IRM: Une belle histoire de science Jean-François Mathiot Daniel Morvan Jean Gabrillargues LPC/CNRS Centre Jean Perrin/INSERM CHU Clermont Ou comment passer d’une découverte étonnante en physique des particules élémentaires (≈ 1920) à un appareillage d’imagerie médicale mondialement utilisé en routine ( > 1990) IRM: Une belle histoire de science 1. Une propriété étonnante de la matière: le “spin” 2. Historique et résultats de l’Imagerie par Résonance Magnétique Nucléaire 3. Quelques belles applications cliniques Remontons dans le temps avec la complicité des prix Nobel 2003: Médecine attribué à un physicien et à un chimiste pour leur découverte de l’IRM (années 70) P. Mansfield - P. Lauterbur 1952: Applications de la Résonance Magnétique Nucléaire (RMN) (1946) F. Bloch - E. Purcell 1945: Principe d’exclusion de Pauli (1925) W. Pauli 1944: Mise en évidence du phénomène de RMN (années 30) I. Rabi 1943: Expérience fondatrice qui a mis en évidence le “spin” des particules (1922) O. Stern Que s’est-il donc passé dans les années 20? 1922: Expérience de Stern et Gerlach intensité Faisceau d’argent Image formée sur la plaque sensible Plaque sensible distance Les atomes d’argent se comportent comme des « aimants microscopiques » leur moment magnétique a des valeurs bien précises: +1/2 ou -1/2 dans des unités adéquates pourquoi seulement 1/2 ou -1/2: mystère de la mécanique quantique! Ceci est aussi vrai pour l’atome d’hydrogène et aussi pour l’électron et le proton séparément 1925: Hypothèse du « spin » par G. Uhlenbeck et S. Goudsmit suggèrent que l’électron « tourne sur lui même » d’où le nom de « spin » boucle de courant moment magnétique élémentaire On verra plus tard les questions théoriques que cela pose !! 1927: Equation de Pauli Equation du mouvement pour décrire le comportement de ces états Le « spin » est aussi nécessaire pour satisfaire le principe d’exclusion de Pauli En plein dans le développement de la mécanique quantique …. à suivre Comportement d’un « spin » dans un champ magnétique Ensemble de particules dans un champ magnétique constant trajectoires circulaires autour de l’axe du champs si elles sont chargées : force de Lorentz « orientation des spins » dans la direction du champ B0 aimantation globale M non nulle l’alignement est d’autant meilleur que le champ est fort (et la température faible) Mouvement de précession autour de B0 avec la vitesse angulaire ω0 = γ B0 : précession de Larmor Appliquons maintenant un champ magnétique B1 faible, perpendiculaire à B0 et tournant autour vitesse de rotation ω phénomène de résonance pour ω = ω0 l’aimantation globale va se mettre à tourner autour de B1 et non plus autour de B0 au niveau élémentaire, le « spin » de chaque particule va pouvoir basculer de l’état +1/2 à l’état -1/2 se traduit par une absorption d’énergie si l’on arrête maintenant le champ B1 l’aimantation globale va retourner à son état le plus stable alignement dans la direction du champ B0 en décrivant une spirale signal de résonance en étudiant l’évolution des composantes de M signal électrique aux bornes de la bobine (ou antenne) : FID temps de relaxation Résonance Magnétique Nucléaire Application de la Résonance Magnétique Nucléaire la condition de résonance ω = ω0 = γ B0 dépend du champ B0 ressenti par la particule dans une molécule chimique ou organique les protons d’un noyau sont entourés d’électrons, d’autres atomes,… le champ magnétique ressenti par le proton change suivant son emplacement Beff ≠ B0 la condition de résonance change donc aussi caractérisation très fine de la composition, et de la forme, de la molécule Énergie absorbée Récapitulatif Propriété intrinsèque des particules élémentaires : le « spin » comme « toupie » ou « aimant permanent » et l’on ne comprend toujours pas précisément son origine microscopique! Alignement des « spins » dans un champ magnétique constant B0 Phénomène de Résonance Magnétique Nucléaire sous l’effet d’un second champ magnétique, plus faible, perpendiculaire et tournant autour de B0 les « spins » basculent les signaux de basculement, et de retour à l’équilibre après arrêt du champ B1 sont une signature extraordinairement précise du système étudié Application à l’imagerie médicale: IRM