1-Le Perce-Oreille 2-Le Doryphore 3-La Cigale 4

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LES BESTIOLES DE L'ÉTÉ
Textes de Richard Gotainer
& Véronique Sapet
Saison 1
1-Le Perce-Oreille
21-Le Taon
2-Le Doryphore
22-La Mite
3-La Cigale
23-Le Moustique
4-Le Moro Sphinx
24-Le Cloporte
5-Le Gendarme
25-Le Frelon
6-La Mouche Domestique
26-La Vanesse de l'Ortie
7-Les Papillons
27-Le Crapaud
8-La Coccinelle
28-La Tique
9-L'Orvet
29-Le Bousier
10-Mante Religieuse
30-La Puce
11-la Luciole
31-Le Lépisme
12-Le Lombric
32-La Taupe
13-la Piéride du Chou
33-La Mouche du Vinaigre
14-Le Cafard
34-La Pipistrelle
15-Le Hanneton
35-le Lucane Cerf Volant
16-La Sauterelle
36-La Lucilie Impériale
17-L'Escargot
37-les Araignées
18-La Guêpe
38-La Fourmi
19-La Libellule
39-Le Hérisson
20-Le Gerris Lacustre
40-La Limace
1 - LE PERCE-OREILLE
Si on vous dit forficule, ne le prenez pas mal. Ce n’est pas une insulte.
C’est l’autre nom du perce-oreille, du latin forficula, qui signifie « petits forceps ».
Ce qui évoque, tout le monde l'aura compris, la forme des pinces de la bestiole.
Ces appendices abdominaux s’appellent aussi des cerques :
C.E.R.Q.U.E.S.
Ces cerques donc, sont à l’origine d’une légende selon laquelle le perce-oreille se
faufilerait dans l’oreille de l’homme - assoupi dans l’herbe - pour lui percer le tympan
et lui pondre des œufs dans le cerveau.
Sympa, mais totalement faux.
Les anglais, eux, le surnomment le twist Bollock… Traduisez le tord couilles.
Ce qui sous entend que le forficule, du moins outre-Manche, s'introduirait dans les
caleçons.
Amusant, n’est-il pas ?
Nous retiendrons surtout, de toutes ces balivernes, que l’insecte est fouisseur. Il est
aussi timide ! Il s’active surtout la nuit, ce qui ne l’empêche pas d’être ubiquiste.
Entendez par là qu’il est partout, à la ville comme à la campagne.
Le perce-oreille est omnivore ! Il mange des fruits, des pétales, des petits insectes. Il
adore les pucerons par exemple.
Chose rare dans le monde des insectes, la maman perce-oreille entoure sa
progéniture d’une attention touchante : elle dorlote ses œufs, les brosse, les lèche,
jusqu’à l’éclosion, afin de les protéger des champignons intempestifs.
Une fois nés, elle attendra la première mue et restera encore deux semaines auprès
de ses petits. Pendant tout ce temps, elle jeûne.
La mère courage peut même faire preuve de sacrifice et se laisser manger par ses
rejetons.
Désormais, je suis sûr que vous ne verrez jamais plus les perce-oreilles de la même
manière.
2 - LE DORYPHORE
Il ressemble à une grosse coccinelle qui aurait un costume rayé jaune et noir.
Avec sa démarche lente et débonnaire, à première vue, ce coléoptère semble plutôt
sympathique.
Le vrai problème avec lui, c’est qu’il raffole de la pomme de terre encore plus que
nous.
Il la kiffe la patate. C’est son truc la patate, il l’adore, et si on fait pas gaffe, il bouffe
toutes les feuilles de notre tubercule préférée avant même qu’on ait eu le temps de
dire "frites".
Tout le monde le connaît, c’est le doryphore. Et partout où il y a de la patate, vous
l’aurez compris, il y a du doryphore.
La première fois qu’il s’est fait repérer, c’était en Amérique, en 1824 (on pourrait dire
"avant hier" quoi !). Il consommait alors une espèce de pomme de terre sauvage au
pied des Rocheuses. Jusque là, y’avait pas mort de patate. Mais la culture de la
pomme de terre s’étendant petit à petit dans tout le pays, le doryphore suivit le
mouvement.
100 ans plus tard (c’était hier), passager clandestin venu par bateau dans des
bagages ou dans des caisses de végétaux, le doryphore débarque à Bordeaux.
De là, sachant que chaque doryphore vit 2 ans, que sa femelle pond jusqu’à 2000
œufs, et qu’il n’a aucun prédateur (vu pas bon à manger), il envahit rapidement les
champs de patates d’Europe et du monde. Le fléau, quoi…
Curieusement, de nos jours, malgré le développement de sa résistance aux
insecticides, le doryphore a tendance à se faire plus rare. Mystère… Se serait-il
étouffé en mangeant de la purée ? Aurait-il avalé une chips de travers ?
En tout cas, si vous en apercevez un, zigouillez le, c’est plus chure !
3 - LA CIGALE
"La cigale ayant chanté tout l’été, etc… etc… Pas un seul petit morceau de mouche
ou de vermisseau." Stooop !
La cigale n’est pas carnivore ! Elle pompe la sève des pins et des oliviers où elle
habite !
Reprenons : "Elle alla crier famine chez la fourmi sa voisine…" Stooop !
Là, c’est du n’importe quoi. C’est la fourmi – et en plus, elles s’y mettent à plusieurs qui viennent déloger notre cigale pour s’approprier la source de son breuvage.
Reprenons : "La priant de lui prêter quelques grains, pour subsister jusqu’à la saison
nouvelle…" Stooop ! C’est pas vrai ! D’abord, on vous l’a déjà dit, la cigale ne mange
pas de graine !
Et en plus, elle n’a pas besoin de faire des provisions pour l’hiver puisqu’elle meurt
juste après avoir pondu !
Reprenons : " Je vous paierai " lui dit-elle… gna gna gna… "Nuit et jour, je chantais,
ne vous déplaise…" C'est faux !
La cigale est un insecte diurne, qui ne chante que le jour, et encore, au dessus d’une
température de 22° !
Et en plus, c’est pas "elle" c’est " Il ".
C’est le mâle qui chante… Même pas : il stridule avec ses petites membranes sous
l’abdomen et ses trois caisses de résonnance.
Pour attirer les filles, il peut envoyer plus de 110 décibels : l’équivalent d’un marteaupiqueur à moins de 5 mètres de vos oreilles. Ce qui est un record dans le monde des
insectes…
Reprenons : "Vous chantiez, j’en suis fort aise, et bien dansez maintenant ".
Taratata ! La cigale ne danse pas, elle est immobile.
Sauf quand vous la dérangez, où là, elle s’envole en vous gratifiant d’un petit jet
d’urine.
Alors, Monsieur de La Fontaine, vous n’êtes pas un fabuleux fabuliste, mais un
formidable affabulateur.
4 - LE MORO SPHINX
Le moro sphinx - "moro", M.O.R.O, plus loin "sphinx", comme un sphinx, est une
bestiole qui ne fait rien comme les autres.
Le "moro sphinx" ou le "sphinx fou" ou "macroglosse du gaillet" ou "sphinx moineau"
ou "bec d’oiseau" ou "épervier" ou encore "sphinx colibri" est, tenez vous bien, un
papillon de nuit diurne. Oui, oui, vous avez bien capté ! Un papillon de nuit qui vit le
jour.
Cet excentrique se caractérise par un vol stationnaire. Il déploie alors sa longue
trompe de 2 cm et demie, butine en passant d’une fleur à l’autre, se ravitaillant ainsi
en nectar sans jamais se poser.
On l’appelle le "sphinx colibri" parce que son battement d’ailes très rapide évoque
celui de l’oiseau-mouche. 75 battements par seconde…
On pourrait également le surnommer le PGV, comprenez "Papillon à Grande
Vitesse" car il peut atteindre en ligne droite jusqu'à 50 km/h. Performance hors
norme pour un lépidoptère.
Après une longue journée de butinage parmi les garances, les stellaires, et surtout
les gaillets - sa plante préférée - le moro sphinx va se reposer dans une petite
cachette. Ses ailes antérieures grises recouvrant les postérieures oranges, il
échappe à l’œil des prédateurs.
A la fraîche, le moro sphinx fait sa gym en agitant ses ailes pour s’échauffer, puis
repart butiner dans les jardins et les haies ensoleillées.
Une méchante fleur, l’onagre rose, peut être fatale à notre ami le sphinx colibri. La
traitresse resserre sa corolle sur la trompe de l’insouciant butineur, le rendant ainsi
prisonnier et le vouant à une mort certaine.
Ça court pas les jardins, des fleurs assez tordues pour niquer les papillons !
5 - LE GENDARME
Tout le monde l’a vu au moins une fois !
Il ressemble à un petit masque africain rouge et noir, les enfants disent une tête de
bonhomme. C’est le gendarme.
Il est aussi surnommé "le Suisse" ou "le soldat", en raison de son joli costume.
Le gendarme ne vole pas (manquerait plus qu’ça) car le gendarme n’a pas d’aile,
c’est un hémiptère.
