Inventaire papillon 2012

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Inventaire des rhopalocères et zygènes
de l’espace naturel sensible
de la vallée du Fossat
(Job / Puy-de-Dôme)
2012
Société d’histoire naturelle Alcide-d’Orbigny
Philippe Bachelard
In ve nt a ir e de s r ho pa l oc è r e s e t z yg è ne s
de l’espace naturel sensible
de la vallée du Fossat
(Job / Pu y-de-Dôme)
2012
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Etude réalisée par la Société d’histoire naturelle ALCIDE-D’ORBIGNY
57, rue de Gergovie 63170 AUBIERE
Observateurs Philippe BACHELARD / FRANÇOIS FOURNIER
Rédacteur Philippe BACHELARD
Commandée par le Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne
Financée par le Conseil Général du Puy-de-Dôme
En partenariat avec le Parc naturel régional du Livradois-Forez
Rapport rendu en novembre 2012
Première de couverture : Vallée du Fossat (P. Bachelard), Coenonympha gardetta lecerfi (P. Bachelard)
1
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Sommai
Sommaire
1.- Introduction 0
Objectifs
Groupes étudiés
Limites de l’expertise
Zone d’étude
3
3
3
3
4
2.- Méthodologie
Recherche préalable de données
Recherche de terrain
Pression et périodes d’observations
Observateurs
Appréciation de la «patrimonialité» des espèces
Caractérisation biogéographique
6
6
6
6
7
7
7
3.- Inventaire des rhopalocères et zygènes
Liste des rhopalocères et zygènes
Commentaires
Structure biogéographique du peuplement
Caractérisation écologique
9
9
11
12
13
4.- Espèces et patrimonialité
Espèces patrimoniales
Coenonympha gardetta lecerfi (De Lesse, 1949)
16
16
19
5.- Préconisations de gestion
21
6.- Résumé
22
7.- Bibliographie
23
2
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1.- Introduction
Dans le cadre d’actions visant à une meilleure connaissance de l’entomofaune
de l’espace naturel sensible de la vallée du Fossat (Job), la SHNAO a été
sollicitée par le CEN Auvergne pour réaliser un complément d’inventaire des
Rhopalocères et Zygènes au cours de l’année 2012. Ce document présente les
résultats obtenus.

Objectifs
L’objectif principal de cette étude est d’avoir un inventaire des rhopalocères et
zygènes actualisé le plus exhaustif possible sur ce site.
Il doit également permettre d’identifier et de localiser les éventuelles espèces
patrimoniales qui pourraient nécessiter des mesures conservatoires spécifiques.
 Groupes étudiés
Tous les Rhopalocères (appelé communément papillons de jour) ont été ciblés ainsi
que les espèces de la famille des Zygaenidae. En effet, et bien que les Zygènes
soient des papillons classés parmi les Hétérocères (papillons de nuit), leur
comportement presque exclusivement diurne nous ont incité à les prendre en
compte.
 Limites de l’expertise
Les effectifs des populations de lépidoptères fluctuent au fil des ans en fonction en
particulier des conditions météorologiques, du parasitisme, des modes de gestions
appliqués aux milieux… De part leur biologie, certaines espèces possèdent de
faibles effectifs. Dans ces conditions, un certain nombre d’espèces peuvent
facilement passer inaperçu une année donnée. La réalisation d’un inventaire sur
une année ne permet donc pas d’être exhaustif. C’est une des limites majeures de
cette étude.
Contrairement aux insectes sans ailes, qui ont une mobilité restreinte, les papillons
ont la possibilité de se déplacer beaucoup plus facilement même si, en règle
générale, ils se cantonnent aux milieux où la présence de la plante nourricière
permettra le développement de la larve. Les Vanesses (Nymphalidae) par exemple,
peuvent parcourir de grandes distances à la recherche du nectar des fleurs. Il faut
donc être très vigilant quant à la pertinence de certaines observations d’adultes
sur un site donné, dont la présence n’en fait pas pour autant des espèces
caractéristiques du milieu.
3
 Zone d’étude
L’espace naturel sensible se situe sur la commune de Job. La superficie de l’ENS
est de 800 hectares, son altitude est comprise entre 1225 et 1487 mètres. Le site
prospecté a été élargi au-delà de l’ENS (cf. figures 2 et 3) et s’élève jusqu’à 1604
m aux Rochers de la Chapelle.
