Corrigé sujet N° 1 Sujet n° 2 Bac Blanc Janvier 2008 T ES2 option

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Corrigé sujet N° 1
Question 1
Dans l’optique de Schumpeter (1883-1950), le capitalisme est avant tout un système
économique «dynamique», c’est-à-dire en évolution constantes :
«non seulement il n’est jamais stationnaire, écrit Schumpeter, mais il ne pourrait jamais le
devenir» (doc. 1). Cette dynamique du capitalisme est entretenue par l’innovation. Prenant
des formes diverses (innovations de produit, de procédé, nouveaux débouchés, nouvelles
sources de matières premières et nouvelles manières d’organiser la production), fruit
conjoint du dynamisme de l’entrepreneur qui prend un risque en innovant afin de dégager un
profit supplémentaire et de la prise de risque du banquier via le crédit, l’innovation est
l’élément clé de la théorie de Schumpeter.
Ces innovations expliquent en effet le caractère irrégulier, par essence instable, de la
croissance capitaliste. Celle-ci est caractérisée par l’alternance de phase de croissance forte
(diffusion de l’innovation à l’ensemble de l’économie) et de phase de ralentissement
économique (essoufflement des conséquences de l’innovation) pouvant à terme se
transformer en récession, la «crise» marquant le point de passage d’une phase à une autre.
Dans cette optique, les crises sont «endogènes », c’est-à-dire liées à la nature même du
fonctionnement du capitalisme. Les innovations sont aussi à l’origine d’un processus de
«destruction créatrice», les nouvelles innovations rendant par définition obsolètes les
anciennes, cette situation ayant par là même un coût social important (fermetures d’usines,
chômage).
La croissance capitaliste telle que l’analyse Schumpeter est donc un phénomène
nécessairement ambivalent, à la fois positif (innovations, productivité et croissance
économique) et négatif (obsolescence, faillites, chômage), et c’est cette ambivalence qui doit
faire l’objet de toutes les attentions deI l’économiste: «Le problème généralement pris en
considération, écrit Schumpeter dans Capitalisme, socialisme et démocratie, est celui
d’établir comment le capitalisme gère les structures existantes, alors que le problème
qui importe est celui de découvrir comment il crée, puis détruit ces structures » (Doc1).
Au final, alors que l’approche dominante à l’époque avait une conception « statique » de
l’économie (théorie de l’équilibre général), Schumpeter démontre le caractère
nécessairement « dynamique » (en perpétuel mouvement) du capitalisme.
Question 2
Schumpeter attribue un rôle clé à la grande entreprise dans le fonctionnement du
capitalisme. A rebours de la vision néoclassique et du modèle de la concurrence
pure et parfaite, il affirme même que l’innovation, moteur du capitalisme, est «difficilement
concevable si, dès l’origine, les innovateurs doivent compter avec des conditions de
concurrence parfaite» (Doc1)
Seules les grandes entreprises disposent des moyens financiers nécessaires pour financer
partiellement les innovations. De plus, la concurrence exerçant une pression sur les prix qui
tend à limiter les marges, l’entreprise pour s’extraire d’une concurrence étouffante, est
incitée à innover afin de se trouver temporairement en situation de monopole.
Loin d’être un obstacle au progrès économique (dans la tradition libérale et néoclassique la
concurrence est préférable au monopole), Schumpeter voit dans la naissance de
« l’entreprise géante », souvent par ce fait en situation de monopole ,une forme d’innovation.
Elle est un gage d’efficacité pour l’économie, car elle est plus apte à financer des innovations
de produits et de procédés. Elle alimente donc l’innovation, moteur de l’économie, en
fournissant une plus grande variété de biens (innovations de produits) et en augmentant le
rendement du travail (innovations de productivité).
Question 3
L’histoire du capitalisme est caractérisée par une concentration croissante dans l’industrie
comme dans les services. Cette évolution a pour conséquence « une diminution du nombre
d’acteurs dans chaque secteur ». Autrement dit, la structure des marchés est de plus en plus
oligopolistique ( un petit nombre d’offreurs) ou monopolistique (un seul offreur). Cette
évolution est donc totalement en adéquation avec la vision de Schumpeter, ce dernier
faisant jouer un rôle clé à l’ « entreprise géante» dans la croissance économique. Récusant
d’un point de vue théorique le modèle de la concurrence pure et parfaite, caractérisé
notamment par un très grand nombre d’offreurs et de demandeurs (principe d’atomicité),
Schumpeter avait bien anticipé le rôle de la grande entreprise dans l’économie moderne.
Ajoutons même, cette fois-ci pour compléter Schumpeter, que la «taille» et les « rendements
d’échelle qui en découlent» peuvent aujourd’hui constituer des atouts importants dans la
compétition mondiale.
Sujet n° 2 Bac Blanc Janvier 2008 T ES2 option économie
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