Le gendarme est une punaise, ça, on savait. Et quoique punaise, le gendarme ne
pue pas. Ça on savait pas ! Contrairement aux autres punaises qui, elles, puent.
A la ville comme à la campagne, le gendarme est un insecte social qui aime passer
l’hiver entre collègues, à l’abri de l’écorce des arbres et des tas de pierres.
Au printemps, tout le monde sort en groupe, réchauffer son uniforme au soleil. Ce qui
vaut également à l'insecte le surnom de "cherche-midi".
Ces rassemblements sont une occasion rêvée pour se toucher les antennes, se
titiller l’appareil buccal piqueur-suceur, se taquiner le rostre. Car les gendarmes sont
portés sur la chose.
En tout cas, on peut le supposer ! Non mais vous avez vu leur manège ? Si c’est pas
malheureux de se promener comme ça, cul à cul, pendant 30 heures d’affilée !
Et si, dans cet équipage, vous voulez repérer le mâle de la femelle, fastoche : la
femelle tire le mâle. Enfin, j’veux dire, la femelle est devant, pas la peine d’appeler la
police.
Difficile dans cette position d’aller casser une graine de tilleul, grignoter un puceron,
se taper un insecte mort, plat ordinaire du gendarme moyen.
Ce régime fait du gendarme, si vous en doutiez encore, un gardien du jardin très
utile.
6 - LA MOUCHE DOMESTIQUE
Elle est partout dans le monde, dans toutes les pièces, beaucoup dans la cuisine, et
dans les cabinets surtout. Vous l’avez reconnue, c’est la mouche.
Elle n'est pas méchante, ne ferait de mal à personne, elle est juste dangereuse.
Ce petit insecte à deux ailes, donc un diptère, volette gentiment de la crotte au
camembert, du fond de la poubelle à la tranche de rosbif.
Avec sa trompe en forme d’éponge, la mouche mange liquide. Quand c’est trop sec,
elle humecte l’aliment de salive pour en aspirer les sucs. Elle ne déteste pas, au
passage, régurgiter quelques reliquats de son repas précédent sur son manger, donc
sur le votre ! Hummmmmm. Bonjour les microbes, hello les germes, coucou les
bactéries !
Chassez la mouche d’un revers de main, elle ira se poser plus loin sur un vieux
pansement ou une cuillère de confiture. De préférence, les deux !
Cette grosse dégueulasse est pourtant très propre sur elle. Elle passe un temps fou
à la toilette de ses pattes, afin de rester efficace dans la détection de sa nourriture.
La mouche est fine avec ses gros yeux : 400 facettes, une vision à 360°.
Pensez si elle vous voit venir.
En plus, elle a des poils partout, qui détectent le moindre mouvement d’air. Vous
êtes battus d’avance !
Après deux secondes d’amour accrochée au lustre, une mouche donne naissance à
une jolie flopée d’asticots. La bestiole remet ça, 4 à 5 fois dans l’année. Ce qui fait
qu’entre le printemps et l’automne, une mouche aurait plus de 5 billions et demi de
descendants, s’il n’y avait pas, bien sûr, les hirondelles ou le papier tue-mouches.
Moi je dis "vive la tapette ".
7 - LES PAPILLONS
Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes : tous les papillons sont des
lépidoptères.
Ils ont des ailes, ça, tout le monde est d’accord. Les ailes en grec, c’est ptères
comme hélicoptère, des ailes recouvertes de minuscules écailles, en grec lépido.
Donc, lépidoptère.
Ca va ? Tout le monde suit ?
Ses écailles font la couleur et le dessin des ailes du papillon, exactement comme les
pixels qui composent une photo. Et la poussière que vous avez sur les doigts quand
vous touchez ses ailes, c’est ça ! C’est les écailles !
En gros, en très gros, on distingue les papillons de jour, plutôt colorés, et les
papillons de nuit plutôt ternes.
Pour schématiser, les premiers ont des antennes qui se terminent en forme de
massues, et les seconds souvent en forme de peigne ou de plume.
Toujours dans les généralités, le papillon de nuit ne mange pas beaucoup, voire pas
du tout. Il est uniquement branché reproduction. Certains peuvent repérer l’odeur
d'une femelle à 10 km de distance, ce qui pourrait laisser planer un léger doute sur la
bonne tenue des petites affaires de la dame.
Le papillon de jour, grosso modo, lui, il butine. Et pas que du nectar de fleurs ou du
miellat de pucerons ! À son menu, de l’urine, des suintements d’excréments, des
humeurs de cadavres. En plus, le papillon se bourre la gueule !
Farpaitement Monsieur ! Il sirote exprès des fruits trop mûrs et donc alcoolisés !
Quand vous voyez qu’un papillon vole bizarre, cherchez pas : c’est qu’il est torché !
Avouez que ça casse un peu l’image du papillon, non !
8 - LA COCCINELLE
S’il y a bien un insecte qui a bonne presse, bonne image, excellente réputation, c’est
bien la coccinelle ! Qui n’aime pas la coccinelle ?
La coccinelle raffole du puceron. Elle s’empiffre, se goinfre, se gave, de pucerons :
une centaine par jour, bien pesé, et jusqu’à 200 pour ses larves, s’il vous plait.
Exceptionnellement, elle fait une entorse à son régime mono puceronesque en
s’offrant une petite brochette de cochenilles. Cette voracité fait d’elle un coléoptère
très courtisé par les amoureux du jardin.
Les croyances à son propos ne manquent pas. Notre coccinelle se serait posée sur
le cou d’un condamné à mort. Pour le Roi, ce fut un signe et l’homme fut gracié.
Depuis, la bête à bon dieu est un porte-bonheur !
D’ailleurs, si elle se pose sur vous et reste le temps de compter jusqu’à 22, vous
serez heureux. Si elle atterrît sur votre manche, et repart immédiatement, c’est qu’il
fera beau dimanche !
Si elle ne décolle pas, c’est obligatoire, il va pleuvoir !
Elle ne se contente pas de faire la pluie et le beau temps : faites un vœu, laissez-la
s’envoler du bout de votre doigt, et elle le portera le message au destinataire.
Mais cassons l’idée reçue selon laquelle le nombre de points, sur sa robe rouge ou
jaune, indique son âge. C’est faux ! Ce sont simplement des espèces différentes. Les
plus connues en France celles à 2, 7 et 22 points.
Quand le puceron se fait rare, la coccinelle migre en masse. Et il suffit d’un vent de
travers pour les rabattre sur une plage, par exemple.
Et comme elles n’ont plus rien à se mettre sous la mandibule, elles peuvent très bien
vous mordiller les doigts de pied.
Mais il faut leur pardonner : n’oubliez pas : la coccinelle est une amie !
9 - L’ORVET
Cette bestiole est un imposteur ! Ce reptile voudrait nous faire avaler des couleuvres
en jouant les serpents.
Tout ça parce qu’il en a l’allure, qu’il est recouvert d’écailles et qu’il se déplace par
reptation ! Et ben, non. Ce faux serpent s’appelle l’orvet. C’est un lézard, sans patte.
Le seul lézard apode d’Europe (de « a » y'en a pas et « pode » pied).
A PODE PAS DE PIED. En revanche, si on regarde de plus près, il a des paupières
mobiles, ce que n’ont pas les serpents.
L’orvet a en plus la faculté d’autotomie, ce n’est pas un restaurant italien "Ottotomi",
mais la possibilité qu’ont les lézards de fuir en abandonnant un bout de leur queue
qui casse très facilement entre les dents ou les griffes de leur prédateur.
Ceci a valu à l’orvet le nom de serpent de verre. Et comme les lézards, cette queue
cassée repousse. Mais attention, il n’a droit qu’à un tour, c'qui est déjà pas si mal.
Cet orvet, qui fréquente nos jardins et nos prairies, se régale de limaces, de
chenilles, de cloportes, d’araignées, d’escargots, de larves diverses, ce qui en fait un
super pote du jardinier.
Au moment des amours, les prétendants se livrent à de violents combats.
The winner attrape la tête de la petite veinarde et se lance dans un accouplement qui
peut durer plus de 20 heures. L’orvet est peut-être un faux serpent mais c’est un vrai
cador !
L’orvet est inoffensif pour l’homme. Mais avant de le titiller, assurez vous qu’il ne
s’agisse pas, par exemple, d’une vipère… qui joue pas du tout dans la même
catégorie.
Qui ne joue pas du tout d’ailleurs !
10 - LA MANTE RELIGIEUSE
Schutt… S’il vous plait, un peu de respect, ne faites pas de bruit. Regardez-là,
comme elle est sereine, en totale communion avec le divin, immobile, recueillie, en
pleine prière.
Mais quel est donc cet intrus qui vient virevolter autour de notre prieuse ! Quelle
audace de troubler une telle méditation…
D’un seul coup, dans un mouvement d’une fulgurance inouïe, en un éclair, notre
prieuse - jusque là prostrée - projette ses 2 bras, porteurs de dents acérées, qui se
referment sur l’intrus comme une mâchoire de crocodile. V’lan !
Pour résumé, un papillon vient de se faire chopper par une mante religieuse.