Figure 1.- Vue du fond de la vallée en direction de la Croix du Fossat
4
Figures 2 et 3.- Périmètre du site d’étude (fond IGN Géoportail)
5
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2.- Méthodologie
Les Rhopalocères et Zygènes ont été principalement échantillonnés sous leur
forme adulte (imagos), par recherche diurne. Il s’agit de la méthode la plus
classique réalisée à vue à l’aide d’un filet à papillons
 Recherche préalable de données
Nous avons pu extraire de la base de données de l’Association entomologique
d’Auvergne réalisée dans le cadre de l’Atlas des Rhopalocères et Zygènes du Puyde-Dôme (publié en 2008) 110 observations pour 44 espèces. Ces observations
s’échelonnent de 1897 à 2008 (87 % sont postérieures à 1993). 4 % sont issues de la
collection Jacques Barthélémy (déposée au Muséum Henri-Lecoq, ClermontFerrand), 10 % sont tirées de la bibliographie et 84 % proviennent de prospections
réalisées par Philippe Bachelard.
 Recherche de terrain
Inventaire des rhopalocères et zygènes
La technique la plus classique est pratiquée à vue, avec un filet à papillons : les
individus passant à proximité ou observés au loin sont capturés et relâchés la
plupart du temps. Pour espérer rencontrer le maximum d’espèces, on prospecte en
couvrant, autant que possible, l’ensemble des unités écologiques du site d’étude.
Nous avons privilégié les secteurs favorables aux espèces recherchées qui sont
globalement constitués de milieux « ouverts » riches en fleurs à butiner : prairies,
pelouses, lisières forestières. Ce choix s’explique par le fait que les Rhopalocères
et Zygènes sont des groupes d’espèces très majoritairement héliophiles et
butineurs.
La plupart des Rhopalocères et Zygènes ne nécessite pas de capture définitive.
L’observation à travers le filet pour un lépidoptèriste averti suffit très souvent pour
la détermination spécifique. Il existe tout de même des espèces plus difficiles à
identifier comme les Adscita, Pyrgus, Mellicta… Dans ce cas, quelques spécimens
sont récoltés et étudiés en laboratoire, soit par comparaison avec d’autres
spécimens soit par l’étude des organes copulateurs (ou genitalia).
 Pression et périodes d’observations
Le volume de données existantes étant déjà significatif nous avons volontairement
limité à quatre le nombre de jours de prospections pour cette étude. Toutes les
sorties ont été effectuées dans de très bonne condition météorologique. Elles ont
été réparties de manière à pouvoir recenser un maximum d’espèces.
6
Dates de prospection : 16 juin, 3 et 24 juillet, 9 août.
 Observateurs
Lors des prospections 2012 François Fournier (Président de l’Association entomologique
d’Auvergne et membre de la SHNAO) a participé aux prospections de terrain.
Appréciation de la «patrimonialité» des espèces
Pour caractériser la valeur patrimoniale du peuplement, nous avons utilisé les listes
suivantes :
-
-
-
Protection nationale (arrêté du 23/04/2007 fixant la liste des insectes protégés
sur le territoire national - JORF du 06/05/2007). (P.N.)
Annexe II de la Convention de Berne (convention du 19/09/79 relative à la
conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe - JORF du
28/08/1990 et du 20/08/1996). (C.B.)
Annexes II et IV de la Directive «Habitats, Faune, Flore» (directive n°92/43/CEE
concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la
flore sauvages - JOCE du 22/07/1992). (D.H.F.F.)
Liste rouge européenne (2010). (L. R. E.)
Liste rouge des espèces menacées en France, (MNHN et UICN France, 2012). (L.
R. N.)
Liste des espèces menacées en région Auvergne (Collectif - DIREN, 2004). (L. R.
R.)
 Caractérisation biogéographique
» Aires biogéographiques et peuplements
Définir une aire biogéographique pour une espèce est souvent difficile, elle évolue
constamment selon les connaissances acquises. Elle regroupe deux idées, et permet
de comprendre à la fois l’origine probable d’une espèce ou d’un peuplement
(géonémie), mais aussi de connaître leur distribution actuelle (biogéographie). Par
exemple, le terme « eurasiatique », ou « eurosibérien », désigne une espèce
répandue de l’Europe à l’Asie (biogéographie), dont la souche s’est
vraisemblablement individualisée sur le territoire de l’actuelle Sibérie, il y a très
longtemps, alors que ce continent était sous d’autres latitudes (géonémie). Les
termes d’ « eurasiatique » et d’ « eurosibérien » sont ainsi synonymes. L’aspect
géonémique étant encore floue dans certains cas, les groupes suivants, définis par
convention, mettent en avant leur répartition actuelle.
