à l’intérieur de l’abri la porte coulissante fut refermée, et le caisses de transport retirées. Le seul problème de nuit était d’être sûr que ces dames étaient bien sorties de leur caisse respective, ce qu’elles faisaient sans bruit ! Après nous en être assurés avec une lampe de poche, nous entreprîmes le déménagement de celle de la panthère qui était lourde car - heureusement - construite très solidement. Elle avait déjà servi à transporter un ours, et de ce fait elle était aussi plus large. Par chance, elle passait juste par les portails, laissant quelques centimètres de chaque côté. Ce qui ne facilitait guère le transport, car il fallait impérativement ne pas se placer devant la caisse où se trouvait la grille, de peur que le félin, s’il réussissait à passer une ou deux phalanges, ne nous attrape avec ses griffes redoutables longues de plusieurs centimètres. A chaque passage de portails il fallait faire toute une gymnastique pour pousser la caisse, passer par-dessus et la reprendre sur le côté. Nous étions quatre, mais la caisse devait bien peser entre 160 et 180 kilos. De plus son occupant ne nous facilitait pas la tache en sautant d’avant en arrière avec des rugissements qui faisaient frémir les animaux du parc. Contrairement aux pumas, nous fûmes tout de suite certains que le léopard était sorti de sa boîte par la violence avec laquelle il se propulsa dans son abri, dont la trappe fut rapidement baissée. Pour la nuit je décidai de laisser les animaux fermés dans leur abri afin de pouvoir surveiller de jour leur sortie dans le parc. A 2h00 du matin les transporteurs reprenaient la route de Rüfenach,les chiens refusèrent de sortir, encore intimidés par les rugissements, et moi je dormis sur place, inquiété par la virulence de la panthère ! Le lendemain matin tout était calme, les chiens sortirent sans problème, les coqs annonçaient à tue-tête le lever du jour, les pigeons roucoulaient…. Manoir était étendu sur son tronc et les servals allongés sur leur niche entamaient leur sieste matinale. Les trois nouvelles femelles pumas étaient journal 491.indd 3 couchées dans leur abri et elles avaient mangé les trois poulets que j’avais déposés avant leur arrivée. Mais elles ne daignèrent pas sortir de leur abri, inquiétées par les nouvelles odeurs, les nouveaux sons et leur nouvel environnement. En arrivant près du box du léopard, je remarquai qu’il avait aussi mangé son poulet, puis je m’approchai un peu de la porte pour l’apercevoir. Je ne vis rien si ce n’est une masse sombre qui explosa contre la porte, accompagnée d’un puissant rugissement. Après avoir reculé d’un pas, je m’approchai à nouveau de la porte et la même masse sombre se jeta dans celle-ci, puis disparut à nouveau se cacher contre la paroi. Ces deux attaques me firent craindre que la porte ne cède, et avant d’ouvrir la porte coulissante, j’allai chercher de quoi renforcer non seulement les deux portes de l’enclos et de l’abri du parc de la panthère, mais aussi certaines parties grillagées. La mise en place des doubles portes devant l’abri fut ponctuée par de fréquentes attaques du félin. Le renforcement terminé, j’ouvris la porte coulissante, par laquelle la panthère sortit aussitôt, me permettant de l’apercevoir une fraction de seconde avant qu’elle ne s’élance contre moi, heureusement protégé par le grillage, puis disparaisse à nouveau au fond de son abri. Elle m’était apparue très belle, grande et puissante, mais pas très rassurante. En me retournant j’aperçus Manoir quitter son parc sur la pointe des pattes pour gagner le fond de son abri, guère rassuré par ce rival. Dans la matinée ce fut Bob, qui vient chaque matin soigner ses canaris, qui essaya de voir les nouveaux animaux. Il s’approcha de la porte de la panthère, se pencha pour essayer de la distinguer à travers le double grillage et le plexiglas. Il