Des fonctions de base incontournables

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G uide d’achat
AUTOMATISMES
Les départs-moteurs
▼
L
es moteurs électriques à courant
alternatif sont absolument partout,
leur robustesse n’est plus à démontrer. Leur comportement en toutes
circonstances est bien connu, la technologie
est maîtrisée depuis des décennies. On leur
demande malgré tout de faire encore
quelques efforts, notamment en matière de
rendement ou de tenue dans des environnements très difficiles.
Pourtant, malgré leurs états de service, les
moteurs en tant que tels n’occupent guère le
devant de la scène de l’actualité. On en parle
cependant, mais de manière indirecte. Les
grands constructeurs d’automatismes ont en
effet mis au point des solutions pour mieux
piloter ces moteurs,pour les “ménager”et augmenter leur longévité en exploitation, réduire
leur consommation, les
L’essentiel
protéger.L’environnement
du moteur est en train
Les départs moteurs assud’évoluer radicalement.
rent des fonctions de protection et d’isolement
On s’est toujours préocgalvanique
cupé de protéger les
La plupart du temps, ils
moteurs et les personnes
sont constitués d’éléments
amenées à travailler avec
séparés qu’il faut associer
eux : c’est le vaste domaide façon judicieuse
ne des départs-moteurs.
Pour simplifier le travail,
Ceux-ci assurent notamles constructeurs préconiment une protection
sent des assemblages
pré-étudiés, dont le
contre les surcharges et les
comportement en cas
courts-circuits, ils perde court-circuit est
mettent de mettre ou
connu précisément de
d’enlever le courant en
performances
toute sécurité.
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Pendant longtemps, on s’est contenté de ces teurs permettent de faire d’énormes éconofonctions de base. Puis sont arrivés les démar- mies d’énergie), on aura toujours besoin de
reurs, qui permettent de maîtriser le courant départs-moteurs. Ceux-ci assurent plusieurs
du moteur et donc d’augmenter sa durée de fonctions de base.
vie. Ils évitent aussi les à-coups supportés par
la charge entraînée, ce qui là aussi contribue Des fonctions de base
à assurer la longévité des installations. Ces incontournables
démarreurs assurent la protection contre les Sectionneur. Lorsque l’on veut intervenir en
surcharges, une fonction “régalienne” de tout toute sécurité sur une installation électrique,
départ-moteur. Les démarreurs électroméca- il faut travailler hors tension. Il faut assurer une
niques peuvent aussi assurer la fonction “iso- coupure franche,avec une distance diélectrique
lement”, qui garantit qu’aucun courant ne suffisante, pleinement apparente (visible ou
peut traverser le démarreur lorsque le démar- avec un indicateur “ouvert”), de façon à isoler
reur est hors service. Le démarreur électro- électriquement le matériel sur lequel on tranique ne peut pas en dire autant. La commu- vaille du reste de l’installation électrique. Cettation du courant appliquée au moteur est en te fonction est assurée par le sectionneur.
effet assurée par des thyristors, qui sont des « Celui-ci n’a pas de pouvoir de coupure et il ne peut surcomposants électroniques : ceux-ci ne sont tout pas être manœuvré en charge sous peine d’exploser »,
pas à l’abri de courants de fuites lorsque le avertit BenoîtTupler, gérant d’offre “Protection
démarreur est hors service
mais qu’il reste sous tension.
Il faut donc, dans ce cas, prévoir un dispositif d’isolement, un contacteur par
exemple.
Les variateurs de vitesse évoluent exactement dans le
même contexte : ils assurent
des fonctions de protection
contre les surcharges mais
ne vont guère au-delà. Et si
l’utilisation des variateurs de
vitesse se répand même en
dehors des applications Les départs-moteurs sont de plus en plus intelligents,ils deviennent étanches et s’intègrent dans
d’automatismes (les varia- les entrées/sorties pilotées par les automates.
