Garuda Le journal du Sangha Rimay no 7 - Juin 2011 Losum Chosum 7 e entrée en Retraite de trois ans Petite histoire de la grande retraite des Palden Shangpa Kagyü L a septième retraite Losum Chosum, dite « de trois ans », vient de commencer en Avalon à l’occasion de Vésak, la célébration de la naissance, de l’éveil et du parinirvâna du Bouddha Shâkyamuni. Cette septième retraite réunit maintenant à Naro Ling et Nigu Ling vingt-et-un retraitants dont deux intendants. La retraite traditionnelle de trois ans est Transmission Dans l'inspiration de Vajradhara Kalu Rangjung Künchab ................................ La petite histoire de la grande retraite des Palden Shangpa Kagyü .................. Shédra : un cycle d'étude dans une perspective yogique .............................. Rimay dans le monde ............................. depuis Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé (18131899), qui en a instauré le format, le lieu et l’occasion de la transmission yogique de l’ensemble de la tradition des Palden Shangpas, les « Glorieux Shangpas », avec toutes les initiations (wang), transmissions scripturaires (lung) et instructions pratiques (tri) de la lignée. Dossier Économie et spiritualité.............................. > p.2 > p.3 > p.5 > p.6 “Une approche bouddhiste de la crise économique” par Denys Rinpoché............ Les transmissions initiatiques et scripturaires sont regroupées dans le Palden Shangpa Chatsang, « La Somme des transmissions Palden Shangpa », qui est conféré avant la retraite proprement dite ou pendant celle-ci ; quant aux instructions qui correspondent à chaque pratique elles sont transmises au fur et à mesure des pratiques de la retraite et suivant les besoins des pratiquants. Depuis son origine la tradition des Palden Shangpas a toujours été celle de lignées yogiques de méditants et de retraitants. Leurs filiations de maître à disciples ont constitué de nombreuses ramifications qui convergèrent au XIXe siècle en la personne de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé, le grand maître du mouvement Rimay. Il avait une confiance et une dévotion particulière en la tradition et les pratiques yogiques des Palden Shangpas, aussi regroupat-il toutes leurs instructions et en revivifia la transmission en créant un centre de retraite de trois ans dédié à leur pratique. Ce centre de retraite de Tsadra Rinchen Dra, situé près de Palpung dans le Kham, et demeuré actif jusqu’à ...Suite p.3 En Avalon Vie sacrée > p.8 Le mot du directeur .................................... > p.11 > p.14 > p.8 Rimay Diffusion : “Une procure pour les pratiquants” ................................................. Sessions Jeunes, Utpala, Vie Sacrée .................................... > p.12 Les Éclaireurs de la Nature ...... > p.15 Programme des Arts Traditionnels............................... > p.15 Programme de l'été à l'Institut Karma Ling .................................. > p.16 “Principes d'une économie bouddhiste, Une voie du milieu pour le marché”......... > p.10 Programme du forum ................................... > p.10 Écosite d'Avalon : “Et du côté du potager ?... / Une ferme biologique pour nourrir Avalon / Du blé au pain”............................................. > p.13 Norlha Rinpoché et Denys Rinpoché 1 T r a nsmission Dans l’inspiration de Vajradhara Kalu Rangjung Künchab losum chosum 2 Le Convent Général de la Communauté Rimay s’est tenu les 28 et 29 mai derniers en Avalon, réunissant autour de Rinpoché le Collège des anciens et le Collège des délégués des sangha lokas. Nous résumons ici quelques extraits du mot de Denys Rinpoché devant la rencontre préparatoire du Collège des anciens qui s’était réuni la veille. Les sangha lokas en Russie et en Inde Une communauté adulte et un programme de transmission complet T out d’abord, je crois que l’on peut se réjouir et se féliciter : l’état général de la communauté est bon et, personnellement j’en suis très heureux. Je suis content de voir que la communauté – c’est-à-dire principalement les pratiquants dans leur maturation – se développe bien. Il y a de bons signes, une bonne inspiration, de bonnes initiatives et je dirais que la communauté a atteint un âge adulte, mûr. Ce qui fait cette maturité est d’avoir maintenant en son sein une dynamique de transmission intégrale ; c’est-à-dire que l’ensemble de la transmission traditionnelle puisse être véritablement transmis dans un programme progressif avec ses volets d’étude et de pratique. Il demeure bien sûr beaucoup de choses à améliorer et il faut donc continuer avec énergie, mais maintenant le programme central existe. La transmission dans l’étude et la pratique C’est d’abord un premier cycle d’étude avec la réédition de La Voie du Bouddha en manuel d’étude et le programme associé. C’est ensuite le shédra avec ses neuf modules actuels et un Je souhaitais aussi évoquer les développements du sangha dans des contrées lointaines, qui ouvrent des réflexions essentielles sur la transmission. J’étais passé en Russie il y a quinze ans lors de trois voyages. Récemment des contacts ont été repris autour de Batyr, un étudiant et ami kalmouke qui avait reçu transmissions et enseignements lors de ces premières visites. Il nous a fait part de son souhait que nous amenions en Russie ce que nous avons développé en France, exprimant son appréciation pour l’approche de la Communauté Rimay dans son authenticité, sa profondeur et son organisation. Il y a aussi de bons développements du sangha en Inde où lama Mingyur continue d’aller régulièrement. À en croire ses prévisions il y aura bientôt plus de membres du sangha en Inde qu’en France… Pour servir le développement à l’international, nous envisageons aussi l’achat d’un terrain agrandissant le site d’Avalon qui permettrait d’établir un autre centre de retraite de trois ans, international, avec le tibétain et l’anglais comme langues internationales, et des traductions en chacune des langues des pratiquants. Norlha Rinpoché, l’aîné des héritiers spirituels de Kalu Rangjung Künchab, qui fonda plusieurs centres de retraite de trois ans en Inde et aux États-Unis, exprima son appréciation de l’œuvre accomplie par Denys Rinpoché lors de sa visite à Dashang Nigu Ling en 2010 : « Je voudrais partager avec vous le fait que je pense que vous avez énormément de chance et de bonne fortune d’être dans cet endroit, qui est pour moi la manifestation de la vision et de l’intention de Vajradhara Kalu Rangjung Künchab. En créant ce centre du Dharma dans ce magnifique environnement, avec son programme de pratique et d’étude, avec ses centres de retraite de trois ans pour des retraites de courte, moyenne et longue durée, Lama Denys Rinpoché a tout simplement réalisé les souhaits de Vajradhara Kalu Rangjung Künchab. C’est merveilleux pour moi de pouvoir voir tout cela et je me réjouis de cette grande vertu. » Assemblée générale 2011 troisième cycle d’étude approfondie en cours de constitution avec la traduction puis la transmission de L’Encyclopédie des connaissances, qui est notre référence traditionnelle et qui fait autorité. En termes de pratique, c’est la progression des retraites transmissions : l’entraînement spirituel, la pratique de Chenrézi comme cœur d’une pratique vajrayâna, puis les instructions Mahâmudrâ-Dzogchen dans une transmission rimay. Ces retraites transmissions peuvent être complétées de retraites SaVi, de dathüns et de retraites individuelles. Tout le programme des pratiques, dans sa complétude, est finalement résumé dans le cycle des transmissions Palden Dashang Rimay conféré au moment de la retraite de trois ans et pendant celle-ci. L’ensemble de ces volets d’étude et de pratique constitue une transmission complète. Elle est support nécessaire à une « réalisation complète », dont il ne faut pas se départir et qu’il convient de développer. Les centres de retraite au cœur de la transmission L’Institut Karma Ling : un centre de retraite ouvert La création et le dynamisme des centres de retraite nous paraissent en effet essentiels. La transmission de la voie du Bouddha est la transmission d’une expérience, et pour transmettre cette expérience la pratique est le vecteur, celle-ci se développe au quotidien mais aussi profondément en retraite. Les centres de retraite, qui sont l’occasion d’entrer dans le cœur et dans l’essence de la pratique, sont ainsi fondamentaux. C’est en leur sein que la lignée Shangpa fut transmise et la création de centres de retraite fut une activité prioritaire de Kalu Rangjung Künchab, et nous faisons de même à sa suite. La constitution de centres de retraite, avec les adaptations qui peuvent être nécessaires contextuellement, est la façon par excellence pour éveiller et former de bonnes personnes qui peuvent à leur tour aider d’autres personnes. C’est dans cette direction que nous souhaitons aller et avancer, elle nous semble être la meilleure façon de transmettre le Dharma et d’aider tout un chacun et tous les vivants le plus profondément et directement possible. Dans ce programme de transmission intégrale, l’Institut Karma Ling continue d’entrer dans le rythme et les modalités d’un « centre de retraite ouvert », niché dans l’écrin de l’écosite sacré d’Avalon qui lui-même participe pleinement d’une pratique profonde et essentielle du Dharma. La pratique du Dharma vise à réaliser la nature de son esprit. L’état naturel est l’état « de nature ». Le propos d’une écologie profonde est d’entrer en résonnance avec « notre nature ». Dans cet esprit, le développement de l’écosite se rapprochera de modèles anciens où il y avait, aussi bien en termes énergétiques qu’en termes alimentaires, une autosubsistance de proximité. Nous espérons ainsi pouvoir agrandir Avalon, acquérir des terrains, certains en fermage, pour développer une agriculture de moyenne montagne, à l’ancienne, et finalement amener localement un mode de vie dans le bonheur d’une simplicité choisie, la richesse d’une simplicité bienheureuse avec, comme le dit Pierre Rabhi, « la modération comme performance ». de la p. 1 aujourd’hui, est le plus grand centre kagyü du Tibet. C’est là que Kalu Rangjung Künchab (1904-1989) fit sa retraite de trois ans et reçut la totalité des transmissions Palden Shangpa de son lama source Drupwang Norbu Töndrup (1880-1954), un maître parfaitement accompli qui réalisa le corps d’arc-enciel. Ensuite, après des pérégrinations érémitiques en yogi solitaire, Kalu Rangjung Künchab, à la demande de son lama source, devint à son tour le drupön, maître des retraites, de Tsadra Rinchen Dra, pendant une douzaine d’années. Son renom de yogi réalisé le fit inviter dans le Tibet central et hors de celui-ci. Il inspira au Bhoutan, en Inde puis dans le monde entier des centres de retraite dont la fondation fut au cœur de son activité. C’est ainsi qu’il fut reconnu comme une émanation de l’activité éveillée de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé. En tout, Denys Rinpoché a ainsi enseigné et guidé six retraites de trois ans ; suivant ses instructions, l’ensemble des textes et commentaires de la retraite ont été traduits en français, certains ayant été versifiés dans une traduction chantable suivant les airs traditionnels. Ce travail est toujours en cours et s’affine de retraite en retraite. Ainsi depuis plus de 25 ans ont été formés de nombreux yogis occidentaux qui, pour ceux qui ont reçu l’accréditation de leur lama source, sont devenus lamas enseignants. C’est ainsi que la tradition yogique des Palden Shangpa Kagyü a pris naissance de façon autonome en Occident, suivant sa lignée Dashang qui procède de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé et Kalu Rangjung Künchab, et sa branche Rimay à la suite de Denys Rinpoché. Denys Rinpoché fut pendant vingt ans le disciple direct et un assistant personnel de Kalu Rangjung Künchab qui le désigna finalement comme l’un de ses héritiers spirituels et successeurs dans la transmission de sa lignée. En Inde au début des années 70, dans l’inspiration de son lama source, Denys Rinpoché demanda à Vajradhara Kalu Rangjung Künchab d'instaurer la tradition de la retraite de trois ans en Occident. C’est ainsi qu’allaient naître quelque temps après les premiers centres de retraite occidentaux à Dashang Kagyü Ling. Denys Rinpoché y accomplit en 1976 la retraite de trois ans sous la direction directe de Kalu Rangjung Künchab, avec l’accompagnement de Drupön Rinpoché, Lama Tenpa Gyamtso, l’un des principaux héritiers spirituels tibétains de Kalu Rangjung Künchab. Texte rédigé par le comité de rédaction de Garuda Ensuite, Kalu Rangjung Künchab ayant demandé à Denys Rinpoché de développer à Dashang Karma Ling un centre d’étude et de pratique, il souhaita dès que ce fut possible y établir des centres de retraites de trois ans. C’est ainsi qu’en 1984 les centres de retraite de Naro Ling et Nigu Ling furent construits dans les hauteurs de Karma Ling et que la première retraite de trois ans débuta en 1985. C’est à cette époque que Vajradhara Kalu Rangjung Künchab investit Denys Rinpoché comme Vajracharya détenteur de la lignée Palden Shangpa et de toutes ses transmissions, et qu’il lui confia l’instruction particulière de progressivement en transmettre la lignée dans l’expérience de l’union du Mahâmudrâ et du Dzogchen. À partir de 1985 les retraites vont s’y succéder sans interruption dans un cycle qui, incluant les préretraites, dure environ quatre années. Les retraitants de la première retraite (1985-1988) reçurent le Shangpa Chatsang, le cycle complet Palden Shangpa Kagyü, de Kalu Rangjung Künchab lui-même, au centre Dashang Kagyü Dzong à Paris. Les retraitants de la deuxième retraite (1989-1992) le reçurent à Dashang Kagyü Ling, au Temple des Mille Bouddhas, de Kyabjé Bokar Rinpoché. Lors de la troisième (1993-1997) et de la quatrième retraite (1997-2001), Denys Rinpoché donna lui-même les transmissions dans les centres de retraite au fur et à mesure des pratiques. Pour la cinquième retraite (2001-2006), Denys Rinpoché souhaita, pour renforcer le lien spirituel avec celui-ci, que Kyabjé Bokar Rinpoché donne à nouveau lui-même les transmissions. Un grand pèlerinage fut organisé en Inde avec plus de 35 retraitants pour recevoir le Palden Shangpa Chatsang à Mirik. C’était en 2001 et ce fut la dernière fois que celui-ci les donna avant son parinirvâna en 2004. En 2006, Denys Rinpoché conféra le cycle complet du Palden Shangpa Chatsang dans sa version Dashang Rimay, Mahâmudrâ-Dzogchen, aux retraitants de la sixième retraite (2006-2010) ; et aussi, pour la première fois, à tous les pratiquants anciens qui souhaitaient s’engager dans le programme modulaire de la retraite de trois ans. En 2010, le même cycle fut de nouveau transmis à l’occasion des préparations de la septième retraite de trois ans qui a commencé en mai dernier. Durant les deux dernières retraites Denys Rinpoché fut aidé dans la transmission des instructions par son disciple lama Chödrup qui a œuvré comme drupön assistant. 