fit un saut en arrière, les cheveux hérissés lorsque la masse sombre heurta la porte à la hauteur de son visage avec un rugissement effrayant. A part cela, il ne vit rien, le félin était retourné aussi rapidement se tapir dans son coin. Par prudence, et pour que le fauve puisse prendre tranquillement contact avec son environnement sans être excité par des visites continuelles, je fermai le couloir. Le reste du jour ainsi que le dimanche je passai le moins possible dans le couloir. Néanmoins le dimanche il me sembla que le léopard se calmait et je pus à plusieurs reprises passer par le couloir sans qu’il ne bouge. Il était toujours tapi dans son abri, de même que Manoir qui avait senti dans le nouvel arrivant un rival dominant. Par contre les trois femelles pumas déambulaient tranquillement dans leur parc ou se couchaient à l’ombre. Elles s’étaient parfaitement adaptées à leur nouvel environnement. De même leur voisine la vieille femelle puma semblait aussi s’habituer à ses voisines et ne semblait pas trop dérangée par son autre voisin, le terrible léopard ! Le lundi matin je me rendis sur la pointe des pieds dans la première volière pour essayer d’apercevoir le fauve. Il était là, en train de déambuler en feulant, les muscles tendus, s’arrêtant de cours instants pour humer : il avait dû sentir ma présence. C’était un splendide animal grand et puissant. Soudain il me repéra et, dans un immense bond, se lança dans ma direction et prenant appui contre le grillage, il rebondit à trois mètres, fit demi-tour, se lança une nouvelle fois dans ma direction, puis disparut dans son abri... Heureusement le grillage stoppa son attaque, mais l’impact contre le treillis était violent et à chaque attaque j’étais content qu’il résiste bien. A part ces attaques il ne semblait pas trop perturbé et avait bien fini son repas, contrairement à Manoir toujours invisible et silencieux, et qui apparaissait, en comparaison du nouveau venu, doux comme un agneau ! Cependant à son arrivé Manoir avait aussi été menaçant, et il fait encore preuve d’une agressivité certaine; mais qui n’est pas à comparer avec celle du nouveau venu ! En informant son ancien propriétaire des soucis que me posait son félin, j’appris qu’il n’était pas facile chez eux, et lorsqu’il était dans son box intérieur se montrait agressif. Il sautait aussi contre les barreaux lorsque les soigneurs pénétraient dans le local. Par contre, dans son parc extérieur il était relativement calme; cependant il ne pouvait voir d’autres animaux et le public était assez éloigné. Arrivé dans ce parc à l’âge de 7 mois, il n’avait jamais eu de contact avec des 30.03.12 12:04 4 congénères, et ceux avec les humains se limitaient aux ordres pour entrer et sortir. Il n’avait eu, depuis qu’il avait quitté sa mère à l’âge de six mois, aucun lien social, aucune tendresse. Dans la nature les léopards sont certes des solitaires et les mâles se battent violemment en cas d’intrusion sur leur territoire par un rival, mais ils ont des contacts tendres avec leur mère et ensuite avec les femelles lors du rut. Ils apprennent aussi à éviter les combats par des menaces. Ce léopard ne connaissait pas ces rites et je me mettais à douter de pouvoir garder ce félin. Peut-être qu’après quelques mois se calmerait-il ? Le soir, alors que je distribuais la nourriture, je pus le voir sortir de son abri, me menacer puis retourner se cacher derrière la paroi pour exploser contre la porte, alors que je déposais sa nourriture après avoir fermé la porte coulissante. Le mardi matin je fus sur place avant le lever du jour pour essayer d’encore l’observer sans être vu. En arrivant, je fus surpris par le silence qui régnait : les coqs n’avaient pas entamé leurs chants tonitruants pour saluer le lever rougeoyant du soleil, les pigeons et tourterelles ne roucoulaient pas