Immédiatement, elle croque, elle le bouffe vivant son papillon ! Ç’aurait été un
criquet, une mouche, une abeille, une araignée, voire une sauterelle deux fois plus
grosse qu’elle, le programme était le même !
Vous comprenez pourquoi on appelle cet insecte vert fluo « le tigre de l’herbe » ?
Tout le monde connaît la réputation de la bestiole qui dévore son mâle après
l’accouplement, mais quelques fois, c’est bien plus rigolo ! La coquine, qui peut
tourner la tête à 180°, décapite d’un coup de mandibule son partenaire en pleine
action.
Ceci a pour effet de contrôler les glandes du mouvement copulatoire transformant le
mâle étêté en sex toy endiablé.
Sous ses airs de sainte nitouche, cette cannibale est une croqueuse de mâle.
Comprenez que cette satanée religieuse est une sacrée gourmande !
11 - LA LUCIOLE
Gambadons dans la campagne, par une chaude nuit d’été.
Oh, comme elles sont jolies ces petites lumières magiques : elles volent, caracolent
! C’est la farandole des lucioles.
La luciole, on l’imagine coquette, gracieuse, pimpante.
Vous pouvez descendre de votre nuage, oublier les univers féériques des dessins
animés et prendre ça dans la tronche : elle est plate, molle, de couleur brunâtre, et
ressemble à une grosse larve. La luciole est moche.
C’est peut-être pour ça d’ailleurs que certains l’appellent le ver luisant ou la mouche
à feu.
Le seul moyen de l’apprécier, c’est d’éteindre la lumière et la laisser faire son ballet.
C’est là qu’elle est fortiche, la luciole. Dans la bioluminescence.
Tenez vous bien : elle combine oxygène-luciférine et luciférase pour allumer son
photophore. Une vraie usine à gaz ! Enfin, à gaz… à lumière.
À la saison des amours, la femelle grimpe en haut des herbes pour faire sa parade.
Elle émet des signaux lumineux à une certaine fréquence correspondant à sa propre
espèce, chaque espèce ayant sa propre fréquence.
Ça va, vous suivez ou je vous la fais en morse ?
Avec ces signaux, la luciole racole pour assurer sa descendance.
Une centaine d’œufs luminescents, comme papa et maman, donneront naissance à
autant de larves.
A partir de là, les escargots n’ont qu’à bien se tenir, car c’est le plat préféré des
larves de lucioles. Et elles savent y faire. Elles rentrent dans la coquille, inoculent un
anesthésiant, et injectent des enzymes salivaires digestives. Ainsi, la larve n’a plus
qu’à boire le bon jus nutritif de l’escargot liquéfié.
Bon appétit ! Gardez-moi les coquilles.
12 - LE LOMBRIC (ou ver de terre)
Vous prendrez bien un petit ver ?
Oui… volontiers.
Oui, mais c’est un ver de terre.
Euh ben, non alors merci, ça va aller.
Et oui, les gens n’aiment pas les vers de terre. Et pourtant sans vers de terre, pas de
bonne terre.
Le ver de terre, dit aussi lombric, est un ami. Il joue un rôle fondamental dans la
biologie des sols. S’il n’y a pas de lombric dans votre jardin, c'est très mauvais signe.
Il creuse dans la terre des galeries qui permettent son aération et son drainage.
Ce réseau complexe de petits tunnels favorise l’implantation des racines et leur
irrigation.
Grâce à son va-et-vient de haut en bas et de bas en haut, le lombric qui peut aller
jusqu’à deux mètres de profondeur, mélange les couches de la terre.
Il descend des éléments de surface comme des détritus de végétaux et remonte du
sous-sol des oligo-éléments.
Cette bestiole apparemment simple, possède en fait un tube digestif très sophistiqué.
À l’avant, il y a la bouche avec laquelle il mange la terre.
Cette terre arrive dans le pharynx qui sert de broyeur.
Elle descend dans le jabot, où elle reçoit un apport en carbonate de calcium.
Puis déboule dans le gésier.
Là, elle subit un nouveau broyage, passe dans l’intestin où la faune bactérienne
particulièrement développée va contribuer à son enrichissement.
Le résultat de la digestion est éjecté par… l’a l’a, l’anus.
Une bouche, un anus, c’est marrant ça me rappelle quelqu’un…
Le petit tortillon de terre qu’on trouve dans les jardins est en fait la crotte du ver de
terre, nommé le turricule.
Et pourquoi nous on n’a pas un nom rigolo pour appeler notre caca ???
13 - LA PIERIDE DU CHOU
Là où il y a du crucifère, il y a de la piéride.
Entendez par là : là où on trouve du chou, on trouve du papillon blanc.
Vous savez, ce papillon, très commun, de taille moyenne, blanc-jaune, avec deux
tâches noires sur les ailes supérieures, qui virevolte seul ou en couple dans le
potager.
Et bien, c’est la piéride du chou.
Elle adore pondre dans les feuilles de chou. C’est son truc !
Elle y dépose soigneusement ses œufs en forme d’obus. Une semaine plus tard, de
toutes petites chenilles se mettent aussitôt à dévorer ce pauvre légume.
Après trois semaines de festin, repues, ne laissant que les nervures, les goinfres
abandonnent le champ de bataille.
Moulées dans leur fourreau jaune et noir, les coquettes de maintenant 4 cm ne
tiennent plus en place et partent à l’aventure. Elles traversent le jardin, grimpent au
mur, rentrent dans les greniers, visitent les charpentes.
Et d’un seul coup, toutes se disent : "C’est là... L’endroit est idéal, il fait bon, c’est à
l’abri ".
À l’aide de salive, les chenilles se collent à un support, sécrètent un fil et se
ceinturent le thorax. Bien arrimées, elles ne bougent plus. La peau se durcit. C’est la
chrysalide.
Qui dit chrysalide, s’écrie métamorphose! La chenille devient papillon qui retourne à
son chou et c’est reparti.
Même si les oiseaux ne veulent pas de sa chenille vénéneuse, la piéride du chou
n’inquiète pas trop le jardinier : des parasites s’occupent de réguler les naissances.
C'est la vie.
14 - LE CAFARD, BLATTE OU CANCRELAT
Alors, celui-là : on est tous d’accord pour dire qu’il est vraiment dégueulasse.
On l’aime pas : il nous débecte. Il est venu des tropiques, depuis les temps anciens
dans les cales des bateaux marchands et s’est tranquillement installé chez nous,
dans nos maisons, bien au chaud.
Vous avez deviné ? C’est cancrelat, alias la blatte, autrement dit le, le… cafard.
Vous vous levez la nuit pour boire un verre d’eau dans la cuisine. Il est là, sur le
buffet, l'immonde.
Quand on pense qu’un quart d’heure plus tôt, dans la salle de bain, il se pavanait sur
votre brosse à dent, et que maintenant, il se promène sur un reste de tarte aux
pommes après être passé par les égouts, ça fait froid dans le dos !
Choléra, salmonellose, tuberculose, typhus ou lèpre… vous avez le choix dans les
maladies qu’il trimbale ! Et en plus, vous pouvez être sûr que quand vous en avez
repéré un, il y en a au moins 250 dans le secteur !
Sous le frigo, bouffer les saletés, ils adorent. Se régaler avec du vieux gras de
derrière la cuisinière, ils raffolent ! Mais attention, vous allumez la lumière, ils se
carapatent à toute blinde. Car en plus d’être le champion des cracras, le cafard est
l’un des coureurs les plus rapides du monde des insectes.
La blatte la plus répandue en France est la blatte germanique, qu’en Allemagne, on
appelle la blatte française ou hollandaise. En Russie, elle devient la blatte
prussienne.
Et pourtant, c’est toujours le même cafard.
L’histoire n’est pas nouvelle : quand un truc pourri qui pullule et qui pue vous envahit,
ça vient forcément de chez les autres.
15 - LE HANNETON
Au 16 ème en Angleterre, ces insectes furent si nombreux, à ce qu’on dit, qu’ils
empêchèrent les moulins à vent de tourner.
En 1835, dans la Sarthe, 300 millions d’individus de cette espèce d’insecte ont été
capturés. Joli score !
Cinquante ans plus tard, dans la Mayenne, on donnait 25 sous de récompense pour
chaque seau de 10 litres rempli de cadavres de cette même bestiole.
Cet envahisseur s’appelle le hanneton.
Vous en voyez beaucoup des hannetons, aujourd’hui, vous ?
Pourtant, jusque dans les années 60, il était redouté à peu près partout en France.
Faut dire que la bestiole est très organisée pour nuire aux cultures.
1er mouvement : la femelle pond une trentaine d’œufs dans le sol. Pour transmettre à
sa future progéniture les bactéries nécessaires à la digestion de la cellulose des
racines, elle les recouvre d’excréments. Merci maman.
2ème mouvement : l’œuf devient un ver blanc, le fameux ver blanc du hanneton,
lequel, armé de fortes mandibules, dévore toutes les racines sur son passage, à une
profondeur de 10 à 20 cm.
3ème mouvement : Pour échapper au gel, le dodu s’enfonce un peu plus : jusqu’à une
cinquantaine de cm où il fera de nouveaux ravages.
