Histoire Chapitre n° ……… Effondrement et refondation de la République (1940-1946) Philippe Pétain est très populaire pour avoir dirigé avec succès la défense de Verdun en 1916. En juin 1940, en pleine débâcle française, les députés estiment qu’il est le mieux placé pour diriger la France et il devient président du Conseil. Charles de Gaulle est un officier de carrière qui a participé à la Première Guerre mondiale. Nommé général, il entre au gouvernement en juin 1940. Mais après la formation du gouvernement Pétain, refusant l’armistice, il rejoint Londres et, le 18 juin 1940, il lance à la BBC (la radio anglaise) un appel à poursuivre le combat. Il fonde les Forces Françaises Libres (FFL) et devient en 1943 le chef de toute la Résistance française. I) Pétain et de Gaulle: deux attitudes face à la défaite de 1940 Problématiques : Quelles sont les attitudes de Pétain et de de Gaulle devant la défaite militaire ? Comment la IIIe République est-elle renversée ? A/ La défaite militaire Document 1 : conquête et occupation de la France (mai-juin 1940) Les Allemands appliquent une stratégie offensive, la Blitzkrieg, en s’appuyant sur un matériel de guerre moderne. B/ Pétain ou de Gaulle: capituler ou résister ? Document 2: discours du 17 juin 1940 « Français, A l’appel de Monsieur le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l’affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne des longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec moi, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités ». D’après le message radiodiffusé du maréchal Pétain aux Français, le 17 juin 1940. Document 3 : la France après l’armistice du 22 juin 1940 Document 4 : l’appel du 18 juin 1940 (extraits) « Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. […] Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! […] Car la France n’est pas seule ! […] Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis […]. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale […]. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir […]. Le destin du monde est là. Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes […] à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Londres ». Appel radiodiffusé du général de Gaulle à la BBC, dans Discours et messages, Plon, 1970. C/ La défaite entraîne la mort de la IIIe République Document 5 : 10 juillet 1940, la République renversée Je retiens L’armée allemande applique une stratégie offensive et utilise un matériel de guerre moderne. En mai-juin 1940, elle occupe la moitié nord de la France, provoquant l’exode de plus de 6 millions de civils. Face à la défaite, le maréchal Pétain signe l’armistice avec l’Allemagne nazie le 22 juin 1940. Dans cette situation dramatique, le maréchal Pétain se fait accorder les pleins pouvoirs, le 10 juillet 1940 par une majorité de parlementaires. Il peut ainsi abolir la République et instaure un nouveau régime, l’Etat français, dont la capitale est reliée à Vichy. II) Le régime de Vichy (1940-1944) Problématique : Quels sont les principes et les principales décisions du régime de Vichy ? A/ Vichy: un régime antirépublicain, autoritaire et antisémite Document 1 : la Révolution nationale: les principes du nouveau régime Document 2 : le statut des Juifs a. Nous, Maréchal de France, chef de l’Etat français, décrétons : Article 1er : Est regardé comme juif toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif. Article 2 : L’accès de l’exercice des fonctions publiques suivantes sont interdites aux Juifs : chef de l’Etat ; membres du gouvernement, conseil d’Etat, finances, tribunaux ; agents du ministère des Affaires étrangères ou de l’Intérieur ; fonctionnaires des colonies ; membres du corps enseignant ; officiers des armées. Article 5. Les Juifs ne pourront exercer l’une des professions suivantes : directeurs, gérants ; rédacteurs de journaux ; metteurs en scène, entrepreneurs de spectacles, administrateurs des entreprises de radiodiffusion. D’après le statut des Juifs du 3 octobre 1940. b. Les étrangers de race juive pourront être internés dans des camps spéciaux par décision du préfet de leur département. D’après le statut des Juifs du 4 octobre 1940. Enregistrement des Juifs étrangers (mai 1941) Les Juifs sont internés par la police française au camp de Pithiviers (Loiret) avant d’être livrés aux Allemands. B/ Vichy: un régime qui collabore avec l’Allemagne nazie Document 3 : la collaboration « C’est librement que je me suis rendu à l’invitation du Führer. C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d’occupation. Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation. Cette collaboration doit être sincère. Cette politique est la mienne. Je vous ai tenu jusqu’ici le langage d’un père. Je vous tiens aujourd’hui le langage du chef. Suivez-moi. Gardez votre confiance en la France éternelle ». D’après l’allocution du maréchal Pétain, le 30 octobre 1940 Poignée de main entre Hitler et Pétain à Montoire, 24 octobre 1940 Document 4 : une rafle de Juifs à Paris, le 20 août 1941 Les 2 894 personnes raflées sont emmenés dans le camp de transit de Drancy. La plupart seront ensuite déportées dans le centre d’extermination d’Auschwitz. Document 5 : travailler pour l’Allemagne Après l’appel au volontariat, la France fournit de la maind’œuvre à l’Allemagne dans le cadre du STO. Près de 650 000 Français ont été envoyés en Allemagne dans le cadre du Service de Travail Obligatoire. Je retiens L’Etat français est un régime autoritaire basé sur les principes de la Révolution nationale. Chef de l’Etat, le maréchal Pétain concentre la plupart des pouvoirs politiques. La devise républicaine est remplacée par « travail, famille, patrie ». Le suffrage universel et les libertés fondamentales sont abolis, les partis politiques et les syndicats sont interdits. Depuis l’entrevue de Montoire (24 octobre 1940) avec Hitler, Pétain mène une politique de collaboration avec l’Allemagne nazie. Avec la création du STO en 1943, le régime de Vichy oblige les jeunes français à partir travailler en Allemagne. Le régime de Vichy est profondément antisémite. Dès octobre 1940, l’Etat français interdit aux Juifs d’exercer de nombreux métiers. Il collabore activement à la solution finale en organisant de nombreuses rafles notamment celle du Vel d’Hiv les 16 et 17 juillet 1942. III) La résistance porte les valeurs de la République Problématique : Pourquoi et comment les membres d’un mouvement mènent-ils la résistance ? A/ Libération-Sud, mouvement de résistance Dès l’été 1940, Emmanuel d’Astier de la Vigerie constitue autour de lui une équipe de quelques personnes refusant l’armistice et le régime de Vichy. En 1941, il fonde Libération-Sud qui, avec Combat et FrancTireur, est l’un des trois principaux mouvements de résistance dans la zone occupée. Document 1 : entrer en résistance « Mai 1940, la défaite, l’invasion nazie, mon jeune époux prisonnier de guerre, le discours de Pétain le 17 juin, l’appel du général de Gaulle depuis Londres le 18 juin. Pour moi la guerre n’est pas finie. C’est ma guerre à moi qui commence. Me voilà mobilisée, conspiratrice, prête à me joindre à Jean Cavaillès et à Emmanuel d’Astier de la Vigerie. C’est vraiment la rupture avec le passé, un engagement volontaire lié à la désobéissance vis-à-vis de la collaboration franco-allemande. Seuls comptent la volonté de vaincre le régime de Pétain, le désir de chasser l’occupant, le souci d’informer une opinion anesthésiée, d’aider tous celles et ceux qui sont victimes de cette collaboration ». D’après le témoignage de Lucie Aubrac dans la lettre de Fondation de la Résistance, n°27, décembre 2001. Document 2 : la mission de Jean Moulin « Je désigne Jean Moulin, préfet, comme mon représentant et comme délégué du Comité National Français, pour la zone non directement occupée de la métropole. Il a pour mission de réaliser dans cette zone l’unité d’action de tous les éléments qui résistent à l’ennemi et à ses collaborateurs. Il me rendra compte directement de l’exécution de sa mission ». Ordre de mission donné par le général de Gaulle à Jean Moulin, à Londres, le 24décembre 1941, Discours et messages, Plon. « Toutes les organisations de résistance seront invitées à verser leurs groupes d’action dans les unités de l’Armée secrète en cours de constitution. Il convient en effet d’éviter la prolifération de multiples petites organisations qui risqueraient de se gêner mutuellement, de susciter des rivalités et de créer la confusion ». D’après le général de Gaulle, lettre du 22 octobre 1942, envoyée de Londres et portant le cachet « TRES SECRET ». Document 3 : les modes d’action de la Résistance B/ Des résistances à la Résistance Document 4 : la diversité de la Résistance Les mouvements « Organisation civile et militaire », « Ceux de la Libération », « Ceux de