3 Motivation, doutes et aspiration… Quelques extraits des entretiens de Philippe avec trois des futurs retraitants. le chemin vers une retraite losum Chosum Assistant à la sortie de la sixième retraite, Philippe s’interroge sur le choix d’entrer en retraite de trois ans. Il décide d’y consacrer un film en suivant les pré-retraitants durant leur préparation. 30 mars 2010, sortie de la 6e retraite - Moi qui ne ferai jamais cette retraite pour plein de bonnes raisons, familiales et sociales, j’ai soudain envie d’aller plus loin dans ce mystère. Moi qui suis claustrophobe, il me faut raconter cette retraite, découvrir pourquoi on s’enferme trois ans de sa vie. Comment peut-on laisser une famille à la porte d’une aventure si longue ? Quel parcours de vie amène à un tel choix ? À quel moment reconnaît-on cette voie comme la sienne ? Qui sont les prochains ? Comment se préparent-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Fin août 2010 - Je pose ma caméra devant la Maison de la Sagesse. Les futurs retraitants sont tous là pour recevoir de Rinpoché l’ensemble des transmissions shangpas. Je me présente et présente mon projet. Mal à l’aise, je me demande si je ne viens pas voler un peu de leur intimité, perturber leur histoire, parasiter leur préparation. Mes premières interviews sont encourageantes. Je découvre des personnalités riches, vivantes, ouvertes et confiantes. 15 mai 2011, entrée de la 7e retraite - Devant les portes maintenant closes des centres de retraite, ce sont mes dernières images. Pour les retraitants, l’aventure commence. Pour moi, c’est la fin du partage, de ce temps de préparation que j’ai pu vivre à leurs côtés, témoin assidu, toujours à l’écoute et souvent invité au cœur de la vie du groupe. Ce plan sera le premier et le dernier de mon film. Il ouvre la question de la retraite et la referme sur le mystère de cette aventure. Seuls les retraitants peuvent la vivre et en faire la profonde expérience. Merci à Rinpoché, qui m’a ouvert toutes les portes de l’Institut et du Dharma. Merci à lama Chödrup, qui m’a guidé. Merci à chacun des retraitants de m’avoir si bien accepté et aidé. Fort de cette confiance, il me reste à relever le défi du montage de ces moments d’harmonie et de questionnement. Un film de cinquante deux minutes sera réalisé avec la participation d’un musicien du sangha. Une société de production qui croit au projet aidera à l’aboutissement, la distribution et la diffusion d’un DVD. Philippe Vernerey - Pourquoi fais-tu cette retraite ? -Heïke : ...ça c’est une bonne question ! J’ai déjà essayé de la formuler mais c’est très difficile pour moi de mettre des mots dessus. Je n’ai pas la motivation de « m’éveiller pour tous les vivants », ça me semble très artificiel ; mais en même temps quelque chose me pousse et me dit : c’est la chose à faire, là où je suis. On m’a souvent donné un conseil : regarder la situation pour voir si on va regretter de ne pas la faire. Du coup la question de la motivation se pose moins. La question est plutôt : lorsque j’aurai trente, quarante ou cinquante ans, ne vais-je pas regretter de n'avoir pas saisi cette chance qui ne se reproduira peut être plus. - As-tu encore des doutes ? - Thibaut : Bien sûr ! On a toujours des doutes, tous les jours on se dit : est- ce bien là qu’il faut que j’aille ? Et puis je quitte beaucoup de choses. Avec ma compagne, nous allons mettre toute notre histoire en pause sans savoir si on va se retrouver après. Mais il y a quelque chose qui est beaucoup plus fort que ça, c’est un peu indescriptible. C’est de sentir, certains appellent cela la petite voix intérieure, un élan vers quelque chose de plus grand, de plus fort que le reste. Ces doutes, il convient de les analyser, d’y répondre autant que possible, mais on ne pourra pas s’empêcher d’en avoir au moment de rentrer et d’en avoir longtemps encore, peut être jusqu’à la fin de la retraite. Doucement, ne surtout pas les refouler, mais les comprendre et voir que cette motivation qui nous entraîne les balaie. Il faut essayer, se lancer, sauter du plongeoir. - Quelle est ton aspiration ? - Juri : Celle de bien pratiquer. Le but est de s’approcher d’un état d’éveil et donc de liberté, de sagesse, d’amour et d’empathie. J’aimais bien ma vie d'avant, je n'ai pas fui quelque chose qui ne me plaisait pas. Mais je me suis aperçu que j’étais trop dispersé, que je n’arrivais pas à donner suffisamment de temps, d’énergie, d’attention à la pratique du Dharma. J’ai donc décidé d’y consacrer tout mon temps en faisant cette retraite de trois ans. J’ai grandi dans un milieu catholique qui m’a donné de bons repères. Puis j’ai pratiqué le yoga et les traditions orientales, l’hindouisme et le taoïsme. Mais quand j’ai rencontré le Dharma, j’ai découvert une qualité d’enseignement, une profondeur et surtout une santé que je n’avais jamais rencontrées auparavant. Par santé, je veux dire une démarche attentive à tout type de déviation. Au fil des ans j’ai apprécié de plus en plus la pratique du Dharma et je me suis dit qu’il valait la peine de s’y engager plus profondément. losum Chosum ...Suite Dathün d’hiver et retraite intensive de méditation E Rimay 4 n mars dernier, l’Institut a renoué avec la tradition du Dathün (littéralement « session d’un mois ») afin d’offrir le cadre idéal pour des retraites intensives de méditation Shamatha-Vipashyanâ. Pendant ces périodes intensives (huit heures de méditation quotidiennes), l’environnement et le programme sont conçus pour que l’esprit du pratiquant entre progressivement dans l’expérience profonde : le silence extérieur, l’alternance de périodes de méditation assise et de marches contemplatives, les yantras d’entrée dans la posture pour relaxer le corps et le souffle, de brefs moments de rappel des instructions, les repas en silence et des entretiens de méditation pour faire le point sur ses expériences. L’une des spécificités du Dathün fut le repas Oryoki le midi. Oryoki est une façon de vivre la présence sacrée au cours du repas, qui est d’habitude un moment d’agitation et de forte saisie. Ce rituel vient de la tradition zen japonaise et nous fait cultiver au cours du repas l’attention et la précision, fondements de la méditation. Une fois bien intégrés, les gestes deviennent automatiques et le rituel nous fait entrer dans un état de simplicité dans lequel l’esprit peut se détendre et véritablement apprécier le repas servi. Nous souhaitons améliorer le cadre des semaines Sa-Vi organisées tout au long de l’année dans ce même esprit en transposant autant que possible les différents éléments du Dathün. Cet été, un autre Dathün (dirigé par lama Ngétön, du 1er au 21 aout) sera organisé et des semaines de retraite sont programmées mensuellement. La participation à la totalité est à chaque fois requise. Faire une retraite, c’est prendre un moment de vacance (plutôt que de vacances) dans lequel on se met en retrait de ce qui d’habitude nous accapare, nous obnubile. La pratique consiste à laisser l’esprit reposer, décanter. Il est possible que des difficultés que l’on porte en soi remontent à la surface, mais dans cet espace d’ouverture et de non-saisie elles se libèrent. Cette décharge est, si l’on peut dire, une forme de thérapie fondamentale qui nous amène progressivement à découvrir et à goûter le bonheur d’un état de simplicité du mental. Lama Chödrup shédra " Étudier textes et sciences enlève le voile d’ignorance les nouveaux Méditer éclaire l’état fondamental tel qu’il est ". développements L’aspiration à Mahâmudrâ du collège d’étude L e contenu du collège d’étude continue d’être amélioré après avoir connu différentes étapes dans son élaboration à partir des enseignements donnés par Denys Rinpoché en 1992. C’est une œuvre de recherche, de traduction et de mise en forme qui, comme toute activité de transmission au sein du Sangha Rimay, vise à transposer dans notre langue et notre mentalité l’intelligence, la profondeur et la richesse de la tradition d’éveil telle qu’elle a été transmise jusqu’à nous. Cet hiver, durant un mois, Rinpoché a enseigné l’ensemble du cursus lors d’une session intensive qui a contribué à la préparation à la retraite de trois ans et a été l’occasion d’une révision de l’ensemble des cours (voir son introduction p. 5). Ceux-ci sont maintenant en cours de rédaction pour donner jour à une nouvelle version du contenu et du format de l’enseignement. Le cursus du Shédra est en relation avec la progression sur la voie proposée dans le Sangha Rimay : l’année A, comprenant les trois premières UV, correspond au niveau « Pratiquant » du mahâyâna ; les années B et C, comprenant les six UV suivantes, correspondent au niveau « Ancien », pratiquant du vajrayâna et de Mahâmudrâ-Dzogchen (voir le tableau publié dans la dernière édition de « La Voie du Bouddha », p. 340). Les nouvelles formules Julien, Benoît, Déborah, Miguel, Nathalie, Nolwenn, Angélique, Elie… et au centre, lama Samten La nouvelle année du programme d’étude et de pratique résidentiel de l’Université a commencé au début du mois d’avril. Une dizaine de nouveaux étudiants et réguliers motivés participent aux cours hebdomadaires tout en contribuant chacun au bon fonctionnement des activités d’accueil et de transmission de l’Institut. Réfléchir sur les instructions vainc l’obscurité des doutes. Le nouveau format des cours du Shédra sera accessible en octobre 2011 sous la forme d’un enseignement à distance complété de quatre week-ends de soutien en présence d'un enseignant, dans les sangha lokas de Lyon, Paris, Toulon et à l’Institut Karma Ling, suivis d’un week-end d’examen final. Pour faciliter ce nouveau départ, les formations actuelles 1, 2, et 3 par correspondance sont momentanément interrompues, exceptée la formation 4 (UV3) sur L’Ornement de la Libération qui reste accessible. Deux formules d’étude seront proposées : une formule « En classe et à distance » et une formule « Tout à distance » (en ligne et par courrier). Pour chacune de ces formules, il y a deux façons de suivre les cours : en « auditeur libre » avec les examens en option, ou « avec tutorat » et examens donnant lieu à l’obtention du diplôme du Shédra. Formule « En classe et à distance » Trois UV sont enseignées par année, les trois années A, B et C couvrant la totalité des neuf UV. L’année commence en octobre ou novembre et se compose d’une alternance de week-ends d’enseignement en classe et d’étude chez soi au moyen des cours à distance. Quatre week-ends en classe sont organisés dans l’année à l’Institut Karma Ling et dans les sangha lokas de Paris, Lyon et Toulon. Entre deux weekends, les étudiants travaillent les cours introduits pendant le dernier weekend. Ils notent toutes leurs questions et les rapportent à l’enseignant au début du week-end suivant. Le quatrième week-end est consacré à une synthèse de l’année et à la préparation aux examens. Pour ceux qui le souhaitent, un cinquième week-end est organisé à l’Institut Karma Ling pour le passage des examens. Ceux qui suivent « en classe » bénéficient aussi des cours « à distance » et des outils en ligne. Formule « Tout à distance » Il est possible de s’inscrire tout au long de l’année à toutes les UV, mais il est conseillé de suivre leur progression. Néanmoins les UV 1 à 6 sont accessibles dans n’importe quel ordre. En revanche les UV 7, 8, 9 sur le vajrayâna ne sont ouvertes qu’aux personnes ayant validé les six UV précédentes par les examens. Le matériel de cours peut être reçu soit par courrier, soit par internet. Dans la formule auditeur libre, l’étudiant travaille seul et à son rythme, sans le forum internet ni les cours en classe, et peut se présenter aux examens. Dans la formule avec tutorat, l’étudiant peut utiliser le forum internet, se joindre au quatrième week-end (consacré à la révision annuelle) organisé dans le cadre de la formule « en