encore... bref il me semblait que l’atmosphère était lourde, un peu comme la nuit en Afrique lorsque le léopard se met en chasse. Un silence pesant règne jusqu’au moment où les singes, plus spécialement les babouins, repèrent le prédateur et se mettent à aboyer sauvagement pour se prévenir les uns les autres, aboiements qui s’éloignent et se rapprochent en fonction des déplacements de leur ennemi. Dans son parc j’aperçus le léopard qui déambulait, arrosant de son urine les troncs des arbres, la clôture… il s’arrêtait par moment pour humer, regardait le haut de son parc comme pour repérer une partie défaillante, puis se remettait en marche, les muscles tendus, imposant par sa taille. Feulant, il inspectait les autres parcs d’où les occupants avaient disparu dans leurs abris. Même la vieille femelle puma avait regagné sa niche. Soudain dans un bond il sauta contre le grillage du côté des servals. L’un d’eux avait eu l’outrecuidance de bouger ! Ensuite il bondit dans un saut aérien sur le tronc comme pour journal 491.indd 4 A l’écoute des animaux pouvoir s’élancer sur le serval, et il s’élança pour s’accrocher au grillage, tout en haut, à trois mètres du sol. Le serval effrayé disparut et le léopard sauta à nouveau sur le sol, vérifiant qu’aucun de ses voisins ne remuait. Enfin il dut me sentir, car il se figea et feula dans ma direction. Il se tapit alors derrière le muret et ne bougea plus. Repéré, je décidai de m’avancer un peu; le léopard explosa de son muret pour atterrir trois mètres plus loin contre le grillage, recula et revint à la charge à trois reprises. Maintenant il avait aussi pris possession de son parc extérieur et ne tolérait plus aucune présence autour de lui. Chaque mouvement de ses voisins, chaque passage dans le couloir provoquait une attaque. Décidément, ce léopard représentait un danger réel, et nos installations, notre organisation ne nous permettaient pas de prendre le risque de garder ce félin. Il devait partir le plus vite possible. Peut-être après six mois aurait-t-il pu se calmer, mais durant ce laps de temps il aurait fait courir trop de dangers tant aux humains qu’aux animaux, et aurait perturbé les autres félins. D’abord je téléphonai au zoo, dont le nouveau gérant, comprenant la situation, accepta de reprendre ce léopard. Puis j’avertis le transporteur, qui, conscient du danger, vint au Parc le jour même. En fin d’aprèsmidi il était là et à 18h00 nous nous préparions à endormir le léopard pour le charger dans sa caisse de transport, la même que celle du premier voyage, toujours aussi lourde (160 à 180 kilos avec le léopard) ! Comme cette fois nous n’étions que deux, nous déposâmes la caisse sur un chariot à roulettes laissé au bas de l’escalier du couloir menant au parc du léopard. Nous pensions pouvoir endormir et charger le félin rapidement. A 21h00 le léopard n’était pas encore dans sa caisse! En effet, dès que le léopard nous aperçut, il se réfugia dans son abri, prenant soin de se cacher contre la paroi. Ayant aussi repéré le fusil servant à lui envoyer la fléchette avec le narcotique, il prit soin de rester caché. Le viser depuis la porte d’entrée de son box devenait très difficile, voire impossible. Nous plaçâmes une grille contre la petite porte coulissante, afin de pouvoir ouvrir celle-ci tout en empêchant le fauve de sortir ou de nous attraper avec ses griffes redoutables. Une autre grille fut aussi placée contre une petite ouverture de 10 centimètres de diamètre, pour empêcher le léopard de sortir une patte et de nous attraper. Ainsi nous pouvions viser par trois angles différents. Sentant qu’il ne pouvait pas échapper à nos regards, le félin passa à l’attaque, se jetant violemment contre les différentes ouvertures suivant où nous nous tenions. Son attaque terminée, il partait, intelligemment, se tapir hors d’atteinte du fusil