Actualité un risque de complication, prévient la Pr Frydman. Au regard de l’objectif d’amé­ lioration de la qualité des soins, l’interdiction du DPI-A est devenue une contradiction incompréhensible, d’autant que dans certains cas, sa pratique n’ajoute aucun geste médical supplémentaire. » Or, il faut savoir qu’en France, le ­diag­nostic génétique préimplantatoire sur embryons issus de FIV n’est autorisé qu’à titre exceptionnel : uniquement lorsqu’il concerne des couples ayant un risque parfaitement identifié de transmettre une maladie génétique d’une particulière gravité. Ces biopsies embryonnaires ne peuvent être pratiquées que dans les quatre centres français habilités par l’administration sanitaire et éthique. Et, le cas échéant, seule la maladie génétique pour laquelle le couple est pris en charge est recherchée. « Tristement, le taux de fausses couches obtenu Un SMS comme outil d’adhésion thérapeutique : une technologie ancienne mais prometteuse ? Les technologies de communication sont con­ sidérées comme importantes à l’avenir de notre système de santé, grâce à leur impact poten­ tiel sur la coordination des soins. Une de ces technologies, la téléphonie mobile, connaît une expansion très importante ces dernières années en Suisse. En 2014, le taux de couver­ ture est déjà de plus de 135 abonnés pour 100 habitants (réf. OFCOM). Disponible sur chaque téléphone mobile, le SMS (short message service) est un moyen de communication entre utilisateurs incontournable. En outre, le SMS est de plus en plus utilisé dans la santé, notam­ ment les rappels de rendez-vous. Dans ce contexte, des chercheurs américains ont voulu déterminer l’efficacité des SMS comme outil d’amélioration de l’adhésion thérapeutique, car 1 Frydman N. Augmenter les chances de succès de la FIV grâce au diagnostic génétique préimplantatoire des aneuploïdies (DPI-A) : Mythe ou réalité ? Médecine / Sciences 2016;32:139-40. un patient chronique sur deux adhère mal ou peu à son traitement.1 Une méta-analyse a été conduite sur seize essais cliniques randomisés contrôlés avec 2742 patients (âge moyen de 39 ans, 50,3 % de femmes) atteints de maladies chroniques.2 Les résultats sont encourageants : les SMS ont doublé la probabilité qu’un patient adhère à son traitement (OR : 2,11 ; IC 95 % : 1,522,93 ; p < 0,001), indépendamment du type de maladie, de la durée de l’intervention (moyenne de douze semaines) ou des caractéristiques du message reçu (personnalisé, bidirectionnel ou quotidien). Commentaire : Le SMS est une technologie peu coûteuse, facile à utiliser et semble utile dans l’adhésion thérapeutique. Néanmoins, des précautions s’imposent à cause de l’hétéro­ généité et des aspects méthodologiques des essais cliniques analysés, comme l’adhésion ­signalée par les patients eux-mêmes, la durée d’intervention courte ou l’absence d’outcomes cliniques.3 Des investigations plus rigoureuses doivent être conduites pour éliminer les limi­ tations méthodologiques existantes avant de faire passer ce message plus largement. Dr Alexandre Gouveia Policlinique médicale universitaire, Lausanne 1 Sabate E. Adherence to long-term therapies : Evi­ dence for action. Geneva : World Health Organisation ; 2003. Report No 92 4 154599 2. 2 Thakkar J, et al. Mobile telephone text messaging for medication adherence in chronic disease : A metaanalysis. JAMA Intern Med 2016;176:340-9. 3 Nieuwlaat R, et al. Mobile text messaging and adherence of patients to medication prescriptions : A txt a day keeps the doctor away ? JAMA Intern Med 2016; 176:350-1. www.revmed.ch 16 mars 2016 44_45.indd 573 après DPI avoisine les 25 %, en raison d’aneu­ ploïdies qui auraient pu être diagnostiquées sur la cellule biopsiée, conclut la Pr Frydman. De plus, deux centres ont déjà été con­frontés à la pratique d’une interruption médicale de grossesse en raison d’une trisomie 21 diagnostiquée au stade fœtal – et ce alors que le diagnostic aurait pu être fait au stade embryonnaire. » L’auteure de l’éditorial de Médecine / Sciences cherche un titre pour la quatrième saison de cette série. On peut aussi, d’ores et déjà, songer aux titres des suivantes. lu pour vous D.R. avec l’apparition de la CGH-array (comparative genomic hybridization) ou de la qPCR (PCR quantitative en temps réel), expli­que encore la Pr Frydman. L’augmentation de sensibilité qui en a résulté a permis de démontrer que l’utilisation du “DPI-A” ­ ­apportait un bénéfice sur les taux de grossesse, en biopsiant des embryons de trois jours. Toutefois, une équipe a mis en évidence un effet délétère de la biopsie sur l’embryon lorsque celle-ci était pratiquée au troisième jour de développement en comparaison avec le cinquième. Ce résultat a encouragé les embryologistes à développer la biopsie du trophectoderme au stade de blastocyste. » Où en sommes-nous aujourd’hui ? Notre auteure précise que les résultats de trois études prospectives randomisées ont été publiés et sont disponibles. Les « couples comparés » sont de « bon pronostic ». Une biopsie de l’embryon est réalisée au stade de blastocyste et une analyse génétique de l’ensemble des chromosomes est effectuée. Les biologistes de la reproduction obser­ vent alors que près de 50 % des blastocystes sont porteurs d’aneuploïdies. Ils expli­quent aussi que les taux de grosses­se évolutive sont supérieurs (et les taux de fausse couche inférieurs) lorsqu’on effectue un DPI-A. En d’autres termes, le DPI-A appliqué au stade de blastocyste a­ pporte un bénéfice direct pour les couples infertiles – et ce tout en facilitant la pratique du transfert d’un seul embryon, ce qui réduit le risque de grossesse gémellaire. Il faudrait, en toute rigueur, compléter le dossier avant d’être pleinement en mesure de juger. Explorer notamment les ­limites des pratiques actuelles ; à savoir que le recours à la vitrification des blastocystes biopsés peut être nécessaire, qu’il faut compter avec le coût financier de l’analyse génétique qui s’ajoute à celui de la tentative de FIV. « Une étude médicoéconomique est donc nécessaire, comparant le coût du DPI-A au coût total des tentatives répétées qui aboutissent à un échec d’implantation ou à la survenue d’une fausse couche ou, encore plus grave, à la pratique d’une interruption médicale de grossesse en cas d’aneuploïdie viable, souligne la Pr Frydman. Le coût psychologi­que est également à prendre en compte, car il est évident que les couples sont moralement épuisés et souvent déprimés, ce qui aboutit à de nombreux arrêts de travail. » Où l’on découvre aussi le contexte dans lequel évoluent des professionnels de santé qui conçoivent, transfèrent ou congèlent des embryons humains « tout en sachant que la moitié d’entre eux sont porteurs d’une aneuploïdie ». « Leur transfert nous conduit à exposer le couple à 573 14.03.16 11:48