memoire de master 2 d`anthropologie

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UNIVERSITE DE BANGUI
------------
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Unité-Dignité-Travail
FACULTE DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES
--------------DEPARTEMENT D’ANTHROPOLOGIE
-------------OPTION : PATRIMOINE CULTUREL
ET DE LA COMMUNUCATION
MUTATION DE LA TECHNOLOGIE DU FER EN CENTRAFRIQUE : ETUDE
COMPAREE DE LA FORGE ENTRE BANGUI-BAMBARI
MEMOIRE DE MASTER 2 D’ANTHROPOLOGIE
Présenté et soutenu par :
Mr François MURAMIRA
Maître en Anthropologie
Sous la Direction de :
Mr Bruno MARTINELLI
Professeur des universités à
l’Université de Provence
Convention Inter-universitaire entre l’université de Bangui et l’université de Provence Aix-Marseille 1
Année Académique : 2005-2006
1
I
DEDICACE
Je dédie ce travail à :
-
Mes parents Charles NKURUNZIZA et Madeleine MUKAGASANA
-
Toute ma famille
2
II
REMERCIEMENTS
Je dois reconnaissance à tous ceux ou celles qui ont contribué à la
réalisation de mon travail.
D’abord à mon Directeur de mémoire, Professeur Bruno MARTINELLI .
Je tiens à exprimer mes vives gratitudes. En dépit de ses multiples charges, il a
bien voulu guider mes pas jusqu’à l’achèvement de cette étude.
Mes gratitudes vont également à l’endroit de tous ceux qui m’ont aidé
d’une façon ou d’une autre dans mes recherches, plus précisément :
- Au personnel enseignant du Département d’Anthropologie qui a bien
voulu assurer ma formation malgré les conditions difficiles de travail ;
- A tous mes parents, à ma fiancée Emma SAMBA, et à mes frères et sœurs
Olivier, Philippe, Valéry, Epiphanie et Marie Généreuse ;
- Et plus particulièrement à la Révérende Sœur Paulette PETIT ;
- A Monsieur Sylvain WABANGUE.
- A Monsieur Roger TOINGAI qui m’a donné pas mal de conseils ;
- A tous mes amis, collègues et connaissances pour l’appui qu’ils n’ont
cessé de m’apporter à travers les conseils, les encouragements et
l’assistance matérielle et financière pour la réalisation de ce travail ;
- A tous mes informateurs parmi les forgerons de Bambari ainsi que ceux
de Bangui.
3
III
SOMMAIRE
DEDICACE --------------------------------------------------------------------------I
REMERCIEMENTS----------------------------------------------------------------II
INTRODUCTION GENERALE--------------------------------------------------1
Ière PARTIE : APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE PREMIER : APPROCHE THEORIQUE
1.1. L’anthropologie du changement social---------------------------------1.2. L’anthropologie du développement----------------------------------------1.3. La transformation du sous système technique----------------------------1.4. La transformation du sous système social et culturel -------------------1.5. Le processus d’apprentissage technique-----------------------------------CHAPITRE DEUXIEME : APPROCHE METHODOLOGIQUE
2.1.La définition des concepts ---------------------------------------------------2.1.1. Mutation ---------------------------------------------------------------------22. La présentation du terrain d’étude- -----------------------------------------2.2.1. L’aspect physique----------------------------------------------------------2.2.2. L’aspect social --------------------------------------------------------------2.3. Les techniques de collecte des données ---------------------------------2.3.1. La revue de la littérature---------------------------------------------------2.3.2. L’observation---------------------------------------------------------------2.3.2.1. L’observation directe --------------------------------------------------2.3.2.2.. L’observation participante --------------------------------------------2.4. L’entretien sémi-dirigé ---------------------------------------------------2.5. Les difficultés rencontrées-------------------------------------------------
4
II ème PARTIE : EVOLUTION DE LA TECHNOLOGIE DU FER A
BAMBARI
CHAPITRE TROISIEME : DESCRIPTION DE LA FORGE
3.1. Le rôle du forgeron----------------------------------------------------------------3.2. Etude descriptive des outils et matières utilisés par les forgerons------------3.2.1. Les outils de la forge--------------------------------------------------------------3.2.2.Matières premières-----------------------------------------------------------------3.2.2.1. Fers de récupérations-----------------------------------------------------------3.2.2.2. Charbon de bois -----------------------------------------------------------------3.3. Description des différentes chaînes opératoires---------------------------------CHAPITRE QUATRIEME : L’APPRENTISSAGE OU LA
TRANSMISSION DES SAVOIR-FAIRE CHEZ LES BANDA
4.1.Les conditions d’apprentissage --------------------------------------------------4.2. Les différentes niveaux de l’apprentissage-------------------------------------4.3.Les variables culturelles liées à la forge ----------------------------------------4.3.1.Les rites----------------------------------------------------------------------------4.3.2. Les valeurs et les croyances----------------------------------------------------CHAPITRE CINQUIEME : MUTATION DE LA TECHNOLOGIE DU
FER (BANGUI-BAMBARI)
5.1. Homogénéité ou hétérogénéité de l’artisanat du fer ( Bangui-Bambari)-----5.2. La circulation des produits au niveau national ---------------------------------5.3. Suggestions --------------------------------------------------------------------------Conclusion générale-------------------------------------------------------------------Bibliographie---------------------------------------------------------------------------Annexes----------------------------------------------------------------------------------Projet de Thèse--------------------------------------------------------------------------
5
INTRODUCTION
Le fer fut le deuxième
métal après le bronze dans l’antiquité. La
civilisation métallurgique aurait été attesté en ’Inde vers -1200. Le fer de
météorite était découvert aux environs de -3500. Il était utilisé dans la
fabrication des bijoux. L’origine du fer en Afrique est mal établie. Il est difficile
de savoir quel était le premier pays qui avait connu ce métal. La sidérurgie serait
venu en Afrique au 3ème siècle avant Jésus Christ , à partir de l’Asie Occidentale
via l’Egypte où les foyers de haute civilisation se trouvaient avec les pratiques
de l’agriculture, poterie et la métallurgie ( UNESCO,2002)
Selon les archéologues qui s’intéressent à la métallurgie du fer en Afrique,
la diffusion s’était effectuée à partir de ces foyers vers le sud. De l’Egypte, la
métallurgie du fer serait partie vers Méroé qui est considéré comme un jalon
essentiel de cette diffusion ( Y. MONINO , 1998). On parlerait comme foyer
supplémentaire de diffusion le golfe de Syrte en Libye qui aurait rayonné vers le
sud à l’ouest du lac Tchad. (Henri TORNEUX, 1988)
La diffusion du fer en Afrique centrale daterait de 450 avant Jésus Christ,
juste au début de l’ère chrétien (B. MARTINELLI , 2004)1. Les routes du
peuplement Bantou étaient suivies par la métallurgie du fer. Cette date est
obtenue tant au Cameroun qu’au Gabon. Par la suite, elle se serait répandue dans
les autres régions voisines, notamment en République Centrafricaine. Donc, le
fer serait arrivé en Afrique centrale à partir de l’Afrique de l’Ouest, notamment
dans la boucle du Niger ( B. MARTINELLI , 2004).
1
Cette précision a été donnée par le Professeur B. MARTINELLI lors de sa conférence sur la métallurgie du fer
en Afrique à l’Université de Bangui en 2004.
6
Selon les ethno-archéologues, il y a une centaine d’années que la
métallurgie occupe une place importante dans la vie économique et sociale des
communautés en République Centrafricaine.
L’industrie
métallurgique
était
très
développée
en
République
Centrafricaine. Les minerais de fer existent partout dans le pays comme en
témoignent les scories de la fonte, citant entre autres des gisements de fer de
Kémo-Ibingui, dans la préfecture de l’Ouham ainsi que dans l’Ombella M’Poko,
Haute –Kotto et la Lobaye. Ainsi que dans la Préfecture de la Ouaka qui fait
l’objet de notre recherche, plus précisément à Bambari ( GOTILOGUE 1997)
La métallurgie du fer est une chaîne opératoire. Il s’agit de l’extraction
des minerais, fonderie et enfin la forge qui sera l’objet de notre travail de
recherche.
Le fondeur ne forge pas le fer. Cette transformation relève de la
compétence du forgeron. Mais, dans certaines sociétés, notamment dans la
boucle du Niger et en Afrique centrale, le forgeron peut être à la fois fondeur et
forgeron ; et dans d’autres , le fondeur est aussi un agriculteur-fondeur distinct
du forgeron dans certains ouvrages consacrés à la métallurgie du fer en Afrique
subsaharienne. Ces personnages qui manipulent le fer travaillent avec des
divinités. A l’instar des sociétés soudano-saherienne, dans la société banda un
sacrifice adressé au dieu suprême et puissances surnaturelles extérieures était
accompli (B. MARTINELLI . 1992).
Dans la ville de Bambari où nous avons mené notre recherche, le métier
de la forge est beaucoup plus pratiqué par l’ethnie Banda (ethnie majoritaire) ,
qui est venue du Darfour au Soudan via le Nord de la République Centrafricaine
7
vers le XIXème siècle. Selon nos enquêtés, ce métier était héréditaire. Le gendre
du forgeron pouvait aussi pratiquer le travail de la forge (W. EGGEN , 1976).
Au sein de cette société, le forgeron occupait un rang enviable et
intéressant
pour
la population dans les domaines économique, esthétique,
militaire et social. Il représentait une autorité et une force réelle grâce à son
travail qui était considéré comme un art et une science divine.
Cependant, depuis la période coloniale, les forgerons ont perdu leurs
prestiges, ils sont dépersonnalisés et disloqués. Dans la société banda, le
forgeron se retrouve disqualifié de la compétition pour le pouvoir sur les
hommes par l’introduction de la monétarisation de l’économie et de l’arrivée des
produits occidentaux sur le marché centrafricain.
Dans le cadre de notre travail « Mutation de la technologique du fer en
Centrafrique : Etude comparée de la forge entre Bangui-Bambari », notons
au préalable que ce phénomène s’inscrit dans le cadre du changement social .
Pour ce faire, nous nous posons certaines questions qui se structurent de la
manière suivante : De quelle manière la technologie de la forge a-t-elle évolué à
Bambari? Quelles sont les variables caractéristiques de la transmission des
savoir faire de la forge à Bambari ? De plus, comment les transformations
technique et commerciale sont –elles vécues et pratiquées entre BanguiBambari?
Dans le cadre de notre travail, nous avons pour objectif de décrire et
d’analyser de manière claire la technologie de la forge à Bambari en
comparaison avec celle de Bangui.
8
Pour mieux cerner cette étude comparée de la forge entre Bambari
Bangui , nous avons structuré notre travail en deux grandes parties comprenant
cinq chapitres :
- Le premier chapitre est consacré à l’approche théorique
- Le deuxième chapitre s’attarde sur l’approche méthodologique
- Le troisième chapitre porte sur la description de la forge à Bambari
- Le quatrième chapitre est réservé à l’apprentissage ou la transmission des
savoir-faire à Bambari
- Le cinquième chapitre analyse la mutation de la technologie du fer entre
Bangui-Bambari ;
- Et enfin, une conclusion et les annexes qui contiennent le projet de thèse.
9
CHAPITRE PREMIER :
APPROCHE THEORIQUE
Dans les sociétés africaines préindustrielles ou celles évoluant
parallèlement au développement industriel, l’utilisation de la technique du fer
reste constante. Pendant toute cette longue période de l’histoire africaine, le
développement de la métallurgie du fer qui était d’inspiration interne à l’Afrique
a joué un rôle considérable dans la dynamique de ces sociétés jusqu’au
renversement de la tendance avec l’arrivée des métaux importés et de
récupération.
Qu’elle soit d’inspiration interne ou d’influence extérieure, la technologie
du fer a connu une évolution réelle tant au niveau de l’exploitation, de traitement
et de production des outils. Ce qui a finalement entraîné des incidences non
négligeables sur le processus de transformation des sociétés africaines.
Ce constant évident a été révélé abondamment par les spécialistes à
travers les regards jetés de façon spécifique sur le passé de
ces sociétés,
notamment exposés dans les travaux de recherche publiés à cet effet. Les
résultats qui se dégagent du survole effectué chez les Haoussa et chez les
Touareg (N.ECHARD, 1965 ;1972) sur le travail du fer (des forgerons) ,
attestent cette évidence. Les mêmes conclusions sont venues confirmer cette
thèse fondamentale appliquée au Yatenga au Burkina Faso (B. Martinelli, 2000),
aux anciens royaumes Malinke, Peuls et Songhay dans la même région africaine
(Mc NOUGHTON O.K., 1988 ; J.P.Olivier de Sardan,1982). Loin d’être
réductible à l’Afrique de l’Ouest, ces illustrations se sont avérées aussi vraies
en Afrique centrale , notamment au Cameroun, dans le royaume Kongo (G.
10
BALANDIER, 1965) et faut probablement chez les banda en République
Centrafricaine.
Ce constat persistant nous pousse à ce niveau de notre étude à envisager
un préalable en guise de débat théorique portant sur l’examen de quelques
notions de base ci-après.
1.1.
L’anthropologie du changement social
Si on accepte que les êtres humains où qu’ils soient et à n’importe quelle
époque, sont au centre des actions qui affectent de manière significative leur
cadre de vie, on doit également admettre que le changement des structures
sociales de base qui résultent fait l’objet de nombreuses études visant à
comprendre les modalités et les facteurs générateurs de ce changement.
Dans les sociétés africaines de type segmentaire moins évoluées et dans
celles des structures complexes, les facteurs de changement social sont multiples
et variés en raison des contingences bien déterminés parmi ceux-ci, on retenir
rapidement les innovations internes et celles résultant des échanges d’éléments
culturels issus des civilisation proches ou proches.
En effet, l’expérience du passé est riche en témoignages et insiste sur la
place de choix qu’occupe l’émergence et du développement de la métallurgie du
fer dans ce processus. Grâce à son caractère complexe et son incidence directe
sur les autres facteurs de la société, le travail, de même qu l’industrie moderne à
ces jours, est à l’origine des mutations, parfois spectaculaires, qui marquent
l’histoire des sociétés. On peut noter entre autre qu’en plus de la valeur ajoutée
induite dans la production des objets d’usage courant, , l’amélioration de la
technologie du fer s’est trouvée à l’origine du développement des techniques
tout en livrant les moyens militaires stratégiques (armes de guerre) de conquête
11
et de consolidation des fondements des pouvoirs étatiques (R. WENTE-LUKAS,
1977 ; G. BALANDIER, op. cit)
Ces facteurs, non exclusifs décisifs tout de même, constituent des
phénomènes importants pris en compte dans l’optique de l’anthropologie du
changement social. Ils constituent en même temps des matériaux d’importance
majeure dans la perspective de l’anthropologie du développement.
1.2.
L’anthropologie du développement
A la lumière de ce qui précède et au regard de la nécessité historique de
mettre
en exergue le rôle déterminant des processus humains dans les
changements sociaux, on a assisté à l’émergence des tentatives de mise à jour de
l’anthropologie du développement comme discipline à vocation sociale. On peut
affirmer ici en groso modo que l’option fondamentale de celle-ci consiste en la
construction des bases des connaissances autonomes pouvant apporter plus de
précisions sur un tel processus, notamment dans la nouvelle dynamique en cours
dans les pays en développement plus particulièrement .
A ce sujet et en dépit de la prédominance de l’option marxiste dans cette
approche cognitive, la démarche intermédiaire nous paraît plus judicieuse. C’est
pourquoi, pour rendre compte de ce processus qui est en fait dualiste (plus en
avant qu’en arrière), l’anthropologie du développement semble vouloir placer
ses acteurs à la fois dans l’Afrique Pré et post coloniale. A ce niveau se pose
donc la problématique de la rupture des structures traditionnelles sous
l’influence de la colonisation, qui pourtant, ne remet nullement en cause la
prédominance du mode de production paysan. On assiste plutôt dans ce cas de
figure à la coexistence des modes de production traditionnel et capitaliste. Cette
12
rencontre a engendré sur le plan historique un nouveau mode de production
paysan émergent , articulé sur l’économie agricole de substance et l’économie
marchande (J.P. Olivier de Sardan, 1995).
On assiste à cet effet dans le secteur du travail du fer à un bouleversement
significatif en telle enseigne que l’activité traditionnelle d’exploitation du
minerai et de réduction a complètement cessé depuis les années 50, sauf la forge
qui reste encore en active (MARTINELLI B., op. cit.).
De toute façon, bouleversement, aussi dramatique qu’ils puissent paraître,
ont eu lieu dans un autre secteur aussi sensible que vital, en modifiant du coup la
configuration habituelle des structures sociales. Ce bouleversement touche
précisément le phénomène de migration ou l’exode rural entraînant ainsi la
modification des rapports de production en milieux urbains (instauration des
salaires, de l’informel, etc). A cela, s’ajoute le changement des rapports de
production de genre entre homme et femme ( la fameuse approche genre et
développement). L’exploitation despotique désormais exercée par l’Etat colonial
est instauré, selon l’expression de J.P. Olivier de Sardan, se fait dès lors à travers
l’impôt, la fonction, etc , et en constitue une autre forme, qui avec celles qui
précèdent, s’érige en véritable obstacle au développement jusqu’à nos jours.
D’où les manifestations de plus en plus des foyers de contestation et de
résistance paysannes. Celles –ci se sont traduites pour l’essentiel de manière
individuelle, éparse et inorganisée sans perspective de changer le système ni le
renforcer, m ais pour minimiser la ponction et les risques de répression ( J.P.
Olivier de Sardan, op.cit.)
En effet, cette forme de résistance qui ne s’inscrit pas dans la rupture ni
dans l’optique de la réforme profonde, est considérée par Olivier de Sardan
13
comme étant une « logique de reproduction ou de subsistance ». En fait, il s’agit
là d’un ensemble de comportements, tels que dictés par structures sociales et
mentales, qui ne visent pas à changer le système qu’à le reproduire, c'est-à-dire à
le maintenir sans une autre forme de procès. Elle est considérée par analogie
comme une logique de subsistance, pour la même raison , c'est-à-dire qu’elle est
une forme de conscience dépourvue d’ambition légitime d’émancipation que de
satisfaction au quotidien.
Ce qui est en tout état de cause, contraire au processus de transformation
des systèmes sociaux (segmentaires ou centralisés) et des sous-systèmes
techniques appropriés qui a prévalu dans les sociétés africaines précapitalistes.
1.3.
La transformation du sous système technique
Le recours au substrat technique dans un processus social apparaît comme
un phénomène universel à toutes les sociétés du monde. Il est étroitement lié au
niveau de complexification sociale dans laquelle il joue un rôle important.
A ce niveau, le substrat technique qui procède de manière significative au
processus social de façon globale en constitue en même temps l’une de ses
composantes essentielles.
Grâce à cette position, le recours au substrat technique acquis participe
activement à la production des outils de travail et des biens d’équipement divers
en tant que sous-système dans le procès de production sociale en présence.
L’apparition du sous-système technique est très ancienne et remonte des sociétés
préhistoriques les plus reculées, lorsque les exigences de survie des
communautés les a imposé. Dès lors existe comme une nécessité historique
permettant à tout processus social (et humain) de s’inscrire par la suite dans une
14
logique de transformation également historique. Celle-ci a pris son origine dès
que l’homme a abandonné l’outil en bois pour accéder à l’âge de la pierre puis à
l’âge des métaux. Ceci en raison de l’évolution des activités économiques :
chasse, pêche, élevage, ramassage, agriculture, d’après l’ordre de succession
historique (André Leroi-Gourhan, 1973).
En effet, la longue durée de l’âge de la pierre a eu une grande incidence
sur la prolifération des outils issus de l’industrie lithique, qui ont connu un
perfectionnement technique fabuleux ( A. Leroi GOURHAN, op.cit.). ce
phénomène qui traduit l’importance des innovations de cette période, dans tous
les coins du monde et en Afrique, soit localement de façon indépendante à leur
émergence ailleurs, soit par le biais de la diffusion.
La découverte des métaux est venue donner au processus de
transformation du sous-système technique un tournant décisif, quoi que une
bonne part des outils qui en sont résultés ont été des copies conformes ou
améliorées des outils de pierre. Mais, avec l’avènement de grandes campagnes
des conflits militaires qui opposaient les peuples de l’époque, le secteur
technique a connu une révolution dans la fabrication et la propagation des
outils et armes de guerre (A Leroi GOURHAN, op.cit.).
Bien qu’obtenus par le fait de la diffusion , ces instruments acquis ont
connu l’introduction des modification locales pour les adapter aux usages du
milieu, on note également selon le constat de Leroi GOURHAN que même si
certains outils de types spécifiques étaient mis au point dans les centres
techniques indépendants des autres, ils connaissaient cependant une évolution
identique partout.
15
Une telle dynamique technique rend compte du processus cognitif sousjacent
soumis aux mécanismes de
transformation des savoirs transmis
progressivement des générations ascendantes aux descendants. En effet, le
transfert de ces savoirs était soumis aux relations de filiation au sein des
structures lignagères quant bien même l’acquisition de ses connaissances
pouvait être complétée par des stages dans les ateliers appartenant à d’autres
lignages des localités proches ou éloignées dans la région ( B. MARTINELLI,
1996-1997). Tel fut le cas notamment de la technique de travail du fer en
Afrique traditionnelle, où la forge était établie comme l’unité de production
expérimentale assurant la transmission comme l’héritage de ces savoirs à ceux
qui se montraient dignes dans ce domaine précis.
Ainsi que le montrent l’expérience chez le peuple de Yatenga (Burkina
Faso) en Afrique de l’Ouest, sans exclusif, l’existence d’une dynamique réelle
en matière d’innovation techniques dans le travail du fer (G. BALANDIER,
op.cit.). Celles-ci se traduisant concrètement
par la variation qu’a subi les
fours de traitement du métal, en passant de la forme ancienne (fours mâles) aux
types contemporains (fours femelles). La séquence innovatrice de cette variation
technique s’observe dans le fait que les fours anciens produisaient des métaux
en quantité limitée mais à forte proportion d’acier. Tandis que les fours
contemporains étaient destinés à la production intensive du fer doux (B.
MARTINELLI, 1995). Ces innovation notables furent suivies, d’après l’auteur,
par la mise au point des autres fours équipés de soufflets, en évoluant du petit à
l’important.
En fait, de par le rôle historique important du secteur technique, il est
évident que cette transformation a des incidences sur le système social en
présence.
16
1.4. La transformation du sous système social et culturel
Le sous-système social et culturel reste une double réalité indissociable à
tout processus social digne, d’autant plus que société et culture en sont les deux
composantes essentielles et dynamiques. Autant, on ne peut concevoir une
société sans culture et inversement, autant ces deux variables restent soumises
au principe inéluctable de transformation des structures socio-culturelles bien
déterminées.
Dans les sociétés africaines traditionnelles, pour ainsi dire, comme dans
toutes les sociétés humaines en plein essor, ce phénomène s’est observé
inlassablement dès la constitution des formes organisées des communautés. De
ce point de vue, les souvenirs sont encore vivaces sur l’existence des sociétés
segmentaires fondées sur les structures de type lignager et dépourvues du
pouvoir d’Etat centralisé.
En effet, ces formes de relation sociales prédominantes jusque là en
milieu rural en constituent les survivances indiscutables. Produits spécifiques de
l’histoire, ces sociétés, loin d’être renfermées sur elles-mêmes et, contrairement
à ce que l’on a cru parfois, offrent de nombreuses preuves d’ouvertures vis-àvis des autres communautés de même nature ou de celles jouissant déjà des
structures centralisées et élaborées. Ce qui les prédisposait à la réception des
influences extérieures, au-delà des possibilités qu’offraient les stratifications de
l’organisation interne qui s’y prêtaient déjà. Tel est le cas de peuplades habitants
avant le XVème siècle, sur l’espace territoriale ayant abrité plutard le royaume
du Kongo (G. BALANDIER, op.cit.) Ceux-ci étaient en rapports réguliers bien
avant l’arrivée des portugais, avec les royaumes d’Anglola au Sud et de Bayaka
à l’Est.
17
Déjà à cette époque reculée, les innovations internes à ses sociétés ne se
faisaient guère rares, c’est ainsi que le révèle MARTINELLI chez le peuple de
Yatenga au Burkina Faso. Visiblement, ces innovations étaient liées au prestige
social inhérent même s’il a, à proprement parlé, elles n’y avaient pas encore
atteint un degré d’éclosion remarquable. Articulés à la dynamique de l’extérieur
(out put) induite par les apports en provenance d’autres sociétés, ces
prédispositions internes ont permis aux sociétés concernées d’élargir et de se
complexifier. Désormais, on voit l’autorité de l’Etat s’établir progressivement au
centre comme à la périphérie, en restant parfois instable à cause des dimension
internes et des agressions extérieures. Mais, la découverte des métaux et la
fabrication des outils de fer ont rendu ce mouvement irréversible jusqu’à
l’arrivée de la colonisation.
