ACTUALITÉ Pr Olivier Sanchez*, à Santé Mag, Le diagnostic de l’hypertension pulmonaire nécessite un certain nombre d’expertises Propos recueillis par Tanina Ait Comment expliquer, alors, cette élévation pulmonaire ? Il existe plusieurs explications à cette élévation des pressions pulmonaires: les causes les plus fréquentes sont, en même temps, une valvulopathie du cœur gauche, une bronchite pulmonaire chronique obstructive, ou une fibro-pulmonaire, qui peuvent connaître une complication. Ce sont, là, les deux groupes les plus fréquents. Cependant, il peut s’agir, par moments, d’une évolution défavorable d’embolie pulmonaire, qui peut conduire, effectivement, à une hypertension pulmonaire post-embolique. Enfin, il existe un groupe un peu particulier, qu’on appelle hypertension artérielle pulmonaire, due à une maladie de la microcirculation pulmonaire, pouvant être, soit idiopathique; c'est-à-dire, sans cause retrouvée, soit d’origine familiale, avec un certain nombre d’anomalies génétiques; aujourd’hui, bien dentifiées. Il y a lieu de dire, également, que, par moments, la prise de certains médicaments peut donner ce genre de pathologies. Tout comme, d’ailleurs, les maladies infectieuses du VIH, des hépatites, la cirrhose et les cardiopathies congénitales entraînent, également, l’hypertension artérielle pulmonaire. Santé Mag: Qu’est-ce que l’hypertension pulmonaire ? Pr Olivier Sanchez: L’hypertension pulmonaire est une maladie rare, qui se définit comme une élévation, permanente, des chiffres de pressions, dans les artères des poumons et qui est à l’origine d’une défaillance du ventricule du poumon droit. 8 Santé-MAG N°47 - Janvier 2016 Quelles sont les causes de cette défaillance ? Il existe plusieurs causes à cette défaillance et les recherches, à ce niveau, avancent de manière spectaculaire et cela a permis d’établir un certain nombre de recommandations, relatives à la prise en charge y afférente, ainsi que pour des prises en charge étiologiques et thérapeutiques. Pourquoi dit-on que cette pathologie est rare; est-ce dû au fait qu’elle soit mal diagnostiquée, ou en raison, effectivement, de par sa faible fréquence ? Elle est rare, parce qu’on a des informations, qui confirment les données du registre épidémiologique, dans certains pays et ce, indépendamment de celles détenues, par des organisations locales. Aussi, nous savons que, dans ce groupe de maladies de l’hypertension artérielle pulmonaire un peu particulière, l’incidence, ou le nombre de nouveau cas, ACTUALITÉ par an et pour un million d’habitants, se situe autour de cinq. C’est, donc, une maladie rare; d’autant que, sur une population bien définie, on est sur des chiffres, qui varient entre quinze et vingt cas, par million d’habitants. Comment diagnostiquer cette pathologie ? Le diagnostic nécessite un certain nombre d’expertises et il est, exclusivement, confirmé lorsqu’on a fait un cathétérisme cardiaque droit; parce que la définition de l’hypertension pulmonaire repose sur la mesure de la pression pulmonaire moyenne, au cathétérisme. En tout état de cause, on ne parle pas d’hypertension pulmonaire sans avoir fait, auparavant, un cathétérisme cardiaque droit et on procédera, par cette technique, lorsqu’on aura retrouvé d’abord, notamment, des anomalies sur l’échographie cardiaque et ce n’est qu’alors qu’on posera un diagnostic confirmé. Ceci étant, on recherchera les causes à la survenue de la maladie, par des examens cliniques, biologiques et radiologiques permettant, ainsi, d’identifier les différents sous-groupes de l’hypertension pulmonaire. Quelle est la tranche d’âge la plus touchée et quel en est le sex-ratio ? Cette maladie touche, indifféremment, l’enfant et l’adulte. Il existe, cependant, des causes spécifiques à l’enfant et chez l’adulte, l’âge a tendance à augmenter. On est passé d’une maladie qu’on diagnostiquait à l’âge de 30 /40 ans, à 50/55 ans. Concernant le sexe, on constate une légère prédominance de la pathologie dans son groupe 1, chez la femme; ce qui est observé de par le monde et ce, de manière constante. Ceci pourrait s’expliquer par des causes hormonales; mais, encore, une fois, nous n’avons pas d’explications précises, à l’heure actuelle. Quel est le pronostic de cette pathologie ? Au niveau du pronostic de l’HTAP, maladie aussi grave qu’incurable, à l’heure actuelle, malheureusement, qui plus est sans traitement idoine, la médiane de survie d’un patient est de 3 ans; mais, lorsque le patient est sous traitement, lourd certes, le pronostic s’améliore, pour atteindre 80 à 90% de survie, sur un an, 80%, pour deux et 70%, de trois à cinq ans * Professeur Olivier Sanchez, chef de service Pneumologie, Hôpital européen "George Pompidou" (Paris) – France. Cambodge Le riz enrichi favorise un parasite intestinal Du riz, enrichi en vitamines et minéraux, donné à de nombreux enfants, au Cambodge, s’avère néfaste. Le type de fer, utilisé dans cette supplémentation, serait à l’origine d’un risque d’infection, par un petit ver intestinal. U ne équipe de l’Institut de Recherche et Développement (IRD) recommande de modifier la composition de cet aliment. Une vaste étude, menée auprès de 10 000 enfants, au Cambodge, révèle que la consommation de riz enrichi, ou fortifié, avec des vitamines et des minéraux, double le risque d’apparition d’une infection parasitaire, due à un ver intestinal, appelé ankylostome. Le riz, en question, est distribué dans les écoles primaires du pays, via le Programme Alimentaire Mondial (PAM), dans le but de compenser une alimentation insuffisante en nutriments. Or, cette supplémentation semble avoir l’effet inverse: les enfants touchés par l’infection parasitaire souffrent d’une carence en fer, avec un risque d’anémie et d’un retard cognitif, ainsi que d’un retard de croissance. En cause ? L’absorption, par les enfants, du fer utilisé dans le riz enrichi, serait insuffisante. Par conséquent, en restant dans leur intestin, il bénéficierait au parasite. l’étude, les chercheurs ont observé que la proportion d’enfants infectés était doublée, chez ceux ayant consommé l’un des trois types de riz fortifié, passant de 12% à entre 16% et 24% d’entre eux. «Les travaux de recherche doivent, de toute urgence, permettre de sécuriser la supplémentation des aliments utilisés dans le cadre des programmes alimentaires, dans le monde; en particulier, grâce à un type de fer offrant une meilleure absorption», concluent les auteurs UN FER MAL ABSORBÉ Pour vérifier leurs soupçons, les chercheurs de l’IRD ont suivi des enfants concernés, pendant 6 mois. Au cours de cette période, les petits élèves ont reçu 6 fois par semaine, soit du riz blanc ordinaire (placebo), soit l’un des trois types de riz enrichi en vitamines (vitamine A, vitamine B12, vitamine B9) et minéraux (fer, zinc), administrés, de manière classique, dans le cadre des programmes alimentaires. Au terme de N°47 - Janvier 2016 Santé-MAG 9