classe et à distance » et se présenter aux examens. Le week-end d’examen Les examens sont ouverts à toutes les personnes qui souhaitent valider une ou plusieurs UV, quelle que soit la formule choisie. Chaque UV est validée indépendamment. Lorsque les neuf UV sont validées, le diplôme du Shédra est remis à la fin du week-end. L’examen de chaque UV comporte deux parties : une partie écrite, sans document, portant sur les notions essentielles de l’UV ; et une partie orale comprenant des questions de cours et un exposé de dix minutes, après trente minutes de préparation, traitant d’un thème choisi dans une liste préétablie. Documents pédagogiques Tous les étudiants, quelle que soit la formule adoptée, bénéficient de l’ensemble des cours et du matériel pédagogique de chaque UV : guide d’étude, synopsis du cours, l’ensemble du cours rédigé, annexes, glossaires, cartes, bibliographie, accès au Buddha Wiki, auto-évaluations. Information et inscription : Chönyi (Elie Roux)-Université Rimay Coordination des cours du Shédra Hameau de Saint-Hugon 73110 Arvillard, France [email protected] 04 79 25 72 71 le shédra : un cycle d’étude dans une perspective yogique Retraite hivernale de la Voie du Bouddha Introduction de la session intensive de cet hiver par Denys Rinpoché L e Shédra est le cycle d’étude Rimay. Il se situe dans une perspective pratique et dans le contexte d’une transmission que l’on peut dire yogique. Il s’agit pour nous, dans le cadre du Shédra, d’avoir une compréhension générale et détaillée de la tradition du Bouddha, de bien comprendre pour bien entrer dans l’expérience. Les deux approches, étude et pratique, compréhension-expérience, s’entraident et se complètent sur la voie. Shédra signifie littéralement « collège d’étude » : « shé » est l’étude et « dra » le collège. Lorsque Vajradhara Rangjung Künchab a donné son nom à ce lieu, l’Institut Karma Ling, il l’a nommé « Karma Shédrup Chöling » : lieu d’étude et de pratique. C’est ainsi qu'au fil des années se sont développés le « drupdra », le cycle de pratique dont le cœur est la retraite de trois ans, et le « shédra ». Le modèle du Shédra est inspiré de la transmission de Vajradhara Kalu Rangjung Künchab et aussi du Vidyadhara Trungpa Rinpoché. Il est structuré à partir de L’Encyclopédie des connaissances traditionnelles, le Trésor de connaissance, de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé, qui se propose de réunir en un seul ouvrage, volumineux certes mais concis néanmoins, l’ensemble des connaissances traditionnelles, là aussi dans une perspective pratique. Neuf unités de valeur Le cursus d’étude du Shédra a neuf parties que l’on a nommées des unités de valeur. La première est l’introduction générale au Dharma, la nature de la transmission. La deuxième est l’histoire de la diffusion, comment le Dharma s’est diffusé dans le monde et particulièrement dans la tradition tibétaine. La troisième unité expose la progression, la voie progressive, le cheminement. La quatrième se nomme Dharma et Abhidharma, c’est-à-dire l’approche de la réalité et sa compréhension d’une façon générale. Et c’est dans la cinquième unité qu’on voit les différentes perspectives de cette réalité, les différentes perspectives philosophiques. Puis la sixième unité se nomme la Continuité absolue ou la Suprême Continuité. C’est un traité traditionnel d’Asanga, qui expose les fondements de la vision du Mahâmudrâ et du Dzogchen. Les trois dernières unités traitent spécifiquement du vajrayâna. La septième est une introduction générale au vajrayâna. La huitième aborde la voie des méthodes c’est-à-dire des moyens, des méthodes particulières du vajrayâna. Et la neuvième ou dernière unité, est la voie de l’immédiateté qui traite de Mahâmudrâ et Dzogchen. Une nouvelle version Ce cycle, je l’ai enseigné de nombreuses années, plusieurs fois, et les cours ont été transcrits. Ensuite il y a eu un travail qui a été fait en plusieurs strates. Le docteur Alain Grosrey a fait un travail et une mise en forme importants. Puis des lamas l’ont enseigné et en ont fait une refonte à partir d’instructions et de conseils que je leur avais donnés. Nous en sommes aujourd’hui à une version que je vais reprendre, dans la perspective d’une mise en forme si ce n’est finale, car rien n’est jamais tout à fait fini, du moins aboutie afin d’être bien utilisée dans un programme d’apprentissage accessible en ligne. Ce cycle d’étude est utile pour pouvoir bien situer sa compréhension du Dharma, avoir une vision globale et intégrer les éléments d’information que l’on peut avoir entendus ici et là et pour amener une cohérence intégrée et donner ainsi une culture générale, ou en tout cas une assise solide dans la compréhension du Dharma. C’est important pour les pratiquants, particulièrement pour les personnes qui œuvrent comme instructeur de méditation et instructeur du Dharma. Dans cette perspective de formation d’enseignants, des examens sont proposés pour s’assurer d’une bonne compréhension et d’une bonne intégration de celle-ci. www.buddhawiki.net le wiki du Bouddha B onne nouvelle pour tous les étudiants du Dharma : le Buddha Wiki, une base de données du Dharma consultable par tous les étudiants et enseignants du Dharma, vient d’être mis en place sur internet dans sa première version. Il offre pour l’instant deux grands espaces de consultation : le premier regroupe un ensemble d’ouvrages de référence et offre des outils de navigation dans les textes ; l’autre espace, plus spécifiquement dédié à ceux qui s’intéressent au tibétain et à la traduction, propose des outils de recherche dans des dictionnaires. Les ouvrages de référence accessibles à ce jour sont La Voie du Bouddha, le manuel d’étude de base de Rimay, et tous les articles des cinquante numéros de la revue Dharma publiés pendant une vingtaine d’années par les Éditions Rimay (ex Éditions Prajna). C’est une source d’information très riche qui est maintenant disponible en ligne et surtout dans laquelle il est désormais facile de rechercher l’information souhaitée. Les versions ultérieures seront enrichies par d’autres fonctionnalités et le contenu sera complété par d’autres ouvrages de référence comme L’Ornement de la Libération et bien d’autres. Lama Chödrup L’étude du tibétain est en option et un deuxième cycle se développera plus précisément ultérieurement fondé sur l’étude de l’Encyclopédie des connaissances traditionnelles dont la traduction en anglais et en français est en cours actuellement. Séminaire retr aite Chenrézi Du 19 au 25 août Chenrézi dans la saveur de Mahâmudrâ Dzogchen Chenrézi est l’expression de la grande compassion en l’ouverture de l’éveil. Cette compassion et cette ouverture sont les qualités même de la nature de la réalité, l’essence des enseignements du Mahâmudrâ comme du Dzogchen. Considérant la venue d’une délégation de Russie, Rinpoché sera présent durant ce séminaire pour donner les transmissions. Sangha Rimay 5 la retraite décennale de Denys Rinpoché En cette année 2011 Denys Rinpoché est en retraite décennale avec une partie de retraite personnelle et des participations à quelques événements importants, en particulier en réponse à des invitations pour des enseignements et des transmissions. Après l’enseignement complet du shédra et de « La Voie du Bouddha » cet hiver, Rinpoché a passé un mois en Russie en avril et mai et dirigé l’entrée en retraite de la septième retraite de trois ans le 15 mai. Rinpoché se rendra ensuite un mois aux États-Unis en juin et participera aux Kagyü Mönlams européens en juillet en Allemagne. Enfin il interviendra dans le cadre du séminaire retraite Chenrézi d’août en Avalon auquel participera une délégation russe. Denys Rinpoché Rimay dans le monde 6 en terres russes Le mot du Président de la Fédération Au moment où vous lisez cet article, l’Assemblée Générale annuelle 2011 aura eu lieu et permis aux anciens et représentants des sangha lokas de se rencontrer et de rassembler leur énergies pour construire ensemble et contribuer à ce que sera le bouddhisme européen aux couleurs françaises de demain. Nous les Français, qui avons les premiers veillé à la séparation de l’Église et de l’État dans une perspective de rationalité et de distinction entre la sphère publique et ce qui relève du privé, avons accueilli le bouddhisme dans une grande ouverture. Celui-ci, dans l’esprit de beaucoup, bénéficie d’un important crédit de confiance et de sympathie. Sans doute, cet à priori positif vient-il en partie de l’image de sérénité de la tradition du Bouddha, qui raisonne en nous naturellement, mais aussi à la combinaison de son fond spirituel authentique et de son caractère agnostique qui permet de la considérer comme laïque. Curieusement, et du fait de ce positionnement novateur, nous sommes reconnus par l’État comme une Congrégation au sens de la loi de 1905, donc comme une communauté religieuse, alors que sous maints aspects, l’approche du Dharma est celle d’une science, la science de l’esprit, et d’une médecine fondamentale, le Bouddha étant celui qui s’est éveillé à la nature absolue, le « Grand Médecin ». Rinpoché et les lamas qui l’assistent ne sont pas des « religieux » au service de Dieu, mais des instructeurs entraineurs vers l’éveil. Ils ont en eux le lien avec l’expérience et la transmission de la nature de l’esprit, et peuvent ainsi nous en faire bénéficier dans la mesure de notre ouverture et de notre engagement. Et la Fédération dans tout cela ? La Fédération et ses Sangha Lokas, associations loi de 1901, sont les vecteurs de transmission des enseignements et des pratiques de contemplation dans un esprit et une forme laïque. Ils sont le point d’ancrage qui permet d’accueillir chacun et d’offrir au plus grand nombre la possibilité de s’entrainer à discipliner son esprit vers son état naturellement bon, et ce audelà de toute connotation religieuse. Nos sangha lokas sont avant tout des cercles de pratiquants qui peuvent selon les circonstances se développer pour accueillir et accompagner nos concitoyens sur un chemin vers moins de souffrance. Ces quelques mots visent à encourager tous ceux qui participent avec leurs moyens au bon fonctionnement des sangha lokas et qui, pionniers aujourd’hui, transpirent parfois pour en accompagner l’effort d’ « organisation ». Cette organisation est la base pour assurer un bon fonctionnement pérenne de la transmission dans notre environnement quotidien. Les sangha lokas pourront ainsi accueillir de façon fluide les personnes intéressées par le Dharma, leur fournir le cadre de pratique adéquat, communiquer une bonne image de la Communauté, avoir une gestion saine et stable de leur administration et de leurs finances. Les sangha lokas, dans leur dynamique de pratique et d’étude du Dharma, sont ouverts sur le monde et doivent donner confiance aux personnes qui souhaitent connaitre la tradition, contribuant ainsi à la révolution des mentalités nécessaire pour construire une société éveillée. Que tout soit propice ! Jean Claude I l y a une quinzaine d’années, Denys Rinpoché effectua trois voyages en Russie. Il donna des transmissions et des enseignements à Moscou et Saint-Pétersbourg, visita la Kalmoukie et la Bouriatie, deux républiques restées dans le giron de la mère patrie russe. En avril dernier, Denys Rinpoché a renoué avec d’anciens contacts, en particulier avec lama Batyr Elistaev, de la région d’Elista, et le Pr Paribok, un émérite traducteur de Moscou. Cette rencontre a été facilitée par Goulia, d’origine russe, qui a retrouvé la piste des personnes et des organisations en contact avec Rinpoché dans le passé. Le 22 avril, Rinpoché, lama Mingyur et Goulia atterrissent tard dans la nuit à Moscou. A l’aéroport, un comité d’accueil les attend avec des amis kalmouks et deux africains : Jérôme, originaire du Mali, qui prendra pendant leur visite le nom de Jigmé, et Juvénal, un ami originaire du Burundi. En Kalmoukie, le Dharma reprend vigueur Après une courte nuit, Rinpoché et ses assistants reprennent l’avion pour Volgograd, et de là continuent en voiture avec Djangar, un kalmouk ex-champion de lutte, pour la ville d’Elista. Elista est la capitale de la Kalmoukie, une république de culture bouddhiste. Les kalmouks sont des mongols de l’ouest rattachés traditionnellement aux lignées tibétaines Sakya et Karma Kagyü, puis Gelugpa. Après une longue parenthèse due aux déportations staliniennes, le Dharma reprend petit à petit sa place. La Kalmoukie est un pays de steppe : un océan d’herbe où l’on voit les ombres des nuages se déplacer au loin et où les tulpans - petites tulipes rouges - fleurissent une fois l’an - juste à leur arrivée ! -. Là, dans l’espace immense, on peut croiser quelquefois des troupeaux de moutons ou de vaches dispersés, plus rarement de petites hordes de chevaux sauvages et une fois un chameau blanc. Initiations de Chenrézi et Mahâkalâ Blanc À Elista, Rinpoché est accueilli par lama Batyr Elistaev, qui a créé un petit centre du Dharma et possède un khurul - temple - dans la steppe, près d’un petit village. Rinpoché donne dans une salle d’Elista l’initiation de Chenrézi et une retraite de quelques jours. Ensuite, il visite le khurul et le terrain proche où lama Batyr a déjà fait faire les fondations d’un centre de retraite. Rinpoché donne l’initiation de Mahâkâla blanc devant tous les habitants des environs, qui donnent katas et offrandes d’une façon qui rappelle les manières