4ème mouvement : 3 à 4 ans plus tard, il se creuse une confortable niche à 1 mètre 50
de profondeur, et là, il se métamorphose.
Au printemps suivant, 5ème mouvement, devenu phytophage, le hanneton prend sa
faucille (la rirêêttte) sort de son trou et s’empiffre des jeunes pousses des arbres.
Aujourd’hui, le hanneton se fait rare. Je ne sais pas pourquoi, mais personne s’en
plaint.
16 - LA SAUTERELLE
Avec ses longues jambes qui n’en finissent pas, sa superbe robe
vert fluo, on pourrait dire que c’est la pin up des hautes herbes. C’est un peu ça, la
grande sauterelle verte.
Il est vrai que c'est une des plus belles bestioles de nos contrées. Enfin, belle… si on
admet qu’avoir les oreilles derrière les genoux est un détail qui ne nuit pas à sa
plastique. Eh oui, la grande sauterelle verte a les oreilles derrière les genoux. Elle est
mélomane… des genoux !
Et musicienne ! Une de ses grandes occupations, c’est de chanter toute la nuit.
Enfin, le mâle chante toute la nuit. On dit qu’il stridule.
Pour cela, il se sert de ses élytres :
A gauche, un élytre doté de minuscules petites dents qu’on appelle l’archet. A droite,
un élytre muni d’une partie membraneuse : c’est le tympan. Il les frotte l’un contre
l’autre pour jouer sa sérénade. L’idée étant de ne pas finir la nuit tout seul.
La femelle, qui grâce à ses ailes peut faire des bonds jusqu’à 100 m, répondra à
l’appel.
Les préliminaires commencent par de petits attouchements d’antennes. Puis le mâle
monte sur la femelle.
Jusqu’ici, à part les oreilles derrière les genoux, rien de bien nouveau !
Là où les mœurs de la sauterelle sont singulières, c’est que le mâle place un
spermatophore, sorte de sac rempli de spermatozoïdes, devant l’orifice génital de sa
partenaire.
Imaginez Roméo déposant au pied de Juliette, un pochon en plastique contenant sa
semence : "tiens, chérie débrouille-toi".
En tous les cas, chez les sauterelles ça passe bien.
J'en connais, moi, des grandes sauterelles. Y'a peu être un truc à creuser !
17 - L'ESCARGOT
Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête du garçon qui a mangé pour la 1ère fois un
escargot ????
Parce que franchement, quand on le voit ramper en bavant, même sur une jolie
feuille de salade, ça donne pas envie.
Ce n’est pas l’inventeur de l’escargot qui a lancé la mode à mon avis, mais le petit
génie qui a eu la bonne idée d’associer l’ail, le beurre et le persil. Parce que cru,
comme ça, à la croque au sel, dans son petit mucus, je le sens moyen.
Surtout quand on sait ce que ça mange. Certains sont végétariens, bon, là rien à
dire. D’autres encore bectent des animaux vivants. Pourquoi pas !
Mais certains sont détritivores, ils bouffent des détritus, et d’autres encore
nécrophages, c’est à dire qu’ils se tapent des cadavres !
je comprends mieux d’un seul coup l’idée de l’ail et du persil.
Quoiqu’il en soit, ce gastéropode gastronomique est un mollusque très apprécié.
En plus de l’escargot de Bourgogne, la star, il y a 40 000 espèces dans le monde.
L’aventure de l’escargot a commencé sous l’eau il y a 600 millions d’années. Et
doucement, à son rythme, le mollusque est devenu terrestre. C’est sans doute ses
origines aquatiques qui l’obligent à se déplacer en fabriquant sa propre humidité.
Et son mucus n’est pas un vieux crachat tout bête. C’est un truc savant, composé
d’élastine, de collagène et de l’allantoïne. Rien que des bonnes choses, quoi ! Y’a
même du calcaire, eu n'dans qui sert à fabriquer la coquille !
L’escargot va tout doucement, il fait tout en 1ère. Mais il va de l’avant. De toutes
façons, il n’a pas le choix, il a pas la marche arrière.
18 - LA GUÊPE
Par une belle journée d’été, vous déjeunez tranquillement en terrasse avec quelques
amis. La maîtresse de maison arrive avec son poulet rôti, et, là, d’un seul coup, tout
le monde se lève, gesticule dans tous les sens, se livre à des danses de dingues,
des gestes anarchiques, les femmes crient, les serviettes claquent : vous l’avez
compris, les guêpes ont débarqué.
S’il y a bien une bestiole qui a une réputation exécrable, c’est bien la guêpe. Et
pourtant, même si c’est un p’tit peu difficile à avaler, même si certains vont être
piqués au vif, il faut l’admettre : la guêpe rend service à l’homme.
Elle l’aide à se débarrasser des chenilles, par exemple. elle participe à la
polénisation. On raconte même que lorsqu’on tue une guêpe, 1000 mouches
survivent dans l’année.
La mouche, c’est son péché mignon.
Elle procède telle une serial killeuse.
Elle la guette, la choppe, la zigouille avec ses mandibules, lui colle un p’tit coup
d’aiguillon si nécessaire, et hmmmmm aspire le bon liquide interne. Puis, elle
procède à la mise en pièce. Coupe les pattes, tranche la tête, arrache les ailes et
rapporte ce qui reste au nid.
Le costume jaune et noir de la guêpe rappelle aux prédateurs que sa piqûre est
douloureuse. Elle annonce la couleur. D’autant qu’elle peut piquer plusieurs fois, car
son dard est lisse. Contrairement à celui de l’abeille qui est barbelé, et qui donc,
reste planté dans la victime.
Dans la série « j’aide l’homme », c’est la guêpe en personne qui lui a soufflé l’idée de
fabriquer du papier à partir de bois, parce que c’est comme ça qu’elle construit son
nid, en mélangeant des copeaux à sa salive.
Pas folle la guêpe !
19 - LA LIBELLULE
C’est un des insectes volants les plus anciens du Monde. Il existait déjà, il y a plus
de 350 millions d’années, c’est à dire avant les dinosaures.
À cette époque, l’engin faisait quand même 70 cm d’envergure.
C'est gros pour une libellule !
Paradoxalement, cette vieille chose était déjà une machine à voler, extrêmement
sophistiquée : vol avant, vol arrière, vol stationnaire, vol plané, looping, piqué.
Rien à envier à un hélicoptère.
Son abdomen à segments contient des compartiments d’air qui, chauffés par le
soleil, allègent sa structure. Il sert aussi de balancier et de système de
refroidissement du sang qui alimente les puissants muscles moteurs. Belle machine
! Avec quand même un petit défaut, elle ne sait pas marcher.
Qu’importe ! La libellule passe sa vie en l’air !
Elle s’envoie même en l’air en l’air ! le mâle attrape la femelle par le cou en plein vol,
les extrémités de leurs deux abdomens se rejoignent pour former un cœur, et le
couple se lance dans un ballet nuptial. Photo !
De plus en plus fort, la femelle pond en l’air : en vol stationnaire au-dessus de l’eau,
elle laisse tomber ses œufs un à un, sur une feuille.
Infatigables, les libellules s’activent du matin au soir, de long en large, sur leur
territoire. Car chacune a sa chasse gardée.
A propos de chasse, sa larve est également une sacrée machine. C’est un prédateur
redoutable à l’appétit féroce.
Patiente, elle chasse à l’affut, projetant une extension repliable de sa mâchoire
équipée d’une paire de pinces pour crocheter têtards et autres poissons. Un genre
d’Alien quoi !
Au catalogue de ces belles machines : deux modèles ! La libellule vraie et la
demoiselle !
C'est quand, au fait, le salon de la libellule ?
20 - LE GERRIS LACUSTRE
Cette petite bestiole de 1 cm, vous l’avez déjà vue.
Sa spécialité, c’est marcher à la surface des eaux dormantes.
Ou plutôt non, elle ne marche pas, elle glisse.
C’est le patineur des étangs, plus connu sous le nom "d'araignée d’eau".
En fait, c’est pas du tout une araignée, c’est une punaise : son vrai nom "le
gerris lacustre".
Pour marcher sur l’eau, y’a pas de miracle. Il répartit son poids sur quatre longues et
fines pattes dont l’extrémité est recouverte de soies.
Pour que ses petits patins restent imperméables, le gerris les entretient avec une
graisse sécrétée par une glande près de sa bouche.
Si vous voulez vous amuser à comprendre comment ça marche, posez un trombone
à la surface d’un verre d’eau, vous verrez : ça flotte !
On croit que le gerris n’a que quatre pattes, en fait, comme tous les insectes, il en a
six, mais ses deux pattes avant sont souvent cachées.
Elles lui servent à attraper son casse-croute : larves de moustiques et autres petits
insectes morts ou vifs.
D’une pauvre coccinelle en train de se noyer, le gerris s’en fait une friandise. Il lui
introduit son rostre entre les élytres, la vide de son jus un peu comme on sirote un
soda avec une paille pour ne laisser que la cuticule, comme on abandonne une
canette vide.
Les jours de disette, l’animal cannibale n’hésite pas à boulotter un copain. Sympa !