Cette notion est importante au niveau d’un peuplement (= ensemble de
populations d’espèces différentes vivant dans un milieu donné). Elle permet de
comprendre pourquoi certaines espèces cohabitent ou ne se rencontrent jamais, et
caractérise un milieu par la présence d’un ensemble d’espèces. En zone subalpine
et alpine, les « boréo-alpins » - dont la plupart des espèces sont fragiles et
prioritaires au niveau de leur conservation - constitueront avec les « eurasiatiques
» l’ensemble du peuplement, alors que l’on trouvera une majorité de «
7
méditerranéo-asiatiques » en maquis et garrigue. Lorsque le milieu est perturbé, le
peuplement l’est aussi, et cette étude prend toute son importance.
Voici la liste des groupes retenus :
• Cosmopolites: espèces souvent ubiquistes, établies par migrations ou
introduites par l’Homme sur plusieurs continents.
• Holarctiques: occupent l’Amérique du Nord, l’Asie, et l’Europe.
• Eurasiatiques (eurosibériennes) : espèces répandues largement de
l’Europe centrale à l’Asie où elles constituent l’essentiel du peuplement
paléarctique. Présentes également en Afrique du Nord.
• Boréo-alpins ou alpins : Les composantes des régions boréales ou très
septentrionales du continent eurasiatique, se retrouvant en îlots dans les
montagnes des régions plus méridionales. Il s’agit alors d’espèces à
distribution boréo-alpine ou alpine.
• Européennes : espèces limitées à la totalité ou la plus grande partie de
l’Europe seule ou à un secteur européen particulier, alors indiqué.
• Méditerranéo-asiatiques : ensemble hétérogène d’espèces dont l’aire de
répartition couvre une grande partie du bassin méditerranéen ainsi que les
latitudes moyennes de l’Asie occidentale.
• Atlanto-méditerranéens : caractéristiques de l’ouest méditerranéen, leur
distribution s’étend sur le nord-ouest de l ‘Afrique, la péninsule ibérique, et
une petite partie de l’Est du bassin méditerranéen occidental. Peu d’espèces
à caractère orophile sont concernées ici, mais il s’agit souvent d’éléments
endémiques pyrénéens.
8
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3.- Inventaire des rhopalocères et zygènes

Aux 45 espèces issues de la bibliographie et de prospections antérieures à la
présente étude s’ajoutent 15 « nouvelles » espèces contactées en 2012. Nous
arrivons donc à un total de 60 taxons observés historiquement ou actuellement
sur l’ENS de la vallée du Fossat ce qui représente 73 % des espèces connues
aujourd’hui sur les monts du Forez. A l’issue de cet inventaire nous considérons
le niveau de connaissance de ce site comme très bon.
 Liste des espèces recensées
Nous arrivons actuellement au chiffre total de 57 espèces de Rhopalocères et
Zygènes observés au cours des 20 dernières années, plus 3 non revues depuis 30
ans, sur le périmètre de l’ENS de la vallée du Fossat (cf. tableau 2). Cette richesse
spécifique est tout à fait appréciable compte tenu de l’altitude de la zone située
au-dessus de 1200 mètres. Ce total est ainsi à comparer aux 85 espèces connues
actuellement dans les monts du Forez (obs. >1990 côté Puy-de-Dôme). Cet
inventaire spécifique représente 73 % de ces espèces et 37 % des espèces du
département du Puy-de-Dôme (cf. tableau 1).
Au sein des différentes familles de Lépidoptères rencontrés sur le site, la
nomenclature utilisée est celle adoptée dans les travaux récents des spécialistes
correspondants.
 LAFRANCHIS (T.), 2000. Les Papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg
et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France), 448 p.
 LERAUT J.A., 1997.- Liste systématique et synonymique des lépidoptères de
France, Belgique et Corse (deuxième édition). Supplément à Alexanor, 526 p.