tibétaines. Enseignement Mahâmudrâ Dzogchen à Moscou Puis c’est le départ vers Saint-Pétersbourg, beaucoup plus au nord, avec sur le chemin une journée à Moscou au grand Forum Dzogchen. Rinpoché rencontre Khyentsé Yeshi Namkhaï, le fils de Norbu Rinpoché, et aussi ce dernier brièvement avant son dernier enseignement au forum. Denys Rinpoché donne alors un court enseignement sur Mahâmudrâ-Dzogchen, qui sera très bien accueilli par les auditeurs. Il est traduit par le Professeur Paribok, un linguiste et ami de longue date. Initiation de Chenrézi à Saint-Pétersbourg A Saint-Pétersbourg, Rinpoché donne un enseignement public au datsan de Saint-Pétersbourg, un bel édifice de style russo-tibétain en grande partie restauré. Ensuite, quelque jours d’enseignement et une initiation de Chenrézi dans une salle de yoga dans les faubourgs de la ville. Puis c’est le retour à Moscou avec lama Batyr, pour un enseignement et une initiation dans une salle de la ville. De nombreux projets sont lancés ! Tout au long du séjour, au cours de réunions et des repas en communs, s’élaborent en peu de temps de nombreux projets : - la finition du centre de retraite, - une retraite de trois ans pour l’année prochaine, - la mise en place d’un éco-site et d’une coopérative, - la finalisation de la traduction de La Voie du Bouddha, - la venue d’une délégation russe pendant l’été prochain, - les visites futures de Rinpoché et de lama Mingyur, - le développement de trois sangha lokas. Finalement, des accords sont signés avec Jigméla et lama Batyr pour mettre en œuvre tout cela au sein de Rimay Russia. Les amis russes sont enchantés de cette visite qui a stimulé leur ardeur dans la réalisation de tous les bons projets du Dharma. Longue vie à Rimay Russia ! Lama Mingyur de 2009 à 2011 2009 : les premières retraites En janvier 2009, ont lieu dans le Tamil Nadu les deux premières retraites d’enseignement et de pratique, au cours desquelles une transmission sérieuse commence à voir le jour. Pendant l’hiver 2009 - 2010, cinq retraites sont menées par lama Mingyur. Deux cents personnes y participent, dont une centaine d’enfants et d’adolescents de 9 à 17 ans. Il est maintenant plus facile de discerner parmi eux ceux qui sont les plus motivés par le Dharma et souhaitent un réel rattachement au Sangha Rimay. Une quinzaine d’embryons de sangha loka s’organisent cette année-là. La traduction de La Voie du Bouddha est terminée et servira de support d’étude aux pratiquants. Activités récentes Pendant l’hiver 2010-2011, lama Mingyur dirige sept retraites dans le Tamil Nadu pour des adultes et des enfants parfois très jeunes. Avec Goulia, il se rend également à Auroville, près de Pondicherry, et y rencontre les pionniers qui firent reverdir un désert. Ils visitent également plusieurs lieux afin de trouver un terrain propice à l’établissement d’un centre du Dharma où pourront se dérouler les retraites et les transmissions. Green Bodhgaya for a green world 7 Rimay dans le monde Rimay India Merci aux donateurs ! Le Sangha Rimay prend donc racine en Inde et ses premières pousses voient le jour sous le soleil du Tamil Nadu. Le projet est de créer par la suite la même dynamique dans le nord, en particulier à Bodhgaya. Ces voyages et ces retraites ont été rendus possibles grâce au soutien financier du Sangha Rimay et de généreux donateurs ou sangha lokas européens. Les grandes plantations ont commencé ! S hri S.M. Raju a lancé les premières grandes plantations à Bodhgaya le 14 mai 2011, à quelques jours du Vésak, date de l’éveil du Bouddha. Ces plantations font suite à celles réalisées en 2009 et 2010 après les bénédictions d’arbres par S.S. le Dalaï Lama et S.S. le Karmapa. > Si vous souhaitez aider : - Par un don en ligne par carte bancaire : Connectez-vous sur www.india.rimay.net, et dans « attribution du don », choisissez : « La communauté dalit en Inde » ou « Rimay India ». Vous pouvez également envoyer un mail à [email protected] pour nous donner des précisions sur votre don si vous le souhaitez. Vous recevrez bien sûr un reçu fiscal avec nos remerciements. - Par un don par chèque : Veuillez rédiger le chèque à l’ordre de Sangha Rimay, en précisant au dos du chèque ou sur feuille séparée Rimay India. Vous recevrez également un reçu fiscal avec nos remerciements. Veuillez adresser vos courriers à : Lama Mingyour, Institut Karma Ling, 73110 Arvillard 04 79 25 78 21 / [email protected] Pour des questions particulières sur les dons, veuillez vous adresser à drupla Chosum : [email protected] - Par un prêt : Il est également possible d’aider le projet Rimay India grâce à des prêts. Ils peuvent servir au lancement de micro-crédits, ou de projets plus conséquents, tels que des internet-shops qui permettront aux ONG du réseau d’être financièrement indépendantes, et aussi à l’achat de terrain. Dans ce dernier cas, il est facile de rembourser le prêt grâce à la mise en culture d’une partie du terrain en le louant à un prix modique aux familles environnantes. Cette façon de faire leur permettra d’en tirer leur subsistance, de leur fournir un petit capital et aussi de rembourser le prêt en question. Participer à cette aventure a une portée et un sens profonds. L’Inde est confrontée à des problèmes majeurs qui risquent de s’accentuer dans un futur proche (surpopulation, hausse du prix des denrées alimentaires, diminution de l’eau potable, extrémisme religieux, etc.). Dans ce contexte, la réimplantation de la tradition du Dharma peut être une aide essentielle pour ces populations défavorisées. Elle est susceptible de leur apporter une éthique et un fond de spiritualité dont ils ont un immense besoin, ainsi que des modes de coopération et de partage en mesure d’assurer leur survie et leur futur développement humain. Longue vie à Rimay India ! lama mingyur L’objectif de Green Bodhgaya for a Green World est de reforester Bodhgaya en créant à partir du Grand Stûpa de l’éveil, le Mahabodhi Temple classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, une ceinture verte de cinq millions d’arbres qui changera le climat du lieu pour le bien de ses habitants et de nombreux pèlerins. Ce magnifique projet se réalise selon un modèle de reforestation sociale inventé par Shri Raju, haut fonctionnaire du gouvernement du Bihar qui avait œuvré précédemment pour le classement du Grand Stûpa et avec lequel coopère maintenant Green Bodhgaya for a Green World. Dans ce modèle, les grandes plantations s’appuient sur le « Mahatma Gandhi National Rural Employment Guarantee Act » (MNREGA), un programme national inspiré par l’exemple du Mahatma Gandhi qui garantit aux plus démunis cent jours de travail rémunéré par an. Ces populations travaillent ainsi pour amorcer un cercle de vie en plantant des arbres, essentiellement fruitiers, dont ils assurent la survie et dont ils ont finalement l’usufruit. Jacqueline Roche s’est rendue en Inde en mai dernier avec une équipe de tournage pour réaliser un film témoignant de cette méthodologie. Green Bodhgaya for a Green World est donc un projet multi facettes : écologique, éducatif, social et spirituel. Le souhait pour 2012 est que des graines soient consacrées durant les Mönlams, liant ainsi les prières des moines aux plantations, symboles des vœux pour le bien de tous les vivants. Desi Stefanova - Présidente de Green Bodhgaya (www.greenbodhgaya.org) 2 Dossier Les enseignements du Bouddha éclairent la nature de nos comportements individuels et collectifs, conduisant naturellement à remettre en question nos habitudes pathogènes en cherchant des solutions fondamentales au mal être sous toutes ses formes. Aujourd’hui notre civilisation moderne est en crise, une crise dont la dimension économique est un des principaux facteurs d’aggravation. Les solutions aux grands problèmes de notre époque, écologiques, géopolitiques et sociaux butent sur des problèmes économiques. 8 La Communauté Rimay propose une médiation sur le lien entre la spiritualité et l’économie. La spiritualité est ici entendue comme une éthique du vivant fondée sur les valeurs humaines universelles et leur application dans la société comme source de paix, de justice et d’harmonie. À l’occasion du « Forum économie et spiritualité » qui se tiendra en septembre, ce dossier présente une vision originale de l’économie qui met l’accent sur les ressorts émotionnels fondamentaux qui sont à la racine de la crise et propose des solutions globales et locales, personnelles et collectives dans la vie même des entreprises et des organisations. Économie Olivier Föllmi © &spiritualité Une approche bouddhiste de la crise économique E n 2009, à l’occasion de la grande fête annuelle du Vésak qui commémore, autour de la pleine lune du mois de mai, la naissance, l’éveil et le parinirvâna du Bouddha, Rinpoché fut invité à Bangkok pour contribuer à un symposium organisé sous les bons auspices des Nations Unies. Cet évènement prit place alors que le monde se trouvait au cœur de la dernière crise financière qui ébranla les certitudes en matière d’économie et mit ainsi en relief les incohérences et l’injustice du système, et finalement la démence aveugle de notre civilisation consumériste. Ce texte est une adaptation de la présentation donnée par Rinpoché proposant une vision limpide de la réalité de la situation et de vrais remèdes à une crise toujours d’actualité. L’article 1 de la constitution de l’UNESCO dit : « Les guerres naissant dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Ainsi nous vous proposons de considérer ceci : « La crise commençant dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que les solutions à la crise doivent être élaborées. » Suivant la méthode du Bouddha dans son premier enseignement, nous suivrons un schéma thérapeutique, établissant le diagnostic afin d’appliquer le remède adéquat. Considérons brièvement : la crise, l’origine de la crise, la cessation de la crise, la voie vers la cessation de la crise. Le désastre écologique est connu et a été bien exposé, notamment par les lauréats du prix Nobel de la paix : Al Gore et le groupe d’experts du GIEC, dans le film « Une vérité qui dérange ». Ici la présentation est plus axée sur la crise économique mais les deux sont étroitement liées. diennes ! Autrement dit, la spéculation, « l’argent faisant de l’argent », représente 90% de l’ensemble des échanges monétaires et l’économie vivante seulement pour 10%. Au-delà de l’utilisation « naturelle » de la monnaie pour les échanges, la spéculation financière est aujourd’hui une source incroyable de production d’énergie sociale artificielle. Il est pourtant évident que l’énergie sociale devrait reposer sur l’humain plutôt que sur l’argent ! Premièrement, envisageons le problème monétaire et financier : 90% des échanges économiques quotidiens sont spéculatifs. L’économie réelle compte seulement pour 10% des transactions mondiales quoti- Manipulations monétaires ou jeux d’argent, la spéculation est chrématistique. C’est une forme de vol ou de détournement d’énergie. C’est pourquoi une distinction claire devrait être faite entre économie et chréma- la crise : désastre écologique et crise financière En Occident, la notion de chrématistique vient d’Aristote et de ses héritiers en philosophie, le Christianisme et l’Islam. Du point de vue du Dharma, la chrématistique peut être considérée comme la source principale de l’énergie sociale égoïste dans le monde humain. La chrématistique est le domaine de l’avidité, de l’avidité spéculative. En bref, le Bouddha et Aristote, Orient et Occident, s’accordent facilement pour dire : la chrématistique ou spéculation – la création artificielle d’énergie monétaire utilisée par le mental égotique – est malsaine et non éthique alors que l’économie, entendue comme échanges interdépendants, est saine, éthique et constitue une part essentielle de la vie sociale. l’origine de la crise est une La crise financière et le désastre écologique procèdent de la même source : l’avidité humaine, la soif et l’appétit insatiable de l’ego (tanhâ en pali, trshna en sanskrit). L’avidité (tanhâ) a pris aujourd’hui la forme d’un monstre : le vampire financier. Le vampire financier est le leader mondial de la civilisation consumériste, le principal activateur des passions humaines qui suce le sang de la Terre-mère. C’est lui qui, par le désastre écologique, a (selon la formule de J. Lovelock) infecté la Terre d’une fièvre morbide qui demeurera des centaines de milliers d’années. En bref, la cause et la racine du désastre écologique et de la crise économique est l’A-VI-DI-TÉ. la cessation de la crise : comment arrêter ou réguler l’avidité du vampire égotique ? Nous avons besoin d’une stratégie de chasse au vampire financier. L’obscurité est à la lumière, ce que le vampire est à la vie ; ainsi comme l’ombre disparait dans la lumière, les vampires ne survivent pas à la lumière du jour. Faisons donc toute la lumière sur le vampire. Démasquons le vampire financier et provoquons le rejet de son iniquité. Ceci est une stratégie non violente d’assassinat du vampire qui consiste à dissiper « l’obscurité » semblable aux illusions et passions. L’avidité, l’énergie du vampire, la passion source de la crise, est une maladie procédant de la saisie égotique. Elle peut être soignée. Ceci est l’enseignement du Bouddha. L’avidité sous contrôle La cessation ou réduction de l’avidité est la cessation ou réduction de la crise, le retour à un