Au sud de la frontière, à l`ouest du soleil

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L’ECHO JEUDI 13 DÉCEMBRE 2012
13
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Au sud de la frontière,
à l’ouest du soleil
à la crise des subprimes, et ensuite
il a été pénalisé par la politique du
dollar faible initiée par la FED. À ce
petit jeu-là, cette dernière a, en effet, été nettement plus agressive
que la Banque du Japon (BoJ) pour
combattre le risque déflationniste,
multipliant par 3,2 sa base monétaire contre seulement 1,4 fois pour
son homologue japonais. C’est
pourquoi, alors qu’il aurait dû baisser, le yen s’est au contraire apprécié.
La catastrophe de Fukushima et
la crise des îles Senkaku n’ont ensuite fait que renforcer le phénomène de détérioration de la balance commerciale. Pour un pays
lointain et dépourvu de ressources
naturelles, l’abandon du nucléaire
pèse sur une facture énergétique
qui représente un quart des importations. Elle détériore également
un peu plus sa compétitivité, car le
Japon paie maintenant 8 fois plus
cher son gaz que les Etats-Unis.
Dans ce contexte, le Japon aurait
donc pu faire l’économie d’une
crise diplomatique avec la Chine,
son partenaire économique le plus
important. Son impact a d’ailleurs
été immédiat. Après un deuxième
trimestre déjà fort peu vaillant, le
Japon est entré en récession au troisième trimestre avec un PIB en
baisse de 3,5%, quasi essentiellement tiré par l’effondrement du
surplus commercial.
BERTRAND
VERAGHAENNE
Chief economist CIC Banque
Transatlantique Belgium
U
n bon dessin vaut parfois mieux qu’un long
discours. Le graphique
qui compare la parité
yen/dollar avec l’évolution de la balance courante du Japon est pour le
moins éloquent. Historiquement,
le yen a toujours eu tendance, en
toute bonne logique, à se déprécier
quand son surplus courant diminuait, et vice-versa. Il y a eu, par
moments, un certain décalage dans
ces tendances, mais jamais à un
point tel que celui que nous observons aujourd’hui, car avec une balance commerciale devenue négative pour la première fois depuis
1980 et un compte courant en
chute libre, le yen devrait être très
loin de son niveau actuel et plus
proche de la parité 130-150 yen/dollar.
Le Japon a été frappé par trois
chocs majeurs ces dernières années. Grand exportateur, il a été
fortement touché par l’effondrement du commerce mondial suite
Réagir
Le Japon est donc dans l’obligation
de réagir, car tous les clignotants
budgétaires sont dans le rouge.
Même s’ils le sont depuis si longtemps déjà que cela ne semble
presque plus avoir d’importance, il
est toutefois bon de rappeler que le
déficit budgétaire de 10% est en
Une réforme
ambitieuse
des dispositifs
médicaux
train de battre tous les records et
que, du fait d’une dynamique démographique défavorable (vieillissement suivi maintenant d’une
baisse de la population), il est
maintenant d’une nature essentiellement structurelle.
Avec un endettement record
combiné à des taux d’intérêt les
plus bas du monde, le tout assorti
d’une devise qui se renforce alors
même que le commerce extérieur
s’effondre, le Japon semble donc
être dans un monde à part. Pour
paraphraser un célèbre écrivain japonais, il est maintenant quelque
part «au sud de la frontière, à
l’ouest du soleil». Or quelque chose
qui ne peut pas durer finit toujours
Le Japon est entré
en récession.
Tous les clignotants
budgétaires
sont dans le rouge.
Des élections
à la Chambre des
représentants auront
lieu ce dimanche
16 décembre 2012.
Le favori des
sondages, Shinzo
Abe, sait que la force
du yen est une des
principales causes
des problèmes.
COURS DU YEN ET ÉVOLUTION DE LA BALANCE COURANTE JAPONAISE
Balance courante des paiements (moyenne mobile 1 an/ milliards de yen) .
Dollar en yen (échelle de droite/ inversée).
50
2500
2000
100
1500
150
Il y a cependant une
inconnue majeure.
La politique du yen
faible n’est pas sans
conséquences.
1000
200
500
250
0
300
-500
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
Les deux années
à venir seront très
intéressantes
à suivre...
pas s’arrêter. À moins d’un miracle,
une forte dépréciation du yen semble selon nous inscrite dans les
étoiles.