hypodermique. A une reprise, il arriva tellement violemment dans la grille de la porte coulissante fixée dans la paroi avec des vis, que celles-ci furent arrachées et que nous pûmes de justesse retenir la grille. Après la deuxième piqûre, il ne s’était pas encore endormi, en raison de l’excitation et de la poussée d’adrénaline. Enfin après un troisième tir il nous sembla qu’il s’était assoupi. Prudemment, avant d’entrer dans l’abri, nous glissâmes un long manche en bois à travers la grille pour le tâter et ainsi vérifier s’il avait encore des réactions. Il me semblait bien que ses paupières remuaient un peu et que son regard nous fixait, mais le félin ne bougeait pas, se laissait aller... quand tout à coup, après que nous ayons encore une dernière fois soulevé un peu sa tête avec le bâton, il attrapa celui-ci avec une rapidité foudroyante. Il ne le lâcha que lorsqu’il fût réduit en miette, pour s’élancer avec violence dans notre direction et il réussit à attraper le canon du fusil qui dépassait de la grille. Le canon abîmé, le fusil devenait inutilisable. Heureusement que nous ne nous étions pas aventurés trop vite dans son antre, car nous aurions aussi été abîmés ! Par chance le transporteur avait une sarbacane grâce à laquelle nous pouvions encore tenter de lui faire une piqûre, la dernière, car nous risquions d’atteindre une dose mortelle. Il commençait à faire sombre, et la visibilité devenait mauvaise dans son abri. Je réussis à glisser une lampe au plafond, et par chance elle éclaira juste la cuisse du félin qui, tout de même un peu endormi, s’était recouché. La fléchette atteignit son but, et après dix minutes le félin semblait, cette fois-ci, bien 30.03.12 12:04 5 A l’écoute des animaux endormi. Nous le secouâmes à plusieurs reprises, il ne bougea pas. Alors, prenant notre courage à deux mains, nous pénétrâmes dans le petit local et, pour nous assurer que le sommeil était profond, méfiants, nous lui tirâmes la queue. Il ne bougea pas. Nous l’installâmes alors dans une couverture pour le porter jusqu’à sa caisse de transport. Enfin, à mon plus grand soulagement, il quittait le parc pour son ancien zoo. Il était 22h00 ! Les jours suivants, j’appris qu’il était bien arrivé, à 4h00 du matin. Quoique réveillé à son arrivée, il somnola pendant 24 heures sous l’effet des narcotiques. Mais dès qu’il récupéra tous ses esprits, il retrouva aussi ses anciennes habitudes et se comporta comme si rien ne s’était passé. Pour le moment il restera dans ce zoo jusqu’à ce qu’il lui soit trouvé une place adéquate, s’il cela est possible. Le comportement de ce léopard n’avait rien d’exceptionnel, c’était un mâle puissant, dominant et intelligent. Cependant sa haine de l’homme et la violence de son agressivité en faisait un animal terriblement dangereux pour un parc n’ayant pas les structures adéquates. Après le départ du léopard, les animaux ont repris leur rythme de vie habituel et se sont remis à manger. Les trois nouvelles femelles pumas se sont très vite habituées à leur nouvel environnement, ne montrant aucune agressivité, même vis-à-vis de leur voisine la vieille femelle puma qui pendant quelques jours souffla les nouvelles venues. Quant à Manoir, il ne mit le nez hors de son abri et se remit à manger que deux jours après le départ de son rival. Depuis lors, il est plus calme et moins vindicatif ! Reza journal 491.indd 5 Avant ces deux léopards, j’en avais accueilli plusieurs à Vernier. Il y eu un fort beau mâle tacheté nommé Reza que son maître, un artiste de cabaret ayant déménagé, ne pouvait plus garder. Il fut installé dans un grand parc des Volières de Vernier. Cet animal était très attaché à son maître et dès qu’il l’entendait arriver, il l’appelait avec des rugissements rauques. Puis venait se frotter contre le grillage en émettant un espèce de ronronnement profond. Pendant