Familles ou
sous-familles
Zygaenidae
Hesperiidae
Papilionidae
Pieridae
Lycaenidae
Satyrinae
Nymphalinae
Total
Nb d’espèces présentes
sur le site
de la vallée du Fossat > 1990
5
6
0
6
9
12
19
57
Nb Forez
>1990
%
Forez
Nb 63
>1990
% 63
9
11
2
8
15
14
26
85
56
55
0
75
60
86
73
67
19
18
4
15
38
27
33
154
26
33
0
40
24
44
56
37
Tableau 1. Nombre et pourcentage
d’espèces recensées par familles
9
Tableau 2.- Rhopalocères et Zygènes du site ENS de la vallée du Fossat
N° Leraut Espèce
Nom vernaculaire
Espèce
patrimoniale
<1990
> 1990
Zygaenidae
1891
1900
1913
1915
1917
3263
3269
3275
3279
3288
3289
3292
3298
3300
3303
3305
3306
3309
3312
3324
Adscita statices
Zygaena purpuralis
Zygaena viciae
Zygaena transalpina
Zygaena trifolii
Hesperiidae
Erynnis tages
Pyrgus malvae
Pyrgus serratulae
Pyrgus carthami
Hesperia comma
Ochlodes venatus
Papilionidae
la Turquoise
la Zygène pourpre
la Zygène du mélilot
la Zygène transalpine
la Zygène du trèfle
x
x
x
x
x
le Point de Hongrie
l’Hespérie de la mauve
l’Hespérie de l’alchemille
l’Hespérie
la Virgule
la Sylvaine
x
x
x
x
x
x
Parnassius apollo franscisi
Papilio machaon
Pieridae
Leptidea sinapis
Aporia crataegi
Pieris brassicae
Pieris rapae
Pieris napi
Anthocharis cardamines
Gonepteryx rhamni
L’Apollon du Forez
le Machaon
la Piéride de la moutarde
le Gazé
la Piéride du chou
la Piéride de la rave
la Piéride du navet
l'Aurore
le Citron
x
x
x
x
x
x
x
x
x
Lycaenidae
3336
3338
3340
3341
3342
3344
3354
3373
3384
3390
3392
3396
3397
3403
3408
3411
3413
3414
Callophrys rubi
Lycaena phlaeas
Lycaena virgaureae
Lycaena tityrus
Lycaena alciphron
Lycaena hippothoe
Maculinea alcon
Polyommatus icarus
Plebejus argus
Nymphalidae
Pararge aegeria
Lasiommata maera
Coenonympha arcania
Coenonympha gardetta
lecerfi
Coenonympha pamphilus
Aphantopus hyperanthus
Maniola jurtina
Erebia ligea
Erebia euryale
l'Argus vert
le Cuivré commun
l’Argus satiné
l’Argus myope
le Cuivré mauvin
le Cuivré écarlate
l'Azuré des mouillères
l'Argus bleu
l’Azuré de l’ajonc
le Tircis
l’Ariane, le Némusien
le Céphale
le Satyrion du Forez
x
le
le
le
le
le
x
Procris
Tristan
Myrtil
Moiré blanc-fascié
Moiré frange-pie
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
10
3442
3443
3446
3466
3468
3469
3470
3472
3475
3481
3482
3483
3492
3493
3594
3495
3497
3500
3501
3503
3506
3514
Erebia oeme
Erebia meolans
Melanargia galathea
Argynnis paphia
Argynnis aglaja
Argynnis adippe
Argynnis niobe
Issoria lathonia
Brenthis ino
Clossiana selene
Clossiana euphrosyne
Clossiana titania
Nymphalis antiopa
Inachis io
Vanessa atalanta
Vanessa cardui
Aglais urticae
Polygonia c-album
Araschnia levana
Melitaea diamina
Mellicta athalia
Euphydryas aurinia
le Moiré des luzules
le Moiré des fétuques
le Demi-deuil
le Tabac d’Espagne
le Grand nacré
le Moyen nacré
le Chiffre
le Petit Nacré
le Nacré de la sanguisorbe
la Petit collier argenté
la Grand collier argenté
la Nacré porphyrin
le Morio
le Paon-du-jour
le Vulcain
la Belle-dame
la Petite Tortue
le Robert le diable
la Carte géographique
la Mélitée noirâtre
la Mélitée du mélampyre
la Damier de la succise
x
x
x
x
TOTAL
11
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
57
 Commentaires
Les quatre espèces patrimoniales (Parnassius apollo franscisi, Maculinea alcon,
Coenonympha gardetta lecerfi et Euphydryas aurinia) font l’objet de
commentaires particuliers au chapitre 4.- Espèces et patrimonialité.
Zygaenidae
Zygaena purpuralis (Brünnich, 1763)
Seconde mention de la Zygène pourpre sur les monts du Forez.
Zygaena viciae ([Denis & Schiffermüller, 1775])
Quatrième mention de la Zygène du mélilot sur les monts du Forez.