état de santé libre d’avidité ou d’avidité sous contrôle. Ceci est particulièrement important aujourd’hui bien que l’avidité n’ait jamais cessé depuis que les humains existent. Cependant aujourd’hui, avec les techno-sciences, la globalisation de la communication et le marché boursier, cette énergie avide est amplifiée au point d’être omniprésente, une présence envahissante de dimension planétaire. Pourtant, le rétablissement de la santé est possible, la planète nous y invite et peut nous accueillir tous, sans spéculation ni chrématistique. Nous avons besoin de régulation pour stopper la chrématistique, nous avons besoin de puissantes lois in- ternationales. L’avidité devrait être régulée par la loi comme toutes les passions humaines. La loi doit contrôler l’argent et non le contraire ! Nous avons besoin de taxes sur les transactions, particulièrement celles à court terme, afin de stopper la spéculation. La spéculation financière doit désormais ne plus être source de profits. Nous pouvons stopper la spéculation par des lois et des taxes. Yes we can ! De nouvelles normes Utilisons aussi de nouvelles normes : calculons le profit non pas seulement en termes d’argent, mais aussi en termes de bonheur, santé et bien-être, en termes d’harmonie non égoïste. Par exemple nous pourrions considérer le Bonheur National Brut comme prioritaire sur le Produit National Brut, substituer le BNB au PNB. La qualité de la vie est plus importante que la quantité d’argent. Cette réalité conduit à l’éthique du bonheur de la simplicité volontaire. Allocution de Denys Rinpoché à Bangkok en 2009 condamnées par les Nations Unies. Nous avons besoin d’un « Taux d’intérêt légal maximum » global et mondial fixé par l’ONU. Les paradis fiscaux devraient être des zones hors-la-loi bannies de l’économie mondiale. Afin de mettre en place un tel programme, nous avons besoin d’une police financière mondiale sous contrôle de l’ONU sans laquelle rien ne pourra être accompli. “La crise financière et le désastre écologique procèdent de la même source : l’avidité humaine, la soif et l’appétit insatiable de l’ego.” Ceci est l’enjeu principal d’une vraie solution à la crise. la voie ou la méthode pour sortir de la crise Les remèdes à la crise sont locaux et globaux, personnels et mondiaux. Les méthodes, familières aux pratiquants du Dharma, sont : l’éthique, l’expérience directe ou naturelle (contemplation) et la compréhension de l’interdépendance. > L’éthique Elle est résumée dans la Règle d’Or : « Respecte autrui comme toi-même, considère tes semblables comme toimême. » Rappelle-toi que la main droite est l’amie de la main gauche. Ceci est l’éthique de la vie, empathique et nonviolente. Globalement, nous devons établir une éthique de la vie comme une défense contre l’avidité, la chrématistique et toutes ses pollutions létales dérivées. Pour préciser ceci, une éthique de la vie globale libre de chrématistique, il est nécessaire de distinguer l’économie de la chrématistique, et particulièrement les emprunts coopératifs de la spéculation ou le prêt de l’usure. De bons emprunts coopératifs avec rétribution ne sont pas de la chrématistique ! Une régulation financière globale Mais nous avons avant tout besoin de régulation financière globale sous le contrôle des Nations Unies, de règles strictes, établies et appliquées sous l’égide de l’ONU, limitant les capacités de l’avidité égotique. Nous devrions aussi limiter l’accumulation d’argent, limiter la somme d’argent qu’une seule personne peut posséder, « qui que ce soit » et « de quelque façon que ce soit ». Pour réguler la finance, stopper ou limiter la spéculation et le vice chrématistique, nous avons besoin d’une Super Taxe Tobin (STT). En bref, l’ONU devrait assurer une gouvernance financière globale mettant la spéculation hors-la-loi. L’usure spéculative et la chrématistique devraient être L’éthique au niveau local et personnel Après les mesures globales considérons l’éthique au niveau local et personnel. Les problèmes sont d’abord des problèmes individuels. Il s’agit de réduire sa propre avidité, c’est-à-dire apprendre le bonheur de la simplicité volontaire. L’action sur soi-même et l’action sur le monde vont de pair. « Essaye d’être le changement que tu voudrais voir advenir dans le monde » dit le Mahatma Gandhi. « La responsabilité n’est pas seulement celle des dirigeants de nos pays ou celle de ceux qui ont été élus à une fonction particulière. Elle repose en chacun de nous individuellement. » dit le Dalaï Lama. Cultiver le bonheur de la simplicité volontaire signifie plus de bonheur, moins de souffrance et une meilleure qualité de vie avec moins de consommation d’énergie et moins de pollution. Nous pouvons réduire notre consommation d’énergie en changeant nos habitudes alimentaires en mangeant végétarien, bio et de proximité ; nos habitudes domestiques en réduisant le chauffage et les autres énergies de consommation ; nos habitudes de voyage en évitant l’avion et les véhicules à forte consommation. > La contemplation La contemplation est la thérapie fondamentale. C’est le remède le plus puissant pour changer notre esprit et notre vie. C’est une cure de désintoxication pour soigner de l’intoxication de l’ego. La contemplation est l’entrainement pour développer un bon ego, un ego altruiste, et pour se libérer de soi-même. La contemplation est le principal remède aux désordres de l’ego. C’est un merveilleux régime de l’ego, une purification de l’ego 100% naturelle et biologique ! La méditation s’applique aussi dans la vie quotidienne en pratiquant la consommation attentive. C’est-à-dire acheter avec discernement des produits éthiques provenant du commerce équitable non spéculatif et peu polluant ; ne manger que des aliments biologiques et éthiques, végétariens et de proximité et boycotter les produits provenant de pays qui ne respectent pas les résolutions de l’ONU. C’est une façon de voter en achetant et de se rappeler que le prix réel d’un produit est le prix du marché + le prix éthique + le coût de la pollution. > l’interdépendance Comprendre l’interdépendance c’est expérimenter la solution de l’ego, la réalité au-delà de la saisie de l’ego et de ses passions. L’interdépendance est coopération plutôt que compétition. Elle apporte bonté empathique et bien-être. les trois entraînements comme solution Au niveau de notre responsabilité globale, l’économie est éthique, la spéculation n’est pas éthique, suivons Bouddha et Aristote. Au niveau de notre responsabilité individuelle, il est impossible de changer le monde sans changer ses habitants. Changer soi-même est un enjeu spirituel personnel. C’est ma responsabilité personnelle. Si l’on ne change pas sa mentalité, peu importe le changement extérieur, le mental et ses passions reconstruiront les structures passionnelles fondées sur l’avidité. C’est pourquoi la solution au désastre et à la crise est une vie éthique et spirituelle qui se résume en trois entrainements : - l’entrainement à l’éthique personnelle et globale, une éthique de la vie dans la nonviolence et la simplicité ; - l’entrainement à la contemplation : moins de saisie égotique et de passions, plus de présence d’esprit et d’empathie ; - l’entrainement à la compréhension de la réalité de l’interdépendance de la nature et du bonheur. Sarva Mangalam, que tout soit propice ! Denys Rinpoché Texte adapté par lama Lhündrup à partir de la présentation donnée par Denys Rinpoché à l’occasion du « 6e United Nations Day Vesak (B.E. 2552) », Bangkok, 3-7 mai 2009. 9 Économie et spiritualité tistique. La chrématistique est « money making money » ou spéculation, alors que l’économie est coopération, échange, commerce de biens et de services. ...Suite Olivier Föllmi © Principes d’une économie bouddhiste vénérable p. a. payutto Forum Économie et spiritualité L'approche spirituelle de l'économie S i nous nous mettons à débattre avec honnêteté de l’économie, nous devons admettre que les facteurs émotionnels – la peur et le désir et l’irrationalité qu’ils génèrent – ont une puissante influence sur les marchés. Les décisions économiques – décisions sur la production, la consommation et la distribution – sont prises par des personnes dans leur lutte pour survivre et prospérer. Pour la plus grande partie, ces décisions sont motivées par une envie émotionnelle d’auto-préservation. Il n’y a rien de mauvais en soi dans la peur et l’irrationnel ; ils sont des conditions naturelles qui viennent avec l’être humain. Cependant, malheureusement, la peur et le désir nous mènent aux pires excès économiques. Les forces de l’avidité, de l’exploitation et de la surconsommation semblent avoir submergé nos économies lors des dernières décennies. Nos sociétés matérialistes nous offrent peu d’autres choix que d’exploiter et se faire concurrence pour la survie dans notre monde actuel sans pitié. Mais en même temps, il est évident que ces forces portent atteinte à nos sociétés et ravagent l’environnement. Face à de tels problèmes, la science économique adopte une approche rationnelle. Le travail des économistes est de débattre sur des modèles parfaitement bien raisonnés pour aider la société à s’élever au dessus de la peur, de l’avidité et de la haine. Rarement, cependant, les économistes examinent la question de base de la peur et des besoins émotionnels de sécurité qui guident les êtres humains. Par conséquent, leurs modèles théoriques restent des solutions rationnelles à des problèmes largement irrationnels, et leurs idéaux économiques ne peuvent exister réellement que dans les livres. Un peu d’idéalisme ne fait certainement pas de mal, par contre il y a un danger dans les approches purement rationnelles. Au pire, elles sont utilisées pour rendre rationnelles nos réponses les plus basiques, les plus motivées par la peur, et la question de la survie. […] Quand le rationalisme se voile la face sur l’aspect irrationnel, les pulsions cachées ont d’autant plus tendance à voiler notre raison. L’ouvrage […] adopte une approche différente – une approche spirituelle. En conséquence, il ne se plonge pas dans les méandres techniques de l’économie. Il examine plutôt les peurs fondamentales, les désirs et les émotions qui motivent nos activités économiques. De toutes les traditions spirituelles, le bouddhisme est le mieux armé pour procéder à cette analyse. […] Les enseignements bouddhistes offrent un aperçu profond de la psychologie du désir et des forces qui motivent l’activité économique. Ces aperçus peuvent amener une conscience personnelle libératrice qui dissout lentement la confusion entre ce qui est véritablement nuisible et ce qui est bénéfique dans la production et la consommation. Cette conscience est à terme le fondement d’une éthique adulte. Les vraies décisions rationnelles doivent être basées sur une compréhension des forces irrationnelles qui nous constituent. Quand nous comprenons la nature du désir, nous voyons qu’il ne peut être satisfait par toutes les richesses du monde. Quand nous comprenons l’universalité de la peur, nous trouvons la compassion naturelle pour tous les êtres. De plus, l’approche spirituelle de l’économie, nous mène non pas à des modèles et des théories, mais aux forces vitales qui peuvent être vraiment bénéfiques à notre monde – comme la sagesse, la compassion et la modération. En d’autres termes, l’approche spirituelle doit être vécue. Cela ne veut pas dire que nous devons tous nous convertir au bouddhisme et renoncer à la science économique, car de manière plus large, les deux se supportent mutuellement. En fait, il n’est pas besoin d’être bouddhiste ou économiste pour pratiquer l’économie bouddhiste. Il suffit de simplement reconnaître la tendance commune qui sous-tend la vie et rechercher un mode d'existence en accord avec la manière dont les choses sont réellement. » Éc nomie & spiritualité Altr uisme plutôt qu’avidité “Il n’est pas besoin d’être bouddhiste ou économiste pour pratiquer l’économie bouddhiste. Il suffit de simplement reconnaître la tendance commune qui sous-tend la vie et rechercher un mode d'existence en accord avec la manière dont les choses sont réellement.” Traduit du thaï par Dhammavijaya, Bruce Evans et Jourdan Arenson, puis de l’anglais en français par Randröl (Eric Le Gal). Vous pourrez trouver l’ensemble de la traduction en français du livre sur le site de l’Université Rimay Nalanda (www.universite.rimay.net). www.economiespiritualite.rimay.net 10 10, 11 septembre 2011 Institut Karma Ling / Savoie > Samedi matin : Constat, la démence du système économique Présentation chiffrée des grands déséquilibres économiques, sociologiques et écologiques de la planète : la bulle spéculative, la pauvreté, les famines, le changement climatique, etc. > Samedi après-midi : L’origine de la crise La racine d’un système fondé sur la surconsommation et le profit financier est l’avidité. Quels sont les ressorts de l’avidité personnelle et collective ? > Samedi soir : Spectacle dialogue « Qu’avons-nous à apprendre des sociétés traditionnelle ? », chants occitans, musiques actuelles, etc. > Dimanche matin : Le remède à la crise Le remède à l’avidité est double : la modération et l’altruisme. Quelle est la nature d’une éthique du vivant et quelles règles pour retrouver le bonheur et la plénitude dans la simplicité ? > Dimanche après-midi : Une économie saine, écologique et solidaire Quel modèle pour une transition globale et locale ? De nombreuses personnalités représentant les initiatives de la société civile et des traditions spirituelles viennent partager leur savoir et leur expérience : religieux, économistes, consultants, entrepreneurs de sensibilité humaniste, chrétienne, juive, musulmane, bouddhiste, etc. Autres sources intéressantes disponibles en ligne : L’origine de « l’économie bouddhiste » « L’un des premiers à intégrer les enseignements du Bouddha dans l’économie (et bien sûr à utiliser l’expression « économie bouddhiste ») fut E. F. Schumacher dans son livre Small is Beautiful. Dans cet essai sur l’économie bouddhiste, M. Schumacher s’intéresse aux enseignements du Bouddha sur le Noble Sentier Octuple pour construire sa démonstration. Il affirme que la présence du facteur des moyens d’existence justes dans le Noble Sentier Octuple, ou dit autrement du mode de vie bouddhiste, montre la nécessité d’une économie bouddhiste. > Le système d’économie bouddhiste, chap. 4 du livre Small is Beautiful de E.F. Schumacher : www.schumachersociety.org/pdf/buddhist_ economics/french_small.pdf > De la croissance dans une économie bouddhiste, de Jeffrey D. Sachs (Columbia University et conseiller spécial à l’ONU) : www.project-syndicate.org/commentary/ sachs169/French > Serge-Christophe Kolm, économiste bouddhiste, Le Monde Dimanche, 23 octobre 1983 www.goetzkluge.de/EconomisteBouddhiste. pdf Cette rencontre a pour but de contribuer à la diffusion d’un message d’intelligence et de solidarité dans notre environnement. Pour aider à sa bonne et large communication n’hésitez pas à diffuser le lien du site dédié à la rencontre : www.economiespiritualite.rimay.net et la plaquette sous forme numérique ou papier. 