Les habitants des roches Avec le massif des Calanques, les rivages déchiquetés des vieux massifs des Maures et de l'Estérel, la région possède une extrême richesse en côtes rocheuses représentant plus de la moitié du littoral de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Faune et 11 Rocheux, oui mais encore ? La différence entre un bloc rocheux et un grain de sable n'est en apparence qu'une question de taille. Pourtant, elle entraîne des différences de stabilité capitales. La roche, les grands blocs et les pierres supérieures à 20 cm sont stables et, de ce fait, permettent aux organismes fixés de les recouvrir. Roches calcaires (massif des Calanques), granites ou porphyres rouges (massif de l'Estérel), sculptés par l'érosion, voilà autant de supports et d'abris pour l'établissement de communautés variées. flore associées s'y développent avec leurs multiples facettes et leurs Émersion ou immersion couleurs inégalées... En se penchant sur les premiers rochers du littoral, on observe une zone sèche, rude, seulement touchée par Ligie les embruns marins et habitée par des animaux et végétaux qui ne tolèrent pas une immersion prolongée. La végétation se limite à des espèces ancrées dans des micro-cavités de la roche. Il s'agit de cyanobactéries*. Leur pigmentation gris-brun à vert-cendré est responsable de la teinte globale de cet étage, si ce n'est pas le mazout…. Si pauvre soit-elle, Littorine cette végétation est accompagnée d'animaux caractéristiques. On y trouve la littorine, des petits crustacés comme le ligie ou la chthamale, des crabes aventureux comme le crabe marbré et, en saison chaude, de nombreuses petites Chthamales mouches tout à fait typiques du bord de mer. Mode calme ou mode battu Patelle L'étage médiolittoral inférieur correspond à la zone de balancement moyen des vagues et des marées, c'est-à-dire une zone immergée et émergée à cadence régulière. Il existe plusieurs stratégies pour faire face au courant violent en mode battu. Anémone verte Home sweet home… La patelle choisi définitivement un emplacement sur un rocher. Quand elle s’éloigne pour se nourrir, elle y revient toujours. La première tactique est celle des patelles ou chapeaux chinois, gastéropodes broutant les cyanobactéries et des chthamales ou balanes qui se nourrissent de particules transportées par le ressac*. Elle consiste à offrir le moins possible de prise aux vagues en adaptant la forme de leur coquille à celle de la roche. Un peu moins exposées aux fortes vagues, dans des cuvettes littorales, les anémones vertes ont choisi la tactique de moindre résistance : la souplesse de leurs tentacules leur évite d'être arrachées par la houle. Pour les tomates de mer ou actinies, anémones de couleur rouge vif, peu de résistance non plus puisqu'elles possèdent une texture souple aussi fragile que celle de la tomate. Certaines algues de mode battu sont au contraire rigides pour résister aux agressions du courant : c'est le cas de l'algue rouge encroûtante, le lithophyllum. *Cyanobactérie : algue bleue constituée d'une seule cellule. *Ressac : retour des vagues après avoir frappé un obstacle ou le rivage. © 2004 - côtes & mer Mieux connaître notre littoral 25 Tomate de mer ou Actinie Elle rentre ses tentacules quand elle est hors de l’eau Elle est capable de construire de véritables trottoirs calcaires. On trouve, au-dessous, des ceintures constituées par une algue rouge, la coralline, et des moules. Ces dernières nécessitent un brassage d'eau de mer important et une grande quantité de matière organique à filtrer. L'algue brune cystoseire de couleur brun irisé forme une nouvelle ceinture endessous de ces algues calcaires. Elle est indicatrice d'une bonne qualité de l'eau. Lithophyllum Coralline Moules Cystoseire En mode calme, moins de problèmes, les algues peuvent se permettre Quelques espèces du milieu rocheux réparties sur les étages du littoral d'être plus fragiles. L’algue rouge liagore forme des peuplements denses tapissant les petits fonds. Mal fixée, elle peut se déplacer au gré des courants. Liagore Ombre ou lumière En s'aventurant un peu plus en profondeur, la lumière devient déterminante pour les espèces. Certaines d'entre-elles vont utiliser la roche comme un abri contre la lumière : ce sont les espèces habitant les grottes, les anfractuosités et les failles. Ainsi, en soulevant une pierre, on pourra rencontrer des ophiures qui fuiront immédiatement la lumière. Ces espèces fragiles possèdent un corps en forme de coussinet rond d'où partent cinq bras filiformes. Le chiton, mollusque recouvert de huit plaques calcaires qui se chevauchent comme Chiton des tuiles, a également choisi le dessous des pierres comme habitat où il trouve sa nourriture. A l'inverse, d’autres espèces ont besoin de lumière pour fabriquer la matière organique et se rencontrent donc dans les premiers vingt mètres. Il s'agit entre autre d'algues de plus ou moins grandes tailles vivant sur les rochers et des plantes marines comme l’herbier de posidonies. Fixes ou mobiles L'infralittoral est la zone immergée en permanence dont la limite inférieure est définie par la présence des herbiers qui peuvent s'étendre jusqu'à environ 40 mètres de profondeur. Ses habitants ont plusieurs stratégies d'adaptation. Mobiles, les poissons restent tout de même très attachés à leur territoire. Le triptérygion, par exemple, est un petit poisson qui vit posé sur un rocher et qui Triptérygion défend un territoire d'environ 0,2 m2. La blennie est également très commune. De couleur brun clair parcouru d'une large bande noire, ce poisson vit dans les anfractuosités de la roche et n'en sort que pour traquer ses proies, vers et crustacés. Saupes, girelles, sars, serrans et castagnols peuplent ce même étage, colonisant de plus vastes territoires. Voir Les fonds rocheux se caractérisent aussi par une importante faune Ateliers du bord sessile c'est-à-dire vivant fixée aux rochers et s'alimentant par de mer - Fiche n°4 filtration de l'eau. Les gorgones en sont un exemple typique. Fiche n°6 Les ormeaux sont des coquillages avec de belles coquilles nacrées qui abondent autour des abris des pieuvres. Pratiquer pour mieux comprendre - Fiche n°7 26 Mieux connaître notre littoral Gorgone jaune © 2004 - côtes & mer