Apport de l`échocardiographie dans la péricardite chronique

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Apport de l’échocardiographie dans la péricardite chronique constrictive: à propos de deux cas
S.Antit, S.Fennira, I.Zairi, S.Kamoun, H.Abdelli, S.Kraiem
Service de cardiologie, Hôpital Habib Thameur, Tunis, Tunisie
Introduction :
La péricardite chronique constrictive (PCC) est une maladie rare mais grave posant encore des difficultés diagnostiques.
L'échodoppler cardiaque est actuellement un examen essentiel pour le diagnostic, non seulement par les données
anatomiques fournies mais surtout par l'étude des flux intracardiaques et de leurs variations au cours du cycle respiratoire.
Nous rapportons deux observations de péricardite chronique constrictive colligées au service de cardiologie de l’hôpital
Habib Thameur.
1ère observation :
Il s’agit d’un homme âgé de 53 ans, tabagique, aux antécédents de tuberculose pulmonaire en 1985, hospitalisé pour
exploration de dyspnée stade II de NYHA. L’examen clinique montre une turgescence des veines jugulaires. L’ECG trouve un
flutter auriculaire à conduction variable. La radiographie du thorax montre une calcification du bord gauche du cœur sans
cardiomégalie et un aspect séquellaire de tuberculose pulmonaire de la base droite. L’échocardiographie transthoracique
(ETT) objective un aspect évocateur de constriction péricardique : variations respiratoires des flux mitral et aortique, une
dilatation biauriculaire, et un épaississement des feuillets péricardiques qui sont calcifiées avec un épanchement
péricardique de 8 mm en postérieur. Un cathétérisme droit fait montre une élévation des pressions droites avec égalisation
des pressions diastoliques.
2ème observation :
Il s’agit d’une femme âgée de 58 ans, diabétique, hypertendue, asthmatique, admise pour exploration de dyspnée stade II
de NYHA. L’examen clinique trouve des signes d’insuffisance cardiaque droite. L’ECG montre une AC/FA à 100 bpm avec
microvoltage des QRS et une ischémie sous épicardique en apico-latéral. La radiographie du thorax objective une
calcification des deux arcs inférieurs. L’ETT montre un péricarde calcifié, une dilatation biauriculaire avec un flux mitral de
type restrictif qui diminue à l’inspiration et un flux tricuspide augmentant à l’inspiration.
Un scanner thoracique est effectué chez les 2 patients, il objective un épaississement péricardique supérieur à 4 mm avec
une coque rigide calcifiée.
Les deux malades ont eu une péricardectomie avec bonne évolution.
Rx Thorax objectivant une
calcification péricardique
Scanner thoracique sans injection : calcifications
péricardiques (C) et de la graisse sous épicardique
Variations du flux mitral à l’inspiration
Scanner thoracique visualisant la coque péricardique
calcifiée (flèche) et une zone sous-jacente de densité
différente, correspondant à une collection liquidienne
(étoile).
Discussion:
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La péricardite chronique constrictive est une affection rare, évaluée dans certaines séries à 0,02% des
cardiopathies rencontrées. Elle touche essentiellement l’homme dans sa cinquième décennie.
Le diagnostic est difficile et peut revêtir des formes frustes ou atypiques.
Il est facilement évoqué en cas de calcifications péricardiques à la radiographie thoracique.
L’échocardiographie montre aussi le péricarde calcifié mais évalue en plus la dysfonction diastolique de type
constrictif des ventricules avec la dilatation des veines caves, sus-hépatiques et des oreillettes, élimine des
pathologies cardiaques associées, notamment valvulaires, cardiomyopathie restrictive et tamponnade.
L’exploration hémodynamique tout en montrant un aspect d’adiastolie ne permet pas d’éliminer
cardiomyopathie restrictive.
La tomodensitométrie qui confirme le diagnostic en montrant un épaississement (≥4mm) et/ou des
calcifications péricardiques. Elle recherche une extension des lésions autour du cœur (dilatation VCI, VSH, OD)
et le retentissement fonctionnel sur le myocarde sous-jacent.
L'IRM a l'avantage de mieux différencier l’épaississement de l’épanchement minime du péricarde et autorise
également un diagnostic différentiel avec la cardiomyopathie restrictive.
En revanche le scanner reste plus performant que I'IRM pour distinguer les éléments calcifiés et fibreux du
péricarde.
Conclusion:
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La PCC présente des aspects cliniques variables, liés à la rareté de l’affection, et à l’absence de spécificité des
signes cliniques et paracliniques.
Il est parfois difficile de différencier cette affection des myocardiopathies restrictives qui sont le diagnostic
différentiel essentiel. L’échocardiographie doppler est un moyen diagnostique fiable.
Le traitement est chirurgical avec des très bons résultats.
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