Sur le plan culturel, il convient de noter que ces transformations sociales
ont été accompagnées pratiquement par l’appui des ressources culturelles issues
des traditions locales ou en provenance des sociétés avoisinantes des régions
éloignées. En effet, les innovations techniques et les transformations sociales
consécutives étaient l’expression de la mise en valeur des connaissances et
savoirs détenus par les populations. Celles –ci s’efforçaient à les renouveler en
s’entretenant et en les enrichissant tout au long de leur transmission par la voie
généalogique. Ces savoirs se manifestent à travers des pratiques techniques
mises en œuvre qui, en tout état de cause, pouvaient bien se révéler parfois
assez prodigieuses.
Au début du 18ème siècle, un clergé, le prêtre catholique Laurent de
Lucques reconnaissait les qualités de la vieille cité de Kongo, bien que le déclin
et les ruines y progressaient vite (G. BALANDIER, op.cit. :17). En poursuivant
ces observations, ce prélat a ressemblé des notation utiles appréciables aux
18
forgerons qui travaillaient le fer de façon très curieuse tant par la manière de
travailler que pour les instruments qu’ils employaient (G. BALANDIER, op.
cit.:99)
Transmise essentiellement par filiation lignagère, ces savoirs faisaient
l’objet des procédés initiatiques appropriés en vue de l’assimilation des aspects
techniques, symboliques et rituels inhérents sur fond des valeurs morales sans
équivoques. En fait, il s’agit là de toute une cosmogonie d’harmonie avec son
cadre social et écologique avec les activités mises en œuvre secteur par secteur
en puissant foncièrement ses ressources dans la richesse que renfermaient ses
traditions bien ancrées. En plus de cet ancrage culturel fort solide, ces traditions
si riches et dynamiques étaient des véritables sources d’inspiration florissantes
avec ses limites près, avant d’être assujettie par la logique de la subsistance de
l’époque coloniale (J.P. Olivier de SARDAN, 1995 :17) et de la technologie
post coloniale (R. BUREAU, 2002).
Ces deux phénomènes historiques hautement dévastateurs sont venus sans
doute, mettre en péril les formes traditionnelles spécifiques d’apprentissage des
savoirs culturels et techniques dans les sociétés africaines actuelles.
1.5. Le processus d’apprentissage technique
Envisagé dans une perspective dynamique,
l’apprentissage se définit
comme un processus qui découle de la transmission des savoirs en favorisant
son évolution cognitive, technique et sociale (B. MARTINELLI, op.;cit.). C’est
ce que André Leroi GOURHAN appelle milieu technique perçu dans cette
optique, ce phénomène est universel dont la mise en œuvre est fonction de sa la
variabilité culturelle, du contenu valorisé, du contexte social et des mécanismes
19
cognitifs
utilisés,
sur
fond
de
la
dialectique
apprenti
et
maître
(SCRIBNER,1973)
En Afrique traditionnel, notamment dans les milieux techniques du
travail de la métallurgie du fer, le processus d’apprentissage est très précoce et
soumis aux exigences héréditaires au sein des communautés sociales de type
lignager. En effet, les mécanismes d’apprentissage privilégiait l’observation
comme mode de transmission « primitive » de ce processus. L’observation était
donc apparente chez les jeunes enfants avant de devenir des observateur avec un
regard curieux, comme premier signe à cultiver pour en faire à la longue toute
une intelligence du futur forgeron.
Ce processus incluait aussi des gestes techniques à transmettre ( par le
maître) et à assimiler (par l’apprenti) appelé à y manifester sa volonté et en
coordonnant progressivement ses gestes en vue d’acquérir la dextérité
progressive du métier (B. MARTINELLI op.cit.). de même, la communication
verbale occupait aussi une place importante dans ce processus, qui s’était
appuyé sur l’efficacité du maître et les qualités morales de l’apprenti. Placé dans
ce contexte précis, ce dernier était astreint à accéder à deux types de savoirs
techniques tout au long de l’apprentissage. Ces savoirs sont d’abord apparents,
c'est-à-dire reposant sur les actions visibles et matérielles du travail du fer à
travers les procédés qui accompagnent les différentes phases de fabrication des
outils. L’assimilation de cet aspect d’apprentissage donnait accès à l’étude des
savoirs opaques qui, eux, relèvent de l’ordre symbolique et rituel. Ce qui confert
au forgeron son statut multifonctionnel.
Au terme de cette phase, l’apprentissage dans les fours familiaux,
l’apprenti poursuit sa formation dans d’autres centres de la localité, des centres
proches ou des régions lointaines. Ce parcours assez long en termes temporel et
20
spatial effectué par l’apprenti pendant sa formation , témoigne du caractère
complexe du processus de transformation des savoirs en Afrique traditionnel. Il
favorise également l’évolution technique consécutive à un processus
complexifié de savoirs élaborés.
Bien que cette dynamique soit actuellement en perte de vitesse, elle ne
laisse pas moins de vestiges permettant la reconstitution des parcours historiques
des sociétés africaines traditionnelles depuis les origines lointaines. Il est sans
doute que l’expérience de la technologie du fer chez les banda de la République
Centrafricaine s’inscrivent plein dans cette dynamique universellement partagée
dans tous les processus sociaux dignes.
21
CHAPITRE DEUXIEME :
APPROCHE METHODOLOGIQUE
2.1. La définition des concepts
La définition des concepts clés dans un travail de recherche est très
indispensable et fondamentale. En effet, cette tâche permet au chercheur de
rendre plus explicite la compréhension du thème et la mise en place d’un cadre
opérationnel d’étude le mettant à l’abri de toute confusion. Ainsi, dans notre
thème, il s’agit du concept Mutation.
2.1.1. Mutation
Selon le dictionnaire Larousse , le mot mutation tire sa racine du verbe
muter (mutare en latin), qui étymologiquement vient du latin « mutatio » qui
signifie « changement durable ou évolution » (Larousse ,2004)
Du point de vue anthropologique, mutation de la technologie du fer porte
sur la transformation des techniques de fabrication des objets et des outils en fer.
Cette transformation inclut à la fois le changement ou l’évolution social et
technologique. La transformation sociale implique le changement de statut et de
rôle du forgeron d’une part, et d’autre part la transformation technique qui
implique les techniques de production, la qualité et la quantité des produits finis.
2.2. La présentation du terrain d’étude
Le terrain d’étude est le cadre général dans lequel se déroule l’enquête. Il
est la délimitation globale du territoire national sur lequel se mène l’étude. Dans
le cadre de notre étude, il s’agit de la ville de « Bambari » dans la préfecture de
22
la Ouaka, au Sud-Est de la République Centrafricaine. Ce milieu est comme
terrain d’étude et qui, de par sa nomenclature et ses caractéristiques représente
un milieu urbain ( 3ème ville du pays) après Bangui et Berberati. En effet, poste
administratif et commercial, la ville de Bambari est reconnue être l’un des
milieux où les activités de la forge
ont pris naissance en République
Centrafricaine.
23
Source : Bureau Central de Recensement (BCR), 2003
24
2.2.1. L’aspect physique
La ville de Bambari est située à 387 km au Sud Est de Bangui. Par rapport
à sa nomenclature, la disposition des habitations dans les quartiers où nous
avons mené notre enquête est caractérisée par une occupation anarchique du
terrain et de modèle de construction « traditionnelle » des maisons en payes
entourées de brousses à l’exception du centre ville; ce qui fait de cette ville un
milieu hétérogène. Il y a une absence d’organisation de l’espace aux environs
du centre ville. La ville de Bambari continue à croître, mais à un rythme
relativement lent.
La maison banda est d’abord le domicile conjugal où l’homme réalise en
plein son existence de père de famille. Notons que la ville de Bambari n’est pas
homogène du point de vue ethnique. Parmi les habitant, il y a ceux qui sont en
visite prolongée ( EGGEN W., 1976)
25
26
La société banda étant patrilinéaire, un homme marié habite une maison
entourée de celles de ses parents (père mère) de ses oncles maternelles ainsi
que des tantes et des sœurs, qui elles aussi sont mariées (EGGEN, 1976,op.cit.)
.
La famille banda entourée de brousse2
2.2.2. L’aspect social
Sur le plan démographique, d’après le Recensement Général de la
Population et de l’Habitat (RGPH) 2003, la ville de Bambari compte 41.356
habitants sur 276.710 habitants de la préfecture de la Ouaka, avec la densité de
5,5/Km2 . La ville de Bambari est habitée par plusieurs ethnies ce qui fait leur
hétérogénéïté. Il s’agit des ethnies mandja, yakoma, zandé, nzakara et les banda
qui y sont majoritaire et chez qui le métier de la forge est beaucoup plus pratiqué
depuis des années.
2
Notons que la forge se trouve juste à droite de ces maisons comme nous le verrons dans la partie observation
directe
27
Selon nos enquêtés, l’ethnie banda contient une mosaïque de sous
groupes, à savoir , les Mbala, Moruba, Mbré, Tambango, Yangere, Ngao,
Dakpa, Gbendi, Djeto, Togbo, Vidri, Gobu, Langbasi, Lingba, Ngbugu, Ndri,
etc. Toutes ces ethnies parlent de la langue nationale « sango » ainsi que
quelques vieillards
qui parlent la langue banda qui , actuellement, tend à
disparaître. Notons que les filles banda souhaitent épouser l’homme diligent car
la paresse est ressentie comme particulièrement honteuse ( EGGEN W. , 1976)
Les banda ont opéré vers le XIXème siècle un vaste mouvement du NordEst vers le Sud-Est de la République Centrafricaine en provenance du Darfour
au Soudan , afin de fuir les esclavagistes. Les banda résident non seulement en
République Centrafricaine , mais aussi de l’autre côté du Zaïre, actuel
République Démocratique du Congo (G. Laclavère,1984). Les banda
constituaient une société acéphale ( EGGEN W., 1976 ).
2.3. Les techniques de collecte des données
Les techniques sont des procédés opératoires qui permettent de collecter
les données sur le terrain. En effet, étant des outils de recherche, les techniques
constituent un moyen nécessaire pour atteindre les objectifs poursuivis. En ce
qui concerne notre travail, il s’agit des techniques suivantes :
2.3.1. La revue de la littérature
La recherche documentaire consiste à collecter des œuvres qui traitent
d’un sujet précis relatif à un fait. De ce fait, elle apparaît indispensable et
fondamentale à tout travail de recherche. C’est ainsi que Nicole BERTHIER
affirme : « L’observation passe par l’étude des traces recueillies à travers des
écrits divers, des inventaires d’objets et traitées comme des faits de
28
société »(Nicole Berthier, 1988 :12). En fait, la recherche documentaire permet
au chercheur de prendre connaissance des travaux réalisés sur le sujet qu’il veut
traiter et d’avoir une vue panoramique sur la problématique afin de mieux
orienter son travail.
Ainsi, dans le cadre de notre étude relative à la comparaison entre les
forges de Bambari et celle de Bangui, cette recherche nous a été très utile car le
patrimoine culturel matériel qui tend à disparaître nécessite une revalorisation.
A cet effet, nous avons consulté des ouvrages qui traitent de la
méthodologie ainsi que des ouvrages généraux qui nous parlent de la métallurgie
du fer en Afrique en général et en Centrafrique en particulier. Cette
documentation tourne autour de quelques ouvrages clés pour la réalisation de ce
travail.
Il s’agit de quelques ouvrages méthodologiques suivants :
1. BERTHIER Nicole, 1998, Les techniques d’enquête, méthodes et
exercices corrigés, Armand colin, Paris.
2. GRAWITZ Madeleine, 1994, Lexique des sciences sociales, Paris, 6ème
édition Dalloz
3. BEATTIE John, 1972, Introduction à l’anthropologie sociale
4. PRITHCARD Evans, Anthropologie sociale
5. LABURTHE-TOLRA et WARNIER Jean pierre, Ethnologie, anthropologie
6. BONTE et IZARD Michel, Dictionnaire de l’ethnologie et de
l’anthropologie
Ces ouvrages nous ont permis de mieux appréhender la pratique de la
forge en nous orientant dans démarches d’enquêtes.
29
Cependant, il nous a été nécessaire de consulter d’autres ouvrages,
articles, rapports, revues et Internet, qui traitent de la forge, pour une meilleur
réalisation de ce travail.
7. Monino Yves, Forge et forgerons, 1998, IRD, Méga-Tchad :
Dans cet ouvrage, l’auteur nous décrit l’importance de la métallurgie du fer
dans les sociétés qui peuplent le sud du lac Tchad. Cette aire géographique qui
couvre le Nord-Est du Cameroun actuel et le Sud du Tchad a connu avant l’ère
coloniale un développement considérable de la sidérurgie.
En effet, l’auteur a mis en exergue le statut et le rôle du forgeron dans ces
différentes sociétés qui peuplent cette zone, notamment les massa qui sont
aujourd’hui à cheval entre le Cameroun et le Tchad, ne connaissaient pas le
travail du fer. Mais, grâce à leur alliance avec les Djorok, peuple métallurgiste,
les massa bénéficiaient de leur technologie.
Cependant, les Djorok avaient au départ un statut précaire, mais grâce à la
maîtrise de la sidérurgie dont ignorent les massa, ils arrivaient à dominer le
sphère symbolique dans ce groupe ethnique.
En revanche, chez les mundan et les tupuri du Mayo-Kebbi, le forgeron était
étroitement lié à la famille royale régnante (Gong de Léré), à cause de son
importance en fourniture des objets agricoles et surtout en matériels militaires
qui permettaient au royaume de résister aux tentatives d’invasion fulbé.
Chez les sara plus au Sud du Tchad, précisement dans le Moyen –Chari, , le
Moyen-Logone et les Bagurmiens actuellement islamisés, se développait la
métallurgie du fer (Ndam, Lakka, Niellim) et le forgeron assurait un rôle non
négligeable dans ces sociétés. Il fabriquait des objets utilitaires (houes, hâches,
couteaux, etc) et des armes ( lances, sagaies, couteaux de jet, flèches, etc), et des
objets esthétiques (rasoir, bracelets des femmes, des bracelets d’apparat des
30
chefs tels que les anneaux de chevilles et insignes des rois Bang de Bedaya
(Moyen –Chari) et de Gong de Léré (Mayo-Kebbi).
Par ailleurs, en plus de son rôle socio-économique, le forgeron assumait
également un rôle thérapeutique dans ces sociétés précitées. Son métier était
associé à la puissance divine , donc il peut faire du mal à la société et peut la
soigner.
De ce statut, il était exempté d’accomplir certaines charges civiques (payer
l’impôt ou les corvées). Mais, avec l’arrivée de la colonisation, le forgeron a
perdu peu à peu ces prérogatives pour n’être qu’un simple citoyen.
Eu égard à ce qui précède, l’ouvrage de Monino nous apporte des
renseignements précieux en ce qui concerne le rôle et le statut du forgeron dans
les sociétés du Sud du lac Tchad qui sont plus proches des sociétés
centrafricaines au sein desquelles nous menons notre recherche, même si
l’auteur n’est plus explicite sur l’un des aspects de la métallurgie du fer , à
savoir la réduction du minerais.
8. EGGEN W, 1976, Peuple d’autrui-Banda I :
Cet ouvrage d’Eggen, résultat d’une enquête ethnographique chez les banda
de la république Centrafricaine, a analysé le système social traditionnel banda
en rapport avec le christianisme , notamment le catholicisme romain.
En effet, il a été constaté que les banda avaient son système de croyance
incarné par le « téré » arraignée) présent dans de nombreux contes banda. Ainsi,
les banda ne se sentent pas inférieurs, en ce qui concerne leurs religions
traditionnelles par rapport au christianisme introduit par les occidentaux. Tout
de même, ce dernier a bouleversé leur système de croyance de valeurs comme la
plupart des sociétés africaines : aujourd’hui, le banda est à la fois chrétiens et
31
animiste, ce qui n’est pas sans conséquence sur la transmission de certaines
valeurs ancestrales.
Par ailleurs, le peuple banda constitue une société segmentaire, ce qui les a
conduit à adopter une position méfiante vis-à-vis du christianisme et de
l’administration coloniale. Adoptant une approche linguistique du peuple banda,
Eggen a décrit les termes vernaculaires qui induisent les relations complexes
entre l’homme et la femme ainsi que le cosmos.
A cet effet, travaillant dans le milieu banda qui est dans le cas actuel plus
hétérogène qu’homogène (nous travaillons à Bambari et ses environs immédiats
qui sont par définition, urbanisé, donc diversité culturelle, par rapport au terrain
d’Eggen qui était constitué exclusivement de banda), les différents aspects de la
culture banda que l’auteur analyse, nous serviront des points de départ dans
l’analyse comparative de la métallurgie du fer chez ce peuple, parce que
l’artisanat du fer était fait partie intégrante de ce système social global.
9. EGGEN W : Peuple d’autrui-Banda II :
Cet ouvrage de Eggen prenant pour objet principal la description
ethnographique le peuple banda de la République Centrafricaine, a mis en
exergue le système culturel banda dans sa totalité.
En effet, l’auteur décrit plusieurs aspects culturels de ce peuple, en
l’occurrence les systèmes économique, religieux, technologique, esthétique,
social, culturel, etc.
A travers ces diverses descriptions de la vie sociale du peuple banda, les
conclusions que tire l’auteur selon lesquelles les banda constituaient une société
acéphale , où prédominaient les activités de chasse, cueillette, pêche, agriculture,
et où la métallurgie du fer occupait également une place importante non
négligeable. Cette dernière revêtait un caractère spécifique dans cette société,
contrairement à ce qui se passait dans certaines sociétés au Sud du Sahara : chez
les banda, le forgeron est différent du fondeur ou de l’extracteur.
32
Réciproquement, le fondeur n’était pas aussi forgeron. En plus, le forgeron chez
les banda n’était pas un personnage vivant en caste. Son métier était héréditaire,
mais laisse la possibilité d’acquisition par le biais de l’alliance matrimoniale ( le
gendre du forgeron peut devenir aussi forgeron) . Toutes les autres activités de
subsistance, d’esthétique, de mariage , étaient rendues possibles grâce aux outils
fabriqués par le forgeron.
Mais, comme le système social banda est égalitaire, le forgeron en dépit de
son importance dans ce système ne jouit pas de statut politiquement privilégié.
Avec l’intervention de l’administration coloniale, celui-ci est placé sous
l’autorité du Chef de village. La métallurgie du fer chez les banda exigeait
plusieurs interdits pour les spécialistes : la forge situait toujours à proximité d’un
cours d’eau, afin de permettre au forgeron de prendre bain après chaque travail
avant de rentrer au village. Il lui était interdit de toucher sa femme sans se
baigner et de frotter son cœur avec des plantes spéciales.
Quant à la fonte, elle se faisait de manière publique, mais exigeait également
des rituels appropriés.
Cependant, ce système culturel banda a été bouleversé par l’administration
coloniale. Ceux-ci sont désormais placés sous l’autorité des chefs des villages,
conjugués à d’autres facteurs tels que l’introduction de la monnaie européenne
au détriment de la monnaie locale pour doter les femmes, a ébranlé le pouvoir
du lignage sur les jeunes, in situ, une désorganisation de tout un système culturel
banda.
Partant de ces différentes conclusions tirées par l’auteur tout au long de cet
ouvrage, nous nous inspirons pour mener notre enquête sur la forge à Bambari et
ses environs, qui est un centre urbain où les banda constitueraient la majorité de
la population. En plus de cela, le plupart des forgerons sont issus de ce groupe
ethnique.
33
101.Balendier G., 1965 : Roi forgeron au royaume de Congo extrait :
Cet ouvrage présente un intérêt qui s’avère intéressant pour notre présente
recherche.. d’abord, cet ouvrage nous éclairé sur la métallurgie du fer
en
Afrique centrale, notamment le royaume de Kongo.
Ainsi, cette région d’Afrique a une longue tradition de l’artisanat du fer à
l’instar de la région Ouest-africaine.
En effet, contrairement à certaines communautés africaines où le forgeron
était considéré comme un personnage de second degré (caste), au royaume de
Kongo, le forgeron était lui , un chef tout puissant détenteur à la fois du pouvoir
politique et de production des objets en fer. Il était un être surnaturel, possédant
les forces divines lui permettant de briser les tabous sans être inquiété des
représailles d’ordre mystique. C’est aussi un héros civilisateur, car c’est lui qui
a introduit les nouveaux moyens de productions (houes, hâches, couteaux, etc)
en fer dans son royaume. Ces nouveaux outils permirent au royaume d’accroître
sa production et de devenir puissant sur les plans militaire et politique.
Enfin, l’autre intérêt de cet ouvrage est relatif à la mythologie de la
métallurgie du fer chez les peuples de Kongo qui, ce travail était légué aux
humains par Dieu du ciel, ce qui nous rapproche de la mythologie de la forge à
Bangui (confère mémoire de Maîtrise d’anthropologie de MURAMIRA sur la
forge en Bangui, 2004-2005)
11. MURAMIRA François, La technologie de la forge à Bangui : Etude de
transmission des savoir-faire au quartier Sénégalais dans le 3ème
arrondissement, mémoire de maîtrise d’anthropologie à l’Université de
Bangui, 2004-2005.
34
Comme nous avons eu la chance de travailler sur la forge à Bangui, cela
va me faciliter la tâche pour cette étude comparée de la forge entre BanguiBambari car ce mémoire présente une valeur de référence.
Ce mémoire décrit les différentes étapes de l’apprentissage (transmission
des savoir-faire technologique) en milieu urbain. Le mémoire nous parle
aussi des conditions et du symbolisme liés à la forge à Bangui ainsi que les
enjeux de la transmission des savoir-faire de la forge.
12.Martinelli B., 1992, Agriculteurs métallurgistes et forgerons en Afrique
soudano-saherienne , in Revue Etudes rurales :
Cet article est très indispensable pour notre étude sur la forge en République
Centrafricaine, bien qu’il soit l’objet d’une recherche en Afrique de l’Ouest.
D’abord, sa pertinence se situe sur le plan conceptuel en ce sens que l’auteur
lève la confusion qui existe entre
les termes métallurgiste, artisanat
métallurgiste, l’artisan qui nous permet de bien cerner notre objet d’étude.
Ensuite, il pointe certaines insuffisances de publications dans le domaine qui
s’intéresse beaucoup plus au statut et au rôle du forgeron, sans se préoccuper
aux sources d’approvisionnement des matières premières du forgeron (les
ferriers).
Selon Martinelli,
ces publications ont une vision volontariste de la
métallurgie du fer : celle de l’origine extra-africaine du fer, et de ne pas
reconnaître l’aptitude africaine de maîtriser la technologie métallurgique. Cette
approche nous permet de relever les erreurs analystiques qui consistent à étudier
la forge de façon séparée de l’extraction et de la fonderie.
35
Autre intérêt de cet article se situe au niveau de son approche comparative.
L’étude comparative du travail de fer dans les différentes communautés Ouestafricaines montre que dans certaines sociétés le forgeron forme un groupe social
distinct du ferrier, tandis que dans d’autres région , le forgeron est aussi un
ferrier : « dans certaines régions ferrières (pays dogon, Dwenza, Tabi, Okoyeri,
Uol), la présence des forgerons était interdite sur les lieux d’extractions minières
et de réduction du minerai ».
Ce dualisme de métier était observable chez les basar au Nord du Togo où le
métier du ferrier et celui du forgeron étaient deux spécialités différentes.
Par contre, chez les mossis du Burkina Faso, le forgeron est aussi un ferrier.
Dans cette communauté, le forgeron a un statut privilégié à cause de son rôle
important dans le rayonnement du royaume Mossi. Les forgerons y vivaient en
un système de caste souple : « leur fermeture professionnelle est renforcée par
des interdits de mariage avec les autres catégories sociales, ce qui ne se traduit
pas automatiquement par une endogamie restreinte compte tenu du nombre de
clans et de segments locaux, mais joue un rôle important de resserrement des
liens entre les communautés artisanales dans l’ensemble de la région, ainsi
qu’avec des milieux parfois éloignés, au delà des limites ethniques ».
De cette étude comparative, l’auteur nous apporte une pertinente analyse
technologique dans cette communauté mossi. La chaîne opératoire du ferrierforgeron était subdivisée en trois (3) fours allant de la fonderie à l’obtention du
fer comme matière première du forgeron.