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Siemens
Les départs-moteurs sont utilisés depuis presque aussi longtemps que les moteurs existent. Ils assurent plusieurs fonctions,
notamment la mise sous tension du moteur, la protection de celui-ci contre les courts-circuits et les surcharges, et enfin l’isolement électrique lorsque le moteur est mis hors tension. Sur le plan technologique, les départs-moteurs ont beaucoup évolué
au cours de ces dernières années, ils sont de plus en plus intégrés et disposent de fonctions de communication qui facilitent
leur intégration dans les applications d’automatismes.
Guide d’achat
et commande moteur” à Schneider Electric.
Il existe des équipements qui ne font que du
sectionnement. Mais dans de nombreux cas,
la fonction du sectionnement est assurée par
des appareils multifonctions tels que les interrupteurs, les disjoncteurs et les contacteurs
disjoncteurs.
Interrupteur. Lorsqu’une installation électrique est sous tension, il est parfois nécessaire
de l’interrompre en pleine charge, pour
effectuer un arrêt d’urgence par exemple.
Cette fonction est assurée par l’interrupteur,
qui est un appareil mécanique capable d’établir, supporter et interrompre des courants
aussi bien dans les conditions normales que
les conditions anormales.
L’interrupteur est souvent associé à un sectionneur. Dans sa position d’ouverture, celuici satisfait aux conditions d’isolement spécifiées par les normes propres aux
sectionneurs.
Les disjoncteurs peuvent sans problème remplir la fonction d’interrupteur.
Protection contre les courts-circuits. Des
incidents peuvent toujours survenir sur les
installations, se traduisant par une élévation
rapide et importante du courant absorbé.
Afin d’éviter la détérioration des installations
et des appareillages, ainsi que les risques d’accidents humains, il faut se protéger des
courts-circuits. Plusieurs solutions sont envisageables, notamment les fusibles et les disjoncteurs magnétiques.
Une des difficultés est de définir le courant
de court-circuit et donc le pouvoir de coupure du disjoncteur. Celui-ci dépend en effet
des caractéristiques de l’installation, de sa
configuration, de la longueur et du type des
câbles utilisés, du schéma de liaison à la terre adopté. « C’est un métier et peu de constructeurs
Que faut-il pour piloter le moteur ?
Type d’application
Caractéristiques
Solution
Applications simples
Faibles puissances (<15 kW),
branchement direct du moteur
sur le réseau,
process peu exigeants
sur le comportement du moteur
Accélération : non contrôlée
Couple de démarrage : 2 à 3 Cn*
Courant de démarrage : 6 à 7 In**
Vitesse : vitesse nominale du moteur
Couple maximal : 2 à 3,5 Cn*
Décélération : arrêt roue libre, freinage électrique possible
Départ-moteur associé à un
démarrage étoile-triangle
Applications avec
démarrages difficiles
Nécessité de protéger le moteur
et la mécanique entraînée
Accélération : contrôlée par application d’une rampe simple
Couple de démarrage : réglable de 0,5 à 1 Cn*
Courant de démarrage : limitable de 2 à 5 In**
Vitesse : vitesse nominale du moteur
Couple maximal : limitable ou égal à Cn*
Décélération : contrôlée par application d’une rampe simple
Démarreur et/ou ralentisseur
Protection thermique intégrée
Sur certains modèles, protection
contre les courts-circuits incorporée
Applications avec plusieurs
régimes de vitesse
Accélération : maîtrisée par l’application d’une rampe élaborée
Couple de démarrage : réglable jusqu’à 2 Cn*
Courant de démarrage : limité entre 1 et 1,5 In**
Vitesse : réglable, y compris au-delà de la vitesse nominale
Couple maximal : limitable jusqu’à 2 Cn*
Décélération : maîtrisée, avec freinage
Variateur
Protection thermique intégrée
Sur certains modèles, protection
contre les courts-circuits incorporée
Cn* : couple nominal - In** : courant nominal
dominent le sujet », affirme M.Tupler.