Zygaena trifolii (Esper, 1783)
Troisième mention de la Zygène du trèfle sur les monts du Forez.
Hesperiidae
Pyrgus serratulae (Rambur, [1839])
Troisième mention de l’Hespérie de l’alchemille sur mes monts du Forez.
Pyrgus carthami (Hübner, [1813])
Seconde mention de l’Hespérie du carthame sur les monts du Forez.
11
Lycaenidae
Lycaena tityrus (Poda, 1761)
Espèce pénétrant très peu sur les monts du Forez, elle est en limite altitudinale sur
la vallée du Fossat.
Plebejus argus (Linné, 1758)
Troisième mention de l’Azuré de l’ajonc sur les monts du Forez.
Satyrinae
Pararge aegeria (Linné, 1758)
Espèce pénétrant très peu sur les monts du Forez, elle est en limite altitudinale sur
la vallée du Fossat.
Erebia oeme (Hübner, [1804])
Le Moiré des luzules est fréquent au-delà de 1300 mètres sur monts du Forez mais
est très localisé dans le département du Puy-de-Dôme.
 Structure biogéographique du peuplement
L’analyse effectuée montre une structure du peuplement classique en Europe
moyenne, avec une proportion majoritaire des éléments eurasiatiques -Figure 5D’une manière générale, la composition géonémique du peuplement du Puy-deDôme et de la France est comparable. On observe sans surprise que le fond
biogéographique est constitué à 73 % d’éléments eurasiatiques. Ces espèces
possèdent une large répartition et sont pour la plupart relativement répandues et
courantes dans le département.
On peut distinguer sur le site deux grands cortèges d’espèces définis par leur
origine biogéographique :
• Le fond de peuplement général est constitué par des éléments eurasiatiques au
sens large (regroupant les éléments européens, holarctiques et eurasiatiques). Ces
espèces, en général d’une grande plasticité écologique, sont présentes aussi bien
en altitude qu’en plaine et représentent généralement 4/5 de la faune étudiée.
• Un cortège orophile (7 %) qui est ici marqué par les espèces les plus
caractéristiques suivantes : Coenonympha gardetta lecerfi, Erebia oeme, E.
euryale et E. meolans.
Aucun taxon d’influence nettement thermophile n’a été observé.

Figure 4- Cortège biogéographiques du peuplement
Eurasiatique
Méditerranéo-asiatique
Cosmopolite
Alpin
Holarctique
Boréo-alpin

Atlanto-méditerranéen
12
Caractérisation écologique
Globalement, le peuplement de la vallée du Fossat est dominé par des espèces qui
ont leurs plantes hôtes liées aux strates herbacées des prairies (69 %). Les espèces
inféodées aux strates arbustives (manteaux pré-forestiers, fruticée) représentent
23 %, celles liées au couvert forestier 8 %. On relève toute l’importance des milieux
prairiaux dans la diversité du peuplement puisqu’ils permettent la reproduction de
plus de 45 espèces.
» Prairies et pelouses.
Les prairies pâturées ou non, occupent une surface relativement importante dans
le fond et sur les hauteurs de la vallée.
Ces milieux abritent un cortège d’espèces particulièrement important. En effet,
ces zones abritent généralement une diversité floristique importante où les plantes
nectarifères sont abondantes, ce qui est naturellement très favorable aux insectes
butineurs.
Prairies montagnardes du fond de vallée
Les prairies du fond de vallée entre 1150 et 1260 mètres accueillent un cortège
d’espèces fréquentes à l’étage montagnard du département à l’exception de
Coenonympha gardetta lecerfi une sous-espèce endémique des monts du Forez.
Prairies montagnardes supérieures
Il n’y a pas d’espèces propres aux prairies situées au-delà de la zone forestière
entre 1420 et 1500 mètres. Si nous observons un appauvrissement du cortège par
rapport à l’étage inférieur, certaine espèce y sont néanmoins beaucoup plus
fréquentes et abondantes. C’est le cas par exemple de Coenonympha gardetta
lecerfi. A l’absence de tourbière à Vaccinium oxyccocos, l’unique taxon qui en
serait caractéristique est absent du site il s’agit de Boloria aquilonaris.
» Ourlets préforestiers et landes
Les secteurs envahis par les ourlets préforestiers sont bien présents sur l’ensemble
du site. Ces milieux forment la transition entre les boisements et les zones
ouvertes de prairies. Les secteurs présentant une physionomie hétérogène où se
mêlent ronces et arbustes et où s’immiscent encore quelques espèces herbacées et
déjà quelques arbres sont les plus diversifiés en espèces de papillons.