Enfin, l’auteur nous démontre que le fer en tant que matière première du
forgeron est un signifiant social qui permet de saisir le rapport symbolique
complexe qui existe entre l’espace, le temps, le métallurgiste (forgeron, ferrier)
36
et les autres membres
de la société qui dépassent parfois le symbolysme
religieux pour atteindre le symbolisme économique et politique. L’importance
du rôle du des métallurgistes dans le développement des échanges commerciaux
et dans la consolidation des puissances des empires précoloniaux en Afrique
sub-saharienne, demeure un cadre d’éclairage sur notre approche de la forge en
milieu rural et urbain en République Centrafricaine.
13.Martinelli B.,1993, Fonderies Ouest-africaines :Classement comparatif et
tendances
Cet article décrit la variabilité de la technologie métallurgique en Afrique de
l’Ouest. Ainsi, l’approche stylistique met en exergue les diverses formes de
fours et fourneaux témoignant la diversité culturelle Ouest-africaine dont la la
variabilité technique de la métallurgie du fer est l’une des facettes.
En effet, la fonderie en tant que dispositif technique de la production des
matières premières du forgeron, est une spécialité très pratiquée dans la boucle
du Niger avant l’ère coloniale. Ceci témoigne de la maîtrise de la connaissance
technico-scientifique des africains. Cette maîtrise a conduit à une transformation
sociale, ce qui aboutissait à des agriculteurs-métallurgistes et forgerons.
En plus, l’auteur a fait l’analyse de différents fours de l’Afrique de l’Ouest et
établi une comparaison avec ceux de l’Afrique centrale, ce qui nous a aidé à
avoir une vue générale sur l’activité de l’extraction et de la fonderie en Afrique
subsaharienne. Ceci nous a permis de répertorier les similitudes et les
dissemblances de la sidérurgie d’Afrique noire avant l’introduction de la
colonisation.
37
14.Martinelli B., 1995 : Transmission du savoir technique métallurgique
Dans cet article, l’auteur a développé la théorie de l’apprentissage du métier
de la forge dans la région de la boucle du Niger. Ainsi, l’auteur décrit les
différentes étapes du processus d’acquisition du savoir technique métallurgique
de la forge , de l’extraction et de la fonderie.
S’agissant de l’acquisition du savoir technique de la forge pour les enfants et
adolescents, les postures corporelles, les gestes ainsi que les regards sont des
composantes pertinentes de du processus d’apprentissage.
En effet, les verbes tels que réparer, découper, préparer du charbon de bois,
regarder, tenir, etc, exprimés dans les termes vernaculaires définissent les
notions de transmission et de l’apprentissage du métier de la forge, et
caractérisent l’identité sociale de cette couche sociale.
En plus de cela, dans cette boucle du Niger, l’auteur décrypte la diversité des
statuts des métallurgistes (agriculteurs-ferriers, forgerons) en étroite relation
avec les autres couches sociales de la société Ouest-africaine. Dans cette région,
il y avait à l’époque précoloniale, la spécialité des métallurgistes qui était
fonction de la qualité du fer brut destiné à fabriquer des objets utilitaires divers
(hâches, herminettes et instruments aratoires).
Selon l’auteur, dans
la boucle du Niger, il existait divers styles de
construction des fours en fonction de l’identité culturelle des métallurgistes.
Mais, avec l’apparition du fer occidental, il y a l’interruption de la transmission
du savoir technique en matière de l’extraction et de la fonderie dans cette région.
Il y décrit également le rôle important des forgerons et des ferriers en matière
d’approvisionnement des moyens de productions (houes, hâches) et de défense
(sagaie, flèches, etc).
38
Cependant, l’auteur apporte un démenti sur l’approche ethnographique
classique qui consiste à considérer que les sociétés traditionnelles vivaient en
vase-clos, et que le changement ne pourrait déclencher que par un phénomène
culturel venant d’une aire géographique lointaine, notamment de l’Occident.
A l’opposé, Martinelli analyse la diffusion des technologies
du fer qui
s’effectuait entre les diverses communautés de la boucle du Niger. Cette
diffusion est rendue possible grâce aux voyages d’apprentissage des jeunes
forgerons chez d’autres groupes ethniques de la région avant leurs unions
matrimoniales.
Tout ce qui précède, démontre l’intérêt grandissant de cet article pour notre
thème sur la forge à Bangui et à Bambari. A travers cet article, nous faisons un
rapprochement entre la théorie de l’apprentissage de la forge en Afrique de
l’Ouest et en Afrique centrale, et tous les systèmes culturels inhérents à ce
métier.
15.Martinelli B., 1996, Sous le regard de l’apprenti
Cet article décrit le processus de l’apprentissage de l’artisanat métallurgique
dans la boucle du Niger, notamment les forgerons mooses du Yatenga au
Burkina Faso.
Dans la boucle du Niger en général, et chez les mooses du Yatenga en
particulier, la théorie
de l’apprentissage de la technologie métallurgique
implique les composantes physiques, perceptives et langagières.
Selon l’auteur, le verbe apprendre n’a pas la même connotation chez les
forgerons mooses. Pour eux, le savoir métallurgique est inné pour ne pas dire
39
héréditaire. Ainsi, l’enfant du forgeron porte dans son
sang les aptitudes
intellectuelles, techniques et psychologiques du travail
métallurgique,
contrairement aux autres enfants issus d’autres catégories sociales (les
agriculteurs par exemple) et qui désirent apprendre le métier. Les premiers
seraient naturellement de bons forgerons par rapport aux seconds.
Cependant, ces derniers sont intégrés dans la catégorie sociale des forgerons,
non seulement en fonction de leur acquisition du savoir technique, mais en plus
de cela, ils doivent changer leur identité culturelle, c'est-à-dire entrer dans le
lignage du forgeron par le biais de l’union matrimoniale ou autres rituels. Le
rôle du forgeron ne se limite pas seulement à l’approvisionnement des moyens
de productions (houes, hâches, couteaux, etc) à la communauté, mais aussi aux
rituels de purification ou de conciliateur de la société. Ce dont il doit également
être investi dans son processus d’acquisition technique de la forge.
Afin de retenir cette puissance ou pouvoir de guérir, de pacification ou de
purification,, il faut que le jeune apprenti le reçoive par la bouche d’un ancien
qui lui souffle dans les oreilles.
Par ailleurs, chez les mooses, la transmission du savoir métallurgique qui est
considéré comme inné au sein du groupe, n’exclut pas la présence physique de
l’enfant auprès des aînés dans la forge. C’est ainsi que les notions telles que
Montrer, expliquer et démontrer font partie intégrante de la théorie de
l’apprentissage.
Ainsi, l’aptitude ou la future compétence des enfants est détectée par les
termes tels que « les yeux curieux » ou « la domestication du regard et la
gourmandise ». Ces
prédispositions intellectuelles et mentales précèdent la
phase de fabrication des objets qui débute à l’adolescence (15-17 ans), période
40
pendant laquelle les jeunes étaient circoncisés. L’apprentissage à ce niveau dure
en moyenne deux ans. Ce qui nous
rapproche de la durée moyenne de
l’apprentissage dans les forges à Bangui.
Alors, nous considérons que cet article a une utilité grandiose en raison de
son approche de la théorie de l’apprentissage du métier de la forge dans la
région de Yatenga au Burkina Faso, les valeurs, normes et éthiques qui lui sont
associées. Ce faisant, nous a permis d’explorer notre terrain en République
Centrafricaine
16.Martnelli B, 1998, La mémoire en travail
Cet article de Bruno Martinelli nous décrit les diverses facultés exigées par
l’apprentissage de la forge en pays moose au Burkina Faso.
En effet, la mémoire est considérée comme une donnée essentielle pour la
transmission du savoir-faire de la force. Ainsi, la vue et l’ouie sont deux
organes de sens les plus sollicités en matière de l’apprentissage et de la maîtrise
de ce type d’artisanat.
Selon l’auteur, le fait de regarder et d’écouter tous les jours , fait croire à
certains fils des forgerons qu’ils n’apprennent pas ce métier, mais il leur est
héréditaire. Aussi, la présence de l’apprenti dans la forge, précisement aux
niveaux des soufflets et devant le maître-forgeron
sont des
positions
essentielles pouvant renforcer les facultés mentales de celui-ci à maîtriser le
savoir-faire.
Cependant, chez les moose, la durée de l’apprentissage est de trois ans que
l’apprenti pourrait prolonger en allant continuer sa formation chez d’autres
maîtres-forgerons de la région.
41
Enfin, l’article nous apporte une analyse très intéressante d’autres métiers
dérivés de la forge urbaine, notamment les fabricants des marmites, des seaux
d’eau et d’autres ustensiles de cuisine.
Alors, toutes des informations fournies par cet article nous guident à voir
les conditions d’apprentissage de la forge en République Centrafricaine.
17.Martinelli B., La production des outils agricoles en pays Basar (NordTogo) :
Cet article décrit le rôle prépondérant du forgeron dans l’équipement de
l’agriculture en moyens de productions en Afrique de l’ouest, notamment chez
les basars du Nord Togo. Celui-ci fournit les outils agricoles au marché local en
fonction de type de demande. Autrement dit, l’auteur analyse comment les
forgerons basars du Togo fabriquent divers outils correspondant à chaque
méthode de culture.
Cet aspect présente un intérêt pour notre étude en ce sens que nous nous
intéressons aussi au rôle de la forge en fourniture des moyens de production aux
agriculteurs centrafricains.
L’article décrit aussi l’innovation technologique chez les forgerons basar
ainsi que le souci d’économie qui se manifeste au sein de la forge par la
reforgeage des outils usés tels que les vieilles houes en couteaux, pinçons, clous,
crochets, pointes de flèches, etc. ce qui a permis d’établir une comparaison
entre la mutation technologique des forgerons centrafricains et ceux du pays
basar au Togo.
42
Autre aspect que nous trouvons de similaires en république Centrafricaine et
en pays basar, est la reforgeage des outils usés en d’autres outils nouveaux
investis à d’autres utilités.
Contrairement aux groupes ethniques de la boucle du Niger, notamment les
mossis du Yatenga, les basar forgerons ont un statut beaucoup plus privilégié
que d’autres catégories sociales. Le statut du forgeron dans cette communauté
est semblable à celui du roi-forgeron chez les peuples de Kongo en Afrique
centrale, décrit par G. Balandier en 1965.
Parallèlement, l’article analyse le style de chaque outil fabriqué par les
forgerons basar, ce qui nous a permis d’analyser les différents outils fabriqués
par les forgerons centrafricains (les houes kaba, banda, karé par exemple).
En outre, l’auteur décrit la période de vaches grasses et de vaches maigres
des forgerons basar. Cette fluctuation économique chez les forgerons basar nous
rapproche des problèmes économiques que ressentent les forgerons, notamment
les périodes où ils enregistrent une forte demande et une baisse de demande.
Cependant, cette fluctuation économique est à l’origine des expéditions
commerciales inter-régionales et ont permis l’emprunt culturel.
Enfin, selon l’auteur depuis l’introduction du fer européen chez les basar,
ceux-ci ont perdu la technologie de l’extraction et de la fonderie, car le fer
européen s’obtient facilement. Seule l’autre catégorie de la métallurgie du fer
(forgerons) qui continue à maintenir la transmission de son savoir. Cette
conclusion de l’auteur apporte un éclairage pour notre recherche, car c’est la
même problématique de la métallurgie du fer en république Centrafricaine en
relation avec la question de la préservation du patrimoine culturel africain.
43
18.Martinelli B., 1999, Entre interdit et pardon- moose dogon
Cet article décrit le rôle positif du forgeron dans le maintien de l’équilibre
social dans les sociétés de la boucle du Niger. Ainsi, les forgerons contrairement
à leurs statuts de réducteurs qu’ils occupent aujourd’hui, ils étaient investis de
pouvoir de guérir , concilier, pardonner. Considérés comme détenteurs de
pouvoirs divins, ils ne sont pas frappés d’interdits et par conséquent ils purifient
leurs sociétés des souillures d’ordre social.
A cet effet, personne ne peut refuser leur pardon, sous peine de recevoir des
représailles. Autrement dit, on ne refuse jamais le pardon du forgeron.. Puisque
le forgeron détient le pouvoir de guérir, concilier et pacifier la société, son lieu
de travail (forge) est un lieu sacré où on ne doit pas se quereller ni transformer
en une prison.
Cepend ant, le forgeron détenteur de pouvoir céleste, il est exclu du pouvoir
terrestre ou temporel. Cette exclusion de l’exercice temporel est un marqueur
d’identité des forgerons.
Alors, l’analyse du rôle et de statut du forgeron dans les sociétés Ouestafricaines par l’auteur nous a permis de faire un rapprochement du rôle et de
statut du forgeron en Afrique centrale, notamment en République Centrafricaine.
19.Martinelli Bruno, 2002, Au seuil de la métallurgie intensive –UNESCO
Cet article présente un double intérêt pour notre étude. Il nous éclaire sur les
diverses traditions relatives à la métallurgie du fer en Afrique de l’ouest,
notamment dans la boucle du Niger. Une spécialisation qui s’était développée
dans cette partie de l’Afrique depuis des millénaires, et atteignait son apogée
entre les XVet XIXème siècles.
44
Ainsi, les conclusions de l’auteur selon lesquelles dans cette région (boucle
du Niger) , la constitution des forgerons en tant qu’artisan spécialisé, maîtrisant
tout le processus de l’industrie du fer (extraction, fonderie, forge) est fonction
de la formation des régimes étatiques centralisés ( royaume Songhay, Malinke,
etc), et les agriculteurs ferriers qui fournissaient du fer aux forgerons est
l’apanage des sociétés segmentaires, est d’intérêt capital pouvant nous aider à
comprendre le processus de stratification sociale des forgerons en république
centrafricaine.
L’autre intérêt concerne les volets technologique et l’apprentissage de la
métallurgie du fer, décrits dans cet article.
En effet, l’auteur met en lumière comment sous la pression de
l’accroissement de la demande, les forgerons de la boucle du Niger ont amélioré
leurs moyens de productions afin de satisfaire la demande locale et extrarégionale, ce qui touche un des aspects de notre recherche.
En ce qui concerne le volet apprentissage, l’article nous démontre la théorie
de l’apprentissage de ce métier avec son éthique, ses normes qui vont au-delà
des capacités perceptives pour intégrer l’aspect purement technologique. Cette
partie nous a permis de faire la comparaison des théories de l’apprentissage du
travail de la forge en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, notamment en
république centrafricaine.
20.GOTILOGUE 1997, Métallurgie du fer en RCA.
Cet article présente un intérêt capital pour notre recherche en ce sens qu’il
trace les aspects archéologiques, historiques et technologiques de la métallurgie
du fer en République Centrafricaine
45
Quant à l’aspect archéologique, les vestiges du fer découverts dans la région
Nord, Sud-Est et Ouest et dans le centre du pays, témoignent de l’existence du
travail du fer en République Centrafricaine avant l’ère coloniale.
S’agissant de l’aspect technologique, cet article nous décrit les différentes
formes des fourneaux selon les ethnies dans les régions centrafricaines pendant
la période coloniale : « de forme généralement conique, ils ont un diamètre de 1
à 1,2cm pour une hauteur de 1,8 à 2m » ( CURDHACA, juin 1997).
21.Childs, 1991, Style technology and iron smetting furnances in Bantu
Cet ouvrage met en lumière la description de la diversité des fours au sein
des peuples bantouphones du Sud du Sahara.
En effet, en adoptant une démarche stylistique des formes des fours
bantou, l’auteur a montré la complexité de la technologie du fer chez les bantou
où le social et le culturel font partie intégrante et forment un tout. Chaque
groupe ethnique se distingue des autres
par une particularité à la fois
technologique et esthétique : les fours bachulu au Malawi, les fours de Njanja de
Zimbabwe, etc.
Selon l’auteur, cette diversité technologique n’est pas fortuite, elle
témoigne de la réelle identité culturelle de chaque groupe.
Cependant, l’auteur a décrit aussi les mouvements migratoires des peuples
bantou qui peuplent aujourd’hui l’Afrique centrale et australe, étaient venus des
monts-Oues camerounais. Par conséquent, la route du fer en Afrique
subsaharienne serait celle de l’Afrique occidentale vers l’Afrique centrale.
Cet ouvrage qui décrit le style, la technologie et l’identité culturelle des
peuples bantou d’Afrique subsaharienne, nous apporte des idées pertinentes
pour l’analyse des outils fabriqués par les forgerons centrafricains. En d’autres
46
termes, essayer d’affiner notre analyse stylistique des outils tels que les houes
banda, kaba, mandja, etc.
22.Demaret and Nsuka, 1997, History of Bantu metallurgy
C’est un ouvrage où les auteurs ont adopté une approche purement
ethnolinguistique pour appréhender la métallurgie du fer chez les peuples
bantou. Ecrit initialement en anglais, est traduit ici en français, l’ouvrage décrit
les termes vernaculaires liés à la sidérurgie des peuples bantou tels que tàdè,
bùè, yùmà, yondo qui signifient en pelemèle forge, forger, minerai, pierre, etc.
L’étude qui s’est déroulée dans la région de Guthrie, a établi la preuve de la
connaissance ancienne de la métallurgie du fer des peuples bantou, car ces
termes vernaculaires liés au travail du fer ont été attestés par la technique de
recoupement des récits chez les populations bantouphones.
En effet, cette approche socio-linguistique de la métallurgie du fer, nous
servira de cadre méthodologique pour notre recherche de la forge chez les banda
de Bambari, en ce sens que les langues véhiculent l’identité culturelle d’un
peuple en général, et en particulier l’identité technologique.
Ainsi, les termes vernaculaires sont des signifiants dont le rôle de
l’anthropologue est de découvrir le signifié par une analyse approfondie de ces
concepts
23.Echard , 1986, Histoire du peuplement –Histoire des techniques
Cette revue scientifique nous donne des informations relatives à la
cohabitation des métallurgistes et d’autres catégories sociales chez les Haussa.
Selon la mythologie haussa, les métallurgistes (ferrier et forgeron) sont sortis du
ventre d’une femme tombée du ciel, ou issue d’une femme qui serait venue à
47
pied de la Mecque avec un marteau de la forge en main. Cet aspect
mythologique de l’origine de la métallurgie du fer chez les haussa du Niger,
généralement de confession musulmane, ressemble à celle des forgerons
musulmans centrafricains d’origine tchadienne que nous avons interrogés lors de
l’enquête sur l’activité de la forge.
Cependant, du point de vue archéologique, l’article nous situe sur la double
durée de la métallurgie du fer dans cette région d’Afrique de l’Ouest. Ainsi,
selon les datations, la métallurgie a été pratiquée vers 500 ans avant notre ère, et
à une période récente, c'est-à-dire 500 ans après Jésus Christ. Cette datation
archéologique peut nous guider à réfléchir sur la route du fer qui selon certains
écrits serait de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique centrale.
Enfin, l’approche technologique de cette revue scientifique nous donne l’idée
de la typologie des fours haussa du Niger. Eventuellement, ceci nous permet de
faire une comparaison entre la technologie de la métallurgie au Niger et en
république Centrafricaine.
24.Essomba, 1987, Métallurgie pays Bassa Sud-Cameroun
Cet article de J.M Essomba a fait une analyse minitieuse de la sidérurgie en
pays bassa dans le sud du cameroun. En effet, l’étude de deux sites
métallurgiques dans cette localité a montré l’ancienneté de la technologie du fer
qui remonte selon les datations archéologiques au 15ème siècle de notre ère.
L’analyse stylistique des fours a mis en lumière le génie anthropologique des
bassa , notamment les différentes dimensions des fours, les éléments végétaux,
pédologiques, etc qui entrent dans la comoposition des fours ainsi que les rituels
qui leur sont liés.
48
25.Fluzin, Du minerai à l’objet de fer-Archéométrie
Cet article nous présente un double intérêt.
D’une part, il trace l’origine du fer qui remonte au fameux Big-Bang. Alors,
ce métal est aussi ancien
que la planète terre. Ainsi, grâce aux
sciences
archéologiques et des matériaux de la technologie de la métallurgie est une
vieille science pratiquée par l’homme. Celui-ci sait par des procédés opératoires
obtenir les différents types de fer ( fer doux, les aciers). Cette démonstration
nous rappelle les agriculteurs ferriers de la boucle du Niger. Cela veut dire que
l’Afrique contrairement aux idées réçues, est au pointe de la technologie.
D’autre part, l’article décrit les différentes chaînes opératoires de la
métallurgie. Le travail du fer est une opération qui demande une technologie
complexe qui permet d’obtenir du fer forgeable. Elle part de la mine et de
l’extraction du minerai jusqu’à la forge. Chaque étape nécessite un type
particulier de techniques destinées à obtenir les différents métaux.
26.Lanfranchi, Ndanga et Zana, Datation C14 métallurgie
Cet article du Centre Universitaire de Recherche et de
Documentation
Historique et Archéologique en Centrafrique (CURDHACA), a procédé à une
comparaison des datations de la métallurgie du fer dans les régions forestières
du sud de la République Centrafricaine.
En effet, selon cet article , la métallurgie du fer en Centrafrique est récente
par rapport à celles du Cameroun et de la République Démocratique du Congo.
Cependant, quelques fouilles archéologiques ont suggéré l’ancienneté de la
sidérurgie en Centrafrique qui remonterait à l’anquité , mais les recherches
récentes ont montré la contemporeïté de cette technologie dans le pays.
49
27.Maquet, 1965, Outils de forge Ngbandi et Zandé extraits
Cet ouvrage a fait un décryptage de différents outils de travail des forgerons
Ngbandi et Zandé et leurs quelques sous groupes ethniques. L’auteur a fait une
analyse stylistique mettant en lumière l’identité culturelle de chaque groupe
ethnique. Ceci nous a permis de faire le lien des objets fabriqués et l’identité
d’un groupe social donné.
Cependant, les types d’objets ne signifient pas autommatiquement la saisie
d’emblée l’identité de telle ethnie, car d’après l’auteur, les mêmes outils étaient
utilisés par les zandé et ngbandi et leurs sous-groupes. On note à ce niveau, un
phénomène d’emprunt culturel entre ces divers groupes ethniques.
Cet aspect de l’analyse stylistique concoctée par l’auteur, nous sert
d’orientation dans l’étude actuelle sur la forge à Bangui et à Bamabari.
28.Monino, 1983, Accouches du fer Métal Gbaya RCA
Cet article a décrit la métallurgie du fer de deux sociétés voisines
centrafricaines : Les Gbaya et les Mandja. Sa comparaison relève les similitudes
culturelles en matière de la sidérurgie de ces deux groupes ethniques.
En effet, l’activité métallurgique est toujours précédée des rituels de
conciliation et de purification afin de solliciter la grâce des génies propriétaires
des sites. Les animaux domestiques tel que le poulet, la chèvre, sont
incontournables dans le symbolisme lié aux transactions entre les métallurgistes
et autres membres du clan.
50
Autre caractéristique commune à ces deux groupes qui concerne l’artisanat
métallurgique est la non spécialisation des fondeurs et des forgerons en tant
qu’artisans distincts des agriculteurs. Les métallurgistes sont à la fois
agriculteurs, chasseurs, ferriers et forgerons. Toute personne, si elle le veut, peut
devenir forgeron. L’acquisition du métier n’est pas héréditaire. L’apprenti peut
offrir une chèvre et cinq poules au forgeron ou au fondeur comme frais de
formations, afin d’avoir droit à l’acquisition de son savoir.
Par contre, l’auteur démontre la diversité technologique du fer chez les
Gbaya et les Mandja de la République Centrafricaine. La proximité
géographique et culturelle de ces deux groupes ne signifie pas automatiquement
la proximité technologique. La diversité technologique des Gbaya et des Mandja
se manifeste aux niveaux des dimensions et des formes des fours. Aussi , les
Gbaya peuvent installer leurs fours aux villages ou en dehors.
Par contre, les mandja n’installent jamais leurs fours au village, parceque les
femmes ne doivent pas les toucher. En outre, chez les mandja, il y a les fours
mâles et les fours femelles.
Enfin, l’article a conclu que chez les Gbaya et les Mandja de Centrafrique, en
matière de la sidérurgie, c’est le symbolisme qui prédomine sur l’aspect
technique, ce qui empêche ce dernier de se développer.
Tout ce qui précède démontre l’intérêt de cet article pour notre recherche sur
la forge en milieu urbanisé où l’autochtone entre en compétition avec l’universel
ou l’allogène, notamment les conditions de l’apprentissage de l’activité de la
forge en milieu traditionnel et urbain ou moderne.