Dans le calcul, il faut être précis et ne pas faire d’excès de zèle. Il faut que le départ-moteur
accepte des pointes de courant, sinon l’installation ne pourra pas démarrer ou ne supportera pas une surcharge temporelle.Au démarrage, un moteur standard absorbe de 6 à 8 fois
son courant nominal et le disjoncteur doit
accepter ce courant. On considère comme
courant de court-circuit un courant de 10 à 13
fois le courant nominal du moteur…
Protection contre les surcharges. Les
moteurs sont souvent amenés à supporter des
surcharges, notamment des surcharges mécaniques (au niveau de la charge entraînée) qui
ont pour effet d’augmenter de façon importante le courant absorbé, provoquant un
échauffement du moteur. Un échauffement
excessif accélère l’usure du moteur et réduit
sa durée de vie. Il peut même entraîner sa
destruction. Il est donc important de détecter
les surcharges afin de déclencher des dispositifs de limitation du courant qui traverse le
moteur. Les protections contre les surcharges
sont assurées par deux types d’équipements :
les relais thermiques et les relais électroniques.
Les constituants utilisés dans un départ-moteur
Description
Sectionnement
Assure la mise hors tension de l’installation.
Séparation des circuits des sources d’énergie
OUI
OUI
OUI
Interruption
Connexion et interruption des courants dans
les conditions normales ou en cas de surcharge
OUI
OUI
OUI
Protection contre
les courts-circuits
Protection contre les dommages causés par
les courants de courts-circuits
OUI
OUI
Protection contre
les surcharges
Protection du moteur contre les effets des
courants de surcharge
Commutation
Etablissement et coupure du courant en charge
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Interrupteur
sectionneur
Composants d’un départ-moteur
Contacteur Relais
Disjoncteur
thermique
magnétique
Fonction de base
OUI
Disjoncteur
magnéto-thermique
OUI
OUI
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Guide d’achat
Les classes des relais thermiques
Classes de
déclenchement
1,05 In*
10
20
30
Tp > 2 h
Tp > 2 h
Tp > 2 h
Plages du temps (Tp) de déclenchement
1,2 In*
1,5 In*
Tp < 2 h
Tp < 2 h
Tp < 2 h
Tp < 4 min.
Tp < 8 min.
Tp < 12 min.
7,2 In*
4 s < Tp < 10 s
6 s < Tp < 20 s
9 s < Tp < 30 s
In * : courant nominal du moteur
La coordination totale
Schneider Electric a une longue tradition des départs-moteurs intégrés,
comme l’atteste la gamme Integral Telemecanique. La gamme TeSys modèle U annoncée récemment (lors de la précédente édition d’Elec) s’inscrit dans cette lignée. Celle-ci couvre des puissances jusqu’à
250 kW. Elle est modulaire, compacte, facile à mettre en œuvre
(le câblage est réduit de 80 %). Surtout, la coordination totale est garantie : en cas de court-circuit, il suffit de réarmer, le départ-moteur est immédiatement opérationnel (pas besoin d’aller vérifier si un relais
thermique ou le contacteur ont été endommagés).
La gamme TeSys Model U comporte des modules de contrôle qui servent à
personnaliser le départ-moteur. De plus, ils le rendent intelligent et facilitent
les diagnostics : il est par exemple possible de comptabiliser le nombre de
manœuvres et déclenchements des éléments, le temps de fonctionnement, de
connaître en permanence l’état du moteur (sous-charge ou surcharge, etc.).
Les TeSys disposent d’une connexion pour bus de terrain Asi qui facilitent
leur intégration dans les automatismes.
Faciliter l’intégration
Chez Siemens, l’accent est mis sur la facilité d’intégration. C’était le premier argument avancé lorsque la
gamme de départs-moteurs Sirius est sortie il y a
quelques années. La gamme est sortie d’un bloc, avec
d’emblée tous ses accessoires. La taille a été réduite,
les modules s’emboîtent les uns dans les autres (limitant les câblages), plusieurs départs-moteurs peuvent être accolés les uns
aux autres, les contacts auxiliaires se font par le haut ou par le bas.
Les produits sont également très communicants, avec des connexions sur
bus de terrain Profibus ou Asi, qui réduisent considérablement les câblages.