En amour, le gerris ne fait pas non plus dans la dentelle. Il pénètre la femelle
n’importe où, dans l’abdomen, le thorax, voire dans la tête, et reste ainsi planté dans
sa bien aimée pour éviter qu’un concurrent ne vienne lui… piquer sa place.
À ce propos, méfiez vous, le gerris peut vous piquer aussi. Une vraie punaise, ce
truc !
21 - LE TAON
Quand on vous parle d’un taon de pluie, ne sortez pas vos parapluies. Armez vous
plutôt d’une tapette. Il ne s’agit pas du temps, le temps, il s’agit du TA-ON, comme
un FA-ON, comme un faon, le taon, la grosse mouche moche, qui pique. Un taon,
quoi !
Alors, on l’appelle le "Taon de pluie" parce que cette sale bestiole, qu’il pleuve, qu’il
vente, quelque soit le temps, passe son temps à vouloir piquer les mammifères pour
leur sucer le sang.
D’où son nom québécois "mouche à cheval" ou "mouche à chevreuil".
Je vous rappelle que nous sommes aussi des mammifères, également tentant pour
le taon.
Si cette vacherie de la nature est diurne, elle existe pourtant depuis la nuit des
temps. 230 millions d’année, c’est à dire que le taon a bu le sang des T. rex,
triceratops et autres diplodocus.
Dommage qu’il n’ait pas pris des photos !
L’affreux s’est même offert le luxe d’un passage dans l’ancien testament : la 4ème
plaie d’Egypte, c’est lui. Sacré cursus !
Justement, tiens, comment s’y prend t-il le fâcheux pour nous sucer le sang ? Enfin,
la fâcheuse devrait-on dire car c’est la femelle et uniquement elle qui pique, la
saloperie !
Chez elle, les pièces buccales sont transformées en lames allongées et pointues,
capables de perforer les cuirs les plus épais. Elle pratique une entaille dans la peau.
Ensuite, son labium, sorte de trompe dotée d’une éponge, absorbe le sang de la
plaie. Une ponction indispensable au développement de ses œufs.
Cet insecte désagréable a sans doute une place dans le cycle de la nature, soit !
Mais, moi quand je suis tranquilou au bord de la pistoche, si j’en vois un, c’est clair, il
se prend une tong !
22 - LA MITE
On ne dit pas la mite au logis, mais le petit papillon dans la maison.
Oui, la mite est un petit papillon de nuit, appelé aussi la teigne, qui s’introduit dans
nos placards pour se nourrir.
Placard à provisions où elle s’attaque à la farine, aux nouilles, au riz, aux fruits secs,
c’est la mite alimentaire, mon cher Watson, et la mite vestimentaire qui bouffe les
pulls, les fourrures et les cuirs.
Et s’il y a des restes de sueur sur vos fringues, la mite adore car ça lui fait un super
complément nutritif.
Par le passé, nos grands mères combattaient l’intruse avec des boules de
naphtaline. Ces moules à bite, enfin j’veux dire… ces boules à mite étaient très
efficaces, soit, mais faisaient cocoter velu les habits du dimanche, et surtout
l’incontournable manteau d’astrakan de Mémé.
Aujourd’hui, pour se débarrasser de la mite, il y a pléthore de produits industriels. Si
vous voulez faire plus naturel, la mite n’aimant pas les odeurs fortes, on ne vous
demande pas de péter dans vos armoires, mais glissez dans votre linge du bois de
cèdre ou le traditionnel sachet de lavande.
Ce n’est pas la mite proprement dite qui se tape vos nippes. La mite est un papillon,
rappelons-le. C’est sa chenille, toute petite, toute riquiquitte, le vrai monstre de vos
penderies.
De toutes façons, quand vous voyez voler la mite, c'est trop tard, le mal est fait, le
trou est déjà dans le Jaccard.
Vous pouvez toujours tenter de lui claquer le beignet en tapant dans vos mains. Mais
pour se défendre, la mite a un vol très aléatoire qui la rend quasiment intouchable.
Ça vous donnera l’air de danser le flamenco. C’est déjà pas si mal !
23 - LE MOUSTIQUE
Il est temps de réparer une injustice qui perdure depuis bien trop longtemps : le
moustique dont on dit beaucoup de mal est en fait un petit être léger, frêle et fragile
tout à fait charmant.
Il butine gentiment ici le nectar des fleurs, là le suc d’un fruit mûr, plus loin la sève
d’un arbre. Bref, le moustique est paisible et mène une vie on ne peut plus bucolique.
Le problème, c’est sa gonzesse.
C’est elle la garce, LA moustique. C’est elle qui nous fait des misères, qui nous
pourrit nos nuits. C’est elle la coupable, elle qu’il faut exploser sur le mur à coup de
tatane !
Certains prétendent qu’elle a des circonstances atténuantes.
Sous prétexte que Madame a besoin de boire du sang chaud pour avoir des enfants,
veaux, vaches, cochons, chiens, poules et campeurs, tout le monde devrait se faire
piquer !
Vous savez comment elle s’y prend, la fourbe ?
Avec sa trompe munie de lobes sensoriels, elle explore la peau de sa victime, puis
elle plante d’un seul coup ses six stylets et pompe le sang comme une malade en
injectant de la salive urticante. C’est pour ça qu’on se gratte !
Cela dit, cette salive est aussi antiseptique, ce qui peut empêcher les complications.
Entre nous, ça vous fait une belle jambe si au passage, elle vous refile le palu ou le
chicoungougna.
Paraîtrait que l’une des méthodes efficaces pour lutter contre la démangeaison de
LA piqûre de LA moustique est de couper un poireau juste après les poils, et de se
frotter les boutons avec.
Le poireau libère son suc et calme les gratouillis.
Pas sûr que le parfum "Poireau" facilite les rencontres pour passer des nuits d’été
torrides !
24 - LE CLOPORTE
Pour évoquer cette bestiole de façon poétique, parlez de "l’aselle des murs". C’est
mignon, non ?
Si vous voulez causer ch’ti, vous direz le "pourcho d’mur", ce qui veut dire "le cochon
de mur".
Les anglais suivent la même idée en l’appelant "sow beetle", comprenez "scarabée
truie" (déjà moins glamour).
Les Québécois, toujours à l’affut de la jolie formule, l’ont baptisée la bibitte à bois
(rigolo !).
Mais si vous voulez vraiment être compris de tout le monde, dites tout simplement :
"le cloporte".
La bestiole préfère l’obscurité et l’humidité. Son pays : la nuit, la cave, les sous-bois,
les dessous de pierre.
Le cloporte est partout sauf en Scandinavie – il n’aime pas le froid – et sauf en
régions méridionales - il n’aime pasle chaud.
Les insectes ont six pattes, les araignées huit, le cloporte en possède quatorze…
c’est quoi ce bin’s ??? Et bien Mesdames et Messieurs, au risque d’en surprendre
certains, apprenez que le cloporte est un… crustacé ! De quoi chambouler l’idée
qu’on se fait d’un plateau de fruits de mers ! Avouez !
Il est le seul crustacé terrestre connu à ce jour. Etonnant, non ?!
Et c’est pas fini. En plus d’être un crustacé, vous allez bondir, il se comporte comme
un kangourou ! La femelle pond ses œufs dans une poche ventrale appelée le
marsupium. On croit rêver !
Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Saviez-vous que les rois de France
consommaient du cloporte ! hmmmm… ça met l’eau à la bouche ! En effet, sa
carapace très riche en carbonate de calcium, déshydratée et réduite en poudre, était
un excellent remède contre les aigreurs d’estomac.
Surprenant quand même ce cloporte.
25 - LE FRELON
Selon la région, on l’appelle "guichard", "cul jaune", "cabridane", "arcier", "burgot",
"talène". C’est le frelon.
Cette grosse guêpe fout les chocottes à tout le monde. C’est vrai que la piqûre est
très douloureuse, mais pas mortelle ! Sauf en cas d’allergie, bien sûr !
De toutes façons, le frelon ne s’attaque pas à l’homme, à moins évidemment d’aller
mettre des coups de pied dans son nid.
L’animal est même craintif. Il se tiendra toujours à l’écart sauf s’il peut venir
chaparder un bout de viande ou de poisson aux étals des marchés.
Son ordinaire : des fruits mûrs, des chenilles, des criquets, des papillons et des
quantités de mouches.
Après avoir choppé sa proie, il lui coupe la tête, mange son intérieur
- enfin, en partie - et le reste, il en fait des boulettes qu’il rapporte au nid.
À chaque boulette délicatement déposée dans la bouche d’une larve, il reçoit une
goutte de salive en récompense. Que c’est beau la nature…
Le frelon a une vie sociale très organisée. Dans un trou de muraille ou sous terre, la
Reine construit les premières alvéoles du guêpier avec du carton qu’elle a elle-même
fabriqué à partir de bois mâché. Elle y dépose des œufs.
Environ 1 mois plus tard, naissent les premières ouvrières qui la relaient dans la
construction et l’approvisionnement des cellules.
A la fin de l’été, les mâles se ruent sur les femelles, les bloquent par la nuque avec
leurs mandibules, et s’accouplent. Allez hop !