la Résistance », « Libération-Nord », « La voix du Nord » naissaient de petits groupes clandestins. A la fin de 1941, les communistes entrèrent à leur tour en action. Ils formaient en zone occupée le « Front national » et les « Francs-tireurs et partisans ». Le réseau « Confrérie Notre-Dame » du Colonel Rémy était chargé du renseignement. Il avait méthodiquement organisé des contacts, avec d’autres réseaux ou mouvements en France. D’après Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome 1, Plon, 1954. Document 5 : les membres du CNR lors de sa 1ère réunion clandestine à Paris le 27 mai 1943 Je retiens Replié à Londres, le général de Gaulle lance le 18 juin 1940 un appel radiodiffusé à la résistance. Il manifeste son attachement aux valeurs de la République. C’est l’acte de naissance de la France libre. De Gaulle fonde une armée, les FFL à partir de volontaires. Dès 1940, des Français manifestent spontanément leur opposition à l’occupation allemande et au régime de Vichy. Des mouvements et des réseaux de résistance sont créés. Dans les régions peu accessibles, des maquis sont formés pour porter les valeurs de la République. Les actions sont multiples : propagande, presse clandestine, filières d’évasion, attentats, sabotages et renseignements. Dès 1942, Jean Moulin est envoyé par de Gaulle pour unifier la Résistance française. Son action aboutit en mai 1943 par la création du Conseil National de la Résistance. IV) De la résistance à une nouvelle République Problématique : Sur quelles valeurs s’appuie la République restaurée à la Libération ? Les résistants ne veulent pas seulement libérer la France. A la veille de la Libération, le CNR prépare la restauration de la République, qui accorde davantage de droits aux citoyens et aux citoyennes et met en place un Etat-providence. A/ Refonder les valeurs républicaines Document 1 : préparer l’après-guerre « 1. Etablir le gouvernement provisoire de la République formé par le général de gaulle ; 2. Veiller au châtiment des traîtres ; 4. Assurer : l’établissement de la démocratie la plus large par le rétablissement du suffrage universel ; l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ; 5. Promouvoir les réformes indispensables : a) sur le plan économique : le retour à la nation des grands moyens de production, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des banques (entre 1944 et 1946 sont nationalisés les houillères (Charbonnages de France), l’électricité et le gaz (EDF et GDF), des banques et des compagnies d’assurances (Banque de France, Crédit Lyonnais, Société générale), les transports aériens (Air France) et maritimes, les usines Renault). b) sur le plan social : le droit au travail et au repos ; la garantie d’un niveau de salaire qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; un plan complet de sécurité sociale ; la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauche et de licenciement ; une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours. Ainsi sera fondée une République nouvelle ». Extraits du programme du CNR, publié le 15 mars 1944. Droits politiques Droits sociaux Droits politiques - Suffrage universel en donnant aux femmes le droit de vote. - Egalité absolue de tous les citoyens notamment entre les hommes et les femmes. Droits sociaux - Droit au travail et au repos. - Droit de grève et syndical. - Garanti d’un salaire décent. - Droit à la santé. - Droit à une retraite. - Droit à l’instruction et à la formation professionnelle. B/ Libérer la France Document 2 : la libération de la France Document 3 : le débarquement en Normandie 6 juin 1944 C/ La refondation de la République Document 4 : le général de gaulle, chef du gouvernement provisoire, à l’Hôtel de ville de Paris, 2 avril 1945 Je retiens Le 6 juin 1944, est organisé un vaste débarquement mené par les forces britannique, américaine et française en Normandie. Cette opération débouche sur la libération rapide de la France. La République, la démocratie, les libertés fondamentales, les partis politiques et les syndicats sont rétablis. Le suffrage universel est étendu aux femmes. Les réformes de la Libération s’appuient directement sur le programme du CNR, adoptée en 1944. La Sécurité sociale est créée en 1945 et des nationalisations sont appliquées dans les principaux secteurs de l’économie. Le préambule de la Constitution de 1946 pose les bases d’une République sociale et économique.