Ces principes ont également été retenus dans les départs-moteurs ET200S
“High Feature”, intégrés sur un bloc d’entrées/sorties d’automates et qui
permettent d’économiser jusqu’à 80 % du câblage par rapport à une solution classique.
Souvent, ceux-ci sont intégrés dans des équipements tels que les disjoncteurs (on parle
alors de disjoncteur magnéto-thermiques ou
“disjoncteurs moteurs”), les démarreurs ou
les variateurs de vitesse.
Le relais thermique est de loin le dispositif
le plus répandu. Il convient bien pour les
surcharges faibles et prolongées. Il est ainsi
dénommé parce qu’il donne une image thermique des enroulements du moteur mais
aussi parce que son principe repose sur un
contact bilame qui s’ouvre sous l’effet de la
50
température. Concrètement, chaque enroulement chauffant est raccordé en série avec
une phase du moteur et est bobiné autour
du bilame (association de deux métaux
assemblés par laminage et dont les coefficients de dilatation sont très différents).
Lorsque le courant atteint la valeur préréglée,
le bilame s’ouvre, provoquant l’ouverture du
contact du relais inséré dans le circuit de la
bobine du contacteur, déclenchant ainsi ce
dernier. Dans une protection thermique, le
courant de déclenchement n’est pas le seul
paramètre à considérer. Il faut aussi préciser
la durée pendant laquelle le courant de surcharge est toléré. Il faut en effet autoriser des
surcharges ponctuelles. Cette durée est précisée par des normes. On parle alors de “classe de déclenchement”. Chaque classe définit, en fonction du courant de
déclenchement, la durée pendant lequel la
surcharge est tolérée avant que le relais ne
soit actionné. Ces classes de déclenchement
prennent notamment tout leur sens au
moment des démarrages et redémarrages des
moteurs, surtout dans les applications où il
faut développer des forts couples de démarrage. « Avec des relais thermiques bien choisis,certains
industriels font l’économie d’un démarreur,dont le coût est
beaucoup plus élevé », observe Patrick Domange,
chef de produits électromécaniques à Moeller.
Le relais à sonde thermique PTC est aussi
un relais thermique mais fonctionnant de
façon radicalement différente. Ici, des capteurs sont placés sur les enroulements du
moteur, permettant de connaître leur température réelle. Ces capteurs présentent un
temps de réponse très court.
Il existe aussi les relais électromagnétiques,
basés sur une mesure directe du courant traversant les conducteurs d’alimentation du
moteur. Une bobine, traversée par le courant
à contrôler, et soumise à un champ magnétique (appliqué par un aimant), provoque
l’attraction de l’armature mobile d’un circuit magnétique et l’ouverture du contacteur principal.
Les relais électroniques, enfin, peuvent recevoir un capteur de courant ou un capteur de
température. Ils sont aisément programmables
et peuvent assurer toutes sortes de protection : surcharges thermiques, déséquilibres,
absence ou inversion de phases, défauts d’isolement à la terre, marche à vide, etc.
Commutation. Son rôle est d’établir et de
couper le circuit d’alimentation du moteur.
Les disjoncteurs-moteurs et les interrupteurs,
voire les démarreurs et les variateurs de vitesse, peuvent dans certains cas assurer la fonction “commutation”. Mais le produit le plus
répandu et de loin, c’est le contacteur électromagnétique. « Il faut dire qu’il n’y a pas photo!
Un disjoncteur va typiquement assurer vaillamment
100000 manœuvres alors qu’un contacteur peut aller à
100 millions de manœuvres.Il y a un rapport 100 entre
les deux… », indique Guillaune Maigret, chef
de produits Commande et Protection Moteurs
chez Siemens.Le contacteur comporte un électroaimant. Lorsque la bobine de l’électroaimant est alimentée, le contacteur se ferme,
établissant ainsi le circuit entre le réseau d’alimentation et le moteur. Dans le circuit de
commande (bobine) du contacteur, on
MESURES 750 - DECEMBRE 2002
Guide d’achat
retrouve généralement des arrêts d’urgence
et les dispositifs de protection thermique.
