1 Q4 2011 Mai 2012 Commentaire sur les marchés Une affaire de confiance En mai, les marchés boursiers de la planète ont poursuivi leur glissade, effaçant la plus grande partie des gains enregistrés au premier trimestre. Les craintes ravivées concernant la zone euro, le ralentissement de la croissance chinoise et les nouvelles économiques décevantes en provenance des États-Unis ont contribué à l’aversion généralisée pour le risque, et les investisseurs se sont tournés vers les obligations des pays « sûrs » comme les États-Unis, l’Allemagne et le Canada, où les taux des titres à 10 ans ont atteint des creux records. Le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans atteint des creux records (en %) Taux des obligations du gouvernement fédéral à 10 ans Inflation (moyenne mobile sur 4 trimestres) Source : Pyrford International plc Depuis le début de l’année, nos perspectives pour la zone euro prévoient la possibilité d’autres mauvaises nouvelles, surtout en ce qui concerne les élections ayant lieu ce printemps. Malgré les rumeurs, nous avons conclu que le scénario le plus probable est celui d’une zone euro qui restera intacte au cours de la prochaine année, mais peut-être pas sous sa forme actuelle. Malgré le risque d’un retrait de la Grèce de la zone euro, nous croyons que la crise sera résolue sans causer de dommages systémiques au système financier mondial. De même, nous faisons preuve d’optimisme (mais aussi de réalisme) à l’égard de l’économie américaine – qui devrait afficher une croissance modeste – et de la Chine – qui devrait maîtriser sa croissance et éviter un atterrissage brutal de son économie. L’aversion au risque favorise les marchés obligataires au détriment des marchés boursiers Les investisseurs manifestent une aversion croissante au risque et délaissent les actions au profit des obligations. En mai, le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans a atteint 1,45 %, son plus bas niveau en 60 ans. Le taux d’inflation dans ce pays est actuellement de 2,3 %, ce qui laisse entrevoir un rendement réel négatif pour les obligations. Sur le marché obligataire canadien, les titres les plus performants en mai ont été les obligations à long terme. L’ensemble du marché, selon l’indice obligataire universel DEX, a inscrit un rendement de 2,1 %; les titres à long terme ont progressé de 4,1 % et ceux à court terme, d’à peine 0,9 %. Les obligations gouvernementales ont damé le pion aux obligations de sociétés. Partout dans le monde, les marchés boursiers ont reculé en mai. L’indice composé S&P/TSX et l’indice S&P 500 se sont tous deux repliés de 6,0 % (en $ CA et en $ US, respectivement). Toutefois, vu l’appréciation du dollar américain, le rendement négatif du marché boursier de ce pays a été d’à peine -1,6 % en dollars canadiens. Zone euro En Grèce, les résultats des élections du 6 mai n’ont pas permis de former un gouvernement, mais ont suscité de vives préoccupations sur les marchés financiers mondiaux. La Syriza, un des partis ayant remporté la plus grande proportion de votes, est fermement opposée aux mesures d’austérité que la Grèce doit mettre en œuvre pour continuer à recevoir de l’aide financière. Depuis, la possibilité d’un défaut de paiement de la Grèce et de son retrait de la zone euro ne cesse de faire les manchettes. Les élections du 17 juin approchent : selon les sondages, les partis favorables aux mesures d’austérité gagnent en popularité et une grande partie de 3 Mai 2012 la population grecque tient à demeurer au sein de la zone euro. Les banques grecques, espagnoles et portugaises ont dû composer avec des retraits massifs en mai, car de nombreux déposants craignent de voir leurs fonds en euros convertis dans la monnaie locale. Près de 100 G€ sont sortis d’Espagne au premier trimestre. En raison de la hausse du risque perçu, les taux des obligations d’État espagnoles et italiennes à 10 ans ont fortement augmenté en mai, sans toutefois atteindre les niveaux insoutenables de la fin 2011. Le mécontentement croissant à l’égard des mesures d’austérité draconiennes du pacte budgétaire de l’Union européenne, combiné à l’entrée en récession de nombreux pays, a entraîné d’autres changements politiques dans la zone euro. Outre ces mesures d’austérité bien nécessaires, les autorités politiques de la zone devront vraisemblablement mettre en œuvre des mesures visant à stimuler