A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 Chapitre 1 Economie et Démographie I. Comment la dynamique démographique influe-t-elle sur la croissance économique ? A l’issue de cette séquence de travail, vous devrez être capable de : Définir et d’expliquer les notions de mouvement naturel, mouvement migratoire, population active, épargne, accumulation du capital, cycle de vie De présenter les grandes évolutions démographiques séculaires tout en identifiant les différences dans les dynamiques démographiques nationales De montrer en quoi l’évolution démographique de la France fait à de nombreux égards figure d’exception D’expliquer les comportements d’épargne à partir de l’hypothèse du cycle de vie De montrer le lien entre structures démographiques, accumulation patrimoniale et croissance économique D’expliquer le lien en économie ouverte entre épargne, investissement et solde courant de la balance des paiements Sensibilisation Document 1 : Qu’est-ce que la démographie ? L'année 1999 a célèbré avec quelque solennité la naissance du six milliardième humain vivant sur la terre ; en décembre 2005, les Nations unies annonçaient qu'un demi-milliard supplémentaire s'était ajouté depuis 1999 : la population de la planète atteindra probablement 7 milliards d'hommes dès 2013. Au rythme actuel de l'accroissement annuel (1,8 % en Inde, 0,6 % en Chine au cours de la décennie 1990), quand la population de l'Inde dépassera-t-elle celle de la Chine ? On a compté, en 2005, 1,3 enfant par femme en Allemagne : l'Europe va-t-elle s'aligner sur ce niveau de fécondité́ ? [..] Existe-t-il plusieurs théories démographiques ? Peut-on calculer les flux des classes issues du baby-boom qui se sont présentées sur les différentes marches, école, emploi, marché conjugal, et maintenant retraite ? Quelle est l'efficacité́ des plans de redistribution spatiale de la population et des programmes de limitation des naissances ? [...] Les définitions de la démographie ont une parenté remarquable : toutes confirment l'approche principalement quantitative des faits, allant de la simple description statistique à la construction des modèle mathématiques ; toutes distinguent ensuite l'étude des phénomènes de structure, tels qu'on peut les appréhender à travers les recensements, celle des phénomènes de mouvement (natalité́, mortalité, migrations) et celle des relations entre les deux. La plupart soulignent en outre l'importance des calculs prospectifs, c'est-à-dire des projections de population que l'on peut faire à partir d'un jeu d'hypothèses, ce qui suppose une bonne connaissance des évolutions passées et des facteurs de l'évolution. Catherine Rollet, Introduction à la démographie, Armand Colin, Coll.128, 2011. La démographie est souvent opposée à la psychanalyse. De ces deux sciences de l’homme et de la société, l’une s’occupe de populations, l’autre d’individus. L’une utilise des mathématiques, l’autre se concentre sur le langage. Pour l’une, l’individu est un parieur anonyme et isolé qui tire au sort les événements de sa vie, pour l’autre, la société demeure une foule obscure sous l’emprise des pulsions fondamentales du sexe et de la mort. (…) La démographie opère dans le domaine de la réalité et la psychanalyse dans celui de l’interprétation. En démographie, on naît, on se marie, on donne naissance des enfants, on migre, dans cet ordre ou dans un autre et puis on meurt. Ce sont des événements réels, des faits. Hervé Le Bras, La Démographie, Odile Jacob, 2005 Questions : 1. Proposez une définition de la démographie ? Démographie : « La démographie est une science ayant pour objet l’étude des populations humaines, et traitant de leur dimension, de leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux, envisagés principalement du point de vue quantitatif » Dictionnaire démographique de l’ONU « La démographie est l’étude des populations visant à connaître leur effectif, leur composition par âge, sexe, statut matrimonial, etc. et leur évolution future. Elle utilise les informations statistiques fournies par les recensements et l’Etat » www.ined.fr Insistez sur l’étymologie du : graphie (étude, comme dans géographie) et démos (peuple) 2. Donnez des exemples de variables étudiées / d’analyses menées par les démographes. A partir du texte de Le Bras : étude de la natalité, de la mortalité, de la nuptialité, des phénomènes migratoires… Autant de variables qui seront revues dans le cadre du I.A (pas de définition à ce stade de sensibilisation) 3. Pour chacune des propositions suivantes, dîtes si elle relève des études démographiques et termes de structures ou des études démographiques en termes de mouvement : a. Le taux de mortalité en France en 2011 est de 8,5‰ selon l’INSEE b. La génération des femmes nées en 1900 a eu en moyenne au cours de sa vie 1,52 enfant (notez que cela prend en compte al mortalité des femmes… il s’agit de la descendance finale nette) c. La population de l’UE à 27 a crû en 2010 de 1 371 212 personnes selon Eurostat 2 méthodes principalement utilisées en démographie : Méthode longitudinale : étude d’une génération ou d’une cohorte au cours du temps (quelle sera la descendance finale des femmes nées en 1985 ?) Méthode transversale : étude d’une population prise à un moment donnée (structure par âge de la population française, …) Lien entre l’étude des mouvements démographiques (fécondité, natalité, mortalité, …) relevant principalement des comportements individuels et l’ étude des structure de population à une date donnée (l’état d’une population à une date t est fonction principalement des mouvements qu’elle a subi dans les périodes précédent cette date). 4. Donnez des exemples de questions en lien avec l’économie que peut se poser le démographe ? Quels sont les impacts économiques du vieillissement de la population ? Comment la dynamique démographique influe-t-elle sur la croissance économique ? Ce chapitre a pour objectif d’expliciter les liens entre démographie et croissance économique. Pour cela, nous essaierons dans un premier temps d’analyser les grandes évolutions démographique séculaires et la situation démographique aujourd’hui en Europe. Puis nous verrons, notamment du fait de son impact sur les comportements d’épargne, l’évolution des structures démographiques peut expliquer, pour le moins en partie, la croissance économique. Nous verrons enfon que le lien entre démographie et croissance économique passe par d’autres vecteurs, notamment celui de l’offre de travail et de la productivité. 