Le pouvoir de fermeture et le pouvoir de
coupure, qui définissent les valeurs maximales du courant (respectivement) à la fermeture et à l’ouverture du circuit, constituent deux critères essentiels des contacteurs.
Dans certaines applications, par exemple dans
le cas d’un pont roulant ou de l’entraînement du tapis d’une caisse de supermarché,
le problème n’est pas la surcharge mais plutôt la fréquence des démarrages et redémarrages. Les contacteurs sont très sollicités et
dans ces cas-là, un autre paramètre important est à considérer : le nombre de
manœuvres, appelé aussi la “durabilité électrique”. En effet, les contacteurs électromagnétiques sont des dispositifs mécaniques,
avec des contacts que l’on actionne… et qui
s’usent si l’on s’en sert. Les constructeurs
donnent des indications assez précises sur le
nombre de manœuvres de leurs contacteurs.
Sur ses modèles de puissance, Siemens intègre
même un module de détection d’usure des
contacts de puissance.
Les contacteurs statiques n’ont pas de problèmes de durée de vie mais ils n’assurent
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Les catégories d’emploi des contacteurs
Catégories
Caractéristiques du courant commuté
à l’établissement
à la coupure
Applications typiques
AC1
Courant thermique
du contacteur
Courant voisin
de 2,5 In*
Courant de démarrage
de 6 à 8 In*
Courant de démarrage
de 6 à 8 In*
Commande de démarreurs ou de variateurs électroniques,
couplage de résistances de démarrage
Machines de levage de forte puissance : ponts roulants,
portiques
Toues applications courantes : pompes, ventilateurs,
compresseurs
Machines et levage de petite puissance à usage intensif :
palans, concasseurs, positionnement manuel, etc.
AC2
AC3
AC4
Courant thermique
du contacteur
Courant voisin
de 2,5 In*
In (coupure
moteur lancé)
Courant de démarrage
de 6 à 8 In*
*In : courant nominal du moteur
pas la fonction “isolement”.
L’importance de la coordination
On l’a vu, si les quatre grandes fonctions
(sectionnement, protection contre les courtscircuits et les surcharges, commutation) que
doit assurer un départ moteur sont clairement identifiées, plusieurs d’entre elles peuvent être assurées par un même équipement.
Dans ces conditions, il n’est pas toujours facile de choisir la configuration la mieux adap-
tée. Par exemple, les démarreurs ou les variateurs de vitesse ont des fonctions de protection incorporées. C’est autant de moins à faire pour le départ-moteur.
Les grandes fonctions des départs-moteurs
peuvent être assurées par des appareils monofonctions. C’est évidemment la solution qui
offre le plus de possibilités, notamment en
termes de puissances couvertes.Mais cette association peut se révéler encombrante et coûteuse, et elle nécessite pas mal d’opérations de
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Guide d’achat
montage/câblage.De plus,il faut vraiment être
un spécialiste pour réaliser les bons assemblages. Pour faciliter le travail, les constructeurs
proposent des appareils multifonctions.
Il est par exemple possible de réaliser un
départ-moteur à trois éléments. Ceux-ci peuvent être un bloc “fusibles” (protection contre
les courts-circuits), un relais thermique (protection contre les surcharges) et un contacteur (sectionnement et commutation). Les
quatre fonctions peuvent également être assurées par un disjoncteur (sectionnement, protection contre les courts-circuits), un relais
thermique et un contacteur.
Une longue tradition
Moeller est présent
depuis pratiquement un siècle sur
le marché des
départs-moteurs et
s’enorgueillit d’être
la première à avoir
sorti un disjoncteur-moteur (“ça date de vieux”, c’était
en 1950…). La société a poursuivi
dans la voie de l’intégration, avec
notamment son PKZ0, un ensemble
disjoncteur-contacteur.
