Note de synthèse : Ecologie industrielle / économie circulaire Cyril Adoue – Association OREE Principes Champ scientifique dédié au développement durable, l’écologie industrielle propose des outils pragmatiques et opérationnels. Elle envisage notamment la sphère des activités humaines comme un écosystème naturel avec ses flux consommés (matière première, énergie…) et rejetés (déchets, effluents, excédents énergétiques). Comme dans un écosystème, elle cherche à développer des synergies de flux à l’échelle d’un territoire (de la zone d’activité au département). Ces synergies représentent des économies de ressources (matière, énergie) positives pour l’environnement et pour la compétitivité des entreprises. L’industrie est concernée mais également l’agriculture, le tertiaire (centres commerciaux, bureaux …). A travers ce type d’application, l’intérêt économique des entreprises et l’intérêt général sur le plan environnemental trouvent un point de convergence. L’environnement devient, de façon très directe, une source de compétitivité. D’autres termes peuvent désigner ce type d’application comme par exemple « Symbioses industrielles, éco-parcs, écosystèmes industriels. Fonctionnement linéaire des systèmes "industriels" classiques* Fonctionnement circulaire des systèmes éco-industriels* *sources : Club d’Ecologie Industrielle de l’Aube 1 SYNERGIES DE SUBSTITUTION : Les synergies de substitution consistent à valoriser dans un procédé de production des déchets / co-produits, flux d’eau ou d’énergie disponibles chez d’autres acteurs à proximité… en lieu et place de matières premières souvent importées. Le déchet est valorisé (au lieu d’être incinéré ou enfoui) et des ressources sont économisées. Le système économique du territoire concerné commence alors à fonctionner de façon « écosystémique » (écologie industrielle) ou « circulaire » (économie circulaire). La centrale à cycle combiné DK6 (GDF) à Dunkerque La centrale à cycle combiné DK6 (GDF) à Dunkerque produit de l’électricité à partir des gaz sidérurgiques du site Arcelor (gaz normalement brulés en torchère sans récupération d’énergie) et de gaz naturel. La valorisation des gaz produit 250Mwe sur les 790MWe générés par DK6. Ils sont utilisés par Arcelor. La réduction d’émissions de CO2 est de 1,2MT/an. Les gaz autrefois problématiques créent de la valeur. Une coopérative betteravière Basée dans l’Aube, cette coopérative rencontre dans l’Aube. 6000 à 12000t/an sont produits par le lavage des betteraves. Ce flux est difficile à épandre à cause de graminées indésirables. La mise en décharge était envisagée. Le sable est aujourd’hui utilisé en techniques routières par une entreprise du BTP à la place de sable de carrière. Environ 100K€/an d’économies pour les deux acteurs grâce a des coûts de mise en décharge et des coûts d’approvisionnement évités. 6 à 12000t de granulats de carrière sont économisés. Lafarge Ciment Lafarge Ciment a intégré l’écologie industrielle à sa stratégie et cherche ainsi à substituer les combustibles fossiles et les ressources minérales consommés par les cimenteries par des déchets. Grâce a cette démarche, Lafarge en France diminue ses émissions de CO2, maintient sa compétitivité en diminuant ses coûts énergétiques et matières et, de façon concertée avec les territoires, pérennise l'activité économique locale. SYNERGIES DE MUTUTALISATION : d’autres synergies peuvent être envisagées lorsque des entreprises consomment ou rejettent le même type de flux : les synergies de mutualisation. Deux industriels voisins consommant de la chaleur, vapeur, air comprimé peuvent envisager de mutualiser la production de ces utilités : un circuit plus important est souvent plus performant en terme de rendement. Il présente donc à la fois un intérêt économique et environnemental (mutualisation de l’investissement, économies de combustible lors de l’usage…). S’ils consomment le même type de matières premières (sucre, farine dans l’industrie agroalimentaire par exemple), ils peuvent également mutualiser ce type d’achat et en optimiser le coût notamment en rationalisant la logistique de livraison (un camion plein vient livrer les 2 entreprises, plutôt que 2 camions à moitié vides). Pour la mutualisation des