1 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 A. Les grandes évolutions démographiques séculaires 1. Comprendre les indicateurs démographiques : quelques clés d’analyse Natalité Natalité : naissance comme composante des populations (Ined) Taux brut de natalité : pour une année donnée, nombre de naissances vivantes / population en milieu de période 3 facteurs principaux influencent le taux de natalité : o Le nombre d’individus en âge de procréer (15-49 ans pour les femmes) o Le comportement de fécondité (pour schématiser, le nombre d’enfants par femme) o La calendrier des naissances (selon que les femmes ont leurs enfants plus ou moins tôt dans leur vie, la natalité observée diffèrera, à indicateur conjoncturel de fécondité constant Fécondité Fécondité : Naissances mises en relation avec l'effectif des femmes d'âge fécond. Plusieurs moyens de mesurer la fécondité : Mesure longitudinale : descendance finale d’une génération de femme (nombre moyen d’enfants qu’une génération de femmes a effectivement mis au monde) Taux de fécondité (généralement exprimé en nb d’enfants par femme): o Taux de fécondité générale : Nb de naissances vivantes / femmes en âge de procréer en milieu de période o Taux de fécondité par âge : Nb de naissances vivantes chez les femmes de l’âge x / effectif des femmes de l’âge x en début de période. o Indicateur conjoncturel de fécondité (également appelé somme des naissances réduites) : somme, pour une année donnée, des taux de fécondité par âge. « Il mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l'année considérée à chaque âge demeuraient inchangés. » (INSEE) Quelques points d’attention : !! Les taux utilisés dans le calcul sont ceux observés au cours d'une année donnée dans l'ensemble de la population féminine (composée de plusieurs générations) et ne représentent donc pas les taux d'une génération réelle de femmes. Il est probable qu'aucune génération réelle n'aura à chaque âge les taux observés. !! Un indicateur conjoncturel < 2,1 n’est pas nécessairement synonyme de non remplacement de la population. Le nb d’enfant pas femme donné par cet indicateur est théorique : « La fécondité particulièrement basse en France dans les années 1930 conduisait à des projections pessimistes… qui, par nature, ne pouvait prévoir le baby boom. Mortalité Mortalité : décès comme composante des populations Taux brut de mortalité : Nombre de décès / population moyenne au cours de l’année. Exprimé en ‰. Taux de mortalité par âge : nb de décès à une âge donné / population moyenne de cet âge Espérance de vie à la naissance : L'espérance de vie à la naissance (ou à l'âge 0) représente la durée de vie moyenne - autrement dit l'âge moyen au décès - d'une génération fictive qui serait soumise à chaque âge aux conditions de mortalité de l'année considérée. Mouvement migratoire Mouvements migratoires : déplacements de populations, le plus souvent entendu au sens des migrations internationales. Vision en termes de flux : immigrants / émigrants ; en termes de stocks : immigrés Immigrés : personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. !! Il existe des immigrés français : naturalisation Immigrants : étranger qui, pour la première fois reçoit un titre de séjour d’une durée supérieure ou égal à un an. Schéma de synthèse : le mouvement général des populations Compléter le schéma ci-dessous à l’aide des termes suivants : Emigration, Natalité, Mortalité, Immigration, Solde naturel SOLDE MIGRATOIRE ACCROISSEMENT TOTALE DE LA POPULATION - - - 2 Mouvement (ou solde) naturel : Mouvement de population (à la hausse ou à la baisse) expliquée par les différences entre mortalité natalité o Nombre de naissances – Nombre de décès o Taux d’accroissement naturel : solde naturel sur une période / population moyenne sur cette période Mouvement (ou solde) migratoire : Mouvement de population (à la hausse ou à la baisse) expliquée par les différences entre immigration et émigration o Nb d’immigrants – nb d’émigrants sur une période donnée (année civile le plus souvent) Accroissement de la population : directement dépendante des soldes naturel et migratoire o Accroissement d’une population : solde naturel + solde migratoire = (natalité – mortalité) + (immigration – émigration) o Taux d’accroissement global = (taux de natalité – taux de mortalité) + (taux d’immigration – taux d’émigration) A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 2. Les évolutions démographiques séculaires : L’Europe de la transition démographique L’évolution de la population mondiale sur longue période Document 2 – L’histoire des populations : la transition démographique Extrait vidéo - http://www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/videos/transition_demographique/ Questions : 1. Quelles sont les caractéristiques de la population mondiale avant 1800 ? Population mondiale avant la transition démographique : Quelques centaines de millions d’habitants Forte mortalité / Faible espérance de vie à la naissance (environ 25 ans) Forte fécondité (6 enfants par femmes) Stagnation de la population 2. Quel phénomène explique la très forte croissance de la population mondiale depuis 1800 ? Transition démographique : Théorie élaborée dans les années 30 par Adolphe Landry (La révolution démographique. Etudes et essais sur les problème de population, 1934) puis reprise et approfondie par des chercheurs américains, au premier rang desquels Frank Notestein (« Population, the long view », in T. Schultz Food for the world, 1945) Noter au tableau, pas nécessairement à retenir par les élèves Modèle permettant d’expliquer le passage d’un régime démographique traditionnel – pré-transitionnel - (taux d’accroissement naturel faible, mortalité et natalité élevée) à un régime démographique moderne – post transitionnel - (tx d’accroissement naturel faible, natalité et mortalité faible). Reprendre le graphique suivant au tableau Différentes phases du modèle : Etat pré-transitionnel : mortalité forte, natalité forte accroissement naturel faible o Phase 1 : baisse continue de la mortalité, natalité reste à une niveau élevée accroissement naturel fort o Phase 2 : baisse ralentie de la mortalité, baisse de la natalité baisse de l’accroissement naturel Etat post-transitionnel : natalité et mortalité faible (famille réduite) accroissement naturel faible. 