Seules les femelles, qui conservent dans leur spermathèque la semence de
plusieurs mâles, pourront passer l’hiver. Un genre d’antigel quoi !
Et au printemps, tout recommencera… C’est vraiment beau la nature.
26 - LA VANESSE DE L’ORTIE ou LA PETITE TORTUE
A la campagne, il y a des vaches, donc de la bouse, donc du nitrate.
Là où il y a du nitrate, pousse volontiers l’ortie.
L’ortie, c’est là où habite la vanesse. La vanesse de l’ortie, qu’on appelle aussi "la
petite tortue", un des papillons les plus familiers de nos campagnes.
Vous l’avez déjà vu ! Il a de grandes ailes aux couleurs très vives, orange, piquées
de taches noires et blanches, bordées par une rangée de lunules bleues métallisées.
C'est un des premiers papillons à virevolter dans les prairies au printemps. Vous ne
pouvez pas le louper. Enfin, si, vous pouvez le louper, parce que quand il a les ailes
repliées, ce papillon "double-face" a un côté maronnasse qui lui permet d’échapper à
l’œil de ses prédateurs.
A part si vous avez envie de vous faire une petite soupe, l’ortie n’attire pas grand
monde. Sauf la vanesse donc, qui ainsi protégée, pond à qui mieux-mieux de gros
paquets d’œufs sur le revers des feuilles.
À leur naissance, les petites chenilles tissent une toile commune, un genre de
chapiteau, qui devient leur cantine.
Un peu plus grandes, elles se dispersent, toujours parmi les orties, avant de se
transformer en chrysalides, qui vont éclore tout au long de l’été.
A partir de là, ça butine grave. Ca joue de la trompe, qui s’enroule et se déroule pour
pomper le nectar des fleurs, passant de l’aster au liseron, d’un vol vigoureux, rapide
et souvent plané.
A l’automne, les femelles repues et fécondées iront se cacher pour hiverner, dans
une grange par exemple, où la plupart se fera boulotter par les araignées.
Au printemps, les vanesses de l’ortie survivantes papillonneront à nouveau dans les
prairies.
Et la boucle est bouclée.
27 - LE CRAPAUD
Ses yeux sont globuleux, sa peau est gluante, couverte de pustules glutineuses et il
a une grande bouche édentée.
Non, Madame, il ne s’agit pas de votre beau-frère, mais du bufo bufo, autrement dit
du crapaud commun, le plus répandu en France !
Bon, c’est vrai qu’il a sur la peau des petites bosses qui ressemblent à des verrues,
mais c’est juste un système glandulaire qui permet la sécrétion d’une humeur
visqueuse pour garder sa peau humide. Rien de bien méchant.
Cette grosse bestiole de couleur marronnasse trimbale depuis les temps anciens où
les sorcières concoctaient leur philtre en mélangeant leur bave avec de la poudre
d’araignées, une réputation épouvantable.
Et pourtant, ce batracien donc, de la même famille que les grenouilles, est le plus
charmant des habitués du jardin. En gobant vers de terre, limaces, chenilles et
autres coléoptères, il est le grand gardien de vos salades.
Le crapaud est un "anoure", avec un N. Ce qui veut dire qu’il n’a pas de queue.
Ça ne l’empêche pas d’être obsédé par l'amour l'anoure. Sortant de son trou où il a
hiberné six mois, la bête en rut s’empresse de retourner à la mare où il est né. Une
seule idée : copuler.
Seulement voilà, tous les crapauds du coin sont branchés crapaudes.
La pauvre femelle peut donc se retrouver avec 10 partenaires très enervés sur le
dos, risquant ainsi la noyade ou l’éventration.
À part la couleuvre, le hérisson ou la corneille - ses prédateurs naturels - l’automobile
est sa pire ennemie. Pour facilier la migration à la saison des amours, l’homme a
aménagé à cette espèce protégée, des "crapauducs", qui permettent aux bestioles
de traverser les routes sans se faire aplatir.
L'homme est bon pour le crapaud.
28 - LA TIQUE
Les pépères et les mémères, propriétaires de minous et de toutous redoutent cette
saloperie de connerie de bestiole de merde, et je mâche mes mots : j’ai nommé la
tique.
La tique n’est pas un insecte. Elle a huit pattes. Elle appartient donc à la famille des
arachnides. C’est même un acarien géant.
La spécialité de la tique, tout le monde le sait, c’est de pomper le sang des chats,
des chiens, bien sûr mais aussi des oiseaux, des chevaux, des vaches, des
serpents même ! Bref de tout ce qui bouge, y compris les humains.
Quelle est la tactique de la tique pour passer à l’attaque ?
Elle se poste à l’affût, juchée sur une herbe, les deux pattes avant écartées. Celles-ci
sont munies d’organes sensoriels qui permettent de détecter le gaz carbonique et la
chaleur de la future victime. Sophistiquée la tique !
Au passage de sa proie, elle s’accroche, puis elle lui creuse un trou dans le lard,
qu’elle remplit d’une pâte collante pour bien s’arrimer, enfonce son rostre, et pompe,
pompe et repompe.
Au départ, ce parasite qui à jeun, ressemble à une petite araignée de 4 mm finit,
gorgée de sang, par prendre l’allure d’une verrue de plus d’un cm.
La tique peut transmettre la borréliose. Si vous avez des symptômes grippaux, vous
foncez chez le toubib.
Pour retirer une tique plantée dans la couenne, ne faites pas l’erreur de vouloir
l’endormir avec de l’éther. Ça lui relâche la mâchoire et elle régurgite les germes
qu’elle a dans la salive.
Avec une pince à épiler, attention, on peut exploser le corps de la tique, et la tête,
elle reste dedans.
Le mieux, c’est le pied de biche. Le petit, celui qu’on trouve en pharmacie, pas la
barre à mine ! Ce sera plus pratique.
29 - LE BOUSIER
Les bousiers sont de très beaux coléoptères noirs magnifiquement carrossés, qui
vouent un culte sans borne à la crotte.
Ils l’adorent, ils la vénèrent, jusqu’à en faire leur menu unique.
Oui, le bousier est coprophage, du grec copro "excrément" et phage "manger". Le
bousier mange donc de la crotte. Il ne mange que ça, sans pain, sans rien, nature.
Et c’est tant mieux ! Sans lui, le monde croulerait sous les bouses, crottins,
colombins et autres mouscailles.
Il fallait bien qu’il y en ait un qui s’y colle !
Avec ses antennes en massue avec lesquelles il sent, le bousier repère sa cible et
remonte le fumet jusqu’à la substance convoitée.
Arrivé sur place, il fouille, tranche, ratisse. Ses pattes de devant rassemblent la
matière première, la glissent en boule sous son ventre jusqu’aux pattes arrières qui
peaufinent la sphère. Poil au derrière.
Cette boule plus grosse que lui, qu’on appelle aussi pilule alimentaire, il la pousse, à
reculons, avec une obstination sans faille, pour aller s’enfouir avec elle plus loin et se
taper la cloche en paix.
Pour les égyptiens, cette boule représentait le soleil. Comme le bousier enterre la
pilule, cela leur évoquait la nuit. A leur yeux donc, le scarabée sacré faisait lever le
soleil et l’accompagnait la nuit sous terre dans son périple, pour le protéger des
démons.
Le géotrupe des bois, autre bousier, a des mœurs un peu différentes. Il se choisit
une jolie bouse sous laquelle il creuse des galeries qu’il comble d’excréments, après
que la femelle y ait pondu.
Le bousier est donc bien le seul au monde, à être le plus heureux quand il est dans
la merde…
30 - LA PUCE
On appelle souvent quelqu’un qu’on aime bien, "ma puce", "ma pupuce", et bien,
vous feriez mieux d’y réfléchir à deux fois, parce qu’une puce, qu’on se le dise, c’est
moche. C'est moche comme un pou.
On connaît en gros quatre catégories de cet insecte parasite : la puce de l’homme,
celle des chats et des chiens, celle des oiseaux et la puce des rongeurs.
En principe, chacun reste chez soi, mais les jours de disette, elles peuvent passer de
l’un à l’autre. C’est comme ça que la puce d’un chien peut vous piquer et que la puce
des rongeurs peut vous transmettre la peste ou le typhus.
La boite à outils de la puce est composée d’un stylet à trois lames et d’une trompe
pour aspirer le sang de sa victime.
Après chaque repas, la puce pond environ 8 œufs, soit plus de
2 douzaines toutes les 24 heures.
Quelques jours suffisent pour voir naître la larve en forme de ver,
qui s’enroule autour des poils ou les fibres d’un tapis.
Et là, macache : même l’aspirateur ne pourra l’en déloger !
La puce peut sauter jusqu’à 150 fois sa longueur, ce qui pour nous, représente à peu
près la hauteur de la tour Effel !
Cette performance a valu à la puce d’être un phénomène de foire. Domestiquée en
Angleterre vers 1830, la puce savante a fait le succès des cirques ambulants
jusqu’au début du 20ème.
Tenue en laisse comme un fauve (on notera au passage le travail de l'orfèvre), elle a
été dressée pour devenir tour à tour funambule, jongleuse, trapéziste.