L’élection de dimanche
Quel peut en être le ou les éléments
déclencheurs? Le premier est déjà
en cours depuis quelque temps,
puisque le Japon n’est plus en mesure, comme par le passé, d’autofinancer son déficit budgétaire et
doit maintenant avoir recours à la
planche à billet. Le second sera
peut-être l’élection de ce dimanche.
En effet, le favori des sondages,
Shinzo Abe le président du LDP,
pointe, à juste titre, la force du yen
comme une des principales causes
des problèmes actuels. Il souhaite
dès lors le faire baisser en créant un
fonds de 50 trillions de yen, chargé
d’acheter des obligations d’État
étrangères. Il est aussi en faveur de
la fixation d’un objectif d’inflation
de 2%. C’est d’ailleurs pour cela qu’il
souhaite nommer, lors du renouvellement du mandat en avril 2013,
un gouverneur de la BoJ en faveur
d’une politique monétaire plus
agressive. Sur l’effet d’annonce, le
yen a déjà baissé contre le dollar de
78 à 82 yen.
Une baisse jusqu’à 90 yen augmenterait les bénéfices du Topix de
25% et la croissance du PIB de 0,8%
avec un décalage de 12 mois. Considéré sous cet angle, il n’y a donc
plus de temps à perdre pour stimuler l’économie et la Bourse, car
l’augmentation de la taxe sur la
consommation, amenée à doubler
d’ici 2015 pour contenir les déficits,
commencera à se faire sentir dès
2014. Il y a cependant une inconnue
majeure. Compte tenu de la taille
de son marché obligataire, essentiellement détenu par les banques
locales, une baisse du yen entraînerait une remontée inévitable des
taux qui risquerait d’affecter fortement la solvabilité du secteur.
La politique du yen faible n’est
donc pas sans conséquence. Les
deux années qui viennent seront
donc très intéressantes à suivre,
surtout pour nous Européens, car
la situation japonaise est une des
images avancées de la crise économique dans laquelle nous nous débattons. Avec le risque de déflation
lié à notre surendettement, nos
bulles immobilières et la problématique du vieillissement de nos
populations, notre situation actuelle est bien plus proche de celle
du Japon des années 90 que nous
nous plaisons à le penser…
Source: Thomson Reuters Datastream
Shinzo Abe, président du LDP. © EPA
FLORENCE
VERHOESTRAETE
& CHRISTEL BRION
Avocates NautaDutilh
Le secteur des «dispositifs médicaux» englobe un très large éventail de produits, allant de simples
pansements aux produits les plus
sophistiqués tels des pacemakers,
en passant par les lentilles de
contact, les prothèses, l’équipement médical, etc. Ce secteur très
innovateur, surtout en Europe, capitalise quelque 95 milliards d’euros (chiffres Eucomed pour l’UE-27,
la Norvège et la Suisse).
Contrairement aux médicaments, les dispositifs médicaux ne
font pas l’objet d’une autorisation
préalable à la mise sur le marché
mais doivent généralement être
pourvus d’un marquage CE autorisant leur libre circulation dans
l’UE. Le cadre réglementaire existant a démontré sa valeur, mais il
fait aussi l’objet de critiques, notamment suite au scandale mondial des implants mammaires
«PIP».
Pour rappel, ces implants présentaient des risques élevés de rupture, suite à l’utilisation frauduleuse d’un gel industriel non-homologué à la place du gel de
silicone médical.
Afin d’éviter que ce genre de dérives ne se reproduise à l’avenir, les
autorités et le secteur collaborent à
une révision et un renforcement
du cadre réglementaire.
Ainsi, la Commission européenne a récemment adopté et
soumis au Parlement européen et
au Conseil deux propositions de
règlements sur les dispositifs médicaux. Une des mesures phares de
la réforme est l’instauration d’un
système d’identification unique
des dispositifs («UDI»), qui permettra entre autres d’en améliorer
la traçabilité après leur commercialisation, de contribuer à réduire
le nombre d’erreurs médicales et
de lutter contre la contrefaçon.
Au niveau belge, la ministre
Laurette Onkelinx n’a pas souhaité
attendre l’aboutissement de ces
travaux et a préparé un plan d’action global qui a comme objectifs
principaux d’assurer un meilleur
contrôle et une plus grande traçabilité de tous les dispositifs médicaux. La priorité au niveau de l’exécution sera néanmoins donnée aux
dispositifs dits «implantables»,
présentant les plus hauts risques.