3. - - 3 Comment explique-t-on ce phénomène ? Thèse généralement admise concernant la transition démographique et relatée dans la vidéo : progrès de l’alimentation (ex : progrès agricole – suppression de la jachère, développement des engrais, croissance des rendements), de l’hygiène (ex : recul de l’insalubrité public : traitement des eaux usées et réseaux d’eau potable) et de la médecine (ex : révolution pastorienne ⇒ lutte contre les maladies contagieuses, principes de l’asepsie) baisse de la mortalité hausse structurel de la natalité (du fait de la hausse de la population) prise de conscience de la baisse de mortalité dans les couples réduction des naissances baisse de la natalité. Concernant la baisse de la fécondité, d’autres facteurs que ceux évoqués dans la vidéo sont à retenir : o Urbanisation : à la campagne, l'enfant est une charge, mais aussi rapidement, un facteur de production. A la ville, il est d'abord une charge. On constate donc que l'urbanisation s'accompagne souvent d'une réduction rapide de la fécondité, accentuée par la promiscuité et des conditions de vie urbaines. o Facteurs d’ordre linguistique (transition de la fécondité plus précoce dans les pays francophones) o Facteurs d’ordre religieux (rôle des clergés en Espagne ou en Irlande a freiné le développement du contrôle de la fécondité) A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 La transition démographique en Europe Document 3 – La transition démographique européenne en chiffres Taux brut de mortalité inférieur à 20‰ à partir de Taux brut de natalité à 30‰ à partir de Taux brut de natalité Taux brut de mortalité Accroissement naturel 1880 1930 1880 1930 1880 1930 Danemark 1881 1899 32 18 19 11 13 7 Norvège avant 1850 1899 31 16 17 11 13 6 Allemagne 1904 1910 37 16 26 11 12 5 Royaume-Uni 1881 1892 33 16 19 12 13 4 France 1902 avant 1850 25 18 22 16 2 2 Italie 1912 1923 36 25 29 15 8 11 Russie Fin des années 30 vers 1950 50 44 36 22 14 22 Source : F. Rothenbacher, The European Population 1850-1945, MacMillan, 2002 cité par A. Monnier, Démographie Contemporaine en Europe, A. Colin, 2006 Questions : 1. Donnez la signification de la valeur de l’accroissement naturel au Royaume-Uni en 1880. Tout au long du 18ème siècle, et c’est encore vrai en fin de siècle, les flux migratoires ont ralenti la progression de la population européenne. Du seul fait du mouvement naturel, la population de l’Europe aurait dû doubler entre 1800 et 1870. Or, elle n’a augmenté que de 70% entre ces deux dates, en raison d’une émigration considérable 2. Pourquoi l’auteur du tableau a-t-il choisi d’y faire figurer la date à partir de laquelle la mortalité et la natalité passe en dessous d’un certain seuil ? Le deux premières colonnes du tableau indique le démarrage des 2 phases de la transition. Première phase : début de la baisse de la mortalité, seconde phase, début de la date de baisse de la natalité. 3. Tous les pays européen ont-ils connu la phase de transition démographique au même moment ? La phase de transition d’étale schématiquement de 1850 à 1950, mais le démarrage de la première phase ne s’effectue pas aux même dates pour tous. On pet retenir : La précocité de la phase de démarrage de la transition dans les pays nordiques (la Norvège est l’exemple type) Le retard de la phase de baisse de la mortalité en Europe du Sud et en Allemagne 4. Le tableau confirme-t-il les hypothèses du modèle de transition démographique en ce qui concerne natalité et mortalité ? Confirmation des hypothèses de la transition : Evolution des taux de mortalité et de natalité entre 1880 et 1930 Confirmation de la phase de transition (baisse importante dans tous les pays d’Europe) Evolution des taux de natalité : confirmation également, mais il aurait fallu aller un peu plus loin dans le temps pour observer une baisse plus sensible du niveau d’accroissement naturel D’autres éléments confirment la transition : Fécondité : Baisse en moyenne de la fécondité de 1,5 à 2 enfants par femme en Europe entre 1850 et 1950 Espérance de vie : Hausse de 15 ans de l’espérance de vie à la naissance 5. En quoi le cas de la France vous paraît-il relever d’une exception ? Exception française : la natalité est passée sous le seuil des 30 pour mille avant que la mortalité n’atteigne le seuil de 20 pour mille. En France on observe (à partir de 1750) et tout au long de la transition une chute relativement conjointe et simultanée des taux de natalité et de mortalité ce qui empêche la France de connaître un essor démographique rapide lors de cette transition : Ex : France / ALL : 1870 : 36 millions d’habitants contre 41 1914 : 39 contre 65 millions d’habitants 3. La situation démographique européenne de l’après transition à aujourd’hui La situation démographique européenne dans la seconde moitié du 20ème siècle – Aperçu général Document 4 – Aperçu général des évolutions démographiques européennes entre 1950 et 2009 Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la population européenne dans son ensemble a achevé́ sa transition démographique. Dans les années 1950, le taux d’accroissement annuel de la population de l’Europe oscillait entre 10 ‰ et 11 ‰ (…). Il a connu ensuite une diminution continue, pour devenir nul en 1995 et 1996. Jusque-là̀, la croissance était essentiellement assurée par l’excédent naturel. Mais la migration est devenue de plus en plus importante et, à partir du milieu des années 1990, elle compense une grande partie des pertes de population liées à l’excèdent des décès sur les naissances. Entre 1997 et 2001 la population de l’Europe a diminué de 2,08 millions d’habitants, mais sans l’apport migratoire la diminution aurait été́ plus de deux fois supérieure (4,86 millions). En 2002-2008, la population de l’Europe retrouve une légère croissance (2,5 ‰ en 2007 et 2008), complètement assurée par la migration. (…). Au 1er janvier 1980, l’Europe comptait 692,5 millions d’habitants ; au 1er janvier 2009 la population avait augmenté de plus de 40 millions (soit 6 %) pour atteindre 733,4 millions. Dans 22 pays, l’accroissement de la population a été supérieur à 10 %. Parmi les pays les plus peuplés, les croissances fortes sont en Espagne (23,1 %), en France (16,3 %), et au Royaume-Uni (9,5 %). La population de Pologne a augmenté de plus de 7 %, celle d’Italie de plus de 6 %, celle de l’Allemagne de 4,9 %, et celle de Russie de 2,7 %. Au total, pour cette période de trente ans, la variation moyenne d l’effectif de population des pays (…)a été de 15 %. Des trois [dernières] décennies, la plus favorable à la croissance démographique a été la première (1980-1990) ; la population augmentait alors dans presque tous les pays à l’exception de la Hongrie (– 3 %), la Bulgarie (– 0,9 %) et la Macédoine (0 %). La croissance était la plus rapide en Europe du Sud et de l’Est, la plus faible dans le Nord et l’Ouest. Durant la décennie suivante, marquée par de profondes transformations sociales dans l’Est de l’Europe, la croissance de l’ensemble de la population européenne s’est quasiment arrêtée. De 1990 à 2000, l’augmentation n’a été que de 4,5 millions de personnes, soit 0,6 %, l’effectif total atteignant 725 millions. La population a diminué de 6 % en moyenne dans 17 pays qui