Hercule, la puce la plus forte du Monde, tirait même une énorme locomotive
miniature sur plusieurs centimètres.
Moche, un peu chiante il faut bien le dire, mais fortiche, la puce.
31 - LE LEPISME (poisson d’argent)
Vous connaissez le lépisme ? comment ça non ! Mais bien sûr que si, vous
connaissez le lépisme !
C’est une petite bestiole qui passe le plus clair de son temps dans le noir, et qui
déguerpit à toute allure derrière la cuvette des cabinets dès que vous allumez la
lumière. Non, vous voyez toujours pas ?
Ce petit insecte primitif est aussi appelé le poisson d’argent. Ça y est, vous l’avez
reconnu… le lépisme ?
On le surnomme poisson d’argent parce que son corps fusiforme est recouvert
d’écailles argentées.
Le lépisme qui adore les recoins humides de nos maisons, a priori, n’est pas
dangereux…
Sa passion, c’est les livres. Les livres, il les adorent quelque soit l’auteur, avec un
petit penchant quand même pour les anciens, enfin je veux dire les vieux livres.
Les bouquins, il les dévore. Pas littérairement, non, littéralement. Il n’est pas
bibliophile, il s’en tamponne de ce qu’il y a écrit.
Le lépisme est bibliophage. Ce qui l’intéresse, c’est la cellulose et l’amidon que
contient le papier des vieux ouvrages. Alors, ça il aime. Du haut de ses 10 mm de
long, avec quelques potes à lui, il peut transformer toute la bibliothèque d’un vieux
château mal chauffé en collection de vieilles dentelles.
Le lépisme a une durée de vie de quatre ans, ce qui est tout à fait remarquable dans
le monde des insectes.
Autre particularité surprenante : il peut muer, même devenu adulte, jusqu’à 70 fois au
cours de son existence.
Si vous rajoutez à ça qu’il peut rester plusieurs mois sans manger et sans boire, on
peut dire que c’est une bestiole assez singulière, ce lépisme.
32 - LA TAUPE
Quand on évoque la taupe, tout de suite on imagine une bestiole bon enfant, avec
une tronche sympa. À priori, c’est plutôt mignon, une taupe.
Et bien sachez que derrière cette boule de poils se cache une machine programmée
pour foutre un copieux chantier dans votre jardin.
Cet engin de 11 à 15 centimètres de long, d’environ cent grammes est doté d’outils à
haute performance.
Soyons clairs : la taupe est un animal high tech concue pour creuser jusqu’à 20
mètres de galeries par jour.
A l’avant de l’appareil, deux pelles latérales munies de griffes acérées sont
positionnées vers l’extérieur pour permettre les travaux de fouissage et de
déblaiement. Ce sont les pattes avant.
Le système pileux fait l’objet d’une implantation à la verticale. Autrement dit, les poils
sont plantés droits pour faciliter la marche avant comme la marche arrière.
Les oreilles ont été réduites à deux petits orifices à même le crâne pour éviter le
frottement intempestif des pavillons sur les parois des galeries.
La taupe, comme chacun sait, à la vue basse. Mais c’est fait pour ! elle vit dans le
noir, ça ne lui servirait à rien.
La taupe voit avec son nez. Son odorat est redoutable. Elle peut repérer une haleine
de lombric à plusieurs centaines de centimètres. Et le lombric, c’est son carburant :
elle en consomme jusqu’à 20 kg par an !
Les mâchoires de cet insectivore sont dotées d’une combinaison de crocs,
d’incisives et de molaires agencées en deux séries de 22 éléments.
Pour finir, ses poumons surdimensionnés lui permettent de se déplacer en milieu
confiné à la vitesse de 1 mètre par seconde.
La prochaine fois que vous verrez une taupinière dans votre jardin, vous saurez que
c’est l’oeuvre d’une bestiole de très haute technicité.
33 - LA MOUCHE DU VINAIGRE
Vous avez déjà vu des petits moucherons virevolter autour de la coupe de fruits
quand ils sont trop mûrs ?
Vous en avez aussi déjà vu s’envoler au moment où vous prenez la bouteille de
vinaigre balsamique, ou quand vous ouvrez la poubelle ?
Ce moucheron ridiculement petit et terriblement envahissant, c’est la drosophile, plus
connue sous le nom la "mouche du vinaigre".
Alors, il paraît qu’on attrape pas les mouches avec du vinaigre ?!? taratata… La
drosophile, elle, elle adore ça !
La drosophile rapplique en rang serré à la moindre odeur d’alcool.
Ne lui jetons pas la première bière, l’adulte drosophile ne boit pas, elle ne se pique
pas la ruche.
En revanche, ses larves se développent dans les fruits en décomposition. Pas
besoin d’être un grand chimiste pour savoir que la fermentation du sucre produit de
l’alcool, substance très volatile, qui trahit donc de loin un site de ponte idéal pour une
drosophile adulte.
La drosophile, déjà pas grosse, pond de tout petits petits oeufs dans des tout petits
petits trous d’un gros fruit mur.
A peine 24 heures plus tard, les minuscules asticots éclosent et se repaissent.
Un fruit en décomposition n’étant pas un univers pérenne, il est urgent pour la
drosophile de devenir adulte le plus vite possible.
Ainsi, les cellules des jeunes larves se divisent toutes le 10 minutes à peine, c’est à
dire encore plus vite que les bactéries.
Comme elle se reproduit à une vitesse exceptionnelle, les biologistes l’ont choisie
comme cobaye pour étudier les mutations génétiques.
Pas étonnant qu’elles ont l’air de sortir de nulle part dès qu’il y a une poire un peu
trop blette dans la corbeille de fruits.
34 - LA PIPISTRELLE
Si le mot chauve-souris vous fait dresser les poils, parlez plutôt de pipistrelle. C’est
plus rigolo, ça amuse les enfants et c’est kif kif.
C’est le nom de la chauve-souris la plus répandue en France.
Mettons un terme aux idées reçues tout de suite : la chauve-souris ne viendra pas
s’emmêler dans vos cheveux.
C’est bien connu, la bestiole a un système de navigation basé sur des ultrasons. Elle
en émet plus de 200 par secondes qui sont renvoyés vers ses grandes oreilles.
Donc, elle voit les obstacles avec ses oreilles.
Très agile, si elle prend donc un virage au dernier moment près de votre chignon,
c’est justement pour l’éviter. On appelle ça l’écholocation.
Autre légende non fondée, la chauve-souris ne viendra pas vous sucer le sang. C’est
vrai qu’il existe une espèce tropicale qu’on appelle vampire et qui doit se nourrir du
sang des animaux pour survivre.
Mais les chauve-souris bien de chez nous sont pour la plupart insectivores.
La chauve-souris brune par exemple, peut s’enfiler jusqu’à 600 moustiques à l’heure.
Sous ses airs de petit monstre volant, la chauve-souris est finalement une sacrée
bonne copine.
La chauve-souris est un chiroptère. Ce qui signifie qu’elle vole avec ses mains. Ses
longs doigts grêles sont rejoints les uns aux autres par une fine peau qui constitue la
surface portante de l’aile.
C’est pour préserver la souplesse de cette peau que la chauve-souris fréquente les
endroits humides, et qu’elle hiberne volontiers dans les cavernes.
A cette occasion, son rythme cardiaque peut passer de 600 à quelques rares
pulsations/minute, et elle peut supporter des apnées impressionnantes.
La chauve-souris est le seul mammifère capable de voler. Avouez que cette bestiole
est quand même un drôle d’oiseau.
35 - LE LUCANE CERF VOLANT
Le lucane cerf volant ressemble à un gros scarabée et doit son son nom à ses
grosses mandibules très impressionnantes qui rappellent les bois de cerf.
Jadis, les enfants les faisaient voler avec un fil à la patte ce qui leur a valu le nom de
cerf volant. D’ailleurs, n’appelle-t-on pas encore aujourd’hui les amateurs de cerfs
volants, des lucanistes ?
Le lucane mâle est le plus gros coléoptère d’Europe et peut atteindre les 8 cm et
demi, soit la largeur d’une paume de main d’homme.
Quand on le dérange, il menace de ses grosses mandibules. Mais en fait, le lucane
est un gros frimeur qui pète plus haut que ses cornes, parce qu’il est totalement
inoffensif, car incapable de serrer fort. En revanche, évitez de vous faire pincer par
sa femelle. Si elle possède des mandibules moins développées, elles n’en sont pas
moins redoutables.
Pour se nourrir, à l’aide de sa langue faite d’un petit pinceau de poils, le lucane lèche
la sève et le jus des fruits fermentés c’est à dire alcoolisés. Ainsi, le lucane picole et il
n’est pas rare de le voir voler complètement pompette.
A la saison des amours, les femelles étant trois fois moins nombreuses que les
mâles, ces derniers s’affrontent dans un combat sans merci.
Ces fameuses grosses mandibules vont enfin servir à quelque chose. D’abord, à
retourner leurs rivaux sur le dos pour les mettre hors jeu et ensuite à pécho la
femelle convoitée pour lui faire sa fête.
