De l`État providence à l`État social actif : quelles mutations sous

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Communiqué de presse
Regards économiques n°36
De l’État providence à l’État social actif : quelles
mutations sous-jacentes ?
par Isabelle Cassiers1
Les résistances au projet de contrat de solidarité entre générations révèlent un malaise. Ce malaise
semble toucher des questions bien plus vastes que celle des prépensions : n’est-ce pas l’évolution
globale des relations entre le citoyen, l’État et l’économie qui inquiète une large fraction de la
population ? Cette évolution comporte en effet un basculement : on quitte une logique d’État
providence, on consolide celle d’un État social actif. Quels sont les causes et les enjeux de telles
transformations ? Une prise de recul est salutaire.
L’État providence, institué après la deuxième guerre mondiale, reposait sur un accord de solidarité
sociale, sur un compromis entre travail et capital. Ce compromis, qui portait sur la gestion de la
croissance économique et sur le partage de ses fruits, actait la primauté du politique sur l’économique.
La concertation sociale, la sécurité sociale, l’extension des biens collectifs et les politiques économiques
de soutien de la demande ont contribué, pendant vingt-cinq ans, à nourrir et à stabiliser une croissance
vigoureuse et à étendre les mécanismes de solidarité sociale.
La crise économique des années 1970 a mis les États-providence sous pression. Les redressements des
années 1980 ont été opérés dans un contexte politique et doctrinal en nette rupture par rapport aux
compromis sociaux antérieurs et ont conduit à des mutations dans les règles du jeu économique. Depuis
les années 1990, la globalisation financière semble devenir la composante dominante d’un nouveau
mode de régulation et restreindre le champ d’intervention des pouvoirs publics. Si la notion d’État
social actif – inspirée de la troisième voie de Tony Blair - sous-tend les réorientations récentes de la
politique sociale belge et européenne, il y a lieu de se demander en quel endroit l’État est actif et quels
sont les points où il a renoncé à l’être. En considérant la globalisation financière comme une donnée, en
acceptant comme inéluctable ou souhaitable la passivité dans certains registres de la politique
économique, en concevant l’activation de la politique sociale comme une mise en conformité des
personnes vis-à-vis des exigences du marché, l’État social actif ne contribue-t-il pas à consacrer la
primauté de l’économique sur le politique ?
1
Isabelle Cassiers est chercheur qualifié du FNRS et professeur au Département d’économie de l’UCL, IRES.
Institut de Recherches Economiques, IRES - Place Montesquieu 3, 1348 LOUVAIN-LA-NEUVE
Tél. 010/47.34.26 Fax : 010/47.39.45 Email : [email protected], [email protected]
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