51
29.Podlewski, Les forgerons Mafa
Cet article noud décrit le rôle du forgeron dans la société Mafa du Nord du
Cameroun. Selon l’auteur, le forgeron chez les Mafa est un être paria. Bien qu’il
joue un rôle non négligeable, voire nécessaire au sein
de son
groupe
d’appartenance.
En effet, il est à la fois fournisseur des outils agricoles et guérisseur de la
communauté. C’est aussi lui qui enterre les morts et procède à d’autres rituels
funéraires.
L’article met aussi en exergue le lien étroit qui existe entre la métallurgie du
fer et la poterie, le premier destiné aux forgerons et le second à leurs femmes.
Cependant, au sein
de la
société Mafa, les forgerons sont également
caractérisés par leur endogamie.
A cet effet, cet article nous éclaire davantage sur le rôle du forgeron dans les
sociétés africaines en général et chez les Mafa qui pourrait nous guider dans
notre approche analytique de ce métier de la République Centrafricaine.
30.Tourneaux, 1988, Noms du fer et de la forge
Cet article d’H. Tourneux relatif au foyer de diffusion de la technologie du
fer en Afrique subasaharienne a relativisé les théories classiques sur les centres
de diffusion de la métallurgie du fer sur le continent africain.
En effet, l’auteur utilisant comme technique principale d’enquête la
linguistique comparée, a mis en entre parenthèses l’hypothèse selon laquelle la
technologie du fer serait arrivée en Afrique subsaharienne par la route du
52
Maghreb via la vallée du Nil. Aussi, la thèse méroéenne de la diffusion du
travail du fer est actuellement peu crédible au vu du progrès de l’état de
recherches actuelles dans le domaine.
S’appuyant sur les langues dites tchadiques, l’auteur a conclu que le fer ne
serait pas arrivé au sud du Sahara par la route du Maghreb, puisque les
recherches linguistiques dans la région n’ont pas relevé des similitudes dans les
parlers des gens concernant les mots de fer, forge, frapper, qui sont des
signifiants de la sidérurgie en Afrique.
D’après l’auteur, l’hypothèse de la connaissance autochtone de la métallurgie
du fer en Afrique par rapport aux autres continents, reste plausible, en attendant
les autres thèses qui peuvent l’infirmer ou la confirmer.
Cependant, nous jugeons cet article qui nous est très intéressant dans la
présente recherche, en ce sens qu’il nous apporte des données précieuses
relatives à la théorie extra-africaine de l’origine de la métallurgie du fer, et de
l’utilisation de la linguistique comme technique particulière dans la démarche
anthropologique.
Ainsi,
l’usage
minutieux
de
la
linguistique
dans
les
enquêtes
anthropologiques, peut aider l’anthropologue a esquissé l’antériorité des
phénomènes culturels au sein des sociétés dites traditionnelles où les mémoires
collectives servent des références historiques. Et c’est dans les parlers des
groupes qu’on retrouve effectivement les traces de ces éléments historiques.
31.Van Noten-Raymafkers, 1988,Les débuts de la métallurgie en Afrique
centrale
53
Cet ouvrage décrit la technologie de la sidérurgie en Afrique centrale. Selon
l’auteur, cette région d’Afrique a une longue tradition métallurgique
qui
remonte à la période néolithique. Les africains du Sud du Sahara développèrent
des technologies du fer que les fouilles archéologiques ont attesté leur
authenticité.
A travers l’analyse de la métallurgie, l’auteur esquisse le cheminement
migratoire du peuple bantou spécialiste métallurgiste qui part du Cameroun vers
la région des grands lacs.
Alors, cet ouvrage nous situe sur l’ancienneté de la science sidérurgique en
Afrique.
32.Yandia, 1995, Un four de réduction en RCA
Cet article décrit la forme des fours atypiques à cette région de l’extrême
Nord-Est de la République Centrafricaine. Ceci témoigne de la pratique de la
métallurgie du fer par les groupes ethniques qui habitaient cette région.
33.Yandia, 1995, Métallurgie du fer NW de RCA archéo ethno
Cet article, a décrit la région centrafricaine où le travail du fer était plus
développée que d’autres. Dans la région de Bocaranga située au Nord-Ouest
du pays, la sidérurgie est ancienne, d’où les recherches archéologiques ont mis
à jour de nombreux ateliers dont le site de Lima non loin de Bocaranga.
Les diversités des fours ont été observées dans cette région, où on trouvait
les fours construits au dessus du sol ou enterrés.
A l’aspect purement technique est associé l’aspect rituel pratiqué par les
groupes métallurgistes de la localité : « pour obtenir de bons rendements, les
54
métallurgies de la région de Bocaranga faisaient des sacrifices d’animaux
domestiques qui doivent précéder toutes les opérations de la sidérurgie »
Traditionnellement, il y avait la séparation des métiers entre les
métallurgistes de cette région : les agriculteurs ferriers et les forgerons. Ce
dernier point rapproche les métallurgistes du Nord Ouest centrafricain à ceux
de Yatenga du Burkina Faso qui s’approvisionnaient chez les ferriers dogons
du Mali et d’autres groupes ethniques du Togo ou de la cote d’ivoire.
34.Yandia, 1995, Métallurgie du fer RCA , sources écrites
Cet article
nous résume les différentes sources écrites relatives à la
métallurgie du fer en république Centrafricaine. Ainsi, il a été identifié comme
des métallurgistes, les groupes tels que les ndris, les mandja, les bongo.
Aux différents groupes ethniques , correspondent aux différentes
technologies sidérurgiques. Selon Dybowsky, les fours Ngapo se distinguent par
sa forme suivante (hauteur=3m ; base=80cm de diamètre) ;four Gbaya (forme
tronc conique soutenu par trois poteaux) ; D’après F. Giaud, le four Mandja en
forme d’un gros obus. Le four Gbaya-buli d’après Poupon installé dans une
fosse sous l’action de deux soufflets.
En effet, ces auteurs ont par leurs monographies métallurgiques prouvé la
maîtrise très ancienne de la sidérurgie par les sociétés centrafricaines, à
l’exception des pygmées. Autrement dit, les sociétés savanières de la
Centrafrique ont une longue tradition de l’activité du fer et de l’usage de ses
produits dérivés.
55
35.Bernus, 1983, Place et rôle des forgerons Touareg
L’auteur nous parle dans cet article de la place et du rôle du forgeron touareg.
Les touareg sont des peuples essentiellement nomades disséminés aujourd’hui
dans différents pays, notamment le Tchad, Mali, Niger, Libye, Mauritanie et
qui sont connus comme des grands spécialistes du tannage. Ils sont aussi des
forgerons. Mais, au sein de cette communauté nomade et guerrière, la
métallurgie du fer est un artisanat non négligeable.
Alors, l’auteur décrit l’ambiguité du statut du forgeron dans la société
touareg où ce dernier est considéré comme un être subalterne et dont son rôle
est nécessaire au bon fonctionnement de la structure sociale de celle-ci. En
d’autres termes, le forgeron, en dehors de son rôle de fournisseur d’outils
utilitaires ( les couteaux), de guerre ( sagaies, flèches, etc), il joue le rôle de
guérisseur ou de protecteur de la communauté. Il peut briser les tabous sans être
inquiétés des représailles d’ordre mystique.
A cet effet, l’analyse de Bernus nous a permis de dégager les préjugés qui
entourent le forgeron malgré son rôle important dans les sociétés centrafricaines.
36.David and Kramer, 2001, Ethnoarchéology of ir
Cet ouvrage don’t la version initiale est en anglais et que nous traduisons
ici en français, décrit l’ethnoréduction du fer dans les sociétés africaines du Sud
du Sahara, ainsi que le rôle et le statut du forgeron dans ces sociétés.
En effet, les auteurs ont démontré avec les techniques , les différentes formes
de fours et de conditions chimiques de réduction du minerai. Ainsi, les auteurs
ont souligné que les yuruba du Sud-Ouest du Nigeria ont développé la sidérurgie
56
depuis un demi-siècle avant notre ère. Ce qui est considéré comme le foyer de
diffusion de cette technologie vers les régions centrales du continent.
Par conséquent, l’ouvrage a décrit une certaine similitude entre les fours
yuruba d’Afrique de l’Ouest (Nigeria) et ceux des Gbaya d’Afrique centrale
(République Centrafricaine).
Mais, au-delà des diversités technologiques entre les différents groupes
ethniques du Sud du Sahara, ils notent une certaine homogénéïté culturelle : le
travail du fer est étroitement associé aux pratiques magiques.
Quant au rôle du forgeron , l’ouvrage décrit l’importance de celui-ci en
matière de fourniture des outils nécessaires à l’agriculture, chasse, pêche et la
défense à sa communauté. En ce qui concerne le statut , ce dernier varie d’une
communauté à une autre. Ainsi, chez les haya de la Tanzanie, le forgeron est
artisan spécialisé des autres catégories sociales.
Par contre, au Malawi, la métallurgie du fer s’exerçait sous l’influence du
pouvoir politique qui définit les conditions d’apprentissage du métier (les
apprentis doivent payer pour apprendre).
Dans le Nord du Cameroun, notamment les monts mandara, le forgeron
appartient à une classe inférieure, c'est-à-dire qu’il ne participe pas à l’exercice
du pouvoir, mais il occupe une place centrale dans les rituels et dans la
fourniture des outils utilitaires.
Enfin, l’ouvrage nous éclaire sur les exploitants du cuivre dans la région
Ouest du Bengal en Inde. Ces artisans vivant en caste par rapport aux autres
57
catégories sociales, ce qui nous a permis de faire une comparaison des statuts
des métallurgistes en Afrique sub-saharienne et l’Asie du Sud-Est.
37.Dubois, 1908, Fin de la métallurgie Gbanziri RCA
Dubois analyse à travers cet article la maîtrise très ancienne de la métallurgie
du fer par les Gbanziri de la République Centrafricaine.
La technologie de l’extraction, de la fonte et de la forge est bien connue ce
groupe ethnique.
En effet, l’usage des objets en fer était très répandu chez eux, allant de
l’utilitaire à esthétique. Mais, au cours de l’histoire, ce peuple avait abandonné
le métier métallurgiste au profit d’autres artisanats, ce qui fait d’eux aujourd’hui,
des constructeurs des pirogues et autres outils de pêche.
Alors, grâce à la description faite par Dubois, nous a permis de voir un peu
plus le développement de la métallurgie du fer dans le haut Mbomou, région
frontalière avec la République Démocratique du Congo et du Soudan. Ceci
pourrait nous aider à émettre une hypothèse sur le chemin du fer en République
Centrafricaine.
38.Dupre et Pincon, 1995, Métallurgie du fer en Afrique centrale
Cet article représente pour nous un double intérêt . D’une part, les auteurs
ont démontré la richesse symbolique liée à la sidérurgie en Afrique au sud du
Sahara de manière générale et en Afrique centrale en particulier.
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En effet, la métallurgie du fer en Afrique est indissociable des pratiques
rituelles. Chez les diverses communautés métallurgistes d’Afrique centrale, les
techniques opératoires de la sidérurgie sont étroitement liées aux gestes culturels
sinon aux rituels. La chaîne opératoire de la sidérurgie est guidée par des
cérémonies rituelles visant à rendre productifs les fours ou les forges.
D’autres part, les auteurs ont montré l’aspect commun retrouvé dans la
métallurgie du fer en Afrique : les femmes sont généralement exclues de la
sidérurgie.
Cependant, certaines parties du four représentent la fécondité chez la femme,
tandis que d’autres représentent les organes génitaux masculins, notamment, les
soufflets et la tuyère.
Afin de permettre la fécondité effective des fours, l’abstinence sexuelle est
imposée à tous les hommes qui participent à l’opération de la réduction du fer et
à la production du charbon de bois comme sources d’énergie.
Par ailleurs, les sources ethnographiques ont montré que l’activité de la
métallurgie du fer est un métier légué aux vivants par les ancêtres , c’est
pourquoi partout, les rituels symboliques précèdent les opérations purement
techniques afin de bénéficier de leur protection ou grâce.
39.Eggen, 1976, Métallurgie Banda
Dans cet article, l’auteur décrit la métallurgie du fer en République
Centrafricaine en général et chez les groupes ethniques Banda en particulier.
Ceci dit, les banda ont une connaissance ancienne de la technologie du fer. Il a
un double intérêt pour notre étude :
59
Le point fort et intéressant dans cet article, est la séparation des métiers entre
les métallurgistes (ferriers et forgerons) chez les banda.
Les premiers spécialistes dans la production du fer brut construisaient leurs
fours loin du village, puisque les femmes étaient interdites d’assister à
l’opération de fonderie, les seconds, c'est-à-dire les forgerons , pouvaient
installer leurs forges soit dans le village ou soit en dehors du village à proximité
du marigot.
Mais, compte tenu de certains interdits liés à ce métier, les forges sont
généralement installées à côté d’un cours d’eau, car le forgeron ne peut toucher
sa femme qu’après avoir pris bain dans un cours d’eau.
Ensuite, cette spécialisation de la métallurgie du fer selon les catégories
socio-professionnelles, nous éclaire sur la métallurgie du fer en Afrique subsaharienne, comparativement à ce qui se passait dans la boucle du Niger.
En plus, selon l’auteur, chez les banda, le métier de la forge était héréditaire,
une personne étrangère au groupe patrilinéaire ne pouvait la devenir sauf en cas
des alliances matrimoniales.
40.Fluzin, Chaîne opératoire : métallurgie schéma général
Dans le souci de démontrer la maîtrise de la technologie de la métallurgie du
fer par les africains, Fluzin a fait une comparaison des chaînes opératoires de la
sidérurgie en Afrique, en Europe préindustrielle et en Chine. Il a tiré la
conclusion selon laquelle il n’y avait pas de différence de connaissance entre les
africains, les européens et les chinois.
60
Cependant, on notait une légère amélioration des techniques de la sidérurgie
à partir du XVIIème siècle en Europe et en Chine.
Par contre,
en Afrique, cet élan a été interrompu par l’arrivée du fer
européen. Ainsi, l’intérêt de cet article se situe principalement sur la
comparaison
historique de connaissances de la sidérurgie dans ces trois
continents.
41.Fluzin, Réactions chimiques métallurgiques
L’auteur a mis en exergue la genie technico-scientifique des africains en
matière de la métallurgie du fer. Ainsi, selon les idées reçues d’origine
occidentale qui prétendent nier aux africains la maîtrise de la haute technologie,
l’auteur amène à travers sa démonstration des principales réactions lors de la
réduction des minerais un démenti.
En effet, les africains, savaient très bien obtenir les différentes qualités de
fer, en soumettant ce dernier à des degrés de combustion variables (700°C,
1150°C, 1200°C).
42.Gotilogue, 2000, Recherche archéologique en RCA
Cet article nous apporte quelques informations relatives à l’arrivée de la
métallurgie
en
République
Centrafricaine.
D’après
les
recherches
archéologiques, les régions du Nord Est du pays pratiquaient la métallurgie
depuis l’anquité.
Autre route du fer serait dans l’Ouest du pays, notamment à Bouar et la
région de Nola. Mais, c’est à partir du 15ème siècle que la métallurgie s’est
généralisée sur l’ensemble du pays. Donc, contrairement au Cameroun, la
métallurgie serait tardive en République Centrafricaine.
61
43.Kalck, 1974, Notlect sur la métallurgie en RCA
Cet ouvrage apporte une fois de plus un éclairage sur la métallurgie chez
l’ethnie Yakoma, peuple partagé entre le République Centrafricaine et la
République Démocratique du Congo. Selon l’ouvrage, ce peuple a développé
fort longtemps la technologie du fer dont l’un des aspects emblématiques était la
monnaie du fer appelée vernaculairement « Nguinza ».
Ainsi, l’ouvrage nous apporte quelques informations selon lesquelles toutes
les sociétés de la République Centrafricaine savaient la métallurgie.
En plus , ce groupe faisait du commerce des objets en fer avec d’autres
groupes ethniques tels que les banda et les goula à l’extrême Nord Est du pays.
Ceci nous amènerait quelques réflexions sur la circulation des objets entre les
diverses ethnies.
44.Moga, 1988, Archéologie île de Dange Nord RCA
Cette enquête menée par J. Moga grâce à l’appui financier et matériel de
l’université de Nanterre en France, dans le Nord Ouest de la République
Centrafricaine, notamment dans l’île de Tedouge a mis en lumière l’antériorité
de la poterie par rapport à la métallurgie du fer dans cette région. Les habitants
de cette île pratiquaient la poterie depuis la période néolithique.
Quant à la sidérurgie, les fouilles archéologiques ont montré l’existence qu’à
une période récente, situant entre le IX et XVIIIème siècles de notre ère. Cette
enquête vient confirmer une fois de plus la contemporénéité de la métallurgie
du fer en République Centrafricaine.
62
45.Nizesete, 2001, Patrimoine métallurgique d’Afrique centrale
Cet article bien que s’attachant à décrire tout ce qui est relatif au patrimoine
culturel de l’Afrique centrale, apporte quelques aspects intéressants pour notre
étude, notamment sur la métallurgie du fer. Ainsi, selon l’article, cette activité
est très ancienne dans cette partie du continent, dont les fouilles archéologiques
ont prouvé l’existence au Cameroun, Gabon, Angola, République Démocratique
du Congo et ailleurs.
Par ailleurs, l’article décrit les Gbaya et les mandja de la République
Centrafricaine comme possesseurs des techniques de prospection des mines de
fer. Ces prospecteurs jouent un rôle déterminant dans le processus de la
métallurgie en Centrafrique « les feuilles de l’annona sénégalensis au dessus du
sol pour détecter les meilleurs minerais possibles ».
Enfin, l’article démontre la similitude de la technologie sidérurgique entre les
différentes ethnies d’Afrique centrale, avec quelques nuances observables sur la
forme des fours et fourneaux.
46.Prioul, 1981, Métallurgie du fer en Oubangui, 1890
L’auteur signale l’existence des artisans métallurgistes en Oubangui-Chari
bien avant l’arrivée des colonisateurs. Diverses ethnies centrafricaines
connaissaient la métallurgie du fer, et s’en servaient de ses produits. Selon
l’auteur, les ethnies qui peuplent la savane arborée de la République
Centrafricaine ont une connaissance ancienne du fer.
63
Cependant, dans l’Oubangui, le métallurgiste n’était pas un artisan exerçant
de manière exclusive son métier, en plus de sa spécialité, il exerçait d’autres
activités telles que la pêche, l’agriculture, etc.
Les Ndris et les ngombés étaient réputés de bons métallurgistes de
l’Oubangui. Cette description nous apporte l’idée sur les groupes ethniques les
plus spécialisés en la matière dans l’Oubangui.
47.Van Beek, Rites mortuaires Kapsiki Cameroun
Cet article de waletr E.A. Van Beek décrit le rôle du forgeron chez les
kapsiki-Higi du Cameroun. Dans cette société comme dans d’autres sociétés
africaines où la mort est un signifiant social, le forgeron occupe une place non
négligeable dans le symbolisme funéraire.
Ainsi, chez les kapsiki-Higi du Nord du Cameroun, le forgeron est maître de
la cérémonie funéraire
dès la mort d’un membre de la société jusqu’à
l’enterrement de celui-ci. Dès la mort d’une personne, c’est le forgeron qui
annonce la nouvelle aux membres du lignage du village et des villages voisins
par des coups de tam-tams. C’est aussi lui qui prend soins des vêtements de
deuil (gandoula bleu, noir-blanc).
Avant l’enterrement, il procède aux rituels d’enterrement sur les parents du
défunt qui s’habillent généralement en rhamca ou en peau de chèvre. C’est
toujours le forgeron qui enterre les morts et purifie les hommes qui assistent à
l’enterrement.
L’auteur souligne également que dans cette société, le forgeron est à la fois
un magicien et un sorcier. Il joue aussi le rôle de conciliateur entre les vivant et
les morts.
64
En bref, chez les Kapsiki-Higi du Cameroun, le forgeron est un être hors du
commun, il peut briser les tabous sans courir les risques. Ainsi, l’analyse du
rôle du forgeron au sein de ce groupe ethnique par l’auteur nous permet de faire
la comparaison entre le rôle du forgeron au sein des sociétés centrafricaines et
chez les Kapsiki-Higi.
48.Vergiat, 1937, Métallurgie Mandja RCA
Cet ouvrage a décrit la forme de four chez les mandja et les rituals lies à la
métallurgie.
En effet, les mandja tout comme les banda et autres groupes ethniques
centrafricains maîtrisaient la technologie du fer. Ainsi, l’ouvrage souligne
quelques convergences culturelles entre les mandja et les banda en matière de
métallurgie : le four est construit à proximité d’un marigot, et interdiction aux
femmes d’y toucher.
Cependant, chez les mandja, à la veille de l’allumage du four, les hommes
sont tenus de s’abstenir aux relations sexuelles. Ainsi, l’ouvrage de Vergiat bien
qu’il nous laisse perplexe sur l’approche technologique du four chez les mandja,
nous éclaire sur l’activité métallurgique chez les groupes ethniques de la région
savanière de la République Centrafricaine.
49 Louise Marie Diop-Maes, La question de l’âge du fer en Afrique :
Cet article
met
en lumière deux hypothèses contradictoires concernant
l’origine de la métallurgie du fer en Afrique noire.
65
Certains auteurs, notamment partisans de l’eurocentrisme pensent que la
technologie du fer est très complexe pour qu’on reconnaisse la paternité à
l’Afrique noire. Selon eux, reconnaître l’origine du fer africaine, c’est attester la
supériorité technologique africaine par rapport à l’Europe.
Au contraire, les auteurs d’aspiration africaniste, apportent un démenti à la
thèse des premiers. S’appuyant sur les datations des fouilles archéologiques, ils
ont prouvé l’existence très ancienne de la sidérurgie d’Afrique noire par rapport
à celle d’Afrique du Nord.
Aujourd’hui, dans le milieu scientifique, on commence à se poser des
interrogations sur la fiabilité de ces deux hypothèses contradictoires. Mais, au
vu des preuves fournies par les partisans de la théorie autochtone de la
métallurgie du fer, c’est celle-ci qui reste valable.
A cet effet, cet article met fin aux spéculations européocentristes, qui malgré
la fiabilité des recherches sur la paternité du patrimoine métallurgique africain,
essayant toujours de ne pas la reconnaître.
50.UNESCO, Les routes du fer en Afrique:
Cet article de l’UNESCO nous présente double intérêt. D’abord, les
hypothèses émises sur les routes possibles du fer en Afrique. Ainsi, selon cet
article de la métallurgie du fer a été introduite en Afrique par la diffusion de
l’Asie qui a transité par l’actuelle Tunisie, en suivant la voie du Nil (nubie) pour
arriver en Afrique occidental avant d’atteindre les régions centrales et australes
de l’Afrique.
Mais, au vu de la datation des fouilles archéologiques récentes, les experts
sont restés dubitatifs sur la fiabilité de cette hypothèse.
66
Cependant, les experts de l’UNESCO se sont convenus sur un point : la
métallurgie du fer en Afrique est très ancienne, dont l’archéologie, la science des
matériaux ainsi que l’anthropologie ont prouvé l’existence avec les témoins
matériel et humain (vestiges des objets en fer, fours, sites des minerais, ferriers,
forgerons, agriculteurs) et rituel (sacrifices, interdits,…) la République
Centrafricaine figure aussi dans cette riche tradition métallurgique africaine.
Ensuite, l’article met l’accent sur un point très intéressant pour notre
recherche. En effet, depuis l’arrivée du fer occidental sur le continent, il y a une
disparition de l’artisanat métallurgique, notamment celui des fondeurs.
Ainsi, seuls les forgerons continuent à exister, mais travaillent uniquement
sur les fers de récupération. Donc, une disparition relative du patrimoine culturel
lié aux activités d’extraction et de la réduction du fer.
Cet aspect nous rapproche de la forge centrafricaine où les forgerons
travaillent uniquement sur les fers récupérés des carcasses des camions et autres
engins.
Enfin, l’article suggère que l’assignation de l’artisanat de la forge en Afrique
est fonction de l’islamisation du continent. Ainsi, les sociétés africaines
musulmanes relèguent les forgerons au second rang. C’est ce que la sociologie
les a traitées improprement des castes.
Alors que ceux-ci entretiennent des relations complexes avec les autres
membres de leurs sociétés qui sont parfois des relations privilégiées par contre,
dans les sociétés africaines son islamiques, les forgerons ne constituent pas des
67
groupes de castes. Ils appartiennent aux groupes d’élites, détenteurs de pouvoir
politique.
Somme toute, la recherche documentaire nous a permis de collecter des
informations générales sur la métallurgie du fer en général et la forge en
particulier, ce qui a garanti une bonne orientation de notre étude.