abritaient près de 300 millions d’habitants (40 % de la population européenne). Les pertes les plus sensibles ont eu lieu dans les pays ayant connu des conflits armés, notamment la Moldavie et la Bosnie-Herzégovine (– 16 %) et deux pays Baltes, l’Estonie et la Lettonie (respectivement – 12 % et – 10 %). De fait, toute l’Europe orientale est une zone de dépopulation, à l’exception de la Pologne, la Slovaquie et surtout la Macédoine (+ 8 %). Entre 2000 et 2009, la République tchèque, la Bosnie-Herzégovine et la Slovénie ont cessé de se dépeupler, mais l’Allemagne et la Pologne ont commencé. La population de l’Europe a augmenté de 1,2 % et le nombre de pays dont la population diminue a été réduit à 14, mais ces derniers regroupent 378 millions d’habitants, soit plus de la moitié de la population de l’Europe. Source : A. Adveev & alii,, « Populations et tendances démographiques des pays européens », Population n° 1, 2011, Ined Questions : 1. Quelle évolution générale le premier paragraphe décrit-il ? Evolution générale de la démographie européenne depuis 1950 Diminution régulière du taux d’accroissement de la population depuis la fin de la transition démographique (1950) en Europe 4 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 - Rôle important des migrations pour expliquer pour expliquer le mouvement général des populations européenne (sans les migrations, la population européenne serait globalement en déclin). A noter que ce de point de vue, la France fait figure d’exception dans la mesure où sa croissance démographique est plutôt tirée par l’accroissement naturel. 2. Comment caractériser les évolutions démographiques européennes des trois dernières décennies ? Les évolutions sont plutôt contrastées, autour d’une tendance générale à un très fort ralentissement de la croissance démographique européenne. L’Europe de l'Ouest et du Nord continue de voir sa population progresser L'Europe centrale et de l'Est connaît plutôt une tendance à la stagnation (Allemagne, Italie, Russie, Pologne), voire à la baisse de la population (pays baltes, Roumanie, Hongrie...). Cette situation s’explique largement par une baisse de la fécondité mais les phénomènes migratoires viennent accentuer l'évolution pour certains pays (Europe de l'Est avec des soldes migratoires négatifs) ou compenser partiellement le mouvement naturel. Synthèse : quelques éléments à retenir sur l’évolution depuis la fin de la seconde guerre mondiale : Hausse de la population de 34% Baisse de la croissance de la population : de 9,3 pour mille entre 1950 et 1969 à 0,7 pour mille entre 1990 et 2000 Apogée de la population européenne en 1996 : l’Europe ne sera peut-être jamais autant peuplée qu’à cette date sauf si politique d’immigration active L’Europe aujourd’hui : vieillissement de la population, chute de la fécondité et migration Document 5 – Le vieillissement de la population : un phénomène généralisé ? Proportion (en %) de la population âgée de : Moins de 20 ans Plus de 65 ans Plus de 80 ans 1950 2010 1950 2010 1950 2010 Danemark 33,2 23,5 9,1 16,3 1,2 4,1 Norvège 30,7 25,7 9,7 14,8 1,7 4,5 Allemagne 30,4 21,3 9,7 20,7 1 5,1 Royaume-Uni 28,9 25,2 10,7 16,5 1,3 4,7 France 30,2 25,4 11,4 16,8 1,7 5,4 Italie 34,8 19,6 8,3 20,3 1,1 5,8 Espagne 36,5 21 7,3 16,9 1 4,9 Europe 34,6 24,4 8,2 17,4 1,1 4,7 Source : A. Monnier, Démographie Contemporaine en Europe, A. Colin, 2006 et Eurostat pour les données 2010 Questions 1. Calculez, de deux façons différentes, l’évolution de la proportion des plus de 65 ans, dans les différentes partie de l’Europe. 2. Le vieillissement de la population est-il un phénomène généralisé ? Touche-t-il avec la même ampleur l’ensemble des pays européen. Le vieillissement de la population est un phénomène généralisé. En effet, la part des 65 et plus augmente dans l’ensemble des pays européens entre 1950 et 2000. Citer chiffres. Situation toutefois contrastée, avec une augmentation beaucoup plus nette des 65 et +, un vieillissement beaucoup plus rapide en Europe Méridionale (Espagne, Italie) et en Allemagne. Citer chiffres 3. La France est-elle dans une situation particulière ? Mouvement de vieillissement de la population touche également la France. Mais à un degré moindre que dans la plupart des pays européens : pour preuve, le taux de croissance des 65 et + est l’un des plus faibles d’Europe (+ 47% environ contre près de +113% pour l’ensemble des pays européen.) 4. Quels sont d’après-vous les principaux facteurs du vieillissement des populations ? Principaux facteurs du vieillissement de la population en France : Fécondité : impacts négatifs jusque dans les années 70, mais ensuite, faible fécondité tend à accroître le vieillissement vieillissement par le bas Baisse de la mortalité : surtout à partir des années 70 (avant, cela concernait principalement la mortalité des enfants) vieillissement par le haut Effet des migrations (neutre dans le cas de la France) !! C’est principalement l’effet baisse de la mortalité qui joue en France, qui connaît donc un vieillissement par le haut. 5 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 L’évolution de la fécondité Document 6 – Fécondité : l’exception française Source : Alain Monnier L’Union européenne élargie: quinze + dix = 455, Population et Sociétés n° 398, février 2004, Légende : A : Déficit des naissances dû à la guerre 1914-1918(classes creuses) ; B : Passage des classes creuses à l'âge de la fécondité ; C : Déficit des naissances dû à la guerre 1939-1945 ; D : Baby-boom ; E : Baisse récente de la fécondité Questions : 1. Donnez la signification des données pour l’année de naissance 2000 en Espagne et 2002 en France. Faire un point sur la lecture d’une pyramide des âges. En Espagne, les femmes nées en 2000 représentaient en 2004 un peu moins de 0,5% de la population, alors que les homes nés la même année représentaient un peu plus de 0,5% de la population. En France, les femmes et les hommes nés en 2002 représentaient en 2004 un peu plus de 0,6% de la population. 2. Quelle phénomène démographique marquant s’est déroulé dans les 30 années suivant la seconde guerre mondiale explique la présence importante des générations nées pendant cette période ? Baby-boom (Expression d’abord utilisée pour qualifier la situation démographique aux USA) : phénomène qui concerne principalement les pays d’Europe septentrionale et occidentale qui se traduit par des hausses sensibles de la fécondité dans tous les pays dès 1942. Phénomène qui prend fin mais baby boom commence réellement en 1945/46, années durant lesquelles l’augmentation du nombre de naissance est la plus notable vers le milieu des années 70. 