Un cortège d’espèces liées plus ou moins directement aux ourlets préforestiers est
présent. Nous pouvons citer parmi les plus caractéristiques : Callophrys rubi,
Erebia ligea, Clossiana titania, Argynnis paphia, A. adippe, A. niobe, Araschnia
levana, Nymphalis antiopa…
» Boisements
Les forêts caducifoliées et résineuses occupent l’intégralité des versants du site.
Les rhopalocères et zygènes étant héliophiles, les forêts apparaissent comme des
milieux généralement pauvres. Grâce à un bon ensoleillement, les lisières et
13
chemins forestiers permettent à la strate herbacée de se diversifier, offrant ainsi
des lieux sensiblement plus favorables aux espèces. De très nombreuses essences
végétales sont présentes ce qui est particulièrement favorable à la diversité
entomologique (lépidoptères nocturnes principalement). Très peu d’espèces
caractéristiques ont été observées (Gonepteryx rhamni, Polygonia c-album, Parage
aegeria…).
Figure 5- Répartition des espèces en fonction
des milieux accueillant leurs plantes hotes
8%
Formations herbacées
23%
Ourlets préforestiers
69%
Boisements
14
Figure 6.- Prairies montagnardes non pâturées du fond de vallée
Figure 7.- Landes montagnardes supérieures à la Croix du Fossat
Biotope typique à Coenonympha gardetta lercerfi
15
..
..
..
..
..
4.- Espèces et patrimonialité
Quatre espèces à statut patrimonial ont été notées actuellement ou
historiquement sur le site ENS de la vallée du Fossat.
 Les espèces à statut patrimonial
Parmi l’ensemble des taxons, quatre ont été identifiés comme patrimoniaux (cf.
tableau 3). Parmi ceux-ci deux n’ont pas été revus récemment (Parnassius apollo
franscisi et Euphydryas aurinia) et un n’a été observé que de manière erratique
(Maculinea alcon). En conséquence seul Coenonympha gardetta lecerfi a fait
l’objet d’une fiche détaillée dans le présent document.
Tableau 3.- Statut des espèces
(D : en danger ; V : vulnérable ; R : rare)
Espèce
Nom vernaculaire
Dernière obs
fiable
P.N.
L’Apollon du Forez
1945
x
L’Azuré des mouillères
2012
x
Le Satyrion du Forez
2012
Le Damier de la succise
2007
D.H.F.F
Annexe II
C.B.
L.R.N.
L.R.R.
2004
x
D
D
NT
V
V
R
Papilionidae
Parnassius Apollo
franscisi
Lycaenidae
Maculinea alcon
Satyrinae
Coenonympha gardetta
lecerfi
Nymphalinae
Euphydryas aurinia
x
x
x

» Parnassius apollo franscici Le Cerf et Acheray, 1939
La sous-espèce franscisi a été décrite en 1939 à partir de 9 individus prélevés à
Pierre-sur-Haute. L’espèce était connue de cette localité depuis 1897 et a été
signalée régulièrement sur la zone sommitale des hautes-chaumes jusque dans les
années 50. Après cette date, les observations se sont plus concentrées sur le
versant Est où la dernière donnée fiable est datée de 1980 mais ne concerne plus le
secteur de la vallée du Fossat.
De ce fait nous considérons que l’Apollon ne fait plus partie de l’entomofaune des
monts du Forez.
16
» Maculinea alcon (Denis & Schiffermüller, 1775)
L’Azuré des mouillères a été noté pour la première fois le 3 juillet 2012. Un imago
a été observé au sud du site à 1470 mètres entre la Croix du Fossat et les Rochers
de la Pause dans une lande en lisière supérieures de la forêt.
Cette observation est remarquable dans la mesure où l’espèce n’avait jamais été
noté sur les monts du Forez. La donnée la plus proche géographiquement est celle
de Saillant au sud du Forez qui date de plus d’un siècle (présence d’œufs sur des
Gentianes pneumonanthe collectées sur cette commune en 1906 et conservées
dans l’herbier d’Alverny incorporé à l’Herbier général universitaire de ClermontFerrand).
