Séance 6 : Guerre et déshumanisation Texte 1 5 Une partie de notre

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Séance 6 : Guerre et déshumanisation
Texte 1
5
Une partie de notre être, au premier grondement des obus, s'est brusquement
vue ramenée à des milliers d'années en arrière. C'est l'instinct de la bête qui
s'éveille en nous, qui nous guide et nous protège. Il n'est pas conscient, il est
beaucoup plus rapide, beaucoup plus sûr et infaillible que la conscience claire ;
on ne peut pas expliquer ce phénomène. (…) Quand nous partons, nous ne
sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand
nous arrivons dans la zone où commencer le front, nous sommes devenus des
hommes-bêtes.
Erich Maria Remarque, A l'ouest rien de nouveau, 1929
Texte 2
Nous sommes devenus des animaux dangereux, nous ne combattons pas, nous
nous défendons contre la destruction. Ce n'est pas contre des humains que
nous lançons nos grenades, car à ce moment-là nous ne sentons qu'une chose :
c'est que la mort est là qui nous traque, sous ces mains et ces casques. C'est la
5 première fois depuis trois jours que nous pouvons la voir en face ; c'est la
première fois depuis trois jours que nous pouvons nous défendre contre elle. La
fureur qui nous anime est insensée ; nous ne sommes plus couchés,
impuissants sur l'échafaud, mais nous pouvons détruire et tuer, pour nous
sauver... pour nous sauver et nous venger.
Erich Maria Remarque, A l'ouest rien de nouveau, 1929
Texte 3
5
Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai
bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la
machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver
l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux
maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci, je saute sur
mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai
tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le
premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui
veut vivre.
Blaise Cendrars, J’ai tué, 1918
Des artistes en guerre :
Erich Maria Remarque (1888-1970) est un écrivain allemand envoyé au front en 1916.
Dans son célèbre roman « A l’ouest rien de nouveau » (1929), il parle au nom d’une
génération sacrifiée qui a vécu l’horreur de la guerre. Ses prises de position lui valent
d’être pris pour cible par les nazis : dès 1933, ses œuvres sont brûlés.
Blaise Cendrars (1887-1961) est un poète et romancier français d’origine suisse qui a
parcouru le monde entier. Son œuvre témoigne de son goût pour l’aventure et la
modernité. Il participe à la première guerre mondiale, dès 1914, comme engagé
volontaire et y perd la main droite.
Comment la guerre métamorphose-t-elle l’homme ?
1. Textes 1 et 2 : que devient l’homme lancé dans la guerre ?
2. Relevez au début du texte 3 une expression qui suggère cette même idée.
3. Texte 3 : par quels procédés d’écriture (syntaxe, longueur des phrases) le
narrateur montre-t-il qu’il a agi rapidement ?
4. a) D’après ces trois textes, qu’est-ce qui pousse les soldats à se comporter
ainsi ?
b) Par quelle figure de style cette idée est-elle mise en valeur dans la dernière
phrase du texte 2 ?
Synthèse : comment ces deux auteurs nous montrent-ils la métamorphose de
l’homme en temps de guerre ?
Comment la guerre métamorphose-t-elle l’homme ?
1. Textes 1 et 2 : que devient l’homme lancé dans la guerre ?
2. Relevez au début du texte 3 une expression qui suggère cette même idée.
3. Texte 3 : par quels procédés d’écriture (syntaxe, longueur des phrases) le
narrateur montre-t-il qu’il a agi rapidement ?
4. a) D’après ces trois textes, qu’est-ce qui pousse les soldats à se comporter
ainsi ?
b) Par quelle figure de style cette idée est-elle mise en valeur dans la dernière
phrase du texte 2 ?
Synthèse : comment ces deux auteurs nous montrent-ils la métamorphose de
l’homme en temps de guerre ?
Comment la guerre métamorphose-t-elle l’homme ?
1. Textes 1 et 2 : que devient l’homme lancé dans la guerre ?
2. Relevez au début du texte 3 une expression qui suggère cette même idée.
3. Texte 3 : par quels procédés d’écriture (syntaxe, longueur des phrases) le
narrateur montre-t-il qu’il a agi rapidement ?
4. a) D’après ces trois textes, qu’est-ce qui pousse les soldats à se comporter
ainsi ?
b) Par quelle figure de style cette idée est-elle mise en valeur dans la dernière
phrase du texte 2 ?
Synthèse : comment ces deux auteurs nous montrent-ils la métamorphose de
l’homme en temps de guerre ?