3 E n Ava l on 11 2010 fut une année charnière pour le Domaine d’Avalon, que Rinpoché présentait volontiers comme une entrée dans l’âge adulte après un premier cycle de trente ans. Cette année fut marquée par un programme de transmission et de rencontres très riche, des investissements exceptionnels pour le Sangha et la transition entre les sixième et septième retraites Losum Chosum. Grâce à l’investissement et à la générosité des pratiquants et des bienfaiteurs, cette année fut des plus auspicieuses et un nouveau cycle peut aujourd’hui commencer sur les meilleures bases. L’Institut Karma Ling, un centre de retraite ouvert D ans l’inspiration de Rinpoché, l’identité de l’Institut se dessine aujourd’hui comme un centre de retraite ouvert au sein d’un écosite sacré. C'est un lieu dédié aux retraites, d’étude et de pratique, et ouvert à tous pour un week end, pour une semaine… ou pour des années. Pour asseoir cette vision, une attention particulière continuera d’être apportée à la qualité des programmes de retraite et de transmission, ainsi qu’à la qualité de vie des personnes, qu’elles soient de passage ou en résidence. L’écosite se propose d’offrir à chacun la possibilité de découvrir, ou redécouvrir, les points cruciaux d’un vivre ensemble harmonieux (l’énergie, les déchets, l’alimentation, l’agriculture, la construction…) et de proposer des prescriptions à vivre en Avalon et à ramener à sa convenance chez soi. C’est un projet encore embryonnaire, malgré déjà des réalisations encourageantes mais d’une portée essentielle. Son propos est de vivre l’éthique et le vinaya dans le contexte moderne : à la lumière de la contemplation, apprendre à vivre en harmonie avec ce qui est (la « nature » ou le « Dharma »). Les grands projets pour 2011 Dans cette vision à long terme, de nombreux projets pédagogiques, d’aménagement et économiques commencent à se concrétiser. > En termes de pédagogie, l’objectif est d’avoir pour chacun des champs d’activités de l’écosite (énergie, déchets…) de brefs documents présentant la problématique globale, les solutions proposées en Avalon, et ce qu’il est possible de faire chez soi. Ces documents seront disponibles et leur contenu intégré à un parcours pédagogique sur site qui servira de base aux visites guidées et aux dimanches découvertes. > En termes d’aménagement, les principaux projets immobiliers sont : La rénovation intérieure et extérieure du Grand Stûpa et la finition du Khangtsi Stûpa. > Budget : 10 300€. La finition de la décoration, des peintures et de l’éclairage de la Maison de la Sagesse, complétée de la construction d’un local technique à proximité comprenant une chaudière, un espace de stockage et des toilettes. > Budget : 70 000€. Le lancement de l’aménagement du domaine forestier, avec le nettoyage des coupes et la création d’une trentaine d’aires de contemplation reliées par des sentiers. > Budget : 14 000€. les besoins humains en Avalon S i vous souhaitez participer activement au développement du Domaine d'Avalon, en assumant une responsabilité sur une longue période. La création du grand accueil qui comprendra l’étanchéification et l’assainissement de la cave nord, puis l’agrandissement, l’isolation et l’aménagement du hall d’entrée actuel pour créer un véritable hall d’accueil. > Budget : 38 000€. Plusieurs charges sont à pourvoir : > la direction financière du Sangha Rimay, > la direction de l'Institut Karma Ling, > l'accueil > la cuisine. L’étude d’un chauffage central au bois pour toute la Chartreuse et pour Déwachen est terminée depuis fin mars 2011. Une unité de production sera installée dans le local électrique actuel et sera alimentée avec du bois déchiqueté, stocké dans un silo à moitié enterré à proximité. Des synergies avec la commune d’Arvillard sont à l’étude pour la fourniture du bois. Ce projet très important sera en grande partie autofinancé par un emprunt bancaire remboursé grâce aux économies réalisées sur le coût de l’énergie. > Budget : 266 000€. Une aide, quelle que soit sa durée, est aussi toujours bienvenue dans tous les domaines : PAO, potager, service technique, montage video, ménage, espaces verts, forêts. Les personnes assumant une responsabilité à long terme peuvent être prises en charge par la communauté. Les personnes venant ponctuellement s’acquittent de frais quotidiens à prix coûtant (10€/jour). Cependant, la dimension financière ne doit pas être un obstacle insurmontable et, si elle pose problème, nous vous remercions de nous en informer pour trouver la meilleure solution. Depuis fin 2010, Utpala accueille les enfants pendant que leurs parents participent aux sessions. Un projet de lieu dédié d’une surface de 50m² est en cours d’étude. > Budget : 38 000€. Un important travail de rénovation des hébergements a été réalisé, en particulier à Déwachen et dans les centres de retraites.Il est nécessaire de le continuer chaque année, en y intégrant les chalets en bois qui vieillissent. > Budget annuel : 9 000€. > En termes économiques, le fonctionnement courant de l’Institut est aujourd’hui équilibré et les investissements de l’an passé ont été financés. L’objectif pour 2011 est bien sûr de maintenir cet équilibre, mais la réalisation des projets d’aménagement repose aujourd’hui entièrement sur le don, l’Institut ayant vu sa capacité d’investissement fondre en 2010 ! Si vous souhaitez participer à leur réalisation, par un don financier ou de temps, n’hésitez pas à vous reporter au bulletin Dana joint et, si vous le souhaitez, à demander les détails des projets et des coûts prévus en vous adressant directement à la direction de l’Institut. Au-delà de ces projets d’investissement, 2011 sera aussi marquée par la rencontre Économie et Spiritualité. Ce sera une opportunité pour l’Institut d’initier une réflexion de fond sur son modèle économique. Cette réflexion pourra aboutir à développer un modèle autre que la vente et l’achat de « produits » en adéquation avec notre réalité. En effet, l’Institut Karma Ling est la propriété collective de l’ensemble des membres de la Communauté Rimay, le propos serait d’arriver à des processus d’échanges fondés sur le don et la participation, reflet de cette réalité. Dans le Dharma Lama Wangchuk Contact : [email protected] ; 04 79 25 72 93 Ateliers Rimay E n 2010, d’importants travaux ont contribué à l’embellissement du domaine. Le département des Arts, qui est en charge de la décoration du site d’Avalon et de ses édifices manque encore de ressources pour œuvrer dans les meilleures conditions. > Peut-être avez-vous dans vos placards divers outillages que vous n’utilisez plus : pinceaux fins ou brosses de toutes tailles, machine à coudre, tour de potier, perceuse/visseuse, ponceuse, scie sauteuse, ou tout autre matériel de travail du bois, ainsi que divers matériaux consommables (plâtre, peinture, pigments...) ? Ils pourraient faire le bonheur du département des Arts ! > Votre aide sous forme de dons ou de savoir-faire sont toujours les bienvenus, quelles que soient vos disponibilités. En vous remerciant d’avance pour toute participation, puisse le domaine d’Avalon s’embellir grâce à vous... Lama Zangmo (04 79 25 72 34/[email protected]) et drupla Yéshé ([email protected]) Et du côté potager?... Quelques extraits d’un entretien en cinq points avec drupla Déchen réalisé par drupla Gyaltsen. Vous pourrez trouver l’entretien complet sur www.rimay.net, rubrique « Écosite ». > L’espace : Quelle est la superficie actuelle du potager ? Aujourd’hui quelques 3000 m2. Environ 600 m2 supplémentaires sont destinés à la production de pommes de terre pour répondre aux souhaits de Denys Rinpoché d’augmenter la consommation de ce légume cultivé sur place et de diminuer d’autant la consommation de riz qui vient de loin et nécessite du transport. Il s’agit pour chacun d’apprendre à se contenter de ce que la terre nous offre généreusement afin d’être le plus cohérent possible avec notre discours. Rimay Diffusion 12 Une procure pour les pratiquants > La terre : l’application d’engrais se fait en automne et au printemps. Qu’il y a-t-il de prévu ce printemps ? Nous n’utilisons pas d’engrais chimiques mais nous allons expérimenter les purins de plantes. Nous nourrissons la terre avec du fumier de cheval, du compost végétal offert par la commune de la Rochette et le compost que nous produisons ici en Avalon. Pour le verger, un mélange à base de lombric compost est incorporé dans la terre au pied de l’arbre fruitier et tout autour de lui pour que les racines puissent s’en nourrir. Nous terminons l’opération par un paillage afin de préserver une certaine humidité. > L’eau : en Avalon, la nature est généreuse en eau de qualité. Comment le jardin est-il arrosé ? Nous captons l’eau dans le torrent situé non loin du potager. La cuve située à l’entrée reste toujours remplie ; chauffée naturellement au soleil, cette eau agresse moins les jeunes plants quand nous les arrosons. Cet hiver, la boutique de l’Institut Karma Ling a été agrandie et complètement rénovée. La prochaine étape dans le développement des activités commerciales du Sangha sera la création de « Rimay Diffusion », une structure autonome en charge des activités commerciales du Sangha, dans un partenariat direct et éthique avec des artisans locaux en Inde et au Népal, choisis pour la qualité de leur travaux. Premiers essais de traction animale au potager d'Avalon C ette création répond au souhait de rendre disponible plus largement les enseignements de Rinpoché et d’offrir aux pratiquants des supports d’étude et de pratique de qualité. Le cœur du catalogue sera consitué : — des supports de transmission des Editions Rimay (livres, CD, DVD, manuels, traductions…) — du nécessaire pour pratiquer chez soi (coussins, vêtements de pratique, autel, statues, thangkas, objets et instruments rituels). Cette offre principale sera complétée d’une librairie proposant des ouvrages sélectionnés et présentés de façon pédagogique (classement, fiches, conseils de lectures), et d’un département « arts et artisanats himalayens » (meubles, vêtements, décorations, bijoux). Pour mener à terme ce projet, autour de drupla Parchin et de Chökyi, Sydney coordonne le projet, Élie s’occupe du site de la boutique en ligne, lama Zangmo et drupla Jéma sont reparties en ce début d’années deux mois au Népal pour établir des partenariats et constituer un premier stock, alors que lama Mingyur tisse des liens avec les Dalits (les personnes de la caste des « intouchables ») en Inde du Sud pour vendre leurs produits, ce qui pourra à terme leur permettre à la fois d’avoir reconnaissance et activité stable. Le lancement du nouveau site internet de la boutique en ligne, ainsi qu’un nouveau voyage au Népal sont prévus pour la fin de l’automne et la création de la structure administrative à proprement parler débutera en 2012. Si vous avez des suggestions et remarques sur ce projet, merci de nous en faire part via le site actuel de la boutique ou le questionnaire disponible dans les sangha lokas et à la boutique de l’Institut. Lama Wangchuk > La pédagogie : quels sont les programmes estivaux ? Outre la possibilité de participer aux activités dans le cadre du Réseau Sangha tout au long de l'année, se tiendra du 27 au 28 août un stage avec Marc Grollimund sur les plantes médicinales dans la cuisine. Ce stage nous tient particulièrement à cœur, à la fois de par la qualité de Marc Grollimund, agro-écologue, botaniste et conseiller de l'écosite, que par le choix du thème qui introduit parfaitement le lien entre cultures et diététique. > Les cultures : y a-t-il de nouvelles variétés de légumes pour cette année ? Nous allons tester un début de production de concombres et de cornichons en serre. De