Le 9 août 2012 nous avons plus particulièrement cherché cette espèce sur la
Jacine. Cette zone humide est légèrement en dehors de la zone d’étude mais c’est
celle qui est la plus proche et qui nous paraissait la plus favorable. Nous avons axé
la recherche sur les œufs qui sont facilement repérables sur les tiges et fleurs de
Gentiane pneumonanthe, plante hôte de l’espèce.
Quelques pieds de Gentiane pneumonanthe ont également été inspectés à
l’emplacement même ou l’imago a été observé.
Ces recherches n’ont donné aucun résultat positif. Actuellement et en l’absence de
ponte nous considérons cette espèce comme erratique sur le site.
Des prospections complémentaires nous semblent prioritaires pour cette espèce
afin de préciser son statut.
P. Bachelard
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» Euphydryas aurinia (Rottemburg, 1775)
Le Damier de la succise a été noté régulièrement sur la vallée du Fossat entre 1999
et 2007 et plus particulièrement le long du transect mise en place pour le suivi
spécifique de cette espèce à partir de 2001 (Bachelard, 2008). Les effectifs
comptabilisés ont toujours été relativement modestes (au mieux 14 individus le 9 juin
2003) et on observe un lent déclin des effectifs sur la période du suivi. Depuis 2008
l’espèce n’est plus observée. Les travaux de réhabilitation des plantations
résineuses en prairies montagnardes entrepris en 2001 n’ont pas eu l’effet
bénéfique escompté pour le Damier de la succise.
Figure 8.Localisation
des stations
à Euphydryas
aurinia
(obs < 2008)
> 10 imagos observés
< 10 imagos observés
P. Bachelard
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 Coenonympha gardetta lecerfi De Lesse, 1949
Le Satyrion du Forez
Liste rouge nationale (2012) : Vulnérable
Liste rouge régionale (2004) : Rare
Inscrit sur la liste « Trame Verte et Bleu » (2004)
Boréo-alpin, le Satyrion a une répartition limité des monts du Forez aux Balkans où
il est présent dans quelques stations. En France, il est localisé aux Alpes, Jura et
monts du Forez.
Répartition
européenne
de C. gardetta
(Fauna Europaea, 2012)
Répartition française
de C. gardetta
(Lepinet, 2012)
Répartition, fréquence départementale et régionale
(seules les observations postérieures
à 1970 ont été prises en compte)
Espèce montagnarde localisée exclusivement aux monts du Forez. Son aire de
répartition s’étend sur 20 km du nord au sud entre le col du Béal et Baracuchet et
13 km d’est en ouest. L’espèce est fréquente sur les monts du Forez.
Détermination
Les populations des monts du Forez appartiennent à la sous-espèce lecerfi décrite
par De Lesse en 1949. Ces principales caractéristiques sont la large et régulière
bande marginale fauve brique et les ocelles bien développés et réguliers sur le
revers des ailes postérieures.
Biologie
L’espèce se rencontre surtout sur
les prairies montagnardes, parfois
sur les landes.
Les imagos s’observent butinant
les fleurs.
Univoltin (une génération par
an), sa période de vol principale
de fin juin à mi-juillet est assez
longue.
La chenille se nourrit de Poacées,
principalement de fétuques.
P. Bachelard
Conservation et menaces
Malgré son isolement géographique, sa plasticité écologique et son importante aire
d’occupation font qu’il n’est pas menacé actuellement.
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Figure 9.- Répartition du Satyrion du Forez sur la zone d’étude
Fort effectif (en moyenne plus de 10 imagos sur 50 m de transect linéaires)
Faible effectif (en moyenne moins de 5 imagos sur 50 m de transect linéaires)
Le Satyrion du Forez a été observé en faible effectif sur les dernières prairies du
fond de vallée. Certaines années il est omniprésent sur la partie supra sylvatique à
partir de 1400 m.
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5.- Préconisations de gestion
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Les milieux les plus attractifs et les plus importants pour le cycle des rhopalocères
et zygènes sont les zones ouvertes ou semi-ouvertes : prairies, landes, ourlets
préforestiers, lisières forestière…
En-dessous de 1400 mètres la dynamique d’évolution de ces milieux peut être
relativement rapide à l’échelle humaine. Si un des objectifs de gestion de la vallée
du Fossat est de maintenir les populations de papillons diurnes, il est donc
indispensable de conserver d’importantes surfaces herbacées.
Les parties supra-sylvatiques sont quant à elles soumises à des contraintes
climatiques telles que l’évolution est plus lente, elles ne nous semblent pas
prioritaires dans la mise en œuvre de mesure de gestion.