Synthèse : comment ces deux auteurs nous montrent-ils la métamorphose de
l’homme en temps de guerre ?
Critères de correction
Reprise des termes de la consigne. Exemple : « les auteurs nous montrent
la métamorphose de l’homme en temps de guerre » (+ verbe au gérondif)
L’analyse est précise et pertinente : Elle montre l’animalisation du soldat
au front et s’appuie de manière précise sur les procédés utilisés par
l’auteur pour évoquer cette métamorphose : métaphores et comparaisons
animales, champ lexical de la violence.
Orthographe
Correction de l’expression
notes
/1
/2
/1
/1
Synthèse : comment ces deux auteurs nous montrent-ils la métamorphose de
l’homme en temps de guerre ?
Critères de correction
Reprise des termes de la consigne. Exemple : « les auteurs nous montrent
la métamorphose de l’homme en temps de guerre » (+ verbe au gérondif)
L’analyse est précise et pertinente : Elle montre l’animalisation du soldat
au front et s’appuie de manière précise sur les procédés utilisés par
l’auteur pour évoquer cette métamorphose : métaphores et comparaisons
animales, champ lexical de la violence.
Orthographe
Correction de l’expression
notes
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Synthèse : comment ces deux auteurs nous montrent-ils la métamorphose de
l’homme en temps de guerre ?
Critères de correction
Reprise des termes de la consigne. Exemple : « les auteurs nous montrent
la métamorphose de l’homme en temps de guerre » (+ verbe au gérondif)
L’analyse est précise et pertinente : Elle montre l’animalisation du soldat
au front et s’appuie de manière précise sur les procédés utilisés par
l’auteur pour évoquer cette métamorphose : métaphores et comparaisons
animales, champ lexical de la violence.
Orthographe
Correction de l’expression
notes
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Document complémentaire
Maurice Genevoix (cf. séance 5) a 82 ans quand il rédige La mort de près. Il décrit
dans l’extrait qui suit son expérience de la déshumanisation.
Je savais donc les façons qu’a la mort de banaliser ses atteintes, de semer les
cadavres et de les transformer, peu à peu en objets ordinaires, démythifiés de leur
propre visage, des regards qui avaient croisé les nôtres, des voix que nous avions
entendues. Alors l’homme dans la bataille parvient à un état étrange, presque
second, où persistent son pouvoir de sentir, sa lucidité, son jugement, où le
sentiment de sa personnalité ne souffre point d’altération, mais tout cela décalé
comme d’un bloc, jeté insidieusement dans un océan de fatalisme, une marée
d’indifférence, qui serait désespérante si elle n’était, à ce point, secourable.
Que cède cette indifférence, elle ne laissera point place à la peur, mais au
dégoût. Jamais sans doute n’ai-je été plus lucide qu’en ces instants où le paroxysme
du vacarme, l'acharnement monstrueux des obus sur une mince colline de glaise
jaune, calcinée, inexplicablement bourrée d’hommes vivants, d’hommes blessés
pêle-mêle et de morts, m’ont semblé se détacher de moi, spectateur à la fin stupéfait
devant tant de laideur, de grotesque et d’absurdité. »
Maurice Genevoix, La mort de près, 1972
Document complémentaire
Maurice Genevoix (cf. séance 5) a 82 ans quand il rédige La mort de près. Il décrit
dans l’extrait qui suit son expérience de la déshumanisation.
Je savais donc les façons qu’a la mort de banaliser ses atteintes, de semer les
cadavres et de les transformer, peu à peu en objets ordinaires, démythifiés de leur
propre visage, des regards qui avaient croisé les nôtres, des voix que nous avions
entendues. Alors l’homme dans la bataille parvient à un état étrange, presque
second, où persistent son pouvoir de sentir, sa lucidité, son jugement, où le
sentiment de sa personnalité ne souffre point d’altération, mais tout cela décalé
comme d’un bloc, jeté insidieusement dans un océan de fatalisme, une marée
d’indifférence, qui serait désespérante si elle n’était, à ce point, secourable.
Que cède cette indifférence, elle ne laissera point place à la peur, mais au
dégoût. Jamais sans doute n’ai-je été plus lucide qu’en ces instants où le paroxysme
du vacarme, l'acharnement monstrueux des obus sur une mince colline de glaise
jaune, calcinée, inexplicablement bourrée d’hommes vivants, d’hommes blessés
pêle-mêle et de morts, m’ont semblé se détacher de moi, spectateur à la fin stupéfait
devant tant de laideur, de grotesque et d’absurdité. »
Maurice Genevoix, La mort de près, 1972
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