la croissance économique. Les taux des obligations d’État espagnoles et italiennes ont grimpé, mais n’ont pas renoué avec leurs sommets (en %) Espagne Italie leur progression a ralenti, en raison des répercussions de la crise en zone euro sur la confiance des investisseurs et des consommateurs. Les employeurs américains ont créé 69 000 emplois en mai, soit la moitié à peine de ce que les participants aux marchés attendaient. L’indice du secteur manufacturier de l’Institute for Supply Management s’est établi à 53,5 en mai, un niveau inférieur à celui d’avril, mais reste supérieur à 50 et laisse donc entrevoir une expansion de l’économie. Maîtrise de la croissance en Chine L’Europe est le principal marché d’exportation de la Chine. Par conséquent, l’incertitude et la faiblesse de l’économie dans la zone euro ont eu des répercussions en Chine. La croissance des exportations a ralenti en avril et l’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier, un indicateur de la robustesse de ce secteur, a fléchi plus que prévu. Les autorités ont donc étoffé leurs mesures de relance : la banque centrale a réduit le ratio des réserves obligataires des banques et a injecté de nouvelles liquidités dans le système bancaire; pour sa part, le gouvernement, qui cherchait jusque-là à freiner la croissance, s’emploie maintenant à la stimuler. Ces interventions confortent notre opinion selon laquelle les autorités chinoises disposent des moyens nécessaires pour dynamiser la croissance, au besoin. La stabilité de la croissance est une priorité de premier plan, en particulier durant une année où s’opérera une transition du leadership chinois. Revue de la stratégie de placement Source : Capital Economics Statistiques positives mais inférieures aux prévisions sur l’économie américaine Aux États-Unis, la statistique économique la plus importante parmi celles qui ont été publiées en mai concerne un important indicateur dont l’amélioration était attendue depuis longtemps. En effet, le marché de l’habitation représente le volet de l’économie dont la reprise a mis le plus de temps à se manifester, mais ce marché a récemment donné des signes d’amélioration. La croissance des mises en chantier et des permis de construire se poursuit depuis six mois. Les ventes de logements existants ont crû de 3,4 % en avril, et celles des logements neufs, de 3,3 %. D’autres indicateurs relatifs à l’économie américaine ont affiché une croissance positive en termes absolus, mais 3 En 2011, nous avons réduit à deux reprises la pondération des actions canadiennes dans les portefeuilles des clients, afin de limiter le risque : en mars, lorsque l’indice composé S&P/TSX avait atteint 14 300 points et en juillet, lorsqu’il s’était élevé à 13 400. En avril, nous avons profité de l’occasion d’accroître les placements de nos clients en actions. Le niveau de l’indice S&P/TSX était alors d’environ 12 000 points et le moment nous semblait propice pour revenir sur le marché. Nous avons choisi d’augmenter la composante actions au moyen d’actions canadiennes, car le marché boursier de ce pays semblait présenter une meilleure valeur relative que son homologue américain, dont la remontée avait été très marquée. Étant donné la gravité des risques que présente la zone euro, nous avons jugé prudent de revenir graduellement sur le marché. Notre stratégie actuelle de répartition de l’actif, qui consiste à surpondérer légèrement les actions, a nui au rendement, en raison des récentes ventes massives observées sur le marché. Toutefois, nous persistons à 4 Mai 2012 croire que cette stratégie portera ses fruits, étant donné nos perspectives à long terme. Perspectives Le 17 juin sera une date importante, car les Grecs retourneront aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Le monde aura alors une meilleure idée de l’avenir qu’aura la Grèce au sein de la zone euro; nous nous attendons à ce que l’orientation des marchés de capitaux soit dictée en grande partie par les résultats de l’élection. Si les partis favorables au plan de sauvetage forment un gouvernement, il y aura sans doute des négociations sur un programme d’aide qui apaiseront les marchés, du moins pour un temps. Par contre, si les partis opposés au plan de sauvetage forment un gouvernement, il y a de fortes chances de voir la Grèce quitter l’union monétaire. Quels que soient les résultats de