la journée, si le temps était agréable, il se prélassait au milieu de son parc, se roulant sur le dos, complètement détendu, ne prêtant aucune attention à votre présence : il n’était attaché qu’à son premier maître, comme le sont la plupart des félins. Cependant à l’instant où il percevait que votre attention était détournée, en deux bonds, il se trouvait derrière le grillage, guère aimable ! Généralement les visiteurs avaient un mouvement de surprise, voire de frayeur. Alors satisfait, il retournait se coucher dans l’herbe. Reza est mort suite à des problèmes rénaux, à l’âge de 15 ans, ce qui est déjà un âge moyen pour un félin. Tous les « chats », petits ou grands ont à peu près la même espérance de vie, soit de 15 à 20 ans. En liberté l’espérance de vie d’un grand fauve est d’environ 10 ans et, de 5-7 ans pour un petit félin. Le record de vieillesse est détenu actuellement par notre vieux lynx, âgé de 25 ans. Prince de m’attaquer lorsque je me trouvais dans son parc. Elle était très belle, légèrement plus basse sur pattes que les léopards communs. Sa fourrure, aussi, était différente : elle était plus dense et les dessins noirs étaient légèrement ocellés ; ils se détachaient sur un fond fauve clair. En fait la panthère de Chine, par son aspect, est un peu la transition entre la panthère des neige et la panthère commune. A Vernier, Prince, un autre léopard noir, a atteint l’âge de 22 ans. Ce fauve avait été placé chez nous à l’âge de 17 ans, lorsque son propriétaire avait dû renoncer à son métier de dompteur. Bien que très attaché à son maître, ce léopard était plus docile et plus doux que Reza. Non seulement il n’attaquait pas les visiteurs ni les menaçait, mais, après quelques mois, il me tolérait et venait se faire caresser à travers différence du pelage entre Sybille (en haut) et Reza (en bas) le grillage. A l’époque, j’hébergeais déjà une femelle panthère de Chine Lorsque des visiteurs venaient la voir, nommée Sybille. Je l’avais reçue du elle se réfugiait dans sa niche, et si je zoo de Saint-Martin-La Plaine près m’approchais en me baissant pour la de Lyon. Agée de seulement un faire sortir, elle sortait comme une mois, elle avait été rejetée par sa bombe de sa cachette, sautait parmère. Sybille, très craintive, refusa le dessus mes épaules pour s’arrêter de biberon et voulut manger seule. Elle l’autre côté de son parc, dévisageant me tolérait, refusant de venir se faire les inconnus, ensuite elle retournait caresser, mais elle me respectait, me se cacher. Cependant elle n’eut pas fuyant plutôt. Elle n’essaya jamais une jeunesse solitaire, elle eut comme 30.03.12 12:04 6 copain de jeu le puma Rakkam, qui avait le même âge qu’elle et avec qui elle apprit à jouer puis à communiquer. Lors de l’arrivée de Prince celuici fut charmé par la belle Sybille, qui répondit favorablement à ses avances, et elle lui tint compagnie durant les cinq ans qu’il passa chez nous. Cependant, régulièrement, je la A l’écoute des animaux panthère de Chine, nouveau-née, dont la mère refusait de s’occuper. Nourrie au biberon toutes les trois heures dans un premier temps, Céleste prospéra bien et, contrairement à Sybille, devint très familière, jouant avec les chiens et adorant la voiture, car je devais l’emmener partout avec moi, en raison des biberons ! Elle ne craignait personne, et accueillait Voilà mes expériences avec ces magnifiques animaux que sont les léopards ou panthères ! Non, j’oublie la première qui eut lieu lors de mon périple en Afrique de l’Ouest avec ma femme. Ce voyage effectué dans une vieille fourgonnette 2 CV Citroën nous avait emmenés à travers 8 ou 9 pays pendant un an et demi. Nous avions peu d’argent, mais nous avions le temps, et nous restions parfois plusieurs semaines dans des réserves pour observer des animaux. Les réserves de ces régions étaient alors