3. Quel phénomène les différences de formes entre les pyramides traduisent-elles ? La pyramide des âges espagnole a plutôt une forme de toupie alors que celle de la France présente une forme de cylindre. Cela s’explique principalement par un différentiel de fécondité. La situation démographique concernant la fécondité est aujourd’hui elle aussi contrastée : d’un côté des pays avec des taux de fécondité particulièrement bas (Allemagne, Espagne, Italie) autour de 1,3-1,5 enfant par femme de l’autre Les pays scandinaves, la France et l’Irlande conservent des taux de fécondité proches du seuil de remplacement (autour de 2 enfants par femme) B. L’impact des structures démographiques sur le niveau d’épargne : l’hypothèse du cycle de vie 1. Qu’est-ce que l’épargne ? Sans document. Déjà vu en seconde et probablement en première. Demandez aux élèves, tout en construisant le schéma avec eux au tableau, de schématiser le passage des revenus primaires des ménages au revenus disponible. Revenus primaires – P.O + Revenus de transfert = Revenu disponible Quelles sont les deux utilisations possibles du revenu disponible ? 2 utilisations possibles sur RDB : o Consommation : utilisation d’un bien ou d’un service pour satisfaire un besoin. o Epargne : partie non consommée du revenu disponible A l’échelle macroéconomique, comment calculerait-on le taux d’épargne ? Taux d’épargne brute : Epargne brut / Revenu disponible national brut Quelles formes l’épargne peut-elle prendre ? Plusieurs formes d’épargne : On classe l’épargne selon sa nature entre une épargne non financière (logement, terrains) et une épargne financière. Celle-ci est elle-même différenciée selon son horizon temporel : l’épargne liquide (comptes à vue sur livrets) correspond au motif de précaution ; l’épargne longue (actions, obligations, actions de sociétés d’investissement à capital variable, contrats d’assurance-vie) a en général un objectif patrimonial. Quelles motivations de l’épargne ? L’épargne est la partie non consommée du revenu [disponible brut]. On retient [...] trois motifs principaux de l’épargne : la consommation différée qui donnera lieu à une désépargne (au moment de la transformation de l’épargne en consommation) la précaution pour faire face à des dépenses aléatoires la constitution d’un patrimoine. 6 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 2. Le comportement d’épargne des individus selon la théorie du cycle de vie Document 7 – Cycle de vie et épargne : le modèle de Modigliani Questions : 1. Pour les 3 âges de la vie, à quoi correspondent les zones A, B et C ? 2. A quelle motivation de l’épargne le modèle de Modigliani renvoie-t-il ? 3. Comment expliquer l’évolution de la courbe représentant le patrimoine ? 4. Quelle conséquence le vieillissement démographique a-t-il sur la consommation et l’épargne globales selon le modèle de Modigliani ? Source : d’après P. Villieu, Macroéconomie. Consommation et épargne, La Découverte, Coll repères, 2008 1. Différence entre Revenu et consommation = Epargne. Les trois zones représentent l’épargne. Selon le modèle de Modigliani, les individus souhaitent maintenir le niveau de leur consommation tout au long de leur âge adulte. Leur revenu évoluant en fonction de leur âge, l’épargne, qui est le solde entre la consommation et le revenu, évoluerait également avec l’âge : Au début de la vie active (A), lorsque le revenu est faible, les individus s’endettent (leur épargne est négative) notamment pour financer leurs études Par la suite (B), le revenu croît jusqu’à dépasser le niveau de consommation souhaité, ce qui se traduit par une épargne positive Avec la retraite (C), le revenu décroît et les individus désépargnent à nouveau (en « consommant » leurs économies). 2 L’horizon de décision d’un ménage est celui de sa vie entière, le ménage gère son patrimoine (éventuellement ses dettes) pour répartir sa consommation au long de sa vie. L’intuition est que l’épargne est une consommation différée et qu’elle ne dépend pas seulement du revenu courant, mais aussi des anticipations de revenus futurs. Les ménages épargnent et gèrent leur patrimoine de manière à lisser leur consommation. Le patrimoine ainsi accumulé constitue une réserve de consommation, désaccumulée par la suite. 3. Le patrimoine, c’est de l’épargne accumulée, d’où l’évolution de la courbe du patrimoine : elle décroît en période de désépargne et croît en période d’épargne. 4. Si on retient une application stricte du modèle de cycle de vie, une vision courante des effets du vieillissement sur le long terme est de considérer qu’il doit faire baisser l’épargne, puisqu’il accroît l’effectif des individus en âge de désépargne. Le vieillissement démographique se traduit en réalité par une déformation de la structure de la population par âge en deux temps : tout d’abord, les couches « adultes » deviennent de plus en plus nombreuses par rapport aux couches « jeunes » à mesure que l’espérance de vie augmente et/ou la fécondité baisse ; puis ce sont les couches «âgées» qui augmentent à mesure que l’espérance de vie continue de croître. En conséquence, l’épargne globale doit augmenter dans un premier temps puis elle peut diminuer à mesure que les générations « âgées » sont de plus en plus importantes. 3. L’hypothèse du cycle de vie permet-elle d’expliquer la diversité des taux d’épargne en Europe ? Taux d’épargne et vieillissement des populations Document 8 – Le taux d’épargne (en %) des ménages dans quelques pays européens entre 2000 et 2010 Questions : 20 1. Comment caractériser le comportement d’épargne des ménages par rapport 18 aux autres ménages européens ? 2. Comparez ce graphique aux données du document 16 5 et dîtes si ce résultat est UE (27 pays) compatible avec Allemagne l’hypothèse du cycle de 14 vie. Espagne 3. Comment pouvez-vous France expliquer le résultat Italie obtenu ? 12 10 8 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Source : Eurostat 1. Le taux d’épargne des ménages français a systématiquement été́ plus élevé́ que le taux d’épargne moyen des pays de l’Union européenne à 27 et de la zone euro. 2. Le taux d’épargne des ménages est plus élevé dans les pays les plus vieux. Le modèle du cycle de vie ne serait donc pas vérifié, il ne décrit pas de manière satisfaisante le comportement d’épargne des retraités en Europe : dans de nombreux pays en effet, les retraités ne cessent pas d’épargner. 