2.3.2. L’observation
Elle est l’une des techniques utilisées dans la phase exploratoire et
expérimentale de la recherche. Elle permet à l’enquêteur de recueillir les
informations par la vision faits à la lumière des objectifs fixés. Il existe en fait
plusieurs types d’observations parmi lesquelles nous avons choisi l’observation
directe et l’observation participante.
Pendant notre séjour à Bambari, tous les matins, des longues files
d’hommes et de femmes partent par divers artères pour rentrer le soir et
connaissent les bienfaits du travail. Quelques fois, ces mouvements exigent une
double résidence. Ceci confère à la ville de Bambari un rôle socio-économique
spécifique comme lieu de rencontre. Nous avons travaillé dans huit ateliers de
la place grâce à leur ancienneté et leur organisation.
L’observation m’a permis l’intégration raisonnée dans le milieu étudié et
la première méthode de travail consistait à ouvrir un cahier journal de route , où
l’on notait chaque soir le travail accompli dans la journée : fiches remplies,
objets récoltés, personnes ou groupes rencontrés et interviewés et constituaient
un répertoire facile à consulter3.
3
Nous nous sommes inspirés de ces orientations de la part de Monsieur J. BALIGUINI , lors de son passage au
séminaire de Laboratoire en 2005.
68
2.3.2.1. L’observation directe
En fait, cette dernière consiste à instaurer un contact direct entre le
chercheur et le groupe qu’il veut étudier. C’est ainsi que
Nicole Berthier
disait : « L’observateur se rend sur son terrain pour étudier un groupe naturel. Il
regarde ce qui se passe, interroge des informateurs et essaie de contrôler leurs
dires par les vérifications »(Nicole Berthier,op cit :13). Cette technique nous a
permis d’entrer en con tact direct avec nos populations cibles qui sont les
forgerons
de l’ethnie banda, jeunes et moins jeunes
ainsi que d’autres
personnes ressources.
La forge banda à droite de la maison familiale
69
Organigramme du Groupement des forgerons banda : « Groupement
NGOUANDJI »4
Président
Président
Vice Président
Secrétaire Général
Secrétaire Général
Adjoint
Conseiller
Chargé de Matériels
Chargé de
matériel
Adjoint
Trésorier
Trésorière
Adjointe
Rapporteur
Rapporteur
Adjoint
4
Ce bureau vient d’être mis en place, et parmi les membres, il y a une jeune femme d’un forgeron qui occupe le
poste de Trésorière Adjointe. Leurs statuts et règlement intérieurs sont en voie d’élaboration sur demande des
autorités locales.
70
2.3.2.2. L’observation participante
La compréhension du travail de la forge nécessite une intégration directe
du chercheur. C’est dans ce sens que nous avons imprégné le milieu forge pour
que nous puissions toucher du doit la réalité de terrain en suivant les différentes
chaînes opératoires et l’organisation sociale des forgerons. C’est ainsi
qu’Evans Pritchard affirme : « Les enquêteurs d’autrefois pêchaient toujours
par trop de hâte. Ils ne passaient généralement que quelques jours chez les
peuples qu’ils étudiaient et rarement plus de quelques semaines, de tels séjours
peuvent constituer éventuellement les préliminaires fructueux d’études
approfondies et de classifications ethnologiques élémentaires, mais ne sauraient
en aucun cas suffire à la compréhension profonde de la vie sociale d’un
groupe »(Evans Pritchard,1969 :95). Notons que cette technique nous a permis
de gagner la confiance de nos enquêtés lors de notre séjour à Bambari.
2.4. L’entretien sémi-dirigé
L’entretien sémi-dirigé, dans le but d’obtenir des informations plus
approfondies de la part des enquêtés, « combine attitude non directive pour
favoriser l’exploration de la pensée dans un climat de confiance et projet directif
pour obtenir les informations sur des points
définis à l’avance »( Nicole
Berthier, op.cit., :57).
2.5. Les difficultés
Durant la réalisation de ce mémoire, nous avons rencontré de nombreuses
difficultés, notamment :
Dans le domaine documentaire, nous n’avons pas trouvé assez de
document qui traite de la forge en République Centrafricaine. Ceux-ci
demeurent presque inexistants.
71
Les difficultés relatives au retard des moyens matériels et surtout
financiers nous ont pénalisé quant à l’avancement dans l’enquête, l’impression
des articles et pour la saisie du document.
Enfin, nous avons rencontré des difficultés sur le terrain d’enquête. En
effet, certains de nos enquêtés sollicitaient une aide financière. Ce dont on n’a
pas suffisamment. Certains ont refusé simplement de s’entretenir avec nous.
72
CHAPITRE TROISIEME :
DESCRIPTION DE LA FORGE BANDA EN COMPARAISON AVEC
CELLE DE BANGUI
3.1. Le rôle du forgeron
Dans la société banda d’autrefois, le travail de la forge était un métier
noble. Etant un agent du fer et du feu, le forgeron était craint et intéressait la
société dans plusieurs domaines. Il représentait une autorité et une force réelle
dans la société banda parce qu’il tirait toute sa légitimité sociale des traditions
en vigueur.
Sur le plan économique, le forgeron était considéré comme le père de la
révolution agricole car il fabriquait des outils indespensables à l’essor de
l’agriculture. Parmi ces outils la houe occupait une place importante dans la
mesure où la société banda considère la houe « ngapo » comme objet principal
des prestations matrimoniales « kùcù ».Cependant, la houe a un rôle central dans
le rituel du mariage et de la fécondité, ce qui montre l’importance de
l’agriculture chez les banda (W. EGGEN, 1976).
Dans la société banda comme dans les sociétés Ouest-africaines, « la
production métallurgique des outils agricoles a pu être à la base d’un nouveau
système de production et de franchissement de seuils successifs. La saison sèche
mettait la société en état d’effervescence et de suractivité » (B. MARTINELLI,
1992). Dans ce contexte le forgeron était chargé de réparer les objets usés cassés
ou troués.
73
Fort de ce qui précède, et au regard des témoignages obtenus du terrain ,
le forgeron fabriquait la monnaie qui était utilisée dans les transactions
commerciales ainsi que dans la compensation matrimoniale. S’ appuyant sur ce
constat,
EGGEN affirme que : « L’échange matrimonial par paiement
d’esclaves a été remplacé par la monnaie fabriquée par le forgeron. Cette
monnaie était même utilisée pour payer l’impôt chez les militaires français »
(W. EGGEN, 1976)5
En effet, sur le plan esthétique, le forgeron « EYINDAWO » était comme
créateur et promoteur de beauté et de confort. Il fabriquait des objets de toilettes
ou de parure, qui amène des distinctions sociales en fonction de la richesse
successible de payer ces objets.
Ce faisant, c’est grâce au forgeron que les banda se procuraient des armes
et des instruments utilitaires en ce qui concerne la défense, la chasse ( les
sagaies, flèches pour les gibiers, etc) et la pêche (hameçons). Notons ici que la
fabrication de ces outils accordait une grande valeur au forgeron car visiblement
les banda forment une société laborieuse exclusivement approvisionnée par le
travail du forgeron.
Sur le plan social, le forgeron était considéré comme créateur de vie et de
force. Selon certains témoignages, le forgeron était guérisseur. Ceci se justifie
par le fait que l’identification étiologique des maladies liées au non respect des
interdits et les normes sociales liées à la forge était réservée exclusivement aux
anciens de la forge. La thérapie utilisée dans ce cas consistait à appliquer les
5
Signalons qu’après le versement integrale de l’impôt en nature, c’était le paiement en numéraire qui allait
provoquer une véritable débacle vers la fin du 19ème siècle. Cet impôt était collecté par le chef du village choisi
par l’administration coloniale et c’est lui qui payait l’impôt de l’ensemble suivant l’effectif de son village. Il
s’appuyait si besoin était sur l’assistance des miliciens (EGGEN, 1976)
74
feuilles de plantes spéciales « lingui » sur le corps de la victime, affirmait le
forgeron Chef, DAMEGO Toussaint, de l’ethnie banda.
Dans cette optique, le forgeron intervenaient contre les pratiques de la
sorcellerie parfois maléfique, et « détectait le cas échéant les actes de vol dans
la forge ou deviner le voleur grâce à sa puissance de divination. En plus de cela,
on lui faisait recours pour récupérer les biens volés ou pour faire du mal au
voleur en cas de non restitution », selon le forgeron NGOUANDJI d’une
quarantaine, de l’ethnie banda de Bambari. Les forgerons banda, comme les
forgerons de l’Afrique de l’Ouest, fabriquaient des objets destinés à lutter contre
la sorcellerie maléfique
ainsi que des éléments non accessibles aux
étrangers (B. MARTINELLI, 1995).
Le forgeron était un « héros civilisateur » et porteur des changements, et
plus prolifique surtout dans la fabrication des outils agricoles6 et les ustensiles
de cuisine ( houe, couteau, etc)Toutefois, le forgeron banda fabriquait aussi
d’autres objets utilitaires par emprunt et par imitation comme l’affirme le
forgeron MANDERE « notre source d’inspiration à part nos grands parents, ce
sont les films. C’est grâce à ces films que je fabrique les couteaux musulmans
ainsi que les couteaux commandos. Certaines formes de houes que je fabrique,
je les ai observées lors de mes voyages à Bria, Sibut, etc ». En plus de sa qualité
de forgeron, se greffait la fonction de circonciseur qui faisait de lui la seule
personne habilitée à circonciser les jeunes garçons à l’âge de 15 à 17 ans, âge
indiqué du début d’apprentissage du métier de la forge dans la société banda. On
observe cependant une tendance contraire dans laquelle les enfants de moins de
15 ans participaient dans les activités de la forge dans les sociétés ouest-
6
Le forgeron est un « héros civilisateur » car il amenait des nouveautés dans le village. L’arrivée du forgeron
dans la société banda a révolutionné les techniques agricoles car avant l’arrivée du fer, les population utilisaient
leurs outils en bois., notamment les houes.
75
africaines en général et à Bangui en particulier car cela était considéré comme
un signe de vitalité et de reproduction du lignage (B.MARTINELLI,1996)
Une autre dimension qui caractérise le rôle du forgeron « EYINDAO »
était celui de pacification ou de conciliation. C’est ainsi que B. MARTINELLI
précise en ces termes que : « si le forgeron doit intervenir au cours des
discussions, ce n’est en principe que comme modérateur pour rappeler les
participants à l’obligation de véracité et reformuler les arguments en un sens
positif. Le refus de conciliation est considéré comme un manquement grave au
respect dû au forgeron »(B. Martinelli,1998 : 6 .).
Selon nos enquêtés, la forge était un lieu sacré et hautement symbolisé au
sein duquel on ne se bat pas ni s’y insulter. Ce lieu était si sacré que même les
criminels qui
trouvaient refuge au sein de la forge ne pouvaient pas être
poursuivi sans l’accord du forgeron principal ou chef d’atelier. Tout cela montre
l’importance et la valeur que la société banda accordait au forgeron. Ce statut
atteste comment le forgeron banda à l’instar des forgerons ouest africains « est
investi d’un pouvoir symbolique majeur de pacification des conflits entre des
individus, des familles , etc » (B. MARTINELLI ; 1992 :9).
Fort de ce qui précède, il convient de signaler que les forgerons banda ne
formaient pas une caste loin s’en faut, mais on les tenaient pourtant en grande
estime, car les biens de prestige comme la plupart des dons matrimoniaux
étaient constitués en objet de fer.
En effet, il apparaît clairement que le forgeron banda jouait un rôle
complexe dans cette société. Son rôle comme celui des autres forgerons des
anciennes sociétés de l’Afrique centrale, déborde ses fonctions purement
techniques et ses tâches d’intermédiaire sont également essentielles dans les
76
rapports internes de la société (E. BERNUS). Notons que le forgeron banda à la
différence de celui de Bangui, ne jouait aucun rôle politique car la société banda
était acéphale (W. EGGEN, 1976).
En revanche, de nos jours, le forgeron banda semble avoir perdu de son
prestige à cause de la concurrence des produits européens sur les marchés
africains avec l’arrivée du christianisme qui est venu balayer les valeurs
traditionnelles fondamentales du forgeron. Ce dernier voit son travail se réduit à
un simple métier d’artisanat dont l’objet de commerce et pour la survie du
forgeron .
En plus de cela, le forgeron banda doute d’un avenir meilleur pour son
travail et nourrit un sentiment de désespoir comme nous l’a affirmé le forgeron
DIKOUNDJI de l’ethnie banda : « Nous ne
bénéficions même pas de
l’attention de la part des autorités politiques locales. Même la simple demande
de reconnaissance de nos statuts d’artisans-forgerons, on nous demandent de
payer un quotas, ce qui est inadmissible ». Notons ici que ce sentiment de
désespoir est à la base d’une tendance nouvelle en perspective en vue de
bénéficier de l’appui des ONG. Dans cette optique, les forgerons banda sont en
voie de se constituer en organisation de base de production et de vente, à savoir
des groupements et coopératives d’intérêt économique. La plupart des statuts et
règlements intérieurs sont en voie d’élaboration.
Dès lors, le forgeron banda comme celui de Bangui, fait ainsi son entrée
dans un nouveau contexte caractérisé par la dispersion de source de légitimité de
son statut social qui dépend désormais de ses capacités de s’adapter à ce
nouveau contexte pour sa propre survie. La perte de la phase importante
d’exploitation et de fonte du minerai de fer est totale, ainsi que certains aspects
essentiels des pratiques rituelles. Soumis à la dépendance des métaux de
77
récupération dont l’approvisionnement est compromis par la ruine causée par la
crise socio-économique qui le frappe de plein fouet, le forgeron assiste
impuissamment à la détérioration de son prestige social.
En effet, avec l’excès de la concurrence des produits industriels dont il est
devenu un appendice, n’est pas de nature à améliorer son statut social. Ses
produits, bien que bon marché, sont destinés exclusivement aux couches sociales
rurales et urbaines à faible pouvoir d’achat. Ni la tendance à la constitution des
organisations associatives de base de production et de vente, moins encore les
apports (hypothétiques) des donateurs, pourraient apporter un changement
significatif de son statut social. Pire encore, les produits de l’artisanat du fer ne
comportent que des enjeux très négligeables pour les pouvoirs politiques,
abstraction fait à l’interdiction de port de certains objets considérés à tort comme
dangereux (armes blanches).
3.2.Etude descriptive des outils et matières utilisés par les forgerons
L’outillage de production de la forge banda est riche et embrasse une
gamme variée d’objets.
3.2.1.Les outils de la forge
1. L’enclume : « ndao » en banda7 est le noyau de la forge . Dans la forge
banda contemporaine, il existe deux sortes d’enclumes. Il s’agit de l’enclume de
grande dimension utilisée pour le martelage des objets très durs comme les
masses ; et la petite enclume destinée au martelage des objets légers tels que les
couteaux et les houes.
7
Je voudrais juste préciser que le mot « ndao » c’est un mot banda et non un mot sango.
78
Dans la société banda ancienne, la forge était installé au bord d’un cours
d’eau dans la brousse loin du village. La construction de la forge était suivie de
l’installation de l’enclume, et les deux dispositifs étaient considérés comme
deux moments les plus importants de l’installation de la forge qui
s’accompagnaient de certains rites. En effet, une ou deux semaines avant la
construction et l’implantation de l’enclume, les responsables de l’opération
étaient interdits de dormir sur le lit et de manger du poisson. Ce tabou était
observé tout au cours des opérations jusqu’à la fin des travaux. Les témoignages
obtenus auprès des acteurs laissent attendre que, avant d’installer l’enclume
« ndao », les anciens mettaient les escrements et le sang d’un coq dans un trou
où était implanté son pied8. Ces pratiques rituelles ainsi que tant d’autres
faisaient de la forge un lieu hautement symbolisé et sacré. L’enclume , ellemême, était implantée juste à un demi-mètre des soufflets selon les exigences
techniques en vigueur.
Mises à part les pratiques rituelles de tout le processus d’installation, la
forme technique de l’enclume banda présente une forte identité avec celle de la
forge de Bangui.
2. Le marteau : Dans la forge banda, le marteau « Y£R£KOWO », sert à
marteler le fer avant et après son retrait du feu. Il existe deux sortes de marteaux.
Il s’agit d’abord d’un marteau de grande dimension utilisé pour le martelage
des fers de grande épaisseur, et d’un marteau de petite dimension qui sert à
marteler les fers plats destinés à la fabrication des outils légers tels que les
couteaux, faucilles, etc. Notons que ces deux marteaux sont emmanchés en bois
de goyavier car celui-ci est très solide.
8
Ce point sera détaillé dans la parties valeurs et croyances.
79
D’autre part, les forgerons banda utilisent la masse « angué » en banda ou
« amada » en arabe. Cet outil rond et cylindrique est fabriqué en fer massif en
pièce unique, et sert à aplatir les fers. Les témoignages obtenus à ce sujet
attestent que, ces marteaux sont des instruments dangereux. Les hommes qui
commettaient de l’adultère et qui les touchaient pendant le travail, périssaient
un ou deux semaines après. Notons ici que cet outil servait d’ un dispositif
traditionnel permettant d’établir la culpabilité ou l’innocence des accusés de
l’adultère.
Ici aussi, l’identité de forme technique de cet outil est évidente tant dans les
forges banda qu’ à Bangui. Mais, leur origine reste un facteur discriminatoire, il
est de fabrication locale chez les banda et d’importation à Bangui.
3. Pince ou tenaille : appelé « àpo » en banda, cet outil fabriqué en fer à
béton, sert à tenir le fer pendant le martelage sur l’enclume ou pendant la remise
du fer au feu en état chaud. Précisons ici que les forgerons banda, au cours du
forgeage du fer n’utilisent pas les gans, leurs mains sont habituées avec le feu.
En effet, l’observation ci-dessus faite sur le cas de marteau et de masse est aussi
ici pareille car les deux outils ressemblent à ceux utilisés à Bangui.
4. Burins : Il existe trois sortes de burins dans la forge banda. D’abord il y a
le burin de grande dimension « Yoroko » avec la longueur de +ou- 10 cm qui
sert au découpage du fer de grande épaisseur, ensuite le burin de petite
dimension
« Ede » de + ou – 5cm de longueur qui sert au traçage et au
découpage des fers légers tels que les débris des matières premières. Et enfin, il
y a le burin pointu « glemou » qu’on utilise pour trouer les outils en fer tels que
les couteaux , les houes, les marteaux, etc pour l’emmanchement. Visiblement,
les forges banda et de Bangui utilisent les burins de la même forme technique.
80
5. Soufflets mécaniques : « Air à feu » selon les forgerons locales ou
« Kongbo » en banda. Cet outil mécanique à hélice est utilisé pour attiser le feu
pendant le forgeage du fer. Il
a remplacé les soufflets traditionnels qui
n’existent actuellement que dans les forges musulmanes. Ces soufflets sont faits
en cerceau relier à un petit ventilateur par un câble en caoutchouc Ils ont des
conduits faits en tuyaux métallique et sont couverts par l’argile cuite « mawoto »
en banda. Les soufflets sont manipulés par l’aide forgeron ou l’apprenti qui fait
des mouvements alternatifs pour produire de l’air. Ces outils techniques sont
présents aussi bien dans les forges banda que de Bangui, mais ce sont des les
forgerons musulmans de deux côté (Bangui –Bambari) qui conservent encore
les soufflets traditionnels à en peau, fabriqués cette fois-ci en peau de cabris.
6. Calebasse d’eau : Contient de l’eau qui consiste à refroidir les fers sortis
du feu pour sa solidification. Elle est fabriquée en métal. Cet outil est trouvé
dans les forges banda ainsi que dans les forges de Bangui, la différence se situe
au niveau des dimensions.
7. Niveau : Il consiste à mesurer les fers à couper avant de les mettre au feu.
Le forgeron ou l’apprenti l’utilise avec le burin pour tracer les bordures de
l’outil à fabriquer. Cet outil technique donne lieu à une pratique spécifique aux
forges banda, inconnue dans la ville de Bangui.
8. Gabarit : « ngapo » en banda. Cet outil sert à donner la forme à l’objet à
fabriquer. L’aide-forgeron l’utilise parallèlement avec le burin ou le charbon
pour le traçage. Cet outil est utilisé dans les forges banda et ceux de Bangui.
81
9. « Arrange-charbon » : « Agboko » en banda. Cet outil constitue un des
matériels de la forge banda. Semblable à un faucille , cet outil sert à arranger le
charbon pendant l’activation du feu à l’aide des soufflets. Il est utilisé la plus
part des temps par le forgeron et constitue une particularité exclusive des
forgerons banda.
« Arrange-charbon » (Agbrao) en banda
10. Lime en pierre : « badja » en banda. Après le traçage ou le découpage du
fer, le forgeron ou son aide doit limer son burin « édé » sur cet outil pour les
opérations suivantes. Cette pierre est déposée juste à la sortie de la forge.
Pendant le limage, le forgeron ou son aide sont assis sur un banc en métal
82
« ngéndé ».Vestige des matériels des forges traditionnelles banda, cet outil est
l’apanage exclusif banda et par conséquent ignoré à Bangui.
10.
Lime en fers : Constitue un outil des travaux de finissage en ce qui
concerne exclusivement les couteaux banda ou couteaux commando. Le limage
est exécuté par l’aide-forgeron dans les forges banda et de Bangui.
3.2.2. Matières premières
La métallurgie du fer, plus précisément la forge, peut être appréhendée
comme une suite d’opération techniques au cours desquelles la matière subit des
changements physiques importants. Chacune de ses opérations techniques
demande des atouts appropriés, notamment des matières premières et des savoirfaire spécifique. Elle met en œuvre des matières premières notamment, des fers
de récupérations et du charbon ( Ph. FLUZIN, 1983). Signalons à ce niveau
que « le fer est une ressource qui a toujours généré des modalités négociées
d’appropriation et d’exploitation » (B. MARTINELLI , 1992).
3.2.2.1.Fers de récupération
Notre parcours dans les forges de Bambari à révélé qu’à l’époque de leurs
ancêtres « K£là », les anciens quittaient le village pour aller effectuer des
opérations d’extraction et de la fonte du fer . Pour ce faire, ils construisaient et
remplissaient le four pendant deux ou trois jours de granites « téné », puis
couvrirent le four avec les morceaux de bois en le laissant allumé pendant
quelques jours.
Une fois la fonte obtenue, les scories étaient séparés du fer « Kowo » deux
ou trois jours après la fonte. Ce dernier était coupé en plusieurs morceaux
83
destinés au forgeage. La coupe consistait à réduire le gros morceau de fer en
plusieurs morceaux destinés au forgeage, et donnait lieu à des grands festins
pour le clan.
Quand les matières du forgeron finissaient, ce dernier avec les hommes
de son lignage partait loin dans la brousse
à la recherche des gisements de
minerais et cela pouvait durer deux à trois semaines. Il achetait le fer chez le
propriétaire des gisements en lui procurant les minerais et le charbon et après la
coulée, on lui laissait 1/5 du produit (W. EGGEN, 1976).
Le métier du métal comme dans d’autres pays de l’Afrique (Mali, Burkina
Faso, Togo, Cameroun ou Tchad) était réparti en deux spécialités différentes, le
fondeur et le forgeron. (D. ZIGBA, 1995 ; B. MARTINELLI, 1996).
Cependant, à l’instar des sociétés soudano-sahérienne, dans la société
banda « on pouvait pratiquer la forge et être spécialiste de l’utilisation du fer,
sans rien connaître du minerai. On pouvait inversement être maître des
techniques de prospection minière et de réduction du minerai sans connaître de
la forge avec une conscience des limites allants jusqu’à l’exclusion de l’autre »
(B. MARTINELLI , 1992 :3). Il ressort de nos observations que, la pierre dans
laquelle on fabriquait le fer « Mbatra » de couleur rouge, est différente des
simples pierres.
84
.
Pierre dans laquelle on obtenait les fers « Mbatra »9
Cependant, dans la société banda à l’instar des autres sociétés soudanosaherienne « on pouvait pratiquer la forge et être spécialiste de l’utilisation du
fer, sans rien connaître du minerai. On pouvait inversement être maître des
techniques de prospection minière et de réduction du minerai sans rien connaître
de la forge avec une conscience des limites allants jusqu’à l’exclusion de
l’autre » (B. MARTINELLI, 1992 :3)
9
Cette pierre a été gardé par les anciens de la forge comme souvenir et elle a été déposée au niveau du salon du
Chef de l’atelier Ngouandji.
