Fiche 22 : Le coeur

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Fiche 22
Une histoire de coeur
En dépit des chants des poètes, qui exaltent le cœur comme le siège des
sentiments, nous devons nous résigner à voir en lui un muscle creux, le myocarde.
Intercalé entre les poumons, au dessus du diaphragme, le cœur à une masse
d’environ 340 grammes. Chaque jour, il bat 100.000 fois et propulse 3.748 litres de
sang dans un circuit de vaisseaux de plus de 100.000 kilomètres. Abandonnonsnous au vertige des chiffres : j’ai vécu 30.000 jours, mon cœur a battu 3.000.000.000
de fois, il a fait circuler 111.000.000 de litres de sang. Brave et honnête serviteur !
Le péricarde
Le cœur est entouré du péricarde, une enveloppe qui le maintient dans sa
position en lui laissant la liberté de se contracter. Le péricarde est fait de deux
feuillets, l’un externe, l’autre interne. Le feuillet externe est une sorte de sac de
tissu fibreux dense. Le feuillet interne est mince et compte lui-même deux tuniques
adjacentes, qui délimitent une cavité virtuelle, la cavité péricardique. Celle-ci est
occupée par une pellicule liquide très ténue, le liquide péricardique.
La paroi du cœur
La paroi du cœur est essentiellement constituée par la tunique musculaire
cardiaque, le myocarde. Les cellules musculaires n’ont qu’un seul noyau, qui est
encadré par l’appareil des myofibrilles contractiles. Elles se lient par des espèces
d’escalier de deux ou trois degrés.
Les cavités du cœur
Le myocarde est creusé de quatre cavités. Les deux cavités supérieures sont
les oreillettes droite et gauche, les deux cavités inférieures les ventricules droit et
gauche.
La cloison qui sépare les deux oreillettes mérite un commentaire : elle dessine
une dépression, la fosse ovale, qui est la trace du trou ovale.
Chez le fœtus, le trou ovale permettait au sang de passer de l’oreillette droite
à l’oreillette gauche. Le sang, qui était oxygéné dans le placenta, pouvait ainsi
éviter de passer par les poumons, qui n’étaient du reste pas fonctionnels. Par
l’oreillette gauche, le sang fœtal parvenait au ventricule gauche qui l’expédiait
dans la circulation générale.
A l’instant même où le nouveau-né abandonne l’utérus, à l’instant même où il
ouvre la bouche pour la première fois dans le milieu aérien, à l’instant même où
l’air est admis dans les poumons pour la première fois, le trou ovale se ferme
comme un sphincter et la circulation sanguine adopte le schéma adulte.
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A droite comme à gauche, chaque oreillette s’ouvre dans un ventricule. Le
sens de la circulation est assuré par des valvules, la valvule tricuspide à droite, la
valvule mitrale à gauche. Les valvules sont en quelque sorte des soupapes. Elles
s’effacent quand l’oreillette se contracte, autorisant le passage du sang dans le
ventricule, puis se ferment quand le ventricule à son tour se contracte, interdisant
le reflux du sang dans l’oreillette. Et ce petit moteur fonctionne pendant toute une
vie, en abattant un énorme travail.
L'oreillette droite reçoit des veines caves le sang désoxygéné qui a parcouru
tout le corps et l'envoie vers le ventricule droit afin que par l’artère pulmonaire il
soit adressé aux poumons pour y être oxygéné. L'oreillette gauche, elle, reçoit des
veines pulmonaires le sang fraîchement oxygéné qui a traversé les poumons et le
pousse dans le ventricule gauche qui l’expédie dans l’aorte et, par elle, dans
l'ensemble du corps.
Les deux grosses artères qui quittent le cœur sont dotées de valvules qui
empêchent le sang de refluer dans les ventricules. A sa sortie du ventricule droit,
l’artère pulmonaire est équipée d’une valvule sigmoïde pulmonaire. A sa sortie du
ventricule gauche, l’aorte est équipée d’une valvule sigmoïde aortique.