Victime du déboisement, la bestiole est devenue rare. Quand on sait qu’une larve de
lucane met entre 4 et 8 ans pour devenir ce bel insecte, c’est une bonne idée qu’il
soit enfin protégé.
36 - LA LUCILIE IMPÉRIALE (la mouche verte)
Si on évoque la lucilie, tout de suite on pense à un insecte plutôt joli.
Si on précise que cette lucilie est impériale, alors là, l’imagination s’envole et on
s’attend à une bestiole hyper magnifique.
Et vous avez tout à fait raison, car la lucilie impériale est belle, moulée dans son
superbe fourreau métallisé bleu-vert aux reflets d’or.
Si je vous dis maintenant que la lucilie impériale est une grosse mouche verte, là, ça
peut changer la vision des choses.
Elle est très attirée par les odeurs fortes qu’elle repère grâce à un odorat puissant :
les fleurs, les champignons, et surtout… les cadavres, si possible déjà un peu
affinés.
Sur ce lieu idyllique, la femelle se nourrit, s’accouple et pond.
Naitront un régiment d’asticots goulus qui participeront au recyclage des matières
purifiées. Leur méthode est simple : ils sécrètent des sucs digestifs qui liquéfient les
tissus en décomposition, pour ensuite les boire.
Sur un cadavre, entre le 1er jour et le 3ème mois, se succèdent un certain nombre
d’insectes. La lucilie impériale arrive en 2ème position, au moment où la dépouille
commence à roufioter.
Ainsi, la lucilie impériale fait partie de ces insectes qui sont de précieux auxiliaires à
la police criminelle en l’aidant à préciser la date de la mort.
Depuis l’Antiquité, on connaît les vertus de l’asticot qui s’attaque aux tissus nécrosés
sans toucher aux tissus sains. On les utilise donc pour nettoyer les plaies des
blessés.
Ces asticots élevés en milieu stérile facilitent l’assainissement et la cicatrisation des
plaies, par leur sécrétion aux propriétés anti microbiennes. On appelle cette
technique l’asticothérapie.
Donc, pour se résumer, nous dirons qu’une mouche verte, c’est beau et qu’un asticot
c’est gentil.
37 - LES ARAIGNEES
Les araignées sont des arachnides. Elles ont 8 pattes alors que les insectes n’en ont
que 6.
Ces bestioles sont pourvues de 4 yeux, voire de 8 pour certains spécimens.
L’araignée est carnivore. Son ordinaire : mouches, papillons, cloportes, mille-pattes
et autres insectes. Mais elle ne peut pas manger car son tube digestif est trop petit
pour avaler des morceaux. Alors, avec ses deux crochets, elle injecte à sa proie une
salive corrosive qui va en liquéfier l’intérieur. Elle n’a plus qu’à aspirer le tout et se
débarrasser de l’emballage.
L’araignée produit un fil de soie aussi solide que le nylon. C’est la soie plus robuste
du monde animal.
Toutes les araignées ne font pas des toiles. Et toutes celles qui font des toiles ne font
pas les mêmes selon les espèces. Ces toiles servent à capturer les proies. Avertie
par les vibrations, l’araignée se rue sur son prisonnier, le paralyse avec son venin,
l’entoure de soie comme une momie et le met de côté pour plus tard.
Pour déclarer sa flamme, le mâle tambourine sur la toile. Si la femelle ne bouge pas,
c’est qu’elle est open. Pour la fécondation, le mâle se sert de gants de boxe. C’est
pas une plaisanterie ! il a des renflements au bout des pattes remplis de semences
qu’il introduit dans l’épigyne de sa partenaire. On a des photos, si vous voulez, mais
bon, bof …
Une fois sa petite affaire conclue, le mâle a intérêt à prendre la tangente illico presto
au risque de se faire bouffer, ce qui arrive dans la plupart des cas.
Si vous êtes arachnophobe, vous avez de quoi faire : il y a 45 000 espèces
d’araignées dans le monde !
38 - LA FOURMI
Sur terre, on est un peu moins de 7 milliards d’individus. Les fourmis, elles, se
comptent par millions de milliards. OK ?!
Bon. Maintenant, vous prenez une balance. Sur un des plateaux, vous mettez
l’humanité toute entière (faudra peut être se serrer un peu), de l’autre côté, toutes les
fourmis du monde. Et bien ça penche du côté des fourmis.
Si vous vous imaginiez que la terre était la planète des hommes, vous vous gourez :
c’est celle des fourmis !
Une fourmilière, c’est des rues, des boulevards, des entrepôts, des pouponnières,
des appartements de luxe pour les reines, une vraie ville quoi !
Les dômes recouverts d’aiguilles de pins et de brindilles qu’on voit en lisière des
forets, c’est ça, c’est fourmi city ! Et il y en a autant en dessous qu’au dessus, avec
des tunnels, des souterrains et tout le tralala.
Et là-dedans, il peut y avoir jusqu’à 500 000 bouches à nourrir.
Chenilles, papillons, araignées, coléoptères, chaque année, l’ensemble des colonies
de fourmis consomment, en Europe, quelques 700 000 tonnes d’insectes.
La fourmi voue une passion sans borne au puceron. Le puceron se nourrit de la sève
des plantes. Une fois digérée, il exsude par l’anus une gouttelette de miellat dont la
fourmi raffole.
Elle en est tellement friande qu’elle va jusqu’à construire des abris pour les protéger,
sorte d’étable à pucerons, qu’elle peut ainsi traire à loisir.
Cet insecte social de la même famille que les abeilles et les guêpes fait des choses
extraordinaires en s’y mettant à plusieurs mais elle est aussi très balaise quand elle
est toute seule !
Elle peut tirer 60 fois son poids.
C’est quand même quelqu’un cette petite bestiole !
39 - LE HERISSON
Le hérisson est un petit mammifère, très mignon, tout plat, tout sec, avec les boyaux
dehors, bien collés au bitume.
Mais avant d’en arriver là, ce charmant insectivore, souvent victime de rites de
sorcellerie et autres superstitions moyenâgeuses, finissait y’a encore pas si
longtemps, servi en sauce lors des repas de fêtes.
A condition bien sûr d’avoir échappé à la fouine, au chat, au chien, au renard, au
hibou, à l’aigle, et surtout à son ennemi juré le blaireau.
On comprendra pourquoi le hérisson est solitaire et qu’il a tendance à se mettre en
boule.
Craintif, l’animal est nocturne. A petits pas, il parcourt la campagne en quête de
lombrics, de chenilles, d’araignées, de limaces, de petits rongeurs, de lézards, de
grenouilles. Mais il chasse aussi la pomme, le gland, l’œuf et le champignon.
Quoique prudent, on pourrait le croire téméraire quand il s’attaque à une vipère. Et
bien, pas du tout. Il est tout simplement insensible à son venin.
Son vrai seul ami, c’est le jardinier. Et encore, quand celui-ci l’invite à défendre ses
salades en l’appâtant avec du lait ou des petits morceaux de fromage, il
l’empoisonne car le hérisson, qui adore ça, est grave allergique au lactose. Deux
trois croquettes pour chat ou chien seront, dans ce cas, mieux adaptées.
Normalement, un hérisson pourrait vivre entre 7 et 10 ans. Et ben, même en dormant
18 heures par jour, et en hibernant une bonne partie de l’année, son espérance de
vie n’est que de 2 ans.
Le hérisson est donc une proie facile, livrée, en plus avec les cure-dents.
40 - LA LIMACE
Gare au lumbago, aujourd’hui, nous allons nous pencher sur la limace.
La limace, comme chacun sait, est un gastéropode. De gastero "estomac", et pode,
"pied". Littéralement, ça veut dire un pied surmonté d’un estomac. Mais ça, c’est
dans les livres. Dans le jardin, sans vouloir être désagréable, la limace ressemble
plus à une crotte de chien qu’autre chose, et plutôt une crotte de saint-bernard que
de teckel.
Tout le monde l’aura compris, l’animal est gracieux.
Cette bestiole marron-rouge en forme d’étron, se déplace à la vitesse de 7m par jour,
sur un lit de mucus, autrement dit de bave, qu’elle sécrète abondamment pour que
ça glisse mieux.
Comme l’escargot, elle a des cornes qui sont en fait des tentacules.
Deux surmontées d’yeux et deux pour capter les odeurs et sensibles au goût.
La bestiole est équipée d’une bouche avec des dents et d’une petite langue. Saviezvous qu’elle peut se taper 50 fois son poids en choux et autres feuilles de
légumineuses en une journée ?
Inutile de vous dire que le spectacle de ses salades transformées en napperons rend
le jardinier un tantinet grognon.
Ce destructeur est néanmoins vulnérable. Si la rosée du matin et les ondées sont
favorables à ses sorties, les fortes chaleurs peuvent lui être fatales.
La limace est hermaphrodite, c’est à dire à la fois mâle et femelle mais pas en même
temps. Pour se reproduire, elles s’entortillent l’une autour de l’autre, et se laissent
tomber lentement dans un filet de bave.
Ce long baiser mouillé nous ferait presque regretter de ne pas être des limaces.
Quoique…
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