85
Quoique les banda fussent des métallurgistes achevés, aujourd’hui, les
hauts fourneaux sont tombées en ruine ne laissant subsister que quelques petites
forges (EGGEN, 1976). C’est dans cette optique que B. MARTINELLI précise
les propos de EGGEN dans ces termes : « Bien que les métallurgistes africains
aient beaucoup diminué puis abandonné au cours du XXème siècle, leurs activités
d’exploitation et de réduction du minerai en raison de l’introduction des fers
importés, ainsi que du déboisement et de l’épuisement de certains sites
d’extraction, les objets en fers fabriqués localement à partir des fers de
récupération continuent de constituer l’équipement matériel des sociétés rurales
africaines avec une remarquable stabilité de formes : lames d’instruments
aratoires, pointes de flèches, sagaies et harpons, poinçons », etc
(B.
MARTINELLI, 1992 :.3)
En parcourant les huit ateliers des forgerons banda qui ont fait l’objet de
notre visite, le constat sur le changement intervenu dans ces forges sont
évidents.
Cette dynamique est consécutive à l’influence occidentale qui a introduit
non seulement la concurrence sur la base des produits manufacturés importés,
mais aussi le recours obligatoire du fer de récupération. D’où l’extraction et la
fonte ne sont plus d’actualité.
Ce faisant, ces observations laissent entrevoir que les forgerons banda
trouvent actuellement les fers de récupération chez leurs confrères musulmans
chez qui ils achètent les coques des véhicules usés ainsi que des ramassages des
coques abandonnés (décharges publiques). Notons aussi qu’en plus des coqs, il
y a les débris des matières premières que les forgerons ramassent pour la
fabrication des petits outils, notamment des couteaux, sagaies, flèches, etc. Ces
matériaux composés de carcasses restés sur les coqs achetés, sont souvent
86
déposés dans la cours du village ou dans un des coins de la forge. A l’issue de
cette observation soutenue, l’identité de cas en ce qui concerne la dépendance
aux fer de récupération dans les forges banda et de Bangui, soute aux yeux.
Débris des matières premières10
3.2.2.2.Charbon de bois
Les forgerons banda depuis des décennies à nos jours, utilisent deux
sortes de charbons obtenus d’un tronc d’arbre ou d’espèces durs, à savoir
10
Ces débris sont souvent déposés au sein de l’atelier dans l’un des coin ou dans la cours familiale.
87
« gbanguéré » et « gounda ». Ces charbons sont fabriqués par les forgerons euxmêmes ou leurs aides, loin dans la forêt.
Certains témoignages obtenus à ce sujet affirment que, ces charbons ne
peuvent pas être utilisés dans la cuisine, même les fabricants des marmites ne
peuvent pas les utiliser car ils sont très puissants et peuvent fondre ou éclater les
marmites. Ces témoignages faits avec une conviction particulière laisse
transparaître un fondement symbolique et mystique lié à ces arbres de type
spécifique. Notons ici que le charbon de cuisine est fabrique en bois de
manguiers ou d’autres bois légers de nature ordinaire. C’est ce dernier type de
charbon qui est également utilisé dans les forges de Bangui.
Le travail de la forge, comme noté ci-haut, nécessite ces différents outils
pour la réalisation des différentes chaînes opératoires. La partie suivante de ce
travail, consiste justement à présenter les chaînes opératoires auxquelles on a
pris part au cours de la visite dans les huit forges observées.
3.3.Description des différentes chaînes opératoires
Selon André Leroi-Gourhan, l'un des plus grands préhistoriens français
« le terme de chaîne opératoire archéologique peut se définir comme le
cheminement suivi à partir du supposé archéologique jusqu’à l’exploitation et la
diffusion des données archéologiques recueillies. Il prend en considération
l’ensemble des méthodes suivies et s’applique à tous les intervenants liés à
l’archéologie. Chaque chaîne peut se décomposer en un certain nombre de
mailles, de séquences. Pour ce faire, les moyens imprégnant chacune de ces
étapes sont décrits ; qu’ils s’agissent de considérations liées aux objets, aux
personnes, aux institutions, aménageurs publiques ou privés. Le concept de
88
chaîne opératoire constitue un outil de réflexion sur les méthodes suivies dans la
pratique actuelle de l’archéologie »(A.L. Gourhan in Objet archéologique,2005).
En effet, la métallurgie du fer banda renferme des chaînes opératoires
assez riches et assez intéressantes liées à leurs spécificités techniques. Celles-ci
se pose naturellement sur la caractère original de fabrication des outils propres
tels que les couteaux banda, le marteau ,la masse et l’hameçon, etc. ces genres
de chaînes opératoires de cultures spécifiquement banda ne sont pas observées à
Bangui. C’est delà qu’est partie notre motivation à porter une attention
particulière sur ces phénomènes techniques chez les banda.
89
La fabrication du couteau banda
Etant un outil de base dans la société banda, le couteau est actuellement
la première étape d’apprentissage. Notons que cet outil est sollicité par la
population locale car
celui-ci est beaucoup plus utilisé dans la cuisine en
général ou pour égorger les bêtes sacrificielles de la forge en particulier.
Ainsi, la fabrication d’un couteau banda s’inscrit dans un processus bien
déterminé que nous allons présenter comme suit :
Première Phase : Découpage du fer :
Cette phase est subdivisée en trois opérations :
D’abord, l’aide forgeron ou l’apprenti « boyendao » choisi le fer plat
parmi les débris des matières premières et trace les bordures d’un couteau par
imagination (sans gabarit) en position assise, à l’aide d’un burin ou d’un
morceau de charbon de bois. Cette première opération dure presque 1 minute
environ.
Ensuite, l’aide-forgeron et/ou l’apprenti toujours en position assise aplatit
davantage le fer déposé sur l’enclume à l’aide d’un petit marteau pendant 20
minutes. Pour la même opération appliquée à la junte d’un pneu de véhicule,
cette opération dure 45 minutes environ.
Enfin, l’aide-forgeron ou l’apprenti toujours en position assise passe à
l’étape du découpage du fer déposé par terre à l’aide du burin et du marteau.
Cette opération dure à peu près 45 minutes également.
90
Deuxième phase : Façonnage
Cette phase contient une dizaine d’opérations. Après le découpage du fer,
l’aide forgeron ou l’apprenti toujours en position assise, redresse les deux côtés
du fer coupé sur l’enclume à l’aide d’un petit marteau et cela dure 35 minutes
environ.
Ensuite, l’aide forgeron ou l’apprenti toujours dans la même position,
aplatit les deux bouts redressés de + ou – 10 cm de longueur. Cette opération
peut durer environ 45 minutes.
L’aide forgeron ou son aide assis, après avoir aplatit les deux bouts du
couteau, il martèle sur l’enclume de petite dimension, la partie qui contiendra la
manche en bois de goyavier (+ou-3cm) à l’aide d’un petit marteau. Cela dure
environ 5 minutes.
Quelques temps après, l’aide forgeron ou l’apprenti (assis) taille la
manche en bois de goyavier avec un couteau dur pendant une trentaine de
minutes y compris l’emmanchement. Notons ici que le goyavier est un bois dur
choisi pour les outils de la forge banda.
Le couteau, une fois presque fini, passe au nettoyage sur l’enclume à
l’aide d’un couteau usé et court qu’on frotte dessus, et ensuite on passe au
nettoyage avec la brosse en métal. Notons que tout cela vise à enlever la saleté
et la rouille sur le métal pour que le couteau soit propre et brillant. Ces deux
opérations peuvent durer 8 minutes.
91
Enfin, l’aide forgeron ou l’apprenti aplatit le couteau sur l’enclume pour
le blanchir davantage pendant 5 minutes . En ce moment là, il utilise un petit
marteau tenu dans sa main droite afin de passer au limage des deux bouts du
couteau fini pendant 5 minutes. Cette opération est faite à l’aide d’un lime en
fer.
Couteau banda « Kàmbà »
92
Chaîne Opératoire N°1 : fabrication du couteau banda « kàmbà »
Phase
Nom de
Séque
Description
l’opération
nces
de
Traduction
Personnes
Outils et
Temps
Lieu
Observation
matières
l’opération
I
Découpage
-
du fer
1. Tracer les Gbiawane
Aide
bordures
apprenti
ou Burin ou 1minute Forge
charbon
Assis
et
causer
(boyendao)
-
2. Aplatir la Dademasse
Aide
tôle
apprenti
du
véhicule ou le
ou Marteau
20min
Forge
et
Assis
et
causer
enclume
fer
-
II
Façonnage
-
3. Découpage Watilokowo Aide
du fer
apprenti
1.Redresseme Dademasse
Aide
nt de deux
apprenti
côtés
-
ou Burin et 45minu forge
marteau
ou Marteau
et
Assis
tes
causer
35minu Forge
Assis
tes
causer
et
et
enclume
2. Aplatir le Dademasse
Aide
fer (couteau +
apprenti
ou Marteau
et
45min
forge
Assis
et
causer
93
ou- 10cm) au
enclume
niveau
de petite
de
deux bouts
dimensio
n
-
3.Marteler la Dademasse
Aide
partie
apprenti
qui
ou Marteau
5 min
forge
et
contiendra la
enclume
manche
de petite
Assis
et
causer
dimensio
n
-
4.Tailler
la Gueatchoka
Aide
manche
en mba
apprenti
bois
de
ou Couteau
dur
30minu Forge ou Mouvement
tes
dehors
goyavier
-
5. Remise de -
Aide
la manche en
apprenti
bois
ou mains
1minute Forge ou Assis
dehors
et
causer
de
goyavier
94
-
-
6.Nettoyage
tchoalakam
Aide
du couteau
ba
apprenti
7. Nettoyage tchoalakam
Aide
du couteau
apprenti
ba
ou Couteau
5min
Forge
Assis
3 min
Forge
Assis
5min
Forge
Assis
usé
ou Brosse
en métal
et
enclume
-
8. Aplatir
Dademasse
Aide
apprenti
ou Marteau
et
et
causer
enclume
-
-
9. Limage
10. Vente
Mbramaka
Aide
mba
apprenti
Kareneme
Aide
apprenti
ou Lime en 5min
forge
fer
ou -
Assis
et
causer
-
Marché
-
ou
quartiers
95
La fabrication d’un Hameçon « Yango » en banda
La fabrication d’un hameçon dans la société banda, s’inscrit dans le cadre
de sa vie quotidienne et à son patrimoine car, elle pratique plusieurs activités,
notamment pêche. Elle est beaucoup plus fabriquée par les forgerons banda et
non musulmans.
Ce faisant, les procédures de fabrication d’un hameçon se déroule de
manière suivante :
Première phase : Allumage du feu
Cette phase subdivisée en trois parties se rapporte au dépôt du charbon
dans un foyer en argile de + ou- 5 cm de profondeur sur + ou – 30 cm de
diamètre placé juste au bout des tuyères qui sortent des soufflets mécaniques
« Air à feu ».
Ensuite, l’aide forgeron ou l’apprenti dépose les braises de feu « élewo »
sur le charbon afin de permettre l’allumage complet du feu. Après la mise des
braises, l’aide forgeron ou l’apprenti, assis sur un banc en bois « mbatandao »
attise le feu à l’aide des soufflets pendant une dizaine de minutes afin de rougir
tous les charbons. Parallèlement à cela, les autres forgerons sont en pleine
blagues au sein de la forge.
Deuxième phase : Façonnage ou usinage :
Cette phase contient sept opérations qui, eux aussi contiennent deux
séquences. Celle-ci correspond à la mise au feu d’une petite partie d’un morceau
de fer à béton de + ou – 1m de longueur au feu par le forgeron à l’aide d’un
96
pince. L’aide forgeron de son côté attise le feu pendant 5 minutes pour rougir et
ramollir le fer à béton.
Le fer est retiré du feu par le forgeron à l’aide des tenailles pour le
déposer sur l’enclume de petite dimension qui est enfoncé dans le sol. La
procédure opératoire suivie par le forgeron consiste au découpage sur l’enclume
d’une partie d’environ 10 cm à l’aide d’un burin et d’un marteau, de le marteler
et courber un des bout des fers pour en faire un hameçon. Cette opération
exécutée par le forgeron ou son aide assis, dure environ 2 minutes.
Quelques temps après, la pièce du fer façonné partiellement est remis au
feu par le forgeron ou son aide à l’aide d’un pince toujours dans la même
position et l’aide forgeron attise les soufflets fortement pendant 1 minute
environ. Le forgeron ou son aide continue son opération de façonnage d’un autre
bout du hameçon en le courbant sur l’enclume de petite dimension à l’aide d’un
pince et du marteau pour une durée d’environ 1 minute.
97
Troisième phase : Refroidissement
C’est une phase qui achève la fabrication d’un hameçon. Le forgeron ou
son aide toujours assis, retire l’ hameçon de l’enclume à l’aide d’un pince pour
le déposer par terre pour une durée d’environ 5 minutes.
Enfin, le forgeron ou son aide procède à la mise de croché sur le hameçon
déposé sur l’enclume de petite dimension à l’aide d’un petit marteau.
Hameçon « Yango’ »
98
La Chaîne Opératoire N°2 : fabrication d’un hameçon
Phase
Nom de
Séque
Description
l’opération
nces
de
Traduction personnes
Outils et
temps
Lieu
Observation
-
Forge
Mouvement
Petite assiette -
Forge
Mouvement
Air à feu
Forge
Assis et
matières
l’opération
I
Allumage du -
1.Mise en
feu
place du
apprenti
charbon
(boyendao)
-
2.Dépôt des
-
Elewo
braises
-
II
Façonnage
1
3.Attiser le
Aide ou
Aide ou
-
apprenti
Pewo
Aide ou
feu
apprenti
1.Mise au feu -
Forgeron ou Pince
d’un fer de
son aide
10min
causer
-
Forge
Assis
5min
Forge
Assis
-
Forge
Assis
1m
-
-
2Souffler
3Retrait du
feu
Pewo
-
Aide ou
Soufflet
apprenti
mécanique
Forgeron ou Pince
son aide
99
-
4découpage
Watilokowo Forgeron ou Marteau,
et martelage
son aide
(+ou-10cm)
2min
Forge
pince,enclum
Assis et
causer
e, burin
courber le
bout
2
5Remise au
-
feu du fer
Forgeron ou Pince ou
son aide
1min
forge
Assis
-
Forge
Assis et
arrangecharbon
6.Retrait du
-
feu
-
Forgeron ou Pince
son aide
causer
7.Courber
Gomoyango Forgeron ou Marteau,
+ou-
l’autre bout
-
1min
son aide
pince,enclum
forge
Assis et
causer
e
III
Refroidissem -
1. Dépôt par
Zagatendap
Forgeron ou Pince
ent
terre
azete
son aide
2.Mise de
Zakamagala Forgeron ou Burin,
croché
tchone
-
son aide
5min
forge
Assis et
causer
marteau,
1min
forge
Assis et
causer
enclume
100
La fabrication d’une masse « Agbokowo » en banda
A l’instar de la chaîne opératoire précédente, la fabrication de la masse
suit presque la même procédure. Elle est fabriquée à partir d’un arbre de
transmission d’un camion.
Arbre de transmission d’un camion
Toutefois, cet outil est utilisé par les forgerons banda pour l’aplatissement
des fers durs ou de grandes dimensions. Ce faisant, la procédure de sa
fabrication se structure de manière suivante :
Première phase : Allumage du feu
Cette phase à la charge de l’apprenti ou de l’aide forgeron, commence par le
dépôt de charbons dans un foyer de + ou – 50 cm de profondeur et + ou – 30 cm
101
de diamètre qui se trouve au bout des tuyaux « matewo » qui sortent des
soufflets mécaniques à hélice « Air à feu ».
Ensuite, l’apprenti ou l’aide forgeron dépose les braises en provenance
des concessions voisines pour l’allumage du feu, et après il attise le feu à l’aide
des soufflets mécaniques pendant 10 minutes. Pendant cette opération , l’aide
forgeron est assis sur un petit banc en bois « mbatandao ».
Deuxième phase : Usinage
Contenant plusieurs opérations, cette phase constitue un élément essentiel
de la fabrication de la masse :
D’abord, le forgeron à l’aide de ses mains, trace la forme de la partie à
couper à l’aide d’un niveau et du burin ou du charbon. Ensuite, le bout du fer de
+ ou – 50 cm est déposé au feu pour le ramollissement. Cette opération est
suivie par l’activation des soufflets par l’aide forgeron assis, jusqu’à ce que le
fer rougit et ramollit. Le feu est attisé pendant une quarantaine de minutes.
En effet, le forgeron en position debout, retire le fer à l’aide d’une pince
grosse pour le déposer à 1 m des soufflets, pour le découpage de la partie à
façonner. Cette opération est exécutée par le forgeron en position debout, qui
détient le fer sur l’enclume par une grosse pince ainsi que le gros burin tenu par
lui-même dans l’autre main gauche à l’aide d’une autre pince. De son côté,
l’aide-forgeron martèle fortement sur le burin pour le découpage pendant une
quarantaine de minutes.
Remettant la partie coupée au feu à l’aide des pinces pour une durée de 30
minutes d’attisement du feu, ce n’est qu’après ce temps là que le forgeron en
position assise le retire du feu de nouveau pour le modelage des bouts par l’aide
102
forgeron tenu debout et le forgeron en position assise tient le fer avec la pince
sur l’enclume de grande dimension. Cette opération dure 10 minutes environ
avant sa remise au feu pour la troisième fois par le forgeron pendant 15 minutes
environ.
En ce moment là, le forgeron ajoute du charbon à l’aide d’un
« arrange-charbon » sous forme de faucille. Cette opération est suivie par le
retrait du fer du feu par le forgeron à l’aide des pinces pour le déposer sur
l’enclume afin de le remodeler pendant une dizaine de minutes par l’aideforgeron qui le martèle et le forgeron qui détient la masse presque finie par la
pince.
Et enfin, le forgeron remet pour la dernière fois la masse au feu à l’aide
des pinces pour la ramollir de nouveau pendant une vingtaine de minutes afin de
lui donner la forme ronde et cylindrique. Cette dernière opération dure environ
35 minutes. Notons que pendant cette dernière opération, le forgeron et son aide
font le martelage cadencé et synchronisé à tour de rôle.
103
Troisième phase : Refroidissement
Cette opération consiste à solidifier le produit fini. Ce faisant, le forgeron
dépose la masse finie dans une calebasse d’eau pendant 45 minutes.
« Amada » en arabe ou « Angué » en banda
104
Chaîne Opératoire N°3 : Fabrication d’une masse « Angué »
Phase
Nom de
Séquen
Descripti
l’opération
ces
on de
Traduction Personn
Outils et
es
matières
Forgeron
Burin ou charbon
Temps
Lieu
Observati
on
l’opératio
n
I
Traçage et
1.Tracer
allumage du
les
ou son
feu
bordures
aide
2. Mise en
-
-
place du
Aide ou
1min
forge
Assis et
causer
-
-
forge
apprenti
Mouvemen
t
charbon
3.Dépôt
Eléwo
des braises
4.Attiser
Pewo
le feu
II
Façonnage
ou usinage
1
1.Mise au
-
Aide ou
Petite assiette en
apprenti
métal
Aide ou
Soufflets
apprenti
mécaniques
forgeron
pinces
-
forge
t
10min
forge
Assis et
causer
40min
forge
feu du fer
2.Souffler
mouvemen
Assis et
causer
Pewo
Aide ou
Soufflets
40min
forge
assis
105
apprenti
mécaniques à
hélice
3.Retrait
-
forgeron
pinces
-
forge
du feu
causer
4.Découpa Detilokowo Forgeron
ge du fer
Burin,
40min
forge
5.Remise
-
Aide
et son
marteau,pinces,en
debout et
aide ou
clume
forgeron
apprenti
2
Assis et
forgeron
assis
Pinces et agbrao
30min
forge
Assis
10min
forge
Assis
au feu
6.Martelag
3
dademasse
Forgeron Pinces, enclume et
e des
, et son
bouts et
aide ou
modeler
apprenti
7.Remise
marteau
-
forgeron
Pinces et agbrao
15min
forge
Assis
-
Forgeron
pinces
-
forge
Assis
au feu du
fer
8.Retrait
106
du fer du
feu
9.Martelag
dademasse
Forgeron
Pinces, enclumes
e ou
et son
et marteaux
modelage
aide
10min
forge
debout et
le forgeron
du fer
4
10.Remise
Aide
assis
-
forgeron
Pinces et agbrao
20min
forge
au feu du
Assis et
causer
fer
11.retrait
-
forgeron
pinces
-
Forgeron Marteau, enclume,
-
forge
assis
35min
Forge
Forgeron
du feu du
fer
12.Dépôt
sur sur
ou aide
et pinces
assis et son
enclume
Aide
debout
III
Refroidisse
1.Tremper
ment
dans l’eau
-
Forgeron
Assiette en métal
45min
Forge
Assis et
causer
107
2.Vente
Karémé
Aide
forgeron
-
-
March
-
é
ou
apprenti
108
La fabrication d’un marteau « Y£R£KOWO »
La procédure de fabrication d’un petit marteau se fait sur base d’un demiarbre d’une voiture (attraction) acheté chez les propriétaires des carcasses de
véhicules sur place à Bambari ou dans les villes environnantes.
Demi-arbre d’une voiture ( attraction)
109
La fabrication d’un petit marteau se fait de la manière suivante :
Première phase : Allumage du feu
Cette phase est constituée de trois opérations :
D’abord, l’apprenti ou l’aide-forgeron met en place le charbon dans un
foyer en argile qui se trouve au bout des tuyaux qui sortent des soufflets
mécaniques « Air à feu ».
Ensuite, la deuxième opération consiste à déposer les braises sur les
charbons en provenance des foyers de feu des voisins. Cette opération est
exécutée par l’apprenti ou l’aide -forgeron. Ces braises sont transportées à l’aide
d’une petite assiette en métal.
Enfin, la troisième opération est réservée à l’activation des soufflets
mécaniques « Air à feu » par l’aide forgeron ou l’apprenti. Cette opération dure
+ ou – 10 minutes et consiste à allumer tous les charbons afin d’y mettre le fer.
Deuxième phase : façonnage ou modelage
Elle contient une dizaine d’opération et trois séquences :
D’abord,
la première opération exécutée par le forgeron consiste à
mesurer et tracer la partie à couper à l’aide d’un burin et du niveau. Cette partie
qui sera utilisée mesure environ 7 cm.
La deuxième opération consiste à mettre le fer au feu et à attiser à l’aide
des soufflets mécaniques. A ce moment là, le fer est tenu par le forgeron
« £YINDAO » à l’aide d’une pince ou une tenailles « àpo »assis sur un bas en
110
fer « ngéndé ». Cette opération dure une quarantaine de minutes. Elle constitue
la première séquence de mise du fer au feu.
Ensuite, la troisième opération est réservée au retrait du fer du feu par le
forgeron à l’aide des pinces pour le déposer sur l’enclume de grande dimension.
Le forgeron et son aide découpe la partie à façonner « dédilokowo » à l’aide des
pinces, enclume, burin de + ou – 10 cm et le marteau de grande dimension.
Ce faisant, l’aide forgeron martèle le fer pendant 5 minutes et en ce
moment là, le fer et tenu par le forgeron à l’aide des pinces. Après le martelage,
le forgeron remet au feu la partie à façonner à l’aide d’un pince tenu par les deux
mains et son aide attise le feu à l’aide des soufflets mécaniques jusqu’à ce que le
fer rougisse et ramollisse. Cette opération dure à peu près 25 minutes. Il est à
noter que pendant l’activation des soufflets, le forgeron assis, sur un banc en
métal ajoute du charbon au foyer à l’aide d’un « arrange-charbon » sous forme
de faucille.
Ces opérations sont suivies par le retrait du fer du feu par le forgeron à
l’aide des pinces en le déposant sur l’enclume pour le martelage. C’est l’étape
principale qui vise à modeler les deux bouts du marteau par le forgeron toujours
en position assise qui le détient avec la tenaille et son aide débout qui martèle
pendant 45 minutes.
Retirant le fer de l’enclume, le forgeron le remet au feu pour une
remodelage finale pendant 25 minutes et tenu par le forgeron à l’aide des pinces
ou tenailles. Quelques temps après, la pièce du fer rougie et ramollie est déposée
sur l’enclume par le forgeron toujours assis et qui tient le fer et le burin point
avec deux pinces et de son côté, l’aide forgeron martèle pour trouer le fer afin
d’emmancher le marteau. C’est une opération d’environ 10 minutes.
111
Troisième phase : Refroidissement
Cette dernière opération est exécutée par le forgeron toujours dans sa
position assise qui trempe le marteau non emmanché dans une calebasse d’eau
pendant 1 heure de temps.