En plus de son métier d’origine (électricien), la société a par la suite développé une activité d’automatismes et
le mariage des deux s’est concrétisé
l’an passé avec l’annonce du démarreur-moteur
Xstart qui s’intègre dans une
architecture d’automates.
Dans un registre plus classique, on retiendra les contacteurs
DILM185 à 820, qui peuvent être pilotés à partir d’un interrupteur, d’un
automate ou d’un détecteur d’automatismes. On mentionnera aussi le
relais électronique ZEV de protection
thermique : celui-ci couvre la plage 1 à
820A et est extrêmement facile à
câbler sur une installation existante.
Une architecture
décentralisée
En matière de départsmoteurs, ABB a une
approche relativement
originale. A côté de
l’offre “classique” d’ABB
Entrelec, il existe la
gamme Insum proposée par ABB Spie Tableaux. Cette dernière développe des tableaux de distribu-
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Il existe aussi des associations de deux produits, c’est-à-dire l’association d’un disjoncteur
moteur (c’est-à-dire un disjoncteur associé à
un relais thermique) et un contacteur : le premier assure les fonctions de sectionnement et
de protection contre les courts-circuits et les
surcharges, le second assure la commutation.
Il existe enfin des associations où tout est
intégré dans un même ensemble. On gagne
beaucoup en simplicité de mise en œuvre, le
câblage est plus simple et il ne faut pas d’expertise particulière pour choisir la configuration la mieux adaptée.
Pour faciliter la conception de l’architecture
tion basse tension, sur cahier des
charges. « Insum est un départ-moteur
intelligent qui n’est pas vendu en tant
que produit mais en tant que “solution”,
intégré dans les armoires que nous
livrons », explique Alain Grave, directeur commercial de ABB Spie Tableaux.
Cette gamme annoncée il y a deux ans
était sans doute destinée à permettre à
la société de se démarquer de ses
concurrents tableautiers. Cette solution
décentralisée basée sur un réseau de
terrain Lon permet en effet de réaliser
jusqu’à 16 % d’économies au niveau de
l’installation (au niveau du câblage,
essentiellement) et jusqu’à 25 % en
exploitation (diagnostics précis, moins
de dépannages). Il n’est toujours pas
envisagé de commercialise Insum en
tant que produit, ABB Spie Tableaux ne
pouvant (ou préférant ne pas) garantir
que cette gamme se marie bien (en
termes de CEM) avec les produits de la
concurrence… Un des points forts d’Insum est que tout est
paramétrable. « Cet
aspect est important dans
bien des projets, qui évoluent souvent en cours de
route. Ici, il n’y a rien à changer ou à recâbler, il suffit de modifier le paramétrage
par logiciel », poursuit M. Grave.
Schématiquement, Insum est constitué
de deux modules de base. On trouve
d’abord une passerelle qui permet de
faire l’interface avec le système de
contrôle de process (automate, par
exemple). La connexion entre les deux
est assurée par un bus de terrain classique (Modbus ou Profibus, par
exemple). Cette passerelle peut abriter
jusqu’à 4 routeurs de réseaux de terrain Lon : sur chacun d’eux, il est possible de raccorder jusqu’à 32 unités de
contrôle moteur (MCU), installées dans
des tiroirs extractibles à chaud. Les
modules MCU assurent des fonctions
des départs-moteurs, les constructeurs proposent dans leurs catalogues des associations
d’éléments : c’est la notion de la coordination. En suivant les recommandations des
constructeurs, l’utilisateur est assuré que son
départ-moteur va vraiment se comporter en
conformité à la norme IEC 947. Celle-ci fixe
trois types de coordination, qui définissent le
comportement des appareillages sur courtcircuit et le niveau de service après son interruption (voir notre tableau).Avec la coordination totale, l’utilisateur est assuré que son
départ-moteur ne peut pas se détériorer,
qu’un court-circuit ne détruira pas le contactrès diverses : démarrage (plusieurs
types), protections diverses, diagnostics, alarmes, etc.