moins surveillées qu’en Afrique de l’Est, voire pas du tout. Un soir, alors que nous nous trouvions en pleine brousse loin de tout humain et que la nuit était tombée, ma femme voulut aller faire un petit pipi avant d’aller se coucher dans la voiture; mais au lieu d’aller à côté de celle-ci, habitude de citadin, elle se dirigea vers un bosquet un peu plus loin, dont elle revint quasiment en un seul bond qu’elle effectua lorsqu’un rugissement profond, effrayant, retentit du milieu des buissons, suivi par un fracas de branches dû à la fuite d’un animal, certainement un léopard, qui gentiment nous observait ! Heureusement qu’il n’a pas porté plainte pour violation de domicile ! chacun avec force ronronnements. Elle devenait très belle et très attachante. Malheureusement à l’âge de cinq mois, lors de sa vaccination contre le typhus, il lui fut administré par erreur un vaccin contenant des souches vivantes, auxquelles les félins exotiques sont très sensibles. Elle attrapa le typhus qui lui fut fatal. Bellevue, le 26 juillet 2006 P.Challandes Rakkam et Sybille faisait passer dans le parc de Rakkam lorsque ce dernier était « libéré » par Pacotille, une femelle puma. Les deux animaux se retrouvaient avec plaisir, se frottant l’un contre l’autre affectueusement. Après quelques temps, Prince réclamait le retour de sa copine par des feulements plaintifs et Sybille retournait dans le parc de son prince noir. Prince est mort juste avant notre déménagement de Vernier à Bellevue et, depuis notre déménagement, Rakkam le puma et Sybille la panthère de Chine ont cohabité jusqu’à la mort de Sybille en 2000, qui fut suivie deux mois plus tard par celle de Rakkam. Ils avaient 19 ans. Nous avons eu tant d’aventures ensemble qu’ils me semblent toujours présents. Céleste avec les chiens Quelques années après l’arrivée de Sybille, le zoo de Lyon m’avait demandé de recueillir une autre petite journal 491.indd 6 30.03.12 12:04 7 A l’écoute des animaux nouvelles du parc et de l’association Les animaux : Les maras ou lièvres de Patagonie, reçus en janvier, ont donné naissance à trois petits. Comme les jeunes lièvres communs, ils naissent complètement aptes à se débrouiller. Ils ont déjà la même allure que leurs parents et dès leur mise au monde ils font déjà de petits sauts de côté pour venir téter. Ils sont nés le 13 mai et seront placés au zoo Hasel à Rüfenacht. Les buses de Harris ont aussi couvé, et un jeune a éclo le 5 juin. Petit poussin revêtu d’un duvet floconneux blanc, dont la mère a pris grand soin, a atteint maintenant presque la taille adulte; il effectue ses premiers vols sous l’œil attentif de ses parents. Les chouettes de Harfang, âgées maintenant de 5 et 6 ans, ont aussi décidé KURZ cette année de nicher. La femelle a pondu quatre œufs dont le premier fut cassé par l’inexpérience du couple; les autres furent couvés à même le sol, dans une petite cavité creusée dans la terre. La femelle a couvé avec assiduité pendant 40 jours sous l’œil vigilant du mâle qui interdisait à quiconque de pénétrer dans le couloir. Il volait sur l’intrus les serres en avant et il fallait se protéger par un seau en plastique. Cela m’a posé quelques problème lorsque j’ai déplacé les lynx dans le parc situé en haut du couloir, à côté de celui du vieux lynx. J’ai dû séparer le couloir en deux. Comme heureusement les chouettes avaient niché au haut du couloir, j’ai pu construire la séparation juste avant le dernier parc, celui du vieux lynx. Seul l’accès à l’entrée du parc de celui-ci était gardé par monsieur Harfang. Mais les œufs n’ont rien donnés, madame Harfang à quitté le LUNETTERIE VERRES DE CONTACT 1, rue Dancet 1205 GENEVE Tél : 320 66 66 Ouvert de 8h30 à 18h30 MAÎTRE OPTICIEN sans interruption. VISAGISTE Fermé le lundi matin. CLASSES DE JEU POUR CHIOTS Séances d’imprégnation par le jeu, éducation