L’innervation du coeur
Le cœur est évidemment innervé par le système nerveux viscéral, mais celuici se limite à augmenter ou à réduire le temps requis pour accomplir une
révolution, c’est-à-dire un battement cardiaque. Le myocarde est en effet équipé
d’un tissu très singulier, le tissu nodal, qui produit et distribue des influx
électriques stimulant ses propres cellules musculaires. Disons-le tout simplement :
il peut continuer à se contracter et à se relâcher en absence du système nerveux.
Le système coronaire
Comme tous les autres organes, le myocarde est traversé par de nombreux
vaisseaux dont l’ensemble porte le nom de système coronaire. Ces vaisseaux
coronariens apportent aux fibres musculaires l’oxygène et les métabolites qu’elles
réclament, ils emportent les résidus de leur catabolisme.
La révolution cardiaque
Au cours d’un battement de cœur, les deux oreillettes se contractent pendant
que les deux ventricules se relâchent. Puis, lorsque les ventricules se contractent,
les oreillettes se relâchent. La contraction des chambres cardiaques porte le nom de
systole, leur relâchement celui de diastole. Une révolution cardiaque, ou pour être
simple un battement cardiaque, comporte une systole et une diastole des oreillettes
et des ventricules.
Décrivons son déroulement en considérant que le cœur bat en moyenne 75
fois par minute. A cette fréquence, une révolution cardiaque dure environ 0,8
seconde.
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Au cours du premier dixième de seconde, les oreillettes se contractent et les
ventricules se relâchent. Les valvules auriculo-ventriculaires sont ouvertes. Durant
les trois dixièmes de seconde qui suivent, les oreillettes se relâchent et les
ventricules se contractent, la pression atteint 120 millimètres de mercure. Pendant
la première partie de cette phase, toutes les valvules sont fermées et, pendant sa
deuxième partie, les valvules sigmoïdes sont ouvertes.
Les quatre derniers dixièmes de seconde de la révolution sont un temps de
relaxation, les quatre chambres sont en diastole, la pression tombe à 80
millimètres de mercure.
Ainsi, au cours d’une révolution, les oreillettes sont en systole durant 0,1
seconde et en diastole durant 0,7 seconde, les ventricules sont en systole durant 0,3
seconde et en diastole durant 0,5 seconde.
Au début de la phase de relaxation, toutes les valvules sont fermées, puis les
valvules auriculo-ventriculaires s’ouvrent et le sang commence à s’écouler dans les
ventricules.
Une petite note pour terminer : si le cœur accélère, c’est la phase relaxation
qui est abrégée d’autant.
La traversée du cœur
Toujours accompagnés de notre cortège de cellules sanguines, nous sortons du
poumon, nous progressons maintenant dans des veinules qui augmentent de
diamètre et confluent, nous avons définitivement quitté les sentiers charmants et
étroits des capillaires, c’en est fini de musarder, nous voici sur une autoroute, nous
débouchons dans une veine pulmonaire.
Nous commençons à entendre un bruit sourd qui se répète 70 fois par
minute, un bruit qui s’accentue, c’est le bruit du travail des valvules. Nous voici
dans une veine pulmonaire … attention ! Nous allons entrer dans l’oreillette
gauche, nous entrons, nous sommes entrés ! L’oreillette se contracte, la valvule qui
donne accès au ventricule gauche s’efface devant nous, nous voici dans le ventricule
gauche, qui se contracte, nous sommes chassés dans l’aorte …
La traversée du cœur, que nous attendions avec crainte et impatience, ne
nous a pris qu’un peu moins d’une seconde, nous n’avons qu’à peine eu le temps de
voir, à fortiori de regarder. Vraiment, nous devrons revenir, après avoir fait un
immense voyage dans les organes, et nous aurons ainsi le bonheur d’y revenir en
entrant par une veine cave.
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