Cette réforme ambitieuse devrait être bouclée en 2016. Des
groupes de travail planchent actuellement sur les mesures de mise
en œuvre des «piliers» de la réforme, notamment: l’identification
et la traçabilité, le contrôle et la
«matériovigilance» (c’est-à-dire la
surveillance des éventuels incidents liés aux dispositifs médicaux). Les mesures d’exécution devront être consacrées en temps
utile dans des arrêtés royaux, tout
en s’alignant sur les futures mesures européennes.
Améliorer l’identification
et la traçabilité
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Editeur Responsable: Dirk Velghe
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Le plan prévoit tout d’abord de
rendre obligatoire l’enregistrement des dispositifs implantables
dès leur entrée dans le circuit de
distribution belge.
Ainsi, les données relatives à la
qualité, la sécurité et l’efficacité des
dispositifs devront être mises à la
disposition de l’AFMPS (Agence fédérale pour les médicaments et les
produits de santé), du SPF Economie et de l’Inami par le fabricant
ou le distributeur.
L’instauration de cet enregistrement obligatoire sera progressive:
avril 2014 pour les implants les
plus courants (par exemple, les
prothèses de hanche et les pacemakers) et avril 2016 pour tout implant.
De même, toute pose d’implants devra obligatoirement être
enregistrée dans le système par les
professionnels de la santé au plus
tard dès avril 2014. Ces professionnels seront, par ailleurs, tenus de
fournir une «carte implant» au patient, reprenant toute une série
d’informations. Avec cette carte, le
patient aura la garantie que son
implant a suivi le circuit légal et il
saura exactement ce qui lui a été
implanté.
Ce système permettra aux autorités, en cas de problème, de savoir
à tout moment où se trouvent les
dispositifs concernés et d’avertir
les professionnels et patients
concernés.
Améliorer le contrôle
et la sécurité
Dès octobre 2013, un circuit légal
de délivrance des dispositifs médicaux sera instauré qui passera obligatoirement par les pharmacies
(officines ou hospitalières).
Afin de permettre une meilleure
surveillance du secteur dans sa globalité par les autorités, le plan prévoit en outre un renforcement des
contrôles auprès des fabricants,
distributeurs, hôpitaux et cliniques privées. 41 inspecteurs seront engagés à ces fins par l’AFMPS.
Suite au scandale
des implants
mammaires PIP,
le secteur et les
autorités collaborent
à un renforcement
du cadre
réglementaire.
Ce renforcement des contrôles s’est
déjà fait ressentir auprès du secteur des dispositifs implantables
qui a connu une nette augmentation des inspections depuis le mois
de septembre.
La «matériovigilance»
Enfin, le plan prévoit la mise en
place de points de contact «matériovigilance» et d’une procédure
obligatoire standardisée pour la
notification des risques incidents
afin de pouvoir alerter les autorités
en cas de problèmes. Cette obligation incombera à chaque acteur
délivrant ou mettant à disposition
un dispositif. Les hôpitaux et les
distributeurs pourront le faire, sur
base volontaire, dès janvier 2013. La
mesure deviendra obligatoire pour
tous les acteurs du secteur, dès octobre 2013.
«Cette réforme belge du secteur
des dispositifs médicaux, qui trouve
son origine dans l’affaire ‘PIP’, donne
lieu à un véritable ‘screening’ de toute
la réglementation en matière de dispositifs médicaux et garantira au patient un accès à des dispositifs plus
surs et davantage contrôlés», explique Richard Van den Broeck, directeur d’Unamec, l’association représentative belge du secteur des
dispositifs médicaux. «Il s’agit d’une
réforme fort ambitieuse dont la mise
en œuvre sera complexe vu la vaste diversité du secteur. Unamec est favorable à une mise en œuvre raisonnable
de ce plan, de sorte que les différents
acteurs du secteur puissent continuer
à fonctionner ‘normalement’, sans entraves administratives déraisonnables, tout en continuant à favoriser
l’innovation et à préserver la compétitivité du secteur.»
Notons encore que le secteur
s’est engagé à financer lui-même le
plan qui devrait dès lors être budgétairement neutre pour l’État.
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