Bartholinites A. Agostini A et B. Blanc Les glandes de Bartholin participent à la lubrification vestibulaire. Elles peuvent s’infecter. La bartholinite aiguë peut être primitive par infection vaginale ou par surinfection d’un kyste de la glande de Bartholin. Le traitement médical est prescrit en première intention. Le traitement chirurgical de drainage est effectué en phase d’abcédation. L’exérèse ou la marsupialisation de la glande peut être effectuée en cas de récidive en dehors de tout contexte infectieux. ANATOMIE Les glandes de Bartholin sont situées de chaque côté, à la partie postérieure et inférieure de la vulve, à hauteur de l’hymen. Elles sont limitées en dedans par la paroi vaginale, par le bulbe vaginal en dehors et l’aponévrose périnéale moyenne en arrière. Elles mesurent de 10 à 15 mm en période d’activité génitale et leur canal excréteur, long de 20 mm, se jette dans le sillon nympho-hyménéal ,au niveau du tiers moyen et du tiers postérieur (1). PHYSIOPATHOLOGIE Les glandes de Bartholin sont des glandes constituées d’acini bordés d’un épithélium mucosécrétant. La glande n’est fonctionnelle que chez la femme à partir de la puberté et jusqu’à la ménopause, ensuite elles s’atrophient. La sécrétion de ces glandes est secondaire à la stimulation sexuelle. Cette sécrétion participe à la lubrification vestibulaire au même titre que les sécrétions des autres glandes. Ainsi, l’absence de sécrétions des glandes de Bartholin peut entraîner une gêne sexuelle. L’infection de la glande peut se faire par deux mécanismes. Elle peut se faire par voie ascendante, par des germes vaginaux entraînant un abcès de la glande appelé bartholinite. Sinon, l’infection peut survenir sur un kyste de la glande de « Bartholin ». Ce kyste est secondaire à une obturation partielle ou totale du canal excréteur (2). DIAGNOSTIC CLINIQUE La bartholinite entraîne une douleur aiguë avec fièvre. L’examen clinique retrouve une tuméfaction vulvo-vaginale, latéralisée, refoulant la grande lèvre vers l’extérieur. Une excrétion de pus peut-être objectivée, soit au niveau du canal excréteur, soit n’importe où en surface de l’abcès en cas de fistule. L’examen clinique doit différencier la bartholinite de l’abcès des grandes lèvres. Ce dernier est centré sur la grande lèvre et ne la refoule pas vers l’extérieur. L’infection d’un kyste de la glande de Bartholin est moins bruyante. La tuméfaction est moins importante et l’examen clinique retrouve un kyste dont la localisation anatomique correspond à la glande de Bartholin (signe de Richet). Les récidives entraînent des formes chroniques qui sont généralement moins douloureuses. EXAMENS PARACLINIQUES Le prélèvement vaginal et du pus excrété permet de rechercher un germe causal et d’autres germes 566 Pelvi-périnéologie responsables d’infections sexuellement transmissibles (IST). Le gonocoque doit être évoqué en cas de forme bilatérale. Il n’y a pas de germes spécifiques aux bartholinites, mais les germes les plus fréquemment rencontrés sont des entérobactéries et des anaérobies. TRAITEMENT Le traitement médical est toujours débuté dès le diagnostic posé. Il s’agit d’antalgiques et d’antiinflammatoires dans l’attente de l’abcédation. En postopératoire ce traitement sera prescrit pendant dix jours. Le traitement antibiotique est discuté, mais aucune étude n’a mis en évidence son efficacité. Par empirisme, il est rapporté que le traitement antibiotique favoriserait soit la résolution spontanée, soit faciliterait l’abcédation. les antibiotiques proposés sont les pénicillines ou les céphalosporines. Le traitement chirugical est effectué en phase d’abcédation. Il s’agit d’une incision drainage de l’abcès par incision cutanée ou au niveau du sillon nympho-hyménéal avec évacuation, lavage de la loge et pose d’une lame de Delbet pendant 24 heures (1). En cas de bartholinite récidivante ou de forme chronique, on discutera la marsupialisation ou l’exérèse de la glande. Ces deux interventions s’effectueront à froid. La marsupialisation (3) consiste en une large ouverture de la glande avec création d’un orifice large par suture des berges de l’incision avec l’intérieur de la glande. Il s’agit d’une intervention rapide, peu hémorragique permettant un traitement conservateur. L’exérèse totale de la glande est réservée en dernier recours, car il existe un risque hémorragique non négligeable et le geste est souvent incomplet avec un risque de récidive. De plus, en cas d’exérèse bilatérale il existe un risque de sécheresse, source de gêne sexuelle. D’autres alternatives ont été proposées telle que l’injection locale de nitrate d’argent qui semble assez efficace (4, 5). Références 1. Quentin R, Pierre F, Bertrand J (1990) Les bartholinites. Encycl Med Chir (Paris-France), Gynécologie 380 A10, 6 p 2. Paniel BJ, Truc JB, Robichez B et al. (1885) Chirurgie des lésions bénignes de la vulve. Encycl Méd Chir (Paris, France), Techniques chirurgicales, UrologieGynécologie 4, 10-06, 26 p 3. Davies JW (1948) Bartolin cyst : a simple method for its restoration to fonction. Surg Gynecol Obstet 86: 329-31 4. Mungan T, Ugur M, Yalcin H et al. (1995) Treatment of Bartholin’s cyst and abscess: excision versus silver nitrate insertion. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 63: 61-3 5. Ergeneli MH (1999) Silver nitrate for Bartholin gland cysts. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 82: 231-2