Ensuite, l’aide forgeron ou son apprenti emmanche le marteau avec un
bois de goyavier pour une durée de + ou- 30 minutes afin de l’utiliser ou le
vendre.
Marteau « Y£R£KOWO »
112
Chaîne Opératoire N°4 : Marteau « y£r£KOWO »
Phase
Nom de
Séquences Description
l’opération
Traduction
Personnes
de
Outils et
Temps
Lieu
Observation
1min
forge
Assis et
matières
l’opération
I
Allumage du
1. Tracer
feu et traçage
Forgeron
Charbon ou
les bordures
au son
burin
du marteau
aide
2.Mise en
-
-
place du
Aide ou
causer
-
-
forge
Mouvement
Aide ou
Petite assiette
-
forge
Mouvement
apprenti
en métal
10min
forge
Assis et
apprenti
charbon
3.Dépôt des
Eléwo
braises
(boyndao
Attiser le
pewo
feu
Aide ou
Soufflets
apprenti
mécaniques
causer
(Air à feu)
II
Façonnage ou
modelage
1.
1.Mise du
fer au feu
-
forgeron
Pinces
40min
forge
Assis et
causer
113
2.Retrait du
-
forgeron
pinces
-
forge
Assis
dédilokowo
Forgeron
Pinces,
5min
forge
Assis
la partie à
ou
enclume,
façonner
apprenti
burin,
Pinces,agbrao 25min
forge
Assis et
fer du feu
3.Découper
marteau
2
4.Remise au
-
forgeron
feu de la
causer
partie à
façonner
5.Retrait du
-
forgeron
pinces
-
forge
assis
dademasse
Forgeron
Marteaux ,
45min
forge
Apprenti
des bouts de
et son
pinces,
debout et le
la partie
Aide ou
enclume
forgeron
coupée
apprenti
fer du feu
6.Martelage
3
7.Remise au
feu de la
-
forgeron
assis
Pinces et
agbrao
25min
forge
Assis et
causer
114
partie à
façonner
8.Retrait du
-
forgeron
pinces
-
forge
Assis
krodoukamba
Forgeron
Burin pointu,
10min
forge
Debout et
gorge de la
et son aide
marteau,
manche
ou
enclume,
apprenti
pinces
forgeron
Assiette en
feu
9.Trouer la
III
Refroidissement
1.Tremper
-
le marteau
métal qui
fini dans
contient de
l’eau
l’eau
2.Mise de
gueatchoukamba
manche
Aide ou
Bois de
apprenti
goyavier et le
assis
1heure
forge
Assis et
causer
30min Dehors
Assis et
causer
gros couteau
Vente
kareme
-
-
marché
-
115
CHAPITRE QUATRIEME : L’APPRENTISSAGE OU LA
TRANSMISSION DES SAVOIR-FAIRE CHEZ LES BANDA
Dans les sociétés africaines en général et en République Centrafricaine en
particulier, la transmission des savoir-faire est considérée comme un contrat
privé entre deux personnes, l’apprenti et son maître. Ceci se justifie par l’entente
entre les deux parties pour que ce contrat reste en vigueur (D. CHEVALIER,
1996).
C’est dans ce cadre que l’apprenti se voit demander de faire d’autres
travaux à part le travail de la forge, notamment amener de l’eau, les braises de
feu dans la forge,etc, nous disait l’apprenti-forgeron
EDNAGONDA Fred de
l’ethnie banda. Ainsi, ceci se justifie par le respect, l’obéissance et l’honnêteté
de l’apprenti envers le Maître-forgeron.
S’agissant de la transmission des savoir-techniques de la forge, pour les
adolescents, les postures corporelles, les gestes ainsi que les regards sont des
composantes pertinentes du processus de transmission des savoir-techniques (B.
MARTINELLI , 1996)
Ce faisant, dans le cadre de notre recherche relatif à la technologie de la
forge, nous passerons en revue les conditions et les différentes étapes de
l’apprentissage pour déboucher sur les variables culturelles liées à la forge
banda, dans une perspective de confrontation avec la forge de Bangui.
4.1.Les conditions d’apprentissage
La transmission de savoir-faire de la forge banda comme dans la forge de
Bangui, est inscrite dans la conception spatiale et sociale conditionnée par un
bon nombre de conduites et comportements, notamment
le respect,
116
l’obéissance, le sérieux, l’abstinence au vol et à l’escroquerie, etc, bref une
bonne moralité de la part des apprentis, surtout envers le Maître-forgeron
similairement à ce qui se passe à Bangui. Celui-ci de son côté, était chargé de
soumettre les apprentis à quelques préalables rituels qui consistaient entre autre
à se frotter le corps avec les feuilles des plantes spéciales « lingui » pour la
purification et la demande de bénédiction d’une force ancestrale. Notons que ce
rituel se faisait avant de commencer l’apprentissage qui fait partie intégrante
d’un ensemble homogène et cohérent des pratiques d’initiation « youwou ».
A Bangui, justement, on assiste plutôt à l’abandon des rites parce que les
forgerons et apprentis proviennent des cultures différentes, en plus des
phénomènes de modernisation urbaine.
En effet, l’apprentissage formel chez les banda exige aux apprentis
appartenant souvent à un même lignage une gamme de conduites comme nous
l’a expliqué le forgeron Ngouandji Donatien de l’ethnie banda en ces termes :
« A l’époque de nos grands parents, avant de commencer le travail de la forge,
on nous expliquait d’abord les règles et les conditions liées à la forge. Nos
anciens, insistaient sur le fait que tout revenu obtenu de la vente des produits de
la forge sur la commande ou non d’un client, même à l’absence du chef, devrait
être remise au chef-forgeron pour honorer nos engagements ». Dans ce contexte,
le sérieux et l’honnêteté sont parmi les principales conditions de l’apprentissage
car le respect de toutes ces règles favorisait l’apprenti à gagner la confiance du
Maître-forgeron. Ces conduites étaient associées à l’obéissance qui se justifiait
par l’exécution des tâches subalternes comme évoquées ci-haut. Ces qualités
morales indispensables pour un bon apprentissage sont exigées aussi aux
apprentis dans les forges à bangui.
117
Se référant à ce qui précède, le forgeron Ngouandji nous a affirmé que :
« Quand nous sortions de l’école ou pendant les jours de congés, nous allions à
la forge pour l’apprentissage ou pour voir s’il n’y a pas d’autres travaux à faire,
notamment la vente des produits finis à Bambari centre, acheter de la bouillie,
transporter du charbon, etc ». Ce climat de travail explique comment la forge
banda était un atelier ordonné et soumis à des conditions rigoureuses.
Cependant, en ce qui concerne les personnes étrangères du lignage qui
désirent devenir forgerons, ils sont intégrées dans la catégories sociale des
forgerons non seulement en fonction de leur acquisition du savoir technique,
mais en plus de ce changement de leur identité culturelle. Il est à noter que le
changement de l’identité culturelle se faisait par le biais
de l’union
matrimoniale ou d’autres rituels (W. EGGEN, 1996). Les forges de Bangui se
démarquaient nettement de ces considérations en ouvrant l’accès aux
ressortissants de toutes les cultures méritants.
Ce faisant, la forge banda étant à la fois un lieu de production et de
transmission des savoir-techniques cognitifs et sociaux, exige aussi certains
comportements spécifiques de la part de l’apprenti. Selon nos enquêtés,
l’apprenti qui se mettait au travail devait observer et suivre attentivement toutes
les opérations et gestes faites par le Maître-forgeron au sein de la forge. Ceci est
valable aussi bien pour les forges de Bangui.
En effet, il importe de signaler que la mémoire de l’apprenti est
considérée comme une donnée essentielle pour la transmission de savoir-faire de
la forge. Ainsi, comme dans d’ autres sociétés traditionnelles d’Afrique la vue et
l’ouie sont deux organes de sens les plus sollicités en matière de l’apprentissage
et de la maîtrise du travail de la forge (B. MARTINELLI . 1998). En insistant
sur cet aspect d’apprentissage, cet auteur constate que : « Le fait de regarder et
118
d’écouter tous les jours fait croire à certains fils des forgerons qu’ils
n’apprennent pas ce métier, mais il leur est héréditaire » (B. Martinelli,1998 :.5)
Le développement de cet ensemble des gestes explique comment les notions de
montrer, expliquer et démontrer font partie intégrante
de la théorie de
l’apprentissage. Il est impérieux de noter aussi que toutes ces prédispositions
intellectuelles et mentales précèdent la phase de fabrication des objets qui
débute à l’âge de 15 ans dans la société banda. Toutes ces qualités physiques et
mentales sont exigées également aux apprentis de la forge de Bangui pour le
même résultat.
Toutefois, avec l’apparition du fer occidental dans le milieu banda, il y a
eu l’interruption de la transmission des savoir-techniques en matière du
forgeage. Cependant, la transmission des savoir-faire dans la société banda fait
appel à tout un processus qui se fait d’étapes en étapes.
4.2. Les différents niveaux de l’apprentissage
La transmission des savoir-faire est un processus de construction sociale
qui se faisait de deux à trois ans dans la société banda. Rappelons que
l’apprentissage du métier de la forge commençait à l’âge de 15 à 17 ans comme
signalé ci-haut, qui coïncidait juste à l’âge d’initiation. L’apprentissage se faisait
suivant la capacité et la volonté de tout un chacun.
Ce processus de construction sociale se présente actuellement de manières
différentes dans la société banda comme à Bangui compte tenu de l’introduction
de la nouvelle technologie, en ce qui concerne exclusivement les soufflets
mécaniques à hélice qui ont remplacé les soufflets en peau de bête.
119
Dans les lignes suivantes, nous allons présenter dans un premier temps
les différentes étapes de l’apprentissage à l’époque des grands parents « K£là »,
et en second lieu nous verrons celles d’aujourd’hui.
D’abord, dans la société traditionnelle banda, l’apprentissage commençait
par la formation des apprentis en leur montrant les règles et les normes sociales
liées à la forge. Ceci était suivi par les rituels de purification
avant de
commencer à toucher aux outils et matières premières impliquées dans la chaîne
opératoire de la forge. Le déroulement de ces pratiques pouvait durer une
semaine environ.
Au terme de cette phase, le Maître-forgeron se donnait la tâche de montrer
aux nouveaux venus les notions d’exploration et d’exploitation du fer de bonne
qualité destiné au forgeage. Ce choix des matières premières se faisait
parallèlement avec l’observation de la manipulation des soufflets par le forgeron
ainsi que la fabrication des autres outils, tout cela sous le regard attentif de
l’apprenti pendant une période de 2 à 5 mois avant de les utiliser à son tour11.
Tout cela dépend toujours de la capacité et de la volonté de l’apprenti. Ce qui
justifie nettement le constat du Professeur B. MARTINELLI lorsqu’il affirme
dans un article que : « Le maître montre. L’apprenti regarde et attend. Bien que
des impératifs techniques donnent sens à cet étroit face à face, par exemple,
couper le fer… au burin pour évaluer l’exacte volume nécessaire à l’opération,
voir comment le fer, rendu malléable, « s’échappe »…..sous l’effet du
martelage, etc. le maître montre répétitivement par quelles étapes passe la
réalisation de chaque objet. Certaines opérations exigent une maîtrise posturale
et procédurale particulière. Ainsi, lorsque il faut courber, souder différents
fers »(B. Martinelli,1998)..
11
Le maître forgeron pendant l’apprentissage n’a pas droit à l’erreur ( MARTINELLI, 1996)
120
Ensuite, après l’observation du choix du fer, de l’utilisation des soufflets
et de la fabrication de différents outils par le forgeron, l’apprenti commence à
manipuler les soufflets à son tour et à fabriquer des outils légers tels que les
houes « cèngà » , couteaux « kàmbà », etc en présence de son maître qui donne
en même temps des remarques et des observations si besoin était, notamment en
cas d’oublie ou d’erreur. Cet aspect est mis en exergue par le Professeur B.
Martinelli
en ces termes : « La présence de l’apprenti dans la forge,
précisément aux niveaux des soufflets et devant le maître-forgeron sont des
positions essentielles pouvant renforcer les facultés mentales de celui-ci à
maîtriser le savoir-faire » (B. MARTINELLI , 1998).
Notons que ces exercices étaient accompagnés aussi par la réparation des
différents outils domestiques usés tels que les hâches, l’herminette « làpà », etc.
Toutes ces opérations pouvaient durer jusqu’à un an et constitue l’étape le plus
long et le plus important du processus d’apprentissage. Il est à noter que
l’apprenti après cette étape, s’il s’en sort avec succès, devient automatiquement
aide-forgeron et pouvait encadrer à son tour les nouveaux venus.
Par contre, avec mutation technologique enregistrée de nos jours, le
processus de transmission des savoir –techniques de la forge banda comme à
Bangui a connu un grand changement, surtout au niveau des différentes étapes
de l’apprentissage . ce changement est plus observables à Bangui.
Dans ce nouveau contexte, le forgeron commence d’abord par montrer
les conditions morales liées à la forge comme à l’époque des grands parents
pendant quelques jours et parallèlement, l’apprenti fait l’observation des gestes
et de fabrication des différents outils ainsi que l’exécution de quelques travaux
subalternes comme l’a souligné le forgeron GBANGAODINGUI de l’ethnie
banda : « D’abord, mon maître m’a montré les conditions qu’il faut remplir
121
pour devenir forgeron, et puis je faisais l’observation au sein de la forge et
amener des petites choses dont mes anciens auraient besoin comme de l’eau, du
feu pour allumer le charbon, etc ». Tout cela explique comment la forge banda a
pu conserver jusqu’aujourd’hui quelques unes de ses conditions malgré la
nouvelle technologie. Cela peut durer deux à trois mois.
A la différence de la société traditionnelle, après l’observation des gestes
et de fabrication des différents outils, l’apprenti fabrique directement les petits
couteaux banda, sans passer de façon linéaire par l’apprentissage de
manipulation des soufflets, et cela constitue la deuxième étape de
l’apprentissage. Ces constats sont aussi valables pour la forge de Bangui.
Notons que la fabrication de couteaux banda sous le regard du maîtreforgeron se justifie par son importance et son utilité dans la société car il est un
outil d’usage courant. A la différence de la société traditionnelle, la fabrication
du couteau d’aujourd’hui ne nécessite pas son passage au feu, ce qui fait que sa
fabrication ne demande pas beaucoup d’opérations pour les apprentis, et cela
dure de 3 à 8 semaines selon le forgeron Ngouandji de l’ethnie banda. Notons
que le non passage au feu se justifie par la solidification du couteau ainsi que la
protection contre la rouille.
Au regard de ce qui précède, la manipulation des soufflets mécaniques à
hélice en vigueur aussi à Bangui, constitue la troisième et la dernière étape de
l’apprentissage dans la forge banda d’aujourd’hui comme nous le confirme le
forgeron BAGOUE de l’ethnie Yakoma marié dans une famille de forgeron :
« Au départ, quand je sortais de l’école, j’observais mes oncles au sein de la
forge jusqu’au soir. Pendant la journée, on m’envoyait pour acheter ou vendre
des choses au marché. Quand j’ai fini cette étape d’observation, j’ai commencé à
122
fabriquer les petits couteaux et enfin j’ai fini par manipuler les soufflets pendant
trois mois avant de commencer l’exercice de fabrication des différents outils ».
Dans la forge banda tout comme à Bangui, la fabrication des différents
outils à l’aide des soufflets commence par les objets les plus simples et légers
comme les houe, pelles, etc vers les outils complexes et durs, notamment
l’herminette « làpà », le marteau « y£r£kowo ». L’apprenti ne devient
aide
forgeron qu’après deux ans d’exercices de fabrication des outils.
En effet, et en ce moment là, l’aide-forgeron se voit confier les tâches de
former les autres et assurer l’intérim du maître-forgeron en cas d’absence.
Signalons que l’apprentissage d’aujourd’hui ne tient pas en considération les
origines lignagères, ethniques ou régionales. Elle est ouverte à tout le monde
indistinctement . de ce point de vue, la forge banda actuelle et la forge de
Bangui s’identifient.
Cependant, le métier de la forge nous révèle certains rites, valeurs et
croyances liés jusqu’à nos jours à la forge en milieu rural, contrairement à ce
qui se passe à Bangui même si les ressortissants tchadiens musulmans y
recourent , mais de façon négligeable.
123
4.3.Les variables culturelles liées à la forge
Les sociétés traditionnelles en général et les banda en particulier , avait
dans le passé produit et travaillé le fer avec des dispositifs techniques d’une
grande simplicité et avec des outils tous aussi rudimentaires. Le travail de ce
métal s’inscrivait dans un contexte culturel complexe où prédominaient les rites
et les croyances de divers ordres.
Dans la société banda qui constitue notre champ d’investigation, comme
dans les autres sociétés de l’Afrique centrale, les pratiques techniques et
symboliques forment un tout ( M. DUPRE, 1996)
4.3.1.Les rites
Le rite est défini dans son sens plus large comme « gestes, actions,
paroles, obéissant à des règles immuables, fixées par la tradition, ayant un
caractère social et collectif, à efficacité empirique (amener la pluie) ; de passage
(initiation) et récurrents (repose, purification) » (M. GRAWITZ,1994) A travers
cette définition, on se rapporte aux différentes pratiques rituelles relatives à des
circonstances précises qui caractérisent et orientent la vie traditionnelle. C’est
dans cette optique que Fr.CARATINI et Roger CARATINI affirment :
« Les rites sont des comportements pratiques se déroulant selon des normes
invariables et impératives, parfois contradictoires et souvent liées à des
préoccupations religieuses ou magiques » (1976). Relativement à certains rites
dans la forge à Bambari, celle-ci occupe une place importante dans l’univers du
métier du forgeron12.
12
Le forgeron était le gardien d’un rituel complexe
124
En effet, s’agissant des cérémonies relatives au forgeage du fer, comme
parailleurs dans les autres sociétés de l’Afrique centrale, la métallurgie du fer
banda était un héritage dangereux à faire valoir et, en demandant la présence des
ancêtres, ou en rappelant leur souvenir, on évacue aussi la réussite et les dangers
de l’acte sur ceux qui ont précédé et dont on recopie les gestes techniques et
symboliques (M. DUPRE, 1996). C’est ainsi qu’en fabricant le fer, on réitère le
geste des ancêtres, selon certains témoignages obtenus à ce sujet. Ce qui n’est
pas le cas dans la forge de Bangui où les rites ne sont plus pratiqués.
La coupure du gros morceau de fer en plusieurs morceaux destinés au
forgeage, donnait lieu à des grands rites pour tout le clan chez les banda. On
égorgeait les cabris, les coqs et les chiens accompagnés de la bière du mil
« Loboto » en banda. On organisait une danse au rythme cadencé des
instruments de musique, notamment l’instrument traditionnel « Klamba ».
Notons que ce repas était préparé par les femmes ménopausées13, affirmait le
forgeron MANDERE de l’ethnie banda.
La consommation du chien « yavourou » en banda, constituait un interdit
qui incarne la vertu de la discretion, permettant aux convives d’acquérir le
pouvoir de conserver le secret de la forge au village. Cette bête était sacrifié une
fois par an, au mois d’octobre. Celui qui violait cette règle, risquait une sanction
d’ordre surnaturelle, affirmait le forgeron MANDERE. Notons aussi que chaque
sacrifice du chien constituait une occasion de fête collective dont les vieux
gardiens de la tradition en profitaient pour partager le repas.
13
Rappelons que la forge banda était installée au bord d’un cours d’eau, loin des regards des femmes. Les
femmes ménopausées préparaient ces bêtes au village et les hommes installaient une barrière à quelques mètres
de la forge. Les femmes amènent la nourriture jusqu’au niveau de la barrière et s’arrêtaient là pour appeler leurs
maris de venir chercher les plats avant de rebrousser le chemin. La consommation de ces bêtes se faisait sur
place. Si les participants n’arrivent pas à finir ce repas , le resté de ce festin sacrificiel était gardé dans la forge.
125
Ainsi, autrefois, avant la construction de la forge, les responsables de la
construction, une ou deux semaines avant, ne pouvaient dormir sur le lit et ne
mangeaient pas du poisson jusqu’à la fin de la construction. Ce n’est qu’à la fin
qu’ils organisaient des cérémonies rituelles du chien afin de regagner leurs
maisons.
A propos de l’activité de la forge, ce métier constituait un travail
d’initiation « youwou », et était accompagné de nombreux rites riches en
symboles.
Mais, pour les nouveaux venus ( apprentis de plus de 15 ans), ils devaient
se faire frotter le corps par le forgeron à l’aide des feuilles des plantes spéciales
appelées « Kakouyou » accompagnées d’incantations expiatoires.
En effet, en cas de blessure d’un forgeron en plein travail, celui –ci devait
acheter un coq qu’on égorgeait en sacrifice pour faciliter la cicatrisation de la
plaie. En ce moment là, les anciens de la forge faisait parallèlement des rituels
accompagnés des incantations.
Fort de ce qui précède, à la fin du travail de la forge, le forgeron devait se
purifier en se frottant le corps avec des feuilles des plantes spéciales appelées «
Kakouyou » avant de regagner sa maison. Notons ici qu’aucun étranger n’était
autorisé de se rendre sur les lieux des rites.
Concernant l’installation de l’enclume « ndao », les anciens, après la
construction de la forge mettaient les escrements et le sang d’un coq dans le trou
où on implantait son pied. Notons ici que l’enclume est un noyau de la forge
banda. Les cérémonies qui accompagnaient son implantation visaient à rassurer
une bonne production et demander l’appuie et la bénédiction des ancêtres. Les
126
rites de guérison faisaient aussi partie de cet ensemble des pratiques et se
réalisaient au cas où la survenue de la maladie émane de la violation des règles
et normes de la forge . Il en va sans dire que ces rites sont pratiqués par le
forgeron lui-même car il est le seul habilité à le faire. C’est dans ce cadre qu’il
existait les diverses maladies en fonction de types d’interdits14 . Les symptômes
sont identifiés par le forgeron lui-même aux niveaux des différents organes du
corps : maux de tête, maux de ventre, douleur de jambes et parfois la, personne
devenait totalement rouge comme le feu de la forge. La thérapie consistait à
égorger un coq offert par la victime dont on versait le sang sur l’enclume
« ndao » et les anciens prononçaient des incantations.
En cas où l’origine de la maladie est le vol des biens du forgeron, on
utilisait une plante « lingui » dans la thérapie destinée à guérir la maladie en
frottant les victimes des feuilles. En plus de cela, la victime doit amener au
forgeron sous forme de frais de traitement une grosse chèvre et un coq blanc,
affirmait ENDJINDJONGO, forgeron, pisciculteur, menuisier de l’ethnie banda.
En effet, avec l’arrivée du christianisme dans la région de Bambari, la
plupart de ces rites sont tombées en désuétude, y compris même le déplacement
de la forge au village. C’est ainsi que le forgeron ENDJINDJONGO nous
affirme en ces termes que : « Lorsque je commençais à apprendre le travail de
la forge, la société banda était déjà christianisée, ce qui fait que certains rituels
sont considérés comme des pratiques diaboliques. Notre père savait bien que
conserver ces règles à l’heure où il n’y a pas de vieux qui peuvent guérir les
maladies en cas de violation, est un crime pour la société. C’est pourquoi, notre
père nous a appris purement la technique débarrassée de la religion
traditionnelle , car il a jugé nécessaire de faire de la forge, un atelier purement
14
Autrefois, , les anciens avaient beaucoup de règles liées à la forge qu’ils observaient, faute de quoi, ceux-ci
encouraient des risques de maladies ou de mort.
127
technique et non un lieu sacré ou un sanctuaire comme le fut autrefois ». C’est
pour cette raison que l’essentiel de ces rituels sont très réduits et sont de moins
en moins parlés aux jeunes15.
Malgré cette perte considérable des rites liées à la forge banda, quelques
survivances sont restées en vigueur, ce que nous avons pu remarquer dans l’un
des ateliers visités. C’est dans ce cadre que le forgeron WAWO Kévin, de
l’ethnie banda de IPPY affirme : « Aujourd’hui, nous continuons à respecter ces
règles, car ce sont elles qui constituent l’armature de notre activité. Par exemple
pour le moment, nous sommes interrompus par la pluie, mais, nous allons rester
quelque part sans rentrer dans nos maisons en attendant le rituel avant de se
laver. Aussi, aucun étranger ne peut y participer »16
Visiblement, tous ces rites qui occupent une place importante l’activité de
la forge mettent en relief certaines valeurs et croyances particulières accordées à
cette activité.