l’élection, nous demeurons persuadés que la situation en Europe sera résolue sans que le système bancaire ne subisse d’importants dommages et sans que les taux des obligations souveraines des pays périphériques (comme l’Espagne et le Portugal) ne montent en flèche. Si la Grèce quitte l’union, nous nous attendons à ce que son départ se fasse de façon ordonnée, que le système bancaire soit soutenu et qu’il n’y ait pas de contagion. Les enjeux sont de taille, étant donné que l’Europe (qui représente 20 % du PIB mondial) est la première économie de la planète. Les dirigeants politiques européens sont fermement déterminés à préserver l’union, et nous croyons que les autorités et les citoyens prendront les mesures nécessaires pour y parvenir. Le 7 juin, la chancelière allemande Angela Merkel déclarait que « en regard des difficultés actuelles, il est important de souligner que nous avons élaboré des moyens de soutenir la zone euro, que l’Allemagne est prête à les utiliser lorsque le besoin se fera sentir, conformément à notre ferme détermination à préserver la stabilité de la zone euro. » Rappelons aussi que les dirigeants de la zone ne sont pas les seuls à tenir à sa survie : en effet, de 65 % à 75 % des citoyens de la zone euro sont en faveur de la monnaie unique et, le 31 mai, malgré la crise récente, l’Irlande a voté en faveur du traité de rigueur budgétaire de la zone euro et des mesures d’austérité qui y sont associées. Nos perspectives économiques n’ont pas changé depuis le début de l’année. Nous prévoyons une croissance économique modérée dans toutes les régions, sauf en Europe, où la récession devrait se poursuivre, en raison des difficultés que pose l’équilibre entre les mesures d’austérité et la croissance économique. 4 Le mois dernier, nous signalions que les commentaires de la Banque du Canada donnaient à penser qu’une hausse des taux d’intérêt pourrait être décrétée plus tôt que prévu, peut-être même en 2012. Nous faisons aussi valoir que, dès le tout début de l’année, certains analystes se demandaient si la banque centrale ne devrait pas plutôt mettre en œuvre de nouvelles mesures de relance. Les événements du mois dernier portent à croire que cette seconde éventualité est la plus probable, en ce moment. Nous continuons de croire que les taux à court terme resteront stables et que les taux des obligations à long terme évolueront au gré de la confiance des investisseurs à l’endroit de la zone euro. Stratégie de placement Selon nous, la crise de l’euro ne se propagera pas et la zone ne sombrera pas dans le chaos, mais retrouvera plutôt graduellement sa stabilité. Par conséquent, et compte tenu de la modeste croissance économique prévue aux États-Unis et en Chine, nous prévoyons que les actions procureront de meilleurs rendements que les obligations au cours des 12 prochains mois. Par conséquent, la répartition de l’actif qui s’applique actuellement à la plupart des portefeuilles des clients (et qui prévoit une légère surpondération des actions) nous semble adéquate, pour le moment. Nous prévoyons toujours que les marchés boursiers inscriront des rendements positifs pour la prochaine année; toutefois, la volatilité devrait être élevée cet été, en raison de la crise dans la zone euro et de la réaction possible des participants aux marchés au processus électoral aux États-Unis. Nous continuons de privilégier les titres de premier ordre et conservons une orientation défensive à l’égard des titres à revenu fixe. Nous croyons fermement que les dirigeants politiques sont bien déterminés à prendre les mesures nécessaires pour garder intacte la zone euro. Les risques qui accompagnent l’inaction et l’impasse politiques sont immenses, mais nous croyons que les autorités prendront, au bout du compte, les bonnes décisions pour éviter ces risques. Les renseignements contenus dans la présente publication sont fondés sur des sources comme les rapports des émetteurs, les services statistiques et les communications d’entreprises. Nous les estimons fiables sans toutefois en garantir l’exactitude ni l’exhaustivité. Les opinions exprimées dans cette publication valent pour l’heure et MD « BMO (le médaillon contenant le sont susceptibles de changer. M souligné) Banque privée Harris » est une marque de commerce déposée de la Banque de Montréal, utilisée sous licence. 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