nid, mais sont mâle y retourne encore lorsque nous pénétrons dans son domaine; mais il devient moins agressif. Les deux jeunes lynx ont donc été déplacés dans le parc jouxtant celui du vieux lynx. Ils ont tout de suite trouvé l’endroit agréable et n’ont pas été stressés, car j’ai pu les laisser gagner leur enclos tranquillement par le couloir, ayant fermé la partie occupée par les chouettes Harfang. Ils ont bien mis trois heures avant de quitter l’enclos du bas, et de s’aventurer dans le couloir pour gagner leur nouveau parc. Si les premiers jours ils se sont feulés avec leur voisin le vieux mâle lynx, ils ont par la suite sympathisés, tellement même qu’un jour j’ai cru avoir une vision lorsque j’ai trouvé les trois lynx couchés dans le parc du vieux, tout à fait décontractés. Je n’aurais jamais osé les laisser dans le même parc. Imprimerie Malibu Print 10, rue de l’Avenir - 1207 GENEVE Té : 022 / 735 51 21 ou 735 55 11 - Fax : 022 / 735 41 43 MOULINS AGRICOLES GENEVOIS 1283 LA PLAINE / GENEVE Vente d’aliments pour tout bétail Conditionnement de céréales fourragères Ouverture : 7h30-12h00 13h30-18h00 Samedi : 7h30-11h30 LIVRAISONS A DOMICILE TEL : 022 / 754 12 22 MEDAILLES POUR CHIENS ET CHATS Corinne Chuit 1297 FOUNEX Tél : 022 / 776 01 82 EN ALU ELOXE, COULEUR OR, ROUGE, VERT, BLEU LASSIE Genève 022 - 343 83 20 Gravure recto-verso Frs 20.- TTC GRAVOPLAQUES-GRAVOTIMBRES 37, RUE J.-DALPHIN 1227 CAROUGE TEL : 022 / 343 83 20 FAX : 022 / 343 89 73 DETARTRAGE - DESOXYDATION - EBOUAGE HARBA s.a. RESEAUX DE CHAUFFAGE DISTRIBUTION D’EAU SANITAIRE CHAUDE ET FROIDE BOUILLEURS ET CHAUDIERES CIRCUITS DE CLIMATISATION Les meilleurs spécialistes et les meilleurs produits au service de vos tuyauteries, de l’environnement et des économies d’énergie 6, rue de l’Aubépine, CP 77 Tél : 022 / 781 62 36 journal 491.indd 7 1211 GENEVE 9 Fax : 022 / 328 05 53 L &L 10, Rue Liotard CH . 1202 Genève Déménagements Déménagements s.a. Transports Tél : 022 / 344 67 27 Fax : 022 / 344 57 28 Locaux- internationaux Garde-meubles Manutention 30.03.12 12:04 8 A l’écoute des animaux à l’écoute des animaux JAB 1200 GENEVE 2 RETOURS Parc d’accueil P. CHALLANDES 33 rte de Valavran 1293 BELLEVUE Prière d’annoncer les rectifications d’adresse août / septembre / octobre 06 no 491 paraît 4 fois par an, cotisation annuelle y compris journal CHF 30.Directeur - Rédacteur en chef : P. Challandes tél : +41 (0)22 774 38 08 Mise en page : A. Tank Impression : Imprimerie Malibu Print tél : +41 (0)22 735 51 21 les maras et leurs petits Ils avaient découvert un trou dans le bas du grillage qu’un perroquet ara avait fait il y a dix ans et, caché dans les herbes, avait été oublié. Malgré la relation pacifique régnant, j’ai préféré faire regagner leur parc aux deux jeunes lynx, car il est toujours possible qu’un différend puisse éclater entre les deux mâles et, le plus âgé ayant 26 ans, il peinerait à se défendre; le trou fut rebouché. Les félins du zoo Hasel sont arrivés au Parc au début de juillet. ( voir article «léopard ou panthère») Portes ouvertes Nous avons reçu passablement de jeunes animaux indigènes, dont un petit faon âgé de 24 heures, c’est une femelle qui est toujours au Parc. J’en parlerai dans un prochain numéro. les 23 et 24 septembre 2006 de 11h00 à 18h00. Brocante, buffet, musique… Le PV de l’assemblée générale du 21 juin 2006, qui s’est bien déroulée, paraîtra dans le prochain bulletin, faute de place. Le calendrier 2007 paraîtra pour les portes ouvertes. Anouk Tank en est comme d’habitude la créatrice; y figureront aussi des photos de Pierre Latin. Sybille Portes ouvertes , elles auront lieu les 23 et 24 septembre 2006 de 11h00 à 18h00. Brocante, buffet, musique… malgré les portes ouvertes les animaux resterons dans leurs enclos ! Bellevue, le 28 juillet 2006 P.Challandes journal 491.indd 8 30.03.12 12:04