Toujours plus simples
Chez Rockwell Automation, les dernières
évolutions en matière de départsmoteurs portent
notamment sur le tout nouveau système de montage141A, qui se veut très
simple et assure une séparation entre
la partie puissance et la partie commande. Il en résulte une implantation
claire, une bonne
compatibilité
électromagnétique et un dépannage facilité. La
partie puissance
est câblée sur un connecteur débrochable.
Autre point important, il est également
possible de tester la partie commande
avant de raccorder la partie puissance.
Les barres de puissance sont protégées
contre les contacts accidentels, même
lorsque l’on retire les alimentations.
Le système de montage 141A peut être
utilisé pour les démarreurs directs (tous
types) et les variateurs. Le logiciel MCS
Star4 permet la sélection des composants des départs-moteurs, leur commande et leur assemblage.
Par ailleurs, Rockwell vient d’enrichir
sa gamme de relais
électroniques programmables de
protection des
moteurs, avec
notamment des modèles à effet Hall
(capables de travailler du continu à plusieurs kHz) et des modèles connectables
sur le bus de terrain DeviceNet.
MESURES 750 - DECEMBRE 2002
Guide d’achat
Coordination des protections
Qu’est-ce que la
coordination ?
C’est la combinaison optimum entre une protection contre les courts-circuits,
une protection surcharge et un contacteur
Objectifs de la
coordination
- Protéger le personnel et l’installation quels que soient les niveaux de courant
de surcharge ou de court-circuit
- Réduire les coûts de maintenance en minimisant le temps de remplacement
d’un appareillage
Pas de coordination
En cas de court-circuit, gros risques pour l’opérateur, le personnel et l’installation
(feu, explosion). Tous les composants du départ-moteur devront être remplacés
avant de redémarrer l’installation
Coordination type 1
(IEC 947-4-1)
L’ensemble démarreur-moteur doit interrompre en toute sécurité le courant
de court-circuit indiqué. Le contacteur et/ou le relais peuvent être détruits et
doivent être changés avant la remise en service.
Coordination type 2
(IEC 947-4-1)
L’ensemble démarreur-moteur doit interrompre en toute sécurité le courant
de court-circuit indiqué. Après une coupure sur court-circuit, il doit pouvoir être remis
en service après vérification, sans qu’un remplacement de pièces soit nécessaire
(le risque des contacts soudés est accepté, ceux-ci doivent pouvoir être séparés
facilement à l’aide d’un outil type tournevis).
Coordination totale
(IEC 947-6-2)
En cas de court-circuit, aucun dommage ne doit être causé au départ moteur,
aucune soudure de contact n’est admise, l’isolement électrique doit être maintenu.
Pas d’inspection, le redémarrage est immédiat
MESURES 750 - DECEMBRE 2002
teur et le relais thermique associés.A l’autre
extrême, avec la coordination de type 1,
ceux-ci peuvent être endommagés, voire
détruits. Pour les fortes puissances, on n’a
pas d’autre solution car il n’existe pas toujours dans les catalogues des contacteurs
capables de supporter les courants de courtcircuit. Dans d’autres cas où la coordination
totale est possible, certains font le pari que
les courts-circuits sont rares et ils évitent de
surdimensionner leur départ-moteur (d’où
une économie). Et si par malheur un courtcircuit survient, ils acceptent de changer l’élément endommagé. « En fait,beaucoup d’utilisateurs
ne se posent pas tant de questions,il y a encore beaucoup
d’ignorance.Beaucoup ont du mal à se convaincre du bienfondé des coordinations proposées par les constructeurs »,
observe M. Domange (Moeller). « Peu de gens
s’intéressent à la coordination.Pourtant,si on ne respecte
pas les associations entre disjoncteur et contacteur, tout
peut arriver. Et surtout le pire ! », surenchérit
M. Maigret (Siemens).
Jean-François Peyrucat
Cet article a été réalisé à partir des informations que nous
ont fournies les principaux acteurs du domaine. Nous nous
sommes plus particulièrement appuyés sur un guide technique édité par Schneider Electric, particulièrement didactique,d’où sont extraits tous les tableaux.
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