nouvelles variétés de choux comme les choux de Bruxelles, les choux de Chine, les choux raves verts ou violets vont être mis en terre à partir du début du mois de mai. Nous allons tester les petits pois et réessayer le soja. Cette année les fraises seront à l’honneur mais pour ce qui est des groseilles, des framboises et des cassis, il faudra encore patienter un peu car nous les avons plantés seulement l’année passée. Un projet de jardin aromatique est encore en gestation mais ne demande qu’à germer. > Un lieu d’apprentissage et de convivialité : parmi les propositions ayant émergé du forum Ecologie et spiritualité de 2004, il y avait le projet d’amener les enfants à la nature. Que peuton en dire aujourd’hui ? Les Éclaireurs de la Nature investissent l’espace du potager et ses environs chaque année. Au mois d’octobre, la récolte des pommes de terre s’est réalisée avec leur compagnie dynamique. C’était un moment très convivial et très joyeux. Cette année, ils ont investi un petit espace à quelques mètres du jardin pour y construire une belle cabane en bois bien solide. Pour eux, c’est un bel espace d’apprentissage. > Le don : le potager suscite t-il des dons divers ? Des gentillesses, oui c’est certain ! Il y a tout un petit monde qui nous soutient. Par exemple, Jeanne et Philippe du jardin d’Aluna, à Goncelin, nous ont aidés à planter 200 fraisiers, puis ils nous ont offert 25 pieds de petits fruits rouges. Jeanne nous a proposé de faire des commandes groupées de légumes. Circée et son ami, de La Rochette, nous ont offert quelques iris, un pied de glycine, trois petits pieds de châtaigner et des fraisiers. Du petit matériel de jardinage nous a été apporté par un habitant d’Allevard, suite à notre annonce sur le site internet. Serge nous a fait don d’une serre de 4x5 m. Si elle s’avère efficace ici nous investirons dans l’achat d’une plus grande grâce à Hélène qui nous a déjà fait un don important pour cela. Catherine nous a offert quatre sacs de lombric compost pour le verger et cent plants de tomates nous ont été donnés récemment par Bastien, notre ami maraîcher qui monte le projet de ferme bio. Nous recevons plutôt des dons en nature. Des dons en argent – il y en a peu – permettraient de soutenir les formations nécessaires au développement et à la bonne gestion du potager et du verger. Du blé au pain « Super, tu pourras nous faire du pain » m’avait dit lama Lhündrup sur le ton de la plaisanterie lors d’une discussion autour de mon projet d’étude à l’Université ; c’était à l’automne dernier devant le four à pain. Je venais de quitter mon emploi de boulangère chez un agriculteur de Provence pour m’installer tout près d’Avalon. J’avais ri moi aussi, c’était un vieux four mais il m’avait tapé dans l’œil ! Une ferme biologique pour nourrir Avalon Projet mené par Bastien Isabelle Dans la stratégie à long terme du développement de l’écosite d’Avalon figure la création d’une ferme. Pourquoi un tel projet et qu’en est-il au printemps 2011 ? Vivre en écosite, c’est aussi réfléchir à ce que l’on mange et d’où ça vient. Nous sommes consommateurs de produits biologiques. Aller au-delà commence avec le potager, bio, local et de saison. Mais il n’apporte qu’un dixième de notre consommation en valeur. Comment aller plus loin ? Dans cette perspective d’expansion le projet d’écosite est appelé à se développer avec des produits cultivés localement. Avalons bio, local et de saison ! Passer de l’achat à la production, c’est aussi faire du domaine un lieu d’inspiration, de participation et de pédagogie du lien à la terre. En ce printemps 2011, nous sommes passés de l’idée au projet. Celui-ci est aujourd’hui défini sur trois ans et vise à assurer une autonomie alimentaire d’environ 60% des cinquante mille repas annuels de l’Institut. En même temps, la ferme pourra faire bénéficier les environs de sa production avec la mise en place d’une vente directe. Nous sommes actuellement à la recherche de terres, environ neuf hectares. Faire du pain, oui, mais un pain vivant, un pain qui a du sens, un pain qui réunit. - Un pain qui rassemble les hommes autour du feu, pour se réchauffer en hiver ou lors des défournements, attirés par les odeurs tentatrices des miches dorées. - Un pain qui crée du lien en partageant la magie d’une fabrication avec les résidents, les enfants et les curieux en tous genres. - Un pain qui respecte l’environnement en utilisant une farine issue de variétés anciennes de blé adaptées aux conditions de nos pays de montagne et cultivées en bio. Quand j’ai rencontré Bastien et le projet de culture de céréales j’ai tout de suite été motivée par la mise en place d’une activité de boulangerie. Semer une graine, l’accompagner jusqu’à son épanouissement, la cueillir, la transformer en farine puis en pain pour qu’elle nous accompagne à son tour. « Nous sommes ce que nous mangeons » nous disait lama Wangchuk lors d’un enseignement. Partir de la graine et aller jusqu’au pain c’est établir une relation intime avec le vivant et laisser vivre à travers nous la poésie des éléments qui nous entourent. Cette ferme aura vocation à produire « biologique »... Oui, bien sûr. Dans une vision globale d’agro-écologie, il s’agit de produire en s’inspirant au plus près, au mieux, des fonctionnements naturels. Par exemple, nous pouvons tout à fait cultiver des légumes et des céréales sans être obligés de labourer, mais en nous appuyant sur l’activité des êtres vivants du sol (racines, vers de terre, champignons, bactéries, etc.) Dans cette approche, on peut faire du bio tout en travaillant moins le sol et donc consommer moins d’énergie fossile. Puisque nous disposons d’un four de cuisson, peut-on d’ores et déjà envisager la culture de céréales, du blé par exemple, qui permettrait la confection de pain ? C’est prévu. D’autant plus que le pain représente la première dépense alimentaire en Avalon. La fabrication de pain va même démarrer avant la ferme, grâce à la venue de Nathalie qui a une expérience en panification de blé paysan. Il n’y a pas de véritable ferme sans la présence d’animaux. Qu’est-ce qui peut être envisagé dès à présent ? Je reste sur deux expériences agricoles, l’une de trois ans en vaches laitières, l’autre de quatre ans en brebis et chèvres. Mais si l’on élève des animaux sur la ferme, par exemple si on prend cinq vaches laitières, elles feront cinq veaux par an. Qu’en fait-on ? Les consommet-on en Avalon ? Non. On peut faire fonctionner la ferme et le cycle des éléments sans forcement passer par l’animal. Pour faire court, plutôt que des éléments ingérés sous forme végétale par l’animal et restitués au sol sous forme de déjections, on peut directement utiliser du végétal pour nourrir en éléments les plantes cultivées. Dans le cadre des visites guidées du domaine d’Avalon, une question récurrente concerne la vente de produits fabriqués, comme ceux de certains centres monastiques chrétiens. Que pourrions-nous produire et vendre ? Une gamme d’aliments transformés destinés au commerce, les circuits restant à imaginer : boutiques de l’Institut ou de sangha lokas, vente directe aux consommateurs, etc. Une gamme de confitures, compotes, soupes, jus et nectars de fruits qui pourra être complétée par la production issue de la moyenne montagne, plantes aromatiques et médicinales, biscuits par exemple. La première étape de la réalisation du projet passe par une « perle » à trouver et à acheter... La « perle », ce sont de bonnes terres proches et libres à court terme. Une ferme paraît aujourd’hui séduisante et fait actuellement l’objet de discussions. Vous pourrez trouver l’entretien complet réalisé par drupla Gyaltsen sur www.rimay.net, rubrique « Ecosite ». Alors vivement le projet agricole, vivement les récoltes de céréales pour nous régaler d’un pain rayonnant de vie et de santé. Pour l’instant nous achetons la farine à Alain Pommart, un paysan qui cultive d’anciennes variétés de blé en biodynamie. La boulangerie a déjà le plaisir d ’a c c u e i l l i r u n e a p p r e nt i e particulièrement douée, Déborah, avec qui je partage la magie du pain. C’est donc très prochainement qu’il y aura deux boulangères en Avalon. Hormis sa dimension éthique, cette production permettra une importante économie financière. C’est une façon, en ajoutant un peu de levain à la pâte, de participer humblement à l’activité du Dharma. Nathalie, étudiante et boulangère. * Un paysan boulanger est une personne qui va de la culture du blé jusqu’à la panification. 13 Ecosite d’Avalon Cette histoire de pain, de blé, de soleil a commencé pour moi dans un lieu un peu similaire à Avalon, un lieu de pierre aussi, dans un autre désert. C’est dans un monastère maronite, au cœur du désert syrien, que j’ai rencontré pour la première fois des paysans boulangers* et c’est de cette rencontre qu’est née l’envie de faire du pain. C’est là-bas que j’ai fait mon premier levain et pétri ma première pâte. Alors, d’un désert à l’autre, ce pain qui ne cesse de s’inviter aurait-il un enseignement à offrir ? Haïkus 4 “ Vie sacrée Les activités en folie ! Ensemble se libérer Une fenêtre Bouclier transparent reflétant la vérité Le monde est recouvert de fleurs mais enseveli de poussière Enlever cette couche ! Autour de son mur blanc se cachent des vœux Les cloches sonnent Le vent les caresse Drapeaux magiques 14 Sessions Jeunes „ J’entends l’eau couler Le chien court après un bâton Les fleurs poussent Jardin du souvenir Les ados à la rencontre du Bouddha Ê tre adolescent requiert des qualités analogues à celles qui sont développées dans la voie spirituelle. Pour trouver sa place dans un corps d’adulte, dans une société adulte et dans une vie d’adulte, il faut beaucoup d’attention, de perspicacité et de patience, qualités qui sont également déployées dans une voie spirituelle. Dans un monde où consommation et avidité sont érigées en valeurs, comment les ados peuvent-ils relever sereinement les défis qui s’offrent à eux ? Choix moraux personnels, prise de conscience de sa propre conscience, changements corporels révélant la vérité de l’impermanence, interrogation métaphysique quant aux rapports entre la vie et la mort, vie sexuelle qui se développe. Pour tous ces défis, l’éthique, les méthodes et la sagesse de la voie du Bouddha offrent l’enracinement propice à un plein épanouissement. Pratiquer la pleine conscience, réfléchir au sens de l’impermanence et des quatre nobles réalités, intégrer l’octuple sentier sont les graines d’une vie adulte, riche et pleine de sens. > Témoignages de fin de session : « Le jeu de go est apaisant et permet de se concentrer, chose que j’ai du mal à faire. » « J’ai trouvé intéressant de savoir que Bouddha était une personne comme nous et que donc tout le monde peut arriver à un stade de sagesse. » « Les haïkus détendent, cela me donne l’idée de les utiliser quand je me sentirai mal. » « Je vous remercie de nous avoir transmis votre savoir et vos connaissances, ce qui m’aidera à avancer dans la vie, à m’apaiser et à prendre du recul sur mes souffrances. » > Les prochaines sessions : - Camp d’été pour les 18-25 ans : du 20 au 26 août - Retraite pour les 14-17 ans : du 31 octobre au 2 novembre Vie sacrée Utpala continue Pour favoriser l’intégration et respecter les rythmes de chacun, les sessions proposent des alternances d’activités variées : découverte d’instruments de musique, pratique de yogas, d’arts martiaux, écriture de haïku, introduction aux cartes mentales, balades et initiation au jeu de go, entrecoupent les sessions de pratique et de causeries sur la voie du Bouddha. Depuis fin octobre 2010, Utpala accueille des enfants de 3 à 11 ans et propose des activités nature, comme la création d’un mandala avec des éléments du paysage ou la fabrication d’un herbier, des activités créatives et ludiques telles que le théâtre, les ateliers d’écriture, la sculpture en terre ou bien d’autres encore. Durant leur temps libre, les enfants peuvent écouter de belles histoires, créer dans le coin travaux manuels, construire avec des jeux en bois ou encore tester les jeux de société coopératifs – dans lesquels on ne gagne ou on ne perd que tous ensemble. Quelques échos de la session des 27 au 29 avril 2011 qui a réuni 7 ados de 14 à 17 ans • Comment apprendre à accorder moins d’importance à l’image que notre entourage a de nous ? Chaque journée contient aussi un temps spirituel d’une demiheure : yoga adapté aux enfants, relaxation et lecture de contes tibétains ou de l’histoire du Bouddha. Un conseil en cercle est organisé en fin de journée pour faire un bilan et régler les problèmes éventuels. À quatre heures, un goûter bio est pris en commun. L’accueil des enfants au sein d’Utpala a repris début avril avec le printemps. Un lieu spécifique dédié aux enfants est en projet (voir p.11). Enfin, tout don de matériel en bon état (jeux, livres, tapis, couvertures, etc.) sera reçu avec joie. • Comment parvenir à être soi-même, à s’amuser sans ressentir de honte ou de gêne ? Fanny Khandro 04 79 25 63 20 - [email protected] > Questions d’ados : • Pourquoi avons-nous tendance à nous enfermer dans la souffrance et à y trouver une forme de complaisance ? La vie est jalonnée d’étapes importantes que les traditions ont toujours célébrées par des rites de passages permettant de leur donner un caractère sacré. En 2010, quelques cérémonies de mariage, d’entrée dans la vie (baptêmes) et funéraires ont été célébrées à