flux sortants (déchets), l’idée est de regrouper des flux de déchet 2 afin de les orienter vers des pistes de traitement plus intéressantes sur le plan économique et environnemental (valorisation, optimisation de la logistique de collecte). Ce type d’approche s’intègre aujourd’hui dans les outils utilisés pour le développement de l’économie circulaire, objet de la Conférence environnementale de septembre 2013. L’écologie industrielle en France aujourd’hui Une quarantaine de démarches lancées dont 2 démarches historiques : le dunkerquois (Association Ecopal – 150 entreprises – industrie lourde) puis l’Aube, démarche à l’échelle d’un département, activités dominantes agricoles et agro-alimentaires (association Club d’écologie industrielle de l’Aube). Un nouveau type de démarche émerge et permet de dépasser certains obstacles à la création de ces écosystèmes industriels : il s’agit intégrer l’écologie industrielle dès la conception de l’aménagement (cf Portes du Tarn) Des méthodes issues de la recherche sont disponibles (projet COMETHE – financement ANR…). Une communauté de praticiens, de chercheurs, le soutien d’associations diffusant ce concept (Orée…). Soutien de la DGCIS (MINEFI) à travers le programme « Compétitivité durable des entreprises » et de l’ADEME (AMI « Eco-conception et écologie industrielle » Investissements d’a venir). Des industriels ont intégré l’écologie industrielle à leur stratégie (Lafarge, Yprema…). L’écologie industrielle dans le monde Des démarches dans le monde entier (Scandinavie, Inde, Canada, Australie, Japon…). Des programmes nationaux dans certains pays (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Corée du sud, Wallonie…). Des principes intégrés dans la loi (Chine, loi sur l’économie circulaire de 2008). 3 Intérêt environnemental Economies de ressources non renouvelables grâce à la valorisation de déchets ou d’énergie et à la rationalisation de la logistique (mutualisation). Emissions évitées grâce à ces valorisations (CO2…). Les déchets deviennent des ressources locales, sont valorisés localement et donc les capacités de traitement existantes (Stations d’épuration, incinérateurs, centres d’enfouissement…) sont préservées de la saturation. Intérêt économique Contribution à la compétitivité des entreprises (diminution de coûts d’approvisionnement, de traitement, voire vente d’un flux d’énergie ou de déchets qui autrefois représentait un coût). Dynamique collaborative entre acteurs concernés : coopération inter-entreprises mais également avec des acteurs institutionnels (collectivités, chambres consulaires). Création d’emploi non « délocalisables » autour de la collecte et de la valorisation de certains flux Ces liens contribuent sur le plan économique à pérenniser les activités sur un territoire et à créer des liens entre entreprises et avec le territoire. 4 Quelques Sources Bibliographiques • • • • • • • • • • Adoue, Ansart (2003) : « L’essor de l’écologie industrielle : une avancée vers le développement durable » - Futuribles n°291. ADOUE .C « Mettre en œuvre l’écologie industrielle, PPUR, Lausanne, 2007. Chertow, M. (2000). "Industrial Symbiosis: Literature and Taxonomy." Annual Review of Energy and the Environment. Chertow, M. R. (2007a). "Uncovering" Industrial Symbiosis." Journal of Industrial Ecology. Côté, R. P. and E. Cohen-Rosenthal (1998). "Designing eco-industrial parks: a synthesis of some experiences." Journal of Cleaner Production. Côté, R. P. and J. Hall (1995). "Industrial parks as ecosystems." Journal of Cleaner Production. Duret, B. (2007). Premiers retours d'expériences en écologie industrielle: études de cas en Europe et en Amérique du Nord. Les cahiers de la Chaire d'Ecologie Industrielle N°1 . Troyes, Université de technologie de Troyes: 60. Erkman, S. (1997). "Industrial ecology: An historical view." Journal of Cleaner Production. Erkman, S. (2005). Industrial Ecology in Geneva, Initial findings and prospects. Ecosite Workgroup. Geneva, State of Geneva. Geng, Y., P. Zhang, et al. (2008). "Assessment of the National Eco-Industrial Park Standard for Promoting Industrial Symbiosis in China." Journal of Industrial Ecology. • • www.comethe.org www.oree.org • www.ecopal.org • www.ceiaube.fr 5