3. Plusieurs hypothèses sont à souligner qui nous permettent de mettre en évidence les limites du modèle et la nécessité d’avoir à l’esprit que d’autres motifs d’épargne que la consommation différée peuvent exister : Les ménages n'épargnent que pour préparer leur retraite (quid du désir de transmission ?) Modèle d’épargne reposant sur l’altruisme générationnel 7 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille - Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 Les ménages connaissent a priori leurs revenus futurs (si on suppose l'incertitude, alors existence d'une épargne de précaution) Modèle d’épargne reposant sur une épargne de précaution (sui peut expliquer la croissance de l’épargne en Espagne à compter de 2008) Les ménages ne perçoivent aucun revenu pendant leur retraite (qui des systèmes de retraite obligatoires) La possibilité d'accès à l'emprunt dans la jeunesse non contrainte (quid de l'aversion aux risques et à l'incertitude des banquiers ?) Accumulation patrimoniale et cycle de vie Document 9 – Le patrimoine des ménages français en 2010 Montants de patrimoine net* en 2010 Moyen Age de la personne de référence du ménage Moins de 30 ans 32 700 De 30 à 39 ans 127 100 De 40 à 49 ans 243 700 De 50 à 59 ans 303 500 De 60 à 69 ans 345 500 70 ans et plus 259 800 Patrimoine net global Médian D9 7 200 48 600 132 500 203 700 211 500 148 600 91 500 312 700 510 700 648 500 693 300 524 600 D1 300 800 1 300 2 000 3 300 3 800 Questions : 1. Qu’est-ce qu’un patrimoine ? 2. Donnez la signification des valeurs pour les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans. 3. Les faits présentés ici permettent-ils de confirmer l’hypothèse du cycle de vie ? Source : Insee, enquête Patrimoine 2009-2010. * Il s'agit du patrimoine brut, dont on a déduit les éventuels emprunts privés et/ou professionnels en cours 1. Patrimoine : Le patrimoine est un stock d’actifs financiers et non financiers à un moment donné. 2. En 2010, selon l’INSEE, le patrimoine net global moyen des ménages français dont la personne de référence a moins de 30 ans est de 32 700 euros, alors que le patrimoine médian est lui de 7200€, ce qui signifie que 50% des ménages ont un patrimoine inférieur. 10% des ménages ont un patrimoine supérieur à 91 500 € et 10% des ménages ont un patrimoine inférieur à 300€ 3. L’hypothèse du cycle de vie semble confirmée par les données relative au patrimoine : hausse du patrimoine tout au long de la vie active et baisse du patrimoine en fin de vie. Le patrimoine n’est pas complètement liquidé, ce qui renforce l’hypothèse d’un comportement d’épargne altruiste (transmission de patrimoine) En synthèse : Les analyses permettant de vérifier la validité empirique de l’hypothèse du cycle de vie sont difficiles à mener en raison de l'interférence de plusieurs variables. On observe, à côté́ des effets d'âge qui nous intéressent ici, des effets de génération (toutes les générations n'ont pas le même vécu et les taux d'épargne reflètent leurs parcours de vie différenciés) et des effets de période qui correspondent à des phénomènes conjoncturels (crise de 2008 par exemple). Rappelons que l’une des hypothèses forte du modèle du cycle de vie est que la motivation unique de l’épargne est la consommation différée. Or d’autres motivations existent : constitution d’un patrimoine, précaution. C. Quels liens entre structures démographiques et situation macroéconomique ? 1. L’importance du lien macroéconomique entre épargne, investissement et croissance économique L’égalité épargne – investissement en économie fermée Sans document (acquis de première). Demander aux élèves de rappeler l’équilibre emplois-ressources o Equilibre emploi-ressources : PIB + M = C + I + X + VarS. Précisez la signification de chaque variable en demandant aux élèves de rappeler la définition du PIB (richesse créée annuellement par les unités de production résidentes – de façon simplifiée égal à la somme des valeurs ajoutées) Supposons maintenant que l’économie n’a aucun échange avec l’extérieur et ne constitue aucun stock. Réécrire l’équilibre o Equilibre emploi-ressources en économie fermée : PIB = C + I Quelles sont les 2 utilisations possibles du revenu ? o Epargne et consommation sont les deux utilisations possibles du revenu, ce qui peut se résumer par R = C + S En économie fermée, le PIB est-il intégralement distribué sous la forme de revenus ? o En économie fermée, les revenus distribués étant égaux au PIB (il n’y a aucune fuite de revenus vers le RDM ou arrivée de revenus en provenance du RDM), il vient évidemment que C + I = C + S I = S o Conclusion : Dans une économie fermée, le montant de l'investissement est strictement équivalent au montant de l'épargne annuelle. Le lien investissement – croissance économique Document 10 – Taux de croissance (en %) du PIB et de l’investissement en volume Questions : 1. Proposez une définition de la croissance économique. 2. Existe-t-il une corrélation entre investissement et croissance économique ? 3. Par quels mécanismes l’investissement peut-il contribuer à la croissance ? Source : Insee, Comptes nationaux 1. Croissance économique : définition de F. Perroux : augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global en termes réels. En termes plus simples, on mesure la croissance économique par les variations du PIB réel. 2. Effectivement, il est possible d'établir une relation entre la variation de la FBCF et celle du PIB. 8 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 Sur l'ensemble de la période on constate que les périodes d'accélération de la croissance de la FBCF correspondent aux phases d'accélération de la croissance du PIB et les périodes de ralentissement de la croissance de la FBCF correspondent aux phases de ralentissement de la croissance du PIB. Par ailleurs, on remarque que les variations de la FBCF sont plus fortes que celles du PIB. 3. Le rôle de l’investissement dans la croissance : Schématiquement, dans le cadre d’une fonction de production simple, une hausse de l’investissement entraîne un accroissement du stock de capital accumulation du capital, ce qui a pour effet d’accroître les capacités de production et donc le PIB. Accumulation du capital : processus par lequel le dans une économie s’accroît le stock de capital. L’accroissement de ce stock de capital résulte des flux antérieurs d’investissement. Dans une optique keynésienne, l’investissement, en tant que composante de la demande effective, détermine le niveau de la production et donc les revenus distribués (multiplicateur) L’investissement est également associé à une hausse de la productivité ⇒ Baisse des coûts de production ⇒ Baisse des prix et hausse des salaires ⇒ Hausse du pouvoir d’achat et libération de pouvoir d’achat qui va se répercuter sur d’autres produits ⇒ Meilleure satisfaction des besoins et accès aux loisirs grâce à la baisse du temps de travail ⇒ Hausse de la consommation ⇒ Hausse de la demande ⇒ Hausse de la production ⇒ Hausse des emplois ⇒ Hausse de la croissance Exercice - Epargne, Accumulation du capital et croissance Complétez le texte ci-dessous à l’aide des mots suivants : investissement, croissance économique, cycle de vie, démographique, vieillissement, réduction, taux d’épargne, économique, épargne La croissance économique d'une nation est liée à son effort d'investissement et donc au niveau de l'épargne réalisée. Selon l’hypothèse du cycle de vie, les transformations démographiques actuelles peuvent alors avoir des conséquences en termes de croissance économique. Une forte croissance démographique, qui permet une augmentation du taux d’épargne, favorise des investissements élevés et une forte croissance économique. Inversement, le vieillissement démographique risque de conduire à une réduction de l'effort d'épargne et d'investissement qui peut provoquer un ralentissement de la croissance. 