A l’inverse, une attention particulière doit être portée sur les prairies du fond de
vallée. Actuellement elles sont pâturées par des bovins à l’exception des parties
situées au sud de la vallée (cf. figure 10).
A moyen terme, nous préconisons de continuer à soustraire ces prairies au pâturage
qui servent de zones refuges aux espèces en jouant le rôle de mise en défens.
Ces zones sont importantes car le pâturage actuel des prairies nous semble trop
impactant et une réduction du chargement serait bénéfique pour les populations de
papillons diurnes.
Ce postulat est confirmé par le nombre d’imagos observés le même jour sur les
parcelles pâturées et sur celles soustraites au pâturage dont le rapport est de 5
pour 1.
Figure 10.- prairies du fond de vallée
Il
est
également
soustraites au pâturage
intéressant de souligner
que les travaux de
réhabilitations
des
plantations
résineuses
entrepris en 2001 le long
du chemin en fond de
vallée n’ont pas eu l’effet
bénéfique escompté pour
le Damier de la succise.
Pour rappel il était espéré
que la reconquête des
anciennes plantations par
les prairies favorise cette
espèce.
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6.- Résumé
Dans le cadre d’actions visant à une meilleure connaissance de l’entomofaune, sur
le site ENS de la vallée du Fossat (Job / Puy-de-Dôme) et à la demande du
Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne (CEN Auvergne), il a été confié à la
Société d’histoire naturelle Alcide-d’Orbigny (SHNAO) un inventaire des
Lépidoptères Rhopalocères et Zygènes.
Pour atteindre cet objectif et disposer d’un inventaire actualisé le plus exhaustif
possible, quatre sorties ont été réalisées au cours de l’année 2012. Le volume de
données existantes étant déjà significatif nous avons volontairement limité le
nombre de jours de prospections pour cette étude.
Aux 45 espèces issues de la bibliographie et de prospections antérieures à la
présente étude s’ajoute 15 « nouvelles » espèces contactées en 2012. Nous arrivons
donc à un total de 60 taxons observés historiquement ou actuellement sur l’ENS de
la vallée du Fossat ce qui représente 73 % des espèces connues aujourd’hui sur les
monts du Forez. A l’issue de cet inventaire nous considérons le niveau de
connaissance de ce site comme très bon.
Parmi l’ensemble des taxons, quatre ont été identifiés comme patrimoniaux. Deux
n’ont pas été revus récemment (Parnassius apollo franscisi et Euphydryas aurinia)
et un n’a été observé que de manière erratique (Maculinea alcon). En conséquence
seul Coenonympha gardetta lecerfi a fait l’objet d’une fiche détaillée dans le
présent document.
La partie faunistique est traitée par l’analyse des cortèges biogéographiques.
Celle-ci montre que 73 % du peuplement est constitué par des éléments d’origine
eurasiatique.
Celles à tendance orophiles retient notre attention puisque le pourcentage de
celles-ci est élevé (7 %).
En terme de gestion, nous préconisons à moyen terme de continuer à soustraire les
prairies les plus au sud du fond de la vallée au pâturage. Elles servent de zones
refuges aux espèces en jouant le rôle de mise en défens. Ces zones sont
importantes car le pâturage actuel des prairies nous semble trop impactant pour
les populations de papillons diurnes.
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7.- Bibliographie
OUVRAGE
FIERS V., GAUVRIT B., GAVAZZI E., HAFFNER P. & MAURIN H., 1997.- Statut de la faune de
France métropolitaine. Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, 225p.
LAFRANCHIS (T.), 2000. Les Papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et
leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France), 448 p.
LERAUT J.A., 1997.- Liste systématique et synonymique des lépidoptères de France,
Belgique et Corse (deuxième édition). Supplément à Alexanor, 526 p.
LIGUE SUISSE POUR LA PROTECTION DE LA NATURE (L.S.P.N.), 1987.- Les Papillons de jour et
leurs biotopes. L.S.P.N., Bâle, 512p.
SWAAY C. & all, 2010.- European Red List of Butterflies. 47p.
RAPPORTS D’ÉTUDES
BACHELARD P., 2009.- Suivi des papillons Damier de la succise (Euphydryas aurinia)
et Nacré de la canneberge (Boloria aquilonaris) sur trois tourbières du site Natura
2000 FR8301030 Monts du Forez (Puy-de-Dôme). Société d’histoire naturelle
Alcide-d’Orbigny et Parc naturel régional du Livradois-Forez, 43p.
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