4.3.2. Les valeurs et les croyances
Une valeur peut être définie comme ce pour lequel une importance est
accordée à tel ou tel fait ou objet. Autrement dit, les valeurs et les croyances
revêtent une dimension indispensable pour la vie sociale, ce dont il est
nécessaire de comprendre.
A cet effet, John BEATTIE affirme : « Cette compréhension implique une
référence à ce que les individus pensent----, car aucune institution humaine ou
15
Ces rites sont remplacés par la prière chrétienne chaque matin avant de commencer le travail.
Lors de notre entretien au quartier Saint Joseph tout près de la cathédrale de Bambari, c’était en pleine pluie.
Après la pluie, nos enquêtés nous ont refusé d’aller voir le lieu dans lequel ils font les rituels de purification
après le travail.
16
128
relation ne peut être comprise de façon valable à moins de tenir compte des
expériences de croyances et des valeurs qu’elle implique » (John BEATTIE,
op.cit. :82).
Compte tenu de l’importance de la forge dans le milieu banda, on accorde
une importante valeur aux valeurs et croyances qui lui sont attachées. Cette
considération se justifie par l’existence de plusieurs interdits au sein de la forge,
notamment l’exclusion de la femme de tout travail métallurgique, l’accès à la
forge par toute personne extérieure. Cela se concrétise par le fait que la forge
était installée loin des regards des femmes, des enfants et des étrangers au bord
d’un cours d’eau, loin dans la brousse. Ce qui est contraire en ce qui concerne la
forge de Bangui où l’accès est libre et à la portée de tout le monde. Notons ici
que les femmes étaient considérées comme des être impures et leur présence
dans la forge constituerait une menace ou un danger pour le métier. La femme
en période de menstruation constitue en soi une impureté selon les acteurs. La
forge étant un lieu pur ne pouvait pas cohabiter avec tout ce qui est impure.
Cependant, l’ interdit pour impureté ne concerne pas les femmes
ménopausées, mais cela ne leur donnait pas l’occasion d’entrer dans la forge.
Leur travail était de préparer la nourriture destinée aux cérémonies rituelles , a-il
précisé le forgeron ENDJINDJONGO de l’ethnie banda.
Une autre raison qui est à l’origine de l’exclusion de la femme dans la
forge est que les hommes s’habillaient en écorce d’arbres spéciaux « Koundou »
destinés au travail de la forge. Ces derniers n’étaient pas suffisants pour couvrir
les sexes des forgerons, ce qui fait que laisser les femmes et les enfants pénétrer
dans la forge constituerait un scandale, selon le forgeron MANDERE d’ethnie
banda. Il va tout à fait autrement à Bangui où la tenue n’appelle aucun soupçon.
129
Ce respect de la pureté de la forge, se concrétise aussi par l’abstinence
sexuelle des forgerons, considérée souvent comme une « variable » nécessaire
pour une bonne production. Selon nos enquêtés, l’abstinence aurait surtout pour
but d’obtenir la concentration
collective de l’énergie masculine lors du
forgeage. En vigueur dans la forge banda contemporaine, l’abstinence sexuelle
est totalement ignorée à Bangui.
Par ailleurs, dans la société des forgerons banda, il n’y avait pas
d’interdits
alimentaires proprement parlés. Il n’existait que l’abstinence
alimentaire pendant la période de forgeage. En plus de tout cela, il était
strictement interdit aux forgerons de manger ailleurs et revenir travailler dans la
forge, de manger du poisson pendant le travail car cela pouvait jouer sur la
production au sein de la forge, et en plus de cela l’enclume risquerait de
s’effondrer.
Selon nos enquêtés, le forgeron ne prenait que de la bouillie pendant le
travail. Tous ces interdits étaient accompagnés par l’interdiction de promenade
en désordre pendant le travail, d’escroquerie, de vol, de manque de respect, de
l’ivresse dans la forge et la surveillance des matériels afin d’éviter la perte de
ces derniers, etc, nous ont affirmé tous nos enquêtés. En effet, mis à part ces
interdits mineurs ci-dessus, ces valeurs morales et humaines sont aussi en
vigueur dans les forge de Bangui.
Cependant, de nos jours, compte tenu du changement intervenu à cause de
l’invasion européenne dans la société banda, beaucoup de ces valeur et
croyances sont tombées en désuétude, il n’en reste que quelques unes car la
femme et les enfants peuvent actuellement pénétrer dans la forge, même s’ils ne
sont pas autorisées à forger le fer. Leur rôle se limite à vendre les produits de
la forge fabriqués par leurs maris ou pères. Précisons ici que pour certaines
130
régions, les femmes ne peuvent pas jusqu’à maintenant pénétrer dans la forge,
mais elles peuvent venir tout de même demander de la réparation de leurs outils
usés.
131
CHAPITRE CINQUIEME :
MUTATION DE LA TECHNOLOGIE DU FER (BAMBARI-BANGUI)
La technologie du fer dans les milieux banda de Bambari a connu une
mutation assez nette. Celle-ci s’observe visiblement à travers la transformation
des processus technique de travail du fer et le mode d’acquisition des matières
premières (le métal du fer). Cette transformation s’étend sur les modifications
qu’ont subi les dispositifs matériels liés aux moyens de productions qu’au
niveau de l’emplacement des sites des forges. Elle inclut également les formes
d’outils et matériels fabriqués et les pratiques rituelles (et symboliques) ainsi
que les effets du métier sur le statut social du forgeron.
En effet, en même temps que ces modifications qualitatives apportent des
innovations sur les usages courants, elles ouvrent aussi de nouvelles exigences
concernant le mode de circulation des produits quant à leur mise au marché. Il
serait donc utile de s’y attarder.
5.1..Homogénéïté ou hétérogénéité de l’artisanat du fer ( Bambari-Bangui)
A l’époque ancienne de la société traditionnelle banda, la forge était un
lieu sacré, l’accès y était strictement réglementé avec interdiction formelle des
femmes, enfants et étrangers. Les rituels y étaient non seulement abondants et
obligatoires mais fixaient aussi les schémas de conduite bien déterminés à ne
pas violer. Le caractère sacré de l’atelier de forge est un phénomène général et
universel aux sociétés traditionnelles, notamment africaines. Il a été signalé en
ce qui concerne le cas du peuple Yatenga au Burkina Faso (B.
MARTINELLI,1996-97). Bien que cette conception soit encore en vigueur dans
132
les sociétés banda actuelles, il faudrait admettre qu’elle a connu un effritement
significatif. Certains rites ont connu un recul sensible comme signalé ci-haut,
d’autres ont tout simplement disparu pour laisser la place à quelques
survivances.
Au cours de l’enquête, plusieurs forgerons, chefs d’ateliers et apprentis
émancipés ont déclaré à ce propos qu’Il n’y a plus d’interdits à proprement
parler pour les forgerons par delà les interdits et abstinences ponctuelles : on ne
mange pas le poisson pendant la coupure du fer en vue de la fabrication des
outils. Ceci est valable pour les forges comme à l’époque ancienne qui sont en
brousse, loin des villages, contrairement à celles qui sont établies à domicile, à
proximité de la cour et des ateliers de Bangui.
Le processus technique intégral d’autrefois qui s’étendait de l’extraction
au forgeage en passant par la fonte est de nos jours, au village tout comme à
Bangui réduit à la fabrication des outils et matériels sur la base des métaux de
récupération d’origine occidentale (B. MARTINELLI, 1995). En effet,
l’approvisionnement en métaux de récupération (matières premières) pose un
double problème de disponibilité et de pouvoir d’achat (capacité financière) de
la part des forgerons aux villages ainsi qu’à Bangui.
Les moyens de productions ne dérogent pas à cette mutation historique.
Tandis que les forges traditionnelles employaient des soufflets en peau de ras
palmiste « djodjo » en banda et de zèbre « Kounda » ou « karoro » en sango .
Selon nos enquêtés, ces soufflets étaient constitués par deux conduits en terre ou
en bois reliés à leur extrémité par deux chambres en peau confectionnés et
surmontés par deux bâtons de + ou – 1,30 à 1,50 cm environ de hauteur que l’on
manipule alternativement; la tendance actuelle a évolué nettement vers le
recours aux soufflets mécaniques
à hélices actionnés avec un cerceau de
133
bicyclette, appelé « Air à feu ». Cette tendance reste encore mitigée en milieu
rural (aux villages banda), elle est complètement intégrée dans les forges
installées en milieu urbain, notamment à Bangui.
Ainsi, les limes en bois utilisés dans les forges rurales, anciennes et
contemporaines, sont
entièrement substitués par les limes activés par les
manivelles électriques à Bangui.
Il en est même des enclumes en pierre « mbatra » implanté dans un gros
morceau de bois dans le système ancien et contemporain dans les forges
villageoises, qui sont remplacée par de lourdes enclumes en acier déposées ou
implantées dans le sol. Outre ce qui précède, on note également une nette
évolution des opérations de fabrication et des objets qui en découlent.
En effet, les anciennes forges privilégiaient l’emploi des morceaux de fer
épais à la phase initiale de fabrication des outils. Ces métaux épais obtenus de la
fente
locale des matières premières (minerais de fer) faisaient l’objet
d’opération de coupe manuelle en morceaux adaptés destinés à la fabrication
proprement dite des outils dont on a besoin. Cette opération s’alterne
complètement à celles qui prévalent actuellement dans les forges villageoises
contemporaines et urbaines. Dans ces deux cas où l’extraction du minerais de fer
et sa fonte sont remplacées par l’achat des métaux de récupération, on procède à
la phase initiale de fabrication des objet par la coupe des morceaux de fer
d’épaisseur mince, ce qui favorise d’après les intéressés, un gain formidable de
temps et de productivité. C’est ainsi que le forgeron ENDJINDJONGO d’une
cinquantaine nous affirme : « Auparavant, nos parents fabriquaient 4 houes
seulement par jour. Par contre, aujourd’hui, du matin jusqu’à 15 heures, nous
fabriquons 60 à 80 houes par jour ». Ceci explique l’amélioration de la
productivité par le forgeron grâce aux fers de récupérations.
134
Aussi, les outils qui en résultent sont, eux-mêmes, l’objet de mutation si
importante du point de vue forme et finalité des produits fabriqués. Dans les
forges villageoises contemporaines, ces derniers résultent de deux sources
d’inspiration. D’un côté, ils sont inspirés du passé ancestral et par conséquent,
calqués comme tels sur les modèles des outils traditionnels. De l’autre côté, ils
font l’objet d’inspiration de source extérieure (notamment occidentale) sur les
modèles tirés des films.
A ce propos, le forgeron MANDERE d’une trentaine ou , chef d’atelier
nous a affirmé sans ambiguïté que: « notre inspiration provient de l’expérience
de nos ancêtres et des films, ce qui nous permet de fabriquer les couteaux,
houes, haches traditionnelles et poignards, épées, pièces de vélo, etc) ». Tandis
que
les forges installés en milieu urbain, en plus de ce qui précède, la
fabrication artisanale des outils s’ouvre à des nouvelles innovations techniques
modernes adaptés aux besoins de la ville. On fabrique alors des brouettes, coque
de pousse-pousse, moulin à manioc, matériels aratoires, pièces de rechanges des
engins et bicyclettes, etc.
Sur le plan du processus d’apprentissage, on peut noter aussi de ce côtélà, la modération des pratiques induites par l’introduction de quelques
techniques nouvelles. L’allégement des techniques de fabrication a eu des
implications sur la réduction du temps d’apprentissage qui varie de 3 à 6 mois
permettant à un apprenti d’accéder au niveau de savoir technique pour fabriquer
les outils élémentaires comme les couteaux, etc.
Désormais, la manipulation des soufflets ne constitue plus une phase
obligatoire comme au temps reculé chez les banda tout comme chez le peuple
de Yatenga au Burkina Faso. C’est dans ce cadre que le forgeron DJINGO de
135
l’ethnie banda nous a confirmé en ces termes : « Les soufflets constituaient une
techniques ancienne parcequ’autrefois, ces derniers étaient en peau de rat
palmiste et sa manipulation constituait une phase en soi pour l’apprentissage.
Mais, avec la modernisation des techniques de productions, on a remplacé les
soufflets en peau par les soufflets mécaniques « Air à feu ». ces derniers ne
nécessitent pas une phase d’apprentissage pour les jeunes d’aujourd’hui, c’est
pourquoi la première étape de l’apprentissage du métier de la forge est
actuellement la fabrication des couteaux et après on monte sur les soufflets et le
martelage ». Il est à noter que la fabrication des couteaux a connu de profondes
mutations techniques comme nous l’a confirmé le forgeron RIDJICRAKA d’une
trentaine : « Nos grands parents chauffaient le fer avant de forger le couteau,
tandis que pour nous, il n’y a pas de chauffage. Nous le modelons sans le mettre
au feu, ce qui évite l’oxydation du fer et gardant son éclat durant son usage ».
selon le même enquêté, les couteaux fabriqués par les grands parents étaient
couverts de rouille à cause du chauffage.
Mais à l’instar des sociétés ouest-africaines l’âge formel du début du
processus d’apprentissage reste maintenu aux alentours de 15 à 17 ans révolus
(B. MARTINELLI, 1995). Contrairement à ce que pourrait croire, la réduction
de cette durée n’exclut en rien la poursuite de l’apprentissage jusqu’à deux ans
pour une meilleure inculcation du savoir en vue de l’acquisition de la
qualification métallurgique (B. MARTINELLI, 1996-97) . Ceci est valable dans
les deux systèmes , aussi bien dans les forges villageoises (surtout) qu’urbaines
de Bangui (J.P. Olivier de Sardan, 1995).
En plus de ce processus technique, et cognitif réglé par cette mutation
historique, celle-ci produit aussi des effets sur le statut professionnel et social
des forgerons. Sur le plan professionnel, les forgerons ont connu un effritement
considérable du prestige de leur métier qui se situait au carrefour de la vie
136
sociale à cause de la perte des multiples fonctions accumulées naguère par
ceux-ci. Ils ont perdu une partie importante de leur savoir professionnel des
techniques d’exploitation et de fente de minerais de fer devenu ainsi dépendant
des métaux de récupération. L’acquisition de ces nouveaux matières premières
qui se fait par achat ruine financièrement les forgerons à pouvoir d’achat déjà
précaire. Ils sont exposés à une concurrence impitoyable des produits
manufacturés d’origine industrielle en terme de qualité, de quantité. Et même de
structure des prix.
Toutefois, socialement ruinés de cette façon, les forgerons s’exposent
aussi aux tracasseries des agents de l’ordre (policiers, gendarmes), ces derniers
mettent aux arrêts toute personne possédant les poignards et couteaux des forges
artisanales locales, qui font l’objet de saisie, sous prétexte d’être des armes
blanches. Ce phénomène est plus récurrent en milieu rural de Bambari qu’à
Bangui.
La mise en groupement ou coopérative de production et de vente avec
espoir d’obtention de financement des bailleurs, est loin de constituer un facteur
de stabilisation.
137
5.2..La circulation des produits au niveau national
Prise dans son acception commerciale, la circulation des produits dont il
est question ici fait allusion à la vente des outils issus du travail des forgerons à
l’échelle nationale. Le fer était traditionnellement produit pour satisfaire des
besoins d’ordre pratique, social et culturel.
A ce propos, l’axe Bambari-Bria est l’un des ceux qui reçoivent
fréquemment des expéditions commerciales assurant une bonne part des objets
écoulés. A l’instar des expéditions caravanières de commercialisation dans les
régions lointaines des produits de la métallurgie du fer chez les peuples de
Yatenga au Burkina Faso (B. MARTINELLI, 2000), l’expédition ici se fait par
auto-stop. Elle quitte le centre-Est du pays (Bambari) et se dirige vers le Nordcentre (Bria). La préférence de cette dernière localité tient à son statut de ville
minière qui connaît l’exploitation (artisanale) de minerais de diamant de
joaillerie . Et elle bénéficie de ce fait non seulement d’une forte concentration de
population et des activités denses d’exploitation du diamant nécessitant les
outils manuels, mais aussi d’un pouvoir d’achat élevé.
La position carrefour de la région de Bambari lui procure de nombreuses
visites des voyageurs de diverses provenances, qui s’intéressent aussi à des
certains produits forts confortables issus du travail de la forge. Ils les achètent et
les emportent dans d’autres régions lointaines du pays. Les femmes et les
hommes « wali et koli gala » exerçant des activités commerciales à caractère
mercantiliste achètent ces produits pour les revendre dans d’autres localités,
notamment à Sibut, Grimari , Alindao, ainsi que dans les villages environnants.
Selon nos enquêtés, dans la société traditionnelle banda, les produits qui étaient
les plus successibles de transferts inter-sociaux étaient
les lames d’outils
138
agricoles. La vente de ces produits attirait sur les marchés un éventail très large
de marchandises : huile de palme , sel, etc
Mais depuis quelques années, les tracasseries
des agents de l’ordre
(policiers et gendarmes) évoquée ci-dessus constitue une restriction contraire à
la promotion de la commercialisation des produits issus du travail du forgeron,
notamment en ce qui concernent les couteaux commandos ou couteaux
musulmans.
Couteaux commando ou couteaux musulmans17
17
Ces couteaux « commando »ont été fabriqués à partir des films projetés dans les salles video-club et à partir
des matériels manufacturés en provenance de l’étranger.
139
A cela, s’ajoute la restriction induite par la mine de la paysannerie
agricole qui constitue l’un des principaux clients de ces produits. La
paupérisation de la classe moyenne urbaine, autre débouché important, n’est pas
de nature à arranger la situation. Abstraction est faite ici à la concurrence
impitoyable imposée par les objets de même nature issus de l’industrie moderne
déjà évoqués (R. BUREAU, 2002).
En outre, les marchés local et extra-régional (Bambari-Bangui) qui souffre
de mêmes effets de crise sont très loin d’apporter une quelconque modification
dans le sens de l’amélioration de la situation.
Bref, la problématique de la circulation des produits issus de l’artisanat du
fer est devenue finalement une question délicate de nos jours. Elle se réduit en
tout état de cause, à l’image de la crise générale qui frappe de plein fouet tous
les secteurs de la vie nationale ces dernières décennies.
140
5.3. SUGGESTIONS.
Fort de ce qui précède, quelques suggestions s’avèrent nécessaires. En
effet, le gouvernement centrafricain et partenaires au développement (UNESCO,
COOPI, etc) doivent prendre conscience de la sauvegarde de ce patrimoine
culturel matériel qui connaît d’énormes difficultés et qui tend à disparaître à
cause de l’importation des produits manufacturés qui a relégué au second plan
les produits locaux.
Ce faisant, compte tenu de nombreuses évolutions qui menacent
l’artisanat centrafricain en général et banda en particulier, le Ministère en charge
de la culture de l’artisanat devrait revaloriser et promouvoir ce patrimoine en
mettant la priorité sur le Trésor Humain Vivant (T.H.V.).
Ainsi, les autorités locales doivent inventorier et identifier tous les génies
créateurs (dépositaires des savoirs traditionnels de la forge) afin de transmettre
ces savoirs aux générations futures. C’est dans ce cadre aussi que le Ministère de
la culture et de l’artisanat ainsi que les autorités locales doivent sensibiliser tous
les forgerons pour qu’ils se rassemblent dans les groupements et coopératives,
car cela leur permettra de trouver facilement les partenaires d’appui au
développement. Toutefois, ceci sera une base de demande des micro-crédits
pour l’amélioration de leurs moyens de productions et l’achat des matières
premières.
En effet, ces moyens financiers contribueront aussi à la construction de
nouveaux ateliers qui permettront aux forgerons de mieux s’équiper et de faire
face
l’influence de la technologie occidentale. Les forgerons de leur côté,
doivent cotiser une somme forfaitaire pour l’auto-fonctionnement de leurs
ateliers.
141
Pour sa part, le gouvernement centrafricain en partenariat avec les donateurs
devraient mettre en place une politique qui vise à faire circuler les produits
fabriqués au niveau national et international ( notamment dans la zone CEMAC
« Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Central »)
Cette politique se concrétiserait par la réduction de l’importation des produits
manufacturés en République Centrafricaine, et freinerait l’exode rural vers les
milieux urbains. En plus de cela, elle favoriserait
l’esprit de créativité et
d’expression artistique et se justifie par le fait que le métier de la forge est
utilitaire, car aujourd’hui, il n’existe pas de perspectives d’emplois dans le
système éducatif centrafricain.
Dans le même ordre d’idée, le gouvernement doit créer une école des
métiers d’arts (forgerons) pour la redynamisation du métier de la forge. En plus,
les forgerons banda souhaitent que les Forces Armées Centrafricaines (FACA)
achètent leurs couteaux « couteaux-commando » car ceci
constituerait une
importante et encourageante contribution des autorités centrafricaines.
142
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il y a lieu de souligner le grand intérêt que
comporte la métallurgie du fer dans la société traditionnelle et contemporaine
banda. Un tel intérêt
porte plus précisément sur la particularité de cette
technologie du fer qui a mis en évidence des chaînes opératoires assez
spécifiques produisant des outils authentiquement banda. Il s’agit not amment
des outils comme le couteau banda, l’hameçon, le marteau, l’ « arrangecharbon », etc
Une telle particularité jette ses racines dans les traditions les plus
anciennes et les plus profondes du passé lointain de cette société dont elle tirait
l’essentielle sinon, l’intégralité de ses inspirations légitimant ainsi le métier du
forgeron au sein de la société banda traditionnelle. Le forgeron était alors maître
inaliénable du processus technique intégral du travail du fer. Il était maître de la
technique d’extraction et de réduction de minerais de fer dont il tirait la matière
première de son travail, point de départ et préalable indispensable de la chaîne
opératoire ayant comme finalité la mise au point des outils. Ces derniers étaient
l’expression d’un savoir et savoir-faire articulant à la fois l’état physique du
forgeron, sa conduite morale, technique et rituelle, qui en tout état de cause,
rendent compte d’une construction sociale reflétant toute une
conception
cosmogonique bien donnée. En fait, le travail de la forge banda faisait partie
intégrante d’un système social dynamique dont elle se
nourrissait tout en
l’alimentant dans un processus de construction sociale harmonieusement
entretenue.
Un tel contexte offrait au forgeron banda un positionnement
privilégié dans la sphère du pouvoir traditionnel et au sein de la société dans
laquelle il exerçait des fonctions cumulatives. Son rôle de perpétuation des actes
143
des ancêtres en vue de la reproduction sociale, était assez déterminant dans les
innovations techniques, la production matérielle, les pratiques thérapeutiques et
magico-religieuse, la régulation sociale, etc. Il bénéficiait alors des prestiges
considérables concourant à la construction d’un statut particulier dont il jouissait
au sein de la société banda traditionnelle.
Mais de nos jours, la technologie du fer de la société banda a connu
une mutation considérable qui touche de manière significative tous les aspects
du travail du forgeron.
Contrairement à l’autonomie de la forge traditionnelle, fondée sur
un processus technique intégral et dynamique, la forge banda contemporaine a
perdu le savoir-faire relatif aux activités prospectives, extractives et de réduction
du minerais de fer, qui assurait l’exclusivité d’approvisionnement en matière
première de base. La perte du savoir-technique inhérent à cette phase cruciale du
travail de la forge est consécutive à l’intrusion de l’influence occidentale dans la
vie quotidienne de la société banda. Les effets pour le moins pervers de cette
influence a laissé la porte ouverte à la perte non moins importante d’autres
aspects des savoir-techniques cognitifs, symbolique, moral et social de l’univers
technologique banda.
En dépit de la mutation technologique fort remarquable introduite
par une telle influence, la forge banda contemporaine est devenue fortement
tributaire de matière première issue de fer de récupération. En plus, son
approvisionnement s’avère moins évident dans un contexte caractérisé par la
crise de société, la ruine du forgeron et la perte sensible du prestige de son statut
social qui en est résulté. Comme son collègue exerçant en milieu urbain de
Bangui, le forgeron banda de nos jours se trouve devant une source de légitimité
rendue diffuse par les contingences de la modernité et est réduit à l’appendice
144
d’une activité professionnelle en quête d’une nouvelle identité de la survie au
détriment de la promotion artistique comme expression de son patrimoine
culturel et technique.
Face à ces nouvelles contraintes, l’avenir de la technologie du fer banda
dépend étroitement de l’innovation du forgeron autochtone. La tendance à la
constitution en organisation de base à caractère associatif, se présente à cet effet
comme le seul salut qui s’offre, en espérant bénéficier de l’appui de l’Etat et des
partenaires au développement en vue de perpétuer ce savoir technique.
145
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2. Monsieur MATAMALE Jacques, Secrétaire Général de la mairie de
Bambari
3. Madame ZOUNOUDJI : Quartier Ngongonon III ( Bangui).
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