2. Epargne, investissement et solde courant de la balance des paiements en économie ouverte L’insuffisance d’épargne nécessite le recours à des financements extérieurs Document 11 – Agrégats économiques en France, Allemagne et USA 2010 - En milliards d'euros France Allemagne USA PIB 1932,8 2476,8 10957,6 Revenu national brut 1968,1 2522,7 11022,3 Consommation 1604,1 1911,8 9612,3 Investissement (et variation de stock) 374 429,6 1735,2 Exportations 492,1 1159,8 1387,8 Importations 537,4 1024,4 1777,7 Source : Eurostat Questions : 1. Vérifiez l’équilibre emplois-ressources pour l’Allemagne et veillant à isoler le solde échanges extérieurs de biens et services. PIB = C + I + (X – M) 2476,8 = 1911,8 + 429,6 + (1159,8 – 1024,4) 2. Quelle différence faîtes-vous entre Revenu national brut (autrefois appelé le PNB) et PIB ? Le revenu national brut est un agrégat plus large que le PIB. Il inclut les revenus reçus du reste du monde et ceux versés au reste du monde. RNB = PIB + (revenus reçus du RDM – revenus versés au RDM) RNB = PIB + Solde des revenus primaires et de transfert avec le RDM 3. Ecrivez l’équilibre entre Revenu national brut, épargne et consommation. RNB = C + S PIB + Solde des revenus primaires et de transfert avec le RDM = C + S C + I + (X – M) + Solde des revenus primaires et de transfert avec le RDM = C + S (X – M) + Solde des revenus primaires et de transfert avec le RDM = (S – I) Solde des transaction courantes = (S – I) 4. Complétez le tableau ci-dessous. France Allemagne USA Epargne 364 610,9 1410 Solde des revenus primaires et de transfert avec le reste du monde 35,3 45,9 64,7 -10 -10 181,3 181,3 -325,2 -325,2 Epargne – Investissement Solde des transactions courantes Les déséquilibres internationaux des transactions courantes peuvent s'analyser comme le résultat de déséquilibres entre l'épargne et l'investissement et également comme le résultat de déséquilibres de financement entre les pays. Quand l’épargne intérieure ne parvient pas à financer l’investissement intérieur, alors des financements en provenance de l’extérieur assure ce financement. Si des pays sont déficitaires, d’autres sont forcément excédentaires. Ce sont les mouvements de capitaux qui compensent le déséquilibre des transactions courantes. Un pays déficitaire devra faire appel aux capitaux extérieurs (car son épargne est inferieure à son investissement) et inversement un pays excédentaire va accumuler des actifs extérieurs (il prêtera son épargne). 5. Quels liens pouvez-vous faire avec les évolutions démographiques ? Le lien est le suivant : Vieillissement démographique Diminution de l’épargne Apparition de déficit de transaction courante, déficits nécessaires pour financer les investissements. Comment ces déficits peuvent-ils être financés ? Le pays dont la population vieillit peut se trouver dans deux situations opposées : S’il a accumulé des actifs extérieurs, grâce à des excédents courants réguliers, il dispose alors d’une possibilité́ de supplément de revenu permettant de financer une consommation plus importante. S’il ne dispose pas d’actifs extérieurs, il doit réduire la demande intérieure ou accepter le développement de sa dette extérieure. La réduction de la demande intérieure posera un problème de partage du revenu (baisse des retraites ou baisse des salaires). L’accumulation de dette extérieure posera un problème de soutenabilité. 9 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 Quelles conséquences concrètes ? L’exemple du rôle l’épargne chinoise Document 12 – Les transferts venant de Chine équilibrent l’épargne et l’investissement mondial Si la globalisation financière a bien contribué au développement des pays émergents, son apport n’a pas été celui communément attendu : l’amélioration récente de la performance de ces pays s’est accompagnée dans la majorité des cas d’une réduction de leur importations d’épargne (…) AU début des années 2000, les excédents courants de la Chine ont littéralement explosé. Cette explosion est le résultat d’une évolution rapide de ses structures industrielles, contrastant avec celle, beaucoup plus lente, des comportements de dépense et de partage du revenu national. Le développement de la Chine s’est en effet accéléré. [Elle] s’est mise à fabriquer elle-même une part toujours plus grande de produits intermédiaires contenus dans ses exportations. Non seulement ces dernières continuent de progresser rapidement, mais leur contenu en valeur ajoutée nationale augmente. La part de la Chine dans le revenu mondial s’en trouve accrue, mais sa dépense intérieure ne suit pas, la part des profits dans le PIB, en particulier ne cessant d’augmenter. (…) EN contrôlant l’appréciation de leur taux de change, les régions émergentes productrices de biens manufacturés [comme la Chine] sont ainsi parvenues à exporter des quantités importantes d’épargne. Pour un temps au moins, la globalisation leur a permis, en soutenant la demande adressée leurs entreprises, de tirer pleinement parti de leur potentiel de croissance (…) Beaucoup de pays occidentaux ont adopté des politiques monétaires accommodantes, favorables à l’endettement. (…) Au fil des ans, les économies occidentales, et en particulier l’économie américaine, ont contribué à maintenir l’économie mondiale près du plein emploi. Source : A. Brender, F. Pisani, La crise de la finance globalisée, La Découverte, Coll. Repères, 2009 Questions : 1. Comment la Chine fait-elle pour financer l’investissement nécessaire à sa croissance sans faire appel à l’épargne du reste du monde ? La Chine finance son investissement domestique grâce à son épargne domestique. Cette épargne résulte d’un solde commercial excédentaire qui ne se résorbe pas compte tenu de la politique de change adoptée (maintien d’une sous-évaluation du yuan) et des problématiques internes qui amène la consommation intérieure à stagner (niveau de protection sociale, partage de a valeur ajoutée en défaveur des salariés). 