l’Institut Karma Ling. > Pour les personnes intéressées, vous pouvez contacter lama Chödrup : [email protected] Célébration du marriage de Tükjé Öser et Dhawa Namdag EDLN Les Éclaireurs de la Nature Dharma & scoutisme P eut être avez-vous déjà croisé un éclaireur lors de l’une de vos venues à Karma Ling ? Depuis maintenant trois ans le mouvement des scouts bouddhistes (les Éclaireurs de la Nature), fondé à l’initiative de Denys Rinpoché, continue son développement. Cet été cinq camps d’été seront organisés. En particulier les pionniers (1416 ans) auront la chance unique de participer cet été en Suède au Jamboree, le grand rassemblement scout mondial qui a lieu une fois tous les quatre ans, rassemblant plus de 35 000 scouts venant de 160 pays ! Parallèlement l’activité des groupes locaux se développe, avec notamment Nice, Chambéry et Grenoble qui furent parmi les premiers à se constituer. D’autres sont en gestation. Nous remarquons aujourd’hui de façon de plus en plus évidente comment la méthode scoute se révèle appropriée pour transmettre aux jeunes les valeurs humaines fondamentales enseignées par le Bouddha. > Le scoutisme Le scoutisme définit trois piliers fondamentaux de sa méthode : le principe spirituel comme moyen de donner à la vie tout son sens ; le principe social comme moyen d’aller à la rencontre de l’autre ; et le principe personnel comme outil de réalisation de soi. Le but est de permettre à chacun, en développant tous les aspects de sa personnalité, d’agir pour son bien et celui d’autrui. L’épanouissement du jeune dans le scoutisme passe par l’apprentissage de l’autonomie, de la solidarité, de la responsabilité et de l’engagement. La pleine nature reste un des lieux privilégiés pour la mise en pratique de sa pédagogie. En particulier les camps d’été sont l’aboutissement d’une année de vie scoute. Ils constituent le cadre idéal pour l’apprentissage de la vie en groupe, du respect de la nature et de la découverte d’un bonheur non fondé sur la consommation. Les adultes qui encadrent les jeunes sont formés et partagent l’idéal et les valeurs du mouvement. Ils soutiennent les jeunes dans leur développement, mais c’est avant tout le jeune qui apprend dans son expérience : apprendre en faisant est le fond de la méthode scoute. bouddhisme. D’une façon générale, l’un comme l’autre mettent l’accent sur l’apprentissage dans l’expérience. Les scouts bouddhistes fondent leur pédagogie autour des trois apprentissages fondamentaux de la voie du Bouddha : l’éthique (Shila), l’expérience (Samadhi), la compréhension (Prajnâ). L’éthique est l’apprentissage d’une vie saine fondée sur la non-violence, le respect de la vie sous toutes ses formes et la bonté. C’est la découverte de l’harmonie tant au niveau individuel qu’au niveau relationnel et avec l’environnement. Cette discipline de bonté trouve en particulier son terrain d’apprentissage dans la dynamique de groupe et le contact avec la nature, caractéristiques de la pédagogie scoute. L’expérience contemplative est l’apprentissage d’une relation au monde plus directe, plus sensorielle, moins conditionnée par les blocages et les saisies habituels du mental. La compréhension est l’apprentissage de notions fondamentales permettant de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons : l’impermanence, la causalité, la bonté comme source du bonheur, la connaissance de soi, etc. Ces trois apprentissages sont la base du projet pédagogique des EDLN et se développent progressivement aux travers de méthodes adaptées au quatre tranches d’âge du mouvement (des Voyageurs 8-11 ans aux Compagnons 17-18 ans). Ces trois apprentissages et l’ouverture à une dimension spirituelle sont mis en œuvre au travers de certains éléments clés de la pédagogie scoute : - Les éléments symboliques (insignes, blasons, cérémonies, etc.) permettent d’établir un premier contact avec une dimension sacrée du monde. - Les « temps spirituels » constituent un court moment quotidien dédié à la découverte de l’expérience de présence. Une à deux fois par camp, une rencontre-échange est organisée avec les jeunes sur différentes thématiques permettant de mieux comprendre le monde qui nous entoure. - Le rituel de la promesse et l’éthique associée, caractéristiques du scoutisme, expriment la vision éthique et introduisent au sens de l’engagement et de la responsabilité. - La dimension collective du groupe donne le cadre pour l’apprentissage d’une vie en communauté fondée sur le respect et la solidarité. Apprendre à dépasser les attitudes égocentriques habituelles pour découvrir dans sa vie le bonheur et pour pouvoir devenir bénéfique à notre société et à notre monde. Le pouvoir thérapeutique de l’art du guerrier Rencontre Bouddhisme & arts martiaux 15 Conférences et ateliers pratiques > Réservation et inscription : 04 79 25 78 00 / [email protected] Ate l iers Arts 2011 :: peinture de thangka :: Intervenant: Tharphen Lingtsang > 25-31 juillet :: calligraphie tibétaine :: Intervenant: Lungtok Choktsang > 24-25 septembre :: peinture à l’encre et calligraphie chinoise Intervenant: Isabelle Baticle > Organisation du scoutisme Le scoutisme est né au début du XXe siècle. Mouvement d’éducation populaire, il s’adresse à tous sans distinction de sexe, d’origine ou de religion. Il est le plus grand mouvement de jeunesse du monde. En France, le scoutisme est organisé au sein de la Fédération du Scoutisme français, qui comporte cinq associations. L’une est le mouvement scout laïc, sans confession religieuse. Les quatre autres associations représentent les grandes religions catholique, protestante, juive et musulmane. Les Éclaireurs de la Nature ont été crées pour devenir la représentation du scoutisme bouddhiste de France. Ils sont membres de l’UBF (Union Bouddhiste de France) et sont les représentants en France de la World Buddhist Scout Brotherhood (Confrérie mondiale du scoutisme bouddhiste), dont le siège est en Thaïlande. Par ailleurs, les Éclaireurs de la Nature sont soutenus par un comité de parrainage composé de personnalités importantes issues du monde bouddhiste, écologique, artistique et scout. 2 et 3 juillet 2011 > 1er-3 juillet :: kado, la voie des fleurs :: Intervenant: May Isler > 16-17 juillet :: gravure sur pierre :: Intervenant: Cristof Héritier Vous pouvez vous aussi participer à cette belle aventure, que ce soit en fondant un groupe local, en participant à un camp d’été (il existe des séminaires de formation) ou simplement en faisant connaître les EDLN autour de vous. N’hésitez pas à contacter le secrétariat général pour toute information complémentaire : Mathieu Vernet : 09 75 68 88 68 [email protected], www.edln.org > Bouddhisme et scoutisme Lama Chödrup - Vice-Président des EDLN La question qui se pose alors est : comment les valeurs éthiques et spirituelles universelles du Dharma peuventelles être transmises aux jeunes d’une façon ouverte et sans dogmatisme dans le cadre de la méthode scoute ? Il y a un rapprochement naturel entre scoutisme et > Dates des camps d’été : - Camp des Voyageurs 8-11 ans, du 17 au 24 juillet - Camp des Vaillants 12-15 ans, du 3 au 15 juillet > 30 juin - 3 juillet > 26-28 août :: namkha training :: Intervenant: Liane Gräf > 29 septembre - 2 octobre :: land art :: le langage de la nature Intervenant: Maurizio Russo > 22-24 juillet > Renseignements : [email protected] 04 79 25 72 34 > Inscriptions : 04 79 25 78 00 Grands évènements R ingu Tülku R inpoché Transmission du Trésor des connaissances du 5 au 10 août Parmi l’immense étendue du canon et des écritures bouddhistes, le Trésor des connaissances (ou Encyclopédie du Dharma) condense toute la richesse et la variété de la tradition du Bouddha telle qu’elle s’est développée au fil de son histoire. Composé au XIXe siècle par Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé (1813-1899), Kyabjé Kalu Rinpoché disait à son propos : de nos jours, nous avons peu de temps pour étudier les vastes et profonds enseignements du Bouddha et s’il n’en était qu’un seul à étudier qui les résume tous, ce serait le Trésor des Connaissances. Ringu Tülku Rinpoché, grand spécialiste de l’Encyclopédie, nous fera d’abord découvrir cette œuvre magistrale dans son ensemble, puis abordera dans le détail le premier chapitre sur la cosmologie traditionnelle. Ringu Tülku Rinpoché a étudié dans toutes les écoles du bouddhisme tibétain, avec certains des plus éminents grands maîtres dont Dilgo Khyentsé Rinpoché et le XVIe Gyalwang Karmapa, dont il a reçu le titre de Khempo* . Il enseigne aujourd’hui le bouddhisme et la méditation dans de nombreuses universités, instituts et centres du Dharma en Europe, aux USA, au Canada, en Australie et en Asie. Les r etr a ites M a h â mu dr â-Dzogch en Cette année les retraites transmissions Mahâmudrâ-Dzogchen sont consacrées à la pratique et à la révision des instructions déjà reçues. Initiées pendant l’année de retraite de Rinpoché, elles répondent aux souhaits émis par les pratiquants et permettent d’accomplir chaque niveau sur deux années, alternant retraites de transmission et approfondissement de la pratique. > Introduction aux préliminaires du 4 au 10 juillet > Retraite de mahâmudrâ du 11 au 12 juillet > Retraite Dzogchen -dzogchen 1 : 23 - 31 juillet / dzogchen 2 et 3 : 11 - 21 août Les sém i na i r es-t r a nsm issions > Introduction à la Voie du Bouddha du 11 au 17 juillet / du 5 au 11 août / du 22 au 28 octobre Ce séminaire permet une découverte des principes fondamentaux de la voie du Bouddha : la réalité de « l’existence cyclique », de ses racines, de son audelà et de la voie de libération, voie d’ouverture et de bienveillance. > Lojong l’entraînement de l’esprit du 18 au 24 juillet …ou comment intégrer l’enseignement du Bouddha dans sa vie, « là où l’on est ». Cet enseignement en sept points et cinquante neuf maximes, aussi vaste que concis, nous guide de façon très concrète et pragmatique sur la voie de l’ouverture aux autres et de la découverte de notre propre nature. > Chenrézi pratique de l’Immense Compassion du 19 au 25 août Chenrézi est le bouddha d’amour et de compassion. Sa simplicité n’a d’égale que sa profondeur. *Khempo est le titre donné à un moine qui, après avoir étudié durant neuf années la philosophie bouddhiste, a atteint un grand niveau de connaissance, mais aussi de discipline et de bienveillance. > Le Joyau Magique de Jé Gampopa du 12 au 18 août Le Joyau Magique ou Précieux Ornement de la Libération, est l’un des plus célèbres textes de la tradition Kagyü. Composé par le Seigneur Gampopa, ce traité, à la confluence des traditions yogiques et monastiques, s’adresse aux pratiquants et offre une présentation complète du mahâyâna et des méthodes pour entrer en sa vastitude. La ma Gyurmé Rinpoché Introduction au Nyungné du 28 au 30 octobre Nous aurons le plaisir et l’honneur d’accueillir cette année Lama Gyurmé Rinpoché pour la transmission de la pratique de Nyungné. Le Nyungné est une pratique de jeûne liée à l’aspect de Chenrézi à onze visages et mille bras. Cette pratique associe tous les aspects du Dharma des trois véhicules : l’observance des vœux de conduite éthique du hînayâna, l’entraînement à l’amour et à la compassion du mahâyâna, et la mise en œuvre des moyens habiles et profonds du vajrayâna. Un nyungné dure deux jours, dont un jour de jeûne complet y compris de boissons. Il est dit que cette pratique est un moyen de purification extrêmement puissant et qu’en l’accomplissant correctement, ne serait-ce qu’une seule fois, l’on est assuré de ne pas renaître dans les états d’existences inférieurs et de progresser rapidement sur le chemin de l’Éveil. Les retr a ites collecti v es Les retraites collectives complètent les sessions d’enseignements et de transmissions. > Dathün d’été Shamatha-vipashyanâ du 1er au 21 août, au centre de retraite Tarchin Ling, places limitées, sous conditions > Retraite de Contemplation Shamatha-vipashyanâ du 11 au 17 juillet / du 18 au 24 juillet / du 12 au 16 septembre / du 1 au 7 octobre / du 14 au 20 novembre > Retraite Lojong l’apprentissage spirituel du 5 au 11 septembre I n v i t a t i o n : Philippe Cornu la vision des états intermédiaires GARUDA – ISSN 1961-3318 Journal bisannuel du SANGHA RIMAY Directeur de publication : Gilles Pitette (Künga) Comité de rédaction : Lama Chödrup, Lama Lhündrup, Lama Wangchuk, Lama Mingyur, Lama Wangmo, Drupla Gyaltsen, Drupla Déchen, Drupla Yéshé, Kunga, Philippe Vernerey, Jean-Claude Perrin, Dési, Fanny, Nathalie. PAO : Lama Sengué, Lama Zangmo. SANGHA RIMAY — www.rimay.net UNIVERSITE RIMAY — www.universite.rimay.net INSTITUT KARMA LING Domaine d’Avalon Hameau de Saint Hugon 73110 Arvillard [email protected] 04 79 25 78 00 Imprimé sur papier recyclé avec des encres végétales Imprimerie Couleur Montagne 73292 La Motte Servolex www.rimay.net Les 26 et 27 novembre (attention : dates modifiées) Philippe Cornu enseigne à l’INALCO (Langues O’) et à l’Université de Louvain. Il est traducteur de tibétain et auteur de nombreux ouvrages dont le Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme. Il viendra enseigner à partir de sa traduction du Bardo Tödröl, ou Livre des morts tibétain. Ce séminaire sera l’occasion de découvrir dans le détail les origines et le contenu de la vision des états intermédiaires et la façon dont cette transmission a donné naissance à un cycle d’enseignement consacré à la préparation de la mort et aux états post mortem.