2. Expliquez la phrase soulignée. Les ménages chinois consommant peu, la Chine vend sa production aux ménages européens et américains. Mais si les revenus sont gagnés par les Chinois et que ce sont les ménages américains et européens qui consomment, il faut que l’épargne excédentaire des Chinois soit prêtée aux ménages américains et européens, ce qui n’a été possible que parce que les gouvernements occidentaux ont accepté l’accroissement de l’endettement des ménages occidentaux. Sinon, l’économie chinoise n’aurait pas pu vendre, donc la croissance économique du pays se serait ralentie et le chômage se serait développé. 3. Quel est l’impact de la globalisation financière sur la validité de l’hypothèse du cycle de vie ? La globalisation financière limite la relation qui existe, habituellement, entre épargne et investissement national. Ce sont les flux de capitaux à l’échelle international qui permette de compenser les déséquilibres nationaux entre épargne et investissement. 3. Dynamique démographique et offre de travail Document 13 – Démographie et capacité de production Pour générer une croissance durable, une économie peut augmenter le volume de facteurs de production utilisé, les combiner plus efficacement ou faire les deux. Dans le premier cas, la croissance nécessite un effort d’investissement en capital ou une augmentation de la population active, dans le second, la croissance repose sur le progrès technique, qui désigne l’amélioration des connaissances permettant de mieux tirer parti des ressources utilisées pour produire, soit la capacité à produire davantage avec une quantité donnée de facteurs de production. (...)Dans une économie dénuée de progrès technique, la production de richesses supplémentaires passe par une augmentation de la population active employée, de façons à pouvoir produire davantage sans compter sur des gains de productivité du travail. (...) Le volume de travail utilisé par une économie correspond au nombre total d’heures travaillées au cours de l’année. (...) On observe par définition la relation suivante : Nombre d’heures travaillées = emploi total x nombre annuel d’heures travaillées par actif employé ». Emmanuel Buisson, Croissance et développement économique au XXe siècle, in A. Beitone (dir.), 2007, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Armand Colin, Coll. U, (pp. 105-106) Questions : 1. Quels sont les principaux facteurs à combiner pour générer de la croissance ? Le travail ou population active, le capital et le progrès technique. 2. Comment une économie peut-elle générer de la croissance économique? Augmenter le volume des facteurs (plus d’actifs ou plus de capital) Mieux combiner les facteurs (progrès technique) les 2 à la fois. La population active c’est l’ensemble des individus qui ont un emploi ou qui en cherchent un. La population active contribue à la croissance par la quantité́ de travail (extensif) fournie et par la qualité́ de ce travail (productivité et qualification). 3. Quels liens pouvez-vous faire entre population active et structures démographiques ? La démographie modifie la population totale et par là même la population en âge de travailler. Lorsque la fécondité est dynamique et le solde migratoire positif, la population active à tendance à s’accroître. Toutefois d’autres facteurs peuvent également avoir une influence sur la variation de la population active, comme les décisions des femmes, des jeunes et des personnes en âge de partir à la retraite. Le babyboom a engendré une augmentation importante de la population active. Avec le vieillissement de ces personnes se pose la question de l’effet de ce vieillissement sur la productivité, qui sont très difficilement mesurables. 10 A. Aoulmi – Lycée Pierre Corneille Sciences économiques & sociales 2012 - 2013 Document 14 – Quelle structure d’âge optimale du point de vue économique ? D’un point de vue économique, la structure par âge optimale peut être celle qui minimise le taux de dépendance et maximise la proportion d’adultes d’âge actif. Il faudrait donc réduire la proportion des vieux, en pleine expansion dans les pays parvenus au dernier stade de la «transition démographique ». Mais comment faire ? Réduire l’espérance de vie ? Qui oserait l’envisager ? Encourager la natalité pour réduire la proportion des vieux ? Cela augmenterait d’autant la proportion de jeunes et le rapport de dépendance. Inversement, dans les pays où la montée des vieux n’a pas encore eu lieu on peut obtenir une maximisation de la proportion d’adultes d’âge actif par une brusque réduction de la fécondité, qui entraîne presque immédiatement une diminution de la proportion de jeunes. C’est ainsi que dans certains pays en développement s’est ouverte une fenêtre démographique d’opportunités économiques et sociales exceptionnelles. Mais il s’agit là de situations purement transitoires, profitables pour un court laps de temps et qui risquent de conduire à des lendemains qui ne chanteront pas. L’idéal se situe dès lors dans une structure par âge invariable, qui n’existe que dans une population dite « stable ». Reste alors à savoir si l’on veut une population stable croissante ou décroissante, puisque, grosso modo, de l’une à l’autre il n’y a qu’un jeu de bascule entre jeunes et vieux qui laisse à peu près inchangée la proportion d’âge actifs. En fait tôt ou tard croissance et décroissance posent problème ; le seul objectif rationnel à long terme serait donc celui d’une population dite « stationnaire » (où composition par âge et effectif sont constants). Si toutefois il n’était pas pure utopie. Jacques Vallin, « Faut-il une politique de population ? », Population et Sociétés, N°489, mai 2012 Questions : 1. Quelle est la structure par âge idéale dans une société ? Structure avec le taux de dépendance minimal et beaucoup d’actifs relativement aux inactifs. Par taux de dépendance on entend (Population de - de 20 ans + + de 60 ans) / Personnes de 20 à 60 ans Cela permet d’avoir une population active importante, donc facteur de production plus important donc plus de production et de richesses (pour financer la collectivité entre autre). 2. Dans quelle situation en terme de structure démographique se trouve la France ? Vieillissement démographique (pyramide cylindrique) mais sans rétrécissement de la base (taux de natalité assez important). 3. Quels peuvent en être les impacts sur la croissance ? Les impacts peuvent être positifs en terme de hausse de la population active et donc de quantité de travail disponible, et cela peut permettre de produire plus de richesses (si le taux de chômage n’est pas trop élevé). 11